Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1909-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1909 01 octobre 1909
Description : 1909/10/01 (N10)-1909/10/31. 1909/10/01 (N10)-1909/10/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565421r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
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Aiu&é»t9e
♦J
Guerre à la Guerre
11 e Année.— N° 10.
MENSUEL
Cinq Centimes le Numéro
OCTOBRE 1909
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,
, et l’on n’apprendra plus l’art de la guerre
ABONNEMENTS
RÉDACTION
WBHECTIOtt :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France
Union Postale..
1 Fr..
2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri HUCHET
1!), Place de l’Hôtel-de-Ville
LE HAVRE
Les annonces ne sont reçues
que si elles présentent toutes
garanties.
Des conditions spéciales seront
offertes à ceux qui en feront la
demande.
Esprit critique
et Pacifisme
Quiconque dans le domaine physiologique, moral ou
social, a sincèrement à eœur de lutter contre un mal,
doit, s’il ne veut aboutir à un échec complet, s’atta
quer avec discernement et persévérance aux causes de
ce mal. Toute autre méthode est vaine et jamais un
palliatif, quelque spécieuses que fussent ses appa
rences, ne put tenir lieu d’un véritable remède.
Or si nous cherchons, par un attentif et sincère
examen les causes profondes de l’état de guerre dans
lequel vit l’humanité, nous trouvons, d’une part, la
lutte pour la possession des ressources matérielles
(c’est l’éternelle histoire des fauves qui se battent pour
la proie), lutte qui provient du besoin de vivre, sans
doute, mais aussi de la cupidité et des désirs désor
donnés; et, d’autre part, un ensemble d’idées et de
sentiments, de préjugés et de passions, un mélange
de sottise et d’égoïsme qui est la source la plus
féconde des malentendus et des dissensions. Et, sur
ce dernier point, nous ne portons peut-être pas assez
notre attention ; il mérite cependant de la retenir.
Voici près de deux siècles que Descartes signalait
la « précipitation-» et la « prévention » comme les
deux principales causes d’erreurs en nos jugements.
Il eut pu ajouter : ce sont çmssi les deux maîtresses
causes de discorde.
Il arrive de temps en temps que des hommes appar
tenant à des clans différents, et qu’on regarde d’ordi
naire comme ennemis, venant à se rencontrer, sont
tout surpris, après s’être ouverts sincèrement l’un à
l’autre, de constater que la divergence de leurs,idées
est vraiment peu de choses en présence de la similitude
de leurs sentiments profonds et de leur manière d’agir
et ils déplorent d’être demeurés si longtemps à s’igno
rer et à se méconnaître.
Mais combien d’hommes cherchent à comprendre
ceux qui pensent ou agissent autrement qu’eux?
Combien, par delà les apparences trompeuses, cher
chent à pénétrer les intentons, les motifs vrais, à
replacer les actes et les paroles dans le cadre naturel
qui leur donne leur véritable aspect? Combien ont la
sagesse de suspendre leur jugement et de ne pas
affirmer sans preuves, de ne pas se prononcer sur la
cause avant de la bien connaître? Bien peu même
soupçonnent l’énorme difficulté qu’on éprouve à com
prendre autrui.
Alors chacun s’enfermant en soi-même comme en
un château-fort, se fait centre de tout, et, croyant avoir
en soi le prototype de la Raison, ramène tout à sa
mesure et juge de tout d’après ses propres idées, je
devrais plutôt dire d’après ses préjugés. Car combien
rares sont les idées et les principes que nous avons
acquis par l’étude patiente et la réflexion méthodique !
Le plus souvent nous jugeons d'après les vues de ceux
qui nous entourent, d’après les maximes qui ont cours
dans nos milieux ; nos appréciations sont déterminées
d’avance par nos sympathies ou nos répulsions, et
c’est là proprement ce qui constitue le préjugé.
L’instinct, la passion nous guident plus souvent que
la raison. Il est facile de s’en apercevoir lorsque nous
sommes mis en demeure de justifier nos affirmations
et nos actes. Nous nous trouvons alors dans un cruel
embarras et nous nous épuisons à trouver des motifs
après coup qui ne sont que des prétextes trompeurs.
Puis l’imagination, « cette maîtresse de « fourbe »
(expression de Pascal) et d’erreur », nous déforme à
plaisir les faits,les paroles, les intentions. Elle grossit
les torts, efface les mérites, suscite les soupçons, cons
truit les plus invraisemblables combinaisons que nous
prenons pour l’image fidèle de la réalité. Les actes
les plus indifférents deviennent à nos yeux crimes
pendables et nous prenons feu et nous voulons mal de
mort à ceux dont Je seul tort fut de ne pas être com
pris de nous.
Ainsi agissent les individus, les uns à l’égard des
autres ; ainsi font les collectivités, grandes ou petites.
Ainsi naissent les défiances, les désaccords et la haine.
Et I on s’entre-déchire, on se vilipende, on se menace,
ou se bat. On joue du couteau ou du revolver. Et
quand les querelleurs sontplus nombreux, ils prennent
l’épée et le canon.
C'est à cause du manque d'esprit critique que l’on
s’emballe avant de savoir ; que la foule crie :
« A Berlin » au reçu d’une fausse dépêche ; que les
catastrophes sont déchaînées par la passion aveugle et
exaltée. C est le plus souvent par suite des préjugés
que les hommes se fractionnent en clans opposés et se
considèrent comme ennemis parce qu’ils portent une
autre étiquette; avant d’avoir cherché à s’éclairer
mutuellement. C'est pour les mêmes raisons que les
Eglises s’excommunient et immobilisent par le fait
même une force immense qui devrait être employée
uniquement à promouvoir le progrès de l'humanité.
C’est grâce aux équivoques, aux préjugés, que les
politiciens arrivistes exploitent la bonne foi des foules
. et perpétuent les dissensions. Et tout le monde accuse
«ceux de l’autre parti» et les charge de tous les méfaits.
En présence d’un tel état de choses, il faut se rendre
compte que le premier devoir des pacifistes est de
travailler à changer la mentalité de ceux qui les
| entourent. En vain ferons-nous de belles lois, de
i magnifiques institutions, de multiples conventions si
nous laissons subsister dans les esprits la source pre
mière de toutes les discordes et de toutes les violences.
Il faut donc créer une mentalité pacifiste. Et la pre
mière chose à faire à cette fin est d’inculquer aux
hommes le respect et l’amour de la vérité. Il faut s’ef
forcer de le? faire sortir de l’inconscience et les amener
à réfléchir. Il faut faire voir et sentir l’inanité de ces
t nombreuses formulas qui ont cours dans le monde,
v tenant lieu d’idées et qui perpétuent les équivoques et
les préjugés les plus déplorables. Il faut, en un mot,
développer en soi l’esprit critique, l’esprit de discer
nement et d’analyse, qui va, par-delà les premières
! apparences, s’efforcer de saisir la réalité et ne se
prononce jamais qu’à bon escient.
Cet esprit critique, c’est le compagnon et le frère de
la véritable humilité intellectuelle, car l’humilité n’est
autre chose que la conscience de nos limites. Etre
humble, c’est la vertu du savant aussi bien que celle
du saint, et ce n’est pas abdiquer sa raison, c’est au
contraire chercher à la développer. C’est être prati
quement convaincu qu’à chaque moment on peut se
tromper ; que, même lorsqu’on est dans la direction
du vrai, on n’en saisit qu’une petite parcelle, vue sous
un tout petit angle, qu’une apparence ou un symbole
de la réalité que les autres hommes peuvent se repré
senter d’une autre façon ou percevoir différemment.
C’est savoir bien et accepter que les autres puissent
avoir, en l’occurence présente, raison contre soi ;
c’est, par conséquent, n’être jamais catégorique,
absolu, définitif et brutal dans ses affirmations. C’est
se tenir en face des idées d’autrui avec réserve et
défiance de soi, et comme s’arrêter avec respect
sur le seuil de la conscience des autres avant d’essayer
de le franchir. C’est ne jamais, à priori, taxer d’inin
telligence ou de mauvaise foi ceux dont la pensée nous
paraît incompréhensible. C’est avoir en face de la vie,
en face des questions ardues, en face des âmes, le sens
du mystère, reconnaître que nous épelons à grand’peine
le livre du monde et que notre lecture est toujours
sujette à l’erreur, que jamais, par consôauent, nos
jugements ne sont irréfutables. C’est donc cesser de
se considérer comme centre de tout, s’efforcer (sans y
parvenir jamais pleinement) de rejeter ses étroitesses
et parti-pris personnels, en même temps que l’esprit
de caste, et placer résolûment au-dessus des préoccu
pations mesquines et des considérations égoïstes
l’amour sincère et désintéressé de la Vérité qui nous
dépasse infiniment.
Qu’on n’aille point maintenant croire que, par une
simplication puérile, j’ai prétendu faire tenir dans le
développement de l’esprit critique la solution de la
question pacifiste. Il est d’autres causes à la guerre et
d’autres remèdes à apporter. J’ai voulu signaler
UN point de vue d’où I on découvre un aspect inté
ressant de la question. Je pense qu’il y a encore beau
coup d’autres choses à voir et beaucoup de travail à
faire a côté. Toutefois, il me semble qu’il y aurait
quelque illogisme à vouloir concilier des groupements
de vingt, trente ou cinquante millions d’hommes si
l’on ne fait auparavant la paix dans les collectivités
plus petites : la nation, la province, la ville, le milieu»
professionnel, la famille. Demandons et préparons la
paix universelle, mais soyons d’abord pacifiques et
pacificateurs, dans notre petit coin, autrement on
pourrait nous dire :
— Hypocrites ! ôtez d’abord la poutre de votre œil
et alors vous verrez à ôter la paille de l’œil de votre
frère. M. DUMESN1L.
Aiu&é»t9e
♦J
Guerre à la Guerre
11 e Année.— N° 10.
MENSUEL
Cinq Centimes le Numéro
OCTOBRE 1909
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
De leurs glaives ils forgeront des bêches, et de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,
, et l’on n’apprendra plus l’art de la guerre
ABONNEMENTS
RÉDACTION
WBHECTIOtt :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France
Union Postale..
1 Fr..
2 —
Les opinions exprimées sont
libres et n’engagent que leurs
auteurs.
Henri HUCHET
1!), Place de l’Hôtel-de-Ville
LE HAVRE
Les annonces ne sont reçues
que si elles présentent toutes
garanties.
Des conditions spéciales seront
offertes à ceux qui en feront la
demande.
Esprit critique
et Pacifisme
Quiconque dans le domaine physiologique, moral ou
social, a sincèrement à eœur de lutter contre un mal,
doit, s’il ne veut aboutir à un échec complet, s’atta
quer avec discernement et persévérance aux causes de
ce mal. Toute autre méthode est vaine et jamais un
palliatif, quelque spécieuses que fussent ses appa
rences, ne put tenir lieu d’un véritable remède.
Or si nous cherchons, par un attentif et sincère
examen les causes profondes de l’état de guerre dans
lequel vit l’humanité, nous trouvons, d’une part, la
lutte pour la possession des ressources matérielles
(c’est l’éternelle histoire des fauves qui se battent pour
la proie), lutte qui provient du besoin de vivre, sans
doute, mais aussi de la cupidité et des désirs désor
donnés; et, d’autre part, un ensemble d’idées et de
sentiments, de préjugés et de passions, un mélange
de sottise et d’égoïsme qui est la source la plus
féconde des malentendus et des dissensions. Et, sur
ce dernier point, nous ne portons peut-être pas assez
notre attention ; il mérite cependant de la retenir.
Voici près de deux siècles que Descartes signalait
la « précipitation-» et la « prévention » comme les
deux principales causes d’erreurs en nos jugements.
Il eut pu ajouter : ce sont çmssi les deux maîtresses
causes de discorde.
Il arrive de temps en temps que des hommes appar
tenant à des clans différents, et qu’on regarde d’ordi
naire comme ennemis, venant à se rencontrer, sont
tout surpris, après s’être ouverts sincèrement l’un à
l’autre, de constater que la divergence de leurs,idées
est vraiment peu de choses en présence de la similitude
de leurs sentiments profonds et de leur manière d’agir
et ils déplorent d’être demeurés si longtemps à s’igno
rer et à se méconnaître.
Mais combien d’hommes cherchent à comprendre
ceux qui pensent ou agissent autrement qu’eux?
Combien, par delà les apparences trompeuses, cher
chent à pénétrer les intentons, les motifs vrais, à
replacer les actes et les paroles dans le cadre naturel
qui leur donne leur véritable aspect? Combien ont la
sagesse de suspendre leur jugement et de ne pas
affirmer sans preuves, de ne pas se prononcer sur la
cause avant de la bien connaître? Bien peu même
soupçonnent l’énorme difficulté qu’on éprouve à com
prendre autrui.
Alors chacun s’enfermant en soi-même comme en
un château-fort, se fait centre de tout, et, croyant avoir
en soi le prototype de la Raison, ramène tout à sa
mesure et juge de tout d’après ses propres idées, je
devrais plutôt dire d’après ses préjugés. Car combien
rares sont les idées et les principes que nous avons
acquis par l’étude patiente et la réflexion méthodique !
Le plus souvent nous jugeons d'après les vues de ceux
qui nous entourent, d’après les maximes qui ont cours
dans nos milieux ; nos appréciations sont déterminées
d’avance par nos sympathies ou nos répulsions, et
c’est là proprement ce qui constitue le préjugé.
L’instinct, la passion nous guident plus souvent que
la raison. Il est facile de s’en apercevoir lorsque nous
sommes mis en demeure de justifier nos affirmations
et nos actes. Nous nous trouvons alors dans un cruel
embarras et nous nous épuisons à trouver des motifs
après coup qui ne sont que des prétextes trompeurs.
Puis l’imagination, « cette maîtresse de « fourbe »
(expression de Pascal) et d’erreur », nous déforme à
plaisir les faits,les paroles, les intentions. Elle grossit
les torts, efface les mérites, suscite les soupçons, cons
truit les plus invraisemblables combinaisons que nous
prenons pour l’image fidèle de la réalité. Les actes
les plus indifférents deviennent à nos yeux crimes
pendables et nous prenons feu et nous voulons mal de
mort à ceux dont Je seul tort fut de ne pas être com
pris de nous.
Ainsi agissent les individus, les uns à l’égard des
autres ; ainsi font les collectivités, grandes ou petites.
Ainsi naissent les défiances, les désaccords et la haine.
Et I on s’entre-déchire, on se vilipende, on se menace,
ou se bat. On joue du couteau ou du revolver. Et
quand les querelleurs sontplus nombreux, ils prennent
l’épée et le canon.
C'est à cause du manque d'esprit critique que l’on
s’emballe avant de savoir ; que la foule crie :
« A Berlin » au reçu d’une fausse dépêche ; que les
catastrophes sont déchaînées par la passion aveugle et
exaltée. C est le plus souvent par suite des préjugés
que les hommes se fractionnent en clans opposés et se
considèrent comme ennemis parce qu’ils portent une
autre étiquette; avant d’avoir cherché à s’éclairer
mutuellement. C'est pour les mêmes raisons que les
Eglises s’excommunient et immobilisent par le fait
même une force immense qui devrait être employée
uniquement à promouvoir le progrès de l'humanité.
C’est grâce aux équivoques, aux préjugés, que les
politiciens arrivistes exploitent la bonne foi des foules
. et perpétuent les dissensions. Et tout le monde accuse
«ceux de l’autre parti» et les charge de tous les méfaits.
En présence d’un tel état de choses, il faut se rendre
compte que le premier devoir des pacifistes est de
travailler à changer la mentalité de ceux qui les
| entourent. En vain ferons-nous de belles lois, de
i magnifiques institutions, de multiples conventions si
nous laissons subsister dans les esprits la source pre
mière de toutes les discordes et de toutes les violences.
Il faut donc créer une mentalité pacifiste. Et la pre
mière chose à faire à cette fin est d’inculquer aux
hommes le respect et l’amour de la vérité. Il faut s’ef
forcer de le? faire sortir de l’inconscience et les amener
à réfléchir. Il faut faire voir et sentir l’inanité de ces
t nombreuses formulas qui ont cours dans le monde,
v tenant lieu d’idées et qui perpétuent les équivoques et
les préjugés les plus déplorables. Il faut, en un mot,
développer en soi l’esprit critique, l’esprit de discer
nement et d’analyse, qui va, par-delà les premières
! apparences, s’efforcer de saisir la réalité et ne se
prononce jamais qu’à bon escient.
Cet esprit critique, c’est le compagnon et le frère de
la véritable humilité intellectuelle, car l’humilité n’est
autre chose que la conscience de nos limites. Etre
humble, c’est la vertu du savant aussi bien que celle
du saint, et ce n’est pas abdiquer sa raison, c’est au
contraire chercher à la développer. C’est être prati
quement convaincu qu’à chaque moment on peut se
tromper ; que, même lorsqu’on est dans la direction
du vrai, on n’en saisit qu’une petite parcelle, vue sous
un tout petit angle, qu’une apparence ou un symbole
de la réalité que les autres hommes peuvent se repré
senter d’une autre façon ou percevoir différemment.
C’est savoir bien et accepter que les autres puissent
avoir, en l’occurence présente, raison contre soi ;
c’est, par conséquent, n’être jamais catégorique,
absolu, définitif et brutal dans ses affirmations. C’est
se tenir en face des idées d’autrui avec réserve et
défiance de soi, et comme s’arrêter avec respect
sur le seuil de la conscience des autres avant d’essayer
de le franchir. C’est ne jamais, à priori, taxer d’inin
telligence ou de mauvaise foi ceux dont la pensée nous
paraît incompréhensible. C’est avoir en face de la vie,
en face des questions ardues, en face des âmes, le sens
du mystère, reconnaître que nous épelons à grand’peine
le livre du monde et que notre lecture est toujours
sujette à l’erreur, que jamais, par consôauent, nos
jugements ne sont irréfutables. C’est donc cesser de
se considérer comme centre de tout, s’efforcer (sans y
parvenir jamais pleinement) de rejeter ses étroitesses
et parti-pris personnels, en même temps que l’esprit
de caste, et placer résolûment au-dessus des préoccu
pations mesquines et des considérations égoïstes
l’amour sincère et désintéressé de la Vérité qui nous
dépasse infiniment.
Qu’on n’aille point maintenant croire que, par une
simplication puérile, j’ai prétendu faire tenir dans le
développement de l’esprit critique la solution de la
question pacifiste. Il est d’autres causes à la guerre et
d’autres remèdes à apporter. J’ai voulu signaler
UN point de vue d’où I on découvre un aspect inté
ressant de la question. Je pense qu’il y a encore beau
coup d’autres choses à voir et beaucoup de travail à
faire a côté. Toutefois, il me semble qu’il y aurait
quelque illogisme à vouloir concilier des groupements
de vingt, trente ou cinquante millions d’hommes si
l’on ne fait auparavant la paix dans les collectivités
plus petites : la nation, la province, la ville, le milieu»
professionnel, la famille. Demandons et préparons la
paix universelle, mais soyons d’abord pacifiques et
pacificateurs, dans notre petit coin, autrement on
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