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En ce qui concerne les vieux monuments de Paris, Louis Veuillot
est allé naguère plus loin encore dans la vérité.
« Les vieux monuments mêmes qui restent debout ne disent plus
(( rien, parce que tout a changé autour d’eux. Notre-Dame et la Tour
« Saint-Jacques ne sont pas plus à leur place que l’Obélisque et
« semblent aussi bien avoir été apportés d’ailleurs comme de vaines
« curiosités ».
Bien que le problème du parvis de l’église d’Harfleur ne puisse
revêtir une ampleur comparable à celui des cathédrales, le raisonnement
demeure valable et réclame, nous y insistons, qu’on s’y arrête.
C’est au-dessus des toits pressés des maisons voisines que doit se
silhouetter dans le ciel l’église Saint-Martin. Pour qui veut la contempler
dans un cadre de verdure, il y a le jardin public tout proche.
Il faut considérer comme essentielle la contexture de l’église et
des maisons qui l'entourent. Chaque élément, le géant comme le pygmée,
donne son échelle à l’autre. L’exemple type de cette comparaison était
représenté par la maison du poteau comier, classée en 1944 et qui se
trouvait au Sud de l’église, à l’angle de la rue Thiers. Malgré la
protection légale, la ville d’Harfleur n’a pas hésité à la démolir et s’est
vantée de la réalisation de ce bel exploit en un communiqué à la Presse,
signé par une personnalité notable de son administration.
Au voisinage de l’église, il y a encore des maisons contemporaines
de la construction des parties principales de l’édifice, contemporaines
aussi du port maritime d’Harfleur et bien antérieures aux premiers
travaux de construction du Havre-de-Grâce.
Malgré le périmètre de protection de l’église classée, disposition
légale dont M. André Malraux vient de renforcer la réglementation,
va-t-on démolir aussi ces maisons sous prétexte qu’elles sont vieilles ?
C’est qu’en effet plane sur toutes les constructions anciennes
d’Harfleur la menace de « l’Opération taudis », dont le lancement fut
annoncé il y a maintenant quatre ans (1) .
Partout ailleurs, on s’efforce de diminuer la densité de la population
dans les plus vieux quartiers ou, tout au moins, de la stabiliser. Ici,
pour économiser l’équipement de nouvelles zones résidentielles, on
veut augmenter l’habitat dans la zone centrale.
On voit immédiatement ce que cela peut donner : construction
d’immeubles collectifs, nouveaux tracés de voirie, perte certaine du
charme d’Harfleur, de ses vestiges historiques, de l’atmosphère dans
laquelle s’inscrit son magnifique clocher.
« L’opération » se recommande évidemment de l’hygiène mais,
outre le fait que l'on construit de nouveaux taudis, tous les jours (les
services des H.L.M. comme les enquêteurs municipaux peuvent en
attester), quantité d’études sociologiques nous fixent maintenant sur ce
(1) Journal « Le Havre » du vendredi 20 décembre 1957, sous la signature de
M. E. Seurret, maire d’Harfleur.
En ce qui concerne les vieux monuments de Paris, Louis Veuillot
est allé naguère plus loin encore dans la vérité.
« Les vieux monuments mêmes qui restent debout ne disent plus
(( rien, parce que tout a changé autour d’eux. Notre-Dame et la Tour
« Saint-Jacques ne sont pas plus à leur place que l’Obélisque et
« semblent aussi bien avoir été apportés d’ailleurs comme de vaines
« curiosités ».
Bien que le problème du parvis de l’église d’Harfleur ne puisse
revêtir une ampleur comparable à celui des cathédrales, le raisonnement
demeure valable et réclame, nous y insistons, qu’on s’y arrête.
C’est au-dessus des toits pressés des maisons voisines que doit se
silhouetter dans le ciel l’église Saint-Martin. Pour qui veut la contempler
dans un cadre de verdure, il y a le jardin public tout proche.
Il faut considérer comme essentielle la contexture de l’église et
des maisons qui l'entourent. Chaque élément, le géant comme le pygmée,
donne son échelle à l’autre. L’exemple type de cette comparaison était
représenté par la maison du poteau comier, classée en 1944 et qui se
trouvait au Sud de l’église, à l’angle de la rue Thiers. Malgré la
protection légale, la ville d’Harfleur n’a pas hésité à la démolir et s’est
vantée de la réalisation de ce bel exploit en un communiqué à la Presse,
signé par une personnalité notable de son administration.
Au voisinage de l’église, il y a encore des maisons contemporaines
de la construction des parties principales de l’édifice, contemporaines
aussi du port maritime d’Harfleur et bien antérieures aux premiers
travaux de construction du Havre-de-Grâce.
Malgré le périmètre de protection de l’église classée, disposition
légale dont M. André Malraux vient de renforcer la réglementation,
va-t-on démolir aussi ces maisons sous prétexte qu’elles sont vieilles ?
C’est qu’en effet plane sur toutes les constructions anciennes
d’Harfleur la menace de « l’Opération taudis », dont le lancement fut
annoncé il y a maintenant quatre ans (1) .
Partout ailleurs, on s’efforce de diminuer la densité de la population
dans les plus vieux quartiers ou, tout au moins, de la stabiliser. Ici,
pour économiser l’équipement de nouvelles zones résidentielles, on
veut augmenter l’habitat dans la zone centrale.
On voit immédiatement ce que cela peut donner : construction
d’immeubles collectifs, nouveaux tracés de voirie, perte certaine du
charme d’Harfleur, de ses vestiges historiques, de l’atmosphère dans
laquelle s’inscrit son magnifique clocher.
« L’opération » se recommande évidemment de l’hygiène mais,
outre le fait que l'on construit de nouveaux taudis, tous les jours (les
services des H.L.M. comme les enquêteurs municipaux peuvent en
attester), quantité d’études sociologiques nous fixent maintenant sur ce
(1) Journal « Le Havre » du vendredi 20 décembre 1957, sous la signature de
M. E. Seurret, maire d’Harfleur.
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