Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1932-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1932 01 juillet 1932
Description : 1932/07/01-1932/09/30. 1932/07/01-1932/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565321d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
34 e ANNÉE
TRIMESTRIEL
3
TRIMESTRE 1 932f
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’inteknatjonale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HFCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
Mmes Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M mes R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement
:
Chèques postaux ;
U n an „
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS n* 21T.31
Souscriptions :
bre adhérent 1 O francs.
Membre actif.., 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
la Folie... a ol neiieni l'emince
Depuis douze ans, nous avons redit, sous
mille formes, dans Y Universel, que la soi-
disant « dernière » de 1914 était le prélude
d’une autre guerre plus terrible ; que les stu
pides et iniques traités de Versailles, de Trianon,
de Saint-Germain, portaient en eux le germe
de nouveaux conflits ; que l’appétit de jouis
sance et l’arrivisme efïrené développés de 1914
à 1919 et s’épanouissant après guerre, me
naient le monde à sa ruine. On n’a pas voulu
nous entendre, ou bien les prétendus savants
ont haussé les épaules considérant avec mépris
nos folles élucubrations.
Nous avons aujourd’hui la triste satisfac
tion d’avoir eu raison, et les meilleurs esprits
abondent dans le sens des thèses que nous
avons soutenues. Nous n’en citerons pour
exemple, que trois récentes manifestations.
Le 20 mai dernier, le grand journaliste an
glais, Wickam Steed, directeur de la politique
internationale au Times, est venu faire à Mul
house une conférence sous ce titre : « Où va
le monde ? » Dans un français excellent, et
avec l’humour le plus fin, ce parfait gentleman
de culture au moins européenne a fait à son
auditoire un exposé de faits tellement suggestif
que chacun pouvait en tirer les conclusions.
Mais la clientèle « bien pensante » n’en fut
pas enchantée et les journaux ne soufflèrent
mot de cette conférence si remarquable.
Wickam Steed se garde de prophétiser,
mais il affirme que si dans les nations diri
geantes il n’y a pas un nombre suffisant d’indi
vidus pour penser clair et dire vrai, le monde
va à sa perte.
Un fait domine la situation : c’est l’interdé
pendance de toutes les nations aujourd’hui.
Aucune question ne peut être résolue si on ne
l’envisage du point de vue international.
Aussi « évitons comme la peste le point de vue
paroissien, provincial ».
L’Europe veut-elle s’entendre et s’organiser
ou devenir une petite péninsule attachée au
grand continent asiatique ?
L’abstention de l’Amérique dans la Société
des Nations a paralysé la politique anglaise.
L’Amérique adorait la prospérité jusqu’en oc
tobre 1929, comme le dieu unique ; le peuple
américain a vu son dieu tomber et il va sans
doute se réveiller avec le sens international.
On parle de « sécurité » sans cesse, mais la
sécurité est un état d'esprit et non un amas
d’armements. Si personne ne croyait à la guerre,
il n’y aurait plus de guerre. Mais nous ne croyons
pas à la paix internationale. Les Anglais et
les Français n’ont pas eu confiance dans les
principes qu’ils affirmaient. C’est pourquoi
on a discrédité la Société des Nations au mo
ment du conflit sino-japonais.
La pensée se propage comme les ondes
hertziennes, de façon presque instantanée et
la conséquence de ce que nous pensons et fai
sons est ressentie presque aussitôt en Asie
et en Amérique.
Les prétendues conclusions des économistes
ne doivent pas nous arrêter, car ce qui est
fondamental dans l’être humain, c’est l’émo
tion, la passion, la foi, l’aspiration — et, sous
l’empire de ces forces — les peuples font les
choses les moins économiques du monde.
D’un autre côté, dans un leader de La Volonté
du 25 mai, qui a eu du retentissement, Albert
Dubarry fait l’inventaire de la situation avant
la conférence de Lausanne. Il essaie d’ouvrir
les yeux du Français moyen, qui depuis vingt
ans demeurent obstinément fermés.
La question dettes-réparations est déjà du
passé «*t ne représente plus qu’un détail.
« L’enjeu de la partie sera d’une bien autre
envergure. Il s’agira très brutalement du
sort de notre civilisation. Car, aujourd’hui
cette civilisation glisse vers l’abîme à une
allure vertigineuse. D’un jour à l’autre, une
catastrophe encore plus effroyable que la der
nière guerre peut se déclancher. Jamais de
puis des siècles, la menace n’a été aussi profon
dément tragique. »
Il faudrait citer en entier ce remarquable
article, en voici du moins la partie essen
tielle :
« Le système sur lequel est édifiée la vie
économique de l’occident a déjà virtuellement
fait faillite. Si on ne cherche pas à le restaurer
par des modifications radicales, la faillite
deviendra, en quelques semaines, officielle.
Elle frappera d’abord, avec l’Amérique,
les pays européens de l’Europe centrale et
balkanique. Puis, elle atteindra les pays qui,
jusqu’ici, ont eu le tort de se croire à l’abri.
Nous sommes à la veille de voir les monnaies
s’effondrer, les banques sauter, les industries
cesser de fonctionner. Tout le délicat méca
nisme du crédit, de la production et du com
merce —- qui domine l’existence quotidienne
de tous les peuples et de tous les individus -
ce délicat mécanisme est déjà entièrement
paralysé. Il ne vit plus que d’une vie artifi
cielle : il n’est plus qu’une apparence derrière
laquelle s’instaure le plus indescriptible des
chaos...
Lausanne se sera que l’antichambre de la
catastrophe si elle n’est pas le lieu d’entente
des Etats menacés ».
Faisant écho à ces affirmations, Victor
Margueritte, dans La Volonté du 27 mai, dé
clarait : « Après trois mois passés à Genève
et à Berlin, dans l’observation de tous les miJ
lieux, j’atteste que nous touchons à l’heure
suprême. Si, avant même d’entreprendre une
nette évolution sociale, la France ne se rap
proche pas de l’Allemagne, l’écroulement gé
néral, un peu plus tôt, un peu plus tard, est
certain. »
Les Allemands redoutent les visées impéria
listes de la France, et tous se refusent à payer
un tribut pendant 60 ans. La France, encore
intoxiquée par le poincarisme, ne comprend
pas que Hitler est le produit de la misère alle
mande.
Situation catastrophique, si au plus tôt
on n’abroge pas l’article 231 du traité de
Versailles, si Ton n’abolit pas douanes et fron
tières, si Ton ne passe l’éponge sur les dettes
et réparations entre toutes les nations.
Le danger crève les yeux. Les peuples ver
ront-ils, comprendront-ils ? Et parmi les gou
vernants, se trouvera-t-il des hommes qui
aient l’audace de faire le geste nécessaire ?
Nous n’avons que faire des orateurs, des
érudits, des bâtisseurs de projets. Il faut des
hommes de la taille de César, d’Esaïe, des
hommes de foi et de courage, des hommes
libres comme François d’Assise, avisés comme
Colbert, énergiques comme Napoléon...
Où sont les hommes qui sauveront le monde ?
D r M. DUMESNIL.
as aaaBiB aa aaaa aaaïnHaa an «««a»
Impressions d’Allemagne
Edgar Quinet disait- que le traité de Franc-
or t, imposé par Bismarck à la France, en 1871,
c’était la guerre à perpétuité sous le masque de
la paix. Que penser de celui de Versailles qui
viole les quatorze points de Wilson sur la foi
desquels TAllemagiie avait déposé les armes
et détruit son armée avec la certitude que son
exemple serait suivi, qui la rend seule respon
sable de la guerre et la condamne sans juge
ment malgré son appel à une Cour de justice
internationale !
« Il n’y a pas de traité de Versailles ; il y a
une dictée et une dictée n’a aucune valeur juri
dique et n’oblige pas en conscience. »
Voilà ce que nous entendions constamment
au cours du séjour prolongé que nous venons
de faire en Allemagne.
Comme la France est seule à se cramponner
à cette dictée, à s’opposer à toute Cour de jus
tice sur l’article 231 et à se boucher les oreilles
devant ses archives verrouillées alors que les
autres belligérants ont depuis longtemps publié
les leurs, le séjour d’un Français en Allemagne
n’a rien de bien agréable pour lui. Le France
y est rendue responsable de tous les maux
qui affligent la peuple et ces maux s’aggravent
chaque jour. La France a connu la guerre avec
ses horreurs et ses ruines ; l’effondrement
lui a été épargné. L’Allemagne a été soumise
à de plus cruelles épreuves : deux millions de
tués, blocus de la faim, guerre civile, condi
tions draconiennes de l’armistice, maintien
de ses prisonniers en captivité alors que les
nôtres étaient rapatriés, chaos de l’inflation,
vingt-cinq millions de victimes du chômage,
paralysie de toute la vie économique, la misère,
la faim et le froid pour le peuple, décrets de dé
tresse pour tous. Les fondements mêmes de son
existence se trouvent ébranlés.
Ce n’est pas seulement du côté de l’Autriche,
qui n’est pas mieux partagée, que l’Allemagne
veut la suppression des barrières douanières,
c’est à toutes ses frontières. En septembre
1928, en ouvrant l’assemblée, de l’industrie et
des chambres de commerce, Stresemann récla
mait la suppression de toutes les douanes, ce
qui faciliterait l’entente et la paix.
La France s’y oppose comme elle s’oppose
au désarmement. En subordonnant à Genève
la réduction des armements à la réalisation d’une
foule de réformes — bonnes en elles-mêmes,
mais dont la mise au point serait nécessairement
très longue — ne renvoie-t-elle pas cette réduc
tion aux calendes grecques ?
« Le plan Hoover est venu à point pour nous
permettre de respirer un peu, nous déclarait
un pacifiste allemand ; mais il eut été mieux
de pouvoir s’en passer. La France se révèle
d’une susceptibilité de plus en plus irritable à
l’égard de tout ce qui pourrait mettre en péril
ses exigences de nation victorieuse. »
Nos généraux et hommes d’Etat ne vou
laient-ils pas une victoire éclatante ?
Il faut se défier des victoires éclatantes.
Elles sont toujours fragiles, car l’adversaire
momentanément écrasé ne se résigne pas à la
défaite. Gare au jour de sa revanche et de ses
représailles ! Nos généraux et hommes d’Etat
le savent et n’est-ce pas parce qu’ils n’ont pas
la conscience en paix qu’ils cherchent une vaine
sécurité dans des armements proAmcateurs,
semeurs de défiance, de division et d’esprit de
guerre ?
La confiance au contraire appellerait la con
fiance et produirait l’union et la paix.
Avant la guerre, la jeune Allemagne, pas
sionnée d’un avenir meilleur pour l’humanité,
tournait ses regards du côté de la France.
Pour qu’elle y dirige à nouveau ses yeux, il fau
drait que la France fasse entendre une parole de
vie spirituelle comme celles qu’un Jaurès savait
parfois faire entendre. Mais elle en semble,
hélas, encore bien loin !
★
* *
Pendant notre séjour à Berlin, nous avons eu
la bonne fortune de rencontrer M. Stegerwald,
l’un des hommes les plus en vue du parti cen
triste. Il est le fondateur et président des syn
dicats chrétiens, qui groupent plus d’un million
d’ouvriers. C’est lui cpii a le mérite d’avoir
découvert M. Brüning. Car, en 1920, lorsque
M. Brüning était encore totalement inconnu,
c’est le Ministre du Travail du Reich, M. Ste
gerwald — il était à cette époque également
président du Conseil prussien — qui, devinant
le premier la puissance de travail et le don de
synthèse du jeune inconnu, se l’attacha comme
secrétaire privé.
Le nombre des chômeurs avait déjà dépassé
6 millions. Ajoutez-y leurs femmes et leurs
enfants, vous aurez le total des victimes du chô
mage complet — sans compter les autres !
L’ensemble des dépenses qu’entraîne l’entre
tien des sans-travail s’élève, d’après les der
nières statistiques, à 3.300 millions de marks,
soit près de 22 milliards de francs.
Nous avons demandé à M. Stegerwald ce qu’il
fallait penser de ces chiffres. Il nous a répondu :
« L’étranger fermant de plus en plus ses dé
bouchés aux produits allemands, il faut malheu
reusement s’attendre à voir le chômage prendre
des . proportions plus catastrophiques.
« La morale chrétienne la plus élémentaire
commande de ne pas laisser mourir de faim
des malheureux qui ne demanderaient pas mieux
que de travailler. C’est aussi le seul moyen de
préserver d’actes de désespoir des millions
d’existences brisées, travaillées fortement par
l’extrémisme de droite et de gauche. Les allo
cations de l’Etat, réduites à l’extrême, leur
assurent à peine le strict nécessaire. Heureuse
ment, l’initiative privée vient à notre aide,
surtout par l’assistance par le travail. »
— Le chômage n’est-il pas dû, avant tout, à
la rationalisation ?
« Il ne faudrait pas en surestimer les effets.
Dans certaines entreprises de notre pays, la
rationalisation a été au moins aussi poussée
de 1908 à 1913 que de 1924 à 1929. »
— La suppression des réparations, demandée
par l’Allemagne, aurait-elle pour effet de ter
miner, comme d’un coup de baguette magique,
à la fois la crise allemande et la crise mondiale ?
« La crise ne pourra diminuer que peu à peu.
C’est une erreur de croire que l’Allemagne,
dotée d’un puissant appareil industriel, se trou
verait, vis-à-vis des autres pays, dans un état
d’écrasante supériorité économique. On dit que,
délivré des réparations, nous allqns submerger
de nos produits les autres états. Mais pour que
nous puissions produire, il nous faut continuel
à acheter chez les autres. Le caoutchouc, le
fer, le cuivre, sont des produits que nous ne
trouvons pas chez nous. Une reprise des affaires
en Allemagne entraînerait une reprise dans
les autres pays. Il va sans dire qu’on devrait
s’engager dans une nouvelle politique doua
nière et organiser, non la concurrence, mais
la collaboration internationale. N’oubliez pas
que les causes économiques mettent la paix
en péril bien plus que les causes politiques.
« D’autres pays se déclarent hors d’état de
payer leurs dettes extérieures si l’argent ne
leur en est pas avancé par l’Allemagne. Ces
I pays connaissent un chômage infiniment moindre
et ils disposent de puissantes colonies.
« Je ne veux pas dramatiser. Je crois pour
tant pouvoir affirmer que si, pour le moment,
nous commandons encore aux événements,
ceux-ci pourront bientôt se précipiter. Les
signes avertisseurs se multiplient. Les experts
de Bâle les ont nettement dénoncés. Les mécon
naître comporte' des responsabilités écrasantes. »
Amis de Y Universel, retenons surtout cette
paroles : « Les causes économiques mettent la
paix en péril bien plus que les caùse£ politiques. »
En effet, il n’est pas d’exemple dans l’histoire
qu’une lutte économique persistante et exces
sive ne se résolve un jour sur les champs de
bataille.
★
f +
Ne prenez pas au tragique les manifesta
tions bruyantes des Nazis et des Casques d’aeier
dont la presse bourgeoise française, qui émerge
au budget occulte des nouvelles tendancieuses
et du bourrage de crânes,, remplit ses colonnes.
Les manifestations de la Reichsbanner, du
Front d’airain, de l’Ordre, de la Jeune-Allemagne
— dont la note caractéristique est de combattre
la ploutocratie et la politique d’intérêt — et de
la puissante organisation des jeunesses catho
liques ne sont pas moins nombreuses et signi
ficatives. Mais notre presse n’en parle pas. On
dirait qu’elle s’applique à ne collectionner qu.se
le pire, afin d’entretenir la haine et les malen
tendus. On pourrait croire que ceux qui l’ins
pirent, pour qui la raison d’Etat prime toute
espèce de morale, ne seraient pas fâchés de voir
une perturbation grave se produire en Alle
magne afin que, lors du plébiscite auquel ils
seront convoqués dans trois ans, les habitants
de la Sarre soient portés à voter par intérêt
pour la France.
Comme si la France ne pouvait être grande
qu’en abaissant ses voisins et non en entraî
nant par son exemple les autres nations vers
les cîmes de la vertu et de la sainteté ! L'Uni
versel a un jour intitulé un de ses articles : « La
Paix par l’esprit de pauvreté ». Comme il a
raison ! Aux vices de la société contemporaine
il n’y a de remède que dans l’Evangile.
L’hitlérisme ne constitue pas une menace
directe de guerre. Les Nazis ne sont pas seuls
à réclamer l’égalité entre nations, ce qui serait
plutôt une garantie de paix, la paix étant condi
tionnée par la justice. S’ils désirent l’égalité
des armements, ce n’est pas du tout en vue
d’une guerre de revanche. Leur raisonnement
est celui-ci : « La France impose ses volontés
à Genève parce qu’elle a derrière elle d’innom
brables canons, l’aviation militaire la plus
puissante du monde et une énorme quantité
de sous-marins ; pour que l’Allemagne puisse
aussi faire entendre sa voix, il est indispensable
/
TRIMESTRIEL
3
TRIMESTRE 1 932f
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’inteknatjonale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HFCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHMITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
Mmes Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M mes R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement
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5 francs.
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O fr. 50
PARIS n* 21T.31
Souscriptions :
bre adhérent 1 O francs.
Membre actif.., 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
la Folie... a ol neiieni l'emince
Depuis douze ans, nous avons redit, sous
mille formes, dans Y Universel, que la soi-
disant « dernière » de 1914 était le prélude
d’une autre guerre plus terrible ; que les stu
pides et iniques traités de Versailles, de Trianon,
de Saint-Germain, portaient en eux le germe
de nouveaux conflits ; que l’appétit de jouis
sance et l’arrivisme efïrené développés de 1914
à 1919 et s’épanouissant après guerre, me
naient le monde à sa ruine. On n’a pas voulu
nous entendre, ou bien les prétendus savants
ont haussé les épaules considérant avec mépris
nos folles élucubrations.
Nous avons aujourd’hui la triste satisfac
tion d’avoir eu raison, et les meilleurs esprits
abondent dans le sens des thèses que nous
avons soutenues. Nous n’en citerons pour
exemple, que trois récentes manifestations.
Le 20 mai dernier, le grand journaliste an
glais, Wickam Steed, directeur de la politique
internationale au Times, est venu faire à Mul
house une conférence sous ce titre : « Où va
le monde ? » Dans un français excellent, et
avec l’humour le plus fin, ce parfait gentleman
de culture au moins européenne a fait à son
auditoire un exposé de faits tellement suggestif
que chacun pouvait en tirer les conclusions.
Mais la clientèle « bien pensante » n’en fut
pas enchantée et les journaux ne soufflèrent
mot de cette conférence si remarquable.
Wickam Steed se garde de prophétiser,
mais il affirme que si dans les nations diri
geantes il n’y a pas un nombre suffisant d’indi
vidus pour penser clair et dire vrai, le monde
va à sa perte.
Un fait domine la situation : c’est l’interdé
pendance de toutes les nations aujourd’hui.
Aucune question ne peut être résolue si on ne
l’envisage du point de vue international.
Aussi « évitons comme la peste le point de vue
paroissien, provincial ».
L’Europe veut-elle s’entendre et s’organiser
ou devenir une petite péninsule attachée au
grand continent asiatique ?
L’abstention de l’Amérique dans la Société
des Nations a paralysé la politique anglaise.
L’Amérique adorait la prospérité jusqu’en oc
tobre 1929, comme le dieu unique ; le peuple
américain a vu son dieu tomber et il va sans
doute se réveiller avec le sens international.
On parle de « sécurité » sans cesse, mais la
sécurité est un état d'esprit et non un amas
d’armements. Si personne ne croyait à la guerre,
il n’y aurait plus de guerre. Mais nous ne croyons
pas à la paix internationale. Les Anglais et
les Français n’ont pas eu confiance dans les
principes qu’ils affirmaient. C’est pourquoi
on a discrédité la Société des Nations au mo
ment du conflit sino-japonais.
La pensée se propage comme les ondes
hertziennes, de façon presque instantanée et
la conséquence de ce que nous pensons et fai
sons est ressentie presque aussitôt en Asie
et en Amérique.
Les prétendues conclusions des économistes
ne doivent pas nous arrêter, car ce qui est
fondamental dans l’être humain, c’est l’émo
tion, la passion, la foi, l’aspiration — et, sous
l’empire de ces forces — les peuples font les
choses les moins économiques du monde.
D’un autre côté, dans un leader de La Volonté
du 25 mai, qui a eu du retentissement, Albert
Dubarry fait l’inventaire de la situation avant
la conférence de Lausanne. Il essaie d’ouvrir
les yeux du Français moyen, qui depuis vingt
ans demeurent obstinément fermés.
La question dettes-réparations est déjà du
passé «*t ne représente plus qu’un détail.
« L’enjeu de la partie sera d’une bien autre
envergure. Il s’agira très brutalement du
sort de notre civilisation. Car, aujourd’hui
cette civilisation glisse vers l’abîme à une
allure vertigineuse. D’un jour à l’autre, une
catastrophe encore plus effroyable que la der
nière guerre peut se déclancher. Jamais de
puis des siècles, la menace n’a été aussi profon
dément tragique. »
Il faudrait citer en entier ce remarquable
article, en voici du moins la partie essen
tielle :
« Le système sur lequel est édifiée la vie
économique de l’occident a déjà virtuellement
fait faillite. Si on ne cherche pas à le restaurer
par des modifications radicales, la faillite
deviendra, en quelques semaines, officielle.
Elle frappera d’abord, avec l’Amérique,
les pays européens de l’Europe centrale et
balkanique. Puis, elle atteindra les pays qui,
jusqu’ici, ont eu le tort de se croire à l’abri.
Nous sommes à la veille de voir les monnaies
s’effondrer, les banques sauter, les industries
cesser de fonctionner. Tout le délicat méca
nisme du crédit, de la production et du com
merce —- qui domine l’existence quotidienne
de tous les peuples et de tous les individus -
ce délicat mécanisme est déjà entièrement
paralysé. Il ne vit plus que d’une vie artifi
cielle : il n’est plus qu’une apparence derrière
laquelle s’instaure le plus indescriptible des
chaos...
Lausanne se sera que l’antichambre de la
catastrophe si elle n’est pas le lieu d’entente
des Etats menacés ».
Faisant écho à ces affirmations, Victor
Margueritte, dans La Volonté du 27 mai, dé
clarait : « Après trois mois passés à Genève
et à Berlin, dans l’observation de tous les miJ
lieux, j’atteste que nous touchons à l’heure
suprême. Si, avant même d’entreprendre une
nette évolution sociale, la France ne se rap
proche pas de l’Allemagne, l’écroulement gé
néral, un peu plus tôt, un peu plus tard, est
certain. »
Les Allemands redoutent les visées impéria
listes de la France, et tous se refusent à payer
un tribut pendant 60 ans. La France, encore
intoxiquée par le poincarisme, ne comprend
pas que Hitler est le produit de la misère alle
mande.
Situation catastrophique, si au plus tôt
on n’abroge pas l’article 231 du traité de
Versailles, si Ton n’abolit pas douanes et fron
tières, si Ton ne passe l’éponge sur les dettes
et réparations entre toutes les nations.
Le danger crève les yeux. Les peuples ver
ront-ils, comprendront-ils ? Et parmi les gou
vernants, se trouvera-t-il des hommes qui
aient l’audace de faire le geste nécessaire ?
Nous n’avons que faire des orateurs, des
érudits, des bâtisseurs de projets. Il faut des
hommes de la taille de César, d’Esaïe, des
hommes de foi et de courage, des hommes
libres comme François d’Assise, avisés comme
Colbert, énergiques comme Napoléon...
Où sont les hommes qui sauveront le monde ?
D r M. DUMESNIL.
as aaaBiB aa aaaa aaaïnHaa an «««a»
Impressions d’Allemagne
Edgar Quinet disait- que le traité de Franc-
or t, imposé par Bismarck à la France, en 1871,
c’était la guerre à perpétuité sous le masque de
la paix. Que penser de celui de Versailles qui
viole les quatorze points de Wilson sur la foi
desquels TAllemagiie avait déposé les armes
et détruit son armée avec la certitude que son
exemple serait suivi, qui la rend seule respon
sable de la guerre et la condamne sans juge
ment malgré son appel à une Cour de justice
internationale !
« Il n’y a pas de traité de Versailles ; il y a
une dictée et une dictée n’a aucune valeur juri
dique et n’oblige pas en conscience. »
Voilà ce que nous entendions constamment
au cours du séjour prolongé que nous venons
de faire en Allemagne.
Comme la France est seule à se cramponner
à cette dictée, à s’opposer à toute Cour de jus
tice sur l’article 231 et à se boucher les oreilles
devant ses archives verrouillées alors que les
autres belligérants ont depuis longtemps publié
les leurs, le séjour d’un Français en Allemagne
n’a rien de bien agréable pour lui. Le France
y est rendue responsable de tous les maux
qui affligent la peuple et ces maux s’aggravent
chaque jour. La France a connu la guerre avec
ses horreurs et ses ruines ; l’effondrement
lui a été épargné. L’Allemagne a été soumise
à de plus cruelles épreuves : deux millions de
tués, blocus de la faim, guerre civile, condi
tions draconiennes de l’armistice, maintien
de ses prisonniers en captivité alors que les
nôtres étaient rapatriés, chaos de l’inflation,
vingt-cinq millions de victimes du chômage,
paralysie de toute la vie économique, la misère,
la faim et le froid pour le peuple, décrets de dé
tresse pour tous. Les fondements mêmes de son
existence se trouvent ébranlés.
Ce n’est pas seulement du côté de l’Autriche,
qui n’est pas mieux partagée, que l’Allemagne
veut la suppression des barrières douanières,
c’est à toutes ses frontières. En septembre
1928, en ouvrant l’assemblée, de l’industrie et
des chambres de commerce, Stresemann récla
mait la suppression de toutes les douanes, ce
qui faciliterait l’entente et la paix.
La France s’y oppose comme elle s’oppose
au désarmement. En subordonnant à Genève
la réduction des armements à la réalisation d’une
foule de réformes — bonnes en elles-mêmes,
mais dont la mise au point serait nécessairement
très longue — ne renvoie-t-elle pas cette réduc
tion aux calendes grecques ?
« Le plan Hoover est venu à point pour nous
permettre de respirer un peu, nous déclarait
un pacifiste allemand ; mais il eut été mieux
de pouvoir s’en passer. La France se révèle
d’une susceptibilité de plus en plus irritable à
l’égard de tout ce qui pourrait mettre en péril
ses exigences de nation victorieuse. »
Nos généraux et hommes d’Etat ne vou
laient-ils pas une victoire éclatante ?
Il faut se défier des victoires éclatantes.
Elles sont toujours fragiles, car l’adversaire
momentanément écrasé ne se résigne pas à la
défaite. Gare au jour de sa revanche et de ses
représailles ! Nos généraux et hommes d’Etat
le savent et n’est-ce pas parce qu’ils n’ont pas
la conscience en paix qu’ils cherchent une vaine
sécurité dans des armements proAmcateurs,
semeurs de défiance, de division et d’esprit de
guerre ?
La confiance au contraire appellerait la con
fiance et produirait l’union et la paix.
Avant la guerre, la jeune Allemagne, pas
sionnée d’un avenir meilleur pour l’humanité,
tournait ses regards du côté de la France.
Pour qu’elle y dirige à nouveau ses yeux, il fau
drait que la France fasse entendre une parole de
vie spirituelle comme celles qu’un Jaurès savait
parfois faire entendre. Mais elle en semble,
hélas, encore bien loin !
★
* *
Pendant notre séjour à Berlin, nous avons eu
la bonne fortune de rencontrer M. Stegerwald,
l’un des hommes les plus en vue du parti cen
triste. Il est le fondateur et président des syn
dicats chrétiens, qui groupent plus d’un million
d’ouvriers. C’est lui cpii a le mérite d’avoir
découvert M. Brüning. Car, en 1920, lorsque
M. Brüning était encore totalement inconnu,
c’est le Ministre du Travail du Reich, M. Ste
gerwald — il était à cette époque également
président du Conseil prussien — qui, devinant
le premier la puissance de travail et le don de
synthèse du jeune inconnu, se l’attacha comme
secrétaire privé.
Le nombre des chômeurs avait déjà dépassé
6 millions. Ajoutez-y leurs femmes et leurs
enfants, vous aurez le total des victimes du chô
mage complet — sans compter les autres !
L’ensemble des dépenses qu’entraîne l’entre
tien des sans-travail s’élève, d’après les der
nières statistiques, à 3.300 millions de marks,
soit près de 22 milliards de francs.
Nous avons demandé à M. Stegerwald ce qu’il
fallait penser de ces chiffres. Il nous a répondu :
« L’étranger fermant de plus en plus ses dé
bouchés aux produits allemands, il faut malheu
reusement s’attendre à voir le chômage prendre
des . proportions plus catastrophiques.
« La morale chrétienne la plus élémentaire
commande de ne pas laisser mourir de faim
des malheureux qui ne demanderaient pas mieux
que de travailler. C’est aussi le seul moyen de
préserver d’actes de désespoir des millions
d’existences brisées, travaillées fortement par
l’extrémisme de droite et de gauche. Les allo
cations de l’Etat, réduites à l’extrême, leur
assurent à peine le strict nécessaire. Heureuse
ment, l’initiative privée vient à notre aide,
surtout par l’assistance par le travail. »
— Le chômage n’est-il pas dû, avant tout, à
la rationalisation ?
« Il ne faudrait pas en surestimer les effets.
Dans certaines entreprises de notre pays, la
rationalisation a été au moins aussi poussée
de 1908 à 1913 que de 1924 à 1929. »
— La suppression des réparations, demandée
par l’Allemagne, aurait-elle pour effet de ter
miner, comme d’un coup de baguette magique,
à la fois la crise allemande et la crise mondiale ?
« La crise ne pourra diminuer que peu à peu.
C’est une erreur de croire que l’Allemagne,
dotée d’un puissant appareil industriel, se trou
verait, vis-à-vis des autres pays, dans un état
d’écrasante supériorité économique. On dit que,
délivré des réparations, nous allqns submerger
de nos produits les autres états. Mais pour que
nous puissions produire, il nous faut continuel
à acheter chez les autres. Le caoutchouc, le
fer, le cuivre, sont des produits que nous ne
trouvons pas chez nous. Une reprise des affaires
en Allemagne entraînerait une reprise dans
les autres pays. Il va sans dire qu’on devrait
s’engager dans une nouvelle politique doua
nière et organiser, non la concurrence, mais
la collaboration internationale. N’oubliez pas
que les causes économiques mettent la paix
en péril bien plus que les causes politiques.
« D’autres pays se déclarent hors d’état de
payer leurs dettes extérieures si l’argent ne
leur en est pas avancé par l’Allemagne. Ces
I pays connaissent un chômage infiniment moindre
et ils disposent de puissantes colonies.
« Je ne veux pas dramatiser. Je crois pour
tant pouvoir affirmer que si, pour le moment,
nous commandons encore aux événements,
ceux-ci pourront bientôt se précipiter. Les
signes avertisseurs se multiplient. Les experts
de Bâle les ont nettement dénoncés. Les mécon
naître comporte' des responsabilités écrasantes. »
Amis de Y Universel, retenons surtout cette
paroles : « Les causes économiques mettent la
paix en péril bien plus que les caùse£ politiques. »
En effet, il n’est pas d’exemple dans l’histoire
qu’une lutte économique persistante et exces
sive ne se résolve un jour sur les champs de
bataille.
★
f +
Ne prenez pas au tragique les manifesta
tions bruyantes des Nazis et des Casques d’aeier
dont la presse bourgeoise française, qui émerge
au budget occulte des nouvelles tendancieuses
et du bourrage de crânes,, remplit ses colonnes.
Les manifestations de la Reichsbanner, du
Front d’airain, de l’Ordre, de la Jeune-Allemagne
— dont la note caractéristique est de combattre
la ploutocratie et la politique d’intérêt — et de
la puissante organisation des jeunesses catho
liques ne sont pas moins nombreuses et signi
ficatives. Mais notre presse n’en parle pas. On
dirait qu’elle s’applique à ne collectionner qu.se
le pire, afin d’entretenir la haine et les malen
tendus. On pourrait croire que ceux qui l’ins
pirent, pour qui la raison d’Etat prime toute
espèce de morale, ne seraient pas fâchés de voir
une perturbation grave se produire en Alle
magne afin que, lors du plébiscite auquel ils
seront convoqués dans trois ans, les habitants
de la Sarre soient portés à voter par intérêt
pour la France.
Comme si la France ne pouvait être grande
qu’en abaissant ses voisins et non en entraî
nant par son exemple les autres nations vers
les cîmes de la vertu et de la sainteté ! L'Uni
versel a un jour intitulé un de ses articles : « La
Paix par l’esprit de pauvreté ». Comme il a
raison ! Aux vices de la société contemporaine
il n’y a de remède que dans l’Evangile.
L’hitlérisme ne constitue pas une menace
directe de guerre. Les Nazis ne sont pas seuls
à réclamer l’égalité entre nations, ce qui serait
plutôt une garantie de paix, la paix étant condi
tionnée par la justice. S’ils désirent l’égalité
des armements, ce n’est pas du tout en vue
d’une guerre de revanche. Leur raisonnement
est celui-ci : « La France impose ses volontés
à Genève parce qu’elle a derrière elle d’innom
brables canons, l’aviation militaire la plus
puissante du monde et une énorme quantité
de sous-marins ; pour que l’Allemagne puisse
aussi faire entendre sa voix, il est indispensable
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