Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1906-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 décembre 1906 01 décembre 1906
Description : 1906/12/01 (N12)-1906/12/31. 1906/12/01 (N12)-1906/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565414m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
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f //
Guerre à. la Guerre
8 e Année. — N° 12.
MENSUEL
Cinq Centimes le IVviiaaéx'o
DECEMBRE 1906
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
de Langue Française
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTION :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France
Union Postale..
1 Fr..
2 —
Henri II ne h. et
Paul ALLÉGRET
M me H. Hucliet
Des conditions spéciales se
ront offertes à tous ceux qui
en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l’ADMINlSTRATION, s’adresser au Bureau de l’UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
Choses et autres
Je devrais aujourd’hui, pour être fidèle à mon
prog ramme, parler des questions d’enseignement
discutées au Congrès de Milan, mais le temps
nous pousse : c’est déjà de l’histoire ancienne et
d’autres préoccupations nous appellent.
Je ne quitterai pas cependant le XV ft Congrès
Universel de la Paix sans dire un mot du mou
vement intéressant qui s’est produit, à son occa
sion, dans certains milieux et certains journaux
catholiques. J’ai déjà fait allusion aux nombreux
prêtres qui siégèrent à ce Congrès. On sait
aussi qu’une lettre spéciale lut adressée au pape
— comme aux chefs des différentes religions et
aux autorités franc-maçonniques — lettre à
laquelle Pie X répondit le 3 novembre par ce
qu’il a appelé des “ déclarations claires et pré
cises”. Ces déclarations ne sont point, hélas ! de
nature à nous satisfaire; et malgré l’évidente
bonne intention de leur auteur, elles nous ré
vèlent encore une mentalité d’un autre âge.
L’esprit nouveau nous paraît donc venir plutôt
d’un autre côté, du côté d’un catholicisme qui
se dit très authentique, mais qui est, nous semble-
t-il, plus libéral et moins éloigné des tendances
actuelles. Nous en avons trouvé des manifesta
tions très frappantes dans “ La Quinzaine ” ei
dans “ Demain ”, l’intéressante Revue qui s’édite
à Lyon . Je relève spécialement le compte rendu
du Congrès publié par u Le Sillon ”, dont un
des rédacteurs, M. Vanderpol, se trouvait à
Milan, et qui serait à citer tout entier dans nos
colonnes, tant il est net, catégorique, animé de
ce même souffle d’enthousiasme qui nous a sou
tenus dans nos campagnes personnelles. J’ai pu
apprendre par la lettre d’un de ces néo-catho
liques que notre exemple n’avait pas été perdu
pour ces nouveaux frères en pacifisme. On lait
parfois de ces heureuses découvertes : si certains
cœurs sont restés murés en deçà de nos frontières
ecclésiastiques, il en est d’autres qui se sont ou
verts au-delà. Dieu nous réserve ainsi des en
couragements inattendus.
* *
Mon attention a été attirée ces temps derniers
vers un fléau qui mine sournoisement les popu
lations de nos campagnes ; c’est une décadence
morale faite d’immoralité et d’alcoolisme. Ces
mœurs nouvelles, m’a-t-on dit, sont apportées
au village par les jeunes soldats libérés de la vie
de caserne. Certes, ce n’est pas là quelque chose
de bien neuf ; il y a longtemps que nous en avons
entendu parler autour de nous. Mais autre chose
est de lire cela dans les journaux, ou même de
l’entendre raconter par d’autres, et de le cons^-
tater soi-même, de le voir et d’en souffrir. Les
regards dirigés vers l’idéal futur et un peu hyp
notisés par la conquête de la paix juridique,
nous avons peut-être trop négligé de les abaisser
vers ces tristesses actuelles d’un ordre pratique.
Il y a là, pour tous ceux qui ont à cœur le relè
vement de leur pays, un douloureux sujet de
méditation, en même temps qu’une occasion
d’agir. Cette situation préoccupe un grand
nombre d’officiers qui ont essayé de combattre
le mal en prohibant l’absinthe des cantines, en
nettoyant les abords des casernes des établisse
ments louches où les soldats se perdent corps et
âme, en réunissant leurs hommes deux ou trois
fois par semaine dans les réfectoires pour les
mettre en garde contre les dangers de l’alcool
et de la débauche. Mais je sais aussi qu’ils se
sentent débordés par la marée montante de
l’immoralité. Et comment ne le seraient-ils pas?
Ce qui se passe à la caserne, et ailleurs, n’est
que la résultante d’un état général. Nous respi
rons un air impur et l’on frémit devant cette dé
composition qui nous gagne. Le critique drama
tique d’un grand journal lançait ces jours-ci son
cri d’alarme : il fallait, je pense, que la coupe
fut bien pleine pour qu’il manifestât ainsi son
dégoût... « UnesociétésansDieucommelanôtre,
disait-il, devrait redoubler de vigueur pour
combattre la corruption. Or elle nous submerge et
le lent travail d’empoisonnement s’accomplit.»
Un avocat bien connu du barreau parisien,
M. Henri Robert, écrivait à son tour :
« Si la Société veut se défendre, il faut
qu’elle trouve, et rapidement, la cause de cette
effroyable dégénérescence morale. » Ce que
M. Glaretie complétait par ces mots : « Quand
on soulève un coin du voile la vérité apparaît
tragique. 11 y a là des plaies qu’il faut guérir. »
Et c’est ce moment-là qu’on choisit pour
décréter une irréligion d’Etat et éteindre dans
le ciel, d’un geste magnifique, des lumières
qu’on ne rallumera plus !
*
* *
11 me faut maintenant ajouter un mot per
sonnel. Je dois, avec beaucoup de regret, dé
poser aujourd’hui le fardeau et la responsabi
lité de directeur de VUniversel. Les obligations
de ma vie actuelle, la tâche très difficile et
pénible qui m’a été confiée, le souci d’un autre
journal dont la création paraît nécessaire pour
appuyer une œuvre régionale, et d’autres rai
sons encore m’y obligent. J’ai poursuivi mon
labeur à cette même place aussi longtemps que
je l’ai pu, parce que j’y voyais un devoir. Mais
à un certain moment les circonstances sont plus
fortes que la volonté d’un-homme. Gela ne veut
pas dire que je me désintéresse de la cause du
pacifisme chrétien, et du journal qui en est
l’organe. J’ai donné trop de mon cœur et de
ma peine à cette double tâche pour jamais
l’abandonner. On me permettra aussi d’ajouter
que j’ai connu dans cette œuvre quelques dures
journées de tristesse qui autant que les jours
de joie m’ont attaché à elle. Il me faut aller ac
tuellement à d’autres devoirs qui passent au
premier plan, mais je ne perds pas contact avec
mes compagnons de travail et je continuerai à
m’occuper de la propagande pacifique.
Je passe le gouvernail à mon collaborateur
M. Hucliet. C’est lui qui depuis longtemps sup
porte presque tout le poids de l’administration
et de la rédaction de ce journal : il sait qu’il
peut compter sur tout ce qu’il me sera possible
de lui donner et de mon temps et de ma peine.
11 a besoin de pouvoir compter aussi sur l’ap
pui de tous ceux qui sont attachés à notre œu
vre et qui l’aiment : c’est à leur affection et à
leurs prières que je veux aujourd’hui recom
mander encore une fois V Universel. On
peut voir par ce oui précède que le moment
n’est pas venu d éteindre une voix, si faible
soit-elle, qui s’épuise à dénoncer le mal ;
de paralyser un effort, qui essaye d’apporter
une pierre à la digue péniblement élevée
contre le torrent qui nous menace. Nous allons
les uns et les autres, portant dans l’infirmité de
nos corps le message de vie et de salut, don
nant de nous-mêmes tout ce que Dieu nous
permet de donner à nos frères. Nous n’ambi
tionnons des hommes aucune récompense : mais
on comprendra que nous nous sentions pressés,
dans la crise où nous sommes et dont on ne
voit pas quelle sera la fin, de nous consacrer
avec une ardeur nouvelle à la tâche que Dieu
place devant nous ; et devant tous les assauts
livrés à notre loi et à notre espérance, de ne
perdre aucune des occasions qui nous sont don
nées de livrer éperdument la bataille jusqu’à
ce qu’arrive pour nous l’heure du repos ou
celle de la victoire.
Paul Allégret.
VISION
Quand, devant l’Eternel, qui juge et qui décide,
Comparurent, sortant de la tombe livide
Les Rhamsès, les Césars, les Rois, les Empereurs,
Demi-Dieux dont le monde a subi les fureurs,
Et que, sous les replis du suaire qui s’ouvre,
Ils tirent voir, aux trous du linceul qui les couvre,
Comme un dernier éclat qui leur adhère encor,
Quelques lambeaux de pourpre et quelques haillons d’or;
L’Eternel, saisissant la fatale balance,
Leur montra le plateau s’inclinant en silence.
Lors, muets d’épouvante, ils virent, fleuve affreux, >
Accourir tout le sang qui fut versé par eux...
Et les débris humains tombaient, sombre avalanche,
Pour se précipiter dans le plateau qui penche...
Des plaines et des monts, des mers et des forêts,
Arrivent les martyrs que leur superbe a faits,
Tous ceux qu’ontdévorés leurs guerres et leurs crimes...
Et toujours je plateau penchait vers les abîmes...
Et, comme ils le voyaient baisser, les conquérants,
Évoquant le passé qui les avait faits grands.
Pâles, dirent : « Mettez dans l’autre nos victoires !
Nos hymnes, nos encens, nos triomphes, nos gloires ! »
Or voilà que soudain s’abattit, plein d’horreurs,
Le torrent monstrueux des gloires et des pleurs,
Dévalant des cités, des donjons, des chaumières.
Portant les Hosannahs et les larmes amères...
Et le poids fut si lourd que le plateau croula...
Mais les Césars, les demi-Dieux, n’étaient plus là !
Charles RICHET.
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Guerre à. la Guerre
8 e Année. — N° 12.
MENSUEL
Cinq Centimes le IVviiaaéx'o
DECEMBRE 1906
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
de Langue Française
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTION :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France
Union Postale..
1 Fr..
2 —
Henri II ne h. et
Paul ALLÉGRET
M me H. Hucliet
Des conditions spéciales se
ront offertes à tous ceux qui
en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l’ADMINlSTRATION, s’adresser au Bureau de l’UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
Choses et autres
Je devrais aujourd’hui, pour être fidèle à mon
prog ramme, parler des questions d’enseignement
discutées au Congrès de Milan, mais le temps
nous pousse : c’est déjà de l’histoire ancienne et
d’autres préoccupations nous appellent.
Je ne quitterai pas cependant le XV ft Congrès
Universel de la Paix sans dire un mot du mou
vement intéressant qui s’est produit, à son occa
sion, dans certains milieux et certains journaux
catholiques. J’ai déjà fait allusion aux nombreux
prêtres qui siégèrent à ce Congrès. On sait
aussi qu’une lettre spéciale lut adressée au pape
— comme aux chefs des différentes religions et
aux autorités franc-maçonniques — lettre à
laquelle Pie X répondit le 3 novembre par ce
qu’il a appelé des “ déclarations claires et pré
cises”. Ces déclarations ne sont point, hélas ! de
nature à nous satisfaire; et malgré l’évidente
bonne intention de leur auteur, elles nous ré
vèlent encore une mentalité d’un autre âge.
L’esprit nouveau nous paraît donc venir plutôt
d’un autre côté, du côté d’un catholicisme qui
se dit très authentique, mais qui est, nous semble-
t-il, plus libéral et moins éloigné des tendances
actuelles. Nous en avons trouvé des manifesta
tions très frappantes dans “ La Quinzaine ” ei
dans “ Demain ”, l’intéressante Revue qui s’édite
à Lyon . Je relève spécialement le compte rendu
du Congrès publié par u Le Sillon ”, dont un
des rédacteurs, M. Vanderpol, se trouvait à
Milan, et qui serait à citer tout entier dans nos
colonnes, tant il est net, catégorique, animé de
ce même souffle d’enthousiasme qui nous a sou
tenus dans nos campagnes personnelles. J’ai pu
apprendre par la lettre d’un de ces néo-catho
liques que notre exemple n’avait pas été perdu
pour ces nouveaux frères en pacifisme. On lait
parfois de ces heureuses découvertes : si certains
cœurs sont restés murés en deçà de nos frontières
ecclésiastiques, il en est d’autres qui se sont ou
verts au-delà. Dieu nous réserve ainsi des en
couragements inattendus.
* *
Mon attention a été attirée ces temps derniers
vers un fléau qui mine sournoisement les popu
lations de nos campagnes ; c’est une décadence
morale faite d’immoralité et d’alcoolisme. Ces
mœurs nouvelles, m’a-t-on dit, sont apportées
au village par les jeunes soldats libérés de la vie
de caserne. Certes, ce n’est pas là quelque chose
de bien neuf ; il y a longtemps que nous en avons
entendu parler autour de nous. Mais autre chose
est de lire cela dans les journaux, ou même de
l’entendre raconter par d’autres, et de le cons^-
tater soi-même, de le voir et d’en souffrir. Les
regards dirigés vers l’idéal futur et un peu hyp
notisés par la conquête de la paix juridique,
nous avons peut-être trop négligé de les abaisser
vers ces tristesses actuelles d’un ordre pratique.
Il y a là, pour tous ceux qui ont à cœur le relè
vement de leur pays, un douloureux sujet de
méditation, en même temps qu’une occasion
d’agir. Cette situation préoccupe un grand
nombre d’officiers qui ont essayé de combattre
le mal en prohibant l’absinthe des cantines, en
nettoyant les abords des casernes des établisse
ments louches où les soldats se perdent corps et
âme, en réunissant leurs hommes deux ou trois
fois par semaine dans les réfectoires pour les
mettre en garde contre les dangers de l’alcool
et de la débauche. Mais je sais aussi qu’ils se
sentent débordés par la marée montante de
l’immoralité. Et comment ne le seraient-ils pas?
Ce qui se passe à la caserne, et ailleurs, n’est
que la résultante d’un état général. Nous respi
rons un air impur et l’on frémit devant cette dé
composition qui nous gagne. Le critique drama
tique d’un grand journal lançait ces jours-ci son
cri d’alarme : il fallait, je pense, que la coupe
fut bien pleine pour qu’il manifestât ainsi son
dégoût... « UnesociétésansDieucommelanôtre,
disait-il, devrait redoubler de vigueur pour
combattre la corruption. Or elle nous submerge et
le lent travail d’empoisonnement s’accomplit.»
Un avocat bien connu du barreau parisien,
M. Henri Robert, écrivait à son tour :
« Si la Société veut se défendre, il faut
qu’elle trouve, et rapidement, la cause de cette
effroyable dégénérescence morale. » Ce que
M. Glaretie complétait par ces mots : « Quand
on soulève un coin du voile la vérité apparaît
tragique. 11 y a là des plaies qu’il faut guérir. »
Et c’est ce moment-là qu’on choisit pour
décréter une irréligion d’Etat et éteindre dans
le ciel, d’un geste magnifique, des lumières
qu’on ne rallumera plus !
*
* *
11 me faut maintenant ajouter un mot per
sonnel. Je dois, avec beaucoup de regret, dé
poser aujourd’hui le fardeau et la responsabi
lité de directeur de VUniversel. Les obligations
de ma vie actuelle, la tâche très difficile et
pénible qui m’a été confiée, le souci d’un autre
journal dont la création paraît nécessaire pour
appuyer une œuvre régionale, et d’autres rai
sons encore m’y obligent. J’ai poursuivi mon
labeur à cette même place aussi longtemps que
je l’ai pu, parce que j’y voyais un devoir. Mais
à un certain moment les circonstances sont plus
fortes que la volonté d’un-homme. Gela ne veut
pas dire que je me désintéresse de la cause du
pacifisme chrétien, et du journal qui en est
l’organe. J’ai donné trop de mon cœur et de
ma peine à cette double tâche pour jamais
l’abandonner. On me permettra aussi d’ajouter
que j’ai connu dans cette œuvre quelques dures
journées de tristesse qui autant que les jours
de joie m’ont attaché à elle. Il me faut aller ac
tuellement à d’autres devoirs qui passent au
premier plan, mais je ne perds pas contact avec
mes compagnons de travail et je continuerai à
m’occuper de la propagande pacifique.
Je passe le gouvernail à mon collaborateur
M. Hucliet. C’est lui qui depuis longtemps sup
porte presque tout le poids de l’administration
et de la rédaction de ce journal : il sait qu’il
peut compter sur tout ce qu’il me sera possible
de lui donner et de mon temps et de ma peine.
11 a besoin de pouvoir compter aussi sur l’ap
pui de tous ceux qui sont attachés à notre œu
vre et qui l’aiment : c’est à leur affection et à
leurs prières que je veux aujourd’hui recom
mander encore une fois V Universel. On
peut voir par ce oui précède que le moment
n’est pas venu d éteindre une voix, si faible
soit-elle, qui s’épuise à dénoncer le mal ;
de paralyser un effort, qui essaye d’apporter
une pierre à la digue péniblement élevée
contre le torrent qui nous menace. Nous allons
les uns et les autres, portant dans l’infirmité de
nos corps le message de vie et de salut, don
nant de nous-mêmes tout ce que Dieu nous
permet de donner à nos frères. Nous n’ambi
tionnons des hommes aucune récompense : mais
on comprendra que nous nous sentions pressés,
dans la crise où nous sommes et dont on ne
voit pas quelle sera la fin, de nous consacrer
avec une ardeur nouvelle à la tâche que Dieu
place devant nous ; et devant tous les assauts
livrés à notre loi et à notre espérance, de ne
perdre aucune des occasions qui nous sont don
nées de livrer éperdument la bataille jusqu’à
ce qu’arrive pour nous l’heure du repos ou
celle de la victoire.
Paul Allégret.
VISION
Quand, devant l’Eternel, qui juge et qui décide,
Comparurent, sortant de la tombe livide
Les Rhamsès, les Césars, les Rois, les Empereurs,
Demi-Dieux dont le monde a subi les fureurs,
Et que, sous les replis du suaire qui s’ouvre,
Ils tirent voir, aux trous du linceul qui les couvre,
Comme un dernier éclat qui leur adhère encor,
Quelques lambeaux de pourpre et quelques haillons d’or;
L’Eternel, saisissant la fatale balance,
Leur montra le plateau s’inclinant en silence.
Lors, muets d’épouvante, ils virent, fleuve affreux, >
Accourir tout le sang qui fut versé par eux...
Et les débris humains tombaient, sombre avalanche,
Pour se précipiter dans le plateau qui penche...
Des plaines et des monts, des mers et des forêts,
Arrivent les martyrs que leur superbe a faits,
Tous ceux qu’ontdévorés leurs guerres et leurs crimes...
Et toujours je plateau penchait vers les abîmes...
Et, comme ils le voyaient baisser, les conquérants,
Évoquant le passé qui les avait faits grands.
Pâles, dirent : « Mettez dans l’autre nos victoires !
Nos hymnes, nos encens, nos triomphes, nos gloires ! »
Or voilà que soudain s’abattit, plein d’horreurs,
Le torrent monstrueux des gloires et des pleurs,
Dévalant des cités, des donjons, des chaumières.
Portant les Hosannahs et les larmes amères...
Et le poids fut si lourd que le plateau croula...
Mais les Césars, les demi-Dieux, n’étaient plus là !
Charles RICHET.
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