Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1927-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1927 01 janvier 1927
Description : 1927/01/01-1927/03/31. 1927/01/01-1927/03/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45652991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
2ft» ANNÉE ' MENSUEL JANVIEN-FÉVftlÊR»WAR« 4«*27
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHEÎ, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVF
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
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Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro... «
O fr. 50
/
PARIS n* 217.31
37, rue Poussin, PARIS, XVI*. Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérant 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant...... 50 francs
L’ESPRIT
L’Esprit social existe-t-il dans le Christia
nisme ? Telle est la question que nous posons,
nous efforçant d’y répondre avec nos faibles
lumières. Incontestablement, il y a dans
l’Evangile l’Esprit pacifique et l’Esprit uni
versel , mais les chrétiens sociaux et les so
cialistes chrétiens peuvent-ils étayer leur prin
cipes sur les enseignements de Jésus-Christ ?
Ceitains veulent même faire de lui un com
muniste; examinons si la vie et les œuvres
du divin Maître convergent vers cet Idéal.
Jésus d’origine juive était l’héritier de la
tradition, des us et coutumes et des mœurs
de son peuple. Or, depuis ces temps nébu
leux de la Genèse, l’âge patriarcal et la légis
lation mosaïque, il semble bien que l’homme,
ou la femme à l’ère du matriarcat ait soutenu
l’Esprit de propriété d’une manière absolue:
les biens, les enfants, les esclaves étaient le
patrimoine du chef ou de la matrone. Une
révolution matérielle et morale serait néces
saire pour changer la courbe çvolutive de
l’humanité. Jésus était-il d’abord un Révolu
tionnaire social?Non, il était par-dessus tout
le Sauveur des âmes, mais il apportait aussi
par son enseignement la liberté de conscience
aux hommes, Légalité morale aux femmes, ei
la fraternité universelle aux peuples. 11 ve
nait non pas en souverain d'une' Nation ou
même de l’Humanité, mais en Souverain spi
rituel du Monde connu et inconnu, son
Royaume n’est pas terrestre mais universel.
Aussi son action est-elle individuelle plutôt
que sociale. C’est par le témoignage de ses
disciples, par les enseignements de ses apôtres
qu’il veut réconcilier les hommes avec Dieu
en dehors de toute lutte civile, religieuse ou
nationale. La culture évangélique n’a besoin
que de bonne volonté, de cœurs droits et
d âmes loyales.
La, Chrétienté, en général, et le Catholi
cisme, en particulier, se plaisent à représenter
Jésus naissant dans l’extrême pauvreté; en
core un peu on lui ferait le sort de l’enfant
abandonné; et plus tard du chemineau loque
teux et illuminé parcourant les routes pou
dreuses de la Palestine. L’Evangile nous dé
montre autre chose. Jésus est né dans un mi
lieu familial de gens aussi pieux que labo
rieux. Une mère incomparable, Marie; un
père, doué de toutes les qualités de l’hon
nête artisan, le compagnon charpentier Jo
seph. Et si des circonstances fortuites pré
sident à sa naissance dans une humble crèche,
ce n’est ni extraordinaire, ni surnaturel, cela
arrive tous les jours, cela est arrivé maintes
lois pendant la guerre mondiale. Mais de mi
sère point. A la salutation du prolétariat de sa
lace succède les hommages internationaux
des savants lui apportant des présents et même
de l’or.
A douze ans il étonne les Docteurs par sa
sagesse, ce qui prouve l’éducation supérieure
qu’il a reçue de Marie, que nous pouvons
juger d’après le Magnificat.. Joseph dé
funt, comme aîné il se charge de pour
voir aux besoins de ses frères et sœurs,
U’austérité de ses devoirs ne l’empêche pas
de prendre part aux joies terrestres, avec les
siens, il assiste à une noce, le plus beaujour
de la vie chez les orientaux, et pour ia pre
mière fois, il se manifeste par le miracle de
l’eau changée en vin généreux, et nous ne
doutons pas qu’il devait porter l’habit de la
solennité, peut-être cette belle robe sans cou
ture relatée dans les Evangiles.
Ainsi jusqu’à environ trente ans, il mène
une vie normale de bon compagnon charpen
tier, rien d’un anarchiste, rien d’un ascète,
et quand il succombera sous la haine de ses
ennemis, on le descendra du gibet pour
l’ensevelir dans un fin linceul et l’inhumer
dans le sépulcre du riche et non l’enterrer
dans la fosse commune, comme c’est le cas
des indigents du xx e siècle.
Mais commençant son Ministère de Salut,
ya-t-il inaugurer la lutte en né s'adressant
qu’à ses ’ camarades, ouvriers comme lui ?
Non. Il prend contact avec toute la société,
il entretient des relations avec des docteurs
et des ignorants, il s’asseoit à la table du
fiche pharisien et à celle du journalier, il
SOCIAL
fréquente l’officier ennemi et le nationaliste
juif; il ne repousse pas l’amitié d’un Zachée
peu recommandable, ni celle des péagers; il
accepte les marques d’affection de femmes
souvent montrées du doigt. Il est au-dessus de
la mêlée sociale avec toutes ses mesquineries
et ses étroitesses, il n’est pas un Réformateur
mais bien le novateur du Saint Esprit
qui peut susciter un nouvel état de choses
en créant de nouvelles créatures à l'image du
Dieu d’Amour.
Certains déjà pensent qu’il peut arbitrer
les conflits d’intérêt; deux frères s’adressent
à lui à cet effet; il refuse de s’occuper de ces
questions terre à terre.
On lui amène une femme adultère pour
qu’il prononce sa condamnation; ilia réhabi
lite en la sauvant.
Il donne la main aux vainqueurs romains
et aux hérétiques samaritains sans jugement
préconçu sur leurs personnes. A un repas
chez un nommé Simon, en présence de tous
les convives il fait la louange d’une péche-
ressé qui vient de lui témoigner sa confiance
et son amour en versant sur sa tête et ses pieds
un parfum de grand prix. Les invités sont ,
scandalisés de voir cette femme galante si
bien accueillie par Jésus, et les disciples sont
outrés de cette perte de plus de 3oo deniers,
soit près de 25o francs or, somme dont on
aurait pu faire bénéficier les pauvres. Jésus
les réprimande sévèrement, et absout la femme
de sa vie de dissipation.
Il est appelé chez des officiers pour gué
rir un serviteur ou un fils, il accomplit la gué
rison en leur faveur au même titre que s’ils
étaient fils d’Abraham.
Mais nous abordons ses enseignements
qui vont nous révéler sa doctrine sociale, si
toutefois il en a une. Ce sont les Paraboles
qui sont susceptibles de nous mieux éclairer
sur ses intentions.
La Parabole du fils prodigue consacre
l’esprit de famille.
La Parabole des deux fils nous montre deux
enfants, l’un disant non à son père, mais fi
nalement obéissant à ses ordres; l’autre di
sant oui mais n’en faisant rien. Nous voyons
l’autorité paternelle maintenue en droit.
La Parabole des talents nous informe assez
que Jésus n’était pas le détracteur de ceux
qui savent faire valoir leurs capitaux, même
avec la collaboration des banquiers.
La Parabole de l’économe infidèle dans la
quelle Jésus nous parle de son habileté et de
sa prévoyance dans les affaires de ce monde.
11 ne le blâme pas, car il est prudent de se
faire des amis avec les richesses conquises
peu scrupuleusement.
La Parabole du serviteur inutile indique
assez que le maître- n’est pas l’obligé du sa
larié qui est simplement là pour remplir son
devoir de serviteur,
La Parabole du mauvais serviteur complète
la précédente, nous fait assister au renvoi de
celui qui a été négligent dans sa tâche.
La. Parabole de la drachme perdue loue
l’économie domestique.
Enfin, si nous ajoutons la Parabole des vi
gnerons et surtout celle des ouvriers, ou le
patron accorde selon son bon vouloir,-le sa
laire qu’il juge juste et convenable, en donnant
autant à celui de la onzième heure qu’à celui
de la première heure, estimant qu’il est libre -
de disposer de son argent comme il l’entend
cela nous oblige a reconnaître qu’il était
complètement étranger à Y Esprit social.
Ah ! certes nous savons par la Parabole du
pauvre Lazare et du mauvais riche, qu’il est
impitoyable pour les adorateurs du Veau
d'Or ; il a chassé les mercantis du Temple
qu’ils avaient transformé en une caverne de
voleurs, et nous nous rappelons aussi, qu’il a
dit que les riches entreraient difficilement
dans le Royaume de Dieu. Et c’est une vérité,
la richesse est souvent une pierre de scandale
pour les travailleurs. Malheur à çejui qui
scandalise par son oj ulence, en Insultant la
misère. Mais c’est tout ce que nous trouvons,
socialement parlant, comme conseils dans
l’Evangile et ce n’est pas assez pour faire de
Jésus le préconisateur du Marxisme ou du
Bolchevisme.
Les apôtres s’inspirèrent de ce même es
prit, Dans les épîtres ce ne sont que rappels
à l’obéissance des enfants à l’égard des pa
rents et de soumission des esclaves à l’égard
des maîtres, les femmes elles-mêmes sont te
nues par les apôtres à un assujettissement
beaucoup plus grand envers leurs maris
qu’avec le divin Maître qui les a affranchies
moralement.
Il est vrai qu'il y eût un essai de commu
nisme dans l’Eglise apostolique, essai malheu
reux du Teste, qui fut au cours des siècles re
pris bien des fois par des communautés chré
tiennes et des sectes qui mirent souvent tout
en commun : âmes, corps et biens pour re
vivre dans la candeur et la simplicité de
l’Eden. Mais, ces tentatives n’eurent pas de
succès, elles sombrèrent dans des divisions
intestines ou succombèrent sous la persécu
tion des orthodoxes, catholiques ou protes
tants. L’Esprit social par un Christianisme,
de réalisation matérielle ne peut subsister,, il
manque de base évangélique, attendu qffie
l’homme a le droit de disposer de son âme,
de son corps et de ses biens. La foi est per
sonnelle, l’espérance personnelle et la charité
personnelle. Si l’individu animé par l’Esprit
de Dieu s’applique à vivre la liberté en Christ,
cherche f imiter son exemple, à rr archer
sut scs A a*.es, en étant sociable et intègre,
alors par la vertu de son fidèle témoignage il
sera le sel de la terre, le levain qui fera lever
la pâte sociale.
Heureux les débonnaires, car ils
posséderont la terre.
Telle est la maxime qui triomphera du Mal
sous toutes ses formes, c’est cette bonne se
mence de l’Amour jetée dans le champ de
l’Humanité qui produira la multiplication du
pain quotidien et des. joies temporelles pour
les pauyres qui sont encore dans le Monde.
Henri HUCHET.
flfîalre ou “Pelil Fusil ue Buis"
Alors qu’on vient de voir s’étaler à Paris pen
dant les fêtes de Noël des gravures représentant
V affaire du fameux « Petit Fusil de bois » il est
tout à fait opportun de publier l’étude suivante
que nous empruntons à L’Education Pacifiste,
organe de l’Ecole de la Paix et du Rapproche
ment pédagogique franco allemand, dirigé par
Horace Thivet , 28, boulevard Saint-Mavçel,
Paris (v e ).
— Différents auteurs de livres dç lectures élé
mentaires, pour les enfants de nos écoles pu
bliques françaises, ont donné un récit intitulé:
« Le Fusil de Bois ou bien « L’Enfant au
Fusil de Bois a. Cette affaire a eu un certain
retentissement dans lès milieux pédagogiques
allemands. Voici le sujet en deux mots;
•— « Dans la région de Belfort, un enfant de
7 ans (déjà très vaillant, puisque Français), joue
au soldat sur la route, devant la maison de ses
parents (la scène se passe en pleine guerre, bien
entendu). Voyant passer une patrouille alle
mande, ce petit a l’idée de la mettre en joue,
avec son petit fusil de bois (question plùs impor
tante que ne le pense M. Ruyssen,ce jeu ! ! !) Un
des soldats de cette patrouille se retourne, joue
le vrai jeu, vise l’enfant et le tue net... » Je passe
sur les petits détails inventés par les auteurs et
variant selon les récits; vous comprenez de suite
que les épithètes, ne manquent pas (c’est une
vraie lecture de haine expliquée) pour apprécier
to.us les gestes des acteurs de ce drame !
— Certes (et à la condition qu’il soit véri
dique), il n’est personne au monde qui oserait
légitimer un tel acte. En ce qui me concerne, je
ne serais pas étonné qu’il ait pu se produire; et,
ne. possédant pas un système de hiérarchisation
des cotes de valeur, qualifier des; faits de
guerre, je les classe saps, exception, dans
la même catégorie dë'Tjphsurde et de l’horrible ;
ceci fait, je passe à l’o.rare du jour, pour conti
nuer mon aeflon contre les causes de guerre,
tandis que KlM. les auteurs français de liyrçs.
scolaires continuent leurs actions pouy la propa
gation de la haine, même aprqsffa guerre !
— Le fait de colporter des histoires de crimes
guerriers leur yaudrait déjà un blâme, à priori,
daps cette mesure même où cette documentation
inscrite, de force, dans le cerveau des jeunes gé
nérations, perpétue à, l’infini l’ère d’insécurité in
ternationale ; mais, le plus grave, c’est que les
auteurs en question ne prennent aucune des ga
ranties documentaires indispensables avant dç
publier : un mot saisi au vol, daus la rue, dan
un journal, leur suffit ; ils bâtissent leurs his
toires, sans aller aux sources ! Ce travail-là, en
France (et bien ailleurs, hélas !) porte le nom de
Patriotisme!...
Voici un exemple à ce propos :
Un de nos amis de l’Ecole de la Paix, institu
teur en province, après avoir lu, dans un livre
de classe, destiné à ses élèves (livre assez bien
fait pédagogiquement), le récit de a L’Enfant au
Fusil de Bois », eut l’idée d’écrire à l’auteur de
ce livre pour lui demander la source du récit en
question, ne pouvant, ajoutait-il malicieusement,
communiquer la chose à ses élèves, sans être
certain de la véracité du fait. L’auteur, après
deux mois de recherches, lui répondit la lettre
qui suit :
« Monsieur, VHistoire de l’Enfant au Fusil de
Bois a été transcrite d’après une poésie de Miguel
Zamacois, un des bons poètes de notre époque, et
auteur dramatique très estimé.
« Le fait date du début de la guerre, août ou
septembre 1914 ; il fut rapporté dans plusieurs
journaux et revues de lépoque.
« M. M. Zamacois, que je suis allé voir à ce
sujet , me dit avoir écrit sa poésie dans un moment
d’indignation, après avoir lu le récit de ce tra
gique événement dans le Figaro et dans plusieurs
autres journaux. Moi-même j'en ai trouvé la re
lation dans nos revues scolaires', quelques livres
sur la guerre l’ont publiée depuis.
« Mais je reconnais que tout cela ne constitue
pas une preuve certaine.
« Je vais continuer mes recherches, je vous fe
rai va^t de leurs résultats. Croye\ bien, etc. r
— Voici l’aveu en toutes lettres. L’auteur fa
brique un livre de classe avec des articles de
journaux des poésies trouvées ça et là, et rédi
gés par des auteurs qui, eux aussi, n’ont fait que
du démarquage : Les sources on ne s’en occupe
pas !...
Sans réponse par la suite, notre bon collègue
se contenta de prendre, un à un, tous les livres
de ses élèves et d’arracher les quatre pages incri
minées. (Ceci est bien la meilleure méthode à re
commander à tous nos collègues Allemands et
Français.) Ce premier geste de salubrité accom
pli, notre instituteur continua ses recherches et
découvrit la trace du fait au Bulletin des Armées,
dans le communiqué officiel du 17 août 1914 ;
alors il fit part de sa découverte à l’auteur resté
muet, lequel, fort content, lui répondit immédia
tement entre autres choses : « Votre note situe
l'évènement et en fixe la date , c’est beaucoup
mieux que le vague » (sic). Voilà le deuxième
aveu, l’auteur était dans le vague quand il a fait
imprimer l’histoire pour la première fois, et par
lant de ces faits guerriers, il ajoute : « Je suis le
premier à les regretter, mais quand la guerre
commet de telles horreurs, il n’y a pas Heu de
les taire » ; il se défend (tardivement), mainte
nant qu’il croit tenir une preuve !
— Je dis que l’auteur croit tenir une preuve;
en effet, nous avons continué notre enquête, et
l’instituteur du lieu désigné par le communiqué
officiel, répond la lettre qui suit à notre ami,
après s’être livré à de nombreuses recherches.
— « Mon cher collègue. — En réponse à votre
demande, je regrette de ne pouvoir vous donner
des précisions. L’enfant d'un « douanier alle
mand » a bien été tué lors de la bataille de Mon
treux-Jeune, le i3 août , alors qu’il regardait par
la fenêtre.
Je n’ai trouvé aucun témoin, car les habitants
étaient à ce moment réfugiés à la cave de l’école ;
seule la mère de l’enfant, restée dans la maison
avec sa famille , aurait pu me renseigner, mais:
elle est allée retrouver son mari en Allemagne
aussitôt après le combat, abandonnant le cadavre
de l’enfant, qui fut retrouvé le lendemain, par les
habitants, à l’endroit même où il était tombé.
— « On a dit », me disent les habitants, mais
je n’ai pu savoir le nom de celui qui aurait vu... »
L’enquête nous conduit à ceci : il s’agit main
tenant d’un enfant « Allemand ». qui ne jouait
pas au soldat, dans la rue, puisque les habitants
étaient pour la plupart réfugiés dans les cave» ;
cet enfant a regardé à la fenêtre ; c’est pourquoi
il a été tué... Et voilà toute l’histoire qui s’ef
fondre.
Le petit fusil de bois me semble bien être une
glose introduite dans le communiqué pour en
corser l’intérêt aux yeux de l’opinion de Barrière,
que l’on voulait toujours tenir sous pression...
— Nous continuerons nos recherches, mais
d’ores et déjà, il nous semble, que nous exhu
mons de la fumée...
— Si de telles histoires étaient vraies, il serait
dangereux de perpétuer ces « souvenez-vous de
haine ». Mais, dès qu’on creuse moindrement,
on découvre que tout est faux ! Alors, c’est en
core plus dangereux !...
— Allons,. Educatrices, Educateurs du monde,
dépêchez-vous de brûler tous ces livres, ou d’ar
racher toutes ces pages composées par de* au
teurs dont le patriotisme efface le scrupule.
H. T.
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHEÎ, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVF
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
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PARIS n* 217.31
37, rue Poussin, PARIS, XVI*. Tel. : Auteuil 36-98
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Membre adhérant 1 O francs.
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Membre militant...... 50 francs
L’ESPRIT
L’Esprit social existe-t-il dans le Christia
nisme ? Telle est la question que nous posons,
nous efforçant d’y répondre avec nos faibles
lumières. Incontestablement, il y a dans
l’Evangile l’Esprit pacifique et l’Esprit uni
versel , mais les chrétiens sociaux et les so
cialistes chrétiens peuvent-ils étayer leur prin
cipes sur les enseignements de Jésus-Christ ?
Ceitains veulent même faire de lui un com
muniste; examinons si la vie et les œuvres
du divin Maître convergent vers cet Idéal.
Jésus d’origine juive était l’héritier de la
tradition, des us et coutumes et des mœurs
de son peuple. Or, depuis ces temps nébu
leux de la Genèse, l’âge patriarcal et la légis
lation mosaïque, il semble bien que l’homme,
ou la femme à l’ère du matriarcat ait soutenu
l’Esprit de propriété d’une manière absolue:
les biens, les enfants, les esclaves étaient le
patrimoine du chef ou de la matrone. Une
révolution matérielle et morale serait néces
saire pour changer la courbe çvolutive de
l’humanité. Jésus était-il d’abord un Révolu
tionnaire social?Non, il était par-dessus tout
le Sauveur des âmes, mais il apportait aussi
par son enseignement la liberté de conscience
aux hommes, Légalité morale aux femmes, ei
la fraternité universelle aux peuples. 11 ve
nait non pas en souverain d'une' Nation ou
même de l’Humanité, mais en Souverain spi
rituel du Monde connu et inconnu, son
Royaume n’est pas terrestre mais universel.
Aussi son action est-elle individuelle plutôt
que sociale. C’est par le témoignage de ses
disciples, par les enseignements de ses apôtres
qu’il veut réconcilier les hommes avec Dieu
en dehors de toute lutte civile, religieuse ou
nationale. La culture évangélique n’a besoin
que de bonne volonté, de cœurs droits et
d âmes loyales.
La, Chrétienté, en général, et le Catholi
cisme, en particulier, se plaisent à représenter
Jésus naissant dans l’extrême pauvreté; en
core un peu on lui ferait le sort de l’enfant
abandonné; et plus tard du chemineau loque
teux et illuminé parcourant les routes pou
dreuses de la Palestine. L’Evangile nous dé
montre autre chose. Jésus est né dans un mi
lieu familial de gens aussi pieux que labo
rieux. Une mère incomparable, Marie; un
père, doué de toutes les qualités de l’hon
nête artisan, le compagnon charpentier Jo
seph. Et si des circonstances fortuites pré
sident à sa naissance dans une humble crèche,
ce n’est ni extraordinaire, ni surnaturel, cela
arrive tous les jours, cela est arrivé maintes
lois pendant la guerre mondiale. Mais de mi
sère point. A la salutation du prolétariat de sa
lace succède les hommages internationaux
des savants lui apportant des présents et même
de l’or.
A douze ans il étonne les Docteurs par sa
sagesse, ce qui prouve l’éducation supérieure
qu’il a reçue de Marie, que nous pouvons
juger d’après le Magnificat.. Joseph dé
funt, comme aîné il se charge de pour
voir aux besoins de ses frères et sœurs,
U’austérité de ses devoirs ne l’empêche pas
de prendre part aux joies terrestres, avec les
siens, il assiste à une noce, le plus beaujour
de la vie chez les orientaux, et pour ia pre
mière fois, il se manifeste par le miracle de
l’eau changée en vin généreux, et nous ne
doutons pas qu’il devait porter l’habit de la
solennité, peut-être cette belle robe sans cou
ture relatée dans les Evangiles.
Ainsi jusqu’à environ trente ans, il mène
une vie normale de bon compagnon charpen
tier, rien d’un anarchiste, rien d’un ascète,
et quand il succombera sous la haine de ses
ennemis, on le descendra du gibet pour
l’ensevelir dans un fin linceul et l’inhumer
dans le sépulcre du riche et non l’enterrer
dans la fosse commune, comme c’est le cas
des indigents du xx e siècle.
Mais commençant son Ministère de Salut,
ya-t-il inaugurer la lutte en né s'adressant
qu’à ses ’ camarades, ouvriers comme lui ?
Non. Il prend contact avec toute la société,
il entretient des relations avec des docteurs
et des ignorants, il s’asseoit à la table du
fiche pharisien et à celle du journalier, il
SOCIAL
fréquente l’officier ennemi et le nationaliste
juif; il ne repousse pas l’amitié d’un Zachée
peu recommandable, ni celle des péagers; il
accepte les marques d’affection de femmes
souvent montrées du doigt. Il est au-dessus de
la mêlée sociale avec toutes ses mesquineries
et ses étroitesses, il n’est pas un Réformateur
mais bien le novateur du Saint Esprit
qui peut susciter un nouvel état de choses
en créant de nouvelles créatures à l'image du
Dieu d’Amour.
Certains déjà pensent qu’il peut arbitrer
les conflits d’intérêt; deux frères s’adressent
à lui à cet effet; il refuse de s’occuper de ces
questions terre à terre.
On lui amène une femme adultère pour
qu’il prononce sa condamnation; ilia réhabi
lite en la sauvant.
Il donne la main aux vainqueurs romains
et aux hérétiques samaritains sans jugement
préconçu sur leurs personnes. A un repas
chez un nommé Simon, en présence de tous
les convives il fait la louange d’une péche-
ressé qui vient de lui témoigner sa confiance
et son amour en versant sur sa tête et ses pieds
un parfum de grand prix. Les invités sont ,
scandalisés de voir cette femme galante si
bien accueillie par Jésus, et les disciples sont
outrés de cette perte de plus de 3oo deniers,
soit près de 25o francs or, somme dont on
aurait pu faire bénéficier les pauvres. Jésus
les réprimande sévèrement, et absout la femme
de sa vie de dissipation.
Il est appelé chez des officiers pour gué
rir un serviteur ou un fils, il accomplit la gué
rison en leur faveur au même titre que s’ils
étaient fils d’Abraham.
Mais nous abordons ses enseignements
qui vont nous révéler sa doctrine sociale, si
toutefois il en a une. Ce sont les Paraboles
qui sont susceptibles de nous mieux éclairer
sur ses intentions.
La Parabole du fils prodigue consacre
l’esprit de famille.
La Parabole des deux fils nous montre deux
enfants, l’un disant non à son père, mais fi
nalement obéissant à ses ordres; l’autre di
sant oui mais n’en faisant rien. Nous voyons
l’autorité paternelle maintenue en droit.
La Parabole des talents nous informe assez
que Jésus n’était pas le détracteur de ceux
qui savent faire valoir leurs capitaux, même
avec la collaboration des banquiers.
La Parabole de l’économe infidèle dans la
quelle Jésus nous parle de son habileté et de
sa prévoyance dans les affaires de ce monde.
11 ne le blâme pas, car il est prudent de se
faire des amis avec les richesses conquises
peu scrupuleusement.
La Parabole du serviteur inutile indique
assez que le maître- n’est pas l’obligé du sa
larié qui est simplement là pour remplir son
devoir de serviteur,
La Parabole du mauvais serviteur complète
la précédente, nous fait assister au renvoi de
celui qui a été négligent dans sa tâche.
La. Parabole de la drachme perdue loue
l’économie domestique.
Enfin, si nous ajoutons la Parabole des vi
gnerons et surtout celle des ouvriers, ou le
patron accorde selon son bon vouloir,-le sa
laire qu’il juge juste et convenable, en donnant
autant à celui de la onzième heure qu’à celui
de la première heure, estimant qu’il est libre -
de disposer de son argent comme il l’entend
cela nous oblige a reconnaître qu’il était
complètement étranger à Y Esprit social.
Ah ! certes nous savons par la Parabole du
pauvre Lazare et du mauvais riche, qu’il est
impitoyable pour les adorateurs du Veau
d'Or ; il a chassé les mercantis du Temple
qu’ils avaient transformé en une caverne de
voleurs, et nous nous rappelons aussi, qu’il a
dit que les riches entreraient difficilement
dans le Royaume de Dieu. Et c’est une vérité,
la richesse est souvent une pierre de scandale
pour les travailleurs. Malheur à çejui qui
scandalise par son oj ulence, en Insultant la
misère. Mais c’est tout ce que nous trouvons,
socialement parlant, comme conseils dans
l’Evangile et ce n’est pas assez pour faire de
Jésus le préconisateur du Marxisme ou du
Bolchevisme.
Les apôtres s’inspirèrent de ce même es
prit, Dans les épîtres ce ne sont que rappels
à l’obéissance des enfants à l’égard des pa
rents et de soumission des esclaves à l’égard
des maîtres, les femmes elles-mêmes sont te
nues par les apôtres à un assujettissement
beaucoup plus grand envers leurs maris
qu’avec le divin Maître qui les a affranchies
moralement.
Il est vrai qu'il y eût un essai de commu
nisme dans l’Eglise apostolique, essai malheu
reux du Teste, qui fut au cours des siècles re
pris bien des fois par des communautés chré
tiennes et des sectes qui mirent souvent tout
en commun : âmes, corps et biens pour re
vivre dans la candeur et la simplicité de
l’Eden. Mais, ces tentatives n’eurent pas de
succès, elles sombrèrent dans des divisions
intestines ou succombèrent sous la persécu
tion des orthodoxes, catholiques ou protes
tants. L’Esprit social par un Christianisme,
de réalisation matérielle ne peut subsister,, il
manque de base évangélique, attendu qffie
l’homme a le droit de disposer de son âme,
de son corps et de ses biens. La foi est per
sonnelle, l’espérance personnelle et la charité
personnelle. Si l’individu animé par l’Esprit
de Dieu s’applique à vivre la liberté en Christ,
cherche f imiter son exemple, à rr archer
sut scs A a*.es, en étant sociable et intègre,
alors par la vertu de son fidèle témoignage il
sera le sel de la terre, le levain qui fera lever
la pâte sociale.
Heureux les débonnaires, car ils
posséderont la terre.
Telle est la maxime qui triomphera du Mal
sous toutes ses formes, c’est cette bonne se
mence de l’Amour jetée dans le champ de
l’Humanité qui produira la multiplication du
pain quotidien et des. joies temporelles pour
les pauyres qui sont encore dans le Monde.
Henri HUCHET.
flfîalre ou “Pelil Fusil ue Buis"
Alors qu’on vient de voir s’étaler à Paris pen
dant les fêtes de Noël des gravures représentant
V affaire du fameux « Petit Fusil de bois » il est
tout à fait opportun de publier l’étude suivante
que nous empruntons à L’Education Pacifiste,
organe de l’Ecole de la Paix et du Rapproche
ment pédagogique franco allemand, dirigé par
Horace Thivet , 28, boulevard Saint-Mavçel,
Paris (v e ).
— Différents auteurs de livres dç lectures élé
mentaires, pour les enfants de nos écoles pu
bliques françaises, ont donné un récit intitulé:
« Le Fusil de Bois ou bien « L’Enfant au
Fusil de Bois a. Cette affaire a eu un certain
retentissement dans lès milieux pédagogiques
allemands. Voici le sujet en deux mots;
•— « Dans la région de Belfort, un enfant de
7 ans (déjà très vaillant, puisque Français), joue
au soldat sur la route, devant la maison de ses
parents (la scène se passe en pleine guerre, bien
entendu). Voyant passer une patrouille alle
mande, ce petit a l’idée de la mettre en joue,
avec son petit fusil de bois (question plùs impor
tante que ne le pense M. Ruyssen,ce jeu ! ! !) Un
des soldats de cette patrouille se retourne, joue
le vrai jeu, vise l’enfant et le tue net... » Je passe
sur les petits détails inventés par les auteurs et
variant selon les récits; vous comprenez de suite
que les épithètes, ne manquent pas (c’est une
vraie lecture de haine expliquée) pour apprécier
to.us les gestes des acteurs de ce drame !
— Certes (et à la condition qu’il soit véri
dique), il n’est personne au monde qui oserait
légitimer un tel acte. En ce qui me concerne, je
ne serais pas étonné qu’il ait pu se produire; et,
ne. possédant pas un système de hiérarchisation
des cotes de valeur, qualifier des; faits de
guerre, je les classe saps, exception, dans
la même catégorie dë'Tjphsurde et de l’horrible ;
ceci fait, je passe à l’o.rare du jour, pour conti
nuer mon aeflon contre les causes de guerre,
tandis que KlM. les auteurs français de liyrçs.
scolaires continuent leurs actions pouy la propa
gation de la haine, même aprqsffa guerre !
— Le fait de colporter des histoires de crimes
guerriers leur yaudrait déjà un blâme, à priori,
daps cette mesure même où cette documentation
inscrite, de force, dans le cerveau des jeunes gé
nérations, perpétue à, l’infini l’ère d’insécurité in
ternationale ; mais, le plus grave, c’est que les
auteurs en question ne prennent aucune des ga
ranties documentaires indispensables avant dç
publier : un mot saisi au vol, daus la rue, dan
un journal, leur suffit ; ils bâtissent leurs his
toires, sans aller aux sources ! Ce travail-là, en
France (et bien ailleurs, hélas !) porte le nom de
Patriotisme!...
Voici un exemple à ce propos :
Un de nos amis de l’Ecole de la Paix, institu
teur en province, après avoir lu, dans un livre
de classe, destiné à ses élèves (livre assez bien
fait pédagogiquement), le récit de a L’Enfant au
Fusil de Bois », eut l’idée d’écrire à l’auteur de
ce livre pour lui demander la source du récit en
question, ne pouvant, ajoutait-il malicieusement,
communiquer la chose à ses élèves, sans être
certain de la véracité du fait. L’auteur, après
deux mois de recherches, lui répondit la lettre
qui suit :
« Monsieur, VHistoire de l’Enfant au Fusil de
Bois a été transcrite d’après une poésie de Miguel
Zamacois, un des bons poètes de notre époque, et
auteur dramatique très estimé.
« Le fait date du début de la guerre, août ou
septembre 1914 ; il fut rapporté dans plusieurs
journaux et revues de lépoque.
« M. M. Zamacois, que je suis allé voir à ce
sujet , me dit avoir écrit sa poésie dans un moment
d’indignation, après avoir lu le récit de ce tra
gique événement dans le Figaro et dans plusieurs
autres journaux. Moi-même j'en ai trouvé la re
lation dans nos revues scolaires', quelques livres
sur la guerre l’ont publiée depuis.
« Mais je reconnais que tout cela ne constitue
pas une preuve certaine.
« Je vais continuer mes recherches, je vous fe
rai va^t de leurs résultats. Croye\ bien, etc. r
— Voici l’aveu en toutes lettres. L’auteur fa
brique un livre de classe avec des articles de
journaux des poésies trouvées ça et là, et rédi
gés par des auteurs qui, eux aussi, n’ont fait que
du démarquage : Les sources on ne s’en occupe
pas !...
Sans réponse par la suite, notre bon collègue
se contenta de prendre, un à un, tous les livres
de ses élèves et d’arracher les quatre pages incri
minées. (Ceci est bien la meilleure méthode à re
commander à tous nos collègues Allemands et
Français.) Ce premier geste de salubrité accom
pli, notre instituteur continua ses recherches et
découvrit la trace du fait au Bulletin des Armées,
dans le communiqué officiel du 17 août 1914 ;
alors il fit part de sa découverte à l’auteur resté
muet, lequel, fort content, lui répondit immédia
tement entre autres choses : « Votre note situe
l'évènement et en fixe la date , c’est beaucoup
mieux que le vague » (sic). Voilà le deuxième
aveu, l’auteur était dans le vague quand il a fait
imprimer l’histoire pour la première fois, et par
lant de ces faits guerriers, il ajoute : « Je suis le
premier à les regretter, mais quand la guerre
commet de telles horreurs, il n’y a pas Heu de
les taire » ; il se défend (tardivement), mainte
nant qu’il croit tenir une preuve !
— Je dis que l’auteur croit tenir une preuve;
en effet, nous avons continué notre enquête, et
l’instituteur du lieu désigné par le communiqué
officiel, répond la lettre qui suit à notre ami,
après s’être livré à de nombreuses recherches.
— « Mon cher collègue. — En réponse à votre
demande, je regrette de ne pouvoir vous donner
des précisions. L’enfant d'un « douanier alle
mand » a bien été tué lors de la bataille de Mon
treux-Jeune, le i3 août , alors qu’il regardait par
la fenêtre.
Je n’ai trouvé aucun témoin, car les habitants
étaient à ce moment réfugiés à la cave de l’école ;
seule la mère de l’enfant, restée dans la maison
avec sa famille , aurait pu me renseigner, mais:
elle est allée retrouver son mari en Allemagne
aussitôt après le combat, abandonnant le cadavre
de l’enfant, qui fut retrouvé le lendemain, par les
habitants, à l’endroit même où il était tombé.
— « On a dit », me disent les habitants, mais
je n’ai pu savoir le nom de celui qui aurait vu... »
L’enquête nous conduit à ceci : il s’agit main
tenant d’un enfant « Allemand ». qui ne jouait
pas au soldat, dans la rue, puisque les habitants
étaient pour la plupart réfugiés dans les cave» ;
cet enfant a regardé à la fenêtre ; c’est pourquoi
il a été tué... Et voilà toute l’histoire qui s’ef
fondre.
Le petit fusil de bois me semble bien être une
glose introduite dans le communiqué pour en
corser l’intérêt aux yeux de l’opinion de Barrière,
que l’on voulait toujours tenir sous pression...
— Nous continuerons nos recherches, mais
d’ores et déjà, il nous semble, que nous exhu
mons de la fumée...
— Si de telles histoires étaient vraies, il serait
dangereux de perpétuer ces « souvenez-vous de
haine ». Mais, dès qu’on creuse moindrement,
on découvre que tout est faux ! Alors, c’est en
core plus dangereux !...
— Allons,. Educatrices, Educateurs du monde,
dépêchez-vous de brûler tous ces livres, ou d’ar
racher toutes ces pages composées par de* au
teurs dont le patriotisme efface le scrupule.
H. T.
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