Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1904-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1904 01 mars 1904
Description : 1904/03/01 (N11)-1904/03/31. 1904/03/01 (N11)-1904/03/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565383h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
V-'-'T'-4-’
• •• ■ ■*-— -• — . ••. ...
Guerre à la Guerre
6 e Année. — N° 11.
MENSUEL
Oincj Centimes 1© Numéro
#■
Organe du Mouvement Pacifique Chrétien
de Langue Française
“ PAIX SUR LA TERRE ! ”
ABONNEMENTS
RÉDACTION
DIRECTION :
ADMINISTRATION
PROPAGANDE
France 1 Fr.
H. Huchet
/ Paul ALLÉGRET
Yves Le Bail
Des abonnements Gratuits
seront servis à tous ceux
Union Postale... 2 —
YE me H. Hu.ch.et
AU HAVRE
lVI me Yves Le Bail
qui en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l’ADMINlSTRATION, s’adresser au Bureau de l’UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
ORDRE DU JOUR
Voté ad Havre, salle franklin, le 28 février 1904
Les pacifistes havrais, réunis dans leur mani
festation annuelle, expriment leurs sentiments de
tristesse au sujet de la guerre d'Extrême-Orient et
s'associent à la déclaration du Bureau internatio
nal de Berne rappelant aux gouvernements neu
tres les droits que leur confèrent les articles 2, 3,
7 et 27 de la convention de La Haye.
Loin cependant de considérer leurs idées comme
atteintes par ces événements, ils estiment qu'elles
y trouvent leur plus éclatante justification.
Ainsi qu'ils n'ont cessé de le dire, la guerre ne
disparaîtra que si l'on se préoccupe sérieusement
de la prévenir, en organisant la Société pacifique
des nations civilisées, comme on a organisé ces na
tions elles-mêmes.
Si donc les faits actuels montrent qu'il y a des
naïfs, ce ne sont pas les pacifistes, mais bien au
contraire ceux qui ont dédaigné leur propagande ,
et qui s'étonnent aujourd'hui qu'ayant semé le
vent, les nations européennes récoltent la tempête.
En conséquence, les pacifistes havrais considè
rent que Vexpérience actuelle démon tre l'impérieuse
nécessité pour les nations civilisées :
1° D’organiser la solution juridique de leurs
conflits;
2° D'organiser l'interdiction des extensions terri
toriales au détriment les unes des autres, et l’ou
verture des marchés nouveaux à la communauté
civilisée toute entière;
3° D'organiser la police internationale de la
communauté civilisée.
Ils font un pressant appel à l’opinion publique
de tous les pays pour faire entrer les gouvernements
dans cette voie nécessaire.
LA GUERRE
L’ordre du jour qui précède nous permet
d’être bref dans l’appréciation des événements
actuels. Nous avouons notre tristesse en présence
de cette douloureuse réalité : La Guerre ! Elle
ensanglante de nouveau le sol de notre terre,
d’où nous voudrions la bannir ; et l’humanité
qui se débat depuis des siècles contre le mons
tre, dont elle finira bien par se débarrasser, est
encore une fois terrassée par lui.
Mais nous n’avouons pas notre décourage
ment. La mentalité de certains de nos conci
toyens, qui semblent goûter je ne sais quelle
joie sauvage à tourner nos efforts en dérision,
parce que quelque part des hommes se massa
crent, ne nous inspire aucune envie. On tue :
alors on dirait qu’ils éprouvent du plaisir à voir
couler le sang, et qu’ils soient déçus quand le
télégraphe ne leur apporte pas chaque jour le
récit d’une belle bataille. Nous les plaignons :
les oiseaux de proie seuls se réjouissent quand
les cadavres pourrissent dans la plaine. Egayez-
vous à votre aise, messieurs, sur le dos des paci
fiques naïfs et doux : les hommes de cœur
repoussent du pied votre littérature de bouche
rie. J’aime mieux me tourner vers les diplomaties
de la vieille Europe, et contempler le spectacle
consolant qu’elles nous donnent. Il n’y a pas à
dire, on a marché depuis quelques années, car
je, vois les gouvernements émus de ces gronde
ments d’orage, là-bas dans le lointain, autant
qu’ils l’étaient, il y a 3o ans, d’une guerre en
occident, et c’est là un symptôme qui me réjouit.
Je vois les peuples européens essayer à l’envie
de circonscrire la guerre, et faire les uns après
les autres les déclarations les plus explicites de
leur neutralité. Je vois en particulier la France
et l’Angleterre resserrer leurs liens et, de l’autre
côté du détroit, lord Landsdowne, lord Selborne,
le premier lord de l’Amirauté, le roi Edouard,
déclarerleur résolution d’être fidèles dans l’esprit
et la lettre à toutes les obligations de la neutra
lité. Et je sens bien qu’ils expriment le désir et
le besoin de leur peuple: l’autre soir, au Théâtre
de l’Empire, à Londres, toute la troupe agitant
des drapeaux anglais et français entrelacés,
défila sur la scène, aux acclamations frénétiques
des spectateurs enthousiasmés. Voyons, mes
sieurs les railleurs, cela se serait-il vu il y a
deux ans, avant le labeur des Pacifiques ? Etpar
contre, où en serions-nous actuellement, au
milieu de tous ces bruits de guerre, sans les
progrès de nos idées ?
Mais ce qui me réjouit encore plus que le reste,
c’est de voir les Etats de l’Europe, sous la
menace du danger, se rapprocher les uns des
autres. Pendant que les Russes, qui n’ont pu
être jusqu’ici entamés par la propagande pacifi
que, — demandez-le à notre collègue Novicow
— et que les Japonais — qui en sont encore aux
idées militaristes de 1868 , date de leur grande
révolution— se battent, les nations occidentales
travaillent à éloigner d’elles le spectre des anta
gonismes internationaux. Ce n’est encore que la
solidarité de l’intérêt, la terreur de voir leur
commerce arrêté, leur travail paralysé, leur
expansion économique ruinée pour un temps ;
mais bientôt ce sera un autre sentiment, l’éclo
sion d’une solidarité plus pure. L’Europe com
prendra que ce n’est pas seulement ses canons
et ses nouvelles inventions guerrières qu’elle doit
apporter aux peuples de l’Orient, mais qu’elle a
le devoir de les faire participer à ses conquêtes
morales et de leur apporter le droit, chèrement
acquis par elle, que nous appelons le Droit à la
Paix. Alors le Péril Jaune aura vécu en même
temps que l’anarchie moderne, et nous pourrons
songer à l’Union des Etats d’Europe.
En attendant, mes frères chrétiens, pensons
avec sympathie à ceux qui souffrent de la guerre.
Il y a au loin des victimes innocentes : deman
dons au Dieu de Paix, « qu’il ait pitié de tous
ceux qui sont exposés aux douleurs delà guerre,
de tous .ceux qui pleurent, des veuves et des
orphelins ; demandons-lui qu’il arrête l’effusion
du sang ».
Paul Allégret.
Henry RICHARD
Secrétaire général de la Peace Society de Londres
Membre de la Chambre des Communes
(Nous commençons aujourd’hui la publication d’une
belle étude de M. Frédéric Passy dont nous avons le pri
vilège d’offrir la primeur à nos lecteurs. Cette étude sur
Henry Richard est destinée h un volume de biographies
pacifiques en préparation et qui paraîtra avant la fin de
1904, avec une préface de M. Passy.) ( Réd .)
I
Quiconque a beaucoup vu, dit le fabuliste, peut
avoir beaucoup retenu. J’ai beaucoup vu, d’abord
parce qu’il y a longtemps que j’ai commencé à regar
der, à écouler et à me souvenir ; ensuite, parce que,
grâce â la situation de ma famille quand j’étais jeune,
grâce à mes travaux plus tard, je me suis trouvé en
relations plus ou moins étroites avec un grand nombre
d’hommes de divers pays et de ceux qui étaient le
mieux placés pour m’aider à voir et à comprendre.
Pour ce qui touche aux questions économiques et po
litiques surtout, pour ce qui concerne le droit interna
tional el ce qu'on a pu appeler enfin, avec raison, le
mouvement pacifique, fai été depuis une cinquantaine
d’années, depuis 1867 plus particulièrement, cons
tamment et étroitement mêlé à tout ce qui s’est fait
en Europe, et même en Amérique, et j’ai eu l’occasion
de rencontrer, pour devenir leur disciple, leur colla»
borateur ou leur ami, la plupart de ceux auxquels est
dûe l’éducation, tardivement commencée, de l’opinion
publique en cette matière. 11 m’a été donné d’appro
cher tour à tour, et parfois de très près, les Côbden,
les Gladstone, les Jean Dollfus, lesMancini, les Caste-
lar, les Dudly Field. les Moneta, les Hodgson Pratt,
les Crcrner, les Franck, les Jules Simon, les de Suttner
et bien d’autres. Aussi était-il naturel que, voulant
publier la biographie des principaux artisans de
l’œuvre pacifique, on s’adressât à moi avant d’en arrê
ter la liste, et que l’on me demandât de me charger de
l’une de ces notices. Je me suis réservé (personne
parmi ceux qui sont au courant de ce qui s’est fait
pendant le dernier tiers du XIX e siècle ne s’en éton
nera) l’homme incomparable qui a été, pendant 25
ans, la cheville ouvrière de la Société de la Paix de
Londres, mon maître et mon ami, Henry Richard.
C’est en 18L2. dans la petite, très petite ville de
Tregaron, en plein pays de Galles, que naquit cet
homme qui, sans rien perdre jamais de sa simplicité
première, et sans rien donner à l’ambition et à la va
nité du siècle, devait exercer sur l’esprit public de
son pays et sur la politique générale de l’Europe elle-
même une si grande et, quoiqu’imparfaite, si féconde
influence. Son père, Ebenhézer Richard, était un mo
deste et sévère pasteur, de ceux que l’on appelle en
Angleterre, parce qu’ils n'acceptent pas le credo de la
haute église anglicane, non conformistes ; il appar
tenait à ce que l’on nommait les méthodistes calvinisr
tes. Sa mère, qui sans nul doute contribua beaucoup
à la direction dernière de ses idées, était une femme
de grand sens, de grand cœur surtout, que l’on appe
lait dans la localité du nom honorable entre tous de
« la pacificatrice ». Lorsque quelque dissentiment,
!
• •• ■ ■*-— -• — . ••. ...
Guerre à la Guerre
6 e Année. — N° 11.
MENSUEL
Oincj Centimes 1© Numéro
#■
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/ Paul ALLÉGRET
Yves Le Bail
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AU HAVRE
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qui en feront la demande.
Pour tout ce qui concerne la RÉDACTION et l’ADMINlSTRATION, s’adresser au Bureau de l’UNIVERSEL, 19, Place de l’Hôtel-de-Ville. — LE HAVRE
ORDRE DU JOUR
Voté ad Havre, salle franklin, le 28 février 1904
Les pacifistes havrais, réunis dans leur mani
festation annuelle, expriment leurs sentiments de
tristesse au sujet de la guerre d'Extrême-Orient et
s'associent à la déclaration du Bureau internatio
nal de Berne rappelant aux gouvernements neu
tres les droits que leur confèrent les articles 2, 3,
7 et 27 de la convention de La Haye.
Loin cependant de considérer leurs idées comme
atteintes par ces événements, ils estiment qu'elles
y trouvent leur plus éclatante justification.
Ainsi qu'ils n'ont cessé de le dire, la guerre ne
disparaîtra que si l'on se préoccupe sérieusement
de la prévenir, en organisant la Société pacifique
des nations civilisées, comme on a organisé ces na
tions elles-mêmes.
Si donc les faits actuels montrent qu'il y a des
naïfs, ce ne sont pas les pacifistes, mais bien au
contraire ceux qui ont dédaigné leur propagande ,
et qui s'étonnent aujourd'hui qu'ayant semé le
vent, les nations européennes récoltent la tempête.
En conséquence, les pacifistes havrais considè
rent que Vexpérience actuelle démon tre l'impérieuse
nécessité pour les nations civilisées :
1° D’organiser la solution juridique de leurs
conflits;
2° D'organiser l'interdiction des extensions terri
toriales au détriment les unes des autres, et l’ou
verture des marchés nouveaux à la communauté
civilisée toute entière;
3° D'organiser la police internationale de la
communauté civilisée.
Ils font un pressant appel à l’opinion publique
de tous les pays pour faire entrer les gouvernements
dans cette voie nécessaire.
LA GUERRE
L’ordre du jour qui précède nous permet
d’être bref dans l’appréciation des événements
actuels. Nous avouons notre tristesse en présence
de cette douloureuse réalité : La Guerre ! Elle
ensanglante de nouveau le sol de notre terre,
d’où nous voudrions la bannir ; et l’humanité
qui se débat depuis des siècles contre le mons
tre, dont elle finira bien par se débarrasser, est
encore une fois terrassée par lui.
Mais nous n’avouons pas notre décourage
ment. La mentalité de certains de nos conci
toyens, qui semblent goûter je ne sais quelle
joie sauvage à tourner nos efforts en dérision,
parce que quelque part des hommes se massa
crent, ne nous inspire aucune envie. On tue :
alors on dirait qu’ils éprouvent du plaisir à voir
couler le sang, et qu’ils soient déçus quand le
télégraphe ne leur apporte pas chaque jour le
récit d’une belle bataille. Nous les plaignons :
les oiseaux de proie seuls se réjouissent quand
les cadavres pourrissent dans la plaine. Egayez-
vous à votre aise, messieurs, sur le dos des paci
fiques naïfs et doux : les hommes de cœur
repoussent du pied votre littérature de bouche
rie. J’aime mieux me tourner vers les diplomaties
de la vieille Europe, et contempler le spectacle
consolant qu’elles nous donnent. Il n’y a pas à
dire, on a marché depuis quelques années, car
je, vois les gouvernements émus de ces gronde
ments d’orage, là-bas dans le lointain, autant
qu’ils l’étaient, il y a 3o ans, d’une guerre en
occident, et c’est là un symptôme qui me réjouit.
Je vois les peuples européens essayer à l’envie
de circonscrire la guerre, et faire les uns après
les autres les déclarations les plus explicites de
leur neutralité. Je vois en particulier la France
et l’Angleterre resserrer leurs liens et, de l’autre
côté du détroit, lord Landsdowne, lord Selborne,
le premier lord de l’Amirauté, le roi Edouard,
déclarerleur résolution d’être fidèles dans l’esprit
et la lettre à toutes les obligations de la neutra
lité. Et je sens bien qu’ils expriment le désir et
le besoin de leur peuple: l’autre soir, au Théâtre
de l’Empire, à Londres, toute la troupe agitant
des drapeaux anglais et français entrelacés,
défila sur la scène, aux acclamations frénétiques
des spectateurs enthousiasmés. Voyons, mes
sieurs les railleurs, cela se serait-il vu il y a
deux ans, avant le labeur des Pacifiques ? Etpar
contre, où en serions-nous actuellement, au
milieu de tous ces bruits de guerre, sans les
progrès de nos idées ?
Mais ce qui me réjouit encore plus que le reste,
c’est de voir les Etats de l’Europe, sous la
menace du danger, se rapprocher les uns des
autres. Pendant que les Russes, qui n’ont pu
être jusqu’ici entamés par la propagande pacifi
que, — demandez-le à notre collègue Novicow
— et que les Japonais — qui en sont encore aux
idées militaristes de 1868 , date de leur grande
révolution— se battent, les nations occidentales
travaillent à éloigner d’elles le spectre des anta
gonismes internationaux. Ce n’est encore que la
solidarité de l’intérêt, la terreur de voir leur
commerce arrêté, leur travail paralysé, leur
expansion économique ruinée pour un temps ;
mais bientôt ce sera un autre sentiment, l’éclo
sion d’une solidarité plus pure. L’Europe com
prendra que ce n’est pas seulement ses canons
et ses nouvelles inventions guerrières qu’elle doit
apporter aux peuples de l’Orient, mais qu’elle a
le devoir de les faire participer à ses conquêtes
morales et de leur apporter le droit, chèrement
acquis par elle, que nous appelons le Droit à la
Paix. Alors le Péril Jaune aura vécu en même
temps que l’anarchie moderne, et nous pourrons
songer à l’Union des Etats d’Europe.
En attendant, mes frères chrétiens, pensons
avec sympathie à ceux qui souffrent de la guerre.
Il y a au loin des victimes innocentes : deman
dons au Dieu de Paix, « qu’il ait pitié de tous
ceux qui sont exposés aux douleurs delà guerre,
de tous .ceux qui pleurent, des veuves et des
orphelins ; demandons-lui qu’il arrête l’effusion
du sang ».
Paul Allégret.
Henry RICHARD
Secrétaire général de la Peace Society de Londres
Membre de la Chambre des Communes
(Nous commençons aujourd’hui la publication d’une
belle étude de M. Frédéric Passy dont nous avons le pri
vilège d’offrir la primeur à nos lecteurs. Cette étude sur
Henry Richard est destinée h un volume de biographies
pacifiques en préparation et qui paraîtra avant la fin de
1904, avec une préface de M. Passy.) ( Réd .)
I
Quiconque a beaucoup vu, dit le fabuliste, peut
avoir beaucoup retenu. J’ai beaucoup vu, d’abord
parce qu’il y a longtemps que j’ai commencé à regar
der, à écouler et à me souvenir ; ensuite, parce que,
grâce â la situation de ma famille quand j’étais jeune,
grâce à mes travaux plus tard, je me suis trouvé en
relations plus ou moins étroites avec un grand nombre
d’hommes de divers pays et de ceux qui étaient le
mieux placés pour m’aider à voir et à comprendre.
Pour ce qui touche aux questions économiques et po
litiques surtout, pour ce qui concerne le droit interna
tional el ce qu'on a pu appeler enfin, avec raison, le
mouvement pacifique, fai été depuis une cinquantaine
d’années, depuis 1867 plus particulièrement, cons
tamment et étroitement mêlé à tout ce qui s’est fait
en Europe, et même en Amérique, et j’ai eu l’occasion
de rencontrer, pour devenir leur disciple, leur colla»
borateur ou leur ami, la plupart de ceux auxquels est
dûe l’éducation, tardivement commencée, de l’opinion
publique en cette matière. 11 m’a été donné d’appro
cher tour à tour, et parfois de très près, les Côbden,
les Gladstone, les Jean Dollfus, lesMancini, les Caste-
lar, les Dudly Field. les Moneta, les Hodgson Pratt,
les Crcrner, les Franck, les Jules Simon, les de Suttner
et bien d’autres. Aussi était-il naturel que, voulant
publier la biographie des principaux artisans de
l’œuvre pacifique, on s’adressât à moi avant d’en arrê
ter la liste, et que l’on me demandât de me charger de
l’une de ces notices. Je me suis réservé (personne
parmi ceux qui sont au courant de ce qui s’est fait
pendant le dernier tiers du XIX e siècle ne s’en éton
nera) l’homme incomparable qui a été, pendant 25
ans, la cheville ouvrière de la Société de la Paix de
Londres, mon maître et mon ami, Henry Richard.
C’est en 18L2. dans la petite, très petite ville de
Tregaron, en plein pays de Galles, que naquit cet
homme qui, sans rien perdre jamais de sa simplicité
première, et sans rien donner à l’ambition et à la va
nité du siècle, devait exercer sur l’esprit public de
son pays et sur la politique générale de l’Europe elle-
même une si grande et, quoiqu’imparfaite, si féconde
influence. Son père, Ebenhézer Richard, était un mo
deste et sévère pasteur, de ceux que l’on appelle en
Angleterre, parce qu’ils n'acceptent pas le credo de la
haute église anglicane, non conformistes ; il appar
tenait à ce que l’on nommait les méthodistes calvinisr
tes. Sa mère, qui sans nul doute contribua beaucoup
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