Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1924-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1924 01 juin 1924
Description : 1924/06/01-1924/06/30. 1924/06/01-1924/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565282r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
26* ANNÉE
MENSUEL
JUIN 1924
f «Mifjft ■; >
I &/
'■ 1Û2 ’t
O
0
9
UHIVERS EL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
Henri H U CH EX.
REDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
LE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel J. CONVERSET, Frédéric
Mm=s h. DUMESNIL-HUCHET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann KUTTER
Les articles n'engagent que leurs- auteurs
ADMINISTRATION :
BONHOMME,
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Te numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
COURBEVOIE (Seine)
En marge de l’Histoire officielle
Le RAIe du Maréchal Foch dans la Paix
Une des nécessités vitales de l’après-guerre (et
l’après-guerre, qui n’en a la certitude ? se prolon
gera pendant des décades encore) est de savoir
quels sont les responsables, non seulement des
années 1914-1918, mais de la paix boiteuse et
brinqueballante qui nous fut imposée en 1919.
La tâche des chercheurs, s’ils n’avaient, de
temps à autres, l’aide matérielle d’un livre docu
mentaire d’une indiscutable véracité, serait rude.
Heureusement, on en voit.
Un des meilleurs, à ce sujet, et qui nous ouvre
des horizons vraiment larges, vers la vérité, est
celui que Ray Stannard Baker, secrétaire du Pré
sident Wilson, vient de consacrer à la Conférence
de la Paix, et aux efforts contradictoires, irréduc
tiblement ennemis, des représentants du vieil
ordre belliciste : Lloyd George, Clémenceau, et
de l’unique représentant du jeune ordre paci
fiste : Wilson — pour réaliser une paix qui leur
semblât équitable, à leur point de vue — leur paix.
On avait lutté officiellement pour la Paix, pour
la Liberté, pour le Droit. Sitôt l’armistice signé,
les mots tombèrent, pour faire place aux réalités
que dissimulaient ces apparences ; on avait lutté
pratiquement, pour des buts de guerre nettement
impérialistes. Et les traités secrets, signés pen
dant les hostilités, mais à l’insu des peuples, en
font foi !...
En sorte que, face à Clémenceau et à Lloyd
George, dont le programme de « paix » était,
implacablement tracé, (réparations, indemnités,
retour de l’Alsace-Lorraine à la France, du
Schleswig au Danemark ; rapt des colonies alle
mandes ; suppression de l’armée du Reich, en
tant que force nationale ; dispersion de l’Empire
en une multitude d’états autonomes ; séparation
définitive et absolue de l’Autriche et de l’Alle
magne ; occupation par les puissances alliées de
la rive gauche du Rhin etc.), Wilson arrivait à
Paris avec la seule force morale du bon droit
qu’il défendait — qu’il venait défendre.
Antinomie foncière des programmes !
Alors que les uns ne rêvaient que d’une paix
largement rémunératrice, susceptible d’indem
niser, et au delà, l'Angleterre et la France, de
leurs ruines, et surtout d’abattre l’Allemagne,
puissance redoutable à la fois sur mer et sur
terre, donc doublement dangereuse et coupable,
aux yeux convergents de Lloyd George et de
Clémenceau, Wilson ne désirait qu’une chose :
s’arracher aux routines désuètes et meurtrières,
.pour édifier une paix durable, une paix basée sur
•des conceptions nouvelles, résolument révolu
tionnaires, car n’était-ce pas une révolution dans
l’histoire que l’oubli systématique des ruines et
des maux subis, pour s’élever jusqu’à une con
ception sereine de la justice : les peuples n’étant
pas responsables de la guerre, les peuples n’en
doivent pas supporter les conséquences?...
L’idée é^ait magnifique. Réalisée, elle eut mé
rité au monde l’hommage déférent de l’Avenir.
C’était la paix assurée, au dessus des haines
traditionnelles, enfin vaincues ; des ambitions
misérables, restreintes à un lot de terrain plus
ou moins considérable ; des espoirs sournois,
élaborés à l’ombre des chancelleries ; des riva
lités de peuple à peuple, ou de couronne à cou
ronne. C’était la pacification internationale.
Mais qu’avons nous vu !...
Immédiatement, l’antinomie se dessina.
Clémenceau arriva devant la Conférence, ayant
déjà tâté le terrain dans une note préliminaire
adressée au Président Wilson, où il revendiquait
le droit de résoudre les problèmes de la paix
selon la vieille méthode : « Après avoir examiné
les précédents des Congrès de Vienne de 1814-
181 5 , de Paris en 1 856 . et de Berlin en 1878 », il
prétendait s’en tenir à ces précédents, écarter les
vaincus de la Conférence, et leur imposer après
coup, un traité draconien, sans discussion.
Wilson savait donc à quoi s’en tenir : — la
France persistait dans sa haine. La France voulait
vaincre dans la paix, après avoir vaincu dans la
guerre — grâce à lui. N’empêche, il se sentait
fort. Il lutta, persuadé que la réalisation concrète
du programme qu’il envisageait, était la seule
sauvegarde possible de la France dans un avenir
relativement proche. Il lutta, sachant bien que le
salut du monde était dans ses mains, et qu’il
n’avait pas le droit de faillir.
Mais la besogne d’obstruction systématique
commença : de prime-abord il se heurta à l’hos
tilité mal déguisée du Maréchal Foch, hostilité
toute d’idées et de principes, certes, mais qui
n’en fut pas moins effective. « On avaisouvent
l’impression, écrit Ray Stannard Balker, parlant
du généralissime des armées interalliées, que,
bien qu’il fut l’homme le plus acclamé de France,
marchant en pleine gloire, il était cependant
rempli d’amertume ».
Foch n’admettait pas qu’on lui gâchât sa paix
— sa paix armée, sa paix belliqueuse, fondée sur
les armes, avec la possibilité quotidienne, au
moindre manquement, d’une marche triomphale
sur Berlin. Il avait une armée magnifique. L’Amé
rique entrait à peine dans la lutte. Il pouvait
réaliser des choses étonnantes, écraser le bolche
visme en Hongrie, écraser le bolchevisme en
Russie, constituer une Pologne redoutable et
toute une chaîne de petits états turbulents, qui
eussent ceinturé l’Allemagne, tout cela en pro
menant des armées à travers l’Europe. Il pouvait
être la plus haute personnalité — et combien
redoutée ! — d’un continent livré aux luttes in
testines. Et voici qu’on lui arrachait tout cela !
Foch ne cessa de ronger son frein. Comme
une éminence grise de l’Impérialisme français,
comme une ombre malveillante, il rôda autour
de la Conférence, essayant, par tous les moyens
en son pouvoir, d’y faire triompher sa concep
tion farouche de la paix. Constamment prêt à
jeter dans la balance le poids de son sabre, il tut
un des adversaires les plus constants et les. plus
acharnés de Wilson — Wilson qui avait osé
écarter de la Conférence les Chefs militaires in
teralliés, et qui l’en avait évincé, lui, leur géné
ralissime, leur chef suprême !
Sa hantise de l’Allemagne à anéantir, .éclate
dans chacune de ses suggestions. Son mémo
randum de Mars 1919, après avoir traité l’armée
allemande d’ « armée d’apaches scientifiques et
convaincus » réclame des solutions énergiques,
et d’abord la barrière du Rhin.
...« Nous devons appeler la nature à notre aide.
! Or, la nature a placé une barrière — une seule —
sur la route de l’invasion : le Rhin. La barrière
du Rhin doit être employée comme défense, oc
cupée et organisée dès le temps de paix.
Et Foch ajoute :
« Cette organisation, quelle que soit sa forme,
doit i° défendre totalement à l’armée et à la pro
pagande politique allemande l’accès des terri
toires de la rive gauche du Rhin. Ces territoires
pourraient être même couverts , sur la rive droite ,
par des ^ones militaires neutres.
2 0 Assurer l’occupation militaire des territoires
de la rive gauche du Rhin par les forces alliées.
3 ° Garantir à ces territoires les débouchés né
cessaires à leur activité économique, en les
unissant par un système douanier commun aux
autres pays occidentaux.
Pesons bien tous ces mots.
Foch demandait formellement : « l’Allemagne,
écrivait-il, doit être privée de toute souveraineté
territoriale sur la rive gauche du Rhin » l’an
nexion déguisée, au bout d’un temps plus ou
moins long, de cette rive gauche, d’abord par
l’occupation militaire, ensuite par l’établissement
d’un cordon douanier qui la séparerait du Reich,
enfin par la constitution « de nouveaux états au
tonomes, se gouvernant eux-mêmes », sous cer
taines réserves.
Tel fut le rôle du Maréchal Foch dans la Con
férence de la Paix. Son poing ganté de fer ne
cessa de menacer la paix du monde.
Tout le livre de Ray Stannard Balker, basé
sur des faits, en fait foi :
C’est, « quand les Alliés essayèrent d’éteindre
définitivement la guerre dans l’Europe centrale
et d’assurer le désarmement » la découverte que
d’énormes quantités de munitions étaient expé
diées à destination de ces états. Et par la faute
de qui ? Lord Robert Cecil enquête, et apprend
« qu’elles sont allouées par la France à diverses
nations sur les instructions du Maréchal Foch ».
C’est le 25 février 1919, l’exposition au Con
seil des Quatre, par le Maréchal Foch », d’un
plan qu’il avait préparé pour former immédiate
ment après la signature de la Paix avec l’Alle
magne, une armée composée de Grecs, Serbes,
Roumains, Tchéco-Slovaques, Polonais, Estho-
niens, etc., dirigée par des Français pour com
battre le bolchevisme ».
C’est, le 27 mars, la lecture par le Maréchal
Foch toujours d’un plan d’organisation, qu’il a
formé « d’une armée composée d’unités fran
çaises, anglaises, américaines, grecques, serbes
et roumaines, devant s’étendre d’Odessa et des
rivages de la mer Noire, autour de la Hongrie
et occuper Vienne » — cela pour « mettre fin au
bolchevisme en Hongrie ».
C’est, en mai, l’approbation par le Maréchal
Foch, de la conspiration tramée par le Général
Mangin pour favoriser un projet de séparatisme
rhénan, et donner aux promoteurs de ce mou- |
ventent un appui absolu.
C’est, le 19 mai, lecture par le Maréchal Foch
d’un rapport visant à favoriser le séparatisme
bavarois ; et, le 16 juin, l’exposé de son plan défi
nitif de coercition contre l’Allemagne : morcel
lement total du Reich, et, pour obtenir la signa
ture des nouveaux états ainsi formés, d’abord
« leur mettre le couteau sur la gorge ».
Pelle fut, une des hostilités les plus actives, un
des partis-pris les plus férocement butés, qu’eut
à combattre le Président Wilson : son haut idéa
lisme, sa ferveur de vie, son besoin passionné de
justice — tout ce qui fait de lui l’Homme des
temps nouveaux — devaient se heurter constam
ment à cette étroitesse d’esprit, à cette absence
de sens ou réel que ne cessa de manifester le
Maréchal Foch — le Maréchal Foch qui ne vit
de cette époque fabuleuse que les possibilités
personnelles de gloire qu’il en pouvait tirer— à
moins qu’il n’ait eu un sens trop aigu, faussé,
paroxyste, désaxé, du patriotisme ?
Qui sait ?...
En tout cas, Wilson lutta et lutta jusqu’au
bout, avec une énergie que ne lui permettait
guère sa santé, avec une bonne foi magnifique,
en face des basses cupidités européennes, dé
chaînées par la Victoire — la victoire, que lui,
Wilson, avait gagnée...
Et, si nous n’avons pas la Paix aujourd’hui, la
faute n’en est pas au merveilleux idéaliste que
fut l’homme des 14 Points, mais aux puissances
de lucre, d’envie et de haine, synthétisées dans
les représentants de la vieille Europe, dont l’un,
entre autres, tint le rôle néfaste que nous venons
partiellement de situer.
René DAVENAY.
Semaine damitié Internationale
En liaison avec les manifestations préparées
dans les principaux pays européens à l’occasion
du 10 e anniversaire de la grande tuerie pour
affirmer la commune volonté de paix des peuples,
une Semaine d’Amitié Internationale sera tenue
en France du 27 Juillet au 4 Août. La date pri
mitivement choisie était du 4 au 11 Août, mais
elle a été avancée pour permettre aux personna
lités politiques importantes qui s’intéressent à
notre semaine, de s’y associer, probablement
avec la participation du gouvernement de la Ré
publique qui veut soutenir, la propagande pour la
Paix et la Fraternité des peuples.
Organisée sous les auspices du Mouvement
pacifique chrétien, du Trait d’union, de la Ligue
de rapprochement franco-allemand, de la Welt
Jugend Liga d’Allemagne, de la No more war
society d’Angleterre et de l’Association des Idéa
listes pratiques de Hollande et de Belgique, cette
Semaine qui unira des pacifistes de toutes les con
ceptions spirituelles et sociales, aura lieu dansun
camp établi dans la vallée de Chevreuse, et non
à Fribourg, comme on l’avait cru d’abord.
' Cette vallée, rendue célèbre par le mouvement
Janséniste de Port Royal, qui y attira des pen
seurs comme Pascal et Racine, est une des plus
belles des environs de Paris,et le camp sera dans
un site ravissant.
Pour rendre le séjour des congressistes aussi
agréable que possible, de nombreuses excursions
sont prévues et chaque soirée sera occupée par
une séance récréative avec la collaboration d’ar
tistes de talent.
Deux séances seront consacrées chaque jour au
travail. Le matin, un orateur traitera pendant
une heure une des questions importantes du
pacifisme dans un discours qui sera traduit
sur le champ dans les autres langues. La séance
de l’après-midi sera consacrée à la discussion de
la conférence du matin et à la recherche des
moyens pratiques de réaliser notre idéal de fra
ternité universelle.
PROGRAMME
Dimanche 27 Juillet: Ouverture de la Se
maine. Réception des délégués nationaux. On
nous a promis pour ce jour le concours d’une
personnalité éminente du Parlement, de la Ligue
des Droits de l’Homme ou de l’Université.
Lundi 28 Juillet : Georges Duhamel : L’avenir
du bonheur.
Mardi 29 Juillet : D r M. Dumesnil : Le paci
fisme , problème spirituel, sa solution par l’esprit
chrétien.
Mercredi 3 o : Hein Herbers : La jeunesse et la
paix.
Jeudi 3i : Harold Bing : Point de vue absolu
tiste du pacifisme.
Vendredi i er Août: J.-C. Demarquette: Les
problèmes économiques du pacifisme.
Samedi 2 : Discussion générale et conclusions
pratiques.
Dimanche 3 : La Société des Nations telle que
nous la désirons.
Lundi 4 : Commémoration de la déclaration de
guerre et affirmation de la volonté de fraternité
universelle des mouvements pacifistes.
Au cours de toutes les discussions, la façon
spéciale dont les questions étudiées se posent
dans les différents pays sera toujours mise en
lumière.
Bien que ce programme soit chargé, les parti
cipants auront au moins six heures de liberté par
jour, et le camp ayant lieu dans une propriété
privée, offre toutes les garanties de sécurité et de
tranquillité.
Inscriptions :
Le prix de l’inscription au camp, dont les
menus seront végétariens et abstinents, est de
700 francs , comprenant les repas, le couchage et
la participation aux frais d’organisation. Le prix
pourra être réduit si le nombre des participants
est élevé.
Le camp sera prêt dès le 25 Juillet et les
Congressistes qui le désirent pourront y arriver
dès cette date. Le prix des jours supplémentaires
sera de 7 francs.
Les campeurs coucheront sous des tentes et
dans des baraquements. Pour les personnes pré
férant aller à l’hôtel, il est possible de réserver
des chambres à deux kilomètres du camp. Les
campeurs sont priés d’apporter une couverture,
leur vaisselle personnelle, leurs ustensiles de toi
lette, et un costume de bain.
Envoyer les adhésions à
Mademoiselle W.-C. BOISSEVAIN,
au « Trait d’Union »
6, rue de Port-Mahon, Paris, 2*,
Les inscriptions seront closes le 10 Juillet,
mais pour faciliter le travail des organisateurs,
on est prié de s’inscrire le plus tôt possible.
Veuillez travailler avec nous à préparer le
règne de la Paix.
Nos amis peuvent également envoyer leur
adhésion au D r Dumesnil, 6 rue des Vieilles-
Vignes, Courbevoie, et verser le montant de leur
cotisation à son compte de chèques postaux :
Paris 2ij.3i.
©©©©©®®©®©©©©©©©©«©©
Lettres (19171919)
Par Jean de Saint-Prix
F. Riéder Edit.
Ces lettres écrites par Jean de Saint-Prix aux
amis, aux “ grands humains ” qu’il venait enfin de
découvrir en pleine guerre (R. Rolland, G. Dupin,
M. Martinet, etc...in’étaientpasdestinéesà la publi
cation. Elle devaient rester dispersées en diffé
rentes mains et si, rassemblées elles dépassent
l’intérêt des correspondants auxquels elles furent
adressées et même l’époque, à laquelle elles furent
écrites, c’est que spontanément le génie était la
mesure de Jean de Saint-Prix.
Que béni soit le temps qui passe et emporte les
chef d’œuvres du jour, mais épargne ceux, qui
comme ce modeste recueil de lettres, portent le
sceau d’éternité.
Non, ce n’est point ici de la littérature ; c’est
delà vie ; et non celle dont l’auteur rêva ou qu’il
imagina, mais celle dans laquelle il plongeait et
qui l’emportait d’un cours si rapide. Il a 20 ans ;
les vaines agitations de l’adolescence sont déjà
surmontées et jugées ; la guerre a balayé toutes
ses illusions sur la possibilité d’un âge d’or tout
proche, et cependant, après plusieurs mois de
lutte, il a le courage de quitter définitivement
ces faux dieux et de se remettre en route « avec
un cœur sans espérance et plein de foi » C’est à
ce moment qu’il fait connaissance de ces nouveaux
amis avec lesquels il ne cessera de correspondre
jusqu’à sa mort, puisqu’ils souffrent comme lui
de l’agonie du monde. Point de sentimentalism*
humanitaire d’ailleurs, dans son horreur de la
guerre mais une pitié immense pour l’homme de
chair, un amour d’apôtre qui veut essayer de les
sauver tous et chacun en particulier, voilà pour
quoi il se dépense tant, — sans se disperser —
pour les défendre (affaire Guilbeaux et Desprès).
Une intelligence exceptionnelle, libérée de tous
les préjugés, cjui sait en toute chose découvrir le
réel, une santé spirituelle dans sa plénitude jointe
à une ferveur absolue pour essayer de la com
muniquer aux autres voilà un peu ce que révèlent
ces lettres écrites d’une plume alerte, dans un style
d’une vigueur et d’une sobriété surprenantes chez
un tout jeune homme.
H ette D. H.
MENSUEL
JUIN 1924
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9
UHIVERS EL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
Henri H U CH EX.
REDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
LE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel J. CONVERSET, Frédéric
Mm=s h. DUMESNIL-HUCHET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann KUTTER
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COURBEVOIE (Seine)
En marge de l’Histoire officielle
Le RAIe du Maréchal Foch dans la Paix
Une des nécessités vitales de l’après-guerre (et
l’après-guerre, qui n’en a la certitude ? se prolon
gera pendant des décades encore) est de savoir
quels sont les responsables, non seulement des
années 1914-1918, mais de la paix boiteuse et
brinqueballante qui nous fut imposée en 1919.
La tâche des chercheurs, s’ils n’avaient, de
temps à autres, l’aide matérielle d’un livre docu
mentaire d’une indiscutable véracité, serait rude.
Heureusement, on en voit.
Un des meilleurs, à ce sujet, et qui nous ouvre
des horizons vraiment larges, vers la vérité, est
celui que Ray Stannard Baker, secrétaire du Pré
sident Wilson, vient de consacrer à la Conférence
de la Paix, et aux efforts contradictoires, irréduc
tiblement ennemis, des représentants du vieil
ordre belliciste : Lloyd George, Clémenceau, et
de l’unique représentant du jeune ordre paci
fiste : Wilson — pour réaliser une paix qui leur
semblât équitable, à leur point de vue — leur paix.
On avait lutté officiellement pour la Paix, pour
la Liberté, pour le Droit. Sitôt l’armistice signé,
les mots tombèrent, pour faire place aux réalités
que dissimulaient ces apparences ; on avait lutté
pratiquement, pour des buts de guerre nettement
impérialistes. Et les traités secrets, signés pen
dant les hostilités, mais à l’insu des peuples, en
font foi !...
En sorte que, face à Clémenceau et à Lloyd
George, dont le programme de « paix » était,
implacablement tracé, (réparations, indemnités,
retour de l’Alsace-Lorraine à la France, du
Schleswig au Danemark ; rapt des colonies alle
mandes ; suppression de l’armée du Reich, en
tant que force nationale ; dispersion de l’Empire
en une multitude d’états autonomes ; séparation
définitive et absolue de l’Autriche et de l’Alle
magne ; occupation par les puissances alliées de
la rive gauche du Rhin etc.), Wilson arrivait à
Paris avec la seule force morale du bon droit
qu’il défendait — qu’il venait défendre.
Antinomie foncière des programmes !
Alors que les uns ne rêvaient que d’une paix
largement rémunératrice, susceptible d’indem
niser, et au delà, l'Angleterre et la France, de
leurs ruines, et surtout d’abattre l’Allemagne,
puissance redoutable à la fois sur mer et sur
terre, donc doublement dangereuse et coupable,
aux yeux convergents de Lloyd George et de
Clémenceau, Wilson ne désirait qu’une chose :
s’arracher aux routines désuètes et meurtrières,
.pour édifier une paix durable, une paix basée sur
•des conceptions nouvelles, résolument révolu
tionnaires, car n’était-ce pas une révolution dans
l’histoire que l’oubli systématique des ruines et
des maux subis, pour s’élever jusqu’à une con
ception sereine de la justice : les peuples n’étant
pas responsables de la guerre, les peuples n’en
doivent pas supporter les conséquences?...
L’idée é^ait magnifique. Réalisée, elle eut mé
rité au monde l’hommage déférent de l’Avenir.
C’était la paix assurée, au dessus des haines
traditionnelles, enfin vaincues ; des ambitions
misérables, restreintes à un lot de terrain plus
ou moins considérable ; des espoirs sournois,
élaborés à l’ombre des chancelleries ; des riva
lités de peuple à peuple, ou de couronne à cou
ronne. C’était la pacification internationale.
Mais qu’avons nous vu !...
Immédiatement, l’antinomie se dessina.
Clémenceau arriva devant la Conférence, ayant
déjà tâté le terrain dans une note préliminaire
adressée au Président Wilson, où il revendiquait
le droit de résoudre les problèmes de la paix
selon la vieille méthode : « Après avoir examiné
les précédents des Congrès de Vienne de 1814-
181 5 , de Paris en 1 856 . et de Berlin en 1878 », il
prétendait s’en tenir à ces précédents, écarter les
vaincus de la Conférence, et leur imposer après
coup, un traité draconien, sans discussion.
Wilson savait donc à quoi s’en tenir : — la
France persistait dans sa haine. La France voulait
vaincre dans la paix, après avoir vaincu dans la
guerre — grâce à lui. N’empêche, il se sentait
fort. Il lutta, persuadé que la réalisation concrète
du programme qu’il envisageait, était la seule
sauvegarde possible de la France dans un avenir
relativement proche. Il lutta, sachant bien que le
salut du monde était dans ses mains, et qu’il
n’avait pas le droit de faillir.
Mais la besogne d’obstruction systématique
commença : de prime-abord il se heurta à l’hos
tilité mal déguisée du Maréchal Foch, hostilité
toute d’idées et de principes, certes, mais qui
n’en fut pas moins effective. « On avaisouvent
l’impression, écrit Ray Stannard Balker, parlant
du généralissime des armées interalliées, que,
bien qu’il fut l’homme le plus acclamé de France,
marchant en pleine gloire, il était cependant
rempli d’amertume ».
Foch n’admettait pas qu’on lui gâchât sa paix
— sa paix armée, sa paix belliqueuse, fondée sur
les armes, avec la possibilité quotidienne, au
moindre manquement, d’une marche triomphale
sur Berlin. Il avait une armée magnifique. L’Amé
rique entrait à peine dans la lutte. Il pouvait
réaliser des choses étonnantes, écraser le bolche
visme en Hongrie, écraser le bolchevisme en
Russie, constituer une Pologne redoutable et
toute une chaîne de petits états turbulents, qui
eussent ceinturé l’Allemagne, tout cela en pro
menant des armées à travers l’Europe. Il pouvait
être la plus haute personnalité — et combien
redoutée ! — d’un continent livré aux luttes in
testines. Et voici qu’on lui arrachait tout cela !
Foch ne cessa de ronger son frein. Comme
une éminence grise de l’Impérialisme français,
comme une ombre malveillante, il rôda autour
de la Conférence, essayant, par tous les moyens
en son pouvoir, d’y faire triompher sa concep
tion farouche de la paix. Constamment prêt à
jeter dans la balance le poids de son sabre, il tut
un des adversaires les plus constants et les. plus
acharnés de Wilson — Wilson qui avait osé
écarter de la Conférence les Chefs militaires in
teralliés, et qui l’en avait évincé, lui, leur géné
ralissime, leur chef suprême !
Sa hantise de l’Allemagne à anéantir, .éclate
dans chacune de ses suggestions. Son mémo
randum de Mars 1919, après avoir traité l’armée
allemande d’ « armée d’apaches scientifiques et
convaincus » réclame des solutions énergiques,
et d’abord la barrière du Rhin.
...« Nous devons appeler la nature à notre aide.
! Or, la nature a placé une barrière — une seule —
sur la route de l’invasion : le Rhin. La barrière
du Rhin doit être employée comme défense, oc
cupée et organisée dès le temps de paix.
Et Foch ajoute :
« Cette organisation, quelle que soit sa forme,
doit i° défendre totalement à l’armée et à la pro
pagande politique allemande l’accès des terri
toires de la rive gauche du Rhin. Ces territoires
pourraient être même couverts , sur la rive droite ,
par des ^ones militaires neutres.
2 0 Assurer l’occupation militaire des territoires
de la rive gauche du Rhin par les forces alliées.
3 ° Garantir à ces territoires les débouchés né
cessaires à leur activité économique, en les
unissant par un système douanier commun aux
autres pays occidentaux.
Pesons bien tous ces mots.
Foch demandait formellement : « l’Allemagne,
écrivait-il, doit être privée de toute souveraineté
territoriale sur la rive gauche du Rhin » l’an
nexion déguisée, au bout d’un temps plus ou
moins long, de cette rive gauche, d’abord par
l’occupation militaire, ensuite par l’établissement
d’un cordon douanier qui la séparerait du Reich,
enfin par la constitution « de nouveaux états au
tonomes, se gouvernant eux-mêmes », sous cer
taines réserves.
Tel fut le rôle du Maréchal Foch dans la Con
férence de la Paix. Son poing ganté de fer ne
cessa de menacer la paix du monde.
Tout le livre de Ray Stannard Balker, basé
sur des faits, en fait foi :
C’est, « quand les Alliés essayèrent d’éteindre
définitivement la guerre dans l’Europe centrale
et d’assurer le désarmement » la découverte que
d’énormes quantités de munitions étaient expé
diées à destination de ces états. Et par la faute
de qui ? Lord Robert Cecil enquête, et apprend
« qu’elles sont allouées par la France à diverses
nations sur les instructions du Maréchal Foch ».
C’est le 25 février 1919, l’exposition au Con
seil des Quatre, par le Maréchal Foch », d’un
plan qu’il avait préparé pour former immédiate
ment après la signature de la Paix avec l’Alle
magne, une armée composée de Grecs, Serbes,
Roumains, Tchéco-Slovaques, Polonais, Estho-
niens, etc., dirigée par des Français pour com
battre le bolchevisme ».
C’est, le 27 mars, la lecture par le Maréchal
Foch toujours d’un plan d’organisation, qu’il a
formé « d’une armée composée d’unités fran
çaises, anglaises, américaines, grecques, serbes
et roumaines, devant s’étendre d’Odessa et des
rivages de la mer Noire, autour de la Hongrie
et occuper Vienne » — cela pour « mettre fin au
bolchevisme en Hongrie ».
C’est, en mai, l’approbation par le Maréchal
Foch, de la conspiration tramée par le Général
Mangin pour favoriser un projet de séparatisme
rhénan, et donner aux promoteurs de ce mou- |
ventent un appui absolu.
C’est, le 19 mai, lecture par le Maréchal Foch
d’un rapport visant à favoriser le séparatisme
bavarois ; et, le 16 juin, l’exposé de son plan défi
nitif de coercition contre l’Allemagne : morcel
lement total du Reich, et, pour obtenir la signa
ture des nouveaux états ainsi formés, d’abord
« leur mettre le couteau sur la gorge ».
Pelle fut, une des hostilités les plus actives, un
des partis-pris les plus férocement butés, qu’eut
à combattre le Président Wilson : son haut idéa
lisme, sa ferveur de vie, son besoin passionné de
justice — tout ce qui fait de lui l’Homme des
temps nouveaux — devaient se heurter constam
ment à cette étroitesse d’esprit, à cette absence
de sens ou réel que ne cessa de manifester le
Maréchal Foch — le Maréchal Foch qui ne vit
de cette époque fabuleuse que les possibilités
personnelles de gloire qu’il en pouvait tirer— à
moins qu’il n’ait eu un sens trop aigu, faussé,
paroxyste, désaxé, du patriotisme ?
Qui sait ?...
En tout cas, Wilson lutta et lutta jusqu’au
bout, avec une énergie que ne lui permettait
guère sa santé, avec une bonne foi magnifique,
en face des basses cupidités européennes, dé
chaînées par la Victoire — la victoire, que lui,
Wilson, avait gagnée...
Et, si nous n’avons pas la Paix aujourd’hui, la
faute n’en est pas au merveilleux idéaliste que
fut l’homme des 14 Points, mais aux puissances
de lucre, d’envie et de haine, synthétisées dans
les représentants de la vieille Europe, dont l’un,
entre autres, tint le rôle néfaste que nous venons
partiellement de situer.
René DAVENAY.
Semaine damitié Internationale
En liaison avec les manifestations préparées
dans les principaux pays européens à l’occasion
du 10 e anniversaire de la grande tuerie pour
affirmer la commune volonté de paix des peuples,
une Semaine d’Amitié Internationale sera tenue
en France du 27 Juillet au 4 Août. La date pri
mitivement choisie était du 4 au 11 Août, mais
elle a été avancée pour permettre aux personna
lités politiques importantes qui s’intéressent à
notre semaine, de s’y associer, probablement
avec la participation du gouvernement de la Ré
publique qui veut soutenir, la propagande pour la
Paix et la Fraternité des peuples.
Organisée sous les auspices du Mouvement
pacifique chrétien, du Trait d’union, de la Ligue
de rapprochement franco-allemand, de la Welt
Jugend Liga d’Allemagne, de la No more war
society d’Angleterre et de l’Association des Idéa
listes pratiques de Hollande et de Belgique, cette
Semaine qui unira des pacifistes de toutes les con
ceptions spirituelles et sociales, aura lieu dansun
camp établi dans la vallée de Chevreuse, et non
à Fribourg, comme on l’avait cru d’abord.
' Cette vallée, rendue célèbre par le mouvement
Janséniste de Port Royal, qui y attira des pen
seurs comme Pascal et Racine, est une des plus
belles des environs de Paris,et le camp sera dans
un site ravissant.
Pour rendre le séjour des congressistes aussi
agréable que possible, de nombreuses excursions
sont prévues et chaque soirée sera occupée par
une séance récréative avec la collaboration d’ar
tistes de talent.
Deux séances seront consacrées chaque jour au
travail. Le matin, un orateur traitera pendant
une heure une des questions importantes du
pacifisme dans un discours qui sera traduit
sur le champ dans les autres langues. La séance
de l’après-midi sera consacrée à la discussion de
la conférence du matin et à la recherche des
moyens pratiques de réaliser notre idéal de fra
ternité universelle.
PROGRAMME
Dimanche 27 Juillet: Ouverture de la Se
maine. Réception des délégués nationaux. On
nous a promis pour ce jour le concours d’une
personnalité éminente du Parlement, de la Ligue
des Droits de l’Homme ou de l’Université.
Lundi 28 Juillet : Georges Duhamel : L’avenir
du bonheur.
Mardi 29 Juillet : D r M. Dumesnil : Le paci
fisme , problème spirituel, sa solution par l’esprit
chrétien.
Mercredi 3 o : Hein Herbers : La jeunesse et la
paix.
Jeudi 3i : Harold Bing : Point de vue absolu
tiste du pacifisme.
Vendredi i er Août: J.-C. Demarquette: Les
problèmes économiques du pacifisme.
Samedi 2 : Discussion générale et conclusions
pratiques.
Dimanche 3 : La Société des Nations telle que
nous la désirons.
Lundi 4 : Commémoration de la déclaration de
guerre et affirmation de la volonté de fraternité
universelle des mouvements pacifistes.
Au cours de toutes les discussions, la façon
spéciale dont les questions étudiées se posent
dans les différents pays sera toujours mise en
lumière.
Bien que ce programme soit chargé, les parti
cipants auront au moins six heures de liberté par
jour, et le camp ayant lieu dans une propriété
privée, offre toutes les garanties de sécurité et de
tranquillité.
Inscriptions :
Le prix de l’inscription au camp, dont les
menus seront végétariens et abstinents, est de
700 francs , comprenant les repas, le couchage et
la participation aux frais d’organisation. Le prix
pourra être réduit si le nombre des participants
est élevé.
Le camp sera prêt dès le 25 Juillet et les
Congressistes qui le désirent pourront y arriver
dès cette date. Le prix des jours supplémentaires
sera de 7 francs.
Les campeurs coucheront sous des tentes et
dans des baraquements. Pour les personnes pré
férant aller à l’hôtel, il est possible de réserver
des chambres à deux kilomètres du camp. Les
campeurs sont priés d’apporter une couverture,
leur vaisselle personnelle, leurs ustensiles de toi
lette, et un costume de bain.
Envoyer les adhésions à
Mademoiselle W.-C. BOISSEVAIN,
au « Trait d’Union »
6, rue de Port-Mahon, Paris, 2*,
Les inscriptions seront closes le 10 Juillet,
mais pour faciliter le travail des organisateurs,
on est prié de s’inscrire le plus tôt possible.
Veuillez travailler avec nous à préparer le
règne de la Paix.
Nos amis peuvent également envoyer leur
adhésion au D r Dumesnil, 6 rue des Vieilles-
Vignes, Courbevoie, et verser le montant de leur
cotisation à son compte de chèques postaux :
Paris 2ij.3i.
©©©©©®®©®©©©©©©©©«©©
Lettres (19171919)
Par Jean de Saint-Prix
F. Riéder Edit.
Ces lettres écrites par Jean de Saint-Prix aux
amis, aux “ grands humains ” qu’il venait enfin de
découvrir en pleine guerre (R. Rolland, G. Dupin,
M. Martinet, etc...in’étaientpasdestinéesà la publi
cation. Elle devaient rester dispersées en diffé
rentes mains et si, rassemblées elles dépassent
l’intérêt des correspondants auxquels elles furent
adressées et même l’époque, à laquelle elles furent
écrites, c’est que spontanément le génie était la
mesure de Jean de Saint-Prix.
Que béni soit le temps qui passe et emporte les
chef d’œuvres du jour, mais épargne ceux, qui
comme ce modeste recueil de lettres, portent le
sceau d’éternité.
Non, ce n’est point ici de la littérature ; c’est
delà vie ; et non celle dont l’auteur rêva ou qu’il
imagina, mais celle dans laquelle il plongeait et
qui l’emportait d’un cours si rapide. Il a 20 ans ;
les vaines agitations de l’adolescence sont déjà
surmontées et jugées ; la guerre a balayé toutes
ses illusions sur la possibilité d’un âge d’or tout
proche, et cependant, après plusieurs mois de
lutte, il a le courage de quitter définitivement
ces faux dieux et de se remettre en route « avec
un cœur sans espérance et plein de foi » C’est à
ce moment qu’il fait connaissance de ces nouveaux
amis avec lesquels il ne cessera de correspondre
jusqu’à sa mort, puisqu’ils souffrent comme lui
de l’agonie du monde. Point de sentimentalism*
humanitaire d’ailleurs, dans son horreur de la
guerre mais une pitié immense pour l’homme de
chair, un amour d’apôtre qui veut essayer de les
sauver tous et chacun en particulier, voilà pour
quoi il se dépense tant, — sans se disperser —
pour les défendre (affaire Guilbeaux et Desprès).
Une intelligence exceptionnelle, libérée de tous
les préjugés, cjui sait en toute chose découvrir le
réel, une santé spirituelle dans sa plénitude jointe
à une ferveur absolue pour essayer de la com
muniquer aux autres voilà un peu ce que révèlent
ces lettres écrites d’une plume alerte, dans un style
d’une vigueur et d’une sobriété surprenantes chez
un tout jeune homme.
H ette D. H.
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