Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1927-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1927 01 avril 1927
Description : 1927/04/01-1927/06/30. 1927/04/01-1927/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45653007
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
29» ANNÉE
MENSUEL
AVRIL-MAI-JUIN 1927
9
U MI VER SEL
Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »>
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESN1L, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY, •
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann K U TT ER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAAGK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
37, rue Poussin,
ADMINISTRATION :
Abonnement
.
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro „
O fr. 50
PARIS «• 217.31
■
PARIS*, XVT. Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
La Molisation des conscie nces... el le sauvetage des fortunes
« L’âme des foules se remue au gré des désirs du gouvernement. L’Etat peut et
doit manier le sentiment public Suivant les besoins de la politique ».
Général Serrigny (Le Journal, 16 février 1920).
« Les trois hommes auxquels vous devez le projet de loi qui vous est soumis sont
M. le général Buat, M. le général Serrigny et M. Paul Boncour ».
Jean Eabry (Séance de la Chambre des Députés, 3 mars 1927).
Notre Protestation
Lettre à H* * le Président du Sénat
Avril 1927.
Monsieur le Président,
Permettez à des femmes françaises qui n’ont
pas encore le pouvoir de faire connaître par
l’intermédiaire du Parlement, leur opinion sur
la loi concernant l’Organisation de la Nation
pour le temps de guerre, de s’adresser respec
tueusement à vous, Monsieur le Président, pour
transmettre à vos honorables collègues, nos
observations concernant une loi qui sans con
sentement préalable vient de militariser d’of-
lice, celles qui ne sont même pas encore ci
toyennes.
Nous considérons :
1° Que ce droit que l’on s’arroge sur nous,
sans préavis légal, porte atteinte à la dignité de
notre personne humaine et se trouve incompa
tible avec les principes d’un gouvernement ré
publicain ;
2° Que cette militarisation générale de la
nation, loin d’être une garantie de paix pour
notre peuple, est la meilleure arme que l’on
puisse fournir aux autres nations pour excuser
intensifier et généraliser leurs préparatifs mili
taires.
Cette loi paraît donc aux femmes françaises
sous-signées comme un véritable danger pour
la paix déjà si chèrement acquise.
Cette course à la militarisation intense ne
peut, croient-elles, que conduire le Monde à
une folie de destruction sans précédent. Elles
croient donc de leur devoir de prévenir, s’il en
est temps encore, les hommes politiques, de
l’immense machine infernale qu’ils sont en train
de monter. Quand se déclanchera l’inévitable et
que la puanteur des charniers humains envahira
les plus grandes villes comme les campagnes les
plus retirées, devant les cadavres entassés,
« sans distinction d’âge ni de sexe », elles ne
veulent pas pouvoir se reprocher, que sentant un
jour l’imminence d’une pareille horreur, elles
n’auront pas poussé le cri d’alarme.
3° Elles.considèrent que cette loi menace d’éta
blir dans le pays un régime dictatorial. Ses ar
ticles IV (alinéas 3, 4 et 5) et son article XI
(al. J. et 2) équivalent en effet à la suppression
de la liberté de pensée et de la liberté d’associa
tion dès le déclanchement de la mobilisation.
Cette loi donne au gouvernement le droit de
pouvoir — en toute légalité — ce qui est formi
dable, disposer à son gré :
1° Des capacités intellectuelles et morales des
personnes ;
2° Dans les formes qui lui plairont,Me dispo
ser également de tous les groupements légale
ment constitués — syndicats compris — sans
que ceux-ci puissent en aucune manière requé
rir contre un pareil abus.
Acte légal, la mobilisation des consciences,
acte légal, la disposition ad libitum des associa
tions.
Cela outrepasse, Monsieur le Président, les
garanties auxquelles nous avons été habituées
juqu’à ce jour, même sous le régime de la cen
sure militaire.
Cet enterrement officiel de la censure, loin de
nous réjouir, nous semble bien être en même
temps aussi celui de tous les droits imprescrip
tibles de la conscience.
i neure ou cette loi viendra en discussion devai
le Sénat, de ne pas oublier qu’il existe en Frant
des femmes plus soucieuses desDroits de l’Hoinn
que les Députés eux-mêmes, et dont la Mate
nité s’émeut d’une loi qui menace d’enlraîm
le monde dans une guerre d’exterminatioi
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’a
surance de notre respectueuse confiance dar
votre dévouement à la chose publique (1).
Henriette Dumesnil- Huche:
Blanche Dupin, Marguerit
ScuiRMANN, M me PeRCIN, CLAIR
Géniaux, Céline Grandjeap
Madeleine Dupuis, Elise L
Bail, J. Aubé, Octavie Hassi
Vve Chale, E. Sens, A. Damei
E. Groher, Vve Leroy, Vv
Gautier, J. Frohen, J. Moiso>
M lle Bouvier, A. Lefe.uvre
M lle Lefeuvre, M me Rousselot
M me Pavoine. M me Gaudit, M m
Gaudin, M me Coquelin, M m
Elvard, M me Guérin, M me E
Bot, M me Marilleau, E. Chau
mont, Germaine Melon, E
Barlow, Suz. Koechlin, Vvi
Marengo, J. Marengo, J, Mou
TET, C. HuCHET, A. CoLLIETTE
A. Berger (5 e ar.). M. Berger
(14 e ar.), L. Charpentier, R
Fort, A. Masson, M. Palézy
L. Mesme, M. Ziègler, E. Culot
Marfurt, Elisabeth, Chardon
Françoise Leflammand, Germaiiu
Barbier. A. Jobard, P. Boulogne
A. Delacourt. S. Jomas. P. Gradt
G. Richard, Jeanne Jacquet, M m
Huic, Sun Rulleau, M. Raucii, M
Rozée, M. Sestini, Dupré, Bonne
TAT, GaDDA, TeRRASSON, VuRPIL
lot, Pairat, Gaillard, L. Jon
chère, Alice Sichel, T. Chabaud
M. Ceorget, M. Autrand, M. Pe
castamps, Y. Patron, Caron, Mi
dol, Lecomte, Fulconis, Four
MOND, VeRLY, ReNOUF, ChALVET
Lefel, Gaujoux. .(A> suivre)
(1) Une lettre semblable a élé adressée à M. le Préddent de I
Commission de l’Armée au Sénat.
Remarque importante
Cette lettre de protestation au Sénat cont
le projet de la nouvelle loi de militarisation gén
raie, ne s’adresse exclusivement qu’aux femme
dont nous avons voulu de cette manière éveill
l’intérêt à l’égard d’un problème qui n’est
vague ni lointain, mais précis et actuel : l’entr<
de la femme aux Armées.
Aux premières signatures publiées ici, noi
savons qu’il va venir s’en ajouter un grand non
bre. Nous prions seulement instamment n<
lectrices de faire diligence afin que le Sénat so
saisi de l’opinion pacifiste féminine avant qi
s’ouvrent les débats qui décideront du vol
définitif de la loi.
Envoyez sans retard votre adhésion à la ri
daction de V Universel, 37, rue Poussin, 16
Paris.
La Jeunesse allemande
contre le Militarisme
Voici, comme l’a dit spirituellement à la
séance de la Chambre du 3 mars, le député Cor
na vin :
« l’organisation de la prochaine dernière guerre »
et ce projet de loi pourrait être intitulé par
notre ami Demartial : « Comment on mobilisera
les consciences ! » .
Car si l’organisation du mensonge fut élevée
lôrs de la dernière guerre à la hauteur d’une ins
titution d’Etat, pour la prochaine ce sera infini
ment mieux et l’asservissement des esprits sera
parfait et intégral.
Paul Boncour tenant d’une main à Genève
le rameau d’olivier et de l’autre à Paris « la
poudre sèche et l’épée aiguisée », a, « dans la
forme éloquente et persuasive qui est l’habi
tuelle manière de son admirable talent » (selon
les paroles du président de la coirfmission de
l’armée M. Adolphe Girod) fait sien ce projet
de loi qui organise «la mise en œuvre de toutes
les forces vives du pays, la collaboration abso
lue, fervente et continue de tout ce qui peut
constituer dans la nation, sans distinction d’âge
ni de sexe, la moindre parcelle d’énergie agis
sante pour la protection de notre sol. » (A. Girod)
Paul Boncour avait déjà présidé le dernier
banquet de la paix, il a tous les états de service
pour être demain président du Conseil, grand
chef de la Défense Nationale et dictateur de la
Nation Armée, armée depuis les bébés qu’on con
duira en poussette blindée jusqu’aux nonagénaires
qui s’avanceront sur les derrières en chaise-à-
roulettes-mitrailleuse !
Car il faut le dire au bon public français
qui n’en sait rien et qui « n’a pas voulu cela »,
ce n’est rien moins que la dictature du président
du Conseil que ce projet institue. Jean Fabry a
pris soin d’exposer à titre préliminaire l’impor
tance de cette fonction de ministre de la défense
nationale assumée par un président du conseil
sans portefeuille et il a fait allusion à Mussolini
dont il loue l’action et qu’il propose insidieuse
ment comme modèle : « Le ministère de la Dé
fense Nationale a été réalisé en Italie sous une
forme infiniment plus précise, plus nette que
nous ne le faisons nous-mêmes. » (Journal Offi
ciel, 4 mars p. 598).
Dès le temps de paix, grâce à cette loi, le Pré-
sicent du Conseil se trouve concentrer en sa
personne des pouvoirs que nul personnage n’avait
eus depuis la fondation de la République. M.
Emile Borel a pris soin de le souligner : « Le pré
sident du Conseil, lorsque vous aurez voté cet
article, cessera d’être le personnage que la Cons
titution n’a pas prévu, qui se trouve avoir sim
plement pour tâche de présider le Conseil des
ministres. Par cet article, il se trouve le premier
ministre, le chef véritable du Gouvernement, ».
(J. 0., 4 mars p. 599.)
Cette conception peut se défendre, mais il
faut préciser les positions et savoir où l’on va.
Et d’une !
L’article 4 prévoit que la mobilisation natio
nale comporte :
« 3°, Dans l’ordre social, des mesures ayant
trait aux modifications à apporter pour le temps
de guerre à la législation et à la réglementation
qui régissent les rapports des citoyens entre
eux et avec l’Etat ».
Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites !
et qu’il sejra facile à l’aide de ce texte de suppri
mer légalement toutes les garanties de 1a li
berté individuelle : « Méfiez-vous ! taisez-vous ! »
avait fait afficher le sire de Saint-Mandé. Cette
fois ce sera le mot d’ordre officiel.
« 4° Dans l’ordre intellectuel une orientation
des ressources du pays dans le sens des intérêts
de la Défense nationale.
5° Enfin toutes les mesures nécessaires pour
garantir le moral du pays. »
Après la dernière guerre du Droit, de la Civi
lisation, etc., Romain Rolland écrivait :
« Tout le peuple des lettres était mobilisé.
On ne distinguait plus les personnalités. Les Uni
versités formaient un ministère de l’intelli
gence domestiquée; il avait pour office de rédi
ger les actes du maître et patron, l’Etat » (Glé-
rambault p. 104).
Que direz-vous, mon cher Rolland, sous le
règne de la loi Paul Boncour ?
Cette fois, c’est la main-mise sur tous les es
prits. Quiconque sait parler devra prêcher le
dogme officiel du ministère de la défense natio
nale, quiconque tient une plume devra écrire
l’apologie de la guerre et du gouvernement.
Plus de pensée libre, c’est-à-dire plus de pensée
du tout: une armée de scribes et de prédicateurs
sportulaires pour « soutenir le moral » de la
nation. Nous savons ce que cela vent dire.
Heureusement il y a un sursaut d’indignation
et la protestation de la revue Europe nous ar
rive signée par 200 intellectuels de marque. Cela
nous rend un peu l’estime de nous-mêmes !
Mais ceci est clair dans le projet de loi : la fin
de la liberté de pensée et la prostitution intel
lectuelle obligatoire.
Et de deux !
A pari les protestations communistes et la
critique tenace et serrée d’Ernest Lafon qui
s’est honoré dans ce débat, la Chambre a doci
lement accepté la muselière. Il n’en fut pas
de même pour la mobilisation des capitaux.
L’article 10 du projet énonce que :
« Les ressources nécessaires pour assurer la
défense nationale sont obtenues :
Soit par accord amiable,
Soit par réquisition,
tout bénéfice devant être exclu dans un cas
comme dans l’autre ».
Alors la Chambre se réveilla.
Les orateurs furent nombreux et les arguments
subtils pour défendre le capital et son intérêt.
Faire tuer des millions d’hommes, supprimer la
liberté individuelle, assujettir les esprits : pec
cadilles, mais toucher au coffre-fort, c’est « le
point névralgique ».
Le patriotisme des producteurs et de leurs
représentants est si ardent qu’ils envoient sans
sourciller les autres se faire massacrer pour cinq
sous par jour; mais eux ne consentent pas à
perdre un peu de leur argent. On ne laissera
pas les fournisseurs de la nation armée faire des
bénéfices, ceci est écrit, pour la consolation
des héros enrégimentés « qui ont des droits
sur nous » ; mais à ces fournisseurs si intéressants,
si dévoués au bien public, l’Etat assurera l’in
térêt de leur capital, l’amortissement de leur
matériel et des primes à la production. A la
bonne heure, voilà du patriotisme pratique. Et
si nous n’avions pas été fixés depuis longtemps
sur les rapports du patriotisme et du porte-mon
naie chez les possédants, l’interminable discus
sion de la Chambre sur cet article nous aurait
abondamment édifiés.
Sauvons la caisse !
Et de trois.
★
* ¥
Naturellement, toute cette organisation, au
dire de ses promoteurs, n’est que pour nous pro
téger en cas d’agression et en aucun cas elle
ne servira chez nous un dessein belliqueux, car
jamais la France n’a cherché la guerre. C’est
le premier dogme du catéchisme nationaliste.
Le président de la Chambre l’a formellement
déclaré à la séance du 4 mars : « Il n’y a pas un
bon Français, digne de ce nom, qui puisse ad
mettre que la France ait une parcelle de res
ponsabilité dans la dernière guerre ». (J. O., 5
5 mars p. 642).
Cette loi est dans la logique du système ro
main : Si vis pacem para hélium. Mais, comme
l’a dit le député Renaud Jean : « Pour avoir
la paix, préparer la guerre, c’est la méthode qu’on
emploie depuis le commencement du monde.
Résultat : périodiquement, et je puis dire de
façon permanente, si j’examine les faits à l’échelle
mondiale, la guerre ravage lTiumanité » (J. O,
p. 610).
Et, en dépit des appels éloquents du rappor
teur à la nouvelle union sacrée, nous pensons
avec Ernest Lafont que « c’est bien la loi la
plus militariste que pays moderne ait encore
connue, car c’est une loi qui tend à mettre di
rectement ou indirectement sous la domination
des autorités militaires, non plus seulement des
catégories particulières de citoyens mobilisés
mais l’ensemble des forces du pavs » (J. O..
p. 643).
★
¥ ¥
Nous sommes en marche vers l’apogée du
« Règne de la Bête » comme dit notre ami Dupin,
après l’Apocalypse ; et la parole prophétique ne
s’appliquerait-elle pas au ministère de dé
fense nationale selon la nouvelle loi : « Il lui
fut donné d’animer l’image de la Bête de façon
à la faire parler et à faire tuer tous ceux qui
n’adoreraient pas l’image de la Bête. Elle fit
qu’à tous, petits et grands, riches et pauvres,
libres et esclaves, on mit une marque sur la main
droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter
ou vendre, s’il n’avait pas la marque du nom de
la Bête ou le nombre de son nom » ( Apoc . 13-15-17
Combien de consciences libres refuseront
d’adorer la Bête et resteront fidèles à « l’Agneau
immolé depuis le commencement du monde »
au Seigneur de l’Amour ?
DC M. DUMESNIL.
Pour la première fois un nombre important
de “ Mouvements de Jeunesse ” en Allemagne a
protesté en public contre le budget de l’armée et
de la marine. Une lettre adressée au Reichstag,
aux partis de la gauche, et à un grand nombre de
délégués, dit que c’est injustifiable de dépenser
des millions pour les armements, tandis que les
sommes réservées pour les projets de civilisation
sont tout à fait insuffisantes. La pétition donne
quelques nombres caractéristiq ues du budget pour
le Ministère de la Défense Nationale qui sont
mis en contraste avec les sommes consacrées à
la protection morale de la jeunesse eu dépensées
pour stimuler les projets de réformes de l’éduca
tion générale, des écoles et de l’instruction pu
blique. Les Associations de Jeunesse demandent
une réduction de ce budget de l'armée et de la
marine. Le lait est accentué que, après la ratifica
tion des conventions internationales, et en conti
nuant la politique extérieure adoptée dans le passé,
l’Allemagne pourrait éviter des conflits menant à
la guerre.
La note est signée par les principalesUnions de
Jeunesse de l’Allemagne.
MENSUEL
AVRIL-MAI-JUIN 1927
9
U MI VER SEL
Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »>
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESN1L, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY, •
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann K U TT ER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAAGK TRAKRANEN
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« L’âme des foules se remue au gré des désirs du gouvernement. L’Etat peut et
doit manier le sentiment public Suivant les besoins de la politique ».
Général Serrigny (Le Journal, 16 février 1920).
« Les trois hommes auxquels vous devez le projet de loi qui vous est soumis sont
M. le général Buat, M. le général Serrigny et M. Paul Boncour ».
Jean Eabry (Séance de la Chambre des Députés, 3 mars 1927).
Notre Protestation
Lettre à H* * le Président du Sénat
Avril 1927.
Monsieur le Président,
Permettez à des femmes françaises qui n’ont
pas encore le pouvoir de faire connaître par
l’intermédiaire du Parlement, leur opinion sur
la loi concernant l’Organisation de la Nation
pour le temps de guerre, de s’adresser respec
tueusement à vous, Monsieur le Président, pour
transmettre à vos honorables collègues, nos
observations concernant une loi qui sans con
sentement préalable vient de militariser d’of-
lice, celles qui ne sont même pas encore ci
toyennes.
Nous considérons :
1° Que ce droit que l’on s’arroge sur nous,
sans préavis légal, porte atteinte à la dignité de
notre personne humaine et se trouve incompa
tible avec les principes d’un gouvernement ré
publicain ;
2° Que cette militarisation générale de la
nation, loin d’être une garantie de paix pour
notre peuple, est la meilleure arme que l’on
puisse fournir aux autres nations pour excuser
intensifier et généraliser leurs préparatifs mili
taires.
Cette loi paraît donc aux femmes françaises
sous-signées comme un véritable danger pour
la paix déjà si chèrement acquise.
Cette course à la militarisation intense ne
peut, croient-elles, que conduire le Monde à
une folie de destruction sans précédent. Elles
croient donc de leur devoir de prévenir, s’il en
est temps encore, les hommes politiques, de
l’immense machine infernale qu’ils sont en train
de monter. Quand se déclanchera l’inévitable et
que la puanteur des charniers humains envahira
les plus grandes villes comme les campagnes les
plus retirées, devant les cadavres entassés,
« sans distinction d’âge ni de sexe », elles ne
veulent pas pouvoir se reprocher, que sentant un
jour l’imminence d’une pareille horreur, elles
n’auront pas poussé le cri d’alarme.
3° Elles.considèrent que cette loi menace d’éta
blir dans le pays un régime dictatorial. Ses ar
ticles IV (alinéas 3, 4 et 5) et son article XI
(al. J. et 2) équivalent en effet à la suppression
de la liberté de pensée et de la liberté d’associa
tion dès le déclanchement de la mobilisation.
Cette loi donne au gouvernement le droit de
pouvoir — en toute légalité — ce qui est formi
dable, disposer à son gré :
1° Des capacités intellectuelles et morales des
personnes ;
2° Dans les formes qui lui plairont,Me dispo
ser également de tous les groupements légale
ment constitués — syndicats compris — sans
que ceux-ci puissent en aucune manière requé
rir contre un pareil abus.
Acte légal, la mobilisation des consciences,
acte légal, la disposition ad libitum des associa
tions.
Cela outrepasse, Monsieur le Président, les
garanties auxquelles nous avons été habituées
juqu’à ce jour, même sous le régime de la cen
sure militaire.
Cet enterrement officiel de la censure, loin de
nous réjouir, nous semble bien être en même
temps aussi celui de tous les droits imprescrip
tibles de la conscience.
i neure ou cette loi viendra en discussion devai
le Sénat, de ne pas oublier qu’il existe en Frant
des femmes plus soucieuses desDroits de l’Hoinn
que les Députés eux-mêmes, et dont la Mate
nité s’émeut d’une loi qui menace d’enlraîm
le monde dans une guerre d’exterminatioi
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’a
surance de notre respectueuse confiance dar
votre dévouement à la chose publique (1).
Henriette Dumesnil- Huche:
Blanche Dupin, Marguerit
ScuiRMANN, M me PeRCIN, CLAIR
Géniaux, Céline Grandjeap
Madeleine Dupuis, Elise L
Bail, J. Aubé, Octavie Hassi
Vve Chale, E. Sens, A. Damei
E. Groher, Vve Leroy, Vv
Gautier, J. Frohen, J. Moiso>
M lle Bouvier, A. Lefe.uvre
M lle Lefeuvre, M me Rousselot
M me Pavoine. M me Gaudit, M m
Gaudin, M me Coquelin, M m
Elvard, M me Guérin, M me E
Bot, M me Marilleau, E. Chau
mont, Germaine Melon, E
Barlow, Suz. Koechlin, Vvi
Marengo, J. Marengo, J, Mou
TET, C. HuCHET, A. CoLLIETTE
A. Berger (5 e ar.). M. Berger
(14 e ar.), L. Charpentier, R
Fort, A. Masson, M. Palézy
L. Mesme, M. Ziègler, E. Culot
Marfurt, Elisabeth, Chardon
Françoise Leflammand, Germaiiu
Barbier. A. Jobard, P. Boulogne
A. Delacourt. S. Jomas. P. Gradt
G. Richard, Jeanne Jacquet, M m
Huic, Sun Rulleau, M. Raucii, M
Rozée, M. Sestini, Dupré, Bonne
TAT, GaDDA, TeRRASSON, VuRPIL
lot, Pairat, Gaillard, L. Jon
chère, Alice Sichel, T. Chabaud
M. Ceorget, M. Autrand, M. Pe
castamps, Y. Patron, Caron, Mi
dol, Lecomte, Fulconis, Four
MOND, VeRLY, ReNOUF, ChALVET
Lefel, Gaujoux. .(A> suivre)
(1) Une lettre semblable a élé adressée à M. le Préddent de I
Commission de l’Armée au Sénat.
Remarque importante
Cette lettre de protestation au Sénat cont
le projet de la nouvelle loi de militarisation gén
raie, ne s’adresse exclusivement qu’aux femme
dont nous avons voulu de cette manière éveill
l’intérêt à l’égard d’un problème qui n’est
vague ni lointain, mais précis et actuel : l’entr<
de la femme aux Armées.
Aux premières signatures publiées ici, noi
savons qu’il va venir s’en ajouter un grand non
bre. Nous prions seulement instamment n<
lectrices de faire diligence afin que le Sénat so
saisi de l’opinion pacifiste féminine avant qi
s’ouvrent les débats qui décideront du vol
définitif de la loi.
Envoyez sans retard votre adhésion à la ri
daction de V Universel, 37, rue Poussin, 16
Paris.
La Jeunesse allemande
contre le Militarisme
Voici, comme l’a dit spirituellement à la
séance de la Chambre du 3 mars, le député Cor
na vin :
« l’organisation de la prochaine dernière guerre »
et ce projet de loi pourrait être intitulé par
notre ami Demartial : « Comment on mobilisera
les consciences ! » .
Car si l’organisation du mensonge fut élevée
lôrs de la dernière guerre à la hauteur d’une ins
titution d’Etat, pour la prochaine ce sera infini
ment mieux et l’asservissement des esprits sera
parfait et intégral.
Paul Boncour tenant d’une main à Genève
le rameau d’olivier et de l’autre à Paris « la
poudre sèche et l’épée aiguisée », a, « dans la
forme éloquente et persuasive qui est l’habi
tuelle manière de son admirable talent » (selon
les paroles du président de la coirfmission de
l’armée M. Adolphe Girod) fait sien ce projet
de loi qui organise «la mise en œuvre de toutes
les forces vives du pays, la collaboration abso
lue, fervente et continue de tout ce qui peut
constituer dans la nation, sans distinction d’âge
ni de sexe, la moindre parcelle d’énergie agis
sante pour la protection de notre sol. » (A. Girod)
Paul Boncour avait déjà présidé le dernier
banquet de la paix, il a tous les états de service
pour être demain président du Conseil, grand
chef de la Défense Nationale et dictateur de la
Nation Armée, armée depuis les bébés qu’on con
duira en poussette blindée jusqu’aux nonagénaires
qui s’avanceront sur les derrières en chaise-à-
roulettes-mitrailleuse !
Car il faut le dire au bon public français
qui n’en sait rien et qui « n’a pas voulu cela »,
ce n’est rien moins que la dictature du président
du Conseil que ce projet institue. Jean Fabry a
pris soin d’exposer à titre préliminaire l’impor
tance de cette fonction de ministre de la défense
nationale assumée par un président du conseil
sans portefeuille et il a fait allusion à Mussolini
dont il loue l’action et qu’il propose insidieuse
ment comme modèle : « Le ministère de la Dé
fense Nationale a été réalisé en Italie sous une
forme infiniment plus précise, plus nette que
nous ne le faisons nous-mêmes. » (Journal Offi
ciel, 4 mars p. 598).
Dès le temps de paix, grâce à cette loi, le Pré-
sicent du Conseil se trouve concentrer en sa
personne des pouvoirs que nul personnage n’avait
eus depuis la fondation de la République. M.
Emile Borel a pris soin de le souligner : « Le pré
sident du Conseil, lorsque vous aurez voté cet
article, cessera d’être le personnage que la Cons
titution n’a pas prévu, qui se trouve avoir sim
plement pour tâche de présider le Conseil des
ministres. Par cet article, il se trouve le premier
ministre, le chef véritable du Gouvernement, ».
(J. 0., 4 mars p. 599.)
Cette conception peut se défendre, mais il
faut préciser les positions et savoir où l’on va.
Et d’une !
L’article 4 prévoit que la mobilisation natio
nale comporte :
« 3°, Dans l’ordre social, des mesures ayant
trait aux modifications à apporter pour le temps
de guerre à la législation et à la réglementation
qui régissent les rapports des citoyens entre
eux et avec l’Etat ».
Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites !
et qu’il sejra facile à l’aide de ce texte de suppri
mer légalement toutes les garanties de 1a li
berté individuelle : « Méfiez-vous ! taisez-vous ! »
avait fait afficher le sire de Saint-Mandé. Cette
fois ce sera le mot d’ordre officiel.
« 4° Dans l’ordre intellectuel une orientation
des ressources du pays dans le sens des intérêts
de la Défense nationale.
5° Enfin toutes les mesures nécessaires pour
garantir le moral du pays. »
Après la dernière guerre du Droit, de la Civi
lisation, etc., Romain Rolland écrivait :
« Tout le peuple des lettres était mobilisé.
On ne distinguait plus les personnalités. Les Uni
versités formaient un ministère de l’intelli
gence domestiquée; il avait pour office de rédi
ger les actes du maître et patron, l’Etat » (Glé-
rambault p. 104).
Que direz-vous, mon cher Rolland, sous le
règne de la loi Paul Boncour ?
Cette fois, c’est la main-mise sur tous les es
prits. Quiconque sait parler devra prêcher le
dogme officiel du ministère de la défense natio
nale, quiconque tient une plume devra écrire
l’apologie de la guerre et du gouvernement.
Plus de pensée libre, c’est-à-dire plus de pensée
du tout: une armée de scribes et de prédicateurs
sportulaires pour « soutenir le moral » de la
nation. Nous savons ce que cela vent dire.
Heureusement il y a un sursaut d’indignation
et la protestation de la revue Europe nous ar
rive signée par 200 intellectuels de marque. Cela
nous rend un peu l’estime de nous-mêmes !
Mais ceci est clair dans le projet de loi : la fin
de la liberté de pensée et la prostitution intel
lectuelle obligatoire.
Et de deux !
A pari les protestations communistes et la
critique tenace et serrée d’Ernest Lafon qui
s’est honoré dans ce débat, la Chambre a doci
lement accepté la muselière. Il n’en fut pas
de même pour la mobilisation des capitaux.
L’article 10 du projet énonce que :
« Les ressources nécessaires pour assurer la
défense nationale sont obtenues :
Soit par accord amiable,
Soit par réquisition,
tout bénéfice devant être exclu dans un cas
comme dans l’autre ».
Alors la Chambre se réveilla.
Les orateurs furent nombreux et les arguments
subtils pour défendre le capital et son intérêt.
Faire tuer des millions d’hommes, supprimer la
liberté individuelle, assujettir les esprits : pec
cadilles, mais toucher au coffre-fort, c’est « le
point névralgique ».
Le patriotisme des producteurs et de leurs
représentants est si ardent qu’ils envoient sans
sourciller les autres se faire massacrer pour cinq
sous par jour; mais eux ne consentent pas à
perdre un peu de leur argent. On ne laissera
pas les fournisseurs de la nation armée faire des
bénéfices, ceci est écrit, pour la consolation
des héros enrégimentés « qui ont des droits
sur nous » ; mais à ces fournisseurs si intéressants,
si dévoués au bien public, l’Etat assurera l’in
térêt de leur capital, l’amortissement de leur
matériel et des primes à la production. A la
bonne heure, voilà du patriotisme pratique. Et
si nous n’avions pas été fixés depuis longtemps
sur les rapports du patriotisme et du porte-mon
naie chez les possédants, l’interminable discus
sion de la Chambre sur cet article nous aurait
abondamment édifiés.
Sauvons la caisse !
Et de trois.
★
* ¥
Naturellement, toute cette organisation, au
dire de ses promoteurs, n’est que pour nous pro
téger en cas d’agression et en aucun cas elle
ne servira chez nous un dessein belliqueux, car
jamais la France n’a cherché la guerre. C’est
le premier dogme du catéchisme nationaliste.
Le président de la Chambre l’a formellement
déclaré à la séance du 4 mars : « Il n’y a pas un
bon Français, digne de ce nom, qui puisse ad
mettre que la France ait une parcelle de res
ponsabilité dans la dernière guerre ». (J. O., 5
5 mars p. 642).
Cette loi est dans la logique du système ro
main : Si vis pacem para hélium. Mais, comme
l’a dit le député Renaud Jean : « Pour avoir
la paix, préparer la guerre, c’est la méthode qu’on
emploie depuis le commencement du monde.
Résultat : périodiquement, et je puis dire de
façon permanente, si j’examine les faits à l’échelle
mondiale, la guerre ravage lTiumanité » (J. O,
p. 610).
Et, en dépit des appels éloquents du rappor
teur à la nouvelle union sacrée, nous pensons
avec Ernest Lafont que « c’est bien la loi la
plus militariste que pays moderne ait encore
connue, car c’est une loi qui tend à mettre di
rectement ou indirectement sous la domination
des autorités militaires, non plus seulement des
catégories particulières de citoyens mobilisés
mais l’ensemble des forces du pavs » (J. O..
p. 643).
★
¥ ¥
Nous sommes en marche vers l’apogée du
« Règne de la Bête » comme dit notre ami Dupin,
après l’Apocalypse ; et la parole prophétique ne
s’appliquerait-elle pas au ministère de dé
fense nationale selon la nouvelle loi : « Il lui
fut donné d’animer l’image de la Bête de façon
à la faire parler et à faire tuer tous ceux qui
n’adoreraient pas l’image de la Bête. Elle fit
qu’à tous, petits et grands, riches et pauvres,
libres et esclaves, on mit une marque sur la main
droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter
ou vendre, s’il n’avait pas la marque du nom de
la Bête ou le nombre de son nom » ( Apoc . 13-15-17
Combien de consciences libres refuseront
d’adorer la Bête et resteront fidèles à « l’Agneau
immolé depuis le commencement du monde »
au Seigneur de l’Amour ?
DC M. DUMESNIL.
Pour la première fois un nombre important
de “ Mouvements de Jeunesse ” en Allemagne a
protesté en public contre le budget de l’armée et
de la marine. Une lettre adressée au Reichstag,
aux partis de la gauche, et à un grand nombre de
délégués, dit que c’est injustifiable de dépenser
des millions pour les armements, tandis que les
sommes réservées pour les projets de civilisation
sont tout à fait insuffisantes. La pétition donne
quelques nombres caractéristiq ues du budget pour
le Ministère de la Défense Nationale qui sont
mis en contraste avec les sommes consacrées à
la protection morale de la jeunesse eu dépensées
pour stimuler les projets de réformes de l’éduca
tion générale, des écoles et de l’instruction pu
blique. Les Associations de Jeunesse demandent
une réduction de ce budget de l'armée et de la
marine. Le lait est accentué que, après la ratifica
tion des conventions internationales, et en conti
nuant la politique extérieure adoptée dans le passé,
l’Allemagne pourrait éviter des conflits menant à
la guerre.
La note est signée par les principalesUnions de
Jeunesse de l’Allemagne.
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