Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1906-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1906 01 mai 1906
Description : 1906/05/01 (N5)-1906/05/31. 1906/05/01 (N5)-1906/05/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565408w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
f
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
de Langue Française *
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTION :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr
Union Postale... 2 —
Henri Hucliet
Paul ALLÉGRET
M me H. Huehet
Des abonnements Gratuits
seront servis à tous ceux
qui en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l'ADMINISTRATION, s’adresser au Bureau de l'UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
L’appel du Malheur
Nous avons entendu et nous avons écrit beau
coup d'appels en faveur de la Paix Universelle.
Tantôt au nom de la Pitié, tantôt au nom du
Droit — surtout au nom de l’Evangile du
Christ — nous nous sommes unis à la suppli
cation qui monte, de plus en plus impérieuse,
des entrailles de l’humanité pour que sur notre
terre misérable les ruines ne soient plus volon
tairement entassées et les vies humaines volon
tairement sacrifiées.
C’est une voix plus grave qui parle depuis
quelques semaines : la voix du malheur. Nous
traversons une sombre période. Après le drame
de Courrières dans notre pays, ce fut celui du
Vésuve, à Naples; et voici maintenant la catas
trophe de San-Francisco. Notre imagination est
impuissante à se représenter les souffrances qui
se sont succédées et comme accumulées sur
trois points de notre globe dans l’espace de
quelques jours : on n’en pourra jamais faire le
compte et la plupart ne seront jamais connues.
C’est un peu de la force, de la vie et de la
richesse de notre race qui s’en est allé dans de
brutales et rapides convulsions.
Alors tout naturellement on a senti le besoin
de se rapprocher, de s’entr’aider. Cette obscure
puissance de solidarité qui travaille à travers
l’histoire et par dessous nos superficielles sépa
rations, à la formation d’une humanité une et
fraternelle , a pour un moment fait battre d’une
même émotion des millions de poitrines humai
nes. C’est bien ; et nous bénissons Dieu de ces
manifestations de sympathie. L’apôtre Paul a
écrit depuis longtemps : « Si un membre souf
fre, tous les autres souffrent avec lui. » Et nous
qui avons appris, aux pieds de la victime du
Calvaire, à considérer tous les hommes comme
étant la famille du Père, nous pouvons, plus
facilement peut-être que d’autres, pleurer avec
ceux qui pleurent, quels que soient le costume
qu’ils portent ou le langage qu’ils parlent.
Mais une pensée me hante : pourquoi tant
d’émotion et de sympathie d’une part, devant
les malheurs dont l’homme est irresponsable et
qu’il était impuissant à prévenir; et puis d’au
tre part, pourquoi tant de sérénité, d’indiffé
rence et d’aveuglement, devant les maux volon
taires et mille fois plus redoutables de la guerre ?
Car enfin, additionnez toutes les victimes, tou
tes les larmes, tout le sang et toutes les ruines
de Courrières, du Vésuve et de San-Francisco,
vous n'arriverez pas encore à la somme de
douleurs représentée pnr une seule bataille
d'une guerre contemporaine !
Alors je voudrais que les hommes, restés
sourds à tant d’autres appels, puissent ouvrir
leurs oreilles et leur cœur à la voix du malheur
qui leur crie : vous n’avez plus songé, dans ces
jours effroyables, à ce qui vous séparait des
malheureux dévorés par le feu ou lapidés par
le volcan, pas plus vous, mineurs allemands
venus au secours de vos frères français, que
vous, marins français partis au secours de vos
frères italiens, ou que vous, Européens de tou
tes nations qui aimeriez, si c’était possible,
venir en aide à vos frères américains. Ne conti
nuez donc pas à dépenser le meilleur de vos
ressources à préparer les uns contre les autres
des instruments de ruine et de carnage destinés
à faire une plus terrible besogne que le grisou
de la mine ou la lave du volcan ! Et dès main
tenant soyez logiques avec vous-mêmes, en tout
cas avec l’impulsion de votre cœur; et que les
Parlements de l’Europe, si empressés à envoyer
des dépêches de condoléances, décident qu’une
partie de l’or qu’ils engloutissent dans les pré
paratifs de guerre, sera arrachée à Yœuvre de
mort pour être envoyée à ceux qui manquent
aujourd’hui de tout, afin d’être consacrée à une
œuvre de vie , je veux dire à réparer les brè
ches, à relever les ruines, à adoucir les souf
frances.
Paul Allégret.
SOlb/EfllHS ET EXPÉflIE]ÏCES
dans le domaine du Pacifisme
M. Ch. Correvon, pasteur, à Francfort, vient
d’adresser au « Journal religieux de la Suisse ro
mande » un très intéressant compte rendu d une
conférence faite en cette ville par l’auteur de « Bas
les armes. »
« J’ai assisté, écrit M. C..., à une brillante confé
rence, faite devant un public d’élite composé de
lettrés, de philanthropes, de politiques, par la célè
bre baronne autrichienne Bertha von Suttner, l’au
teur d’ouvrages retentissants, mais élevés, dont le
principal et le mieux réussi sans doute est celui qui
est intitulé : Die Waffen nieder. Une propagande
très active et très habile avait précédé le fameux
écrivain. Aussi la grande salle de la Loge « Socrate »
était-elle littéralement bondée. L’éminente confé
rencière, qui a toutes les allures d’une reine, avec
la mâle énergie qui caractérise les Autrichiens de
race allemande, avait choisi pour sujet de sa confé
rence : « Souvenirs et expériences dans le domaine
du pacifisme. » L’orateur parle lentement, distinc
tement, calculant chaque terme, pesant les moin
dres ondulations de sa pensée, avec une froide
raison qui défie le reproche que l’on a coutume
d’adresser aux pacifistes de n ôtre que des senti
mentaux. Peut-être le sexe de la conférencière se
trahit-il surtout à la méthode quelle emploie pour
inoculer ses idées au cerveau de ses auditeurs. Au
bout d’une demi-heure environ, elle s’assied, récla
mant un instant de relâche pour elle et son audi
toire. Puis elle reprend le fil interrompu de sa nar
ration, sans autre lien logique apparent que celui
de l’ordre plus ou moins chronologique du récit.
Elle retrace à grands traits f historique du mouve
ment pacifiste. Je croyais rêver en écoutant le lan
gage des dates.
Est-il possible que ce généreux mouvement qui a
déjà abouti à la constitution de la conférence de La
Haye, à l’institution des tribunaux d’arbitrage soit
en réalité de hier seulement ? 15 à 16 ans, voilà
l’âge réel du mouvement. Sans doute il a commencé
bien avant. Il était en germe dans la Révolution
française. Il a plané comme une promesse d’avenir
sur les rêveurs et les idéalistes de 1848. Il a inspiré
la plume des Victor Hugo, des Michelet, des Schil
ler. Il a présidé a la genèse de la Croix-Rouge, de
toutes ces généreuses créations internationales qui
marquent, au milieu des tonnerres des canons et
du sifflement des balles, un immense et réel pro
grès sur les siècles qui nous ont devancés. Mais en
somme, le mouvement n’est devenu populaire, il n’a
gagné les esprits des penseurs, obtenu l’assentiment
des philosophes, enflammé les masses que depuis
quelques années seulement.
Une chose cependant m’a frappé, pour ne pas dire
déplu, c’était, dans l’auditoire, où brillaient des
personnalités éminentes par leur savoir et leur ca
ractère, l’absence totale des officiers et des profes
seurs ! La mentalité de l’Allemagne officielle es£,à
cent lieues des idées exposées par la noble confé
rencière. Mais on connait le proverbe : « L’eau qui
tombe goutte à goutte finit par creuser la pierre ».
Outre le comité formé en Angleterre par les hom
mes amis du rapprochement avec l’Allemagne, sur
les instigations clés sociétés pacifiques, il s’en est
constitué un absolument analogue en Allemagne.
Telle est l’action, lente, mais sûre, de la vérité, que
dans quelques années, en dépit de l’opposition
aigre-douce des cercles officiels, la poussée de l’opi
nion aura fait reculer les chances d’un conflit inter
national. C’est ce que l’orateur féminin a dit avec
une force, une assurance de conviction, un calme et
une dignité qui n’avaient d’égale que la sobriété avec
laquelle elle énumérait les horreurs des guerres
modernes. Il lui eût été aisé de brosser son tableau
de couleurs plus sombres, de le faire plus réaliste,
plus tragique, plus sanglant... Elle n’en a rien fait,
et elle a eu mille et mille fois raison.. En ce faisant,
elle a noblement vengé les efforts des pacifistes du
reproche banal que lui font sans cesse ses adversai
res de n’être qu’un feu follet, tout de sentiment et
de nervosité.
Quand, après la conférence, soulignée par d’in
terminables applaudissements, je m’approchai de
la conférencière, présenté par un ami de la Société
de la paix, chrétien convaincu et pacifiste tout aussi
convaincu, elle s’aperçut aussitôt — je ne m’en
serais pas douté — à mon langage ou à mes senti
ments, que j’étais Suisse, et elle me fit :
— Vous êtes Suisse, Monsieur ? Donc, ajouta-
t-elle, vous êtes solidariste, parce que vous êtes
con fédéré ...
— Parfaitement, répliquai-je, notre devise est par
excellence celle des sociétés de la paix : Un pour
tous, tous pour un.
Là-dessus, nous nous séparâmes, et j’emportai
avec moi je ne sais quelle vision d’avenir, qui me
laissait perplexe en face des « pioupious » que je
rencontrais dans la rue, et qui m’apparaissaient
comme des ruines de temps préhistoriques... C’était
la dure, l’implacable réalité qui défiait le rêve !
Mais laissez l’aire le temps. Finalement ceci tuera
cela. Quand sera-ce? C’est le secret de Dieu. Mais,
en attendant, honneur à ces vaillants apôtres de la
paix qui, en dépit des quolibets et des lazzis de la
foule, vont droit leur chemin vers les âges nou
veaux ! Et merci à la baronne de Suttner pour son
réconfortable témoignage ! »
Ch. Correvon.
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
de Langue Française *
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
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ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr
Union Postale... 2 —
Henri Hucliet
Paul ALLÉGRET
M me H. Huehet
Des abonnements Gratuits
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qui en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l'ADMINISTRATION, s’adresser au Bureau de l'UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
L’appel du Malheur
Nous avons entendu et nous avons écrit beau
coup d'appels en faveur de la Paix Universelle.
Tantôt au nom de la Pitié, tantôt au nom du
Droit — surtout au nom de l’Evangile du
Christ — nous nous sommes unis à la suppli
cation qui monte, de plus en plus impérieuse,
des entrailles de l’humanité pour que sur notre
terre misérable les ruines ne soient plus volon
tairement entassées et les vies humaines volon
tairement sacrifiées.
C’est une voix plus grave qui parle depuis
quelques semaines : la voix du malheur. Nous
traversons une sombre période. Après le drame
de Courrières dans notre pays, ce fut celui du
Vésuve, à Naples; et voici maintenant la catas
trophe de San-Francisco. Notre imagination est
impuissante à se représenter les souffrances qui
se sont succédées et comme accumulées sur
trois points de notre globe dans l’espace de
quelques jours : on n’en pourra jamais faire le
compte et la plupart ne seront jamais connues.
C’est un peu de la force, de la vie et de la
richesse de notre race qui s’en est allé dans de
brutales et rapides convulsions.
Alors tout naturellement on a senti le besoin
de se rapprocher, de s’entr’aider. Cette obscure
puissance de solidarité qui travaille à travers
l’histoire et par dessous nos superficielles sépa
rations, à la formation d’une humanité une et
fraternelle , a pour un moment fait battre d’une
même émotion des millions de poitrines humai
nes. C’est bien ; et nous bénissons Dieu de ces
manifestations de sympathie. L’apôtre Paul a
écrit depuis longtemps : « Si un membre souf
fre, tous les autres souffrent avec lui. » Et nous
qui avons appris, aux pieds de la victime du
Calvaire, à considérer tous les hommes comme
étant la famille du Père, nous pouvons, plus
facilement peut-être que d’autres, pleurer avec
ceux qui pleurent, quels que soient le costume
qu’ils portent ou le langage qu’ils parlent.
Mais une pensée me hante : pourquoi tant
d’émotion et de sympathie d’une part, devant
les malheurs dont l’homme est irresponsable et
qu’il était impuissant à prévenir; et puis d’au
tre part, pourquoi tant de sérénité, d’indiffé
rence et d’aveuglement, devant les maux volon
taires et mille fois plus redoutables de la guerre ?
Car enfin, additionnez toutes les victimes, tou
tes les larmes, tout le sang et toutes les ruines
de Courrières, du Vésuve et de San-Francisco,
vous n'arriverez pas encore à la somme de
douleurs représentée pnr une seule bataille
d'une guerre contemporaine !
Alors je voudrais que les hommes, restés
sourds à tant d’autres appels, puissent ouvrir
leurs oreilles et leur cœur à la voix du malheur
qui leur crie : vous n’avez plus songé, dans ces
jours effroyables, à ce qui vous séparait des
malheureux dévorés par le feu ou lapidés par
le volcan, pas plus vous, mineurs allemands
venus au secours de vos frères français, que
vous, marins français partis au secours de vos
frères italiens, ou que vous, Européens de tou
tes nations qui aimeriez, si c’était possible,
venir en aide à vos frères américains. Ne conti
nuez donc pas à dépenser le meilleur de vos
ressources à préparer les uns contre les autres
des instruments de ruine et de carnage destinés
à faire une plus terrible besogne que le grisou
de la mine ou la lave du volcan ! Et dès main
tenant soyez logiques avec vous-mêmes, en tout
cas avec l’impulsion de votre cœur; et que les
Parlements de l’Europe, si empressés à envoyer
des dépêches de condoléances, décident qu’une
partie de l’or qu’ils engloutissent dans les pré
paratifs de guerre, sera arrachée à Yœuvre de
mort pour être envoyée à ceux qui manquent
aujourd’hui de tout, afin d’être consacrée à une
œuvre de vie , je veux dire à réparer les brè
ches, à relever les ruines, à adoucir les souf
frances.
Paul Allégret.
SOlb/EfllHS ET EXPÉflIE]ÏCES
dans le domaine du Pacifisme
M. Ch. Correvon, pasteur, à Francfort, vient
d’adresser au « Journal religieux de la Suisse ro
mande » un très intéressant compte rendu d une
conférence faite en cette ville par l’auteur de « Bas
les armes. »
« J’ai assisté, écrit M. C..., à une brillante confé
rence, faite devant un public d’élite composé de
lettrés, de philanthropes, de politiques, par la célè
bre baronne autrichienne Bertha von Suttner, l’au
teur d’ouvrages retentissants, mais élevés, dont le
principal et le mieux réussi sans doute est celui qui
est intitulé : Die Waffen nieder. Une propagande
très active et très habile avait précédé le fameux
écrivain. Aussi la grande salle de la Loge « Socrate »
était-elle littéralement bondée. L’éminente confé
rencière, qui a toutes les allures d’une reine, avec
la mâle énergie qui caractérise les Autrichiens de
race allemande, avait choisi pour sujet de sa confé
rence : « Souvenirs et expériences dans le domaine
du pacifisme. » L’orateur parle lentement, distinc
tement, calculant chaque terme, pesant les moin
dres ondulations de sa pensée, avec une froide
raison qui défie le reproche que l’on a coutume
d’adresser aux pacifistes de n ôtre que des senti
mentaux. Peut-être le sexe de la conférencière se
trahit-il surtout à la méthode quelle emploie pour
inoculer ses idées au cerveau de ses auditeurs. Au
bout d’une demi-heure environ, elle s’assied, récla
mant un instant de relâche pour elle et son audi
toire. Puis elle reprend le fil interrompu de sa nar
ration, sans autre lien logique apparent que celui
de l’ordre plus ou moins chronologique du récit.
Elle retrace à grands traits f historique du mouve
ment pacifiste. Je croyais rêver en écoutant le lan
gage des dates.
Est-il possible que ce généreux mouvement qui a
déjà abouti à la constitution de la conférence de La
Haye, à l’institution des tribunaux d’arbitrage soit
en réalité de hier seulement ? 15 à 16 ans, voilà
l’âge réel du mouvement. Sans doute il a commencé
bien avant. Il était en germe dans la Révolution
française. Il a plané comme une promesse d’avenir
sur les rêveurs et les idéalistes de 1848. Il a inspiré
la plume des Victor Hugo, des Michelet, des Schil
ler. Il a présidé a la genèse de la Croix-Rouge, de
toutes ces généreuses créations internationales qui
marquent, au milieu des tonnerres des canons et
du sifflement des balles, un immense et réel pro
grès sur les siècles qui nous ont devancés. Mais en
somme, le mouvement n’est devenu populaire, il n’a
gagné les esprits des penseurs, obtenu l’assentiment
des philosophes, enflammé les masses que depuis
quelques années seulement.
Une chose cependant m’a frappé, pour ne pas dire
déplu, c’était, dans l’auditoire, où brillaient des
personnalités éminentes par leur savoir et leur ca
ractère, l’absence totale des officiers et des profes
seurs ! La mentalité de l’Allemagne officielle es£,à
cent lieues des idées exposées par la noble confé
rencière. Mais on connait le proverbe : « L’eau qui
tombe goutte à goutte finit par creuser la pierre ».
Outre le comité formé en Angleterre par les hom
mes amis du rapprochement avec l’Allemagne, sur
les instigations clés sociétés pacifiques, il s’en est
constitué un absolument analogue en Allemagne.
Telle est l’action, lente, mais sûre, de la vérité, que
dans quelques années, en dépit de l’opposition
aigre-douce des cercles officiels, la poussée de l’opi
nion aura fait reculer les chances d’un conflit inter
national. C’est ce que l’orateur féminin a dit avec
une force, une assurance de conviction, un calme et
une dignité qui n’avaient d’égale que la sobriété avec
laquelle elle énumérait les horreurs des guerres
modernes. Il lui eût été aisé de brosser son tableau
de couleurs plus sombres, de le faire plus réaliste,
plus tragique, plus sanglant... Elle n’en a rien fait,
et elle a eu mille et mille fois raison.. En ce faisant,
elle a noblement vengé les efforts des pacifistes du
reproche banal que lui font sans cesse ses adversai
res de n’être qu’un feu follet, tout de sentiment et
de nervosité.
Quand, après la conférence, soulignée par d’in
terminables applaudissements, je m’approchai de
la conférencière, présenté par un ami de la Société
de la paix, chrétien convaincu et pacifiste tout aussi
convaincu, elle s’aperçut aussitôt — je ne m’en
serais pas douté — à mon langage ou à mes senti
ments, que j’étais Suisse, et elle me fit :
— Vous êtes Suisse, Monsieur ? Donc, ajouta-
t-elle, vous êtes solidariste, parce que vous êtes
con fédéré ...
— Parfaitement, répliquai-je, notre devise est par
excellence celle des sociétés de la paix : Un pour
tous, tous pour un.
Là-dessus, nous nous séparâmes, et j’emportai
avec moi je ne sais quelle vision d’avenir, qui me
laissait perplexe en face des « pioupious » que je
rencontrais dans la rue, et qui m’apparaissaient
comme des ruines de temps préhistoriques... C’était
la dure, l’implacable réalité qui défiait le rêve !
Mais laissez l’aire le temps. Finalement ceci tuera
cela. Quand sera-ce? C’est le secret de Dieu. Mais,
en attendant, honneur à ces vaillants apôtres de la
paix qui, en dépit des quolibets et des lazzis de la
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