Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1928-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1928 01 avril 1928
Description : 1928/04/01-1928/06/30. 1928/04/01-1928/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565304w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
Fondé en 1898, supprime par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
* RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFÜRT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS n* 317.31
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs'
Membre militant.;.... 50 francs.
Lettre ouverte
aux
Candidats Députés
Messieurs,
Vous briguez nos suffrages pour vous dévouer
au bonheur de la France. Tous, avec une égale
sincérité, nous l’espérons du moins, vous désirez
le salut de l’Europe. Voire mandat législatif en
vous créant des devoirs vous procurera aussi des
droits à l'honneur et à la reconnaissance de vos
concitoyens.
Ce que nous attendons de vous , humbles servi
teurs de la démocratie, c'est la Liberté et la
Paix.
Liberté nationale et paix internationale. Li
berté des opinions politiques, sociales et reli
gieuses. Celte Liberté n'est que nominative sous
notre République. Abolition du régime des pas
seports qui entrave les relations de peuple à peu
ple afin d’activer la pacification des âmes , prélude
du désarmement des hommes. Evacuation de la
Rhénanie, sans laquelle il n’y a aucune possibi
lité de réconciliation franco-allemande base de la
paix européenne.
Contre la Guerre et la Révolution, il Jciut don
ner aux Etrangers et aux Français, non seule
ment de belles paroles, mais des preuves immé
diates de voire bonne volonté et de votre confiance
dans l’Humanité. Alors , vous apaiserez les crain
tes des pères et des mères pour leurs enfants, et
vous encouragerez la jeunesse à jonder des Joyers
familiaux. En agissant ainsi vous aurez bien mé
rité de la Patrie.
Agréez Messieurs , nos respects civiques.
Au nom du M. P. C.
Henri HUCHET.
^ ♦
n nnmmnnnn nnnmAnnmm
Une Conférence
à Sarrebruck
Le « Cercle pour le développement de
l’effort féminin en Sarre » vient d’avoir un
geste caractéristique de son activité en orga
nisant à Sarrebruck une conférence sur ce
sujet, brûlant en pays de tension franco-
allemande : d La femme et le problème de la
paix entre les peuples ». La conférencière fut
la Doctoresse Klara Fassbinder. directrice du
Bühnenvolksbund (ligue pour la culture po
pulaire par la scène), oratrice et journaliste.
Elle s’adressait à un public essentiellement
allemand, dans le cadre de Paula d’un lycée
de garçons où figuraient autour de la longue,
longue liste des morts à la guerre, les por
traits de Frédéric II, de Bismarck, de Hinden-
burg, cadre significatif s’il en fût, où toutes
paroles sur la paix et la lutte des peuples de
vaient prendre un singulier relief.
Et là, Mlle Fassbinder parla avec tout
son cœur, avec toute son àme Elle voulut
dès son exorde faire planer sur l’audi
toire une grande figure féminine, et c’est
Antigone qu’elle évoqua, Antigone, première
héroïne de la conscience humaine, dont les
paroles viennent s’inscrire en épigraphe de
la conférence : « C’est pour aimer et non
pour haïr que les dieux m’ont donné la vie».
Et la conférencière posa nettement la ques
tion : La femme a-t-elle le droit de se désin
téresser aujourd’hui de la vie internationale?
Et elle répond « Non ». La femme doit col
laborer avec toute sa personnalité et toute
son âme à la vie des peuples qui doit être
désormais une création continue ; et le pre- j
mier et le plus grand de tous les problèmes ;
qui se posent devant elle est celui de la paix
et de la guerre.
La femme donne la vie avec sa chair et son
sang, elle veille sur .son développement, elle
est la mère delà vie , alors elle a le droit et le
devoir d’agir quand la vie est menacée. Main
tenant que la femme allemande a par le droit
de vote et d’éligibilité une action sur la po
litique ilestde toute nécessité qu’elle réalise
clairement les responsabilités qui lui incom
beraient s’il survenait une nouvelle guerre
en envisageant les conséquences de la der
nière guerre. Qu’elle songe donc à la respon-
sabilitéde ces milliers déviés brisées trop tôt,
de ces millions de santés ébranlées, d’esprits
diminués dans leui force. La responsabilité
de tous ces petits enfants souffreteux, mal
nourris... et aussi de tous les péchés, de
toutes les hontes de l’âme qu’une guerre en
gendra toujours.
Cette guerre, elle l’a vue trop à travers
les comptes-rendus arrangés des journaux,
et des déclamations pseudo-critiques et pa
triotiques commandées par la nécessité de
« tenir ». Les combattants qui sont revenus
ont gardé le plus souvent un silence terrible
comme le montre si bien la pièce de Frémiet-
Fauré « La grande geste du monde », jouée
dans les derniers mois de l’année passée sur
la petite scène parisienne du théâtre de
Grenelle. Si leur âme est souvent devenue
pour la mère, pour la femme un jardin fermé
n’est-ce point parce qu’ils ont pensé que celles-
ci ne pourraient pas comprendre ou pas sup
porter ? Il faut voir clair: que la femme
contemple la vérité de la guerre et de l’après-
guerre dépouillée de toute vaine parure;
qu’elle voie non seulement les trains de ca
davres, les cimetières et les mutilés, mais
qu’elle lise les statistiques sur la misère
matérielle et morale issue de la grande
guerre; la propagation des maladies véné
riennes, les naissances avortées par milliers,
qu’elle se pénètre de tout ce reniement de
la belle vie humaine dont elle devrait être la
gardienne après avoir été sa créatrice, de cet
assassinat des âmes car si l’on peut offrir le
sacrifice de la vie du corps, on ne peut pas
offrir celui de l’obscurcissement de la vie de
l’âme !
L’on répondra, continua Mlle Fassbinder
que la guerre peut être légitime, que des
minorités allemandes souffrent en ce moment
dans beaucoup de pays, qu’il y a des injustices
à réparer en vertu du traité de Versailles.
Entendu. Mais le seul moyen efficace pour
réclamer justice est aujourd’hui l’appel à la
conscience des peuples, et pour commencer,
la collaboration dans le cadre de la Société
des Nations. Le monde entier a, en ce mo
ment, les yeux sur la femme allemande, elle
doit travailler de toutes ses forces pour dis
siper la méfiance des autres peuples vis-à-vis
de l’Allemagne, entrave de tout travail vrai
ment utile. Elle doit travailler dans le sens
de la paix pour son pays qui n’est pas seu
lement le Vaterland (la Terre des ancêtres)
mais aussi le Kinderland (la Terre des en
fants), car si une nouvelle guerre survenait
ceux qui seraient sacrifiés auraient le droit
d’accuser leurs mères de n’avoir pas travailler
suffisamment pour la pacification du monde.
La femme est avant tout mère : qu’elle
élève donc ses enfants dans l’amour de la
paix, qu’elle évite les allusions injurieuses à
l’égard des Français, des Anglais, des Amé
ricains à l’heure où l’on commente le journal
en famille ; qu’elle défende aux petits de
jouer à la guerre, qu’elle dépouille cette ad
miration désuète pour le prestige de l'uni
forme qui a eu tant d’influence sur les Alle
mands d’avant-guerre. L’enfant a besoin
d’un idéal d’héroïsme, montrez-lui le héros
de l’âme et non le héros de sang. Il y a assez
de travail à se faire une belle âme humaine,
et s’il faut mener un combat que ce soit celui
de l’esprit contre la matière.
La femme est aussi institutrice, que les pé
dagogues pensent bien au beau travail qui
leur incombe ! Us ont en mains avec ces pe
tits enfants le matériel dont la paix de de
main doit être'faite.
En somme, cette évolution féminine mo
derne qui met la femme â peu près à l’égal
de l'homme dans la vie sociale, n’a-t-elle pas
pour sens profond, et pour justification mé
taphysique le travail pour la paix ? Notre
force à nous, femmes, c’est l’amour et nous
devons' travailler par l’amour à une entente
plus profonde, à une estime plus compréhen
sive des peuples les uns pour les autres. Ce
que nous devons apporter dans la politique
tnternati onale, c’est une immense charité.
La tâche est ardue, les difficultés inouïes le
but lointain ; mais laissons rire ceux qui
raillent îïotre utopisme, et, conclut Mlle
Fassbinder, rappelons nous un mot de Pain-
levé, prononcé à Genève devant un jublic
international d’étudiants : » Il y a quelques
années seulement la machine à voler sem
blait irréalisable, mais tant d’hommes ont
travaillé pour la créer qu’un jour l’avion est
né de même la paix continue nous semble
irréalisable, mais tant de gens de bonne vo
lonté travaillent à l’établir sur tant de points
delà terre, qu’un jour viendra où elle aussi
sera née ».
C’est avec une émotion profonde que tout
petit groupe français perdu dans ce public
allemand, nous avons entendu cette confé
rence, infiniment réconfortante pour nous
qui, vivant chez nos ennemis d’hier, nous
efforçons loyalement de trouver un terrain
d’entente pour le bon travail en commun.
Suzanne ROUFFILANGE.
nnnnmmnnnnn nnnnnnnn
le son de Georges Cheve
Georges Ghevé vient de sortir de prison,
marié, père d’une petite fille de quatre ans,
il est prêt à sacrifier une seconde fois son
humble mais doux bonheur terrestre, en réin
tégrant sa cellule plutôt que de consentir à
porter les armes.
Faire de cet objecteur de conscience par des
condamnations successives un martyr de la
paix armée et de sa famille une victime inno
cente serait pour le moins si maladroit que
nous ne voulons pas y croire. En tous cas
c’est avec plaisir que nous reproduisons la
lettre ouverte envoyée au Ministre de la Guerre
par cet homme au courage solitaire : que les
1 chrétiens saluent son humanité!
H. D. H.
LETTRE OUVERTE à Monsieur le Mi
nistre de la Guerre,
En sortant de purger six mois de prison que
m’infligea pour insoumission , le Conseil de Guerre
de la 3 e Région, à Rouen, le 7 octobre 1927, j’ai
l'avantage de vous renouveler la déclaration que
j’ai faite devant les juges et de vous aviser de
ma décision de ne pas é'tre soldat comme à cette
date.
Objecteur de conscience, je refuse formelle
ment, de participer de près ou de loin, à tout ce
qui concerne le devoir d'apprendre à tuer.
A l'heure où la guerre est mise, par Monsieur
le Ministre des Affaires Etrangères français et
l’humanité civilisée, hors la loi et considérée
comme un crime de droit commun, vous trouve
rez logique que je refuse de coopérer au devoir
militaire, à la préparation au meurtre , puni , avec
justice, par les lois de tous les pays civilisés.
Croyez, Monsieur le Ministre, qu’il a fallu dès
motifs puissants pour m’obliger à rompre avec ce
que j’ai de plus cher au monde , un vieux père,
une vieille mère, des a mis, pour accepter l’exis
tence d'outlaw réservée à tous ceux qui osent
enfreindre la loi militaire, j’ai préféré l'avenir
incertain cl ces déchirements plutôt que de mentir
à moi-même, aller contre ce qui fait ma joie n\a
raison d'être, mon idéal de bonté, de fraternité,
de solidarité.
Jeune homme, j'ai ressenti toutes les horreurs
et toutes les misères que la guerre entraîna, j'en
ai profondément souffert et, son impuissance à
résoudre les problèmes qui placent les peuples
devant l'épouvantable dilemme de préparer , à
nouveau, la guerre qui vient, n’ci fait qu’accentuer
ma détermination.
Certains pensent, comme avant 191 à, que la
guerre ne peut être évitée que par un renforce-
cernent des institutions militaires, je Leur répon
drai simplement en évoquant la tragique expé
rience qui nous a conduit au bord de l'abîme.
D’autres, et j'en suis, pensent au contraire que
la guerre cessera lorsque les hommes ne voudront
plus la faire, qu’ils en auront compris l'inutile
grandeur, que tout est préférable pour le réglement
des conflits entre les peuples à l'appel à la vio
lence qui développe la haine , sème la ruine, dé
truit des multitudes humaines sans obtenir le ré
sultat recherché.
Moyens simplistes diront d'aucuns. JSious n’en
voyons pas d autres pour résoudre le douloureux
conflit qui dresse les individus les uns contre les
autres , devant la faillite des méthodes barbares
et cruelles employées jusqu’à ce jour, qui ont
fait du monde un vaste camp retranché , un im
mense cimetière, alors que tout nous porte vers
l’unité des peuples : science, religion, art, pro
grès industriel , interdépendance économique.
Je n’ignore, nullement que la loi militaire est
égale pour tous, mais au-dessus d’elle, il y ale
devoir humain qui fait un crime de tuer ; je vous
avise donc Monsieur le Ministre qu’au-dessus de
cette loi il y a la conscience et lorsque celle-là est,
par celle-ci , jugée inhumaine , elle se fait un de
voir de lui désobéir.
Je vous retourne la somme de quarante-trois
francs trente centimes qui me fut remise à ma
sortie de prison pour rejoindre mon corps ainsi
que ma feuille de déplacement.
En attendant Monsieur le Ministre que vous
décidiez de mon sort, je me rends auprès de ma
petite fille cigée de quatre ans pour assurer sa
subsistance.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre l’assurance
de mes sentiments pacifistes.
Georges CHEVÉ.
Guerre à la Guerre
par le Général PERCIN
Nous apprenons avec plaisir que Guerre à
la guerre, le beau livre de notre collaborateur
et ami le général Percin, obtient un véritable
succès. Les journaux républicains én font tous
le plus grand éloge. Aussi, maigre la conspi
ration du silence organisée par les journaux
réactionnaires, la vente a-t-elle atteint, en
s deux mois, le chiffre de 3.000 exemplaires. Ce
serait peu pour un roman d’amour. C’est
beaucoup pour un livre d’étude.
Ce que les lecteurs sérieux apprécient sur
tout dans ce livre, c’est sa documentation.
Le général Percin ne s’attarde pas à recher
cher des effets d’éloquence ; il cite des faits,
des dates et des noms. Il fait courageusement
le procès de nos grands chefs militaires et
celui de nos hommes d’Etat, sans se préoc
cuper des désagréments qui pourront en ré-
’ sulter pour lui. Ses appréciations, d’ailleurs,
si sévères qu’elles soient, n’ont jamais été con
tredites par personne. C’est ainsi que, pages
34 et 35, il accuse formellement les généraux
Lefèvre et de Langle de Cary d’avoir fait mas
sacrer 1.200 hommes en donnant un ordre
d’attaque qu’ils savaient inéxécutable ; ce qui
leur a permis de faire mettre à pied le général
Leblois, dont les opinions politiques n’étaient
pas les leurs ; abominable crime qui mérite
rait la peine de mort. Nommément désignés,
les généraux Lefèvre et de Langle de Cary
n’ont pas protesté.
Les généraux Joffre, Cherfils, Pau, Fayolle,
de Castelnau, etc... n’ont pas protesté davan
tage contre les propos que le général Percin
leur a attribués. Clémenceau ne nie pas avoir
dit au général Percin lui même : « Il faut que
les deux peuples se donnent un coup de tor
chon ».
Dans la Volonté du 23 décembre dernier,
Séverine a écrit ce qui suit :
A quatre-vingt deux ans, renonçant à tout re
pos, abdiquant toute prudence, le général Percin,
sans rien renier de son passé, consacre au service
de la paix ce que lui a appris l’expérience.
L’oisif a le temps de remonter à l’origine des
choses. Le travailleur non. Guerre à la guerre s’a
dresse à tous, dans des conditions parfaites de
clarté et de netteté. C’est un livre sincère et probe.
Il fait partie de la collection des livres documen
taires, dont on ne saurait trop apprécier l’inesti-
} mable valeur.
Saluons le général Percin pour le service qu’il
rend à une cause sacrée ; Ayons son livre. Lisons
le ; propageons le, et remercions le vieillard qui,
presque un ancêtre, donne aux générations fu
tures l’exemple du plus rare courage.
Nous nous associons de tout cœur à cette
appréciation.
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
* RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFÜRT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
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Chèques postaux :
Un an
5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS n* 317.31
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs'
Membre militant.;.... 50 francs.
Lettre ouverte
aux
Candidats Députés
Messieurs,
Vous briguez nos suffrages pour vous dévouer
au bonheur de la France. Tous, avec une égale
sincérité, nous l’espérons du moins, vous désirez
le salut de l’Europe. Voire mandat législatif en
vous créant des devoirs vous procurera aussi des
droits à l'honneur et à la reconnaissance de vos
concitoyens.
Ce que nous attendons de vous , humbles servi
teurs de la démocratie, c'est la Liberté et la
Paix.
Liberté nationale et paix internationale. Li
berté des opinions politiques, sociales et reli
gieuses. Celte Liberté n'est que nominative sous
notre République. Abolition du régime des pas
seports qui entrave les relations de peuple à peu
ple afin d’activer la pacification des âmes , prélude
du désarmement des hommes. Evacuation de la
Rhénanie, sans laquelle il n’y a aucune possibi
lité de réconciliation franco-allemande base de la
paix européenne.
Contre la Guerre et la Révolution, il Jciut don
ner aux Etrangers et aux Français, non seule
ment de belles paroles, mais des preuves immé
diates de voire bonne volonté et de votre confiance
dans l’Humanité. Alors , vous apaiserez les crain
tes des pères et des mères pour leurs enfants, et
vous encouragerez la jeunesse à jonder des Joyers
familiaux. En agissant ainsi vous aurez bien mé
rité de la Patrie.
Agréez Messieurs , nos respects civiques.
Au nom du M. P. C.
Henri HUCHET.
^ ♦
n nnmmnnnn nnnmAnnmm
Une Conférence
à Sarrebruck
Le « Cercle pour le développement de
l’effort féminin en Sarre » vient d’avoir un
geste caractéristique de son activité en orga
nisant à Sarrebruck une conférence sur ce
sujet, brûlant en pays de tension franco-
allemande : d La femme et le problème de la
paix entre les peuples ». La conférencière fut
la Doctoresse Klara Fassbinder. directrice du
Bühnenvolksbund (ligue pour la culture po
pulaire par la scène), oratrice et journaliste.
Elle s’adressait à un public essentiellement
allemand, dans le cadre de Paula d’un lycée
de garçons où figuraient autour de la longue,
longue liste des morts à la guerre, les por
traits de Frédéric II, de Bismarck, de Hinden-
burg, cadre significatif s’il en fût, où toutes
paroles sur la paix et la lutte des peuples de
vaient prendre un singulier relief.
Et là, Mlle Fassbinder parla avec tout
son cœur, avec toute son àme Elle voulut
dès son exorde faire planer sur l’audi
toire une grande figure féminine, et c’est
Antigone qu’elle évoqua, Antigone, première
héroïne de la conscience humaine, dont les
paroles viennent s’inscrire en épigraphe de
la conférence : « C’est pour aimer et non
pour haïr que les dieux m’ont donné la vie».
Et la conférencière posa nettement la ques
tion : La femme a-t-elle le droit de se désin
téresser aujourd’hui de la vie internationale?
Et elle répond « Non ». La femme doit col
laborer avec toute sa personnalité et toute
son âme à la vie des peuples qui doit être
désormais une création continue ; et le pre- j
mier et le plus grand de tous les problèmes ;
qui se posent devant elle est celui de la paix
et de la guerre.
La femme donne la vie avec sa chair et son
sang, elle veille sur .son développement, elle
est la mère delà vie , alors elle a le droit et le
devoir d’agir quand la vie est menacée. Main
tenant que la femme allemande a par le droit
de vote et d’éligibilité une action sur la po
litique ilestde toute nécessité qu’elle réalise
clairement les responsabilités qui lui incom
beraient s’il survenait une nouvelle guerre
en envisageant les conséquences de la der
nière guerre. Qu’elle songe donc à la respon-
sabilitéde ces milliers déviés brisées trop tôt,
de ces millions de santés ébranlées, d’esprits
diminués dans leui force. La responsabilité
de tous ces petits enfants souffreteux, mal
nourris... et aussi de tous les péchés, de
toutes les hontes de l’âme qu’une guerre en
gendra toujours.
Cette guerre, elle l’a vue trop à travers
les comptes-rendus arrangés des journaux,
et des déclamations pseudo-critiques et pa
triotiques commandées par la nécessité de
« tenir ». Les combattants qui sont revenus
ont gardé le plus souvent un silence terrible
comme le montre si bien la pièce de Frémiet-
Fauré « La grande geste du monde », jouée
dans les derniers mois de l’année passée sur
la petite scène parisienne du théâtre de
Grenelle. Si leur âme est souvent devenue
pour la mère, pour la femme un jardin fermé
n’est-ce point parce qu’ils ont pensé que celles-
ci ne pourraient pas comprendre ou pas sup
porter ? Il faut voir clair: que la femme
contemple la vérité de la guerre et de l’après-
guerre dépouillée de toute vaine parure;
qu’elle voie non seulement les trains de ca
davres, les cimetières et les mutilés, mais
qu’elle lise les statistiques sur la misère
matérielle et morale issue de la grande
guerre; la propagation des maladies véné
riennes, les naissances avortées par milliers,
qu’elle se pénètre de tout ce reniement de
la belle vie humaine dont elle devrait être la
gardienne après avoir été sa créatrice, de cet
assassinat des âmes car si l’on peut offrir le
sacrifice de la vie du corps, on ne peut pas
offrir celui de l’obscurcissement de la vie de
l’âme !
L’on répondra, continua Mlle Fassbinder
que la guerre peut être légitime, que des
minorités allemandes souffrent en ce moment
dans beaucoup de pays, qu’il y a des injustices
à réparer en vertu du traité de Versailles.
Entendu. Mais le seul moyen efficace pour
réclamer justice est aujourd’hui l’appel à la
conscience des peuples, et pour commencer,
la collaboration dans le cadre de la Société
des Nations. Le monde entier a, en ce mo
ment, les yeux sur la femme allemande, elle
doit travailler de toutes ses forces pour dis
siper la méfiance des autres peuples vis-à-vis
de l’Allemagne, entrave de tout travail vrai
ment utile. Elle doit travailler dans le sens
de la paix pour son pays qui n’est pas seu
lement le Vaterland (la Terre des ancêtres)
mais aussi le Kinderland (la Terre des en
fants), car si une nouvelle guerre survenait
ceux qui seraient sacrifiés auraient le droit
d’accuser leurs mères de n’avoir pas travailler
suffisamment pour la pacification du monde.
La femme est avant tout mère : qu’elle
élève donc ses enfants dans l’amour de la
paix, qu’elle évite les allusions injurieuses à
l’égard des Français, des Anglais, des Amé
ricains à l’heure où l’on commente le journal
en famille ; qu’elle défende aux petits de
jouer à la guerre, qu’elle dépouille cette ad
miration désuète pour le prestige de l'uni
forme qui a eu tant d’influence sur les Alle
mands d’avant-guerre. L’enfant a besoin
d’un idéal d’héroïsme, montrez-lui le héros
de l’âme et non le héros de sang. Il y a assez
de travail à se faire une belle âme humaine,
et s’il faut mener un combat que ce soit celui
de l’esprit contre la matière.
La femme est aussi institutrice, que les pé
dagogues pensent bien au beau travail qui
leur incombe ! Us ont en mains avec ces pe
tits enfants le matériel dont la paix de de
main doit être'faite.
En somme, cette évolution féminine mo
derne qui met la femme â peu près à l’égal
de l'homme dans la vie sociale, n’a-t-elle pas
pour sens profond, et pour justification mé
taphysique le travail pour la paix ? Notre
force à nous, femmes, c’est l’amour et nous
devons' travailler par l’amour à une entente
plus profonde, à une estime plus compréhen
sive des peuples les uns pour les autres. Ce
que nous devons apporter dans la politique
tnternati onale, c’est une immense charité.
La tâche est ardue, les difficultés inouïes le
but lointain ; mais laissons rire ceux qui
raillent îïotre utopisme, et, conclut Mlle
Fassbinder, rappelons nous un mot de Pain-
levé, prononcé à Genève devant un jublic
international d’étudiants : » Il y a quelques
années seulement la machine à voler sem
blait irréalisable, mais tant d’hommes ont
travaillé pour la créer qu’un jour l’avion est
né de même la paix continue nous semble
irréalisable, mais tant de gens de bonne vo
lonté travaillent à l’établir sur tant de points
delà terre, qu’un jour viendra où elle aussi
sera née ».
C’est avec une émotion profonde que tout
petit groupe français perdu dans ce public
allemand, nous avons entendu cette confé
rence, infiniment réconfortante pour nous
qui, vivant chez nos ennemis d’hier, nous
efforçons loyalement de trouver un terrain
d’entente pour le bon travail en commun.
Suzanne ROUFFILANGE.
nnnnmmnnnnn nnnnnnnn
le son de Georges Cheve
Georges Ghevé vient de sortir de prison,
marié, père d’une petite fille de quatre ans,
il est prêt à sacrifier une seconde fois son
humble mais doux bonheur terrestre, en réin
tégrant sa cellule plutôt que de consentir à
porter les armes.
Faire de cet objecteur de conscience par des
condamnations successives un martyr de la
paix armée et de sa famille une victime inno
cente serait pour le moins si maladroit que
nous ne voulons pas y croire. En tous cas
c’est avec plaisir que nous reproduisons la
lettre ouverte envoyée au Ministre de la Guerre
par cet homme au courage solitaire : que les
1 chrétiens saluent son humanité!
H. D. H.
LETTRE OUVERTE à Monsieur le Mi
nistre de la Guerre,
En sortant de purger six mois de prison que
m’infligea pour insoumission , le Conseil de Guerre
de la 3 e Région, à Rouen, le 7 octobre 1927, j’ai
l'avantage de vous renouveler la déclaration que
j’ai faite devant les juges et de vous aviser de
ma décision de ne pas é'tre soldat comme à cette
date.
Objecteur de conscience, je refuse formelle
ment, de participer de près ou de loin, à tout ce
qui concerne le devoir d'apprendre à tuer.
A l'heure où la guerre est mise, par Monsieur
le Ministre des Affaires Etrangères français et
l’humanité civilisée, hors la loi et considérée
comme un crime de droit commun, vous trouve
rez logique que je refuse de coopérer au devoir
militaire, à la préparation au meurtre , puni , avec
justice, par les lois de tous les pays civilisés.
Croyez, Monsieur le Ministre, qu’il a fallu dès
motifs puissants pour m’obliger à rompre avec ce
que j’ai de plus cher au monde , un vieux père,
une vieille mère, des a mis, pour accepter l’exis
tence d'outlaw réservée à tous ceux qui osent
enfreindre la loi militaire, j’ai préféré l'avenir
incertain cl ces déchirements plutôt que de mentir
à moi-même, aller contre ce qui fait ma joie n\a
raison d'être, mon idéal de bonté, de fraternité,
de solidarité.
Jeune homme, j'ai ressenti toutes les horreurs
et toutes les misères que la guerre entraîna, j'en
ai profondément souffert et, son impuissance à
résoudre les problèmes qui placent les peuples
devant l'épouvantable dilemme de préparer , à
nouveau, la guerre qui vient, n’ci fait qu’accentuer
ma détermination.
Certains pensent, comme avant 191 à, que la
guerre ne peut être évitée que par un renforce-
cernent des institutions militaires, je Leur répon
drai simplement en évoquant la tragique expé
rience qui nous a conduit au bord de l'abîme.
D’autres, et j'en suis, pensent au contraire que
la guerre cessera lorsque les hommes ne voudront
plus la faire, qu’ils en auront compris l'inutile
grandeur, que tout est préférable pour le réglement
des conflits entre les peuples à l'appel à la vio
lence qui développe la haine , sème la ruine, dé
truit des multitudes humaines sans obtenir le ré
sultat recherché.
Moyens simplistes diront d'aucuns. JSious n’en
voyons pas d autres pour résoudre le douloureux
conflit qui dresse les individus les uns contre les
autres , devant la faillite des méthodes barbares
et cruelles employées jusqu’à ce jour, qui ont
fait du monde un vaste camp retranché , un im
mense cimetière, alors que tout nous porte vers
l’unité des peuples : science, religion, art, pro
grès industriel , interdépendance économique.
Je n’ignore, nullement que la loi militaire est
égale pour tous, mais au-dessus d’elle, il y ale
devoir humain qui fait un crime de tuer ; je vous
avise donc Monsieur le Ministre qu’au-dessus de
cette loi il y a la conscience et lorsque celle-là est,
par celle-ci , jugée inhumaine , elle se fait un de
voir de lui désobéir.
Je vous retourne la somme de quarante-trois
francs trente centimes qui me fut remise à ma
sortie de prison pour rejoindre mon corps ainsi
que ma feuille de déplacement.
En attendant Monsieur le Ministre que vous
décidiez de mon sort, je me rends auprès de ma
petite fille cigée de quatre ans pour assurer sa
subsistance.
Veuillez agréer Monsieur le Ministre l’assurance
de mes sentiments pacifistes.
Georges CHEVÉ.
Guerre à la Guerre
par le Général PERCIN
Nous apprenons avec plaisir que Guerre à
la guerre, le beau livre de notre collaborateur
et ami le général Percin, obtient un véritable
succès. Les journaux républicains én font tous
le plus grand éloge. Aussi, maigre la conspi
ration du silence organisée par les journaux
réactionnaires, la vente a-t-elle atteint, en
s deux mois, le chiffre de 3.000 exemplaires. Ce
serait peu pour un roman d’amour. C’est
beaucoup pour un livre d’étude.
Ce que les lecteurs sérieux apprécient sur
tout dans ce livre, c’est sa documentation.
Le général Percin ne s’attarde pas à recher
cher des effets d’éloquence ; il cite des faits,
des dates et des noms. Il fait courageusement
le procès de nos grands chefs militaires et
celui de nos hommes d’Etat, sans se préoc
cuper des désagréments qui pourront en ré-
’ sulter pour lui. Ses appréciations, d’ailleurs,
si sévères qu’elles soient, n’ont jamais été con
tredites par personne. C’est ainsi que, pages
34 et 35, il accuse formellement les généraux
Lefèvre et de Langle de Cary d’avoir fait mas
sacrer 1.200 hommes en donnant un ordre
d’attaque qu’ils savaient inéxécutable ; ce qui
leur a permis de faire mettre à pied le général
Leblois, dont les opinions politiques n’étaient
pas les leurs ; abominable crime qui mérite
rait la peine de mort. Nommément désignés,
les généraux Lefèvre et de Langle de Cary
n’ont pas protesté.
Les généraux Joffre, Cherfils, Pau, Fayolle,
de Castelnau, etc... n’ont pas protesté davan
tage contre les propos que le général Percin
leur a attribués. Clémenceau ne nie pas avoir
dit au général Percin lui même : « Il faut que
les deux peuples se donnent un coup de tor
chon ».
Dans la Volonté du 23 décembre dernier,
Séverine a écrit ce qui suit :
A quatre-vingt deux ans, renonçant à tout re
pos, abdiquant toute prudence, le général Percin,
sans rien renier de son passé, consacre au service
de la paix ce que lui a appris l’expérience.
L’oisif a le temps de remonter à l’origine des
choses. Le travailleur non. Guerre à la guerre s’a
dresse à tous, dans des conditions parfaites de
clarté et de netteté. C’est un livre sincère et probe.
Il fait partie de la collection des livres documen
taires, dont on ne saurait trop apprécier l’inesti-
} mable valeur.
Saluons le général Percin pour le service qu’il
rend à une cause sacrée ; Ayons son livre. Lisons
le ; propageons le, et remercions le vieillard qui,
presque un ancêtre, donne aux générations fu
tures l’exemple du plus rare courage.
Nous nous associons de tout cœur à cette
appréciation.
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