Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1925-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1925 01 février 1925
Description : 1925/02/01-1925/02/28. 1925/02/01-1925/02/28.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565287t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
M
OÉPÔ i
! *.um c V 1
#200.. )
‘V,-.
27* ANNÉE
MENSUEL
FÉVRIER 1925
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
ERMENONVILLE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel J. CONVERSET, Frédéric BONHOMME,
M^s H. DU MESNIL-H UC H ET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann KUTTER
Les articles rCengagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement :
Chèques postaux :
Un an 5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro O fr. 25
PARIS n* 2*7.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif. lO francs.
Membre militant.... 20 francs.
51, Avenue Reille, PARIS, XIV e . Tel. : Gobelins 70-33
Hérauts et Héros!
I,e pacifisme n’est pas un sport.
Il y a un pacifisme de tout repos cpti con
siste à « soutenir les efforts des gouvernements »
(eh ! quels efforts ?) et à s’abriter tranquille
ment derrière la Société des Nations, à entrer
dans ses bureaux, si l’on peut (bonne situa
tion pour politiciens d’avenir ou en retraite)
sans se brouiller avec les autorités et soulever
contre soi l’opinion publique.
Tranquille optimisme et far ni ente des
fovssoyeurs de la Paix ! Ils préparent sa tombe,
et quand « on remettra ça » (langage académique
depuis la dernière guerre) ils lui apporteront
— à la défunte paix — une couronne et un
pleur... Et vite... aux armes citoyens ! ils
iront défendre leur mère Patrie, ou mieux en
core ils seront préposés à « soutenir Te moral »
de la nation pour la plus juste, la plus sainte
et la dernière des guerres.
Avez-vous lu la brochure de notre ami
Ermenonville Comment on s’est foutu du Peuple ?
On continue.
Avez-vous idée de l’état présent du monde ?
Lisez seulement avec un peu d’attention et
de réflexion les journaux quotidiens. Voyez
les faits et cherchez en la signification.
*
* *
L’état politique du monde est un puzzle.
En France, ia réaction chauvine et cléricale,
plus enragée que jamais, n’ayant rien appris
de la guerre, et délaissant les problèmes vi
taux, s’acharne, par le mensonge et la corrup
tion, à reprendre le pouvoir. En face d’elle
les partis de gauche préoccupés surtout de la
lutte anticléricale, bridés encore par un natio
nalisme dogmatique se montrent incapables
d’aborder de front les redoutables problèmes
qui restent suspendus sur nos têtes comme une
menace perpétuelle. En Allemagne c’est le
chaos : les vaillants pacifistes ont à lutter
contre les partis nationalistes auxquels notre
politique imbécile a donné arguments sur
arguments et regain de force ; l’idée d’une re
vanche des armes propagée par les militaristes
impénitents se répand, servie par les agisse
ments de l’Entente. La Russie, bouleversée,
nous offre le spectacle d’une tyrannie sous
laquelle partis au pouvoir et partis d’opposi
tion rivalisent de férocité avec un égal mépris
de la vie humaine. Les Balkans sont toujours
comme un baril de poudre qu’une allumette
imprudemment^ etée peut faire sauter au
moment où l’on ne s’en doute pas. La cléri
cale Pologne soutenue par la France se pré
sente à nouveau comme le boulevard de la
réaction à l’Est. Les états issus de l’ancienne
monarchie autrichienne n’ont pas trouvé leur
équilibre et se guettent, à la recherche de nou
velles combinaisons. L’Italie sous la botte de
son aventurier sanglant nous offre le triste
spectacle d’une nation assez avachie pour avoir
accepté la tyrannie d’un brigand bouffon.
L’Espagne est presque revenue aux beaux
jours de l’Inquisition. Et pendant que l’Eu
rope bouleversée est en quête de nouveaux
dépècements, l’Orient est travaillé par des
forces formidables. De l’Oural à l’Océan
Pacifique c’est une fermentation intense, sou
lèvements incessants et luttes sans merci.
La Mongolie, au cœur de laquelle la T. S. F.
transmet les nouvelles d’Europe, rêve d’un
nouveau Gengis-Khan, la Chine s’agite de
concert avec les bolchevicks, le Thibet s’in
quiète, et l’Inde est parcourue par de grands
frissons silencieux. En Afrique, le monde mu
sulman tranquille en apparence, mais bouillon
nant dans le secret des cœurs, attend son pro
phète pour jeter à la mer les Européens usur
pateurs, et la victoire des Riffains apparaît
comme un prodrome de la grande levée que
préparent avec line patience qui nous abuse,
les ffls de Mahomet. Les noirs^aussi sortent de
leur apathie séculaire, ils pénètrent progressi-
veinent dans nos entreprises et nos universités.
Et l’Amérique, travaillée par le problème des
races, regarde d’un œil méfiant le Japon dont
l’énergie et la ténacité poursuivent des desseins
que nous ne connaissons point.
De plus en plus d’ailleurs, le domaine poli
tique est envahi par l’économique. La puis
sance financière étend sur la terre entière son
hégémonie. La prolifération des banques de
puis la grande guerre est un symptôme bien
significatif. Quelques individus gouvernent les
grands établissements de crédit, les grandes
industries, les compagnies d’assurances et
la presse. Chacun de ces potentats administre
une douzaine de sociétés. Les rois du pétrole,
de l’acier, du rail, d’outre-Atlantique, ont fait
école chez nous. Les Rothschild, les Stinnes, les
de Wendel, sont plus que des symboles. Ils
incarnent le - régime actuel. Trusts et accapa
rement dominent la vie économique \ Du rïier-
canti qui opère dans une petite boutique ou
sur la table d’un bar au grand capitaine d’in
dustrie, il n’y a qu’une différence de mesure.
On stocke les tissus, on cache le blé afin d’en
faire monter le prix. Taillable et corvéable à
merci le consommateur est le nouveau serf,
qui ne sait même plus à qui s’en prendre, tant
est complexe et savante la trame du filet qui
l’étrangle un peu plus chaque jour. Sans souci
de ses besoins réèls, on aspire son argent par
mïîte’"ihoyens: La production n’est pas au ser
vice de la consommation, mais la régente.
xAussi les industries et les commerces les plus
inutiles sont les plus florissants. L’agriculture
manque de bras et des milliers d’hectares res
tent incultes, mais telle parfumerie occupe
trois mille ouvriers ; tandis que les légumes et
les céréales, indispensable et fondamentale noui-
riture de l’espèce humaine sont parcimonieuse
ment mis sur le marché et à des prix presque
prohibitifs, les pâtisseries, les tea-rooms, les
cafés, les restaurants de luxe, accaparent la
moitié des boutiques. Cependant des milliers
de travailleurs sont sans logement ou entassés
en des locaux é*rigus et insalubres à la façon
de bestiaux dans les wagons.
L’argent, grand souci et but de$jj|||WLs!l%ce
de presque tous ces humains, l’agent à la
poursuite duquel on sacrifie tout, ilgjpce qu’il
ouvre la porte de toutes les jouissar^s, par
une ironie du sort se ^év^tl^le chaque jour.
Le crasseux papier monnyjKàevient de plus
en plus fictif. Et voici perles en qui
les nouveaux riches avaient cru trouver un
placement merveilleux les menacent d’un krach
formidable. Aussi le prix de la vie croît sans
cesse ; et après qu’il s’est évertué, chacun doit
reconnaître qu’il a travaillé sans profit.
Néanmoins, Mammon séduit de plus en
plus les foules. La jeune génération, abandon
nant tout idéalisme est effroyablement utili
taire et arriviste. Les « affaires », le plaisir,
la compétition dans les sports, surtout la folie
de la vitesse, constituent ses seules préoccupa
tions. Un jeune homme avouait récemment qu’il
ne pouvait pas songer à se marier, ne gagnant
que quarante mille francs. Et des jeunes filles
de quinze ans annoncent qu’elles ne veulent
pas avoir d’enfants quand elles seront mariées,
parce que « cela déforme ». Le sensualisme
est devenu cynique et en quelque sorte scien
tifique. « Par tous les moyens » est la -devise
adoptée par tous aujourd’hui pour « arriver ».
Et le gros industriel qu’une immense publicité
a lancé, perd ou gagne 3 millions en une soirée
à Deauville. La table de baccara est le nouvel
autel où officient les prêtres du Veau d’or.
« Faut pas s’en faire » répète le démobilisé
qui a appris sous l’uniforme cette philosophie
de décadence. Pourquoi le maçon ne passerait-il
pas des heures à fumer des cigarettes et à
rafraîchir ensuite chez le seigneur bistrot son
gosier desséché, quand il sait que son patron
fraude sur la qualité des matériaux et sur la
façon ? Vendre n’importe quoi à n’importe
quel prix et même sa conscience, c’est l’axiome
fondamental des « débrouillards » d’aujour
d’hui.
Dans tous les domaines c’est le désarroi
et le chaos. La dislocation de l’ordre social
d’avant-guerre, le perpétuel changement des
valeurs, l’absence de fixité dans la politique
aussi bien que dans les transactions, l’insé
curité dans tous les ordres de choses ont créé
un grandissant malaise qui plus ou moins
consciemment, oppresse tout le inonde. Beau
coup de gens cherchent à le fuir, n’en voulant
iras chercher les causes, et après le tourbillon
des affaires se jettent dans celui des plaisirs :
on court, on vole, on soupe et on danse, l’alcool
et la bonne chère sont les consolateurs et s’ils
ne suffisent pas, les illusions léthifères de
l’opium et de la cocaïne trompent en les rui
nant définitivement les ceryeaux affaiblis de
cette génération de névropathes. Mais les es
prits qui réfléchissent un peu voient venir le
grain : un grand quotidien annonçait ces jours-
ci « la nuée infernale sur nos têtes ». Le grand
historien Guglielmo Ferrero écrivait il y a quel
ques mois : « Dans presque tous les pays, il
y a aujourd’hui, à droite et à gauche des
groupes ou des partis qui proclament que
nous n’avons vu que le prologue et que le
draoe véritable va venir : coups de force, dic
tatures blanches ou rouges, révolutions so
ciales, guerres de revanche, guerres de doc
trines, guerres intercontinentales, gaz toxi
ques et essaims d’aéroplanes capables d’exter
miner une population ou de détruire une grande
ville en quelques secondes ».
Perturbés par l’homme, les éléments cos
miques entrent en furie « Le ciel se fond en
eau et la terre tremble », lisons-nous dans les
journaux. Depuis la grande secousse du Japon,
nous apprenons presque chaque semaine que
le sol remue et s’effondre en Italie, en Portugal,
en Angleterre, en Bretagne, en Amérique, en
Lorraine, en Bourgogne... Des montagnes
s’écroulent, des îles disparaissent et des fleuves
débordent. L’homme a forcé la pression, il a
faussé le régulateur et il s’étonne que la ma
chine saute !
Le scandale de la raison et l'épreuve de la
foi sont dans le spectacle présent du monde,
qui semble donner raison aux incrédules et
aux désabusés qui nous raillent en disant : «Que
fait votre Dieu ? »
Il laisse les hommes récolter le fruit de
leur folie. Ses prophètes ont averti depuis
longtemps les nations qu’elles couraient à
leur perte en s’éloignant de la Loi de Vie, que
la Justice automatique amènerait le malheur
comme conséquence du vice moral « Le sa
laire du péché, c’est la mort » (Rom 6 23) et la
vieille Bible pour qui sait en chercher le sens
spirituel rend témoignage à la Loi suprême.
N’est-ce pas nos contemporains qu’avertit
Ezéchiel : « J e ferai retomber sur toi tes œuvres,
tes abominations seront au milieu de toi » (7,9).
« La ruine vient. Us chercheront la paix et il
n’y en aura point ». Vaines, les richesses amas
sées malhonnêtement ! elles n’auront plus de
valeur : « Leur argent et leur or ne pourront
les délivrer » (7, 19) Les fléaux que nous avons
vus depuis dix ans reviendront plus redouta
bles. « Celui qui sera loin mourra de la peste,
et celui qui sera près tombera par l’épée, celui
qui sera resté et sera conservé mourra de faim »
(6, 12). Cela s’est vu en Russie, en Autriche,
011 le reverra sur une plus grande échelle.
C’est la fin d’une civilisation empoisonnée
par son matérialisme, par son égoïsme, son
incrédulité et sa soif de jouissances.
*
* *
Alors, que faire ?
D’abord avoir le courage de regarder la vé
rité en face. « Pourvoir clair » (le titre d’une autre
brochure d’Ermenonville) doit être à nous
tous un signal. P'ermer les yeux devant la
réalité, qu’elle soit triste, terrible, contraire à
nos désirs ou cruelle à notre amour propre,
est un signe de débilité mentale. Donc, scruter
les paroles et les faits, cheicher à comprendre
sans parti-pris, et, quand on s’est trompé,
l’avouer simplement, rectifier sa direction.
Ni pour les individus ni pour les nations, il
n’y a de relèvement possible tant qu’ils
demeurent dans le mensonge.
Et^puis, marcher, coûte que coûte, selon
cette vérité que l’on aura découverte. L’affir
mer, mais surtout la vivre, l’acte étant le plus
éloquent des discours. Ne pactiser avec le
mensonge, avec la haine, avec les procédés
de ténèbres, en aucune occasion ; partout,
sans hostilité, affirmer avec une tranquille
assurance ce qui est pour nous la lumière de
la vie.
La Terre est désaxée. Les techniciens les
plus avertis déclarent la situation inextri
cable et se demandent « si le monde pourra
être sauvé ». Oui, mais il ne suffit pas de re
garder aux mécanismes : le salut viendra
d’ailleurs. 1/humanité clame éperdûment, vers
un secours immense. Il lui sera donné, à con
dition que les hommes apprennent quelque
chose des événements, et soient prêts à chan
ger d’attitude. Mais si la Lumière salvatrice
vient d’En Haut, elle veut se manifester et
s’épandre par le moyen de ceux qui déjà l’ont
aperçue...
Des prophètes dévorés du feu intérieur de
la Vérité, des apôtres que 1!irrésistible impulr
sion de l’Amour emporte à travers villes et
monts, des serviteurs de Dieu dévoués jusqu’à
la mort... voilà ce que demande le monde gi
sant et aveuglé.
Qu’il s’agit peu de politiciens, de rhéteurs,
de théoriciens, de comités, de ligues, de pro
grammes, de timides projets !...
; Des « vivants », vous dis-je, des vivants qui
ont touché, qui ont expérimenté, qui « savent
en qui ils ont cru » qui apportent non des mots
mais du réel, de la substance, du pain de vie,
de l’amour brûlant !... ♦ v
Sommes-nous prêts ?
D r M. DUMESNIL.
NOTEZ :
N’oubliez pas d’envoyer votre cotisation pour
1925, par chèque postal de préférence, au Dr.
DUMESNIL, Paris N° 217.31.
Le Dr. et Mme Dumesnil-Huchet reçoivent
avec grand plaisir tous les amis de la Paix
le samedi de 15 à 18 h., 51, avenue Reille —
(métro, autobus et tramway : Porte d’Orléans.
E2E2E2ESE2EE2BSSQE2E2E2Eæ2E2Kæ2
J’engage tous nos camarades français et
étrangers à apprendre dès maintenant Vespéranto.
Cette langue s’apprend en trois mois. Son uti
lité pratique n’est plus contestable aujourd’hui.
Sans exclure l’étude des autres langues comme
moyen de culture, elle est le seul moyen pratique
et rapide de communication entre tous les hom
mes, à la portée de tous. J’ai très longtemps
différé de l’apprendre à cause de préjugés théo
riques ou par suite de mes nombreuses occu
pations. Aujourd’hui l ! expérience m’a convaincu
de la valeur pratique de l’esperanto.
Mi instigas ciujn niajn kamaradojn francajn
kaj fremdajn, 1 er ni de nun ESPERANTO’n. Tiu
lingvo estas akirebla.en tri monatoj. Gia prakti-
ka utileco ne plu estas kontestebla hodiaù. Ne
forigante la studon de aliaj lingvoj kiel kulturri-
medo), gi estas la SOLA PRAKTIKA KAJ RA-
PIDA R1MED0 je komuniklgo inter ciuj homoj,
je la dispono de ciu. Mi longe prokrastis gin 1er-
ni pro teoriaj antaùjugoj aù pro miaj multnom-
braj okupoj. Hodiaù, la eksperimento min kon-
vink.is pri la PRAKTIKA VALORO de Espé
ranto.
Dro M. DUMESNIL.
^ 3 0 3 0
1
s
t
1
OÉPÔ i
! *.um c V 1
#200.. )
‘V,-.
27* ANNÉE
MENSUEL
FÉVRIER 1925
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
ERMENONVILLE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel J. CONVERSET, Frédéric BONHOMME,
M^s H. DU MESNIL-H UC H ET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann KUTTER
Les articles rCengagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement :
Chèques postaux :
Un an 5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro O fr. 25
PARIS n* 2*7.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif. lO francs.
Membre militant.... 20 francs.
51, Avenue Reille, PARIS, XIV e . Tel. : Gobelins 70-33
Hérauts et Héros!
I,e pacifisme n’est pas un sport.
Il y a un pacifisme de tout repos cpti con
siste à « soutenir les efforts des gouvernements »
(eh ! quels efforts ?) et à s’abriter tranquille
ment derrière la Société des Nations, à entrer
dans ses bureaux, si l’on peut (bonne situa
tion pour politiciens d’avenir ou en retraite)
sans se brouiller avec les autorités et soulever
contre soi l’opinion publique.
Tranquille optimisme et far ni ente des
fovssoyeurs de la Paix ! Ils préparent sa tombe,
et quand « on remettra ça » (langage académique
depuis la dernière guerre) ils lui apporteront
— à la défunte paix — une couronne et un
pleur... Et vite... aux armes citoyens ! ils
iront défendre leur mère Patrie, ou mieux en
core ils seront préposés à « soutenir Te moral »
de la nation pour la plus juste, la plus sainte
et la dernière des guerres.
Avez-vous lu la brochure de notre ami
Ermenonville Comment on s’est foutu du Peuple ?
On continue.
Avez-vous idée de l’état présent du monde ?
Lisez seulement avec un peu d’attention et
de réflexion les journaux quotidiens. Voyez
les faits et cherchez en la signification.
*
* *
L’état politique du monde est un puzzle.
En France, ia réaction chauvine et cléricale,
plus enragée que jamais, n’ayant rien appris
de la guerre, et délaissant les problèmes vi
taux, s’acharne, par le mensonge et la corrup
tion, à reprendre le pouvoir. En face d’elle
les partis de gauche préoccupés surtout de la
lutte anticléricale, bridés encore par un natio
nalisme dogmatique se montrent incapables
d’aborder de front les redoutables problèmes
qui restent suspendus sur nos têtes comme une
menace perpétuelle. En Allemagne c’est le
chaos : les vaillants pacifistes ont à lutter
contre les partis nationalistes auxquels notre
politique imbécile a donné arguments sur
arguments et regain de force ; l’idée d’une re
vanche des armes propagée par les militaristes
impénitents se répand, servie par les agisse
ments de l’Entente. La Russie, bouleversée,
nous offre le spectacle d’une tyrannie sous
laquelle partis au pouvoir et partis d’opposi
tion rivalisent de férocité avec un égal mépris
de la vie humaine. Les Balkans sont toujours
comme un baril de poudre qu’une allumette
imprudemment^ etée peut faire sauter au
moment où l’on ne s’en doute pas. La cléri
cale Pologne soutenue par la France se pré
sente à nouveau comme le boulevard de la
réaction à l’Est. Les états issus de l’ancienne
monarchie autrichienne n’ont pas trouvé leur
équilibre et se guettent, à la recherche de nou
velles combinaisons. L’Italie sous la botte de
son aventurier sanglant nous offre le triste
spectacle d’une nation assez avachie pour avoir
accepté la tyrannie d’un brigand bouffon.
L’Espagne est presque revenue aux beaux
jours de l’Inquisition. Et pendant que l’Eu
rope bouleversée est en quête de nouveaux
dépècements, l’Orient est travaillé par des
forces formidables. De l’Oural à l’Océan
Pacifique c’est une fermentation intense, sou
lèvements incessants et luttes sans merci.
La Mongolie, au cœur de laquelle la T. S. F.
transmet les nouvelles d’Europe, rêve d’un
nouveau Gengis-Khan, la Chine s’agite de
concert avec les bolchevicks, le Thibet s’in
quiète, et l’Inde est parcourue par de grands
frissons silencieux. En Afrique, le monde mu
sulman tranquille en apparence, mais bouillon
nant dans le secret des cœurs, attend son pro
phète pour jeter à la mer les Européens usur
pateurs, et la victoire des Riffains apparaît
comme un prodrome de la grande levée que
préparent avec line patience qui nous abuse,
les ffls de Mahomet. Les noirs^aussi sortent de
leur apathie séculaire, ils pénètrent progressi-
veinent dans nos entreprises et nos universités.
Et l’Amérique, travaillée par le problème des
races, regarde d’un œil méfiant le Japon dont
l’énergie et la ténacité poursuivent des desseins
que nous ne connaissons point.
De plus en plus d’ailleurs, le domaine poli
tique est envahi par l’économique. La puis
sance financière étend sur la terre entière son
hégémonie. La prolifération des banques de
puis la grande guerre est un symptôme bien
significatif. Quelques individus gouvernent les
grands établissements de crédit, les grandes
industries, les compagnies d’assurances et
la presse. Chacun de ces potentats administre
une douzaine de sociétés. Les rois du pétrole,
de l’acier, du rail, d’outre-Atlantique, ont fait
école chez nous. Les Rothschild, les Stinnes, les
de Wendel, sont plus que des symboles. Ils
incarnent le - régime actuel. Trusts et accapa
rement dominent la vie économique \ Du rïier-
canti qui opère dans une petite boutique ou
sur la table d’un bar au grand capitaine d’in
dustrie, il n’y a qu’une différence de mesure.
On stocke les tissus, on cache le blé afin d’en
faire monter le prix. Taillable et corvéable à
merci le consommateur est le nouveau serf,
qui ne sait même plus à qui s’en prendre, tant
est complexe et savante la trame du filet qui
l’étrangle un peu plus chaque jour. Sans souci
de ses besoins réèls, on aspire son argent par
mïîte’"ihoyens: La production n’est pas au ser
vice de la consommation, mais la régente.
xAussi les industries et les commerces les plus
inutiles sont les plus florissants. L’agriculture
manque de bras et des milliers d’hectares res
tent incultes, mais telle parfumerie occupe
trois mille ouvriers ; tandis que les légumes et
les céréales, indispensable et fondamentale noui-
riture de l’espèce humaine sont parcimonieuse
ment mis sur le marché et à des prix presque
prohibitifs, les pâtisseries, les tea-rooms, les
cafés, les restaurants de luxe, accaparent la
moitié des boutiques. Cependant des milliers
de travailleurs sont sans logement ou entassés
en des locaux é*rigus et insalubres à la façon
de bestiaux dans les wagons.
L’argent, grand souci et but de$jj|||WLs!l%ce
de presque tous ces humains, l’agent à la
poursuite duquel on sacrifie tout, ilgjpce qu’il
ouvre la porte de toutes les jouissar^s, par
une ironie du sort se ^év^tl^le chaque jour.
Le crasseux papier monnyjKàevient de plus
en plus fictif. Et voici perles en qui
les nouveaux riches avaient cru trouver un
placement merveilleux les menacent d’un krach
formidable. Aussi le prix de la vie croît sans
cesse ; et après qu’il s’est évertué, chacun doit
reconnaître qu’il a travaillé sans profit.
Néanmoins, Mammon séduit de plus en
plus les foules. La jeune génération, abandon
nant tout idéalisme est effroyablement utili
taire et arriviste. Les « affaires », le plaisir,
la compétition dans les sports, surtout la folie
de la vitesse, constituent ses seules préoccupa
tions. Un jeune homme avouait récemment qu’il
ne pouvait pas songer à se marier, ne gagnant
que quarante mille francs. Et des jeunes filles
de quinze ans annoncent qu’elles ne veulent
pas avoir d’enfants quand elles seront mariées,
parce que « cela déforme ». Le sensualisme
est devenu cynique et en quelque sorte scien
tifique. « Par tous les moyens » est la -devise
adoptée par tous aujourd’hui pour « arriver ».
Et le gros industriel qu’une immense publicité
a lancé, perd ou gagne 3 millions en une soirée
à Deauville. La table de baccara est le nouvel
autel où officient les prêtres du Veau d’or.
« Faut pas s’en faire » répète le démobilisé
qui a appris sous l’uniforme cette philosophie
de décadence. Pourquoi le maçon ne passerait-il
pas des heures à fumer des cigarettes et à
rafraîchir ensuite chez le seigneur bistrot son
gosier desséché, quand il sait que son patron
fraude sur la qualité des matériaux et sur la
façon ? Vendre n’importe quoi à n’importe
quel prix et même sa conscience, c’est l’axiome
fondamental des « débrouillards » d’aujour
d’hui.
Dans tous les domaines c’est le désarroi
et le chaos. La dislocation de l’ordre social
d’avant-guerre, le perpétuel changement des
valeurs, l’absence de fixité dans la politique
aussi bien que dans les transactions, l’insé
curité dans tous les ordres de choses ont créé
un grandissant malaise qui plus ou moins
consciemment, oppresse tout le inonde. Beau
coup de gens cherchent à le fuir, n’en voulant
iras chercher les causes, et après le tourbillon
des affaires se jettent dans celui des plaisirs :
on court, on vole, on soupe et on danse, l’alcool
et la bonne chère sont les consolateurs et s’ils
ne suffisent pas, les illusions léthifères de
l’opium et de la cocaïne trompent en les rui
nant définitivement les ceryeaux affaiblis de
cette génération de névropathes. Mais les es
prits qui réfléchissent un peu voient venir le
grain : un grand quotidien annonçait ces jours-
ci « la nuée infernale sur nos têtes ». Le grand
historien Guglielmo Ferrero écrivait il y a quel
ques mois : « Dans presque tous les pays, il
y a aujourd’hui, à droite et à gauche des
groupes ou des partis qui proclament que
nous n’avons vu que le prologue et que le
draoe véritable va venir : coups de force, dic
tatures blanches ou rouges, révolutions so
ciales, guerres de revanche, guerres de doc
trines, guerres intercontinentales, gaz toxi
ques et essaims d’aéroplanes capables d’exter
miner une population ou de détruire une grande
ville en quelques secondes ».
Perturbés par l’homme, les éléments cos
miques entrent en furie « Le ciel se fond en
eau et la terre tremble », lisons-nous dans les
journaux. Depuis la grande secousse du Japon,
nous apprenons presque chaque semaine que
le sol remue et s’effondre en Italie, en Portugal,
en Angleterre, en Bretagne, en Amérique, en
Lorraine, en Bourgogne... Des montagnes
s’écroulent, des îles disparaissent et des fleuves
débordent. L’homme a forcé la pression, il a
faussé le régulateur et il s’étonne que la ma
chine saute !
Le scandale de la raison et l'épreuve de la
foi sont dans le spectacle présent du monde,
qui semble donner raison aux incrédules et
aux désabusés qui nous raillent en disant : «Que
fait votre Dieu ? »
Il laisse les hommes récolter le fruit de
leur folie. Ses prophètes ont averti depuis
longtemps les nations qu’elles couraient à
leur perte en s’éloignant de la Loi de Vie, que
la Justice automatique amènerait le malheur
comme conséquence du vice moral « Le sa
laire du péché, c’est la mort » (Rom 6 23) et la
vieille Bible pour qui sait en chercher le sens
spirituel rend témoignage à la Loi suprême.
N’est-ce pas nos contemporains qu’avertit
Ezéchiel : « J e ferai retomber sur toi tes œuvres,
tes abominations seront au milieu de toi » (7,9).
« La ruine vient. Us chercheront la paix et il
n’y en aura point ». Vaines, les richesses amas
sées malhonnêtement ! elles n’auront plus de
valeur : « Leur argent et leur or ne pourront
les délivrer » (7, 19) Les fléaux que nous avons
vus depuis dix ans reviendront plus redouta
bles. « Celui qui sera loin mourra de la peste,
et celui qui sera près tombera par l’épée, celui
qui sera resté et sera conservé mourra de faim »
(6, 12). Cela s’est vu en Russie, en Autriche,
011 le reverra sur une plus grande échelle.
C’est la fin d’une civilisation empoisonnée
par son matérialisme, par son égoïsme, son
incrédulité et sa soif de jouissances.
*
* *
Alors, que faire ?
D’abord avoir le courage de regarder la vé
rité en face. « Pourvoir clair » (le titre d’une autre
brochure d’Ermenonville) doit être à nous
tous un signal. P'ermer les yeux devant la
réalité, qu’elle soit triste, terrible, contraire à
nos désirs ou cruelle à notre amour propre,
est un signe de débilité mentale. Donc, scruter
les paroles et les faits, cheicher à comprendre
sans parti-pris, et, quand on s’est trompé,
l’avouer simplement, rectifier sa direction.
Ni pour les individus ni pour les nations, il
n’y a de relèvement possible tant qu’ils
demeurent dans le mensonge.
Et^puis, marcher, coûte que coûte, selon
cette vérité que l’on aura découverte. L’affir
mer, mais surtout la vivre, l’acte étant le plus
éloquent des discours. Ne pactiser avec le
mensonge, avec la haine, avec les procédés
de ténèbres, en aucune occasion ; partout,
sans hostilité, affirmer avec une tranquille
assurance ce qui est pour nous la lumière de
la vie.
La Terre est désaxée. Les techniciens les
plus avertis déclarent la situation inextri
cable et se demandent « si le monde pourra
être sauvé ». Oui, mais il ne suffit pas de re
garder aux mécanismes : le salut viendra
d’ailleurs. 1/humanité clame éperdûment, vers
un secours immense. Il lui sera donné, à con
dition que les hommes apprennent quelque
chose des événements, et soient prêts à chan
ger d’attitude. Mais si la Lumière salvatrice
vient d’En Haut, elle veut se manifester et
s’épandre par le moyen de ceux qui déjà l’ont
aperçue...
Des prophètes dévorés du feu intérieur de
la Vérité, des apôtres que 1!irrésistible impulr
sion de l’Amour emporte à travers villes et
monts, des serviteurs de Dieu dévoués jusqu’à
la mort... voilà ce que demande le monde gi
sant et aveuglé.
Qu’il s’agit peu de politiciens, de rhéteurs,
de théoriciens, de comités, de ligues, de pro
grammes, de timides projets !...
; Des « vivants », vous dis-je, des vivants qui
ont touché, qui ont expérimenté, qui « savent
en qui ils ont cru » qui apportent non des mots
mais du réel, de la substance, du pain de vie,
de l’amour brûlant !... ♦ v
Sommes-nous prêts ?
D r M. DUMESNIL.
NOTEZ :
N’oubliez pas d’envoyer votre cotisation pour
1925, par chèque postal de préférence, au Dr.
DUMESNIL, Paris N° 217.31.
Le Dr. et Mme Dumesnil-Huchet reçoivent
avec grand plaisir tous les amis de la Paix
le samedi de 15 à 18 h., 51, avenue Reille —
(métro, autobus et tramway : Porte d’Orléans.
E2E2E2ESE2EE2BSSQE2E2E2Eæ2E2Kæ2
J’engage tous nos camarades français et
étrangers à apprendre dès maintenant Vespéranto.
Cette langue s’apprend en trois mois. Son uti
lité pratique n’est plus contestable aujourd’hui.
Sans exclure l’étude des autres langues comme
moyen de culture, elle est le seul moyen pratique
et rapide de communication entre tous les hom
mes, à la portée de tous. J’ai très longtemps
différé de l’apprendre à cause de préjugés théo
riques ou par suite de mes nombreuses occu
pations. Aujourd’hui l ! expérience m’a convaincu
de la valeur pratique de l’esperanto.
Mi instigas ciujn niajn kamaradojn francajn
kaj fremdajn, 1 er ni de nun ESPERANTO’n. Tiu
lingvo estas akirebla.en tri monatoj. Gia prakti-
ka utileco ne plu estas kontestebla hodiaù. Ne
forigante la studon de aliaj lingvoj kiel kulturri-
medo), gi estas la SOLA PRAKTIKA KAJ RA-
PIDA R1MED0 je komuniklgo inter ciuj homoj,
je la dispono de ciu. Mi longe prokrastis gin 1er-
ni pro teoriaj antaùjugoj aù pro miaj multnom-
braj okupoj. Hodiaù, la eksperimento min kon-
vink.is pri la PRAKTIKA VALORO de Espé
ranto.
Dro M. DUMESNIL.
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s
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