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La transition entre l’invention et l’histoire se fit, en 1931, avec
la « Vie prodigieuse de Guillaume le Conquérant ». Fidèle à ses ten
dances traditionnelles, il tint à préciser dans son propos liminaire qu’il
n’avait « voulu qu’étudier le caractère de l’homme » et que c’était un
point de vue personnel qui lui « avait fait broder en couleurs plus vives
tel ou tel point sur le canevas de la légende et de l’histoire ». Eut-il
dit autre chose qu’on ne l’eut cru, mais encore, c’est bien le bon
canevas qu’il sut trouver, les références évoquées en font foi. Un prix
de l’Académie Française récompensa ce travail dans lequel passe,
puissant, le souffle de l’épopée. A sa deuxième édition, en 1936, les
bois d’Albert Copieux en firent un livre d’art.
Julien Guillemard apparut pour la première fois dans les publi
cations des Amis du Vieux Havre en 1932. Cette année-là, les ingénieurs
du Port venaient de remplacer le pertuis d’Angoulême par un terre-
plein afin de faciliter le passage du train des passagers de la South
Western.
Désormais, le quartier Saint-François n’était plus une île.
Moyennant les sottises que nous avions déjà lues ou entendues
auparavant, de la part d’hurluberlus ou d’affairistes, on pouvait s’at
tendre à ce que le vandalisme s’attaquât à l’ensemble des vieux bassins.
Avec cette vigueur de verbe et cette indépendance totale qui furent
toujours siennes, il se dressa, criant « Haro, Seigneurs ! Saint-François
est sacré » et fit revivre, en quelques pages savoureuses, le pittoresque
quartier que naguère il avait appelé « bourg breton en la ville nor
mande » (1) .
A partir de ce moment, nous le sentîmes près de nous en toutes
circonstances, et particulièrement agissant, chaque fois que le vieux
Havre se trouvait menacé.
Ses chroniques dans « Le Petit Havre » étaient, à cet égard, bien
précieuses, car elles portaient toujours, tant sa signature était, tout à
la fois, synonyme de clairvoyance, de sensibilité et de loyauté.
En cette période, son activité littéraire est marquée par deux
belles publications. « Sous le beau ciel de Normandie », 1933, est un
recueil de contes d’un réalisme palpitant et qui a sa place marquée
dans toute bibliothèque régionaliste. Les « Sirènes de l’Estuaire »,
1934, groupent ses poèmes et chansons de la mer. « Des vers qui font
un bruit cadencé de rames fendant l’onde », a dit Georges Aubault
de la Haulte Chambre qui tenait Julien Guillemard pour un grand
favori des Sirènes. Oui, c’est peut-être ici, en cet écrin qui renferme
les palpitations de la ville et les houles de la rade, qu’il faut lire ce
(1) Saint-François in « La Mouette » - N° 99 - Mars 1926, p. 68.
La transition entre l’invention et l’histoire se fit, en 1931, avec
la « Vie prodigieuse de Guillaume le Conquérant ». Fidèle à ses ten
dances traditionnelles, il tint à préciser dans son propos liminaire qu’il
n’avait « voulu qu’étudier le caractère de l’homme » et que c’était un
point de vue personnel qui lui « avait fait broder en couleurs plus vives
tel ou tel point sur le canevas de la légende et de l’histoire ». Eut-il
dit autre chose qu’on ne l’eut cru, mais encore, c’est bien le bon
canevas qu’il sut trouver, les références évoquées en font foi. Un prix
de l’Académie Française récompensa ce travail dans lequel passe,
puissant, le souffle de l’épopée. A sa deuxième édition, en 1936, les
bois d’Albert Copieux en firent un livre d’art.
Julien Guillemard apparut pour la première fois dans les publi
cations des Amis du Vieux Havre en 1932. Cette année-là, les ingénieurs
du Port venaient de remplacer le pertuis d’Angoulême par un terre-
plein afin de faciliter le passage du train des passagers de la South
Western.
Désormais, le quartier Saint-François n’était plus une île.
Moyennant les sottises que nous avions déjà lues ou entendues
auparavant, de la part d’hurluberlus ou d’affairistes, on pouvait s’at
tendre à ce que le vandalisme s’attaquât à l’ensemble des vieux bassins.
Avec cette vigueur de verbe et cette indépendance totale qui furent
toujours siennes, il se dressa, criant « Haro, Seigneurs ! Saint-François
est sacré » et fit revivre, en quelques pages savoureuses, le pittoresque
quartier que naguère il avait appelé « bourg breton en la ville nor
mande » (1) .
A partir de ce moment, nous le sentîmes près de nous en toutes
circonstances, et particulièrement agissant, chaque fois que le vieux
Havre se trouvait menacé.
Ses chroniques dans « Le Petit Havre » étaient, à cet égard, bien
précieuses, car elles portaient toujours, tant sa signature était, tout à
la fois, synonyme de clairvoyance, de sensibilité et de loyauté.
En cette période, son activité littéraire est marquée par deux
belles publications. « Sous le beau ciel de Normandie », 1933, est un
recueil de contes d’un réalisme palpitant et qui a sa place marquée
dans toute bibliothèque régionaliste. Les « Sirènes de l’Estuaire »,
1934, groupent ses poèmes et chansons de la mer. « Des vers qui font
un bruit cadencé de rames fendant l’onde », a dit Georges Aubault
de la Haulte Chambre qui tenait Julien Guillemard pour un grand
favori des Sirènes. Oui, c’est peut-être ici, en cet écrin qui renferme
les palpitations de la ville et les houles de la rade, qu’il faut lire ce
(1) Saint-François in « La Mouette » - N° 99 - Mars 1926, p. 68.
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