Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1927-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1927 01 octobre 1927
Description : 1927/10/01-1927/12/31. 1927/10/01-1927/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45653022
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
TRIMESTRIEL
®~29» ANNÉE
OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1927
9
ÜKIVER SEL
Fondé en 1898, supprimé par Ja censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TÂACK TRAKRANEN
Les articles n’engagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
D' DUMESNIL
Le numéro..,.
O fr. 50
PARIS M* 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs'
Membre actif....... 20 francs.
Membre militant..... 50 francs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
VERS L’Ifflf PB PPE
rgVcit de la Conscience mondiale
Au milieu du sang la conscience humaine
s’éveille !
Pauvre humanité ! Quelles hécatombes, quel
entassement de forfaits, de meurtres, de cata
clysmes, de fléaux, faudra-t-il pour te tirer de
ta torpeur et de ton inconscience ?
Les 13 millions de morts de la grande guerre,
la triste survivance des millions de mutilés,
les désastres et les ruines, ce n’était pas assez
pour faire comprendre aux hommes leur folie.
De tous côtés on continue à s’armer et on pré
pare la guerre.
La guerre ! Mais elle est en permanence sur
notre planète. Terreur et massacres de tous côtés !
Massacres en Chine, massacres en Russie, à
Belgrade, à Sofia, en Italie. C est partout 1 as
sassinat et la torture comme institution régulière
et permanante.
Mais voici que l’assassinat légal de deux hom
mes a remué le monde. Un frisson d’indignation a
secoué la planète, du Japon à 1 Espagne, de la
Norvège au Transwaal, des plaines glacées du
Canada aux pampas de l’Argentine. Sacco et
Vanzetti ont agrégé autour d’eux les atomes
épars de la conscience humaine.
Procès renouvelé de l’Inquisition : à huis
clos dans une ville en état de siège, dépositions
insoutenables des témoins à charge, aveu cy
nique du juge Thayer que les accusés étaient
coupables d’avoir répandu des idées subver
sives et que ce fait méritait la condamnation.
Jurisprudence invraisemblable qui fait que
c’est le même Thayer qui doit statuer en appel
sur son propre jugement. Parti pris, obstruc
tion, haine de classe, fanatisme, terreur de^ la
révolution chez les milliardaires et leurs suppôts.
Tout est réuni pour faire de cç jugement un mo
nument d’iniquité.
Mais en plus la cruauté — cruauté froide,
méthodique, mathématique. La gigantesque
organisation mécanique reposant sur des piles
de dollars et qui broie les hommes comme elle
happe les moutons et les porcs à Chicago ou
comme elle fabrique des automobiles chez Ford.
Acier, ciment armé, vitesse, lift! Combien de
dollars ? Ça paie ou ça ne paie pas. Humanité,
justice! vieilles ritournelles sentimentales de'
ces paysans arriérés du Vieux Monde qui ne
connaissent pas les gratte-ciels, le corned beef,
la « série » et toutes les beautés de la civilisation
U. S. A. « the best in the world ». Les puritains
de Boston affranchis des « superstitions moyen
âgeuses » ont ressuscité les procédés de 1 or-
quemada et Villiers de 1 Isle Adam pourrait
écrire une nouvelle version de « La 1 orture par
l’Espérance ». Cruauté feroce d un I hayer, soi-
disant juge, obstination orgueilleuse d un Fuller
qui croirait déchoir en se montrant humain,
et s’abaisser en accordant une grâce que le
monde entier implorait. Mélange incompré
hensible d’obstination puérile, d’orgueil hy
pertrophié par le colossal développement maté
riel de l’Amérique et perversion de la conscience
par un puritanisme sans entrailles, religion fé
roce de ces « zélateurs dont le Dieu est un mons
tre » comme disait Malebranche.
Mais l’insolent défi à 1 humanité a secoué le
monde. Intellectuels, artistes, manuels de tous
les partis, de toutes les contrées, de toutes les
langues ont avec dignité et énergie réclamé
pitié et justice. Nous avons vu de 1 extrême-
droite à l’extrême-gauche les hommes habituel
lement adversaires acharnés, se trouver unani
mes pour implorer la grâce des deux martyrs
de Boston.
La torture de Sacco et Vanzetti a pris fin,
mais la souffrance et l’injustice qui leur furent
infligés sont ressenties dans le monde entier.
Le bourreau de Boston a blessé toute 1 huma
nité.
Cela est un symptôme capital. A la suite et
à côté de toutes les horreurs qui polluent notre
terre, voici l’aube d’un jour qu ont annoncé les
Prophètes, d’un temps qui s approche et qui
commence à se réaliser quand le soleil entrera
dans le constellation du Verseau, l’ère de la
Fraternité, de l’unification des peuples. Qui
se souciait, il y a quelques siècles, en Noi -
mandie des atrocités commises par un seigneur
de l’Ile de'France ? Aujourd’hui le monde en
tier frémit de l’injustice commise sur deux ou
vriers d’Amérique.
Amis de la Paix, et serviteurs de l’Idéal,
quand nos yeux sont obscurcis par la vue des
charniers, nos oreilles assourdies par la plainte
des victimes, notre cœur déchiré par le reten
tissement de la passion séculaire de l’humanité,
notre conscience révoltée par l’iniquité triom
phante, ne perdons pas v confiance, ne maudissons
point la vie. Sachons discerner dans les profon
deurs, le travail continu de l’Esprit « qui pousse
en nous des gémissements inénarrables » selon
le mot de saint Paul. N’oublions pas que, selon
le même apôtre, « la création est en travail et
attend sa délivrance. »
Mais ne nous abusons point. La vie d’unindi-
vidu est une courte phase dans l’évolution de
l’humanité dont le rythme se déploie sur des
millénaires comme le rythme individuel sur des
années. Tout en ressentant douloureusement
en nous l’immense douleur de l’humanité, sa
tragique course errante dans les ténèbres, le
vons les yeux vers les astres, ces maîtres de
sérénité ; leur infaillible révolution sur les orbes
immenses, la mystérieuse scintillation de leurs
rayons qui viennent nous impressionner après
des voyages de centaines d’années à travers
l’espace infini, la prodigieuse vie de ces étoiles
qui se développe à travers des millions de
siècles —- qu’est-ce qu’un Thayer et un Fuller
dans le monde sidéral — toute cette splendeur
et cette intelligence cosmiques nous appren
drons qu’il y a deux forces invincibles, deux
aspects d’une même réalité infinie qui demeurent
au-delà de toute limite, de toute perturbation
à travers les siècles des siècles, réalités sublimes
auxquelles nous devons en dépit de tout et
par dessus tout nous donner entièrement :
la Sagesse et l’Amour,
D r M. DUMESNIL.
nnn nnnnn n^nnnnnnmimk
Le Projet Boncout
En réponse à notre protestation adressée
à la Commission de l’Armée au Sénat, nous avons
reçu la lettre fort courtoise qui suit ;
SÉNAT 4 Juillet 1927.
Madame,
M, le Président Lebrun avait bien voulu me
communiquer la lettre par laquelle l’Association
que vous présidez exprimait de très légitimes
craintes sur les conséquences possibles de ■ cer
taines dispositions de la loi sur l’organisation de
la Nation en temps de guerre.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que le
texte que je dois rapporter au Sénat au nom de
la Commission de l’Armée donne tout apaise
ment. Si le souci de notre défense nous oblige à
prévoir l’organisation qui disciplinera les sacri
fices réclamés du pays, tout au moins la Commis
sion sénatoriale de l’Armée les a limités à la me
sure des nécessités. Les modifications apportées
au projet ont spécialement pour objet de garantir
contre toute dictature la liberté de conscience
et la liberté d’association.
Veuillez agéer, Madame, mes respectueux hom
mages.
L.-L. KLOTZ,
★
* *
Je suis au regret de ne pouvoir en cette ma
tière partager l’optimisme sans doute fort sin
cère de mon respectable correspondant. Les ré
quisitions possibles du matériel humain incor
porées dans le texte sénatorial ne me disent
rien qui vaille. J’imagine que les femmes pa
cifistes ne tiennent pas plus en effet à être ré
quisitionnées que mobilisées.
Le dernier mot n’est d’ailleurs pas encore dit ;
la rentrée nous ménage à cet égard des surprises
et des débats mouvementés. Le bruit circule que
M. Paul-Boncour n’acceptera à aucun prix la
suppression de l’article I de la loi, pierre angu
laire de l’édifice, premier chainon d’une chaîne
indéfinie... Pacifisme mis à part, il a raison.
Les lois de la guerre ne sauraient être ni humai
nes, ni humanitaires ; qui veut la guerre veut
les moyens, mais nous qui n’acceptons pas la
guerre nous ne voulons pas être contraintes de
la faire.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Encore bouleversés par l’exécution de Sacco
et Vanzetti, victimes d’une magistrature inhu
maine, nous détournant des Fuller et des Thayer
qui ne représentent pas plus les Etats-Unis
que les Mornet ne représentaient la France chez
nous, nous sommes heureux de pouvoir faire
connaître à nos lecteurs, quelques idéalistes
américains au travail pour la venue du règne de
la paix.
Traduction du Communiqué que M. Frederick
J. Libby secrétaire du « National Council for
prévention of war » (Conseil national pour pré
venir la guerre établi à Washington) membre
du Comité International des Pasteurs antimilita
ristes, nous prie de faire paraître :
Au mois de janvier 1927, 13 des principaux
journaux de New-York publièrent une adresse
au peuple américain proclamant que s’il dési
rait la paix avec le Mexique il devait, non seule
ment en témoigner ouvertement mais encore
se donner toutes les peines possibles pour y
parvenir.
.Le « Conseil national pour prévenir la guerre »,
qui relie entre elles une trentaine d’organisa
tions pacifistes avait déjà pris dans cette voie
des initiatives. Il mobilisa la presse religieuse
du pays pour-démontrer, le danger de la guerre
à ses lecteurs.
Le secrétaire du Conseil F. J. Libby forma
avec ceux qui travaillent pour la paix mondiale
un fonds de 10.000 dollars. Il organisa premiè
rement un Comité provisoire à New-York qui
envoya télégraphiquement une invitation à
1000 personnes influentes dans les 48 provinces
des Etats-Unis, à signer une déclaration jointe
au télégramme en faveur de Varbitrage avec le
Mexique avec prière de la lui renvoyer sans re
tard.
En moins de 24 heures plus de 400 réponses
parvinrent au Comité qui se hâta d’envoyer
la déclaration pourvue de toutes les signatures
ainsi que l’avertissement paru dans les 13 jour
naux de New-York, aux 13.600 journaux pa
raissant dans les Etats-Unis.
Les principaux journaux de New-York firent
paraître en trois colonnes la déclaration en en
tier, suivie de toutes les signatures reçues.
Le second pas à faire dans cette entreprise
fut de se procurer une déclaration technique
fournie par un professeur en droit international
à l’Université de Colombie susceptible de prou
ver que dans le cas donné, Y arbitrage serait
chose possible.
Cette pièce fut envoyée par express en avion
à 240 professeurs d’économie politique de droit
et d’histoire dans les principaux établissements
d’éducation des Etats-Unis avec prière d’y vou
loir apposer leur signature.
Cent et une signatures rentrèrent en moins
de 24 heures: Cette pièce fut imprimée et mu
nie des 101 signatures, elle fut envoyée aux jour
naux qui se hâtèrent de la publier.
En troisième lieu une réunion fut organisée
par les diverses organisations pour la paix mon
diale. Au bout de trois jours les représentants
officiels et non officiels de 30 organisations pa
cifistes se réunirent dans la Quaker Meeting
house (salle de réunion des Quakers) à Washing
ton et s’accordèrent pour rédiger un programme
afin de récolter }e plus de lettres et de télégram
mes d’adhésion possibles et de présenter ceux-ci
au Président et aux membres du Sénat.
Chacune des trente organisations pria ses
membres de vouloir se charger de l’envoi de
10 télégrammes.
Ensuite le même procédé fut suivi auprès de
75000 pasteurs. Des centaines de personnages
influents reçurent les copies des discours, tenus
à ce sujet par les membres du Sénat, tandis que
les journaux locaux furent informés également.
Le résultat de cette action nationale fut formi
dable,
Les journalistes de Washington déclarèrent
n’avoir jamais vu une telle éruption de l’opi
nion publique.
Le Sénat vota avec 79 contre 0 en faveur de
Varbitrage avec le Mexique.
Le gouvernement qui s’était montré dur et
inflexible se fit conciliant et rempli de bonne
Les Mes Chinoises
Le général ou plutôt le maréchal Feng tant
renommé est certainement une des personnalités
les plus intéressantes de la mission chrétienne
en Chine. Pendant des années on attendait de
lui le salut de l’armée chinoise et la délivrance
de la Patrie. Mais il semble que son plan de créer
une Chine libre et indépendante ait échoué devant
la résistance implacable des grandes puissances.
Grâce aux subsides de ces dernières une armée
redoutable fut mise sur pied contre la sienne
et il dut battre en retraite jusqu’à Pékin et au-
delà. Depuis lors, il a résigné ses fonctions et
l^on n’entendit plus guère parler de lui. Même
1 Eglise méthodiste à la conférence générale de
laquelle il avait été élu comme délégué, est très
peu renseignée à son sujet. On accueillera avec
d autant plus d’intérêt les communications sui
vantes extraites du livre : The Life of Faith,
Le traducteur (de la version allemande) a
connu personnellement le docteur Goforth
lors de son séjour en Chine et est en mesure de
certifier que c est le témoignage d’une person
nalité qui jouit de la plus haute considération
parmi les Chinois et les étrangers ainsi que parmi
les missions évangéliques pour son travail dé
voué et couronné de succès.
Voici ce qu’écrit M. Goforth : « Après tout
ce qu on a répandu de bruits défavorables au
sujet de 1 ar mée chréti enne de Chine, et en par
ticulier de son chef le général Feng Vu Hsiang,
je voudrais en qualité d’ami de ce dernier
dire ce que j’en sais.
D abord je puis certifier que je connais très
bien le maréchal Feng et ses principaux géné
raux. D après tout ce que j’ai observé et vécu
dans cette armée chrétienne je ne puis me per
mettre aucun doute quant à la sincérité de ces
gens. On ne saurait trouver parmi chrétiens et
païens ni homme ni femme qui, ayant appris à
connaître de près le maréchal Feng et ses
officiers, pourraient en dire du mal. Non ces
hommes sont véritablement des chrétiens ‘au
thentiques et l’ont prouvé dans les circonstances
les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Le bour
bier politique où se débat la Chine a atteint un
degré de putréfaction dont le diable lui-même
pourrait se féliciter.
On me demandera peut-être : Ces gens peu
vent-ils être à la fois chrétiens et bolchevistes ?
A quoi je répondrai : Non, certainement que
non! Après m’être convaincu que ces hommes
sont de vrais chrétiens, je les crois sur parole
quand ils m’assurent qu’ils ne sont point bol
chevistes et ne veulent point passer pour tels.
N’arrive-t-il pas aussi dans nos maisons de
commerce dans les ministères gouvernementaux
dans d’autres positions que des chrétiens posi
tifs travaillent de concert avec des gens frivoles
et mondains ? Les chefs de l’armée chrétienne
étaient à tel point cernés de toutes parts qu’il
leur était impossible de se ravitailler ailleurs
qu’en Russie, tandis que leurs ennemis qui
visaient à les exterminer, pouvaient s’approvi
sionner partout ailleurs. Peut-on dans ces cir
constances leur reprocher d’avoir eu recours pour
leur subsistance à la Russie ? Mais immédiate
ment on publia à grands airs : « Voici ces
pieux chrétiens transformés en rouges bolche
vistes ! » Ce mensonge se répandit avec un suc
cès éclatant auprès et au loin, et les deux géné
raux autrefois ennemis, maintenant coalisés
purent équiper un million de soldats pour
détruire l’armée taxée de bolchevisme. Tout
récemment encore un cher vieux missionnaire
me racontait que dans son église on demandait
a Dieu que les deux généraux autrefois adver
saires Chang Tsolin et Wupeifer demeurent en
bonne intelligence jusqu’à l’extermination du
bolchevisme de l’armée chrétienne. Un journal
des plus répandus a publié ces derniers|jours le
volonté envers le Mexique. Tout avait changé
comme par un coup de baguette magique.
Voilà un exemple qui prouve à quel point la
question de la guerre et de la paix dépend de
l’opinion publique guidée pratiquement et avec
sagesse vers l’idéal élevé : la Paix.
Haarlem , 26 juin 1927.
s: T. V. B.
®~29» ANNÉE
OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1927
9
ÜKIVER SEL
Fondé en 1898, supprimé par Ja censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TÂACK TRAKRANEN
Les articles n’engagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement
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Un an
5 francs.
D' DUMESNIL
Le numéro..,.
O fr. 50
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Membre actif....... 20 francs.
Membre militant..... 50 francs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
VERS L’Ifflf PB PPE
rgVcit de la Conscience mondiale
Au milieu du sang la conscience humaine
s’éveille !
Pauvre humanité ! Quelles hécatombes, quel
entassement de forfaits, de meurtres, de cata
clysmes, de fléaux, faudra-t-il pour te tirer de
ta torpeur et de ton inconscience ?
Les 13 millions de morts de la grande guerre,
la triste survivance des millions de mutilés,
les désastres et les ruines, ce n’était pas assez
pour faire comprendre aux hommes leur folie.
De tous côtés on continue à s’armer et on pré
pare la guerre.
La guerre ! Mais elle est en permanence sur
notre planète. Terreur et massacres de tous côtés !
Massacres en Chine, massacres en Russie, à
Belgrade, à Sofia, en Italie. C est partout 1 as
sassinat et la torture comme institution régulière
et permanante.
Mais voici que l’assassinat légal de deux hom
mes a remué le monde. Un frisson d’indignation a
secoué la planète, du Japon à 1 Espagne, de la
Norvège au Transwaal, des plaines glacées du
Canada aux pampas de l’Argentine. Sacco et
Vanzetti ont agrégé autour d’eux les atomes
épars de la conscience humaine.
Procès renouvelé de l’Inquisition : à huis
clos dans une ville en état de siège, dépositions
insoutenables des témoins à charge, aveu cy
nique du juge Thayer que les accusés étaient
coupables d’avoir répandu des idées subver
sives et que ce fait méritait la condamnation.
Jurisprudence invraisemblable qui fait que
c’est le même Thayer qui doit statuer en appel
sur son propre jugement. Parti pris, obstruc
tion, haine de classe, fanatisme, terreur de^ la
révolution chez les milliardaires et leurs suppôts.
Tout est réuni pour faire de cç jugement un mo
nument d’iniquité.
Mais en plus la cruauté — cruauté froide,
méthodique, mathématique. La gigantesque
organisation mécanique reposant sur des piles
de dollars et qui broie les hommes comme elle
happe les moutons et les porcs à Chicago ou
comme elle fabrique des automobiles chez Ford.
Acier, ciment armé, vitesse, lift! Combien de
dollars ? Ça paie ou ça ne paie pas. Humanité,
justice! vieilles ritournelles sentimentales de'
ces paysans arriérés du Vieux Monde qui ne
connaissent pas les gratte-ciels, le corned beef,
la « série » et toutes les beautés de la civilisation
U. S. A. « the best in the world ». Les puritains
de Boston affranchis des « superstitions moyen
âgeuses » ont ressuscité les procédés de 1 or-
quemada et Villiers de 1 Isle Adam pourrait
écrire une nouvelle version de « La 1 orture par
l’Espérance ». Cruauté feroce d un I hayer, soi-
disant juge, obstination orgueilleuse d un Fuller
qui croirait déchoir en se montrant humain,
et s’abaisser en accordant une grâce que le
monde entier implorait. Mélange incompré
hensible d’obstination puérile, d’orgueil hy
pertrophié par le colossal développement maté
riel de l’Amérique et perversion de la conscience
par un puritanisme sans entrailles, religion fé
roce de ces « zélateurs dont le Dieu est un mons
tre » comme disait Malebranche.
Mais l’insolent défi à 1 humanité a secoué le
monde. Intellectuels, artistes, manuels de tous
les partis, de toutes les contrées, de toutes les
langues ont avec dignité et énergie réclamé
pitié et justice. Nous avons vu de 1 extrême-
droite à l’extrême-gauche les hommes habituel
lement adversaires acharnés, se trouver unani
mes pour implorer la grâce des deux martyrs
de Boston.
La torture de Sacco et Vanzetti a pris fin,
mais la souffrance et l’injustice qui leur furent
infligés sont ressenties dans le monde entier.
Le bourreau de Boston a blessé toute 1 huma
nité.
Cela est un symptôme capital. A la suite et
à côté de toutes les horreurs qui polluent notre
terre, voici l’aube d’un jour qu ont annoncé les
Prophètes, d’un temps qui s approche et qui
commence à se réaliser quand le soleil entrera
dans le constellation du Verseau, l’ère de la
Fraternité, de l’unification des peuples. Qui
se souciait, il y a quelques siècles, en Noi -
mandie des atrocités commises par un seigneur
de l’Ile de'France ? Aujourd’hui le monde en
tier frémit de l’injustice commise sur deux ou
vriers d’Amérique.
Amis de la Paix, et serviteurs de l’Idéal,
quand nos yeux sont obscurcis par la vue des
charniers, nos oreilles assourdies par la plainte
des victimes, notre cœur déchiré par le reten
tissement de la passion séculaire de l’humanité,
notre conscience révoltée par l’iniquité triom
phante, ne perdons pas v confiance, ne maudissons
point la vie. Sachons discerner dans les profon
deurs, le travail continu de l’Esprit « qui pousse
en nous des gémissements inénarrables » selon
le mot de saint Paul. N’oublions pas que, selon
le même apôtre, « la création est en travail et
attend sa délivrance. »
Mais ne nous abusons point. La vie d’unindi-
vidu est une courte phase dans l’évolution de
l’humanité dont le rythme se déploie sur des
millénaires comme le rythme individuel sur des
années. Tout en ressentant douloureusement
en nous l’immense douleur de l’humanité, sa
tragique course errante dans les ténèbres, le
vons les yeux vers les astres, ces maîtres de
sérénité ; leur infaillible révolution sur les orbes
immenses, la mystérieuse scintillation de leurs
rayons qui viennent nous impressionner après
des voyages de centaines d’années à travers
l’espace infini, la prodigieuse vie de ces étoiles
qui se développe à travers des millions de
siècles —- qu’est-ce qu’un Thayer et un Fuller
dans le monde sidéral — toute cette splendeur
et cette intelligence cosmiques nous appren
drons qu’il y a deux forces invincibles, deux
aspects d’une même réalité infinie qui demeurent
au-delà de toute limite, de toute perturbation
à travers les siècles des siècles, réalités sublimes
auxquelles nous devons en dépit de tout et
par dessus tout nous donner entièrement :
la Sagesse et l’Amour,
D r M. DUMESNIL.
nnn nnnnn n^nnnnnnmimk
Le Projet Boncout
En réponse à notre protestation adressée
à la Commission de l’Armée au Sénat, nous avons
reçu la lettre fort courtoise qui suit ;
SÉNAT 4 Juillet 1927.
Madame,
M, le Président Lebrun avait bien voulu me
communiquer la lettre par laquelle l’Association
que vous présidez exprimait de très légitimes
craintes sur les conséquences possibles de ■ cer
taines dispositions de la loi sur l’organisation de
la Nation en temps de guerre.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que le
texte que je dois rapporter au Sénat au nom de
la Commission de l’Armée donne tout apaise
ment. Si le souci de notre défense nous oblige à
prévoir l’organisation qui disciplinera les sacri
fices réclamés du pays, tout au moins la Commis
sion sénatoriale de l’Armée les a limités à la me
sure des nécessités. Les modifications apportées
au projet ont spécialement pour objet de garantir
contre toute dictature la liberté de conscience
et la liberté d’association.
Veuillez agéer, Madame, mes respectueux hom
mages.
L.-L. KLOTZ,
★
* *
Je suis au regret de ne pouvoir en cette ma
tière partager l’optimisme sans doute fort sin
cère de mon respectable correspondant. Les ré
quisitions possibles du matériel humain incor
porées dans le texte sénatorial ne me disent
rien qui vaille. J’imagine que les femmes pa
cifistes ne tiennent pas plus en effet à être ré
quisitionnées que mobilisées.
Le dernier mot n’est d’ailleurs pas encore dit ;
la rentrée nous ménage à cet égard des surprises
et des débats mouvementés. Le bruit circule que
M. Paul-Boncour n’acceptera à aucun prix la
suppression de l’article I de la loi, pierre angu
laire de l’édifice, premier chainon d’une chaîne
indéfinie... Pacifisme mis à part, il a raison.
Les lois de la guerre ne sauraient être ni humai
nes, ni humanitaires ; qui veut la guerre veut
les moyens, mais nous qui n’acceptons pas la
guerre nous ne voulons pas être contraintes de
la faire.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Encore bouleversés par l’exécution de Sacco
et Vanzetti, victimes d’une magistrature inhu
maine, nous détournant des Fuller et des Thayer
qui ne représentent pas plus les Etats-Unis
que les Mornet ne représentaient la France chez
nous, nous sommes heureux de pouvoir faire
connaître à nos lecteurs, quelques idéalistes
américains au travail pour la venue du règne de
la paix.
Traduction du Communiqué que M. Frederick
J. Libby secrétaire du « National Council for
prévention of war » (Conseil national pour pré
venir la guerre établi à Washington) membre
du Comité International des Pasteurs antimilita
ristes, nous prie de faire paraître :
Au mois de janvier 1927, 13 des principaux
journaux de New-York publièrent une adresse
au peuple américain proclamant que s’il dési
rait la paix avec le Mexique il devait, non seule
ment en témoigner ouvertement mais encore
se donner toutes les peines possibles pour y
parvenir.
.Le « Conseil national pour prévenir la guerre »,
qui relie entre elles une trentaine d’organisa
tions pacifistes avait déjà pris dans cette voie
des initiatives. Il mobilisa la presse religieuse
du pays pour-démontrer, le danger de la guerre
à ses lecteurs.
Le secrétaire du Conseil F. J. Libby forma
avec ceux qui travaillent pour la paix mondiale
un fonds de 10.000 dollars. Il organisa premiè
rement un Comité provisoire à New-York qui
envoya télégraphiquement une invitation à
1000 personnes influentes dans les 48 provinces
des Etats-Unis, à signer une déclaration jointe
au télégramme en faveur de Varbitrage avec le
Mexique avec prière de la lui renvoyer sans re
tard.
En moins de 24 heures plus de 400 réponses
parvinrent au Comité qui se hâta d’envoyer
la déclaration pourvue de toutes les signatures
ainsi que l’avertissement paru dans les 13 jour
naux de New-York, aux 13.600 journaux pa
raissant dans les Etats-Unis.
Les principaux journaux de New-York firent
paraître en trois colonnes la déclaration en en
tier, suivie de toutes les signatures reçues.
Le second pas à faire dans cette entreprise
fut de se procurer une déclaration technique
fournie par un professeur en droit international
à l’Université de Colombie susceptible de prou
ver que dans le cas donné, Y arbitrage serait
chose possible.
Cette pièce fut envoyée par express en avion
à 240 professeurs d’économie politique de droit
et d’histoire dans les principaux établissements
d’éducation des Etats-Unis avec prière d’y vou
loir apposer leur signature.
Cent et une signatures rentrèrent en moins
de 24 heures: Cette pièce fut imprimée et mu
nie des 101 signatures, elle fut envoyée aux jour
naux qui se hâtèrent de la publier.
En troisième lieu une réunion fut organisée
par les diverses organisations pour la paix mon
diale. Au bout de trois jours les représentants
officiels et non officiels de 30 organisations pa
cifistes se réunirent dans la Quaker Meeting
house (salle de réunion des Quakers) à Washing
ton et s’accordèrent pour rédiger un programme
afin de récolter }e plus de lettres et de télégram
mes d’adhésion possibles et de présenter ceux-ci
au Président et aux membres du Sénat.
Chacune des trente organisations pria ses
membres de vouloir se charger de l’envoi de
10 télégrammes.
Ensuite le même procédé fut suivi auprès de
75000 pasteurs. Des centaines de personnages
influents reçurent les copies des discours, tenus
à ce sujet par les membres du Sénat, tandis que
les journaux locaux furent informés également.
Le résultat de cette action nationale fut formi
dable,
Les journalistes de Washington déclarèrent
n’avoir jamais vu une telle éruption de l’opi
nion publique.
Le Sénat vota avec 79 contre 0 en faveur de
Varbitrage avec le Mexique.
Le gouvernement qui s’était montré dur et
inflexible se fit conciliant et rempli de bonne
Les Mes Chinoises
Le général ou plutôt le maréchal Feng tant
renommé est certainement une des personnalités
les plus intéressantes de la mission chrétienne
en Chine. Pendant des années on attendait de
lui le salut de l’armée chinoise et la délivrance
de la Patrie. Mais il semble que son plan de créer
une Chine libre et indépendante ait échoué devant
la résistance implacable des grandes puissances.
Grâce aux subsides de ces dernières une armée
redoutable fut mise sur pied contre la sienne
et il dut battre en retraite jusqu’à Pékin et au-
delà. Depuis lors, il a résigné ses fonctions et
l^on n’entendit plus guère parler de lui. Même
1 Eglise méthodiste à la conférence générale de
laquelle il avait été élu comme délégué, est très
peu renseignée à son sujet. On accueillera avec
d autant plus d’intérêt les communications sui
vantes extraites du livre : The Life of Faith,
Le traducteur (de la version allemande) a
connu personnellement le docteur Goforth
lors de son séjour en Chine et est en mesure de
certifier que c est le témoignage d’une person
nalité qui jouit de la plus haute considération
parmi les Chinois et les étrangers ainsi que parmi
les missions évangéliques pour son travail dé
voué et couronné de succès.
Voici ce qu’écrit M. Goforth : « Après tout
ce qu on a répandu de bruits défavorables au
sujet de 1 ar mée chréti enne de Chine, et en par
ticulier de son chef le général Feng Vu Hsiang,
je voudrais en qualité d’ami de ce dernier
dire ce que j’en sais.
D abord je puis certifier que je connais très
bien le maréchal Feng et ses principaux géné
raux. D après tout ce que j’ai observé et vécu
dans cette armée chrétienne je ne puis me per
mettre aucun doute quant à la sincérité de ces
gens. On ne saurait trouver parmi chrétiens et
païens ni homme ni femme qui, ayant appris à
connaître de près le maréchal Feng et ses
officiers, pourraient en dire du mal. Non ces
hommes sont véritablement des chrétiens ‘au
thentiques et l’ont prouvé dans les circonstances
les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Le bour
bier politique où se débat la Chine a atteint un
degré de putréfaction dont le diable lui-même
pourrait se féliciter.
On me demandera peut-être : Ces gens peu
vent-ils être à la fois chrétiens et bolchevistes ?
A quoi je répondrai : Non, certainement que
non! Après m’être convaincu que ces hommes
sont de vrais chrétiens, je les crois sur parole
quand ils m’assurent qu’ils ne sont point bol
chevistes et ne veulent point passer pour tels.
N’arrive-t-il pas aussi dans nos maisons de
commerce dans les ministères gouvernementaux
dans d’autres positions que des chrétiens posi
tifs travaillent de concert avec des gens frivoles
et mondains ? Les chefs de l’armée chrétienne
étaient à tel point cernés de toutes parts qu’il
leur était impossible de se ravitailler ailleurs
qu’en Russie, tandis que leurs ennemis qui
visaient à les exterminer, pouvaient s’approvi
sionner partout ailleurs. Peut-on dans ces cir
constances leur reprocher d’avoir eu recours pour
leur subsistance à la Russie ? Mais immédiate
ment on publia à grands airs : « Voici ces
pieux chrétiens transformés en rouges bolche
vistes ! » Ce mensonge se répandit avec un suc
cès éclatant auprès et au loin, et les deux géné
raux autrefois ennemis, maintenant coalisés
purent équiper un million de soldats pour
détruire l’armée taxée de bolchevisme. Tout
récemment encore un cher vieux missionnaire
me racontait que dans son église on demandait
a Dieu que les deux généraux autrefois adver
saires Chang Tsolin et Wupeifer demeurent en
bonne intelligence jusqu’à l’extermination du
bolchevisme de l’armée chrétienne. Un journal
des plus répandus a publié ces derniers|jours le
volonté envers le Mexique. Tout avait changé
comme par un coup de baguette magique.
Voilà un exemple qui prouve à quel point la
question de la guerre et de la paix dépend de
l’opinion publique guidée pratiquement et avec
sagesse vers l’idéal élevé : la Paix.
Haarlem , 26 juin 1927.
s: T. V. B.
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