Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1926-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1926 01 novembre 1926
Description : 1926/11/01-1926/12/31. 1926/11/01-1926/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565298m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
28* ANNÉE
MENSUEL
t
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1926
9
U RI VER SEL
Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
•1
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’intrrnationale de l’amour »>
Directeur-Fondateur
Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUAFESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis G U ÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D. r Henry MARIAVE.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, P r Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAICRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e .
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS r»° 217.31
Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
Une condition de la Paix
Nous avons le plaisir de donner ici à nos lec- %
teurs une partie de la conférence qu'a faite à Rouen
au début d'octobre notre ami l'abbé Demulier et
dont ila envoyé aussitôt après les feuillets à /'Uni
versel. Nous le remercions de son amicale atten
tion et nous croyons que ces pages de vérité seront
appréciées de nos amis.
N. D. L. R.
Est-ce en proclamant une révolution violente
que l’Eglise a réussi à abolir l’esclavage ? Non,
c’est en proclamant au contraire sa doctrine d'hu
milité, car c’est cette vertu qui fait les vraies, les
grandes révolutions. Saint-Paul le savait. Un es
clave, Onésime, ayant un jour fui la maison de
son maître, vint se mettre à la disposition
de l’Apôtre pour le service de l’Eglise. St-Paul le
renvoya à son maître en lui disant de lui être
soumis comme à Dieu lui-même. Mais en même
temps il lui confia pour son maître, Philémon,
une lettre où il disait : « Accueille Onésime
comme tu m’accueillerais moi-même, non pas
comme un esclave, mais comme un frère. »
C’est par la charité et l’humilité que l’esclavage
a été aboli; c’est par le même moyen que les
guerres le seront. Sans doute il faut des orga
nismes comme la Société des Nations et la Cour
de Justice internationale pour définir le droit in
ternational et veiller à son maintien. Mais sans
l’humilité nationale les meilleures organisations
seront des organismes sans âme et sans vie, inca
pables d’assurer la paix à l’humanité.
Si nous remontons à l’origine des guerres mo
dernes, à ce fameux traité de Westphalie qui, en
1648, détruisit la chrétienté, ouvrit la porte aux
aventures, aux faits accomplis, aux triomphes de
la force brutale, aux caprices des chefs d’Etat, à
la diplomatie secrète, aux rouleaux compresseurs,
à l’écrasement des nations, que trouvons-nous ?
Le déchaînement des orgueils nationaux«t de la
jalousie. Le nœud de toutes les difficultés était
alors la grande question débattue depuis la re
naissance de paganisme au xvi e siècle : Qui 1 em
portera en Europe de la France ou de la maison
d’Autriche? Le seul objet de la politique exté
rieure d’un Richelieu — qui pourtant était prêtre !
— était d’abaisser, de réduire le seul pays qui fût
de taille à empêcher le sien d’occuper la première
place en Europe.
Eh bien ! messieurs, je ne crois pas que mon
pays ne peut être grand qu’en abaissant ses voi
sins. Je suis convaincu, au contraire, que la gran
deur de la France consiste à s’élever toujours
vers plus de moralité et à entraîner les autres na
tions vers les cîmes de la vertu et de la sainteté.
Dans son encyclique sur St-François de Sales
Pie XI rappelle la doctrine traditionnelle de
l’Eglise : la sainteté n’est pas le privilège de
quelques uns; tous les citoyens de toutes les na
tions sont appelés à la sainteté. /
Les traités et les protocoles seront toujours im
puissants à détruire les orgueils nationaux et
même à les endiguer. La valeur des accords de
Locarno, par exemple, est essentiellement d’ordre
moral. Ce qu’il faut, c’est créer une certaine at
mosphère, une certaine moralité internationale
et cette moralité, ayons le courage de le procla
mer, doit être faite surtout d'humilité.
Il n’y a qu’une rivalité permise entre nations,
c’est la rivalité dans le bien, dans la vertu, fran
çais, disons avec Corneille, votre illustre con
citoyen :
« J’ai de l’ambition, mais plus noble et plus belle ;
« Toute grandeur périt, j’en veux une immortelle.
(Polyeucte).
L’humilité engendrera la confiance. Il y a quel
que chose de plus dangereux peut-être que les
rancunes et les haines, c’est la méfiance. Déjà en
1889 Léon XIII avait rendu le militarisme res
ponsable delà future guerre européenne : « Pour
assurer la paix, disait-il, c’est peu de la désirer
et la bonne volonté ne suffit pas. Les troupes
nombreuses et l’accroissement de l’appareil mi
litaire,sont plus propres à exciter qu’à supprimer
les rivalités et les suspicions. »
Aussi, dit Pie XI. « la meilleure garantie de la
sécurité n’est pas une forêt de baïonnettes, mais
la confiance et l’amitié mutuelles. »
L’humilité fera avouer aux Français que c’est
leur pays qui, le premier en Europe, a établi la
conscription, que c’est lui qui doit, pour réparer
son exemple désastreux, entraîner les autres au
désarmement total ou du moins, puisqu en toutes
choses il faut procéder par degrés, à la suppres
sion du service obligatoire pour commencer. Ce
sont les lois de 19 fructidor an VI et de 18 nivôse
an Vil qui ont établi le service militaire obliga
toire et, par là, ont fait reculer l’humanité de
quinze cents ans. Puisque la France est au nom
bre des vainqueurs de la grande guerre, qu’elle
en profite ! Quelle gloire ce serait pour elle si,
dans un élan magnifique et spontané, elle ren
voyait ses soldats dans leurs foyers, fermait ses
casernes, licenciait ses officiers et jetait à la fer
raille ses fusils et ses canons ! La gloire ne con
siste pas à vaincre; elle consiste à sauver. .
La Déclaration des Droits de l’homme proclame
I l’inviolabilité de la propriété privée. Mes biens
matériels seraient inviolables et ma conscience
ne le serait pas? L’Etat n’aurait pas le droit de
me dire : « Donne-moi ta maison » et il aurait le
droit de me dire : « Prends cette arme et tue ton
frère? »
L’humilité facilitera aux nations la pratique de
la justice. La République française doit éviter de
tomber dans les errements de l’ancienne monar
chie. Je ne saurais assez vous engager à lire la
lettre que l’archevêque de Cambrai, Fénelon,
adressa à Louis XIV pour protester contre ses"
guerres et surtout contre les traités injustes im
posés aux vaincus. « Les traités de paix signés
par les vaincus, lui disait-il, ne sont point signés
librement On signe le couteau sur la gorge ; on
signe, malgré soi pour éviter de plus grandes
pertes; on signe comme on donne sa bourse
quand il faut la donner ou mourir. »
Nous avons à lutter, messieurs, contre une
puissance autrement redoutable que celle d’un
Louis XIV, nous avons à combattre l’opinion pu
blique qui est entretenue dans son ignorance par
des flatteurs intéressés. Les traités de 1919 n’ont
pas non plus été signés librement, donc ils ne sont
pas selon la justice. Celui de Versailles en particu
lier contient une accusation formidable en vertu
de laquelle l’Allemagne et ses alliés sont rendus
seuls responsables de la grande tuerie que Benoît
XV appelait « déshonorante boucherie » et « folie
de destruction ». Je laisse aux historiens le soin
d’examiner si cette accusation est fondée ou non.
Mais je dis qu’un accusé — j’en appelle aux avo-,
cats qui sont dans cette salle — doit-être présumé
innocent tant qu’il n’a pas été jugé par un tribu
nal impartial. Cette accusation est une atteinte
portée à l’honneur d’un peuple et il s’en est tou
jours défendu. Cette année-ci encore le chancelier
Marx écrivait dans Foreign Affairs de New-York :
« Depuis que l’Allemagne fut contrainte de
souscrire aux prescriptions de Versailles, le peuple
allemand tout entier n’a pas cessé de protester
contre l’affirmation que l’Allemagne et ses alliés
portent la responsabilité exclusive de la catas
trophe mondiale de 1814. Et moi-même, en ré
ponse au désir du peuple entier, j’ai éprouvé le
besoin, au moment de J’adoption de plan Dawes
par le Reichstag, d’exprimer ainsi qu’il suit nos
convictions profondes : « L’insertion dans le traité
de Versailles que l’Allemagne par son agression
avait causé la guerre mondiale nous a été arra-
■chée par la contrainte d’une force supérieure. Une
telle affirmation est contraire aux faits histo
riques et par suite rejetée par le gouvernement
allemand. Le peuple allemand a parfaitement le
droit de réclamer qu’on le délivre de cette fausse
accusation. Tant que cela n’aura pas eu lieu, tant
qu’un membre de la communauté des nations
sera stigmatisé comme «traître à l’humanité»,
aucune véritable réconciliation, aucune entente
entre les nations ne pourra être réalisée. »
En i8i5, au’traité de Vienne qui mit fin aux
guerres de Napoléon, la France ne fut pas rendue
responsable des guerres de Napoléon. Bien plus,
à Vienne, la France eut des avocats de premier
ordre, un Talleyrand, un duc de Richelieu, dont
la parole et le prestige triomphèrent des ran
cunes et des exigences des ennemis. A Versailles,
au contraire, Brockdorfï dut se borner à une pla
tonique protestation contre la sentence toute
faite qui fut présentée à sa signature, avec
menace de reprise des hostilités et alors que le
blocus de la faim durait encore. D’après le Livre
blanc anglais ce blocus — qui fut toujours illégal
puisqu’il empêchait l’entrée de la contrebande
conditionnelle dans les ports neutres —- fit périr
un demi-million d’Austi o-Allemands et, pour
l’avenir, même si l’on soignait le peuple alle
mand comme un enfant malade, il lui faudra une
ou deux générations pour retrouver son ancienne
vigueur ( Bruit prolongé. Cri : « Ce n'est pas
vrai ! » )
L’humilité inspirera aux Français de recon
naître qu’ils ont toujours agi comme s’ils avaient
voulu la revanche de 1870. C’est bien ou c’est
mal de désirer la revanche. Si c’est bien, pour
quoi s’en défendre maintenant ? Si c’est mal,
pourquoi élever une statue à Déroulède, hier à
Metz, demain à Paris?
L’humilité fera reconnaître que le traité de.Ver
sailles a violé celui du 5 novembre 1918 conte
nant les préliminaires de paix, basé sur les qua
torze points de Wilson et sur la foi duquel
l’Allemagne a fait sa révolution, déposé les armes
et livré à ses ennemis tousses moyens de défense.
L’humilité nous rappellera qu’il y a parfois du
bon chez nos voisins et qu’avant la guerre le
Reichstag s’est fait dissoudre deux.fois pour re
fus de crédits militaires.
L’Allemagne a reconnu avoir commis une in
justice en violant le 'territoire belge. Le 4 août
1914 Bethmann Hollweg déclarait au Reichstag :
«L'injustice que nous commettons, nous tâche
rons de la réparer. » Dans son livre Der Vœlker-
L'Esprit Mondial
Dans ma vie évangélique qui compte déjà près
de trente cinq ans, j’ai souvent eu à examiner et
à traiter des cas de conscience très délicats, la
Guerre les a multipliés par son évolution liber
taire dans les mœurs, rien ne sert de faire le si
lence sur un état d’esprit qui ne peut plus être
guidé par l’éthique d’antan, il est mieux de
chercher une nouvelle thérapeutique pour la
guérison des âmes ulcérées et des cœurs brisés.
Je cite quelques exemples de ces cas :
Un jeune homme, chrétien éprouvé, protes
tant, étudiant en théologie, m’a confié le drame
intime qui le bouleversait. Il aime passionné
ment une jeune hile délicieuse, spirituelle, il en
est aimé, ils sont fiancés. Il n’attend que sa Con
sécration pour se marier. Mais voilà que sur sa
route il a rencontré une libre-penseuse, remar
quablement Éelle et intelligente, qui lui a avoué
son amour. Notre homme est pris entre deux
feux, s’il adore sa fiancée, il sent aussi qu’il n’est
pas insensible envers l’amie qui ne renonce-pas
à l’aimer, bien qu’elle sache son engagement an
térieur à sa déclaration.
Le malheureux a trop de bonheur à la fois. Il
désespère et songe à abandonner le Ministère
chrétien. Que dois-je faire ? Que puis-je faire ?
telles sont les angoissantes questions qu’il me
posait, les larmes aux yeux. Mon ami, lui ré
pondis je, ce qui serait peut-être préférable, c’est
de ne point vous marier du tout, et de vivre entre
deux affections platoniques, car la joie de l’une
serait faite de la tristesse de l’autre. Ai-je eu tort
ou raison en donnant ce conseil ? Dieu seul le
sait.
Une jeune hile catholique a aimé un jeune
homme, pendant des années avec espoir, aujour
d’hui, elle est dans la désolation, l’époux de ses
rêves, poussé par sa famille, a choisi l’intérêt
social —. L’argent l’a emporté sur l'amour. Et la
délaissée est inconsolable. Que conseiller ? sinon
de continuer à l’aimer en honorant son épouse et
en chérissant ses enfants, n’est-ce pas encore la
bonne manière évangélique de faire taire la voix
de la vengeance, en refoulant les sentiments d’a
mertume et de haine qui conduisent aux désespoirs
sanglants ? Ce remède n’est-il pas plus efficace
qu’un bol de vitriol, un coup de couteau pu une
balle de revolver, voire même le suicide comme
dernier argument.
Un autre cas, plus grave, confinant à l’adultère.
Un juif aime une femme mariée, il est l’intime
du mari, il bénéheie de toute sa confiance. Le
Décalogue est formel. Aucune excuse. Celui qui
le viole est coupable. Mais la voix de l’amour est
plus forte que le tonnerre du Sinaï. Que faut-il
faire ? Mon ami, lui dis-je, soyez franc avec
l’époux, et gardez votre secret à l’égard de l’é
pouse.
Après cela, si vous êtes encore l’hôte du foyer
conjugal, vous pourrez en bonne conscience jouir
de leur affection en respectant leur union. Si la
porte se ferme, vous aurez du moins agi en
honnête homme et en loyal ami.
Il y a d’autres cas, personnes engagées et con
tractant de nouvelles liaisons qui se dénouent
souvent par la séparation ou ledivo'rce. Remèdes
pires que le mal. Le précepte révélé par le Maitre
étant opposé à tout abandon, à toute rupture
entre homme et femme.
L’amour est une flamme éternelle qui doit re-
naitre, même de ses cendres, aucune force hu
maine, aucune raison ne devrait être capable de
l’éteindre, il doit tout consumer en joyeux sacri
fices sur l’autel du serment. « Celui qui aime
fait tout sans peine, et même sa peine, il
l’aime. » C’est le dicton favori de ma chère
femme. Je le trouve sublime parce qu’il exclut
toute idée de répudiation même légitime.
Autrefois, plus que de nos jours, l’amour déçu
se réfugiait dans la Religion. Que de disciples de
Jésus exilés de Cythère.’... Moines et nonnes en
rupture de bans ! Lorsque j’accomplissais mon
service militaire, malade à l’hôpital, une bonne
religieuse de Saint-Vincent de Paul qui nous
soignait avec un dévouement touchant me dit
en riant : « A défaut de l’homme que j’aimais et
qui a épousé une de mes amies, j’aime tous les
soldats que Dieu me confie avec le même amour»
Sainte hile ! le cœur parlait plus fort que la voca
tion-.
Examinons à présent les considérations mo-
bund Erzberger dit : « On ne saurait justiher l’in
vasion allemande par une faute de la Bel
gique. » A la conférence de Versailles Brockdorff
déclare : « Nous avons fait tort à la Belgique et
nous sommes prêts à le réparer. »
Il faut que toutes les nations fassent leur mea
culpa
Soyons, messieurs, de bons Français en don
nant à nos compatriotes ce que nous avons de
meilleur : la vérité, La véritable, complète et uni
verselle S. D. N. sera le fruit de cette heur qui
s'appelle la vérité.
Abbé DEMULIER.
raies nécessaires pour assurer des garanties de
stabilité entre conjoints. Ce n’est pas aussi simple
que le Code, lequel se borne comme Moïse, St-
Paul et Mahomet à prêcher la soumission à
l’épouse, le mari étant son auguste maître et
seigneur. Obéissance souvent servile, humiliante
qui devient un esclavage pour la compagne de
l’homme. Ce n’est pas l’idéal évangélique. Nous
connaissons assez les relations de Jésusavec Marie,
Marthe, Madeleine, Jeanne, pour savoir q’uil
considérait la femme comme l’égale de l’homme :
L'homme quittera son père et sa mère , et s’atta
chera à sa femme ; et les deux seront une seule
chair , ainsi ils ne sont plus deux , mais une seule
chair. Egalité !
Une question brûlante se pose encore.
L’homme et la femme peuvent-ils avoir des
amours simultanées ? L’Histoire sacrée et pro
fane des peuples et des nations incline vers'la
tolérance. La Morale et la Religion ne contestent
pas d’une manière absolue ce Droit, puisque
veufs et veuves, divorcés et divorcées se rema
rient une ou plusieurs fois, il est vrai, successi
vement, mais le principe n’en est pas moins re
connu de l’amour collectif opposé à la règle de
l’amour unique. Mais, reconnaissons-le, cela
entraîne à de graves responsabilités, à de grands
devoirs qui, non assumés, non observés, sont
néfastes à la famille, et en particulier à l’enfant.
C’est une expérience redoutable pour la per
sonne qui succombe à la tentation, car, si le ma
riage est souvent un purgatoire, le concubinage
est presque toujours l’enfer, tandis que le célibat
est le paradis pour ceux qui se consacrent à la
chasteté. Tous ne sont pas capables de cela , a dit
le Christ, mais ceux-là à qui il a été donné. Qiie
celui qui peut comprendre ceci , le comprenne .
Et saint Paul, après avoir exprimé le désir que
tous les hommes fussent comme lui. çjeclare:
Mais que chacun suive l’état que Dieu lui a donné
en partage , et dans lequel le Seigneur l'a appelé.
C’est là ce que f ordonne dans toutes les églises.
La vie de l’homme et de la femme ne doit pas
être seulement d’attraction esthétique, elle doit
être profondément morale avec des besoins spi
rituels de perfection.
Donc rien de commun entre l'amour et la bes
tialité, la volupté ; la prostitution n’a aucun rap
port avec l’attirance des sexes. Les chrétiens ont
souvent blasphémé le Créateur en calomniant la
créature. L’anathème contre le nu est un outrage
à la divine création. L’Œuvre est parfaite et si la
critique peut s’exercer, c'est non sur la forme na
turelle mais sur sa déformation engendrée par la
luxure et la concupiscence.
Il importe d’avoir des idées plus rationnelles
sur le Mystère qui prend sa source dans I’Amitif,
pour passer par F Amour et se terminer dans 1 ’ Af
fection. C’est le cas de souligner que les trois A
s’harmonisent avec les trois B-*: Beauté, Bonté,
Bien, trinité idéale à réaliser entre les individus
et les peuples.
L’àmour n’est pas dans l’accomplissement
d’un devoir civique ou religieux, mais dans le
don joyeux de soi-même, avec reconnaissance
réciproque des Droits de chacun. Car aimer c’est
se complaire dans la personne élue par notre
cœur. Aimer c’est vivre en liberté, au lieu, hélas !
comme nombre de gens mariés, de languir en
captivité. Le mariage est sacré, l’union est sainte,
par conséquent indissoluble. La jalousie et
lYgoïsme doivent être bannis de cette entente
cordiale, laquelle ne doit reposer que sur la Li
berté et la yérité. Enfreindre cette règle d’or
c’est s’engager sur la route de la Géhenne des
ménages tourmentés par les regrets et les re
mords.
Cette dissertation est aussi nécessaire à notre
œuvre de Concorde que la critique du service
civil. Ce sont des problèmes qu’il faut résoudre
en ces temps où toutes les nationalités et toutes
les races sont en contact, mêlées les unes aux
autres. Voyez Paris et Marseille : Américains,
Africains, Asiatiques, Australiens fusionnant et
transfusionnant avec les Européens. Une enquête
que j’ai faite dans le courant de l’année me per
met d’affirmer que ce. nouvel Esprit mondial est,
par certains côtés, le triomphe de l'Internationale
de l’Amour. Aimer se'conjugue dans toutes les
langues en France, et à Pütranger, la morale de
la Patrie et de l’Église n’y peut plus rien, ces
noirs et ces jaunes musulmans ou bouhdistes,
sont entrés pacifiquement par la grande guerre
dans nos Foyers. Ils y sont, ils y resteront, c’est
la génération d’aujourd’hui et la postérité de de
main. Crier au scandale n’y changerait rien.
" Henri HUCHET.
Correspondance
Sur la demande de nombreux amis le
D'Dumesnil a établi deux jours fixes de con
sultations médicales à son cabinet, 37, rue
Poussin (porte d’Auteuil), le mardi et le jeu
di de 2 heures à 4 heures. Les autres jours
il reçoit sur rendez-Vous (téléphone Auteuil
36-98 ou écrire)-.
MENSUEL
t
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1926
9
U RI VER SEL
Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
•1
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’intrrnationale de l’amour »>
Directeur-Fondateur
Henri HUCHET.
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUAFESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis G U ÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D. r Henry MARIAVE.
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, P r Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAICRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e .
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 50
PARIS r»° 217.31
Tel. : Auteuil 36-98
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
Une condition de la Paix
Nous avons le plaisir de donner ici à nos lec- %
teurs une partie de la conférence qu'a faite à Rouen
au début d'octobre notre ami l'abbé Demulier et
dont ila envoyé aussitôt après les feuillets à /'Uni
versel. Nous le remercions de son amicale atten
tion et nous croyons que ces pages de vérité seront
appréciées de nos amis.
N. D. L. R.
Est-ce en proclamant une révolution violente
que l’Eglise a réussi à abolir l’esclavage ? Non,
c’est en proclamant au contraire sa doctrine d'hu
milité, car c’est cette vertu qui fait les vraies, les
grandes révolutions. Saint-Paul le savait. Un es
clave, Onésime, ayant un jour fui la maison de
son maître, vint se mettre à la disposition
de l’Apôtre pour le service de l’Eglise. St-Paul le
renvoya à son maître en lui disant de lui être
soumis comme à Dieu lui-même. Mais en même
temps il lui confia pour son maître, Philémon,
une lettre où il disait : « Accueille Onésime
comme tu m’accueillerais moi-même, non pas
comme un esclave, mais comme un frère. »
C’est par la charité et l’humilité que l’esclavage
a été aboli; c’est par le même moyen que les
guerres le seront. Sans doute il faut des orga
nismes comme la Société des Nations et la Cour
de Justice internationale pour définir le droit in
ternational et veiller à son maintien. Mais sans
l’humilité nationale les meilleures organisations
seront des organismes sans âme et sans vie, inca
pables d’assurer la paix à l’humanité.
Si nous remontons à l’origine des guerres mo
dernes, à ce fameux traité de Westphalie qui, en
1648, détruisit la chrétienté, ouvrit la porte aux
aventures, aux faits accomplis, aux triomphes de
la force brutale, aux caprices des chefs d’Etat, à
la diplomatie secrète, aux rouleaux compresseurs,
à l’écrasement des nations, que trouvons-nous ?
Le déchaînement des orgueils nationaux«t de la
jalousie. Le nœud de toutes les difficultés était
alors la grande question débattue depuis la re
naissance de paganisme au xvi e siècle : Qui 1 em
portera en Europe de la France ou de la maison
d’Autriche? Le seul objet de la politique exté
rieure d’un Richelieu — qui pourtant était prêtre !
— était d’abaisser, de réduire le seul pays qui fût
de taille à empêcher le sien d’occuper la première
place en Europe.
Eh bien ! messieurs, je ne crois pas que mon
pays ne peut être grand qu’en abaissant ses voi
sins. Je suis convaincu, au contraire, que la gran
deur de la France consiste à s’élever toujours
vers plus de moralité et à entraîner les autres na
tions vers les cîmes de la vertu et de la sainteté.
Dans son encyclique sur St-François de Sales
Pie XI rappelle la doctrine traditionnelle de
l’Eglise : la sainteté n’est pas le privilège de
quelques uns; tous les citoyens de toutes les na
tions sont appelés à la sainteté. /
Les traités et les protocoles seront toujours im
puissants à détruire les orgueils nationaux et
même à les endiguer. La valeur des accords de
Locarno, par exemple, est essentiellement d’ordre
moral. Ce qu’il faut, c’est créer une certaine at
mosphère, une certaine moralité internationale
et cette moralité, ayons le courage de le procla
mer, doit être faite surtout d'humilité.
Il n’y a qu’une rivalité permise entre nations,
c’est la rivalité dans le bien, dans la vertu, fran
çais, disons avec Corneille, votre illustre con
citoyen :
« J’ai de l’ambition, mais plus noble et plus belle ;
« Toute grandeur périt, j’en veux une immortelle.
(Polyeucte).
L’humilité engendrera la confiance. Il y a quel
que chose de plus dangereux peut-être que les
rancunes et les haines, c’est la méfiance. Déjà en
1889 Léon XIII avait rendu le militarisme res
ponsable delà future guerre européenne : « Pour
assurer la paix, disait-il, c’est peu de la désirer
et la bonne volonté ne suffit pas. Les troupes
nombreuses et l’accroissement de l’appareil mi
litaire,sont plus propres à exciter qu’à supprimer
les rivalités et les suspicions. »
Aussi, dit Pie XI. « la meilleure garantie de la
sécurité n’est pas une forêt de baïonnettes, mais
la confiance et l’amitié mutuelles. »
L’humilité fera avouer aux Français que c’est
leur pays qui, le premier en Europe, a établi la
conscription, que c’est lui qui doit, pour réparer
son exemple désastreux, entraîner les autres au
désarmement total ou du moins, puisqu en toutes
choses il faut procéder par degrés, à la suppres
sion du service obligatoire pour commencer. Ce
sont les lois de 19 fructidor an VI et de 18 nivôse
an Vil qui ont établi le service militaire obliga
toire et, par là, ont fait reculer l’humanité de
quinze cents ans. Puisque la France est au nom
bre des vainqueurs de la grande guerre, qu’elle
en profite ! Quelle gloire ce serait pour elle si,
dans un élan magnifique et spontané, elle ren
voyait ses soldats dans leurs foyers, fermait ses
casernes, licenciait ses officiers et jetait à la fer
raille ses fusils et ses canons ! La gloire ne con
siste pas à vaincre; elle consiste à sauver. .
La Déclaration des Droits de l’homme proclame
I l’inviolabilité de la propriété privée. Mes biens
matériels seraient inviolables et ma conscience
ne le serait pas? L’Etat n’aurait pas le droit de
me dire : « Donne-moi ta maison » et il aurait le
droit de me dire : « Prends cette arme et tue ton
frère? »
L’humilité facilitera aux nations la pratique de
la justice. La République française doit éviter de
tomber dans les errements de l’ancienne monar
chie. Je ne saurais assez vous engager à lire la
lettre que l’archevêque de Cambrai, Fénelon,
adressa à Louis XIV pour protester contre ses"
guerres et surtout contre les traités injustes im
posés aux vaincus. « Les traités de paix signés
par les vaincus, lui disait-il, ne sont point signés
librement On signe le couteau sur la gorge ; on
signe, malgré soi pour éviter de plus grandes
pertes; on signe comme on donne sa bourse
quand il faut la donner ou mourir. »
Nous avons à lutter, messieurs, contre une
puissance autrement redoutable que celle d’un
Louis XIV, nous avons à combattre l’opinion pu
blique qui est entretenue dans son ignorance par
des flatteurs intéressés. Les traités de 1919 n’ont
pas non plus été signés librement, donc ils ne sont
pas selon la justice. Celui de Versailles en particu
lier contient une accusation formidable en vertu
de laquelle l’Allemagne et ses alliés sont rendus
seuls responsables de la grande tuerie que Benoît
XV appelait « déshonorante boucherie » et « folie
de destruction ». Je laisse aux historiens le soin
d’examiner si cette accusation est fondée ou non.
Mais je dis qu’un accusé — j’en appelle aux avo-,
cats qui sont dans cette salle — doit-être présumé
innocent tant qu’il n’a pas été jugé par un tribu
nal impartial. Cette accusation est une atteinte
portée à l’honneur d’un peuple et il s’en est tou
jours défendu. Cette année-ci encore le chancelier
Marx écrivait dans Foreign Affairs de New-York :
« Depuis que l’Allemagne fut contrainte de
souscrire aux prescriptions de Versailles, le peuple
allemand tout entier n’a pas cessé de protester
contre l’affirmation que l’Allemagne et ses alliés
portent la responsabilité exclusive de la catas
trophe mondiale de 1814. Et moi-même, en ré
ponse au désir du peuple entier, j’ai éprouvé le
besoin, au moment de J’adoption de plan Dawes
par le Reichstag, d’exprimer ainsi qu’il suit nos
convictions profondes : « L’insertion dans le traité
de Versailles que l’Allemagne par son agression
avait causé la guerre mondiale nous a été arra-
■chée par la contrainte d’une force supérieure. Une
telle affirmation est contraire aux faits histo
riques et par suite rejetée par le gouvernement
allemand. Le peuple allemand a parfaitement le
droit de réclamer qu’on le délivre de cette fausse
accusation. Tant que cela n’aura pas eu lieu, tant
qu’un membre de la communauté des nations
sera stigmatisé comme «traître à l’humanité»,
aucune véritable réconciliation, aucune entente
entre les nations ne pourra être réalisée. »
En i8i5, au’traité de Vienne qui mit fin aux
guerres de Napoléon, la France ne fut pas rendue
responsable des guerres de Napoléon. Bien plus,
à Vienne, la France eut des avocats de premier
ordre, un Talleyrand, un duc de Richelieu, dont
la parole et le prestige triomphèrent des ran
cunes et des exigences des ennemis. A Versailles,
au contraire, Brockdorfï dut se borner à une pla
tonique protestation contre la sentence toute
faite qui fut présentée à sa signature, avec
menace de reprise des hostilités et alors que le
blocus de la faim durait encore. D’après le Livre
blanc anglais ce blocus — qui fut toujours illégal
puisqu’il empêchait l’entrée de la contrebande
conditionnelle dans les ports neutres —- fit périr
un demi-million d’Austi o-Allemands et, pour
l’avenir, même si l’on soignait le peuple alle
mand comme un enfant malade, il lui faudra une
ou deux générations pour retrouver son ancienne
vigueur ( Bruit prolongé. Cri : « Ce n'est pas
vrai ! » )
L’humilité inspirera aux Français de recon
naître qu’ils ont toujours agi comme s’ils avaient
voulu la revanche de 1870. C’est bien ou c’est
mal de désirer la revanche. Si c’est bien, pour
quoi s’en défendre maintenant ? Si c’est mal,
pourquoi élever une statue à Déroulède, hier à
Metz, demain à Paris?
L’humilité fera reconnaître que le traité de.Ver
sailles a violé celui du 5 novembre 1918 conte
nant les préliminaires de paix, basé sur les qua
torze points de Wilson et sur la foi duquel
l’Allemagne a fait sa révolution, déposé les armes
et livré à ses ennemis tousses moyens de défense.
L’humilité nous rappellera qu’il y a parfois du
bon chez nos voisins et qu’avant la guerre le
Reichstag s’est fait dissoudre deux.fois pour re
fus de crédits militaires.
L’Allemagne a reconnu avoir commis une in
justice en violant le 'territoire belge. Le 4 août
1914 Bethmann Hollweg déclarait au Reichstag :
«L'injustice que nous commettons, nous tâche
rons de la réparer. » Dans son livre Der Vœlker-
L'Esprit Mondial
Dans ma vie évangélique qui compte déjà près
de trente cinq ans, j’ai souvent eu à examiner et
à traiter des cas de conscience très délicats, la
Guerre les a multipliés par son évolution liber
taire dans les mœurs, rien ne sert de faire le si
lence sur un état d’esprit qui ne peut plus être
guidé par l’éthique d’antan, il est mieux de
chercher une nouvelle thérapeutique pour la
guérison des âmes ulcérées et des cœurs brisés.
Je cite quelques exemples de ces cas :
Un jeune homme, chrétien éprouvé, protes
tant, étudiant en théologie, m’a confié le drame
intime qui le bouleversait. Il aime passionné
ment une jeune hile délicieuse, spirituelle, il en
est aimé, ils sont fiancés. Il n’attend que sa Con
sécration pour se marier. Mais voilà que sur sa
route il a rencontré une libre-penseuse, remar
quablement Éelle et intelligente, qui lui a avoué
son amour. Notre homme est pris entre deux
feux, s’il adore sa fiancée, il sent aussi qu’il n’est
pas insensible envers l’amie qui ne renonce-pas
à l’aimer, bien qu’elle sache son engagement an
térieur à sa déclaration.
Le malheureux a trop de bonheur à la fois. Il
désespère et songe à abandonner le Ministère
chrétien. Que dois-je faire ? Que puis-je faire ?
telles sont les angoissantes questions qu’il me
posait, les larmes aux yeux. Mon ami, lui ré
pondis je, ce qui serait peut-être préférable, c’est
de ne point vous marier du tout, et de vivre entre
deux affections platoniques, car la joie de l’une
serait faite de la tristesse de l’autre. Ai-je eu tort
ou raison en donnant ce conseil ? Dieu seul le
sait.
Une jeune hile catholique a aimé un jeune
homme, pendant des années avec espoir, aujour
d’hui, elle est dans la désolation, l’époux de ses
rêves, poussé par sa famille, a choisi l’intérêt
social —. L’argent l’a emporté sur l'amour. Et la
délaissée est inconsolable. Que conseiller ? sinon
de continuer à l’aimer en honorant son épouse et
en chérissant ses enfants, n’est-ce pas encore la
bonne manière évangélique de faire taire la voix
de la vengeance, en refoulant les sentiments d’a
mertume et de haine qui conduisent aux désespoirs
sanglants ? Ce remède n’est-il pas plus efficace
qu’un bol de vitriol, un coup de couteau pu une
balle de revolver, voire même le suicide comme
dernier argument.
Un autre cas, plus grave, confinant à l’adultère.
Un juif aime une femme mariée, il est l’intime
du mari, il bénéheie de toute sa confiance. Le
Décalogue est formel. Aucune excuse. Celui qui
le viole est coupable. Mais la voix de l’amour est
plus forte que le tonnerre du Sinaï. Que faut-il
faire ? Mon ami, lui dis-je, soyez franc avec
l’époux, et gardez votre secret à l’égard de l’é
pouse.
Après cela, si vous êtes encore l’hôte du foyer
conjugal, vous pourrez en bonne conscience jouir
de leur affection en respectant leur union. Si la
porte se ferme, vous aurez du moins agi en
honnête homme et en loyal ami.
Il y a d’autres cas, personnes engagées et con
tractant de nouvelles liaisons qui se dénouent
souvent par la séparation ou ledivo'rce. Remèdes
pires que le mal. Le précepte révélé par le Maitre
étant opposé à tout abandon, à toute rupture
entre homme et femme.
L’amour est une flamme éternelle qui doit re-
naitre, même de ses cendres, aucune force hu
maine, aucune raison ne devrait être capable de
l’éteindre, il doit tout consumer en joyeux sacri
fices sur l’autel du serment. « Celui qui aime
fait tout sans peine, et même sa peine, il
l’aime. » C’est le dicton favori de ma chère
femme. Je le trouve sublime parce qu’il exclut
toute idée de répudiation même légitime.
Autrefois, plus que de nos jours, l’amour déçu
se réfugiait dans la Religion. Que de disciples de
Jésus exilés de Cythère.’... Moines et nonnes en
rupture de bans ! Lorsque j’accomplissais mon
service militaire, malade à l’hôpital, une bonne
religieuse de Saint-Vincent de Paul qui nous
soignait avec un dévouement touchant me dit
en riant : « A défaut de l’homme que j’aimais et
qui a épousé une de mes amies, j’aime tous les
soldats que Dieu me confie avec le même amour»
Sainte hile ! le cœur parlait plus fort que la voca
tion-.
Examinons à présent les considérations mo-
bund Erzberger dit : « On ne saurait justiher l’in
vasion allemande par une faute de la Bel
gique. » A la conférence de Versailles Brockdorff
déclare : « Nous avons fait tort à la Belgique et
nous sommes prêts à le réparer. »
Il faut que toutes les nations fassent leur mea
culpa
Soyons, messieurs, de bons Français en don
nant à nos compatriotes ce que nous avons de
meilleur : la vérité, La véritable, complète et uni
verselle S. D. N. sera le fruit de cette heur qui
s'appelle la vérité.
Abbé DEMULIER.
raies nécessaires pour assurer des garanties de
stabilité entre conjoints. Ce n’est pas aussi simple
que le Code, lequel se borne comme Moïse, St-
Paul et Mahomet à prêcher la soumission à
l’épouse, le mari étant son auguste maître et
seigneur. Obéissance souvent servile, humiliante
qui devient un esclavage pour la compagne de
l’homme. Ce n’est pas l’idéal évangélique. Nous
connaissons assez les relations de Jésusavec Marie,
Marthe, Madeleine, Jeanne, pour savoir q’uil
considérait la femme comme l’égale de l’homme :
L'homme quittera son père et sa mère , et s’atta
chera à sa femme ; et les deux seront une seule
chair , ainsi ils ne sont plus deux , mais une seule
chair. Egalité !
Une question brûlante se pose encore.
L’homme et la femme peuvent-ils avoir des
amours simultanées ? L’Histoire sacrée et pro
fane des peuples et des nations incline vers'la
tolérance. La Morale et la Religion ne contestent
pas d’une manière absolue ce Droit, puisque
veufs et veuves, divorcés et divorcées se rema
rient une ou plusieurs fois, il est vrai, successi
vement, mais le principe n’en est pas moins re
connu de l’amour collectif opposé à la règle de
l’amour unique. Mais, reconnaissons-le, cela
entraîne à de graves responsabilités, à de grands
devoirs qui, non assumés, non observés, sont
néfastes à la famille, et en particulier à l’enfant.
C’est une expérience redoutable pour la per
sonne qui succombe à la tentation, car, si le ma
riage est souvent un purgatoire, le concubinage
est presque toujours l’enfer, tandis que le célibat
est le paradis pour ceux qui se consacrent à la
chasteté. Tous ne sont pas capables de cela , a dit
le Christ, mais ceux-là à qui il a été donné. Qiie
celui qui peut comprendre ceci , le comprenne .
Et saint Paul, après avoir exprimé le désir que
tous les hommes fussent comme lui. çjeclare:
Mais que chacun suive l’état que Dieu lui a donné
en partage , et dans lequel le Seigneur l'a appelé.
C’est là ce que f ordonne dans toutes les églises.
La vie de l’homme et de la femme ne doit pas
être seulement d’attraction esthétique, elle doit
être profondément morale avec des besoins spi
rituels de perfection.
Donc rien de commun entre l'amour et la bes
tialité, la volupté ; la prostitution n’a aucun rap
port avec l’attirance des sexes. Les chrétiens ont
souvent blasphémé le Créateur en calomniant la
créature. L’anathème contre le nu est un outrage
à la divine création. L’Œuvre est parfaite et si la
critique peut s’exercer, c'est non sur la forme na
turelle mais sur sa déformation engendrée par la
luxure et la concupiscence.
Il importe d’avoir des idées plus rationnelles
sur le Mystère qui prend sa source dans I’Amitif,
pour passer par F Amour et se terminer dans 1 ’ Af
fection. C’est le cas de souligner que les trois A
s’harmonisent avec les trois B-*: Beauté, Bonté,
Bien, trinité idéale à réaliser entre les individus
et les peuples.
L’àmour n’est pas dans l’accomplissement
d’un devoir civique ou religieux, mais dans le
don joyeux de soi-même, avec reconnaissance
réciproque des Droits de chacun. Car aimer c’est
se complaire dans la personne élue par notre
cœur. Aimer c’est vivre en liberté, au lieu, hélas !
comme nombre de gens mariés, de languir en
captivité. Le mariage est sacré, l’union est sainte,
par conséquent indissoluble. La jalousie et
lYgoïsme doivent être bannis de cette entente
cordiale, laquelle ne doit reposer que sur la Li
berté et la yérité. Enfreindre cette règle d’or
c’est s’engager sur la route de la Géhenne des
ménages tourmentés par les regrets et les re
mords.
Cette dissertation est aussi nécessaire à notre
œuvre de Concorde que la critique du service
civil. Ce sont des problèmes qu’il faut résoudre
en ces temps où toutes les nationalités et toutes
les races sont en contact, mêlées les unes aux
autres. Voyez Paris et Marseille : Américains,
Africains, Asiatiques, Australiens fusionnant et
transfusionnant avec les Européens. Une enquête
que j’ai faite dans le courant de l’année me per
met d’affirmer que ce. nouvel Esprit mondial est,
par certains côtés, le triomphe de l'Internationale
de l’Amour. Aimer se'conjugue dans toutes les
langues en France, et à Pütranger, la morale de
la Patrie et de l’Église n’y peut plus rien, ces
noirs et ces jaunes musulmans ou bouhdistes,
sont entrés pacifiquement par la grande guerre
dans nos Foyers. Ils y sont, ils y resteront, c’est
la génération d’aujourd’hui et la postérité de de
main. Crier au scandale n’y changerait rien.
" Henri HUCHET.
Correspondance
Sur la demande de nombreux amis le
D'Dumesnil a établi deux jours fixes de con
sultations médicales à son cabinet, 37, rue
Poussin (porte d’Auteuil), le mardi et le jeu
di de 2 heures à 4 heures. Les autres jours
il reçoit sur rendez-Vous (téléphone Auteuil
36-98 ou écrire)-.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.67%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.67%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Haute-Normandie Fonds régional : Haute-Normandie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "HNormand1"Revue du Havre et de la Seine-Inférieure : marine, commerce, agriculture, horticulture, histoire, sciences, littérature, beaux-arts, voyages, mémoires, mœurs, romans, nouvelles, feuilletons, tribunaux, théâtres, modes /ark:/12148/bd6t54257703g.highres Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie /ark:/12148/bd6t5344961w.highresNutrisco, bibliothèque numérique du Havre Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BmLHav000"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4565298m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4565298m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4565298m/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4565298m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4565298m
Facebook
Twitter