Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1913-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1913 01 septembre 1913
Description : 1913/09/01 (N9)-1913/09/30. 1913/09/01 (N9)-1913/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565434c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
V
GUERRE A LA GUERRE
15e Année. — N° 9
MENSUEL
Oincj Centimes le Numéro
L’
De leurs glaives ils lorgeront
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
PAIX SUR LA TERRE ! ”
des bêches, et de leurs lances des serpes; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et l’on
n’apprendra plus l’art de la guerre
SEPTEMBRE 1913
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTEUR-FONDATEUR :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr..
Union Postale... 2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri HU C H ET
13. Place de PBôtel-de-Ville, 13
LE HAVRE
Les souscriptions et les dons
sont reçus avec reconnaissance.
Des conférences sont données
sur la paix, l’abstinence et
l’évangile.
LE II CONGRÈS UNIVERSEL
Les gens qui traitent les pacifistes d’anli-
patriotes, d’utopistes, de rêveurs, de moulons
bêlants, de vendus à l’étranger, pour ne pas
dire d’anarchistes et de malfaiteurs, ces gens-
là ne voudront pas lire ces lignes, ni s’instruire
sur la question, ni écouter avec bonne volonté
ce que nous serions prêts à leur expliquer.
Mais les gens qui nous critiquent par des
arguments raisonnables, ceux-là sont parfois
très utiles. Il y a, en effet, bien des critiques à
faire aux pacifistes. Ils ne sont pas sans dé
faut : ce sont des hommes. Ils ont leurs pe
tites passions, leurs petites jalousies, leurs pe
tites ambitions. •
Mais au-dessus de toutes ces personnalités, il
y a l’esprit de paix et de fraternité, l’esprit
de Christ, et, de quelque nom qu’ils s'appel
lent, chrétiens protestants, catholiques, paci
fistes théosophes, juifs ou laïques, ces hommes
de bonne volonté sont empreints de la même
foi qui est le véritable esprit du Christ, et
sont tous d’accord sur le fond, quand ils ne le
sont pas sur la méthode.
Ce qu'il y a d’instructif dans un Congrès
de la Paix, c’est la diversité des méthodes que
chacun préconise pour son triomphe parmi les
nations. Tous ces partis (si l’on peut les ap
peler ainsi) se ramènent à deux tendances : le
pacifisme législatif, qui ne voit le salut que
dans le droit, l’arbitrage, l’organisation de la
Société des Nations, et le pacifisme spirituel,
qui, par les grands mouvements de la pensée
chrétienne, de la pensée lliéosophique ou de
l’éducation laïque, cherche à améliorer d'abord
l’individu, pour le ramener à la bonté, à la
fraternité, sans lesquelles toute loi est inutile.
Dès le dimanche 27 août, le Bureau Inter
national de Berne s’était réuni, et avait désigné
les présidents des Commissions, au nombre de
six : Actualités, Droit international, Désarme
ment, Sociologie, Enseignement, Propagande.
A noter, comme nouveauté introduite au Con
grès de La Haye: le Règlement qui donne seul
au Bureau International le droit de nommer
les Commissions, au lieu que ce soit le Con
grès. comme c’était l’habitude jusqu’alors. Cette
modification est grave, elle porte atteinte aux
prérogatives des nationalités et aux principes
démocratiques , elle constitue une sorte d'oli
garchie : les pacifistes feront bien d’examiner
sérieusement cette mesure restrictive de leurs
droits comme délégués aux Congrès universels.
Le lundi matin, à neuf heures, ces Commis
sions se réunissaient, et, comme délégué de
VUniversel, je devais faire partie de celle de
la Presse. On me dit: « Il n’y a pas de
Commission de la Presse. » Or, étant délégué
de plusieurs Sociétés, j’avais aussi à faire dans
la Commission d’Enseignement, qui était dans
un autre bâtiment. Là, j’appris que la Com
mission de Propagande comprenait la Presse ;
impossible d’aller d’un bâtiment à l’autre dans
le courant des séances. Il fallut me borner à
la Commission d’Enseignement.
On y perdit beaucoup de temps. Bien des
personnes parlèrent longuement et sans grande
utilité, de questions accessoires. Les réformes
les plus nouvelles et vraiment importantes fu
rent présentées par M. Horace Tliivet, sous
forme de cinq vœux concernant l’éducation, et
dont les plus importants furent contre la mili
tarisation de l’enfance et la militarisation des
femmes.
En suite de son action déjà connue contre
l’imagerie criminelle, il présenta des images
morales et pacifistes fort intéressantes, mais
lorsqu’il voulut développer en détail, avec des
documents, l’importance de la question d’édu
cation, ces dames et messieurs lui répondirent
qu’on savait déjà tout ce qu’il allait dire. Puis,
lorsqu’on passa au vote, ces mêmes personnes
déclarèrent qu’elles n’avaient pas encore assez
étudié la question, qu'il fallait la remettre à
l’année prochaine. ’
Or, il s’agissait tout simplement de conserver
le monopole au Manuel Enseignement Paci
fiste destiné aux écoles par un auteur (pii n'a
même pas été instituteur et (pii n'a pas le
titre de professeur ; je ne nie pas que ce Ma
nuel soiL fort bien écrit, mais de quel droit
faire obstruction à des projets déjà à moitié
exécutés par un Etablissement officiel d’ins
truction et des professeurs qui ont ce titre,
en faveur d’un projet qui n’est encore que sur
le papier et qui n’a pas pour lui d’avoir été
vécu et expérimenté? De quel droit? Du droit
du plus fort, du plus riche, du plus habile. De
nos jours, une seule chose réussit : l’aplomb,
doublé de quelques amis fortunés. Et quand le
président de la Commission ou de la Répu- •
blique, peu importe) impose sa volonté, les
humbles sujets s’inclinent. Donc, nous nous in
clinons provisoirement ; on se reverra.
Il y eut encore une proposition fort utile,
celle du professeur Wagner allemand), contre
le chauvinisme dans les livres d’école.
Les Commissions eurent trop peu de temps
pour travailler. Le lundi, de neuf heures et de
mie à midi et de deux à cinq heures, le mardi,
de neuf heures à midi, trois séances en tout,
et une impossibilité absolue de se réunir entre
les séances plénières. Cependant, si l’ordre avait
régné dans nos discussions, nous aurions pu
(je parle de l’Enseignement) faire un travail
excellent.
Le mardi après-midi fut consacré à la récep-
ion des congressistes par la ville de Rotterdam
et la visite du port, et la soirée fut occupée
par une autre grande réception officielle par
’a ville de La Haye, dans les salons du Restau
rant Royal. Ces fêtes sont fort utiles, car c’est
là que s’échangent les opinions, que se font
de nouvelles connaissances, que se lient des
amitiés durables.
Dans son discours de réception, le bourg
mestre dit, entre autres, que les. pacifistes al-
’aient parfois trop vite, voulant devancer le
temps, dans la réalisation de leur idéal. Le
président du Bureau Interna'ional, M. La Fon-
aine, répondit qu’à son avis les pacifistes al
laient plutôt trop lentement ; que les discus
sions, comme celles du Congrès de Genève, ne
font pas de mal, car elles appellent l’attention
des indifférents sur l’existence du pacifisme.
Les lecteurs me pardonneront si je ne traduis
pas exactement ce qui fut dit, n’en ayant pas
pris note.)
Le mercredi matin, à l’ouverture officielle,
nous eûmes le plaisir d’entendre de la musique.
Des hymnes de la paix furent chantées par
des jeunes filles hollandaises et par des élèves
du Raja-Yoga College de Point-Loma (Califor
nie) . En ce moment, ces jeunes lilles font une
tournée en Europe avec Mme Kathrine Tingley,
fondatrice de l’Ecole et directrice du mouve
ment lliéosophique pour la paix appelé « Uni
versel Brotherhood (Fraternité Universelle).
Les discours d’ouverture du Congrès ont été
sténographiés et paraîtront dans les Bevues pa
cifistes, ils ont trait à des question d’ordre gé
néral. Passons à la séance de l’après-midi, con
sacrée au désarmement.
Le docteur Quidde (allemand) présente une
résolution contre les armements, insistant sur
leur danger pour la paix, surtout en Allemagne
et en France. Les trois ans n’eussent pas été
votés si l’on n’eût invoqué la nécessité de sui
vre l’exemple des armements allemands. Mais
il y a eu, dit-il, des progrès dans l’opinion en
faveur du rapprochement franco-allemand. La
Conférence de Berne, à Pentecôte, en fut le
plus considérable ; il est d’une importance ca
pitale, ce fait que, pour la première fois dans
l’histoire, des personnalités responsables des
deux pays se sont réunies pour discuter leurs
questions politiques ; et ce n’étaient pas des
« pacifistes », c’étaient des députés de tous les
partis, de tous les groupements les plus diffé
rents.
Le docteur Perris (anglais) reprend plus en
détail les parties du rapport du docteur Quidde
qui ont trait aux armements et aux industries
guerrières ; tandis que l’orateur allemand avait
dénoncé l’influence des fabriques d’armes sur
l’opinion et sur les gouvernements, M. Perris
parle des grandes industries métallurgiques an
glaises, syndiquées avec celles du continent
pour accomplir l’œuvre de mort et de des
truction. Il représente les grands industriels
anglais, américains, français et allemands, ou
bliant leur patriotisme lorsqu’il s’agit d’asso
cier leurs millions pour l’industrie guerrière ;
il représente la Société Armstrong et C ie , cher
chant des «; affaires » en Chine et en même
temps en Allemagne, ou vendant des armes
aux sauvages qui s’en servent ensuite contre
les Européens ; il pa :1e des grandes firmes de
la Triple Alliance, construisant des flottes pour
la Russie/ tandis que les firmes anglaises en
bâtissent pour l’Espagne et le Portugal, Arm
strong allant exploiter jusqu’au « palriotisme »
du Canada ! L’industrie des machines de mort
ne connaît ni frontières ni limites ; elle exploite
(au moyen des journaux et revues) la crédulité
publique, son seul intérêt est de brouiller les
nations et, en Europe, on en e-st réduit à ce
que les honnêtes citoyens se voient refuser la
penhission de porter un revolver, tandis qu’on
arme, en masse, des troupes de barbares.
L orateur parle aussi du scandale Krupp,
puis de l’espionnage international, et du profit
que les syndicats industriels tirent de la guerre
et de la « paix armée ». 11 faudrait, conèlut-
il, des gouvernements assez forts pour s’élever
au-dessus de la pression qu’exerce cette né
faste opinion publique excitée par les indus
triels. Mais les gouvernements tirent eux-mêmes
des profits de ces entreprises financières. C’est
toute l’opinion publique qu’il faudrait modifier,
et toute notre activité doit s’y employer.
M. Quidde présente ensuite un projet de
désarmement international très étudié, qu’il est
impossible de résumer en quelques lignes. C’est,
dit-il lui-même, un premier essai, encore sujet
à être modifié, comme tout essai d’une chose
neuve.
Plusieurs orateurs parlent encore. Mais pour
nous, pacifistes chrétiens, ces études de droit
et de lois n’ont pas une base bien solide. Tant
que la bonne volonté, la volonté de paix, ne
sera pas dominante dans les nations civilisées,
on aura beau faire des codes et des lois, des
tribunaux et des arbitrages, les lois seront en
freintes, les sentences ne seront pas respectées ;
les arbitrages ne seront pas utilisés, si les pas
sions déchaînées pour le meurtre, comme dans
les Balkans, si le banditisme qui se cache sous
les opérations de la haute finance, banditisme
international, celui-là, ne sont pas combattus
par des forces de paix qui sont des forces spi
rituelles que, seul, le vrai christianisme (pas les
églises, mais l’esprit fraternel) peut amener et .
développer.
Le soir même, dans une réunion privée des
délégués français et allemands, il fut facile de
voir, en petit, ce que les peuples pourraient réa
liser en grand avec de la bonne volonté. Dans
cette salle se trouvaient une cinquantaine de
personnes, Allemands, Français, Alsaciens, de
toutes religions, de tous partis politiques. La
plus aimable, la plus sincère cordialité régnait ;
si, parmi eux, il y eût eu des antipathies per
sonnelles, elles se fussent effacées ce soir-là
dans une seule pensée : le rapprochement fran
co-allemand par l'intermédiaire d'une Alsace-
Lorraine libre et heureuse , de ce petit peuple
qui réunit en lui-même les deux cultures . les
deux langues , les qualités françaises et germa
niques. Dans cetle réunion, nous avons pu me
surer les pas de géant faits depuis le Congrès
de Genève, dans le sens de ce rapprochement.
Les* Ligues franco-allemandes de toid nom et
de toute espèce ont poussé comme des cham
pignons ; chaque semaine, pour ainsi dire, il
surgit une nouvelle Société poursuivant ce noble
but..
On ne dirait pas, en lisant les journaux pan-
germanistes et les journaux français patrio-
tards, que l’idée de paix franco-allemande a
fait de pareils progrès, au contraire ! Mais pour
ceux qui ont étudié la question dès l’origine,
ceux qui sont placés au centre de ce mouve
ment, ceux enfin qui voient sous les paroles,
les sentiments et savent lire entre les lignes,
pour ceux qui connaissent la puissance des
impondérables, les discours de rancune et de
haine des chauvins ne sont que les dernières
convulsions du dragon terrassé par le Saint ;
il se tortille et se débat dans les affres de
l’agonie, car il sait que sa fin est proche. Il
faut voir le venin que distillent les mauvaises
langues contre les pacifistes. Ce venin se
cache sous des paroles ironiques, dont les
étrangers ne comprendront pas la saveur.
Mieux vaut fermer ces journaux-là, ils ne va
lent pas qu’on s’y arrête. « Combattons le bon
combat » et ne nous laissons décourager par
aucune persécution.
Le Jeudi, de longs rapports furent présentés
par le docteur Van Vollenhoven, sur la for
mation d’une police internationale devant peu
à peu remplacer les armées nationales, et par
plusieurs autres orateurs, sur l’arbitrage, sur
la nécessité des sanctions ; les opinions furent
très partagées. Enfin, le docteur Darby pré
sente ce qui, pour nous, chrétiens pacifistes,
est la seule solution : la Fédération interna
tionale des Etats-Unis d’Europe, sans laquelle
aucune police, aucun tribunal, ne pourra fonc
tionner utilement.
L’après-midi du jeudi fut consacrée à la
guerre balkanique, dont les scènes d’horreur
sont retracées par tous les journaux, et de
vraient suffire à éclairer l’opinion sur ce qu’on
décore du beau nom de patriotisme !
La séance fut courte ; on alla visiter le Palais
de la Paix. Là-dessus, je serais tenté de dire
comme ce petit garçon : « Maman f qui est-
ce qui va y demeurer dans ce beau château :
Madame la Paix ? Avec une robe blanche et
une palme à la main ?» Et moi, comme cet
enfant, je demande : (pii est-ce qui va habiter
ces murs ? La « Bonne Volonté » entre les
hommes? 11 n’y a qu’elle (pii puisse amener
la Paix.
Vendredi, la séance du malin fut consacrée
au rapport de M. Quidde sur le rapproche
ment franco-allemand ; il parla longuement de
la Conférence de Berne et rendit hommage à
la mémoire de Bebel, mort récemment,' et dont
le souvenir, pour nous, est précieux : ne fût-
ce pas lui qui fut emprisonné pour avoir pro
testé contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine ? Il
fut le précurseur du pacifisme en Allemagne
et son attitude courageuse, jusqu’à son dernier
jour, doit nous servir d’exemple. Le pacifisme
du socialisme international est le seul efficace,
de nos jours, au point de vue politique ; une
levée en masse, comme celle de Bâle, en no
vembre dernier, peut impressionner le monde.
Mais nous réprouvons toute violence et n’ai
mons pas mieux la guerre civile que l’autre...
Le fanatisme révolutionnaire esL dangereux,
comme tous les fanatismes. Et pourtant, je
suis avec les socialistes dans toutes leurs justes
revendications, à condition de les faire triom
pher sans violence.
Quant à la question franco-allemande, elle
fut encore présentée sous une autre face par
M. Ruyssen, qui insista sur le rôle des neu
tres (Suisse, Belgique, Hollande) dans ce rap
prochement.
Le vendredi après-midi, il fallut élire le Bu
reau de Berne. Il fut très difficile aux délé
gués d’obtenir leur carte de vote. On ne donna
qu'une carte par Société ! 11 était donc inutile
qu'une Société fit les frais d’envoyer quatre
ou cinq délégués, si elle n’avait qu’une voix.
11 s’éleva de violentes discussions au sujet
du fonds Carnegie, de l’affectation des sub
ventions aux Sociétés, du budget du Bureau,
et la séance se prolongea si avant qu’il fallut,
pour ne pas manquer le train, escamoter tout
le reste, vote compris, en l’espace de quel
ques minutes. Ce n’est pas élans l’esprit du
christianisme de dire du mal de ses « frères
en la paix ». S'il y eut donc quelques pa
roles regrettables, ce ne peut être que pour
le plus grand bien de la cause ; des frères ne
peuvent-ils pas, en toute sincérité, se repro
cher leurs erreurs ? Pourvu que la sincérité
y règne, c’est là l’essenliel. Je ne veux donc
pas insister sur ce qui divise les pacifistes
entre eux ; c’est l’égoïsme qui est au fond de
toute nature humaine. Il faut pardonner, tout
en n’oubliant pas de réformer, là où c’est né
cessaire. Et il y a beaucoup à réformer, spé
cialement dans ces questions de budget ! Là
encore, ce sont trop souvent les riches qui
reçoivent l’argent, et les pauvres qui travail
lent sans rien obtenir. C’est aussi, comme en
bien d’autres Stxnélés, ceux qui parlent qui
sont célébrés comme ayant tout fait, et ceux
qui agissent qui sont passés sous silence et
méconnus.
Le reste de la journée du vendredi fut oc
cupé par la belle réception de la ville de Delfl,
où LouL le peuple en fête acclama les paci
fistes, tandis qu’ils se rendaient dans l’église,
rendre hommage au souvenir de Grotius.
Le samedi malin, la dernière séance, qui
eût dû pouvoir durer six heures, était char
gée de la question de la Presse et de celle de
l’Enseignement.
La lutte contre la presse chauvine, la pro
pagande pacifiste par la grande presse firent
l’objet de rapports très intéressants qui, tou
tefois, répètent ceux des Congrès précédents.
Pour être efficaces, les réformes de la presse
doivent être accomplies par toutes les volontés
et la volonté de tous.
Les questions d’Enseignement furent re
mises à une séance supplémentaire sur le ba
teau. El, en effet, elle eut lieu pendant le
voyage d’Alkmar à Amsterdam, et ce ne fut
pas la moins intéressante du Congrès ! Il y
fut question du rôle important de l’éducation
des enfants et des écoles. Les orateurs qui
n’avaient pu parler en séance plénière tinrent
de petites séances sur le bateau.
Le soir, après un banquet sur lequel il n’y
'a rien à dire, sinon que, comme à toutes les
fêtes, les riches et les puissants y tinrent le
haut du pavé, tandis que le menu fretin des
congressistes était au second rang, le Congrès
se sépara pour se retrouver, les jours sui
vants, à d’autres fêtes, ceux du moins dont les
poches bien garnies permettaient un long sé
jour sn Hollande.
J. B.
Délégué de L’Universel
au XX e Congrès de la Paix .
GUERRE A LA GUERRE
15e Année. — N° 9
MENSUEL
Oincj Centimes le Numéro
L’
De leurs glaives ils lorgeront
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
PAIX SUR LA TERRE ! ”
des bêches, et de leurs lances des serpes; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre, et l’on
n’apprendra plus l’art de la guerre
SEPTEMBRE 1913
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTEUR-FONDATEUR :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr..
Union Postale... 2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri HU C H ET
13. Place de PBôtel-de-Ville, 13
LE HAVRE
Les souscriptions et les dons
sont reçus avec reconnaissance.
Des conférences sont données
sur la paix, l’abstinence et
l’évangile.
LE II CONGRÈS UNIVERSEL
Les gens qui traitent les pacifistes d’anli-
patriotes, d’utopistes, de rêveurs, de moulons
bêlants, de vendus à l’étranger, pour ne pas
dire d’anarchistes et de malfaiteurs, ces gens-
là ne voudront pas lire ces lignes, ni s’instruire
sur la question, ni écouter avec bonne volonté
ce que nous serions prêts à leur expliquer.
Mais les gens qui nous critiquent par des
arguments raisonnables, ceux-là sont parfois
très utiles. Il y a, en effet, bien des critiques à
faire aux pacifistes. Ils ne sont pas sans dé
faut : ce sont des hommes. Ils ont leurs pe
tites passions, leurs petites jalousies, leurs pe
tites ambitions. •
Mais au-dessus de toutes ces personnalités, il
y a l’esprit de paix et de fraternité, l’esprit
de Christ, et, de quelque nom qu’ils s'appel
lent, chrétiens protestants, catholiques, paci
fistes théosophes, juifs ou laïques, ces hommes
de bonne volonté sont empreints de la même
foi qui est le véritable esprit du Christ, et
sont tous d’accord sur le fond, quand ils ne le
sont pas sur la méthode.
Ce qu'il y a d’instructif dans un Congrès
de la Paix, c’est la diversité des méthodes que
chacun préconise pour son triomphe parmi les
nations. Tous ces partis (si l’on peut les ap
peler ainsi) se ramènent à deux tendances : le
pacifisme législatif, qui ne voit le salut que
dans le droit, l’arbitrage, l’organisation de la
Société des Nations, et le pacifisme spirituel,
qui, par les grands mouvements de la pensée
chrétienne, de la pensée lliéosophique ou de
l’éducation laïque, cherche à améliorer d'abord
l’individu, pour le ramener à la bonté, à la
fraternité, sans lesquelles toute loi est inutile.
Dès le dimanche 27 août, le Bureau Inter
national de Berne s’était réuni, et avait désigné
les présidents des Commissions, au nombre de
six : Actualités, Droit international, Désarme
ment, Sociologie, Enseignement, Propagande.
A noter, comme nouveauté introduite au Con
grès de La Haye: le Règlement qui donne seul
au Bureau International le droit de nommer
les Commissions, au lieu que ce soit le Con
grès. comme c’était l’habitude jusqu’alors. Cette
modification est grave, elle porte atteinte aux
prérogatives des nationalités et aux principes
démocratiques , elle constitue une sorte d'oli
garchie : les pacifistes feront bien d’examiner
sérieusement cette mesure restrictive de leurs
droits comme délégués aux Congrès universels.
Le lundi matin, à neuf heures, ces Commis
sions se réunissaient, et, comme délégué de
VUniversel, je devais faire partie de celle de
la Presse. On me dit: « Il n’y a pas de
Commission de la Presse. » Or, étant délégué
de plusieurs Sociétés, j’avais aussi à faire dans
la Commission d’Enseignement, qui était dans
un autre bâtiment. Là, j’appris que la Com
mission de Propagande comprenait la Presse ;
impossible d’aller d’un bâtiment à l’autre dans
le courant des séances. Il fallut me borner à
la Commission d’Enseignement.
On y perdit beaucoup de temps. Bien des
personnes parlèrent longuement et sans grande
utilité, de questions accessoires. Les réformes
les plus nouvelles et vraiment importantes fu
rent présentées par M. Horace Tliivet, sous
forme de cinq vœux concernant l’éducation, et
dont les plus importants furent contre la mili
tarisation de l’enfance et la militarisation des
femmes.
En suite de son action déjà connue contre
l’imagerie criminelle, il présenta des images
morales et pacifistes fort intéressantes, mais
lorsqu’il voulut développer en détail, avec des
documents, l’importance de la question d’édu
cation, ces dames et messieurs lui répondirent
qu’on savait déjà tout ce qu’il allait dire. Puis,
lorsqu’on passa au vote, ces mêmes personnes
déclarèrent qu’elles n’avaient pas encore assez
étudié la question, qu'il fallait la remettre à
l’année prochaine. ’
Or, il s’agissait tout simplement de conserver
le monopole au Manuel Enseignement Paci
fiste destiné aux écoles par un auteur (pii n'a
même pas été instituteur et (pii n'a pas le
titre de professeur ; je ne nie pas que ce Ma
nuel soiL fort bien écrit, mais de quel droit
faire obstruction à des projets déjà à moitié
exécutés par un Etablissement officiel d’ins
truction et des professeurs qui ont ce titre,
en faveur d’un projet qui n’est encore que sur
le papier et qui n’a pas pour lui d’avoir été
vécu et expérimenté? De quel droit? Du droit
du plus fort, du plus riche, du plus habile. De
nos jours, une seule chose réussit : l’aplomb,
doublé de quelques amis fortunés. Et quand le
président de la Commission ou de la Répu- •
blique, peu importe) impose sa volonté, les
humbles sujets s’inclinent. Donc, nous nous in
clinons provisoirement ; on se reverra.
Il y eut encore une proposition fort utile,
celle du professeur Wagner allemand), contre
le chauvinisme dans les livres d’école.
Les Commissions eurent trop peu de temps
pour travailler. Le lundi, de neuf heures et de
mie à midi et de deux à cinq heures, le mardi,
de neuf heures à midi, trois séances en tout,
et une impossibilité absolue de se réunir entre
les séances plénières. Cependant, si l’ordre avait
régné dans nos discussions, nous aurions pu
(je parle de l’Enseignement) faire un travail
excellent.
Le mardi après-midi fut consacré à la récep-
ion des congressistes par la ville de Rotterdam
et la visite du port, et la soirée fut occupée
par une autre grande réception officielle par
’a ville de La Haye, dans les salons du Restau
rant Royal. Ces fêtes sont fort utiles, car c’est
là que s’échangent les opinions, que se font
de nouvelles connaissances, que se lient des
amitiés durables.
Dans son discours de réception, le bourg
mestre dit, entre autres, que les. pacifistes al-
’aient parfois trop vite, voulant devancer le
temps, dans la réalisation de leur idéal. Le
président du Bureau Interna'ional, M. La Fon-
aine, répondit qu’à son avis les pacifistes al
laient plutôt trop lentement ; que les discus
sions, comme celles du Congrès de Genève, ne
font pas de mal, car elles appellent l’attention
des indifférents sur l’existence du pacifisme.
Les lecteurs me pardonneront si je ne traduis
pas exactement ce qui fut dit, n’en ayant pas
pris note.)
Le mercredi matin, à l’ouverture officielle,
nous eûmes le plaisir d’entendre de la musique.
Des hymnes de la paix furent chantées par
des jeunes filles hollandaises et par des élèves
du Raja-Yoga College de Point-Loma (Califor
nie) . En ce moment, ces jeunes lilles font une
tournée en Europe avec Mme Kathrine Tingley,
fondatrice de l’Ecole et directrice du mouve
ment lliéosophique pour la paix appelé « Uni
versel Brotherhood (Fraternité Universelle).
Les discours d’ouverture du Congrès ont été
sténographiés et paraîtront dans les Bevues pa
cifistes, ils ont trait à des question d’ordre gé
néral. Passons à la séance de l’après-midi, con
sacrée au désarmement.
Le docteur Quidde (allemand) présente une
résolution contre les armements, insistant sur
leur danger pour la paix, surtout en Allemagne
et en France. Les trois ans n’eussent pas été
votés si l’on n’eût invoqué la nécessité de sui
vre l’exemple des armements allemands. Mais
il y a eu, dit-il, des progrès dans l’opinion en
faveur du rapprochement franco-allemand. La
Conférence de Berne, à Pentecôte, en fut le
plus considérable ; il est d’une importance ca
pitale, ce fait que, pour la première fois dans
l’histoire, des personnalités responsables des
deux pays se sont réunies pour discuter leurs
questions politiques ; et ce n’étaient pas des
« pacifistes », c’étaient des députés de tous les
partis, de tous les groupements les plus diffé
rents.
Le docteur Perris (anglais) reprend plus en
détail les parties du rapport du docteur Quidde
qui ont trait aux armements et aux industries
guerrières ; tandis que l’orateur allemand avait
dénoncé l’influence des fabriques d’armes sur
l’opinion et sur les gouvernements, M. Perris
parle des grandes industries métallurgiques an
glaises, syndiquées avec celles du continent
pour accomplir l’œuvre de mort et de des
truction. Il représente les grands industriels
anglais, américains, français et allemands, ou
bliant leur patriotisme lorsqu’il s’agit d’asso
cier leurs millions pour l’industrie guerrière ;
il représente la Société Armstrong et C ie , cher
chant des «; affaires » en Chine et en même
temps en Allemagne, ou vendant des armes
aux sauvages qui s’en servent ensuite contre
les Européens ; il pa :1e des grandes firmes de
la Triple Alliance, construisant des flottes pour
la Russie/ tandis que les firmes anglaises en
bâtissent pour l’Espagne et le Portugal, Arm
strong allant exploiter jusqu’au « palriotisme »
du Canada ! L’industrie des machines de mort
ne connaît ni frontières ni limites ; elle exploite
(au moyen des journaux et revues) la crédulité
publique, son seul intérêt est de brouiller les
nations et, en Europe, on en e-st réduit à ce
que les honnêtes citoyens se voient refuser la
penhission de porter un revolver, tandis qu’on
arme, en masse, des troupes de barbares.
L orateur parle aussi du scandale Krupp,
puis de l’espionnage international, et du profit
que les syndicats industriels tirent de la guerre
et de la « paix armée ». 11 faudrait, conèlut-
il, des gouvernements assez forts pour s’élever
au-dessus de la pression qu’exerce cette né
faste opinion publique excitée par les indus
triels. Mais les gouvernements tirent eux-mêmes
des profits de ces entreprises financières. C’est
toute l’opinion publique qu’il faudrait modifier,
et toute notre activité doit s’y employer.
M. Quidde présente ensuite un projet de
désarmement international très étudié, qu’il est
impossible de résumer en quelques lignes. C’est,
dit-il lui-même, un premier essai, encore sujet
à être modifié, comme tout essai d’une chose
neuve.
Plusieurs orateurs parlent encore. Mais pour
nous, pacifistes chrétiens, ces études de droit
et de lois n’ont pas une base bien solide. Tant
que la bonne volonté, la volonté de paix, ne
sera pas dominante dans les nations civilisées,
on aura beau faire des codes et des lois, des
tribunaux et des arbitrages, les lois seront en
freintes, les sentences ne seront pas respectées ;
les arbitrages ne seront pas utilisés, si les pas
sions déchaînées pour le meurtre, comme dans
les Balkans, si le banditisme qui se cache sous
les opérations de la haute finance, banditisme
international, celui-là, ne sont pas combattus
par des forces de paix qui sont des forces spi
rituelles que, seul, le vrai christianisme (pas les
églises, mais l’esprit fraternel) peut amener et .
développer.
Le soir même, dans une réunion privée des
délégués français et allemands, il fut facile de
voir, en petit, ce que les peuples pourraient réa
liser en grand avec de la bonne volonté. Dans
cette salle se trouvaient une cinquantaine de
personnes, Allemands, Français, Alsaciens, de
toutes religions, de tous partis politiques. La
plus aimable, la plus sincère cordialité régnait ;
si, parmi eux, il y eût eu des antipathies per
sonnelles, elles se fussent effacées ce soir-là
dans une seule pensée : le rapprochement fran
co-allemand par l'intermédiaire d'une Alsace-
Lorraine libre et heureuse , de ce petit peuple
qui réunit en lui-même les deux cultures . les
deux langues , les qualités françaises et germa
niques. Dans cetle réunion, nous avons pu me
surer les pas de géant faits depuis le Congrès
de Genève, dans le sens de ce rapprochement.
Les* Ligues franco-allemandes de toid nom et
de toute espèce ont poussé comme des cham
pignons ; chaque semaine, pour ainsi dire, il
surgit une nouvelle Société poursuivant ce noble
but..
On ne dirait pas, en lisant les journaux pan-
germanistes et les journaux français patrio-
tards, que l’idée de paix franco-allemande a
fait de pareils progrès, au contraire ! Mais pour
ceux qui ont étudié la question dès l’origine,
ceux qui sont placés au centre de ce mouve
ment, ceux enfin qui voient sous les paroles,
les sentiments et savent lire entre les lignes,
pour ceux qui connaissent la puissance des
impondérables, les discours de rancune et de
haine des chauvins ne sont que les dernières
convulsions du dragon terrassé par le Saint ;
il se tortille et se débat dans les affres de
l’agonie, car il sait que sa fin est proche. Il
faut voir le venin que distillent les mauvaises
langues contre les pacifistes. Ce venin se
cache sous des paroles ironiques, dont les
étrangers ne comprendront pas la saveur.
Mieux vaut fermer ces journaux-là, ils ne va
lent pas qu’on s’y arrête. « Combattons le bon
combat » et ne nous laissons décourager par
aucune persécution.
Le Jeudi, de longs rapports furent présentés
par le docteur Van Vollenhoven, sur la for
mation d’une police internationale devant peu
à peu remplacer les armées nationales, et par
plusieurs autres orateurs, sur l’arbitrage, sur
la nécessité des sanctions ; les opinions furent
très partagées. Enfin, le docteur Darby pré
sente ce qui, pour nous, chrétiens pacifistes,
est la seule solution : la Fédération interna
tionale des Etats-Unis d’Europe, sans laquelle
aucune police, aucun tribunal, ne pourra fonc
tionner utilement.
L’après-midi du jeudi fut consacrée à la
guerre balkanique, dont les scènes d’horreur
sont retracées par tous les journaux, et de
vraient suffire à éclairer l’opinion sur ce qu’on
décore du beau nom de patriotisme !
La séance fut courte ; on alla visiter le Palais
de la Paix. Là-dessus, je serais tenté de dire
comme ce petit garçon : « Maman f qui est-
ce qui va y demeurer dans ce beau château :
Madame la Paix ? Avec une robe blanche et
une palme à la main ?» Et moi, comme cet
enfant, je demande : (pii est-ce qui va habiter
ces murs ? La « Bonne Volonté » entre les
hommes? 11 n’y a qu’elle (pii puisse amener
la Paix.
Vendredi, la séance du malin fut consacrée
au rapport de M. Quidde sur le rapproche
ment franco-allemand ; il parla longuement de
la Conférence de Berne et rendit hommage à
la mémoire de Bebel, mort récemment,' et dont
le souvenir, pour nous, est précieux : ne fût-
ce pas lui qui fut emprisonné pour avoir pro
testé contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine ? Il
fut le précurseur du pacifisme en Allemagne
et son attitude courageuse, jusqu’à son dernier
jour, doit nous servir d’exemple. Le pacifisme
du socialisme international est le seul efficace,
de nos jours, au point de vue politique ; une
levée en masse, comme celle de Bâle, en no
vembre dernier, peut impressionner le monde.
Mais nous réprouvons toute violence et n’ai
mons pas mieux la guerre civile que l’autre...
Le fanatisme révolutionnaire esL dangereux,
comme tous les fanatismes. Et pourtant, je
suis avec les socialistes dans toutes leurs justes
revendications, à condition de les faire triom
pher sans violence.
Quant à la question franco-allemande, elle
fut encore présentée sous une autre face par
M. Ruyssen, qui insista sur le rôle des neu
tres (Suisse, Belgique, Hollande) dans ce rap
prochement.
Le vendredi après-midi, il fallut élire le Bu
reau de Berne. Il fut très difficile aux délé
gués d’obtenir leur carte de vote. On ne donna
qu'une carte par Société ! 11 était donc inutile
qu'une Société fit les frais d’envoyer quatre
ou cinq délégués, si elle n’avait qu’une voix.
11 s’éleva de violentes discussions au sujet
du fonds Carnegie, de l’affectation des sub
ventions aux Sociétés, du budget du Bureau,
et la séance se prolongea si avant qu’il fallut,
pour ne pas manquer le train, escamoter tout
le reste, vote compris, en l’espace de quel
ques minutes. Ce n’est pas élans l’esprit du
christianisme de dire du mal de ses « frères
en la paix ». S'il y eut donc quelques pa
roles regrettables, ce ne peut être que pour
le plus grand bien de la cause ; des frères ne
peuvent-ils pas, en toute sincérité, se repro
cher leurs erreurs ? Pourvu que la sincérité
y règne, c’est là l’essenliel. Je ne veux donc
pas insister sur ce qui divise les pacifistes
entre eux ; c’est l’égoïsme qui est au fond de
toute nature humaine. Il faut pardonner, tout
en n’oubliant pas de réformer, là où c’est né
cessaire. Et il y a beaucoup à réformer, spé
cialement dans ces questions de budget ! Là
encore, ce sont trop souvent les riches qui
reçoivent l’argent, et les pauvres qui travail
lent sans rien obtenir. C’est aussi, comme en
bien d’autres Stxnélés, ceux qui parlent qui
sont célébrés comme ayant tout fait, et ceux
qui agissent qui sont passés sous silence et
méconnus.
Le reste de la journée du vendredi fut oc
cupé par la belle réception de la ville de Delfl,
où LouL le peuple en fête acclama les paci
fistes, tandis qu’ils se rendaient dans l’église,
rendre hommage au souvenir de Grotius.
Le samedi malin, la dernière séance, qui
eût dû pouvoir durer six heures, était char
gée de la question de la Presse et de celle de
l’Enseignement.
La lutte contre la presse chauvine, la pro
pagande pacifiste par la grande presse firent
l’objet de rapports très intéressants qui, tou
tefois, répètent ceux des Congrès précédents.
Pour être efficaces, les réformes de la presse
doivent être accomplies par toutes les volontés
et la volonté de tous.
Les questions d’Enseignement furent re
mises à une séance supplémentaire sur le ba
teau. El, en effet, elle eut lieu pendant le
voyage d’Alkmar à Amsterdam, et ce ne fut
pas la moins intéressante du Congrès ! Il y
fut question du rôle important de l’éducation
des enfants et des écoles. Les orateurs qui
n’avaient pu parler en séance plénière tinrent
de petites séances sur le bateau.
Le soir, après un banquet sur lequel il n’y
'a rien à dire, sinon que, comme à toutes les
fêtes, les riches et les puissants y tinrent le
haut du pavé, tandis que le menu fretin des
congressistes était au second rang, le Congrès
se sépara pour se retrouver, les jours sui
vants, à d’autres fêtes, ceux du moins dont les
poches bien garnies permettaient un long sé
jour sn Hollande.
J. B.
Délégué de L’Universel
au XX e Congrès de la Paix .
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