Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1929-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1929 01 octobre 1929
Description : 1929/10/01-1929/12/31. 1929/10/01-1929/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565310m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
32® ANNÉE
fRIMÉSTRIEL
ÔCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1929
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
P r Frédéric BONHOMME, Henri NADEL, Jean DALENS, Pr Hermann KUTTER
P r |Joël THÉZARD, Louis GUÉTANT, Albert CASTIAUX, Dr Henry MARIAVÉ.
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
Les articles n’engagent que la responsabilité des rédacteurs.
Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro „
O fr. 50
PARIS n" 217.31
Souscriptions, :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs.
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
SU UIIITE
Combien est-il 'd’hommes aujourd’hui qui
se rendent compte de la situation en France
et en Europe et de' l’ampleur du problème
économique et politique ? A coup sûr, nos
dirigeants n’y voient rien, car depuis la
guerre il n’ont fait qu’accumuler erreurs sur
sottises. Bornés par leurs préjugés, cristalli
sés dans leurs routines, ils vivent sur les for
mules d’il y a 40 ans et ne se sont pas aperçus
que, depuis 1914, il s’était passé quelque
chose dans le mande. Aussi font-ils une poli
tique d’expédients, imprévoyante, incohérente
et qui nous enlise de plus en plus chaque
j our.
Quelques esprits ont cependant une vue
nette de la situation. En premier lieu, il faut
citer Georges Valois et son équipe des Cahiers
Bleus. Ces cahiers qui ne coûtent qu’un franc
pièce, par abonnement, apportent chaque sa
medi un exposé intéressant, nourri, des ques
tions du jour dont plusieurs constituent des
«ouvrages de premier ordre. Marchant hardi
ment de l’avant, sans souci des clans et sans
préoccupation de plaire à une coterie, les Ca
hiers Bleus, en plus d’une source de documen-
tationsérieuse fournissent aux esprits désireux
de vérité, des études, dont la caractéristique est
d’être constructives.
Des 26 cahiers déjà païus, presque tous
sont à retenir, qu’ils exposent un problème
familial et social partout présent, comme La
querelle des générations, de Pierre Dominique,
ou le problème agricole ou la question alle
mande. Mais nous voulons, en cette courte
notice, en signaler surtout deux, de Georges
Valois, où la situation politique de la France
et la situation internationale sont exposés avec
lucidité, une largeur de vues, une perspicacité
et une vigueur de pensée qu’on rencontre bien
rarement à l’heure actuelle.
Le 6 e cahier «A longueur d'ondes » écrit en
novembre 1928, après l’affaire de Paris, établit
nettement l’impuissance de Poincaré à résou
dre les questions pendantes et à réaliser l’or
dre nouveau, l’erreur de la politique fiscale,
et l’aveuglement du pays « qui aimeM. Poin
caré parce que le président ne lui demande
rien qui heurte ses habitudes d’esprit. Et le
pays se complaît dans ce sentiment qui entre
tient une illusion par laquelle il croit que les
grands changements de l’État seront obtenus
en conservant toutes les vieilles habitudes. »
Et d’ailleurs il n’y a rien, parlementaire-
ment, pour remplacer le poincarisme. Ce
n’est pas par les routines parlementaires ni
par les vieilles méthodes de lutte d’opinion
que se résoudra le profond malaise actuel.
Nouvelle technique pour la réalisation d’un
ordre nouveau c’est la véritable nécessité, si
nous voulons échapper à la coalition conser
vatrice, dont le but est de maintenir l’ordre
actuel par la suprématie de la police. Il faut
que le pays comprenne « que l’œuvre à en
treprendre est non pas la « restauration de
l’ordre mais la construction de l’ordre nou
veau. »
Le 26 e cahier (16 e de la 2 e série) , lever
du rideau avant les tragédies mondiales, expose
de façon magistrale la situation européenne
après la ratification et le plan Young. Main
mise de l’Amérique sur l’économie de l’Eu
rope pour s’étendre ultérieurement sur l’Asie.
Mais, pauvreté des arguments étalés par les
ratificateurs et les non ratificateurs, stupidité
du chauvinisme de ces «gens qui ne seraient
pas lâchés de vous exciter proprement contre
les U.S.A au nom de nos chères vieilles
petites traditions, de notre chère vieille poli
tesse française, du pot-au-feu, de notre glo
rieux passé de chevalerie, au nom de quoi
on tourne en rond autour des statues, une
fois par an. »
Et si l’on veut échapper à l’américanisation,
il faut faire l’Europe. Cela implique la révision
des traités, basés sur la responsabilité des
Empires Centraux, la liquidation de la guerre
à frais communs, l’accord franco-allemand.
Cette thèse, que nous soutenons depuis
1920 nous est trop chère pour que nous n’y
applaudissions pas. Nous souhaitonsàGeorges
Valois le succès que méritent la sincérité et la
richesse de la pensée.
D r M. DUMESNIL.
Dans son livre : La Paix? oui si les femmes
voulaient , Fernand Corcos donne une inter
prétation si curieuse (pour moi tout au moins !)
de la pétition que je lançai, contre le projet
de mobilisation féminine, que je crois devoir
y répondre par amour de la vérité.
Je ne sais, dit Corcos , si beaucoup de femmes
ont signé la pétition proposée, tuais il faut re
connaître que la préoccupation de Mme Cumes-
nil-Huchet est asse\parliculiére. Ce qui lui pa
raît essentiel, c'est que les femmes soient
exemptes des dangers de la guerre. Et leur « ma
ternité »après cela ne s’émeuvraplus. Je m’asso
cie au vœu de la pétitionnaire, mais je suis
plus généreux : je demande que non seulement
les femmes, mais les hommes soient à l'abri
de la catastrophe. »
Si Fernand Corcos connaissait mieux les
pionniers du pacifisme, il saurait que bien
avant la guerre, j’appartenais déjà à leur petite
phalange méprisée, au temps où le pacifisme
n’était pas à la mode comme aujourd’hui. Je
n’ai donc pas attendu que les femmes soient
menacées directement par le militarisme
pour travailler, de toute mon énergie, à l’abo
lition de la guerre. De 1914 à 1918, je fus du
nombre de ces quelques douzaines de femmes
protestataires qui s’abstinrent avec une fidé
lité farouche de toute participation volontaire,
même indirecte, aux hostilités. Atrristée par
l’attitude du parti, féministe, qui dans son
ensemble se souciait en tout premier— afin
de décrocher ce malheureux suffrage — de
soutenir le gouvernement et le moral des trou
pes, je m’éloignai des suffragistes, pour por
ter seule, à mes risques et périls mon message
de paix. Périsse le suffrage, pensais-je pourvu
que les hommes vivent !
Toute ma vie de pacifiste porte donc témoi
gnage, pour me défendre d’une préoccupation
aussi « particulière » que celle dont Corcos
m’accuse dans son livre. Je n’ai pas visé
l’exemption des femmes du danger de la
guerre, je n’ai songé qu’à les rassembler,
comme des sœurs, contre la prétention de les
militariser, parce que je voyais dans ce pro
jet, un danger épouvantable, presque indici
ble, pour notre pitoyable mais grande huma
nité, dont la Femme est la mère toute-puis
sante. La lecture c u texte Çoncour me fut
atroce ; les douleurs dont ce projet menaçait
le mande, je les vivais; cette humanité qu’il
préparait et dans laquelle des femmes-soldats
seraient contraintes de participer au carnage
de leurs enfants, je la voyais déjà devant mes
yeux. Je n’ai pas pas pu en supporter la vision
et j'ai jeté le cri de la mère, le seul capable
de percer toutes les ténèbres, et de réveiller
la Femme du plus lourd sommeil.
J’ai voulu d’abord, que menacée,elle prenne
une conscience claire de sa mission qui n’est
que d’amour ; j’ai voulu que les politiciens,
même les plus endurcis, sentent tout-à-coup
la monstruosité de ce qu’ils préparaient, avec
une parfaite inconscience. La militarisation
des femmes a échoué ; les vingt millions de
femmes françaises sont sauvées par une poi
gnée de militantes décidées, ici et ailleurs.
Et maintenant.. . je continue, afin de libérer
les hommes, qui eux n’ont pas su se grouper,
pour empêcher, en son temps, la conscription
obligatoire qui pèse sur les jeunes hommes
depuis plusieurs générations. Les palabres
officiels ne me tournent pas la tête ; je sens
bien que la Paix n’est pas encore venue. Je
ne crois ni en Kellog, ni en Briand, ni en la
Société des Nations, ni au Féminisme. Je
crois, de toute mon âme, en la Femme. Et, si
je gémis, sur l’ignorance où elle vit d’elle-
même, c’est le cœur tremblant d’espérance.
Ce n’est pas de la sentimentalité, je sais que
peu à peu, la Femme étonnée découvrira sa
Maternité Spirituelle et que la face du monde
en sera changée. Je travaille à l’élargissement
de la conscience féminine, afin que la Mère
Universelle qui sommeille, en nous toutes,
s’éveille peu à peu, pour sauver l’humanité
du militarisme et de la guerre.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
NÉCROLOGIE
Le député américain Victor Berger, qui vient
de mourir, a été, avec les sénateurs Borah et La
Folette, l’un des plus grands pacifistes des Etats-
Unis.
En février 1926, il déposa, sur la tribune du
Parlement, une motion en faveur de la révision
du traité de Versailles, dont voici le texte :
« La guerre mondiale a eu pour base mille
mensonges. En conséquence, le président Coo-
lidge est prié de convoquer une conférence inter
nationale pour la révision du traité de Versailles.
Il existe encore aux Etats-Unis quelques hommes
pour se figurer que la guerre a été faite pour as
surer au monde la démocratie et la liberté, et
pour abattre le militarisme. Depuis la soi-disant
paix de Versailles le gouvernement français a
pris en main la fabrication des mensonges. Le
plus grand de tous consiste à dire que l’Alle
magne seule est coupable de la guerre. C’est sur
ce monstrueux mensonge que le traité de Ver
sailles a été édifié ».
mmmmmmmuummummmmmmmm
Paroles immortelles
Lors de la discussion du traité de Versailles, à j
des parlementaires qui lui reprochaient d’avoir ,
laissé les Allemands passer sur la droite du (
Rhin, sans les désarmer, le maréchal Foch ré
pondit :
— Les Allemands se sont bien battus, je ne peux
pas prendre leurs armes à de braves soldats.
Déjà, lors du repli des armées allemandes, à
l’heure où la victoire des Alliés s’affirmait,. le
même maréchal rendait hommage à ses adver
saires en ces termes :
— Les Boches , bons soldais, s.e sont bien battus,
on laissera subsister leur armée .
Document historique
L’Association « Les familles françaises >> a
adressé à M. Aristide Briand, Président du Con
seil, à l’occasion de la Conférence de la Haye,
l’appel ci-dessous, lequel n’a pas besoin de com
mentaires.
— Votre honneur, devant vos contemporains
et devant l’Histoire, ce ne sera pas d’avoir récolté
des applaudissements d'ennemis de la France,
par des discours éloquents et animés d'un souffle
généreux; ce ne sera pas d’avoir fait des conces
sions qui témoignent d’un libéralisme et d’une
confiance charitablement optimiste, en la parole
si souvent violée d’une nation essentiellement
belliqueuse, et dont la guerre a été, de tous
temps, l’industrie nationale; d’une nation qui a
franchi le Rhin pour envahir notre pays cinq
fois en 122 ans. et a envahi et ensanglanté la Bel
gique, qu’elle avait juré de protéger contre toute
agression.
Ce sera, malgré les tendances de votre esprit
libéral et conciliant, et malgré les sollicitations
d’hommes auxquels les tragiques leçons de la
guerre n’ont rien appris ni fait oublier, d’avoir
pris virilement conscience de votre formidable
devoir de chef de gouvernement, de gardien de
notre race, de défenseur du sang de France.
Ce sera, malgré vos sympathies et vos ten
dances personnelles à la concession et à la conci
liation, d’avoir pris conseil, non de vos propres
aspirations, ou de celles de vos amis, mais de
celles du grand mort que vous avez conduit aux
Invalides après avoir déposé son cercueil sous
l’Arc de Triomphe de l’Etoile, auprès du Soldat
inconnu, qui personnifie avec lui les innom
brables héros tombés pour assurer à la France
une barrière forte et stable qui épargne à nos en
fants les horreurs d’une nouvelle invasion.
Vous savez, Monsieur le Président du Conseil,
quel prix le maréchal Foch attachait à la garde
du Rhin et des ponts, qu’il considérait comme
notre seule sauvegarde efficace contre le retour
de la guerre.
Accrochez-vous au Rhin, comme nos poilus
se sont accrochés à la Marne et à Verdun.
Comme eux, tenez bon. Ne lâchez pas un pouce
de terrain. Quand bien même vous risqueriez
votre vie ministérielle, votre vie parlementaire,
votre vie politique. Mais vous ne la risqueriez
pas ; au contraire, vous la consolideriez, vous
l’immortaliseriez.
Pour un homme d’Etat français, ne serait-ce
pas le plus glorieux destin, qui vaut tous les
risques du monde, que de défendre pied à pied,
et au besoin de reprendre par une vigoureuse of
fensive diplomatique comparable à la contre-of
fensive militaire de la Marne, les postes du Rhin
que Foch considérait comme indispensables à la
sécurité de la France et au maintien de la paix ?
Ce n’es.t pas seulement devant les Chambres
que vous êtes responsable, c’est devant le pays
tout entier. Devant le pays qui n’est pas repré
senté uniquement par le suffrage dit universel,
lequel n’est qu’un suffrage très restreint, duquel
sont exclus les femmes et les enfants mineurs qui
auraient le droit naturel'd’être représentés par
leurs parents. C’est devant les familles françaises,
qui représentent à la fois les morts et les vivants :
le passé et l’avenir de la France. C’est devant le
pays tout entier que vous êtes responsable; de
vant le pays, qui parfois sommeille et dont le
réveil est parfois terrible.
Accrochez-vous au Rhin ! Tant que nous le
tiendrons, nous pourrons chercher et nous
trouverons, avec le temps, et avec l’aide de votre
ingéniosité proverbiale, une solution qui, en dé
pit de la grosse voix, des coups de poing sur la
table et des offensives diplomatiques des impé
rialistes belliqueux d’outre-Rhin, permette aux
familles françaises de faire, avec les familles
allemandes, une paix stable et forte, également
désirable pour les unes comme pour les autres,
dans l’intérêt commun de leurs enfants.
uummmmmmmmummmmnummu
SE NTEN CE
Le tribunal d’Arbitrage «de La Haye a déclaré,
dans l’affaire des zones franches, entre la France et l«a
Suisse, le régime de i8i5 et dei8x6,non abrogé par
le traité de Versailles, comme le prétendait le Gouver-
nemen français. La vérité a triomphé! Poincaré a
fait le poing et Briand a tendu la main.
fRIMÉSTRIEL
ÔCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1929
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur
CONSEIL :
M me Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
P r Frédéric BONHOMME, Henri NADEL, Jean DALENS, Pr Hermann KUTTER
P r |Joël THÉZARD, Louis GUÉTANT, Albert CASTIAUX, Dr Henry MARIAVÉ.
Miss P. H. PECKOVER, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
Les articles n’engagent que la responsabilité des rédacteurs.
Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro „
O fr. 50
PARIS n" 217.31
Souscriptions, :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs.
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
SU UIIITE
Combien est-il 'd’hommes aujourd’hui qui
se rendent compte de la situation en France
et en Europe et de' l’ampleur du problème
économique et politique ? A coup sûr, nos
dirigeants n’y voient rien, car depuis la
guerre il n’ont fait qu’accumuler erreurs sur
sottises. Bornés par leurs préjugés, cristalli
sés dans leurs routines, ils vivent sur les for
mules d’il y a 40 ans et ne se sont pas aperçus
que, depuis 1914, il s’était passé quelque
chose dans le mande. Aussi font-ils une poli
tique d’expédients, imprévoyante, incohérente
et qui nous enlise de plus en plus chaque
j our.
Quelques esprits ont cependant une vue
nette de la situation. En premier lieu, il faut
citer Georges Valois et son équipe des Cahiers
Bleus. Ces cahiers qui ne coûtent qu’un franc
pièce, par abonnement, apportent chaque sa
medi un exposé intéressant, nourri, des ques
tions du jour dont plusieurs constituent des
«ouvrages de premier ordre. Marchant hardi
ment de l’avant, sans souci des clans et sans
préoccupation de plaire à une coterie, les Ca
hiers Bleus, en plus d’une source de documen-
tationsérieuse fournissent aux esprits désireux
de vérité, des études, dont la caractéristique est
d’être constructives.
Des 26 cahiers déjà païus, presque tous
sont à retenir, qu’ils exposent un problème
familial et social partout présent, comme La
querelle des générations, de Pierre Dominique,
ou le problème agricole ou la question alle
mande. Mais nous voulons, en cette courte
notice, en signaler surtout deux, de Georges
Valois, où la situation politique de la France
et la situation internationale sont exposés avec
lucidité, une largeur de vues, une perspicacité
et une vigueur de pensée qu’on rencontre bien
rarement à l’heure actuelle.
Le 6 e cahier «A longueur d'ondes » écrit en
novembre 1928, après l’affaire de Paris, établit
nettement l’impuissance de Poincaré à résou
dre les questions pendantes et à réaliser l’or
dre nouveau, l’erreur de la politique fiscale,
et l’aveuglement du pays « qui aimeM. Poin
caré parce que le président ne lui demande
rien qui heurte ses habitudes d’esprit. Et le
pays se complaît dans ce sentiment qui entre
tient une illusion par laquelle il croit que les
grands changements de l’État seront obtenus
en conservant toutes les vieilles habitudes. »
Et d’ailleurs il n’y a rien, parlementaire-
ment, pour remplacer le poincarisme. Ce
n’est pas par les routines parlementaires ni
par les vieilles méthodes de lutte d’opinion
que se résoudra le profond malaise actuel.
Nouvelle technique pour la réalisation d’un
ordre nouveau c’est la véritable nécessité, si
nous voulons échapper à la coalition conser
vatrice, dont le but est de maintenir l’ordre
actuel par la suprématie de la police. Il faut
que le pays comprenne « que l’œuvre à en
treprendre est non pas la « restauration de
l’ordre mais la construction de l’ordre nou
veau. »
Le 26 e cahier (16 e de la 2 e série) , lever
du rideau avant les tragédies mondiales, expose
de façon magistrale la situation européenne
après la ratification et le plan Young. Main
mise de l’Amérique sur l’économie de l’Eu
rope pour s’étendre ultérieurement sur l’Asie.
Mais, pauvreté des arguments étalés par les
ratificateurs et les non ratificateurs, stupidité
du chauvinisme de ces «gens qui ne seraient
pas lâchés de vous exciter proprement contre
les U.S.A au nom de nos chères vieilles
petites traditions, de notre chère vieille poli
tesse française, du pot-au-feu, de notre glo
rieux passé de chevalerie, au nom de quoi
on tourne en rond autour des statues, une
fois par an. »
Et si l’on veut échapper à l’américanisation,
il faut faire l’Europe. Cela implique la révision
des traités, basés sur la responsabilité des
Empires Centraux, la liquidation de la guerre
à frais communs, l’accord franco-allemand.
Cette thèse, que nous soutenons depuis
1920 nous est trop chère pour que nous n’y
applaudissions pas. Nous souhaitonsàGeorges
Valois le succès que méritent la sincérité et la
richesse de la pensée.
D r M. DUMESNIL.
Dans son livre : La Paix? oui si les femmes
voulaient , Fernand Corcos donne une inter
prétation si curieuse (pour moi tout au moins !)
de la pétition que je lançai, contre le projet
de mobilisation féminine, que je crois devoir
y répondre par amour de la vérité.
Je ne sais, dit Corcos , si beaucoup de femmes
ont signé la pétition proposée, tuais il faut re
connaître que la préoccupation de Mme Cumes-
nil-Huchet est asse\parliculiére. Ce qui lui pa
raît essentiel, c'est que les femmes soient
exemptes des dangers de la guerre. Et leur « ma
ternité »après cela ne s’émeuvraplus. Je m’asso
cie au vœu de la pétitionnaire, mais je suis
plus généreux : je demande que non seulement
les femmes, mais les hommes soient à l'abri
de la catastrophe. »
Si Fernand Corcos connaissait mieux les
pionniers du pacifisme, il saurait que bien
avant la guerre, j’appartenais déjà à leur petite
phalange méprisée, au temps où le pacifisme
n’était pas à la mode comme aujourd’hui. Je
n’ai donc pas attendu que les femmes soient
menacées directement par le militarisme
pour travailler, de toute mon énergie, à l’abo
lition de la guerre. De 1914 à 1918, je fus du
nombre de ces quelques douzaines de femmes
protestataires qui s’abstinrent avec une fidé
lité farouche de toute participation volontaire,
même indirecte, aux hostilités. Atrristée par
l’attitude du parti, féministe, qui dans son
ensemble se souciait en tout premier— afin
de décrocher ce malheureux suffrage — de
soutenir le gouvernement et le moral des trou
pes, je m’éloignai des suffragistes, pour por
ter seule, à mes risques et périls mon message
de paix. Périsse le suffrage, pensais-je pourvu
que les hommes vivent !
Toute ma vie de pacifiste porte donc témoi
gnage, pour me défendre d’une préoccupation
aussi « particulière » que celle dont Corcos
m’accuse dans son livre. Je n’ai pas visé
l’exemption des femmes du danger de la
guerre, je n’ai songé qu’à les rassembler,
comme des sœurs, contre la prétention de les
militariser, parce que je voyais dans ce pro
jet, un danger épouvantable, presque indici
ble, pour notre pitoyable mais grande huma
nité, dont la Femme est la mère toute-puis
sante. La lecture c u texte Çoncour me fut
atroce ; les douleurs dont ce projet menaçait
le mande, je les vivais; cette humanité qu’il
préparait et dans laquelle des femmes-soldats
seraient contraintes de participer au carnage
de leurs enfants, je la voyais déjà devant mes
yeux. Je n’ai pas pas pu en supporter la vision
et j'ai jeté le cri de la mère, le seul capable
de percer toutes les ténèbres, et de réveiller
la Femme du plus lourd sommeil.
J’ai voulu d’abord, que menacée,elle prenne
une conscience claire de sa mission qui n’est
que d’amour ; j’ai voulu que les politiciens,
même les plus endurcis, sentent tout-à-coup
la monstruosité de ce qu’ils préparaient, avec
une parfaite inconscience. La militarisation
des femmes a échoué ; les vingt millions de
femmes françaises sont sauvées par une poi
gnée de militantes décidées, ici et ailleurs.
Et maintenant.. . je continue, afin de libérer
les hommes, qui eux n’ont pas su se grouper,
pour empêcher, en son temps, la conscription
obligatoire qui pèse sur les jeunes hommes
depuis plusieurs générations. Les palabres
officiels ne me tournent pas la tête ; je sens
bien que la Paix n’est pas encore venue. Je
ne crois ni en Kellog, ni en Briand, ni en la
Société des Nations, ni au Féminisme. Je
crois, de toute mon âme, en la Femme. Et, si
je gémis, sur l’ignorance où elle vit d’elle-
même, c’est le cœur tremblant d’espérance.
Ce n’est pas de la sentimentalité, je sais que
peu à peu, la Femme étonnée découvrira sa
Maternité Spirituelle et que la face du monde
en sera changée. Je travaille à l’élargissement
de la conscience féminine, afin que la Mère
Universelle qui sommeille, en nous toutes,
s’éveille peu à peu, pour sauver l’humanité
du militarisme et de la guerre.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
NÉCROLOGIE
Le député américain Victor Berger, qui vient
de mourir, a été, avec les sénateurs Borah et La
Folette, l’un des plus grands pacifistes des Etats-
Unis.
En février 1926, il déposa, sur la tribune du
Parlement, une motion en faveur de la révision
du traité de Versailles, dont voici le texte :
« La guerre mondiale a eu pour base mille
mensonges. En conséquence, le président Coo-
lidge est prié de convoquer une conférence inter
nationale pour la révision du traité de Versailles.
Il existe encore aux Etats-Unis quelques hommes
pour se figurer que la guerre a été faite pour as
surer au monde la démocratie et la liberté, et
pour abattre le militarisme. Depuis la soi-disant
paix de Versailles le gouvernement français a
pris en main la fabrication des mensonges. Le
plus grand de tous consiste à dire que l’Alle
magne seule est coupable de la guerre. C’est sur
ce monstrueux mensonge que le traité de Ver
sailles a été édifié ».
mmmmmmmuummummmmmmmm
Paroles immortelles
Lors de la discussion du traité de Versailles, à j
des parlementaires qui lui reprochaient d’avoir ,
laissé les Allemands passer sur la droite du (
Rhin, sans les désarmer, le maréchal Foch ré
pondit :
— Les Allemands se sont bien battus, je ne peux
pas prendre leurs armes à de braves soldats.
Déjà, lors du repli des armées allemandes, à
l’heure où la victoire des Alliés s’affirmait,. le
même maréchal rendait hommage à ses adver
saires en ces termes :
— Les Boches , bons soldais, s.e sont bien battus,
on laissera subsister leur armée .
Document historique
L’Association « Les familles françaises >> a
adressé à M. Aristide Briand, Président du Con
seil, à l’occasion de la Conférence de la Haye,
l’appel ci-dessous, lequel n’a pas besoin de com
mentaires.
— Votre honneur, devant vos contemporains
et devant l’Histoire, ce ne sera pas d’avoir récolté
des applaudissements d'ennemis de la France,
par des discours éloquents et animés d'un souffle
généreux; ce ne sera pas d’avoir fait des conces
sions qui témoignent d’un libéralisme et d’une
confiance charitablement optimiste, en la parole
si souvent violée d’une nation essentiellement
belliqueuse, et dont la guerre a été, de tous
temps, l’industrie nationale; d’une nation qui a
franchi le Rhin pour envahir notre pays cinq
fois en 122 ans. et a envahi et ensanglanté la Bel
gique, qu’elle avait juré de protéger contre toute
agression.
Ce sera, malgré les tendances de votre esprit
libéral et conciliant, et malgré les sollicitations
d’hommes auxquels les tragiques leçons de la
guerre n’ont rien appris ni fait oublier, d’avoir
pris virilement conscience de votre formidable
devoir de chef de gouvernement, de gardien de
notre race, de défenseur du sang de France.
Ce sera, malgré vos sympathies et vos ten
dances personnelles à la concession et à la conci
liation, d’avoir pris conseil, non de vos propres
aspirations, ou de celles de vos amis, mais de
celles du grand mort que vous avez conduit aux
Invalides après avoir déposé son cercueil sous
l’Arc de Triomphe de l’Etoile, auprès du Soldat
inconnu, qui personnifie avec lui les innom
brables héros tombés pour assurer à la France
une barrière forte et stable qui épargne à nos en
fants les horreurs d’une nouvelle invasion.
Vous savez, Monsieur le Président du Conseil,
quel prix le maréchal Foch attachait à la garde
du Rhin et des ponts, qu’il considérait comme
notre seule sauvegarde efficace contre le retour
de la guerre.
Accrochez-vous au Rhin, comme nos poilus
se sont accrochés à la Marne et à Verdun.
Comme eux, tenez bon. Ne lâchez pas un pouce
de terrain. Quand bien même vous risqueriez
votre vie ministérielle, votre vie parlementaire,
votre vie politique. Mais vous ne la risqueriez
pas ; au contraire, vous la consolideriez, vous
l’immortaliseriez.
Pour un homme d’Etat français, ne serait-ce
pas le plus glorieux destin, qui vaut tous les
risques du monde, que de défendre pied à pied,
et au besoin de reprendre par une vigoureuse of
fensive diplomatique comparable à la contre-of
fensive militaire de la Marne, les postes du Rhin
que Foch considérait comme indispensables à la
sécurité de la France et au maintien de la paix ?
Ce n’es.t pas seulement devant les Chambres
que vous êtes responsable, c’est devant le pays
tout entier. Devant le pays qui n’est pas repré
senté uniquement par le suffrage dit universel,
lequel n’est qu’un suffrage très restreint, duquel
sont exclus les femmes et les enfants mineurs qui
auraient le droit naturel'd’être représentés par
leurs parents. C’est devant les familles françaises,
qui représentent à la fois les morts et les vivants :
le passé et l’avenir de la France. C’est devant le
pays tout entier que vous êtes responsable; de
vant le pays, qui parfois sommeille et dont le
réveil est parfois terrible.
Accrochez-vous au Rhin ! Tant que nous le
tiendrons, nous pourrons chercher et nous
trouverons, avec le temps, et avec l’aide de votre
ingéniosité proverbiale, une solution qui, en dé
pit de la grosse voix, des coups de poing sur la
table et des offensives diplomatiques des impé
rialistes belliqueux d’outre-Rhin, permette aux
familles françaises de faire, avec les familles
allemandes, une paix stable et forte, également
désirable pour les unes comme pour les autres,
dans l’intérêt commun de leurs enfants.
uummmmmmmmummmmnummu
SE NTEN CE
Le tribunal d’Arbitrage «de La Haye a déclaré,
dans l’affaire des zones franches, entre la France et l«a
Suisse, le régime de i8i5 et dei8x6,non abrogé par
le traité de Versailles, comme le prétendait le Gouver-
nemen français. La vérité a triomphé! Poincaré a
fait le poing et Briand a tendu la main.
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