Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1929-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1929 01 avril 1929
Description : 1929/04/01-1929/06/30. 1929/04/01-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565308j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
’ UNI VER SEL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
Mme Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
P r Frédéric BONHOMME, Jean van den BERGH, Jean DALENS, Pr Hermann KUTTER
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ.
Albert CASTIAUX Mme MARFURT-TORFS,
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN, Miss P. H. PECKOVER
Les articles réengagent que leurs auteurs
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
ADMINISTRATION :
Abonnement
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Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro.... — ..... —
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PARIS «• 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant 50 francs
Le message
de rtnde au Monde
el Romain Holland son annonciateur
« J’ai consacré ma vie au rapprochement
entre les hommes » écrit Romain Rolland en
tête de l’étude que nous signalons ici. N’est-
ce pas plus que suffisant pour que l’Universel
dont ce rapprochement est la raison d’être
signale la nouvelle et admirable œuvre de cet
homme qui est l’honneur de la France son
pays d’origine et tout ensemble de l’humanité
dont il est le citoyen par son génie et la
hauteur de son inspiration.
C’est dans la Revue £wrope(Rieder éditeur,
7, place Saint-Sulpice, Paris) du 1 5 décembre
1928 et du i 5 février 1929 que nous trouvons
deux articles de Romain Rolland, fragments
et prémisses d’un ouvrage en deux volumes
à paraître chez l’éditeur Stock. Le premier
article est une introduction à une étude sur
la mystique et l’action de l’Inde vivante, le
second est consacré au grand mystique Rama-
krishsna, une troisième nous fera connaître
l’œuvre et la personnalité de Vivekananda,
le philosophe et l’apôtre.
11 n’est point question de résumer ici les
articles de Romain Rolland quisont déjà des
raccourcis condensés mais je voudrais que
tous nos amis fixassent leur attention cordiale
sur ce message d’une profondeur rare d’une
envergure qui dépasse tellement nos petites
polémiques, nos discussions de détail et dont
l’importance embrasse des siècles à venir
parce que ce jaillissement de vie s’élève des
profondeurs cachées où bouillonne le devoir
de l’humanité.
Sous la double inspiration de l’esprit reli
gieux qui par « l’intuition vivante et voyante »
lui fait saisir les réalités profondes, bien au
delà de la lettre, de l’apparence sensible et
du symbole, et delà liberté qui lui fait rejeter
tout Credo exclusif et limitatif (partant faux
par quelque endroit parce qu’il enserre et
ligote en une enceinte l’infinie réalité inem-
brassable) Romain Rolland nous présente en
une magnifique synthèse le tableau vivant de
cette nouvelle efflorescence de l’Esprit dans
l’Inde contemporaine.
Déjà Romain Rolland nous avait donné
avec son Gandhi un aperçu du prodigieux
travail qui s’accomplit de nos jours dans cet
orient que nous ne connaissons guère que
pour le piller. Il nous montre aujourd’hui
une autre face de ce mouvement d’une si
riche complexité qui depuis Ram Mohun Roy
(1774-1833) se poursuit jusqu’à Aurobindo
Ghose le penseur actuellement en pleine
vigueur qui élabore la synthèse la plus com
plète jusqu’ici tentée delà culture occidentale
et de la sagesse orientale, en passant par
Keshub Chunder Sen, Ramakrishna, les Ta-
gore , Vivekananda. Merveilleuse floraison de
l’Esprit dont a grand besoin de respirer les
effluves notre vieil Occident saigné et mutilé,
qui se débat dans le marécage delà politique
à courte vue sans horizon et sans vigueur.
D’un de ces hérauts de l’Infini, Romain
Rolland nous trace un portrait captivant.
Impossible, impossible de résumer ce ré
sumé du livre de Rolland. 11 faut le lire, le
boire.’ C’est un jaillissement, un bouillon
nement de vie qui ne ressemble en rien à une
biographie et laisse piteusement au dessous
d’elle l’érudition pédantesque — c’est un
message qui va droit à l’âme, au cœur — ou
bien l’on n’y comprend rien, on est imper
méable aux vibrations de cet ordre.
Ce petit paysan du Bengale : Ramakrishna
on le rapprocherait de notre Saint Jean de la
Croix ou de Sainte Thérèse,mais avec plus de
joie et de liberté. Lui qui n’avait pas étudié
connaissait tout, il lisait au fond des âmes, il
confondait et convertissait les philosophes
sceptiques. Et vers la fin de sa vie les foules
enaient à lui de tous les points, savants et
ignorants, pauvres et riches, et pour tous il
avait la parole juste et efficace. C’est l’évangile
de l’Amour que prêche à nouveau ce François
d’Assise hindou, l’évangile de la Liberté, hors
des dogmes limitatifs, l’évangile de l’Unité. Il
connait les différentes religions, qui s’opposent
par ignorance et il ne veut pas en créer une
nouvelle. « Si je vous donne une définition de
Dieu, dit-il qu’est-ce que vous en ferefi Unar-
ticle de foi , pour fonder, en mon nom , une nou
velle religion ?.. Jenesuis pas venu sur la terre
pour lancer un autre culte L.Ah !.. non !.. Ne
cherche 7 pas une religion ! Soye^religion ! »
Il demande à ses disciples de briser les
barrières en eux et dans les autres, de s’ouvrir
et d’ouvrir les autres âmes, afin de recons
tituer l’Unité. Pour cela il faut se donner tout
entier sans mesure.
Ne pas être hanté par la crainte continuelle
du péché, mais se dire: « Je suis libre del'es-
clavage du monde. Je suis libre. Le Seigneur
n’est-il pas notre Père?.. N’est-ce pas un écho
delà parole de Saint Paul : » Ou estl’esprit du
Seigneur, là est. la liberté ? »
Et il disait encore cette parole qui résume
toute une attitude : « Dieu ne peut jamais appa
raître là ou sont la honte , la haine ou lapeui »
A notre époque divisée en myriadesde petites
chapelles, de petit clans, de minuscules bou
tiques, où chacun pense recommencer le
monde, il adressait ce grand message.
« Ne parle? pas d’amour pour votre frère !
Aime% !.. Ne discutez pas sur les doctrines et
les religions. Il n’y en a qu’une. Toutes les ri
vières vont à l’océan. Allez et laissez aller les
autres ! La grande eau se fraie le long de la pente
— selon les races , les âges et les âmes — un lit
différent. C'est la même eau. Allé\. Goule\vers
l'Océan !
Combien nous nous réjouissons d’entendre
cette sublime voix, nous qui depuis des années
au milieu des contradictions et dusouriremo-
queur des théoriciens et des politiciens avons
travaillé à promouvoir. « I/’ Internationalè dé
l'Amour ». Après une nuit de matérialisme,
de positivisme à courte vue, et d’arrivisme
féroce, l’Esprit reprend ses droits et sa puis
sante voix de nouveau fait frémir le monde.
Soyons reconnaissants à Romain Rolland
de nous avoir fait connaître ce magnifique
renouveau de l’Orient. Celui qui nous a re
tracé si magistralement les vies de Beethoven
de Tolstoy, de Michel-Ange, s’est dépassé
encore en nous présentant l’Inde mystique
et vivante d’aujourd’hui. Tous nos amis, tous
nos lecteurs se doivent d’acheter l’ouvrage de
Romain Rolland dès qu’il paraîtra et de le
méditer. Ce leur sera une nourriture pour
de nombreux mois.
D r M. DUMESNIL.
nnnnnnnnnymymnmm mm
Le Vallon sinistre
En l’air, un gros point noir trouant la nébuleuse,
Une lourde fumée âcre, pernicieuse.
A terre, de grands creux ; de l’eau qui se confond
Avec le gris du ciel égaré dans le fond ;
Des mottes, des caijloux — et leur blancheur
[étonne, —
Sous les reflets mourants d’un demi-jour atone.
Dans le ravin désert, effrayants mutilés,
Les arbres, de douleur, se tordent, bosselés ;
Spectres échevelés que les forces trahissent
Leur bras vont se croisant, et leurs mains qui
(frémissent
Tendent leurs doigts crochus fuyant l’humanité.
Et semblent supplier quelque divinité.
inédit
Morts.
d’un volume
Jean LEROUX,
à paraître : La voix des
la FilTEllITt MIE
Parce qu’il recherche d’abord à développer
le sens fraœrnel et non la notion juridique, le
Mouvement Pacifique chrétien est considéré
par quelques-uns comme la manifestation
sentimentale d’un pacifisme digne de respect,
mais d’une émotivité inopérante. Nous
sommes pour ces lecteurs même sympa
thiques, l’objet d’un dédain tout amical, et
s’ils continuent la lecture de Y Universel c’est
plutôt par curiosité que par ferveur. Notre
pacifisme chrétien appartient selon eux, à
cette vague de sentimentalité, vieille d’un
demi-siècle, qui a si piteusement échoué
dans ses assauts contre la Paix armée. C’est
pour eux et pour tous ceux que notre effort
intéresse, mais en même temps intrigue, que
je voudrais-expliquer ce que signifie pour
nous le mot Fraternité.
Si le sentiment d’horreur qu’inspire la
guerre, s’accorde avec celui de Fraternité, cela
ne signifie pas que le contenu de l’un puisse
se substituer à celui de l’autre.
Des larmes sur la guerre, fussent-elles sin
cères, n'indiquent pas forcément une âme
frateynelle. S’il en était ainsi d’ailleurs, la
chrétienté toute entière, qui n’a jamais manqué
même l’épée en main, de pleurer sur les car
nages aurait délibérément refusé de partici
per à la guerre de 1914, ce qu’elle n’a pas fait.
Elle a gémi, elle s’est lamenté avec éloquence
par l'intermédiaire de tous ses clergés, mais
elle a marché, en trouvant le moyen de pro
clamer la grandeur de ce qu’elle appelait un
glorieux sacrifice.
C’est que la Fraternité qui sera un jour la
manifestation matérielle de l’âme fraternelle
des peuples, demande beaucoup plus qu’un
acquiescement sentimental on une simple
émotion douloureuse. Elle demande, elle
exige pour pouvoir se réaliser et se maintenir
une activité intelligente et progressive que
le sentiment ne doit pas troubler mais décu
pler.
La Fraternité présuppose, sans doute une
sensibilité développée, capable de s’émouvoir,
non pas seulement à la vue, mais à la pensée
du malheur humain ; toutefois elle n’est pas
que cela, et dans cet ébranlement sentimen
tal, on ne saurait voir autre chose que l’éveil
de la Fraternité dans l’enfance. Si, elle se
borne là, la Fraternité, reste pour l’humanité,
aussi vaine que touchante, et l’histoire renou
velée des guerres le prouve avec éclat. La
sentimentalité n’a pas vaincu la guerre, le
sens fraternel a ce pouvoir il vaincra et c’est
lui, que nous cherchons à éveiller et à déve
lopper par nos modestes efforts opiniâtres.
Qu’une notion active et efficace de la Fra
ternité vienne sécher tous les pleurs inutiles
et fortifier les esprits las. Etre fraternel, c’est
s’appliquer à sentir les peines des autres
avec une ardeur si aiguë qu’on ne peut se re
tenir de chercher et de découvrir les moyens
d’y porter remède.
Cette attitude active va de pair avec l’in
telligence aiguisée des situations les plus di
verses et des moyens propres à améliorer.
Elle ne pleure pas tant sur les maux de guerre,
elle cherche à les prévoir à les écarter et met
en œuvre pour cela toutes les ressources de
son esprit exalté par l’amour du prochain.
L’Evangile demeure la merveilleuse illustra
tion de ce sens fraternel efficient ; la foule
affamée n’est pas renvoyée à jeun, avec des
regrets chaleureux yJésus ne s’approche pas
de la veuve de Naïn pour lui exprimer ses
condoléances émues, il ne remet \ as au len
demain, la guérison de l’homme à la main
sèche, il ne se tient pas quitte envers Marthe
et Marie, après avoir pleuré sur leur frère
Lazare ; il ne se désintéresse pas des paroles
du brigand sur la croix, parce que lui-même
souffre atrocement, et que ce n’est ni le lieu,
ni l’heure des discours. Il a nourri, jusqu’à
satiété la foule errante, rendu à la veuve
son fils unique, guéri l’homme le jour du sab
bat, apaisé et absout son compagnon de sup
plice. En toute occasion son intelligence fra
ternelle a su donner le nécessaire.
C’est à cette fraternelle efficience pour la
paix que nous travaillons dans Y Universel,
en communion avec les savants, les penseurs,
les artistes, les ouvriers, les hommes d’affaires,
les ingénieurs, les poètes, les médecins, les
éducateurs tous ceux qui appliquent de
quelque manière leur esprit à réaliser dans
l’ordre du savoir et de l’activité une décou
verte bienfaisante. Nous travaillons à l’éveil
définitif de l’âme fraternelle du monde en
core endormie. Jusqu’ici pour se réveiller de
temps à autre, il ne lui a fallu rien moins
que des catastrophes, après quoi, elle est re
tombée dans sa léthargie, aussi avons-nous
vu malgré l’expérience de la guerre de 1914,
les usines d’armements et de munitions, se
remplir à nouveau, d’ouvriers et d’ouvrières,
les recherches pour la guerre scientifique re
prendre de plus belle, les femmes considérer
comme une victoire leur entrée à la caserne.
Nous travaillons ici pour avancer le temps
où la logique, cette qualité tant vantée et si
étrangement pratiquée, dirigera enfin les ac
tions des hommes, parce que l’âme fraternelle
sera éveillée et agissante chez tous. Alors on
ne s’apitoiera plus le matin sur l’horreur de
la guerre, pour voter le soir d’enthousiasme
les crédits militaires. Les hommes auront
cessé d'être le jouet des sentiments les plus
contradictoires. Les serviteurs de l’esprit ne
revêtiront plus par peur la livrée du pouvoir.
L’intelligence fraternelle triomphera de la
crainte des puissants de l’appétit des honneurs,
de la lâcheté. Aujourd’hui beaucoup voient
encore confusément les autres hommes ; nous
travaillons pour que nous puissions les voir
avec une conscience si claire, qu’aucun ora
teur fùt-il le plus grand, ne puisse par de
spécieux raisonnements nous convaincre de
la nécessité ou de la légitimité d’une guerre.
Notre intelligence beaucoup plus vaste et illu
minée par l’amour, reconnaîtra et respectera
comme des membres de sa propr.e fgmille, les
membres de la grande famille humaine et
nous ne serons plus des aveugles conduits
par d’autres aveugles
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Paix à la Terre
extrait d'un discours prononcé par le Cardinal
Faulhaber dans la cathédrale de Munich
dans la nuit du 31 décembre 1928
Le message de Paix apporté à la terre le
jour de Noël ne saurait mieux être médité
qu’au soir de l’année qui fuit et à l’aube de
celle qui vient. Prince de la Paix 1 C’était le
nom sous lequel était attendu et prédit l’En
fant de Bethléem. En nous apparaissant sous
une forme humaine, le Fils unique du Père
voulut que les chants de son berceau fussent
un hymne à la paix. L’humanité reste tou
jours attentive à cet hymne et demande : gar
diens, que se passe-t-il dans la nuit ? La nais
sance du Prince de la Paix nous apporte-t-elle
l’heure de la naissance de la paix ?
Deux Jaits importants ont marqué l’année
qui n’est plus. Le 27 août Paris a vu signer un
traité de paix internationale, le pacte Kellogg.
Le 22 novembre, à Rome, a été inauguré le
mausolée de Benoît XV, monument de paix.
Le Pape défunt, à genoux, prie pour la paix
internationale pendant les années de guerre
de son pontificat. Au-dessus de lui l’image de
la Vierge, Reine de la Paix ; à ses pieds deux
colombes porteuses du rameau d’olivier. A
l’arrière-plan des maisons et des églises en
ruines et des souvenirs des atrocités de la
grande guerre. Encore un peu, le cliquetis
d’armes venu de l’Amérique du Sud allait
souiller nos solennités de Noël en faisant re
vivre ces souvenirs.
Voilà les motifs qui m’invitent à parler ce
soir de la Paix sur la terre. Mon rôle n’étant
pas d’examiner son côté politique, je n’envi
sagerai que son côié religieux et moral. Dans
son épître aux Romains l’Apôtre fait sienne
la parole du prophète : « Qu’elle est ravissante
l’approche de ceux qui apportent la bonne
nouvelle de la paix ! » Et il dit aux habitants
d’Ephèse qu’ils ne doivent avoir d’autre ar-
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
Mme Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
P r Frédéric BONHOMME, Jean van den BERGH, Jean DALENS, Pr Hermann KUTTER
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ.
Albert CASTIAUX Mme MARFURT-TORFS,
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN, Miss P. H. PECKOVER
Les articles réengagent que leurs auteurs
3®, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
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Un an
5 francs.
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Souscriptions :
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Membre militant 50 francs
Le message
de rtnde au Monde
el Romain Holland son annonciateur
« J’ai consacré ma vie au rapprochement
entre les hommes » écrit Romain Rolland en
tête de l’étude que nous signalons ici. N’est-
ce pas plus que suffisant pour que l’Universel
dont ce rapprochement est la raison d’être
signale la nouvelle et admirable œuvre de cet
homme qui est l’honneur de la France son
pays d’origine et tout ensemble de l’humanité
dont il est le citoyen par son génie et la
hauteur de son inspiration.
C’est dans la Revue £wrope(Rieder éditeur,
7, place Saint-Sulpice, Paris) du 1 5 décembre
1928 et du i 5 février 1929 que nous trouvons
deux articles de Romain Rolland, fragments
et prémisses d’un ouvrage en deux volumes
à paraître chez l’éditeur Stock. Le premier
article est une introduction à une étude sur
la mystique et l’action de l’Inde vivante, le
second est consacré au grand mystique Rama-
krishsna, une troisième nous fera connaître
l’œuvre et la personnalité de Vivekananda,
le philosophe et l’apôtre.
11 n’est point question de résumer ici les
articles de Romain Rolland quisont déjà des
raccourcis condensés mais je voudrais que
tous nos amis fixassent leur attention cordiale
sur ce message d’une profondeur rare d’une
envergure qui dépasse tellement nos petites
polémiques, nos discussions de détail et dont
l’importance embrasse des siècles à venir
parce que ce jaillissement de vie s’élève des
profondeurs cachées où bouillonne le devoir
de l’humanité.
Sous la double inspiration de l’esprit reli
gieux qui par « l’intuition vivante et voyante »
lui fait saisir les réalités profondes, bien au
delà de la lettre, de l’apparence sensible et
du symbole, et delà liberté qui lui fait rejeter
tout Credo exclusif et limitatif (partant faux
par quelque endroit parce qu’il enserre et
ligote en une enceinte l’infinie réalité inem-
brassable) Romain Rolland nous présente en
une magnifique synthèse le tableau vivant de
cette nouvelle efflorescence de l’Esprit dans
l’Inde contemporaine.
Déjà Romain Rolland nous avait donné
avec son Gandhi un aperçu du prodigieux
travail qui s’accomplit de nos jours dans cet
orient que nous ne connaissons guère que
pour le piller. Il nous montre aujourd’hui
une autre face de ce mouvement d’une si
riche complexité qui depuis Ram Mohun Roy
(1774-1833) se poursuit jusqu’à Aurobindo
Ghose le penseur actuellement en pleine
vigueur qui élabore la synthèse la plus com
plète jusqu’ici tentée delà culture occidentale
et de la sagesse orientale, en passant par
Keshub Chunder Sen, Ramakrishna, les Ta-
gore , Vivekananda. Merveilleuse floraison de
l’Esprit dont a grand besoin de respirer les
effluves notre vieil Occident saigné et mutilé,
qui se débat dans le marécage delà politique
à courte vue sans horizon et sans vigueur.
D’un de ces hérauts de l’Infini, Romain
Rolland nous trace un portrait captivant.
Impossible, impossible de résumer ce ré
sumé du livre de Rolland. 11 faut le lire, le
boire.’ C’est un jaillissement, un bouillon
nement de vie qui ne ressemble en rien à une
biographie et laisse piteusement au dessous
d’elle l’érudition pédantesque — c’est un
message qui va droit à l’âme, au cœur — ou
bien l’on n’y comprend rien, on est imper
méable aux vibrations de cet ordre.
Ce petit paysan du Bengale : Ramakrishna
on le rapprocherait de notre Saint Jean de la
Croix ou de Sainte Thérèse,mais avec plus de
joie et de liberté. Lui qui n’avait pas étudié
connaissait tout, il lisait au fond des âmes, il
confondait et convertissait les philosophes
sceptiques. Et vers la fin de sa vie les foules
enaient à lui de tous les points, savants et
ignorants, pauvres et riches, et pour tous il
avait la parole juste et efficace. C’est l’évangile
de l’Amour que prêche à nouveau ce François
d’Assise hindou, l’évangile de la Liberté, hors
des dogmes limitatifs, l’évangile de l’Unité. Il
connait les différentes religions, qui s’opposent
par ignorance et il ne veut pas en créer une
nouvelle. « Si je vous donne une définition de
Dieu, dit-il qu’est-ce que vous en ferefi Unar-
ticle de foi , pour fonder, en mon nom , une nou
velle religion ?.. Jenesuis pas venu sur la terre
pour lancer un autre culte L.Ah !.. non !.. Ne
cherche 7 pas une religion ! Soye^religion ! »
Il demande à ses disciples de briser les
barrières en eux et dans les autres, de s’ouvrir
et d’ouvrir les autres âmes, afin de recons
tituer l’Unité. Pour cela il faut se donner tout
entier sans mesure.
Ne pas être hanté par la crainte continuelle
du péché, mais se dire: « Je suis libre del'es-
clavage du monde. Je suis libre. Le Seigneur
n’est-il pas notre Père?.. N’est-ce pas un écho
delà parole de Saint Paul : » Ou estl’esprit du
Seigneur, là est. la liberté ? »
Et il disait encore cette parole qui résume
toute une attitude : « Dieu ne peut jamais appa
raître là ou sont la honte , la haine ou lapeui »
A notre époque divisée en myriadesde petites
chapelles, de petit clans, de minuscules bou
tiques, où chacun pense recommencer le
monde, il adressait ce grand message.
« Ne parle? pas d’amour pour votre frère !
Aime% !.. Ne discutez pas sur les doctrines et
les religions. Il n’y en a qu’une. Toutes les ri
vières vont à l’océan. Allez et laissez aller les
autres ! La grande eau se fraie le long de la pente
— selon les races , les âges et les âmes — un lit
différent. C'est la même eau. Allé\. Goule\vers
l'Océan !
Combien nous nous réjouissons d’entendre
cette sublime voix, nous qui depuis des années
au milieu des contradictions et dusouriremo-
queur des théoriciens et des politiciens avons
travaillé à promouvoir. « I/’ Internationalè dé
l'Amour ». Après une nuit de matérialisme,
de positivisme à courte vue, et d’arrivisme
féroce, l’Esprit reprend ses droits et sa puis
sante voix de nouveau fait frémir le monde.
Soyons reconnaissants à Romain Rolland
de nous avoir fait connaître ce magnifique
renouveau de l’Orient. Celui qui nous a re
tracé si magistralement les vies de Beethoven
de Tolstoy, de Michel-Ange, s’est dépassé
encore en nous présentant l’Inde mystique
et vivante d’aujourd’hui. Tous nos amis, tous
nos lecteurs se doivent d’acheter l’ouvrage de
Romain Rolland dès qu’il paraîtra et de le
méditer. Ce leur sera une nourriture pour
de nombreux mois.
D r M. DUMESNIL.
nnnnnnnnnymymnmm mm
Le Vallon sinistre
En l’air, un gros point noir trouant la nébuleuse,
Une lourde fumée âcre, pernicieuse.
A terre, de grands creux ; de l’eau qui se confond
Avec le gris du ciel égaré dans le fond ;
Des mottes, des caijloux — et leur blancheur
[étonne, —
Sous les reflets mourants d’un demi-jour atone.
Dans le ravin désert, effrayants mutilés,
Les arbres, de douleur, se tordent, bosselés ;
Spectres échevelés que les forces trahissent
Leur bras vont se croisant, et leurs mains qui
(frémissent
Tendent leurs doigts crochus fuyant l’humanité.
Et semblent supplier quelque divinité.
inédit
Morts.
d’un volume
Jean LEROUX,
à paraître : La voix des
la FilTEllITt MIE
Parce qu’il recherche d’abord à développer
le sens fraœrnel et non la notion juridique, le
Mouvement Pacifique chrétien est considéré
par quelques-uns comme la manifestation
sentimentale d’un pacifisme digne de respect,
mais d’une émotivité inopérante. Nous
sommes pour ces lecteurs même sympa
thiques, l’objet d’un dédain tout amical, et
s’ils continuent la lecture de Y Universel c’est
plutôt par curiosité que par ferveur. Notre
pacifisme chrétien appartient selon eux, à
cette vague de sentimentalité, vieille d’un
demi-siècle, qui a si piteusement échoué
dans ses assauts contre la Paix armée. C’est
pour eux et pour tous ceux que notre effort
intéresse, mais en même temps intrigue, que
je voudrais-expliquer ce que signifie pour
nous le mot Fraternité.
Si le sentiment d’horreur qu’inspire la
guerre, s’accorde avec celui de Fraternité, cela
ne signifie pas que le contenu de l’un puisse
se substituer à celui de l’autre.
Des larmes sur la guerre, fussent-elles sin
cères, n'indiquent pas forcément une âme
frateynelle. S’il en était ainsi d’ailleurs, la
chrétienté toute entière, qui n’a jamais manqué
même l’épée en main, de pleurer sur les car
nages aurait délibérément refusé de partici
per à la guerre de 1914, ce qu’elle n’a pas fait.
Elle a gémi, elle s’est lamenté avec éloquence
par l'intermédiaire de tous ses clergés, mais
elle a marché, en trouvant le moyen de pro
clamer la grandeur de ce qu’elle appelait un
glorieux sacrifice.
C’est que la Fraternité qui sera un jour la
manifestation matérielle de l’âme fraternelle
des peuples, demande beaucoup plus qu’un
acquiescement sentimental on une simple
émotion douloureuse. Elle demande, elle
exige pour pouvoir se réaliser et se maintenir
une activité intelligente et progressive que
le sentiment ne doit pas troubler mais décu
pler.
La Fraternité présuppose, sans doute une
sensibilité développée, capable de s’émouvoir,
non pas seulement à la vue, mais à la pensée
du malheur humain ; toutefois elle n’est pas
que cela, et dans cet ébranlement sentimen
tal, on ne saurait voir autre chose que l’éveil
de la Fraternité dans l’enfance. Si, elle se
borne là, la Fraternité, reste pour l’humanité,
aussi vaine que touchante, et l’histoire renou
velée des guerres le prouve avec éclat. La
sentimentalité n’a pas vaincu la guerre, le
sens fraternel a ce pouvoir il vaincra et c’est
lui, que nous cherchons à éveiller et à déve
lopper par nos modestes efforts opiniâtres.
Qu’une notion active et efficace de la Fra
ternité vienne sécher tous les pleurs inutiles
et fortifier les esprits las. Etre fraternel, c’est
s’appliquer à sentir les peines des autres
avec une ardeur si aiguë qu’on ne peut se re
tenir de chercher et de découvrir les moyens
d’y porter remède.
Cette attitude active va de pair avec l’in
telligence aiguisée des situations les plus di
verses et des moyens propres à améliorer.
Elle ne pleure pas tant sur les maux de guerre,
elle cherche à les prévoir à les écarter et met
en œuvre pour cela toutes les ressources de
son esprit exalté par l’amour du prochain.
L’Evangile demeure la merveilleuse illustra
tion de ce sens fraternel efficient ; la foule
affamée n’est pas renvoyée à jeun, avec des
regrets chaleureux yJésus ne s’approche pas
de la veuve de Naïn pour lui exprimer ses
condoléances émues, il ne remet \ as au len
demain, la guérison de l’homme à la main
sèche, il ne se tient pas quitte envers Marthe
et Marie, après avoir pleuré sur leur frère
Lazare ; il ne se désintéresse pas des paroles
du brigand sur la croix, parce que lui-même
souffre atrocement, et que ce n’est ni le lieu,
ni l’heure des discours. Il a nourri, jusqu’à
satiété la foule errante, rendu à la veuve
son fils unique, guéri l’homme le jour du sab
bat, apaisé et absout son compagnon de sup
plice. En toute occasion son intelligence fra
ternelle a su donner le nécessaire.
C’est à cette fraternelle efficience pour la
paix que nous travaillons dans Y Universel,
en communion avec les savants, les penseurs,
les artistes, les ouvriers, les hommes d’affaires,
les ingénieurs, les poètes, les médecins, les
éducateurs tous ceux qui appliquent de
quelque manière leur esprit à réaliser dans
l’ordre du savoir et de l’activité une décou
verte bienfaisante. Nous travaillons à l’éveil
définitif de l’âme fraternelle du monde en
core endormie. Jusqu’ici pour se réveiller de
temps à autre, il ne lui a fallu rien moins
que des catastrophes, après quoi, elle est re
tombée dans sa léthargie, aussi avons-nous
vu malgré l’expérience de la guerre de 1914,
les usines d’armements et de munitions, se
remplir à nouveau, d’ouvriers et d’ouvrières,
les recherches pour la guerre scientifique re
prendre de plus belle, les femmes considérer
comme une victoire leur entrée à la caserne.
Nous travaillons ici pour avancer le temps
où la logique, cette qualité tant vantée et si
étrangement pratiquée, dirigera enfin les ac
tions des hommes, parce que l’âme fraternelle
sera éveillée et agissante chez tous. Alors on
ne s’apitoiera plus le matin sur l’horreur de
la guerre, pour voter le soir d’enthousiasme
les crédits militaires. Les hommes auront
cessé d'être le jouet des sentiments les plus
contradictoires. Les serviteurs de l’esprit ne
revêtiront plus par peur la livrée du pouvoir.
L’intelligence fraternelle triomphera de la
crainte des puissants de l’appétit des honneurs,
de la lâcheté. Aujourd’hui beaucoup voient
encore confusément les autres hommes ; nous
travaillons pour que nous puissions les voir
avec une conscience si claire, qu’aucun ora
teur fùt-il le plus grand, ne puisse par de
spécieux raisonnements nous convaincre de
la nécessité ou de la légitimité d’une guerre.
Notre intelligence beaucoup plus vaste et illu
minée par l’amour, reconnaîtra et respectera
comme des membres de sa propr.e fgmille, les
membres de la grande famille humaine et
nous ne serons plus des aveugles conduits
par d’autres aveugles
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Paix à la Terre
extrait d'un discours prononcé par le Cardinal
Faulhaber dans la cathédrale de Munich
dans la nuit du 31 décembre 1928
Le message de Paix apporté à la terre le
jour de Noël ne saurait mieux être médité
qu’au soir de l’année qui fuit et à l’aube de
celle qui vient. Prince de la Paix 1 C’était le
nom sous lequel était attendu et prédit l’En
fant de Bethléem. En nous apparaissant sous
une forme humaine, le Fils unique du Père
voulut que les chants de son berceau fussent
un hymne à la paix. L’humanité reste tou
jours attentive à cet hymne et demande : gar
diens, que se passe-t-il dans la nuit ? La nais
sance du Prince de la Paix nous apporte-t-elle
l’heure de la naissance de la paix ?
Deux Jaits importants ont marqué l’année
qui n’est plus. Le 27 août Paris a vu signer un
traité de paix internationale, le pacte Kellogg.
Le 22 novembre, à Rome, a été inauguré le
mausolée de Benoît XV, monument de paix.
Le Pape défunt, à genoux, prie pour la paix
internationale pendant les années de guerre
de son pontificat. Au-dessus de lui l’image de
la Vierge, Reine de la Paix ; à ses pieds deux
colombes porteuses du rameau d’olivier. A
l’arrière-plan des maisons et des églises en
ruines et des souvenirs des atrocités de la
grande guerre. Encore un peu, le cliquetis
d’armes venu de l’Amérique du Sud allait
souiller nos solennités de Noël en faisant re
vivre ces souvenirs.
Voilà les motifs qui m’invitent à parler ce
soir de la Paix sur la terre. Mon rôle n’étant
pas d’examiner son côté politique, je n’envi
sagerai que son côié religieux et moral. Dans
son épître aux Romains l’Apôtre fait sienne
la parole du prophète : « Qu’elle est ravissante
l’approche de ceux qui apportent la bonne
nouvelle de la paix ! » Et il dit aux habitants
d’Ephèse qu’ils ne doivent avoir d’autre ar-
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