Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1925-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1925 01 avril 1925
Description : 1925/04/01-1925/05/31. 1925/04/01-1925/05/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565289n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE. Général PERC1N, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD,
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif... 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
51, Avenue Refile, PARIS, XIV«. Tel. : Gobelins 70-33
Il faut choisir
Il faut choisir entre l’uni
versalisme de l’amour ou le
nationalisme de la haine.
Mon dernier article sur l’Armée Nouvelle a
plongé beaucoup de nos lecteurs dans la cons
ternation ou l’étonnement ! Est-ce possible
que l’un des pionniers du M. P. C. retourne
sa veste ? Que les principes évangéliques de
liberté individuelle soient sabotés par un de
leurs défenseurs ? Un quart de siècle pour
aboutir à l’Idéal pacifiste de Jean Jaurès,
lequel, nous devons le reconnaître, n’a rien
de commun avec le Sermon sur la Monta-gfte.
Certains ont pensé que j'ironisais, que je me pa
yais, comme on dit vulgairement, la tête des
chauvins de Y Action Française et des Belli
cistes du Bloc National. Non, ce n’est pas
plus un reniement qu’une gageure, mais une
réalité, laquelle mérite un sérieux examen.
On ne change pas plus les idées des gens que
l’on fait remonter Peau d’un fleuve à sa sour
ce, il y a des étapes que l’on ne peut éviter,
des expériences qu’il importe de faire pour
ouvrir les yeux des aveugles et faire entendre
les sourds. Jésus disait lui-même à ses meil
leurs amis, les apôtres : Il nous est donné de
connaître les mystères du Royaume de Dieu ;
mais il n’en est parlé aux autres qu’en para
boles, de sorte qu’en voyant ils ne voient point,
et qu’en entendant ils ne comprennent point.
(Saint-Luc, VIII 10). C'est encore vrai aux
temps dans lesquels nous vivons.
La Guerre a créé un monde nouveau sur
lequel nous ne pouvons rien. Cette guerre
pour le triomphe soi-disant de la Justice a
été la victoire de l’injuste. Le traité de Ver
sailles demeure un Monument d’iniquité,
combien peu encore le voient, le comprennent !
La spéculation dans les affaires est deve
nue générale, l’arrivisme un code d’honneur,
la polygaymie légitime, la polyandrie respec
table, le devoir militaire un état normal,
la patrie une religion avec son culte païen
du « Soldat Inconnu ». Remarquez, je n’exa
gère pas, je ne condamne pas, je constate
froidement le bouleversement apporté dans
la mentalité et les mœurs de nos contempo
rains. Je ne dis pas que tout est blâmable,
mais que Y égoïsme prévaut, engendrant la
lutte de l’homme contre l’homme, abou
tissant, fatalement, aux futures guerres et
prochaines révolutions. Ou alors il faut f agir
évangéliquement - pour sauver l’humanité
par l’esprit de support. Or pour nous chré
tien, n’est pas le synonyme de « mômier »
ou de « clérical », mais cela signifie que rien
d’humain ne doit nous être étranger.
Aussi de deux choses l’une : Ou désarmer
les Nations pour obtenir la Paix, ou armer les
peuples pour préparer la guerre.
C’est à ce dernier moyen que Gouvernants
et gouvernés donnent leur préférence. La
S. D. N. elle-même, n’envisage que cette moda
lité de la force. Nous sommes bien obligés de
nous incliner, ce qui ne veut pas dire que
pour nous le devoir de mourir pour la patrie
soit comme dit la chanson :
Le sort le plus beau,
I,e plus digne d’envie
ou compatible avec le devoir chrétien. Tout
le contraire. Jamais une guerre n’est sainte,
divine, sacrée, elle est toujours une abomina
tion devant Dieu. Et ceux qui la font ne
peuvent prétendre agir en chrétiens mais en
barbares. Aussi ai-je pris soin de souligner
que la mobilisation des hommes et des femmes
de tout âge devrait aussi impliquer la mise
en sommeil du christianisme, la mise au ran
cart de toutes les pratiques religieuses, catho
liques ou protestantes.
Ayons le courage d’être des sauvages
conscients que l’homme est un loup pour
l’homme.
Mais ce devoir pour tous de mourir pour
la patrie doit aussi impliquer le droit de vi
vre dans la patrie. A 1 égalité dans les devoirs
devra correspondre l’égalité dans les droits.
Ce n’est pas assez de mêler l’or et le sang
dans le creuset infernal., il faut encore que les
soldats et les officiers, les combattants et
les non-combattants soient soumis, si j’ose
dire, aux mêmes régime et règles. Soyons
des hommes ! Souvenons-nous des sacrifices
qu’acceptaient les citoyens et les citoyennes
de Sparte l’héroïque, pour le salut national.
Car c’est une ignominie que les uns boivent
du pinard et mangent du singe, quand les
autres sablent le champagne et grignottent
de la brioche ; c’est un scandale que ceux-là
couchent dans la boue des tranchées, vivent
dans la promiscuité des mercenaires d’Anni-
bal, et que ceux-ci se prélassent dans les dé
lices de. la société en dentelles ; c’est une
monstruosité de voir les blessés, les ma
lades et les prisonniers traités non selon leur
civisme, mais d’après l’échelon qu’ils occu
pent sur l’échelle de la hiérarchie militaire.
Sous les drapeaux il ne doit y avoir que
des égaux devant la souffrance et la mort.
Et les veuves et les orphelins d’un caporal
n’ont pas moins de besoins de vivre que les
endeuillés d’un général. Or, toutes ces plaintes
que je viens d’exprimer, ne sont pas des
chimères, des fantasmagories, mais des vérités
basées sur des milliers de témoignages enten
dus, vus et vécus pendant laj dernière guerre.
Pour éviter la guerre, abolissons fous les
privilèges de classes et d'ancienneté. « Tous
au feu ! » tous exposés aux mêmes périls,
tous soumis aux mêmes renoncements, aux
mêmes privations, aux mêmes humiliations.
Je ne rétracte rien de mon article sur Y Ar
mée Nouvelle, et je prie, respectueuse
ment, les gouvernements: de «tuer la guerre»
par l’holocauste des corps ' et biens. Je suis
persuadé qu’une telle loi militaire serait pour
les nationalistes le commencement de la
Sagesse.
Henri HUCHET.
nnnnnnnnn nnnnunvinnn rA
ESPERA NTO e t T.S.F.
L’Espéranto, en dépit des critiques théoriques
qu’on puisse lui adresser, est maintenant en fait
déjà une langue internationale.
Un certain nombre d’émissions radiophoniques
en espéranto ont lieu maintenant de divers côtés.
Nous en indiquons quelques unes à l’usage de nos
amis sans-fîlistes.
Paris. — P. T. T. (450 m. 400 w). Jeudi à 20 h.
Radio-Paris (S. F. R.) (1870 m. 3 /4 kw) mer
credi ou samedi 20 h. 15 à 20 h. 30.
Berlin. — (.505 m. 1 1 /2 kw) Samedi 15 h.
Francfort sur le Main. —- (470 m. 1 1/2 kw) Ven
dredi 18 h.
Hambourg. — (395 m. 1 kw). Lundi 15 h. 45.
Kœnisberg. —- (463 m. 1 kw). Mercredi et samedi,
18 h. 30 à 19 h.
Kœnigswustérhausen (2.800 m. 6 kw). Dimanche
11 h. à 11 h. 10.
Munich (485 m. 1 kw). Jeudi 18 h. 15.
Munster (410 m. 11/2 kw) Mercredi 21 h. à 21 h. 45.
Stuttgart (443 m. 1 kw) Jeudi 18 h. 30 à 19 h.
Copenhague (475 m. 1 kw). Mercredi 20 h. 30 à 21h.
D’autres émissions ont lieu en Amérique, Austra
lie, Angleterre, Hollande, Tchéco-Slovaquie, Russie.
Bientôt un poste fonctionnera à Genève.
Qu’attendent donc tous les internationalistes
pour apprendre l’Espéranto ?
Comme l’a dit si justement Romain Rolland :
« Pour que les peuples s'entendent, il faut d’abord qu'ils
entendent. Que l’Espéranto rende l’ouïe à ces sourds
dont chacun, depuis des siècles, est muré dans son
langage. »
Yi devas lerni de nun ESPERANTO’N.
D r M. Dumesnil.
LE PACIFISME DE LA JEUNESSE
par HAROLD B IN G, “
Président de la Section de J eunesse du Mouvement « Plus de Guerre ! »
(la Section britannique de-T Internationale-des Résistants contre la Guerre)
Ou’est-ce que c’est que le Pacifisme ? Beau
coup de gens en parlent, et je crois qu’il y a au
tant d’idées sur le pacifisme qu’il y a de paci
fistes ! Néanmoins, dans le développement
du pacifisme on peut distinguer des phases
successives.
Pendant le dix-neuvième siècle le pacifisme
était surtout une idée morale. On lui donnait
son assentiment comme à un idéal qui pourrait
se réaliser peut-être dans deux ou trois ou dix
siècles. A peine croyait-on qu’il se rapportait à
la vie quotidienne des affaires. C’est pourquoi
il se recrutait pour la plupart parmi les gens
étrangers à l’action.
Au commencement du xx e siècle, apparut
le pacifisme économique dont Norman Angell
était le grand protagoniste. Celui-ci a montré
très nettement que c’est la haute finance et
le grand commerce qui contrôlent aujourd’hui
les destinées des nations et ce que 'sont les
rivalités de ces grandes puissances qui causent
les guerres. Néanmoins les intérêts économiques
de toutes les nations modernes sont tellement !
liés les uns aux autres qu’une nation ne peut
pas gagner par la conquête de l’autre, que la j
perte d’une est la perte de toutes. Cette espèce !
de pacifisme demandait seulement un assenti- j
ment intellectuel et malheureusement les for- j
ces du vieux et du nouveau pacifisme ne se \
rejoignaient pas beaucoup.
Certainement, les idées de Norman Angell
et de ses collaborateurs ont eu une assez grande j
influence. Personne, que je sache, n’a réfuté !
scs arguments tellement ils étaient logiques. j
Mais, après tout, la guerre est venue. Ni l’une j
ni l’autre espèce de pacifisme n’a pu l’empê- '
cher. C’est, parce qu'il n’v avait nas assez do ;
gens ayant accepté ces idées r Louiquoi pas ? j
La plupart. des gens ne désirait pas la guerre, I
j’en suis sûr, quoiqu’ils l’aient faite. Quelques- 1
uns même de ceux qui avaient donné leur con- I
sentement aux idées pacifistes sont partis à
la guerre. C’est donc que le pacifisme n’était
pas encore une force réelle dans la vie humaine.
Et depuis la guerre ? Est-ce que le pacifisme
fait du progrès ? Oui, naturellement, parce que
toute guerre est suivie d’une réaction, surtout
quand elle est aussi terrible et aussi sanglante
que la guerre de 1914-1918. Mais mon opinion
est celle-ci bien qu’il y ait beaucoup plus de
pacifistes convaincus depuis la Guerre mondiale
qu’auparavant, le pacifisme n’est pas encore une
force réelle et vivante dans le monde et il ne
peut faire appel qu’à un nombre très limité
de personnes, à une élite intellectuelle ou spi
rituelle. Il n’a pas d’influence sur la grande
masse des hommes et par conséquent il ne
peut pas empêcher une nouvelle guerre.
Je suis tout à fait convaincu qu’il faut un
nouveau pacifisme et j’ai mis comme titre à
cet article « Le Pacifisme de la Jeunesse », j
parce que je pense que dans les Mouvements
de Jeunesse dans les différents pays, ou au
moins dans les mouvements de Jeunes dits
pacifistes, se trouve le commencement de ce
nouveau pacifisme, une indication très claire
de la direction qu’il faut suivre.
Il faut d’abord reconnaître que le pacifisme
soit non seulement une suite de dogmes sur
la question de la, guerre et du service militaire,
mais l’expression d’une nouvelle vie, une nou
velle attitude de l’individu envers son voisin
et à l’égard de tous les problèmes concernant
les rapports entre les hommes. Ce pacifisme
radical demande un changement non seulement
dans les affaires des gouvernements et des na
tions mais dans l’esprit de chaque individu, non
seulement dans l’attitude envers la guerre mais
dans la vie économique, sociale, esthétique etc.
Il faut opposer aux idées guerrières des idées
positives et constructives. Je pense que dans
quelques-uns des groupements de jeunes cela
se trouve déjà ; peut-être par hasard mais plus
encore, je crois, par une espèce d’intuition qui
a ailleurs un fondement psychologique.
Les penseurs du xvm e et du xix e siècle
croyaient que l’homme était un être rationel,
que sa raison gouvernait ses actions, qu’il
voyait clairement son intérêt et qu’il le suivait.
La psychologie moderne a démontré la faus
seté de tout cela. Nous savons aujourd’hui que
l’intelligence ne fait que très peu en décidant
les actions humaines, que ce sont en effet les
instincts et les émotions qui dominent et qui
fournissent les motifs de la plus grande partie
des actes, alors même qu’on les justifie ensuite
par des raisonnements intellectuels. Alors, il
faut atteler les émotions au char pacifiste.
La guerre fait un grand appel aux émotions.
Il y a là de l’aventure et du danger, l’opportu
nité de se sacrifier et de tout donner pour une
grande cause. Il s’y trouve aussi de la musique,
de. la couleur, quelque chose de dramatique
qui manque tant dans la vie quotidienne. Les
émotions supprimées par la civilisation de
mandent notamment l’expression. Elles ne la
trouvent pas dans la paix. Par conséquent, elles
la cherchent dans la guerre. Il faut que la paix
soit aussi aventureuse, aussi dangereuse, aussi
dramatique que la guerre pour que les gens la
préfèrent.
Faites appel à la recherche de la Paix comme
à une croisade et vous ne manquerez pas de
réponses mais si vous demandez un assentiment
aux dogmes intellectuels la plupart des gens
ne s’y intéressera point. Qui ne veut rien risquer
ne gagnera rien. Il faut risquer quelque chose
pour la paix. Il faut avoir le courage de quitter
les certitudes de la vie conventionnelle pour les
incertitudes d’une vie d’expérience, d’oser
donner sans demander encore, de travailler
sans attendre un profit, d’aimer toujours même
quand on reçoit la haine. Tout cela demande
du courage ; mais la guerre n’a-t-elle pas mon
tré que les hommes sont bien courageux ?
Eh bien, reconnaissons que la paix demande
encore plus de courage que la guerre, des sacri
fices aussi grands, bien que d’un ordrç différent.
Ce n’est pas facile d’apprendre cette nouvelle
vie dans les milieux conventionnels. C’est pour
quoi les jeunes pacifistes, dans les pays teuto-
niques plus qu’en France jusqu’à présent s’en
vont de temps en temps en pleine campagne
vivre sous la tente, sentir en eux l’unité essen
tielle de toute la Nature, se réunir dans un es
prit fraternel et spirituel sans les distractions
de la vie quotidienne. C’est aussi pourquoi ils
font renaître certains métiers manuels dans
lesquels on peut exprimer ses propres idées
comme on ne peut pas dans les articles fabri
qués dans les usines ; c’est pourquoi ils font
revivre les vieilles chansons et les vieilles
danses de groupe, tout à fait différentes des
modernes parce qu’elles ne favorisent pas les
sensations.
Ces choses-ci ne sont pas toute la vie pacifiste
mais elles indiquent, je crois, la méthode véri
table qu’il faut adopter. Le pacifisme, c’est
la coopération au lieu de la lutte, et c’est dans
la vie de camp qu’on peut commencer à
l’apprendre. Après, on doit apporter dans la
vie des grandes villes les leçons qu’on a apprises
et qui ne serviront pas tant à soulager ses pires
maladies qu’à la révolutionser complète
ment. Voilà la tâche des jeunes pacifistes;
une tâche énorme, mais si on ne peut pas
l’entreprendre, il y a très peu d’espoir pour
l’avenir de la race humaine.
©©©SS©©©©©©©©©©©©»©©
Jésus-Liberté est la Porte que tous les hommes
doivent prendre pour rencontrer la Paix du
cœur et avec elle le Royaume de Dieu, le Paci
fisme.
Dr MARIAVÉ.
*
* *
En adorant l'Etat, vous adorez un monde
vicié, vicié par vous. Diviniser l’Etal ou divini
ser le monde , c’est encenser la même idole.
« Moloch ou Gott mit uns », c'est violer le
Décalogue, transgresser le non-occides, glori
fier le meurtre.
Dr MARIAVÉ
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE. Général PERC1N, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD,
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
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Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
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51, Avenue Refile, PARIS, XIV«. Tel. : Gobelins 70-33
Il faut choisir
Il faut choisir entre l’uni
versalisme de l’amour ou le
nationalisme de la haine.
Mon dernier article sur l’Armée Nouvelle a
plongé beaucoup de nos lecteurs dans la cons
ternation ou l’étonnement ! Est-ce possible
que l’un des pionniers du M. P. C. retourne
sa veste ? Que les principes évangéliques de
liberté individuelle soient sabotés par un de
leurs défenseurs ? Un quart de siècle pour
aboutir à l’Idéal pacifiste de Jean Jaurès,
lequel, nous devons le reconnaître, n’a rien
de commun avec le Sermon sur la Monta-gfte.
Certains ont pensé que j'ironisais, que je me pa
yais, comme on dit vulgairement, la tête des
chauvins de Y Action Française et des Belli
cistes du Bloc National. Non, ce n’est pas
plus un reniement qu’une gageure, mais une
réalité, laquelle mérite un sérieux examen.
On ne change pas plus les idées des gens que
l’on fait remonter Peau d’un fleuve à sa sour
ce, il y a des étapes que l’on ne peut éviter,
des expériences qu’il importe de faire pour
ouvrir les yeux des aveugles et faire entendre
les sourds. Jésus disait lui-même à ses meil
leurs amis, les apôtres : Il nous est donné de
connaître les mystères du Royaume de Dieu ;
mais il n’en est parlé aux autres qu’en para
boles, de sorte qu’en voyant ils ne voient point,
et qu’en entendant ils ne comprennent point.
(Saint-Luc, VIII 10). C'est encore vrai aux
temps dans lesquels nous vivons.
La Guerre a créé un monde nouveau sur
lequel nous ne pouvons rien. Cette guerre
pour le triomphe soi-disant de la Justice a
été la victoire de l’injuste. Le traité de Ver
sailles demeure un Monument d’iniquité,
combien peu encore le voient, le comprennent !
La spéculation dans les affaires est deve
nue générale, l’arrivisme un code d’honneur,
la polygaymie légitime, la polyandrie respec
table, le devoir militaire un état normal,
la patrie une religion avec son culte païen
du « Soldat Inconnu ». Remarquez, je n’exa
gère pas, je ne condamne pas, je constate
froidement le bouleversement apporté dans
la mentalité et les mœurs de nos contempo
rains. Je ne dis pas que tout est blâmable,
mais que Y égoïsme prévaut, engendrant la
lutte de l’homme contre l’homme, abou
tissant, fatalement, aux futures guerres et
prochaines révolutions. Ou alors il faut f agir
évangéliquement - pour sauver l’humanité
par l’esprit de support. Or pour nous chré
tien, n’est pas le synonyme de « mômier »
ou de « clérical », mais cela signifie que rien
d’humain ne doit nous être étranger.
Aussi de deux choses l’une : Ou désarmer
les Nations pour obtenir la Paix, ou armer les
peuples pour préparer la guerre.
C’est à ce dernier moyen que Gouvernants
et gouvernés donnent leur préférence. La
S. D. N. elle-même, n’envisage que cette moda
lité de la force. Nous sommes bien obligés de
nous incliner, ce qui ne veut pas dire que
pour nous le devoir de mourir pour la patrie
soit comme dit la chanson :
Le sort le plus beau,
I,e plus digne d’envie
ou compatible avec le devoir chrétien. Tout
le contraire. Jamais une guerre n’est sainte,
divine, sacrée, elle est toujours une abomina
tion devant Dieu. Et ceux qui la font ne
peuvent prétendre agir en chrétiens mais en
barbares. Aussi ai-je pris soin de souligner
que la mobilisation des hommes et des femmes
de tout âge devrait aussi impliquer la mise
en sommeil du christianisme, la mise au ran
cart de toutes les pratiques religieuses, catho
liques ou protestantes.
Ayons le courage d’être des sauvages
conscients que l’homme est un loup pour
l’homme.
Mais ce devoir pour tous de mourir pour
la patrie doit aussi impliquer le droit de vi
vre dans la patrie. A 1 égalité dans les devoirs
devra correspondre l’égalité dans les droits.
Ce n’est pas assez de mêler l’or et le sang
dans le creuset infernal., il faut encore que les
soldats et les officiers, les combattants et
les non-combattants soient soumis, si j’ose
dire, aux mêmes régime et règles. Soyons
des hommes ! Souvenons-nous des sacrifices
qu’acceptaient les citoyens et les citoyennes
de Sparte l’héroïque, pour le salut national.
Car c’est une ignominie que les uns boivent
du pinard et mangent du singe, quand les
autres sablent le champagne et grignottent
de la brioche ; c’est un scandale que ceux-là
couchent dans la boue des tranchées, vivent
dans la promiscuité des mercenaires d’Anni-
bal, et que ceux-ci se prélassent dans les dé
lices de. la société en dentelles ; c’est une
monstruosité de voir les blessés, les ma
lades et les prisonniers traités non selon leur
civisme, mais d’après l’échelon qu’ils occu
pent sur l’échelle de la hiérarchie militaire.
Sous les drapeaux il ne doit y avoir que
des égaux devant la souffrance et la mort.
Et les veuves et les orphelins d’un caporal
n’ont pas moins de besoins de vivre que les
endeuillés d’un général. Or, toutes ces plaintes
que je viens d’exprimer, ne sont pas des
chimères, des fantasmagories, mais des vérités
basées sur des milliers de témoignages enten
dus, vus et vécus pendant laj dernière guerre.
Pour éviter la guerre, abolissons fous les
privilèges de classes et d'ancienneté. « Tous
au feu ! » tous exposés aux mêmes périls,
tous soumis aux mêmes renoncements, aux
mêmes privations, aux mêmes humiliations.
Je ne rétracte rien de mon article sur Y Ar
mée Nouvelle, et je prie, respectueuse
ment, les gouvernements: de «tuer la guerre»
par l’holocauste des corps ' et biens. Je suis
persuadé qu’une telle loi militaire serait pour
les nationalistes le commencement de la
Sagesse.
Henri HUCHET.
nnnnnnnnn nnnnunvinnn rA
ESPERA NTO e t T.S.F.
L’Espéranto, en dépit des critiques théoriques
qu’on puisse lui adresser, est maintenant en fait
déjà une langue internationale.
Un certain nombre d’émissions radiophoniques
en espéranto ont lieu maintenant de divers côtés.
Nous en indiquons quelques unes à l’usage de nos
amis sans-fîlistes.
Paris. — P. T. T. (450 m. 400 w). Jeudi à 20 h.
Radio-Paris (S. F. R.) (1870 m. 3 /4 kw) mer
credi ou samedi 20 h. 15 à 20 h. 30.
Berlin. — (.505 m. 1 1 /2 kw) Samedi 15 h.
Francfort sur le Main. —- (470 m. 1 1/2 kw) Ven
dredi 18 h.
Hambourg. — (395 m. 1 kw). Lundi 15 h. 45.
Kœnisberg. —- (463 m. 1 kw). Mercredi et samedi,
18 h. 30 à 19 h.
Kœnigswustérhausen (2.800 m. 6 kw). Dimanche
11 h. à 11 h. 10.
Munich (485 m. 1 kw). Jeudi 18 h. 15.
Munster (410 m. 11/2 kw) Mercredi 21 h. à 21 h. 45.
Stuttgart (443 m. 1 kw) Jeudi 18 h. 30 à 19 h.
Copenhague (475 m. 1 kw). Mercredi 20 h. 30 à 21h.
D’autres émissions ont lieu en Amérique, Austra
lie, Angleterre, Hollande, Tchéco-Slovaquie, Russie.
Bientôt un poste fonctionnera à Genève.
Qu’attendent donc tous les internationalistes
pour apprendre l’Espéranto ?
Comme l’a dit si justement Romain Rolland :
« Pour que les peuples s'entendent, il faut d’abord qu'ils
entendent. Que l’Espéranto rende l’ouïe à ces sourds
dont chacun, depuis des siècles, est muré dans son
langage. »
Yi devas lerni de nun ESPERANTO’N.
D r M. Dumesnil.
LE PACIFISME DE LA JEUNESSE
par HAROLD B IN G, “
Président de la Section de J eunesse du Mouvement « Plus de Guerre ! »
(la Section britannique de-T Internationale-des Résistants contre la Guerre)
Ou’est-ce que c’est que le Pacifisme ? Beau
coup de gens en parlent, et je crois qu’il y a au
tant d’idées sur le pacifisme qu’il y a de paci
fistes ! Néanmoins, dans le développement
du pacifisme on peut distinguer des phases
successives.
Pendant le dix-neuvième siècle le pacifisme
était surtout une idée morale. On lui donnait
son assentiment comme à un idéal qui pourrait
se réaliser peut-être dans deux ou trois ou dix
siècles. A peine croyait-on qu’il se rapportait à
la vie quotidienne des affaires. C’est pourquoi
il se recrutait pour la plupart parmi les gens
étrangers à l’action.
Au commencement du xx e siècle, apparut
le pacifisme économique dont Norman Angell
était le grand protagoniste. Celui-ci a montré
très nettement que c’est la haute finance et
le grand commerce qui contrôlent aujourd’hui
les destinées des nations et ce que 'sont les
rivalités de ces grandes puissances qui causent
les guerres. Néanmoins les intérêts économiques
de toutes les nations modernes sont tellement !
liés les uns aux autres qu’une nation ne peut
pas gagner par la conquête de l’autre, que la j
perte d’une est la perte de toutes. Cette espèce !
de pacifisme demandait seulement un assenti- j
ment intellectuel et malheureusement les for- j
ces du vieux et du nouveau pacifisme ne se \
rejoignaient pas beaucoup.
Certainement, les idées de Norman Angell
et de ses collaborateurs ont eu une assez grande j
influence. Personne, que je sache, n’a réfuté !
scs arguments tellement ils étaient logiques. j
Mais, après tout, la guerre est venue. Ni l’une j
ni l’autre espèce de pacifisme n’a pu l’empê- '
cher. C’est, parce qu'il n’v avait nas assez do ;
gens ayant accepté ces idées r Louiquoi pas ? j
La plupart. des gens ne désirait pas la guerre, I
j’en suis sûr, quoiqu’ils l’aient faite. Quelques- 1
uns même de ceux qui avaient donné leur con- I
sentement aux idées pacifistes sont partis à
la guerre. C’est donc que le pacifisme n’était
pas encore une force réelle dans la vie humaine.
Et depuis la guerre ? Est-ce que le pacifisme
fait du progrès ? Oui, naturellement, parce que
toute guerre est suivie d’une réaction, surtout
quand elle est aussi terrible et aussi sanglante
que la guerre de 1914-1918. Mais mon opinion
est celle-ci bien qu’il y ait beaucoup plus de
pacifistes convaincus depuis la Guerre mondiale
qu’auparavant, le pacifisme n’est pas encore une
force réelle et vivante dans le monde et il ne
peut faire appel qu’à un nombre très limité
de personnes, à une élite intellectuelle ou spi
rituelle. Il n’a pas d’influence sur la grande
masse des hommes et par conséquent il ne
peut pas empêcher une nouvelle guerre.
Je suis tout à fait convaincu qu’il faut un
nouveau pacifisme et j’ai mis comme titre à
cet article « Le Pacifisme de la Jeunesse », j
parce que je pense que dans les Mouvements
de Jeunesse dans les différents pays, ou au
moins dans les mouvements de Jeunes dits
pacifistes, se trouve le commencement de ce
nouveau pacifisme, une indication très claire
de la direction qu’il faut suivre.
Il faut d’abord reconnaître que le pacifisme
soit non seulement une suite de dogmes sur
la question de la, guerre et du service militaire,
mais l’expression d’une nouvelle vie, une nou
velle attitude de l’individu envers son voisin
et à l’égard de tous les problèmes concernant
les rapports entre les hommes. Ce pacifisme
radical demande un changement non seulement
dans les affaires des gouvernements et des na
tions mais dans l’esprit de chaque individu, non
seulement dans l’attitude envers la guerre mais
dans la vie économique, sociale, esthétique etc.
Il faut opposer aux idées guerrières des idées
positives et constructives. Je pense que dans
quelques-uns des groupements de jeunes cela
se trouve déjà ; peut-être par hasard mais plus
encore, je crois, par une espèce d’intuition qui
a ailleurs un fondement psychologique.
Les penseurs du xvm e et du xix e siècle
croyaient que l’homme était un être rationel,
que sa raison gouvernait ses actions, qu’il
voyait clairement son intérêt et qu’il le suivait.
La psychologie moderne a démontré la faus
seté de tout cela. Nous savons aujourd’hui que
l’intelligence ne fait que très peu en décidant
les actions humaines, que ce sont en effet les
instincts et les émotions qui dominent et qui
fournissent les motifs de la plus grande partie
des actes, alors même qu’on les justifie ensuite
par des raisonnements intellectuels. Alors, il
faut atteler les émotions au char pacifiste.
La guerre fait un grand appel aux émotions.
Il y a là de l’aventure et du danger, l’opportu
nité de se sacrifier et de tout donner pour une
grande cause. Il s’y trouve aussi de la musique,
de. la couleur, quelque chose de dramatique
qui manque tant dans la vie quotidienne. Les
émotions supprimées par la civilisation de
mandent notamment l’expression. Elles ne la
trouvent pas dans la paix. Par conséquent, elles
la cherchent dans la guerre. Il faut que la paix
soit aussi aventureuse, aussi dangereuse, aussi
dramatique que la guerre pour que les gens la
préfèrent.
Faites appel à la recherche de la Paix comme
à une croisade et vous ne manquerez pas de
réponses mais si vous demandez un assentiment
aux dogmes intellectuels la plupart des gens
ne s’y intéressera point. Qui ne veut rien risquer
ne gagnera rien. Il faut risquer quelque chose
pour la paix. Il faut avoir le courage de quitter
les certitudes de la vie conventionnelle pour les
incertitudes d’une vie d’expérience, d’oser
donner sans demander encore, de travailler
sans attendre un profit, d’aimer toujours même
quand on reçoit la haine. Tout cela demande
du courage ; mais la guerre n’a-t-elle pas mon
tré que les hommes sont bien courageux ?
Eh bien, reconnaissons que la paix demande
encore plus de courage que la guerre, des sacri
fices aussi grands, bien que d’un ordrç différent.
Ce n’est pas facile d’apprendre cette nouvelle
vie dans les milieux conventionnels. C’est pour
quoi les jeunes pacifistes, dans les pays teuto-
niques plus qu’en France jusqu’à présent s’en
vont de temps en temps en pleine campagne
vivre sous la tente, sentir en eux l’unité essen
tielle de toute la Nature, se réunir dans un es
prit fraternel et spirituel sans les distractions
de la vie quotidienne. C’est aussi pourquoi ils
font renaître certains métiers manuels dans
lesquels on peut exprimer ses propres idées
comme on ne peut pas dans les articles fabri
qués dans les usines ; c’est pourquoi ils font
revivre les vieilles chansons et les vieilles
danses de groupe, tout à fait différentes des
modernes parce qu’elles ne favorisent pas les
sensations.
Ces choses-ci ne sont pas toute la vie pacifiste
mais elles indiquent, je crois, la méthode véri
table qu’il faut adopter. Le pacifisme, c’est
la coopération au lieu de la lutte, et c’est dans
la vie de camp qu’on peut commencer à
l’apprendre. Après, on doit apporter dans la
vie des grandes villes les leçons qu’on a apprises
et qui ne serviront pas tant à soulager ses pires
maladies qu’à la révolutionser complète
ment. Voilà la tâche des jeunes pacifistes;
une tâche énorme, mais si on ne peut pas
l’entreprendre, il y a très peu d’espoir pour
l’avenir de la race humaine.
©©©SS©©©©©©©©©©©©»©©
Jésus-Liberté est la Porte que tous les hommes
doivent prendre pour rencontrer la Paix du
cœur et avec elle le Royaume de Dieu, le Paci
fisme.
Dr MARIAVÉ.
*
* *
En adorant l'Etat, vous adorez un monde
vicié, vicié par vous. Diviniser l’Etal ou divini
ser le monde , c’est encenser la même idole.
« Moloch ou Gott mit uns », c'est violer le
Décalogue, transgresser le non-occides, glori
fier le meurtre.
Dr MARIAVÉ
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