PÉTITION POUR LE RETABLISSEMENT DE L'OPERA
.^fÇEnaRAND-THÉATRE DU HAVRE
-> ' A Monsieur le Maire
Et à Messieurs les Membres du Conseil Municipal
MESSIEURS ,
Frappés de la décadence du Grand-Théâtre, cette première Scène de notre Cité, nous venons
faire appel aux intentions libérales des Membres de l'Administration, pour qu'elle veuille bien jeter
les yeux sur la déplorable situation dans laquelle il dépérit, et chercher un remède efficace à un mal
qui sera bientôt irréparable; c'est pourquoi nous prenons la liberté de vous exposer les motifs pour
lesquels nous vous prions d'apporter une prompte et complète réforme à l'état de choses actuel.
Depuis près de quatre ans, en effet, nous avons vu que le Grand-Théâtre a cessé de donner
le genre lyrique, et c'est là la principale, sinon l'unique cause de sa décadence. Les Arts et le Commerce
ont grandement souffert de cette malencontreuse innovation. N'est-il pas naturel qu'une ville d'une
importance telle que la nôtre, n'ayant pas de Théâtre où l'on puisse jouer l'Opéra, souffre considé-
rablement de cette privation, sous les deux rapports artistique et commercial, en présence d'une
population toujours croissante et qui, de plus, est journellement visitée par ce flot d'étrangers et de
voisins qu'y déversent à toute heure, nos grandes lignes transatlantiques et nos grandes voies de
communication.
Le Havre, que l'on cite aujourd'hui parmi les villes les plus renommées pour la saison des
bains de mer, n'a pas même un Théâtre où l'on puisse entendre la divine musique des grands maitres,
et ce sera donc à des concerts privés , ou dans les fumées bachiques d'un café-concert, que l'oreille
des dilettanti pourra se désaltérer de la soif des suaves mélodies?... Poser la question, c'est la résoudre.
Mais, une considération plus saisissante encore pour vos esprits, Messieurs, parce qu'elle a
un caractère purement moral et populaire, c'est celle de l'éducation musicale de la jeunesse havraise.
A notre époque, où de tous côtés se créent des orphéons, des sociétés musicales et des cours
publics de chant, pour l'éducation des classes populaires, n'est-il pas nécessaire d'apporter comme
appoint à cette instruction première une scène lyrique, où la jeunesse assistera à l'exécution des grandes
oeuvres de nos maîtres et complétera par là son éducation musicale.
Les douloureuses circonstances qui nous ont affligés pendant la désastreuse guerre d'Améri-
que touchent à leur fin ; une nouvelle ère de prospérité s'ouvre pour notre cité, et nous croyons le
moment propice pour faire cesser la triste expérience que nous avons faite de notre Grand-Théâtre
privé d'opéra, Théâtre qui jadis était réputé par sa valeur lyrique, et marchait de pair avec les scènes
de premier ordre.
La nouvelle législation qui régit les théâtres a eu pour effet d'arrêter provisoirement l'élan
des grandes villes vers le genre lyrique, et plusieurs de nos premières scènes de province ont cessé
de jouer l'opéra, mais la force des choses a ramené bien vite les administrations à rétablir ce genre ;
les villes de Marseille, Toulon, Alger, etc., etc., après une suspension momentanée, ont repris l'opéra,
et les municipalités de ces villes ont rendu et même augmenté les subventions qu'elles avaient provi-
soirement suspendues, se conformant ainsi à la pensée gouvernementale. En effet, la circulaire
ministérielle relative à la liberté des théâtres , invitait Messieurs les Préfets à ne pas perdre de vue que
le désir du gouvernement était le maintien des subventions partout où elles existaient, et même leur
augmentation, si besoin était.
Seules, les villes de Piouen et du Havre, qui avaient cessé de donner l'opéra, sont encore
privées du genre lyrique; mais tout fait espérer qu'elles ne resteront pas en arrière et qu'elles rentreront
bientôt dans la carrière où jadis elles se sont fait remarquer.
Il est certains sacrifices qu'une administration peut et doit sans crainte s'imposer, pour
maintenir la prospérité d'une ville commerçante ; mais ces sacrifices ne sont réellement qu'apparents et
provisoires, car les caisses municipales les récupèrent largement par les nombreuses transactions qu'ils
attirent et le développement général du petit commerce.
Enfin, Messieurs, il n'échappe à personne que l'établissement d'une grande scène lyrique
entraîne après lui la création et l'existence d'une multitude d'industries diverses, qui contribuent à la
prospérité de la ville.
.^fÇEnaRAND-THÉATRE DU HAVRE
-> ' A Monsieur le Maire
Et à Messieurs les Membres du Conseil Municipal
MESSIEURS ,
Frappés de la décadence du Grand-Théâtre, cette première Scène de notre Cité, nous venons
faire appel aux intentions libérales des Membres de l'Administration, pour qu'elle veuille bien jeter
les yeux sur la déplorable situation dans laquelle il dépérit, et chercher un remède efficace à un mal
qui sera bientôt irréparable; c'est pourquoi nous prenons la liberté de vous exposer les motifs pour
lesquels nous vous prions d'apporter une prompte et complète réforme à l'état de choses actuel.
Depuis près de quatre ans, en effet, nous avons vu que le Grand-Théâtre a cessé de donner
le genre lyrique, et c'est là la principale, sinon l'unique cause de sa décadence. Les Arts et le Commerce
ont grandement souffert de cette malencontreuse innovation. N'est-il pas naturel qu'une ville d'une
importance telle que la nôtre, n'ayant pas de Théâtre où l'on puisse jouer l'Opéra, souffre considé-
rablement de cette privation, sous les deux rapports artistique et commercial, en présence d'une
population toujours croissante et qui, de plus, est journellement visitée par ce flot d'étrangers et de
voisins qu'y déversent à toute heure, nos grandes lignes transatlantiques et nos grandes voies de
communication.
Le Havre, que l'on cite aujourd'hui parmi les villes les plus renommées pour la saison des
bains de mer, n'a pas même un Théâtre où l'on puisse entendre la divine musique des grands maitres,
et ce sera donc à des concerts privés , ou dans les fumées bachiques d'un café-concert, que l'oreille
des dilettanti pourra se désaltérer de la soif des suaves mélodies?... Poser la question, c'est la résoudre.
Mais, une considération plus saisissante encore pour vos esprits, Messieurs, parce qu'elle a
un caractère purement moral et populaire, c'est celle de l'éducation musicale de la jeunesse havraise.
A notre époque, où de tous côtés se créent des orphéons, des sociétés musicales et des cours
publics de chant, pour l'éducation des classes populaires, n'est-il pas nécessaire d'apporter comme
appoint à cette instruction première une scène lyrique, où la jeunesse assistera à l'exécution des grandes
oeuvres de nos maîtres et complétera par là son éducation musicale.
Les douloureuses circonstances qui nous ont affligés pendant la désastreuse guerre d'Améri-
que touchent à leur fin ; une nouvelle ère de prospérité s'ouvre pour notre cité, et nous croyons le
moment propice pour faire cesser la triste expérience que nous avons faite de notre Grand-Théâtre
privé d'opéra, Théâtre qui jadis était réputé par sa valeur lyrique, et marchait de pair avec les scènes
de premier ordre.
La nouvelle législation qui régit les théâtres a eu pour effet d'arrêter provisoirement l'élan
des grandes villes vers le genre lyrique, et plusieurs de nos premières scènes de province ont cessé
de jouer l'opéra, mais la force des choses a ramené bien vite les administrations à rétablir ce genre ;
les villes de Marseille, Toulon, Alger, etc., etc., après une suspension momentanée, ont repris l'opéra,
et les municipalités de ces villes ont rendu et même augmenté les subventions qu'elles avaient provi-
soirement suspendues, se conformant ainsi à la pensée gouvernementale. En effet, la circulaire
ministérielle relative à la liberté des théâtres , invitait Messieurs les Préfets à ne pas perdre de vue que
le désir du gouvernement était le maintien des subventions partout où elles existaient, et même leur
augmentation, si besoin était.
Seules, les villes de Piouen et du Havre, qui avaient cessé de donner l'opéra, sont encore
privées du genre lyrique; mais tout fait espérer qu'elles ne resteront pas en arrière et qu'elles rentreront
bientôt dans la carrière où jadis elles se sont fait remarquer.
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maintenir la prospérité d'une ville commerçante ; mais ces sacrifices ne sont réellement qu'apparents et
provisoires, car les caisses municipales les récupèrent largement par les nombreuses transactions qu'ils
attirent et le développement général du petit commerce.
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