Titre : Le Prolétaire normand : organe régional du Bloc ouvrier et paysan : ["puis" édité par le Parti communiste]
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rouen)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Sotteville-lès-Rouen)
Date d'édition : 1930-08-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32844597d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1930 01 août 1930
Description : 1930/08/01 (N203). 1930/08/01 (N203).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45715140
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-94118 (BIS)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2017
5 e ANNEE. — N° 203.
LE NUMERO: 25 CENTIMES
VENDREDI 1 er AOUT 1930.
/VVVWVWVVVVVVVWVVVVVVVVVV\/VVVVVVVVVVVVWVVVVVVVI
VERSEZ
à la souscription
permanente ouverte pour
que le « Prolétaire »
vive et se développe.
Organe Régional C J : i: ^
du Bloc Ouvrier et Paysan
CONDITIONS D'ABONNEMENT :
Pour 12 Numéros 3 francs.
RÉDACTION & ADMINISTRATION
Pour la rédaction et tous renseignements concernant Le Havre,
16, Rue Damiette — ROUKW — Téléphone 45 78
s’adresser au camarade E. DESCHAMFS, Cercle Franklin, Le Havre 2 e
Adresser le montant des abonnements et tous fonds à TROU1LLARD, 16, rue Damiette, Rouen
étage).
C. C. P. Rouen 122.90. R. C. A. 218.44
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CHAQUE SEMAINE
Le « Prolétaire Normand »
En vente dans tons les kiosques
— Le numéro : 0 fr. 40 —
l/VWVWWvvvvwvwvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv
Centre la guerre impérialiste,
Centre la lei d’escroquerie,
Manifestez le 1 er Août !
Le premier août journée internationale de
lutte contre la guerre impérialiste, emprunte
cette année aux évènements, un caractère
excessivement sérieux.
Jamais encore, la guerre n’a été plus me
naçante, personne n’ose plus nier cette évi
dence. Il suffit de feuilleter la presse et la
littérature bourgeoises pour s’en rendre comp
te.
Les socialistes, popistes et autres valets de
la bourgeoisie n’osent plus ironiser notre ap
préciation sur l’imminence de la guerre telle
ment ce danger se précise. Ils essaient néan
moins, entre deux trahisons de faire croire
aux travailleurs que la guerre n’est pas mena
çante parce que, affirment-ils les ouvriers ne
marcheraient pas, comme ils firent en 1914.
C’est une canaillerie de plus à leur actif,
cal' ils savent bien que la bourgeoisie par les
formidables moyens dont elle dispose, et ces
moyens sont variés, prépare la « psychose de
guerre ». Eux-mêmes, socialistes et popistes
apportent l’appui de leurs connaissances spé
ciales au service de cette vilaine cause.
La bourgeoisie ne se borne pas à préparer
les esprits, elle fabrique fébrilement les
« moyens » de faire la guerre.
Dans ce domaine, nous retrouvons les so
cialistes avec Paul-Boncour comme rapporteur
sur les lois militaires ; Renaudel comme rap
porteur du budget de l’air, Baron aux gaz.
D’ailleurs, tout l’état-major du parti socia
liste s’est affirmé pour la défense nationale.
La préparation de la guerre est devenue
un fait tellement probant que toutes les forces
vives de la nation, (pour parler comme les
bourgeois) s’y trouvent entraînées. Pas une dé
monstration, pas une manifestation, pas une
fête organisées par la bourgeoisie qui ne soit
dictée par le souci de préparer la prochaine.
La démagogie de Tardieu, ses discours do
minicaux sur sa caricature de plan quinquen
nal, ne masquent pas la réalité.
Aux 15 milliards du budget de guerre,
un autre milliard est venu s’ajouter, et cela
pendant que le « pacifiste » Briand envoie
aux gouvernements d’Europe son chiffon de
papier de mémorandum sur le « paneuropéa-
nisme », document dont les gouvernants des
puissances européennes s’empressent d’accep
ter les conditions tout en objectant des « si »
et des « mais » qui en disent long sur leurs
intentions.
Cruelle ironie des choses, c’est au moment
où la dotilce France bavarde sur la paix du
monde par la bouche de son ministre des
affaires étrangères, que des nouvelles venant
d’Or an nous apprennent que la guerre reprend
de plus belle au Maroc.
Puis au Havre, on assiste à ce spectacle
Les ouvriers n’ignorent pas que Schneider
fabrique à plein rendement ses engins de, mort.
Les chantiers de contructions navales travail
lent sans interruption pour la marine de guerre.
La dernière fête d’aviation nous a dévoilé le
but de ] f/a visite du ministre de l’air.
Les bases de la construction d’un aéroport
ont été jetées et, par la même occasion, nous
avons appris que le capitalisme français avait
l’intention de transformer les anciens chantiers
de la Gironde en usine de construction d’a
vions.
On voit que la bourgeoisie ne chôme pas,
actuelle ne pourra se résoudre que par la
guerre.
Pour ces raisons, elle a besoin d’argent, et
elle veut, sous le prétexte d’une loi dite des
assurances sociales imposer les salaires misé
rables des ouvriers. L’argent escroqué sur la
paie des travailleurs, quel réservoir pour payer
les préparatifs criminels de la bourgeoisie
Cette loi tant vantée par les socialistes et
les réformistes comme on le voit, fait partie
intégrante des « moyens » de guerre mis à la
disposition de nos capitalistes en même temps
qu elle enchaîne par un organisme puissant
de mouchardage les ouvriers, et crée la mi
sère dans leur foyer.
Il ne faut pas oublier toutefois que les capi
talistes guignent vers la Russie des soviets.
Car ils savent que dans ce grand pays pro
létarien le socialisme s’édifie. Sous la con
duite des ouvriers bolchevicks tout ce que le
tzarisme avait laissé fond comme beurre au
soleil. Déjà, le rythme de la production a dé
passé celui des industries capitalistes les plus
évoluées.
Les capitalistes voient le danger et mettent
tout en œuvre pour y parer, non seulement
la Russie des soviets est un exemple vivant
pour le prolétariat mondial, mais encore c’est
un sixième du globe qui leur échappe en
tant que marché pour l’écoulement de leurs
produits.
Au travers des desseins de la bourgeoisie
se dressent le Parti communiste et la C.G.T.
U. Pour atteindre la Russie des soviets, la
bourgeoisie sait qu’elle devra abattre ces or
ganisations. De là, la féroce répression qui
frappe tous nos militants.
Les laquais du capital, socialistes, popis
tes et autonomes aü Havre, se distinguent
particulièrement dans cette besogne. Ils met
tent le peu d’influence qu’ils possèdent en
core sur les ouvriers au service de la bourgeoi
sie pour l’accomplissement de son travail con
tre-révolutionnaire.
Pour lutter contre la guerre impérialiste,
pour la défense de !la Russie soviétique, pour
Vaugmentation des salaires, contre la ratio
nalisation, contre les assurances sociales, con
te le versement ouvrier, contre la répression
fasciste, pour la libération des emprisonnés,
manifestez le 1 er août.
UNE IDÉE
— Ecoute bien, les 13 milliards du budget de
la guerre, c’est pour acheter des plumes à la colombe
de la paix et non pour préparer la prochaine...
UNE GRRR4NDE FÊTE PATRIOTIQUE
Le 14 Juillet au Havre
Le Havre, comme tontes ses villes sœurs,
a été, à l’occasion du 14 juillet, le théâtre
de scènes grotesques à la fois chauvines et
ridicules. La bourgeoisie a fait retentir les
échos de nos rues de coups de clairons et
de détonations.
Des groupes de chienlits portant des lan
ternes rouges défilèrent, escortés de flics
à Boncour, cela au milieu d’un vacarme à
tout casser. Puis, plusieurs milliers de
francs furent dilapidés en cette soirée où
il fut brûlé de la poudre pour les moineaux
qui étaient absents.
« Sambre et Meuse » et « Marseillaise »
alternaient successivement!... la dé-maque-
rau-tie coule à plein bord.
Dans la rue Gustave-Brindeau, les huées
des travailleurs accueillirent M. Meyer lors
qu’il fit son apparition dans le quartier.
Au Comité des fêtes d’Applemont, seul le
président du dit comité reçut Meyer, les
habitants de ce quartier témoignèrent leur
mépris au gros Léon. Ils se sont rappelés
que le Maire du Havre s’est rangé du côté
de la Société des Habitations à bon marché
lorsque celle-ci voulut augmenter ses loyers.
Quartier des Raffineries, Léon arriva quel
que peu fatigué et ému. Puis l’heure du
champagne arriva, mais un groupe d’ou
vriers se mit à crier: « A la santé des poi-
elle sait quinévitableme'nt la crise économique «*••• A >»* Assurances sociales!.. Hou!
TRAVAILLEURS HAVRAIS !
DU PORT, DES METAUX, DU BATIMENT, DE LA TERRAS
SE, DES PRODUITS CHIMIQUES, DE TOUTES CORPORATIONS.
assistez nombreux au
Grand Meeting
qui aura lieu le Vendredi 1 er Août
au Cercle Franklin, à 20 li. 30
Des orateurs de la C.G.T.U. et du Parti Communiste y prendront la
parole.
CONTRE LA LOI FASCISTE DES ASSURANCES SOCIALES,
POUR LA DEFENSE DE L’U.R.S.S.,
CONTRE LA REPRESSION ET POUR LA LIBERATION DE TOUS LES
EMPRISONNES.
Ce que n’a pas vu le “ Petit Havre ”
UN bagnOenmnts
La triste vie des orphelins de la “Ligue”
hou!.. Meyer!... »
Une autre remarque est à faire: bien peu
de maisons ouvrières pavoisèrent; seuls les
patrons, les mercantis et les bistrots arbo
rèrent leurs pavillons. En outre, les ouvriers
havrais ne se montrèrent qu’en nombre in
fime aux manifestations chauvines.
Tandis que les ivrognes hoquètent leur
hymne national, des travailleurs s’organi
sent pour abattre les nouvelles Bastilles de
la Démocratie.
Il serait injuste de ne point souligner la
grande fureur de la direction de la Prison
qui, le 14 juillet au matin, trouva sa porte
barbouillée d’inscriptions de ce genre:
« Libérez Marty!.. Vivent les Soviets! »
Il fallut au moins user trois grattoirs sur
le ciment des piliers pour effacer cet appel
séditieux du prolétariat havrais.
Le surlendemain, les inscriptions, ironi
quement, étaient revenues durant la nuit,
où elles demeurèrent jusqu’à io heures du
matin.
En plus de cela, dans toute la ville, des
papillons réclamant la mise en liberté de
Marty, maquillèrent les affiches bourgeoi
ses à la grande joie de la population et au
grand dam des bourriques.
Les ouvriers, par cette action, rappelaient
qu’ils n’oubliaient pas ceux qui étaient tom
bés victimes de la bourgeoisie. La Bastille
de 8g n’est plus; la troisième République
en a des dizaines où elle enferme les mili
tants ouvriers.
Travailleurs, ne tombez pas dans le pan
neau; les seigneurs sont remplacés par des
capitalistes, contre lesquels nous devons
lutter. Renforcez vos organisations de clas
se, Votre Secours Rouge International.
« Les orphelinats sont nombreux au
a Havre et répondent à tous les besoins
a modernes d’éducation et d’effort so-
« cial. »
Maryse LEBLANC-'
(Petit-HaVre du 16-7-30).
Ah! oui, certes, ils répondent à tous les besoins;
à tous les besoins de la bourgeoisie ! à tous les be
soins modernes d’asservissement et d’abrutissement
de la classe ouvrière.
Quant à répondre aux besoins des malheureux
enfants, orphelins ou abandonnés, qui ont le malheur
d’être internés dans cet établissement que l’on ap
pelle couramment « La Ligue », (besoins d’affection,
de tendresse, de confort, de douce autorité, de soins
maternels), ceci est une autre affaire.
Les enfants y manquent même, et surtout, de
nourriture. Ce qui est très grave pour leur corps,
souvent débile.
La Ligue?? Les avez-vous vus, ces enfants, défiler
le dimanche matin pour aller à la messe, traînant la
jambe, les cheveux absolument ras, les yeux tristes
et implorants; avez-vous vu leur figure? Avez-vous
vu leur pâleur?.. Bonne mine?.. Non, soufflés peut-
être ; souf fiés par l’anémie. Pitoyable cortège ! Et
plus pitoyable encore, lamentable, lorsque l’on sait!
Si Mme Maryse Leblanc, infirmière sociale qui
sévit dans le Petit Havre, a visité la Ligue Protec
trice des orphelins du Havre (à Sanvic), ce bagne
(parfaitement, un bagne î) pour enfants, et qu’elle
n’ait rien vu, c’est qu’elle a des billes à la place
des yeux.
Si elle a vu, qu’elle ait compris l’horreur et qu’elle
intérieur de l’établissement, c’est qu’elle a une pierre
à la place du cœur.
Si elle a vu, qu’elle ait compris l’horreur et qu’elle
ne dise rien, c’est qu’elle remplit son rôle d’infir
mière sociale de la bourgeoisie à la perfection.
Quant à nous, prolétaires, nous nous devons de
dire ce que nous savons. Et nous le dirons ! Nous
avons accusé ; nous allons prouver.
Outre ce que nous avons appris par des parents
qui approchent ces enfants, outre ce que nous ont
dévoilé des voisins émus de ce qu’ils voient journel
lement, nous avons été témoins, nous, auteur de
1 article, de divers faits qui confirment à la lettre
ce que nous ont dit les témoins ci-dessus. En effet,
on dit que « le Directeur de « La Ligue » s’appelle
Lachèvre. Qu en réalité c’est sa femme qui gou
verne. On dit qu’elle maltraiterait les enfants et
les corrigerait même pour des futilités. »
Est-ce son rôle, tant au point de vue moral qu’au
point de vue administratif et social?
« Si, pendant le mois, les enfants ont encouru des
punitions, ils sont privés de sortie à la fin de ce
mois. Pis : ils sont privés de voir leurs parents ! »
N’est-ce pas une honte?
« Le jeudi, jour de repos pour tous les autres
enfants, lever à 6 h. 15. A 7 heures, à la terre! »
Car cet orphelinat modèle est une pépinière de fu
turs jardiniers ou autres serviteurs pour grandes mai
sons. La bourgeoisie, sous prétexte de philantropie,
travaille pour elle. En voici un exemple de plus.
« Les employés eux-mêmes sont très mal parta
gés. » Seulement, eux, ils peuvent partir. Ils ne
s’en privent pas, du reste. C’est qu’on doit être
bien, 1 la « Ligue » ? !
Ainsi, dernièrement, un cordonnier a quitté l’éta
blissement au bout de 15 jours de présence. Deman
dant un certificat à l’aimable M. Lachèvre, recteur
de la Ligüei, celui-ci lui lança un coup de pbing au
Les batai lles o uvrières
Dans plus de 60 entreprises, 20.000 travailleurs
de la région ronennaise se sont mis en grève
visage, lui meurtrissant l’œil et lui dit : « En voilà
un, de certificat ! » Plainte a été portée et l’affaire
viendra à l’enclave des pénitents.
Quant à l’accusation la plus grave que nous por
tons, nous voulons dire le manque de nourriture,
nou3 savons que des voisins donnent fréquemment du J
pain aux enfants. Interdiction leur a été faite de le !
faire.
« A Sanvic, un enfant de la Ligue allait voir,
chaque dimanche, au sortir de la messe — car on
les conduit à l’Eglise, — un parent à lui. A chaque
visite, il réclamait une immense tartine. Par la suite,
il demanda « du pain » pour ses petits camarades. !
Et il se cachait pour le leur donner et le manger. i
« A la Mare-aux-Clercs, plusieurs de ces enfants '
volèrent un pain de 6 livres chez lé boulanger et se
le partagèrent.
« Au Havre, un autre enfant, s’étant évadé, j
arriva chez sa tante en pleurant et lui demanda à
manger, disant qu’ils ne mangeaient jamais à leur
faim à « La Ligue ».
Si, comme le dit plus bas la lettre insolente du
directeur Lachèvre, les enfants sont si bien nourris, i
pourquoi ces faits? Ce sont des racontars? Mais on
peut montrer à qui démentira les adresses des person
nes que je cite ci-dessus.
Si ces malheureux enfants sont si bien traités,
pourquoi s évadent-ils? Pourquoi en a-t-on arrêté
deux qui, dernièrement encore, étaient aliés à pied
de Sanvic à Fécamp? C’est qu’on s’évade de la
Ligue Protectrice ( !) pour les mêmes raisons que
l’on s'évade du bagne.
Et maintenant, pour bien étayer et confirmer nos
accusations, je publie le fac-simili d’une lettre dont
l’original est en ma possession.
Voici l’histoire :
Une dame voyait chaque dimanche des enfants
de sa famille, élevés à la Ligue, et prise de pitié, elle
leur donnait.... des friandises? Non... Du pain!..
Vous lisez bien : DU PAIN ! ! Chose interdite, du reste.
Le Directeur l’ayant su, a adressé à la personne
en cause la lettre ci-dessous :
Ligue Protectrice etc-..
Madame,
Veuillez prendre note que Vous n’avez pas à porter
du pain aux enfants à la messe, ils ont leur nourriture,
et s’il fallait qu’ils mangent à leur faim que tous les
dimanches, jour où vous leur en portez, ils n’auraient
pas la mine qu’ils ont. Si vous persistez, malgré cet
avertissement, les enfants resteront ici et n’iront plus
aux offices. Nous nous arrangerons du resta avec
leur père, Monsieur D...
Lachèvre.
Nous n’y avons pas changé une virgule. Qu’en
pensez-vous, braves gens de toute opinion, qui choyez
vos enfants et qui avez du cœur de reste? Je connais
à 1 avance votre sentiment et vous en remercie.
Mais qu’en pense Mme Maryse Leblanc, l’infir
mière sociale qui trouve que tout est très bien dans
les orphelinats ? Nous attendons sa réponse.
De plus, les parents qui désirent reprendre leurs
enfants doivent verser 300 francs.
Un père indigné.
N.d.l.R. — Nous devons ajouter que M. Léon
Meyer, grand philantrope, est administrateur de La
Ligue. On en voit les effets.
Or, en régime bolchevick, ce rôle serait tenu — et
plus justement tenu — par une commission de parents.
La Rédaction.
Les travailleurs de la région havraise, dont
l’esprit de classe est si développé, ont le de
voir d’être informés par notre « Prolétaire
Havrais » du magnifique mouvement de lutte
de leurs frères de la région rouennaise.
Us savent que cette action sert leurs inté
rêts, qu’elle aura nécessairement ses réper
cussions sur l’attitude de leurs propres pa
trons.
La bataille a commencé parmi les exploités
de la vallée du Cailly et de la vallée de
l’Austreberthe parmi cet admirable proléta
riat de Pavilly-Barentin surtout qui vient de
se placer au premier rang des combattants
contre la loi d’escroquerie.
Depuis, le mouvement gréviste n’a cessé
de s’élargir.
Toutes les industries maîtresses sont tou
chées.
Presque toutes les usines du textile de
Rouen, Petit-Queviily, Déville, Bapeaume,
Maromme, Bondeville, Le Houlme, Malau-
nay, Monville, Barentin, Pavilly, Le Paulu,
Lillebonne dans la région havraise ont chô
mé ou chôment actuellement.
De nombreuses usines de métallurgie sont
dans le mouvement.
Les Chantiers de Normandie, avec leurs
1.200 travailleurs, sont partis magnifique
ment, organisant sérieusement leur mouve
ment.
Les ouvriers du bois, de la chaussure s’y
sont mis aussi.
Et l’industrie chimique si exploitée, avec
presque toutes les usines de pétrole, avec Bo-
zel-Malétra.
Lt les dockers du port de Rouen.
Mais ce qui désole le plus la bourgeoisie,
c’est que le mouvement est tout à fait appa
rent.
Les manifestations de rues sont journaliè
res.
La ville de Rouen elle-même, plutôt ha
bituée aux processions de Sainte Jeanne
d’Arc, est journellement sillonnée dans tous
les quartiers ouvriers et bourgeois, sur les
quais, de grandes démonstrations de grévistes
réclamant les augmentations de salaires, cons
puant la loi d’escroquerie et ses auteurs, cla
mant les chants révolutionnaires .-
Depuis 10 ans, on n’avait vu pareille agi
tation.
La bourgeoisie effrayée a tenté toutes les
manœuvres : elle utilise les réformistes de la
C.G.T., ceux de la C.G.T.U. comme En-
gler et Germaine Goujon, les municipalités,
les politiciens.
Les ouvriers, par leur combativité, brisent
ces manœuvres.
La bourgeoisie menace. La répression pa
tronale est commencée. Par pelotons sont ve
nus de partout les gardes mobiles pour provo
quer les incidents.
Les ouvriers et ouvrières de la région rouen
naise, comme ceux du Nord et de la Som
me, sont à l’avant-garde.
La poussée de masse du prolétariat français
doit briser l’effort de la bourgeoisie.
Les ouvriers havrais seront pour cela aux
côtés de leurs frères de la région rouennaise.
Les lauriers de Meyer
hantent les nuits de Métayer
Pendant cinq heures
les travailleurs
sont maîtres de fa rue
Sauvages brutalités policières
je arrestaticus dont celle de Lemarchand
des Métaux du Havre
Toute l’après-midi de nombreuses bagar
res se produisirent. Pendant cinq heures, de
15 à 20 h., les manifestants furent maîtres
du pavé. Chassés dix fois par les brutes poli
cières du maire Métayer, dix fois ils revin
rent, se battant avec ce qu’ils trouvaient, ré
pondant coup pour coup.
La place Saint-Marc fut le théâtre de du
res batailles, des pavés jonchaient le sol, des
grilles d’arbre étaient cassées, des tuyaux de
conduite à gaz placés au milieu des rues.
Métayer est un homme de gauche. Il se
conduit comme tel, c’est-à-dire qu’il est un
adversaire résolu des ouvriers.
Ceux-ci réclament du pain, luttent contre la
diminution des salaires par les assurances so
ciales ; ils exigent des augmentations pour
vivre, car tout augmente, depuis le pain si
nécessaire à la vie.
Métayer nous envoie des gendarmes. Il
fait donner des coups de matraques, des
coups de crosse.
C’est un homme de gauche, comme Meyer,
qui porte la responsabilités des assassinats du
Havre en 1922.
Dimanche, des scènes inouies se déroulè
rent, des femmes furent traînées par les che
veux, des vieilles et des vieux frappés, des
enfants roulèrent sous les pieds des chevaux.
Les crosses des mobiles se levaient et s’a
baissaient sur les crânes des ouvriers.
L’ordre règne !
Poussée par les chevaux dans le jardin de
l’Hôtel de Ville, une pauvre vieille tombe,
un pauvre vieux est lancé sur des fils de fer.
C’est une façon de leur donner une .retraite.
L’ordre règne !
30 arrestations furent opérées, 18 furent
maintenues, des crânes furent ouverts, des
côtes défoncées.
L’ordre règne !
L’ordre des assassins, des Métayer ou des
Meyer, l’ordre des bourgeois.
. Malgré cela, ils n’ont pas abattu la vo
lonté de lutte des milliers de travailleurs.
Dimanche, dockers, métallos, gars du bâ
timent et des produits chimiques manifestent,
luttent, se défendent contre la loi d’escroque
rie et de mouchardage.
Gars du Havre, soutenez-les, collectez,
faites des souscriptions et élisez aussi dans vos
réunions d’usine vos comités de lutte.
Elargissez votre bataille !
>
Les travailleurs
ont manifesté
au Bois des Hallattes
Pour unifier les luttes qui se déroulent
dans Rouen et sa banlieue ainsi que dans la
vallée du Cailly, deux grosses manifestations
furent projetées.
Elles étaient organisées par les comités cen
traux de grève et la 19° Union Régionale
Unitaire.
Elles devaient se tenir à 15 heures à
Rouen et à Malaunay.
Malgré l’interdiction, elles se tinrent.
A Rouen, dès 14 heures, les ouvriers s’a
massent, s’infiltrent malgré des barrages impo
sants de flics, de mobiles, de gendarmes.
A la tête d’un groupe de manifestants,
sur la place de l’Hôtel-de-Ville, un de nos
camarades, Lemarchand, secrétaire des mé
taux du Havre, est présent.
Depuis le premier jour il est sur la brèche
avec les 1.200 travailleurs des Chantiers de
Normandie. Il devait plus particulièrement
être visé par les brutes policières.
C’est pourquoi ils chargèrent sur le grou
pe de militants où il se trouvait et réussirent
à l’arrêter.
La démonstration, fête organisée par l’U
nion Locale Unitaire à l’occasion du 5 e Con
grès de l’Internationale Syndicale Rouge, a
eu lieu le dimanche 21 juin au bois des Hal
lattes.
Le mauvais temps vint contrecarrer notre
fête. Malgré cela plus de 300 ouvriers et ou
vrières étaient présents. Les sportives et les
sportifs de la F.S.T. firent de belles exhibi
tions de sport prol#arien.
En raison du mauvais temps les baraques
scolaires nous reçurent à l’heure du repas.
La cantine était d’ailleurs assez bien appro
visionnée.
L’après-midi venu, ce fut l’heure du mee
ting, celui-ci se tint sous la présidence d’hon
neur des emprisonnés. Rivière prit la parole.
Rapidement il montra ce que représentait pour
la classe ouvrière le 5 e Congrès de l’I.S.R.,
ensuite il expliqua ce qu’iraient faire en U.R.
S.S. les trois délégués havrais.
Après lui, divers camarades prirent la pa
role, dont un orateur de la F.S.T., le ca
marade Parmentier des cheminots, le cama
rade Carn du syndicat des douanes, le secré
taire du syndicat du bâtiment, le camarade
Gentil des terrassiers, puis les délégués des
typos, charbonniers, métaux, S.R.I., J.C.,
Dupray, délégué au 5° Congrès, prirent suc
cessivement la parole, apportant leur adhésion
et le point de vue de leur syndicat sur la dé
légation, son rôle et l’importance des assises
internationales du prolétariat. Marée et Ri
vière dirent encore quelques mots.
Une Internationale retentit vibrante et les
emprisonnés avec le camarade Marty furent
applaudis. Legagneux parla au nom du P.C.,
concluant le meeting.
Le groupe artistique interpréta la pièce,
Le» assurances pour les morts. Nos camarades
furent vigoureusement applaudis.
Puis, ce fut la fin. Chacun partit, se dis
persant dans la forêt. Quelques bourriques
jetèrent une notre comique.
1 Bonne journée pour la C.G.T.U. et le
!P.C., et maintenant attendons avec impa
tience le retour de nos camarades qui vien-
1 dront noüs dire leurs impressions.
LE NUMERO: 25 CENTIMES
VENDREDI 1 er AOUT 1930.
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cette année aux évènements, un caractère
excessivement sérieux.
Jamais encore, la guerre n’a été plus me
naçante, personne n’ose plus nier cette évi
dence. Il suffit de feuilleter la presse et la
littérature bourgeoises pour s’en rendre comp
te.
Les socialistes, popistes et autres valets de
la bourgeoisie n’osent plus ironiser notre ap
préciation sur l’imminence de la guerre telle
ment ce danger se précise. Ils essaient néan
moins, entre deux trahisons de faire croire
aux travailleurs que la guerre n’est pas mena
çante parce que, affirment-ils les ouvriers ne
marcheraient pas, comme ils firent en 1914.
C’est une canaillerie de plus à leur actif,
cal' ils savent bien que la bourgeoisie par les
formidables moyens dont elle dispose, et ces
moyens sont variés, prépare la « psychose de
guerre ». Eux-mêmes, socialistes et popistes
apportent l’appui de leurs connaissances spé
ciales au service de cette vilaine cause.
La bourgeoisie ne se borne pas à préparer
les esprits, elle fabrique fébrilement les
« moyens » de faire la guerre.
Dans ce domaine, nous retrouvons les so
cialistes avec Paul-Boncour comme rapporteur
sur les lois militaires ; Renaudel comme rap
porteur du budget de l’air, Baron aux gaz.
D’ailleurs, tout l’état-major du parti socia
liste s’est affirmé pour la défense nationale.
La préparation de la guerre est devenue
un fait tellement probant que toutes les forces
vives de la nation, (pour parler comme les
bourgeois) s’y trouvent entraînées. Pas une dé
monstration, pas une manifestation, pas une
fête organisées par la bourgeoisie qui ne soit
dictée par le souci de préparer la prochaine.
La démagogie de Tardieu, ses discours do
minicaux sur sa caricature de plan quinquen
nal, ne masquent pas la réalité.
Aux 15 milliards du budget de guerre,
un autre milliard est venu s’ajouter, et cela
pendant que le « pacifiste » Briand envoie
aux gouvernements d’Europe son chiffon de
papier de mémorandum sur le « paneuropéa-
nisme », document dont les gouvernants des
puissances européennes s’empressent d’accep
ter les conditions tout en objectant des « si »
et des « mais » qui en disent long sur leurs
intentions.
Cruelle ironie des choses, c’est au moment
où la dotilce France bavarde sur la paix du
monde par la bouche de son ministre des
affaires étrangères, que des nouvelles venant
d’Or an nous apprennent que la guerre reprend
de plus belle au Maroc.
Puis au Havre, on assiste à ce spectacle
Les ouvriers n’ignorent pas que Schneider
fabrique à plein rendement ses engins de, mort.
Les chantiers de contructions navales travail
lent sans interruption pour la marine de guerre.
La dernière fête d’aviation nous a dévoilé le
but de ] f/a visite du ministre de l’air.
Les bases de la construction d’un aéroport
ont été jetées et, par la même occasion, nous
avons appris que le capitalisme français avait
l’intention de transformer les anciens chantiers
de la Gironde en usine de construction d’a
vions.
On voit que la bourgeoisie ne chôme pas,
actuelle ne pourra se résoudre que par la
guerre.
Pour ces raisons, elle a besoin d’argent, et
elle veut, sous le prétexte d’une loi dite des
assurances sociales imposer les salaires misé
rables des ouvriers. L’argent escroqué sur la
paie des travailleurs, quel réservoir pour payer
les préparatifs criminels de la bourgeoisie
Cette loi tant vantée par les socialistes et
les réformistes comme on le voit, fait partie
intégrante des « moyens » de guerre mis à la
disposition de nos capitalistes en même temps
qu elle enchaîne par un organisme puissant
de mouchardage les ouvriers, et crée la mi
sère dans leur foyer.
Il ne faut pas oublier toutefois que les capi
talistes guignent vers la Russie des soviets.
Car ils savent que dans ce grand pays pro
létarien le socialisme s’édifie. Sous la con
duite des ouvriers bolchevicks tout ce que le
tzarisme avait laissé fond comme beurre au
soleil. Déjà, le rythme de la production a dé
passé celui des industries capitalistes les plus
évoluées.
Les capitalistes voient le danger et mettent
tout en œuvre pour y parer, non seulement
la Russie des soviets est un exemple vivant
pour le prolétariat mondial, mais encore c’est
un sixième du globe qui leur échappe en
tant que marché pour l’écoulement de leurs
produits.
Au travers des desseins de la bourgeoisie
se dressent le Parti communiste et la C.G.T.
U. Pour atteindre la Russie des soviets, la
bourgeoisie sait qu’elle devra abattre ces or
ganisations. De là, la féroce répression qui
frappe tous nos militants.
Les laquais du capital, socialistes, popis
tes et autonomes aü Havre, se distinguent
particulièrement dans cette besogne. Ils met
tent le peu d’influence qu’ils possèdent en
core sur les ouvriers au service de la bourgeoi
sie pour l’accomplissement de son travail con
tre-révolutionnaire.
Pour lutter contre la guerre impérialiste,
pour la défense de !la Russie soviétique, pour
Vaugmentation des salaires, contre la ratio
nalisation, contre les assurances sociales, con
te le versement ouvrier, contre la répression
fasciste, pour la libération des emprisonnés,
manifestez le 1 er août.
UNE IDÉE
— Ecoute bien, les 13 milliards du budget de
la guerre, c’est pour acheter des plumes à la colombe
de la paix et non pour préparer la prochaine...
UNE GRRR4NDE FÊTE PATRIOTIQUE
Le 14 Juillet au Havre
Le Havre, comme tontes ses villes sœurs,
a été, à l’occasion du 14 juillet, le théâtre
de scènes grotesques à la fois chauvines et
ridicules. La bourgeoisie a fait retentir les
échos de nos rues de coups de clairons et
de détonations.
Des groupes de chienlits portant des lan
ternes rouges défilèrent, escortés de flics
à Boncour, cela au milieu d’un vacarme à
tout casser. Puis, plusieurs milliers de
francs furent dilapidés en cette soirée où
il fut brûlé de la poudre pour les moineaux
qui étaient absents.
« Sambre et Meuse » et « Marseillaise »
alternaient successivement!... la dé-maque-
rau-tie coule à plein bord.
Dans la rue Gustave-Brindeau, les huées
des travailleurs accueillirent M. Meyer lors
qu’il fit son apparition dans le quartier.
Au Comité des fêtes d’Applemont, seul le
président du dit comité reçut Meyer, les
habitants de ce quartier témoignèrent leur
mépris au gros Léon. Ils se sont rappelés
que le Maire du Havre s’est rangé du côté
de la Société des Habitations à bon marché
lorsque celle-ci voulut augmenter ses loyers.
Quartier des Raffineries, Léon arriva quel
que peu fatigué et ému. Puis l’heure du
champagne arriva, mais un groupe d’ou
vriers se mit à crier: « A la santé des poi-
elle sait quinévitableme'nt la crise économique «*••• A >»* Assurances sociales!.. Hou!
TRAVAILLEURS HAVRAIS !
DU PORT, DES METAUX, DU BATIMENT, DE LA TERRAS
SE, DES PRODUITS CHIMIQUES, DE TOUTES CORPORATIONS.
assistez nombreux au
Grand Meeting
qui aura lieu le Vendredi 1 er Août
au Cercle Franklin, à 20 li. 30
Des orateurs de la C.G.T.U. et du Parti Communiste y prendront la
parole.
CONTRE LA LOI FASCISTE DES ASSURANCES SOCIALES,
POUR LA DEFENSE DE L’U.R.S.S.,
CONTRE LA REPRESSION ET POUR LA LIBERATION DE TOUS LES
EMPRISONNES.
Ce que n’a pas vu le “ Petit Havre ”
UN bagnOenmnts
La triste vie des orphelins de la “Ligue”
hou!.. Meyer!... »
Une autre remarque est à faire: bien peu
de maisons ouvrières pavoisèrent; seuls les
patrons, les mercantis et les bistrots arbo
rèrent leurs pavillons. En outre, les ouvriers
havrais ne se montrèrent qu’en nombre in
fime aux manifestations chauvines.
Tandis que les ivrognes hoquètent leur
hymne national, des travailleurs s’organi
sent pour abattre les nouvelles Bastilles de
la Démocratie.
Il serait injuste de ne point souligner la
grande fureur de la direction de la Prison
qui, le 14 juillet au matin, trouva sa porte
barbouillée d’inscriptions de ce genre:
« Libérez Marty!.. Vivent les Soviets! »
Il fallut au moins user trois grattoirs sur
le ciment des piliers pour effacer cet appel
séditieux du prolétariat havrais.
Le surlendemain, les inscriptions, ironi
quement, étaient revenues durant la nuit,
où elles demeurèrent jusqu’à io heures du
matin.
En plus de cela, dans toute la ville, des
papillons réclamant la mise en liberté de
Marty, maquillèrent les affiches bourgeoi
ses à la grande joie de la population et au
grand dam des bourriques.
Les ouvriers, par cette action, rappelaient
qu’ils n’oubliaient pas ceux qui étaient tom
bés victimes de la bourgeoisie. La Bastille
de 8g n’est plus; la troisième République
en a des dizaines où elle enferme les mili
tants ouvriers.
Travailleurs, ne tombez pas dans le pan
neau; les seigneurs sont remplacés par des
capitalistes, contre lesquels nous devons
lutter. Renforcez vos organisations de clas
se, Votre Secours Rouge International.
« Les orphelinats sont nombreux au
a Havre et répondent à tous les besoins
a modernes d’éducation et d’effort so-
« cial. »
Maryse LEBLANC-'
(Petit-HaVre du 16-7-30).
Ah! oui, certes, ils répondent à tous les besoins;
à tous les besoins de la bourgeoisie ! à tous les be
soins modernes d’asservissement et d’abrutissement
de la classe ouvrière.
Quant à répondre aux besoins des malheureux
enfants, orphelins ou abandonnés, qui ont le malheur
d’être internés dans cet établissement que l’on ap
pelle couramment « La Ligue », (besoins d’affection,
de tendresse, de confort, de douce autorité, de soins
maternels), ceci est une autre affaire.
Les enfants y manquent même, et surtout, de
nourriture. Ce qui est très grave pour leur corps,
souvent débile.
La Ligue?? Les avez-vous vus, ces enfants, défiler
le dimanche matin pour aller à la messe, traînant la
jambe, les cheveux absolument ras, les yeux tristes
et implorants; avez-vous vu leur figure? Avez-vous
vu leur pâleur?.. Bonne mine?.. Non, soufflés peut-
être ; souf fiés par l’anémie. Pitoyable cortège ! Et
plus pitoyable encore, lamentable, lorsque l’on sait!
Si Mme Maryse Leblanc, infirmière sociale qui
sévit dans le Petit Havre, a visité la Ligue Protec
trice des orphelins du Havre (à Sanvic), ce bagne
(parfaitement, un bagne î) pour enfants, et qu’elle
n’ait rien vu, c’est qu’elle a des billes à la place
des yeux.
Si elle a vu, qu’elle ait compris l’horreur et qu’elle
intérieur de l’établissement, c’est qu’elle a une pierre
à la place du cœur.
Si elle a vu, qu’elle ait compris l’horreur et qu’elle
ne dise rien, c’est qu’elle remplit son rôle d’infir
mière sociale de la bourgeoisie à la perfection.
Quant à nous, prolétaires, nous nous devons de
dire ce que nous savons. Et nous le dirons ! Nous
avons accusé ; nous allons prouver.
Outre ce que nous avons appris par des parents
qui approchent ces enfants, outre ce que nous ont
dévoilé des voisins émus de ce qu’ils voient journel
lement, nous avons été témoins, nous, auteur de
1 article, de divers faits qui confirment à la lettre
ce que nous ont dit les témoins ci-dessus. En effet,
on dit que « le Directeur de « La Ligue » s’appelle
Lachèvre. Qu en réalité c’est sa femme qui gou
verne. On dit qu’elle maltraiterait les enfants et
les corrigerait même pour des futilités. »
Est-ce son rôle, tant au point de vue moral qu’au
point de vue administratif et social?
« Si, pendant le mois, les enfants ont encouru des
punitions, ils sont privés de sortie à la fin de ce
mois. Pis : ils sont privés de voir leurs parents ! »
N’est-ce pas une honte?
« Le jeudi, jour de repos pour tous les autres
enfants, lever à 6 h. 15. A 7 heures, à la terre! »
Car cet orphelinat modèle est une pépinière de fu
turs jardiniers ou autres serviteurs pour grandes mai
sons. La bourgeoisie, sous prétexte de philantropie,
travaille pour elle. En voici un exemple de plus.
« Les employés eux-mêmes sont très mal parta
gés. » Seulement, eux, ils peuvent partir. Ils ne
s’en privent pas, du reste. C’est qu’on doit être
bien, 1 la « Ligue » ? !
Ainsi, dernièrement, un cordonnier a quitté l’éta
blissement au bout de 15 jours de présence. Deman
dant un certificat à l’aimable M. Lachèvre, recteur
de la Ligüei, celui-ci lui lança un coup de pbing au
Les batai lles o uvrières
Dans plus de 60 entreprises, 20.000 travailleurs
de la région ronennaise se sont mis en grève
visage, lui meurtrissant l’œil et lui dit : « En voilà
un, de certificat ! » Plainte a été portée et l’affaire
viendra à l’enclave des pénitents.
Quant à l’accusation la plus grave que nous por
tons, nous voulons dire le manque de nourriture,
nou3 savons que des voisins donnent fréquemment du J
pain aux enfants. Interdiction leur a été faite de le !
faire.
« A Sanvic, un enfant de la Ligue allait voir,
chaque dimanche, au sortir de la messe — car on
les conduit à l’Eglise, — un parent à lui. A chaque
visite, il réclamait une immense tartine. Par la suite,
il demanda « du pain » pour ses petits camarades. !
Et il se cachait pour le leur donner et le manger. i
« A la Mare-aux-Clercs, plusieurs de ces enfants '
volèrent un pain de 6 livres chez lé boulanger et se
le partagèrent.
« Au Havre, un autre enfant, s’étant évadé, j
arriva chez sa tante en pleurant et lui demanda à
manger, disant qu’ils ne mangeaient jamais à leur
faim à « La Ligue ».
Si, comme le dit plus bas la lettre insolente du
directeur Lachèvre, les enfants sont si bien nourris, i
pourquoi ces faits? Ce sont des racontars? Mais on
peut montrer à qui démentira les adresses des person
nes que je cite ci-dessus.
Si ces malheureux enfants sont si bien traités,
pourquoi s évadent-ils? Pourquoi en a-t-on arrêté
deux qui, dernièrement encore, étaient aliés à pied
de Sanvic à Fécamp? C’est qu’on s’évade de la
Ligue Protectrice ( !) pour les mêmes raisons que
l’on s'évade du bagne.
Et maintenant, pour bien étayer et confirmer nos
accusations, je publie le fac-simili d’une lettre dont
l’original est en ma possession.
Voici l’histoire :
Une dame voyait chaque dimanche des enfants
de sa famille, élevés à la Ligue, et prise de pitié, elle
leur donnait.... des friandises? Non... Du pain!..
Vous lisez bien : DU PAIN ! ! Chose interdite, du reste.
Le Directeur l’ayant su, a adressé à la personne
en cause la lettre ci-dessous :
Ligue Protectrice etc-..
Madame,
Veuillez prendre note que Vous n’avez pas à porter
du pain aux enfants à la messe, ils ont leur nourriture,
et s’il fallait qu’ils mangent à leur faim que tous les
dimanches, jour où vous leur en portez, ils n’auraient
pas la mine qu’ils ont. Si vous persistez, malgré cet
avertissement, les enfants resteront ici et n’iront plus
aux offices. Nous nous arrangerons du resta avec
leur père, Monsieur D...
Lachèvre.
Nous n’y avons pas changé une virgule. Qu’en
pensez-vous, braves gens de toute opinion, qui choyez
vos enfants et qui avez du cœur de reste? Je connais
à 1 avance votre sentiment et vous en remercie.
Mais qu’en pense Mme Maryse Leblanc, l’infir
mière sociale qui trouve que tout est très bien dans
les orphelinats ? Nous attendons sa réponse.
De plus, les parents qui désirent reprendre leurs
enfants doivent verser 300 francs.
Un père indigné.
N.d.l.R. — Nous devons ajouter que M. Léon
Meyer, grand philantrope, est administrateur de La
Ligue. On en voit les effets.
Or, en régime bolchevick, ce rôle serait tenu — et
plus justement tenu — par une commission de parents.
La Rédaction.
Les travailleurs de la région havraise, dont
l’esprit de classe est si développé, ont le de
voir d’être informés par notre « Prolétaire
Havrais » du magnifique mouvement de lutte
de leurs frères de la région rouennaise.
Us savent que cette action sert leurs inté
rêts, qu’elle aura nécessairement ses réper
cussions sur l’attitude de leurs propres pa
trons.
La bataille a commencé parmi les exploités
de la vallée du Cailly et de la vallée de
l’Austreberthe parmi cet admirable proléta
riat de Pavilly-Barentin surtout qui vient de
se placer au premier rang des combattants
contre la loi d’escroquerie.
Depuis, le mouvement gréviste n’a cessé
de s’élargir.
Toutes les industries maîtresses sont tou
chées.
Presque toutes les usines du textile de
Rouen, Petit-Queviily, Déville, Bapeaume,
Maromme, Bondeville, Le Houlme, Malau-
nay, Monville, Barentin, Pavilly, Le Paulu,
Lillebonne dans la région havraise ont chô
mé ou chôment actuellement.
De nombreuses usines de métallurgie sont
dans le mouvement.
Les Chantiers de Normandie, avec leurs
1.200 travailleurs, sont partis magnifique
ment, organisant sérieusement leur mouve
ment.
Les ouvriers du bois, de la chaussure s’y
sont mis aussi.
Et l’industrie chimique si exploitée, avec
presque toutes les usines de pétrole, avec Bo-
zel-Malétra.
Lt les dockers du port de Rouen.
Mais ce qui désole le plus la bourgeoisie,
c’est que le mouvement est tout à fait appa
rent.
Les manifestations de rues sont journaliè
res.
La ville de Rouen elle-même, plutôt ha
bituée aux processions de Sainte Jeanne
d’Arc, est journellement sillonnée dans tous
les quartiers ouvriers et bourgeois, sur les
quais, de grandes démonstrations de grévistes
réclamant les augmentations de salaires, cons
puant la loi d’escroquerie et ses auteurs, cla
mant les chants révolutionnaires .-
Depuis 10 ans, on n’avait vu pareille agi
tation.
La bourgeoisie effrayée a tenté toutes les
manœuvres : elle utilise les réformistes de la
C.G.T., ceux de la C.G.T.U. comme En-
gler et Germaine Goujon, les municipalités,
les politiciens.
Les ouvriers, par leur combativité, brisent
ces manœuvres.
La bourgeoisie menace. La répression pa
tronale est commencée. Par pelotons sont ve
nus de partout les gardes mobiles pour provo
quer les incidents.
Les ouvriers et ouvrières de la région rouen
naise, comme ceux du Nord et de la Som
me, sont à l’avant-garde.
La poussée de masse du prolétariat français
doit briser l’effort de la bourgeoisie.
Les ouvriers havrais seront pour cela aux
côtés de leurs frères de la région rouennaise.
Les lauriers de Meyer
hantent les nuits de Métayer
Pendant cinq heures
les travailleurs
sont maîtres de fa rue
Sauvages brutalités policières
je arrestaticus dont celle de Lemarchand
des Métaux du Havre
Toute l’après-midi de nombreuses bagar
res se produisirent. Pendant cinq heures, de
15 à 20 h., les manifestants furent maîtres
du pavé. Chassés dix fois par les brutes poli
cières du maire Métayer, dix fois ils revin
rent, se battant avec ce qu’ils trouvaient, ré
pondant coup pour coup.
La place Saint-Marc fut le théâtre de du
res batailles, des pavés jonchaient le sol, des
grilles d’arbre étaient cassées, des tuyaux de
conduite à gaz placés au milieu des rues.
Métayer est un homme de gauche. Il se
conduit comme tel, c’est-à-dire qu’il est un
adversaire résolu des ouvriers.
Ceux-ci réclament du pain, luttent contre la
diminution des salaires par les assurances so
ciales ; ils exigent des augmentations pour
vivre, car tout augmente, depuis le pain si
nécessaire à la vie.
Métayer nous envoie des gendarmes. Il
fait donner des coups de matraques, des
coups de crosse.
C’est un homme de gauche, comme Meyer,
qui porte la responsabilités des assassinats du
Havre en 1922.
Dimanche, des scènes inouies se déroulè
rent, des femmes furent traînées par les che
veux, des vieilles et des vieux frappés, des
enfants roulèrent sous les pieds des chevaux.
Les crosses des mobiles se levaient et s’a
baissaient sur les crânes des ouvriers.
L’ordre règne !
Poussée par les chevaux dans le jardin de
l’Hôtel de Ville, une pauvre vieille tombe,
un pauvre vieux est lancé sur des fils de fer.
C’est une façon de leur donner une .retraite.
L’ordre règne !
30 arrestations furent opérées, 18 furent
maintenues, des crânes furent ouverts, des
côtes défoncées.
L’ordre règne !
L’ordre des assassins, des Métayer ou des
Meyer, l’ordre des bourgeois.
. Malgré cela, ils n’ont pas abattu la vo
lonté de lutte des milliers de travailleurs.
Dimanche, dockers, métallos, gars du bâ
timent et des produits chimiques manifestent,
luttent, se défendent contre la loi d’escroque
rie et de mouchardage.
Gars du Havre, soutenez-les, collectez,
faites des souscriptions et élisez aussi dans vos
réunions d’usine vos comités de lutte.
Elargissez votre bataille !
>
Les travailleurs
ont manifesté
au Bois des Hallattes
Pour unifier les luttes qui se déroulent
dans Rouen et sa banlieue ainsi que dans la
vallée du Cailly, deux grosses manifestations
furent projetées.
Elles étaient organisées par les comités cen
traux de grève et la 19° Union Régionale
Unitaire.
Elles devaient se tenir à 15 heures à
Rouen et à Malaunay.
Malgré l’interdiction, elles se tinrent.
A Rouen, dès 14 heures, les ouvriers s’a
massent, s’infiltrent malgré des barrages impo
sants de flics, de mobiles, de gendarmes.
A la tête d’un groupe de manifestants,
sur la place de l’Hôtel-de-Ville, un de nos
camarades, Lemarchand, secrétaire des mé
taux du Havre, est présent.
Depuis le premier jour il est sur la brèche
avec les 1.200 travailleurs des Chantiers de
Normandie. Il devait plus particulièrement
être visé par les brutes policières.
C’est pourquoi ils chargèrent sur le grou
pe de militants où il se trouvait et réussirent
à l’arrêter.
La démonstration, fête organisée par l’U
nion Locale Unitaire à l’occasion du 5 e Con
grès de l’Internationale Syndicale Rouge, a
eu lieu le dimanche 21 juin au bois des Hal
lattes.
Le mauvais temps vint contrecarrer notre
fête. Malgré cela plus de 300 ouvriers et ou
vrières étaient présents. Les sportives et les
sportifs de la F.S.T. firent de belles exhibi
tions de sport prol#arien.
En raison du mauvais temps les baraques
scolaires nous reçurent à l’heure du repas.
La cantine était d’ailleurs assez bien appro
visionnée.
L’après-midi venu, ce fut l’heure du mee
ting, celui-ci se tint sous la présidence d’hon
neur des emprisonnés. Rivière prit la parole.
Rapidement il montra ce que représentait pour
la classe ouvrière le 5 e Congrès de l’I.S.R.,
ensuite il expliqua ce qu’iraient faire en U.R.
S.S. les trois délégués havrais.
Après lui, divers camarades prirent la pa
role, dont un orateur de la F.S.T., le ca
marade Parmentier des cheminots, le cama
rade Carn du syndicat des douanes, le secré
taire du syndicat du bâtiment, le camarade
Gentil des terrassiers, puis les délégués des
typos, charbonniers, métaux, S.R.I., J.C.,
Dupray, délégué au 5° Congrès, prirent suc
cessivement la parole, apportant leur adhésion
et le point de vue de leur syndicat sur la dé
légation, son rôle et l’importance des assises
internationales du prolétariat. Marée et Ri
vière dirent encore quelques mots.
Une Internationale retentit vibrante et les
emprisonnés avec le camarade Marty furent
applaudis. Legagneux parla au nom du P.C.,
concluant le meeting.
Le groupe artistique interpréta la pièce,
Le» assurances pour les morts. Nos camarades
furent vigoureusement applaudis.
Puis, ce fut la fin. Chacun partit, se dis
persant dans la forêt. Quelques bourriques
jetèrent une notre comique.
1 Bonne journée pour la C.G.T.U. et le
!P.C., et maintenant attendons avec impa
tience le retour de nos camarades qui vien-
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