Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1924-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1924 01 mars 1924
Description : 1924/03/01-1924/03/31. 1924/03/01-1924/03/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45652798
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
DE IM Kl’ LKIiVL
|' cu&i*,.
'S/J.
1
§ O 2
26* ANNÉE
MENSUEL
MARS "1 924
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
REDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
ERMENONVILLE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel CONVERSET, Frédéric BONHOMME,
Mmes h. DU MESNIL-H UC H ET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann ICUTTER
Les articles n’engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
COURBEVOIE (Seine)
La Sainte Haine !
Le digne, noble, volontairement modéré et
pacifique appel de Romain Rolland que nous
avons publié en tête de notre dernier numéro,
a soulevé un toile que dans nos heures de ré
flexions les plus sombres, nous n’eussions pu
imaginer.
Je ne parle pas des insulteurs qui — tel
ce « Belge écœuré » de Liège — nous envoient
une demi page d’injures sans avoir non seule
ment le courage, mais l’élémentaire intelli
gence de signer leur pitoyable élucubration,
si bien que, ne sachant leurs noms, nous con
tinuerons sans doute à leur envoyer Y Universel
mais je fais allusion à la réprobation de gens
qui se disent chrétiens et passaient pour paci
fistes.
Notre président-fondateur, M. Huchet est
actuellement en tournée de propagande dans
le Sud-Est. Or, sur près de 300 entretiens
qu’il a eus il a recueilli quelques marques de
sympathies — précieuses en vérité — mais la
presque totalité des chrétiens, surtout protes
tants, qu’il a visités manifestent la plus véhé
mente indignation. Des femmes pleurent de
colère, des hommes le traitent comme un
malandrin. Quelques personnes, plus sensées,
admirent son courage, mais le trouvent hors
de saison.
Et ce qui suscite cette grande fureur c’est
l’appel en faveur des Allemands qui meurent
de faim !
Où sommes-nous tombés ?
La France généreuse, chevalier du droit,
« soldat de l’idéal », comme le clamaient les
professeurs, les prêtres, et les pasteurs... c’est
donc cela !
Comme le « bourrage de crâne » a fait son
œuvre !
Avions-nous raison de dénoncer l’œuvre mal
faisante des clergés pendant la guerre ? Notre
ami Dupin a du travail devant lui, car peu
nombreux sont aujourd’hui ceux qui se diri
gent « Vers la Vérité ».
La France est intoxiquée, empoisonnée,
pourrie par le virus militariste, L’évêque d’Or
léans, M. Touchet, a synthétisé naguère l’état
d’esprit des gens « bien pensants, » respec
tables et respectés : « Toute l’Eglise de France,
dit-il, est derrière M. Poincaré ! »
Nos amis comprendront après cela que la
parution mensuelle de Y Universel ne pourra
durer très longtemps s’ils ne font un vigou
reux effort. Il faut que les Français nous assu
rent le tirage mensuel, les amis internationaux
ayant pourvu aux frais d’administration, con
férences, voyages de propagande, etc... Au
trement, nous serons obligés dans peu de mois
de. reprendre notre publication trimestrielle.
Ces faits ne nous déconcertent pas, car nous
avons depuis longtemps discerné « les signes
des temps ». La lutte est engagée avec plus
de violence et de généralisation que jamais,
entre la Vérité et l’erreur, entre l’Amour et
la haine, entre le Christ et l’adversaire. Nous
nous expliquerons plus longuement à ce sujet.
Nous nous attendons au pire. Mais tant qu’il
nous restera un souffle, nous lutterons pour
la Vérité et la Paix.
Que ceux qui veulent lutter avec nous se
comptent !
Avant Romain Rolland, un nommé Paul
avait écrit :
Si ton ennemi a faim, donne-lui à man
ger; s’il a soif donne-lui à boire » (Rom.
12 20 ) faisant écho à l’enseignement de son
Maître :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui
vous maudissent, faites du bien à ceux
qui vous haïssent et priez pour ceux qui
vous maltraitent et vous persécutent afin
que vous soyez fils de votre Père qui est
dans les cieux, car il fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons, et il
fait pleuvoir sur les justes et les injustes »
(Math. 544).
« Un seul est votre Maître et vous êtes
tous frères » (Math. 23 8 ).
Mais si Jésus revenait, les prêtres amis et
Ce que fut le « séparatisme » Rhénan
Sous la poussée irrésistible des événements,
devant la réprobation des puissances étran
gères, le gouvernement du Bloc National,
vient d’être obligé de renoncer définitivement
à sa politique « séparatiste » sur le Rhin. Mais
ce n’est pas une raison pour renoncer à
dénoncer cette politique, car à conserver le
silence, nous risquerions de laisser croire que
la France était solidaire et complice de ces
gouvernements, ce qui est loin de la vérité,
car, une fois de plus, elle était ignorante et
trompée.
Aussi, je voudrais montrer aux lecteurs de
Y Universel, autant qu’on peut le faire en un
article, que, de tout temps, les nationalistes,
chez nous, ont tendu à l’occupation de la rive
gauche du Rhin et qu’en particulier, le gou
vernement de M. Poincaré a tout fait pour
séparer de l’Allemagne la « Rhénanie ».
Ce n’est pas que de pareilles visées aient
toujours été franches, le moins du monde :
M. Lloyd Georges, par exemple, ayant, en
décembre 1922, affirmé qu’il y avait, en France,
à la fin de la guerre, un parti puissant qui
réclamait de M. Clemenceau l’annexion de la
rive gauche du Rhin, M. Poincré riposta :
Il n’y a jamais eu en France un gouvernement,
ni un ministre, ni même un sénateur ou un dé
puté pour former un dessein aussi déraison
nable et pour vouloir soumettre des populations
allemandes à la domination française... (Jour
naux du 10 décembre 1922).
On aurait pu répondre, sans parler de Y Ac
tion Française ni des amis de la Ligue des
Patriotes et de M. Maurice Barrés, par les
déclarations publiques de MM. Loucheur, Da-
riac, Dutreil, Louis Rollin, Hubert, Bonnet,
Jean Fabry, et de tant d’autres parlementaires
en vue ; mais le Matin, journal officieux, se
chargeait de la mise au point. Quelques jour
plus tard, le 24 février 1923, dans une inter-
wiew posthume de M. Delcassé, il proclamait :
Hors la frontière du Rhin, il n’y a pas de salut
pour nous. Il ne demeure que la perspective
d’une nouvelle guerre, plus terrible que la der
nière. Ceci, nous avons le droit absolu d’employer
le seul moyen qui l’empêchera : la frontière de
la France doit être sur le Rhin.
Plus tard, lorsque l’Angleterre protestait
contre la « république rhénane », soi-disant
proclamée par la volonté du peuple, M. Poin
caré affirmait encore, dans sa réponse à lord
Curzon et dans son discours de Sampigny,
(28 octobre 1923), la pureté de ses intentions
et le Matin (i er novembre) écrivait ( M. Poin
caré a répondu (à l’Angleterre) que le mouve
ment rhénan n’était pas une création française
et qu’il se développait librement, sans entraves
comme sans encouragements.
Nous allons voir que la vérité était tout autre
et qu’au contraire, depuis les Traités secrets
franco-russes du printemps 1917 jusqu’à ce
jour,les gouvernements fançais n’ont,pour ainsi
dire, jamais perdu de vue le projet de main
mise sur la rive gauche du Rhin.
Ces traités secrets, signés au lendemain du
jour où les Alliés, répondant à Wilson, avaient
proclamé le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes, constituaient un honteux marché dans
lequel la France obtenait les mains libres sur
le Rhin tandis qu’il en était de même pour la
Russie sur la frontière occidentale.
Vint l'armistice. Les gouvernants, en France,
avaient changé, mais non pas leurs prétentions.
Dans une lettre du 8 février 1919 (N° 1889),
écrite à M. Clemenceau par le Maréchal Foch,
nous lisons : Il est de l’avantage des Alliés et,
en particulier, de la France, et de la Belgique,
que les Etats du Rhin acquièrent une auto
nomie aussi large que possible et qu’ils soient,
par des intérêts économiques nouveaux, liés
IIBIIIIIHIII1IIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII
soutiens des gouvernements de guerre le
dénonceraient bien vite, et il y aurait des
Mornet pour l’envoyer promptement au po
teau de Vincennes !
D r M. DUMESNIL.
aux puissances de l’Entente, et séparés de
VAllemagne, à l’effet d’instituer un centre de
résistance politique contre une agression future...
et bientôt, la preuve était faite que le gou
vernement français était d’accord avec le
maréchal Foch puisque, le 12 mars 1919, ils
déposait à la Conférence de la Paix, une pro
position rapportée par M. Tardieu, dans son
livre La Paix, où il écrit : La nature n’a établi
qu’une seule barrière : le Rhin. Il faut imposer
cette barrière à VAllemagne. Dorénavant, le
Rhin sera la frontière occidentale des peuples
germains ...
Heureusement; en face de cette volonté im
prudente de créer, après tant de protestations
justifiées contre la politique de Bismarck,
une fraction d’Allemagne « irridente » Wilson
resta irréductible et c’est alors que le gouverne
ment français, ne pouvant franchir l’obstacle
de front, s’efforça de le tourner.
*
* *
Dès 1919, nous voyons se produire, vers le
Rhin, des mouvements, des troubles, une
« révolution séparatiste ».
On se souvient encore que le général Man
gin qui commandait la X e armée, a Mayence,
fut relevé, un beau jour, par Cle
menceau. Mais, ce que l’on sait moins, c’est
le motif exact de sa disgrâce : il fut rappelé à
I ordre, puis relevé, parce qu’il avait eu la
maladresse — bien militaire — de vouloir
associer à sa politique d’agitation « sépara
tiste » les généraux alliés commandant les
secteurs américain, anglais et belge. Il fau
drait avoir le temps de citer les termes de la pro
testation adressée au président Wilson par
le général américain Pershing, de la lettre du
président à M. Clemenceau et de la réponse de
celui-ci.
Clemenceau capitulait, sans phrases, de
vant la volonté de Wilson, considéré alors
comme l’arbitre du monde ; il n’en est pas
moins vrai que, sans la « gaffe » monumentale
de Mangin, les menées « séparatistes » n’au
raient jamais entraîné aucun désavœu gou
vernemental. Les directives venaient de haut :
la preuve, c’est qu’à Landau, le général Gérard,
commandant la VIII e armée, républicain, fai
sait sa politique « séparatiste » comme, à
Mayence, le général Mangin, homme d’Action
Française.
Cette politique échoua lamentablement,. en
mars, dans le Palatinat, et le 23 mai, à Wies-
baden, où le docteur Dorten — déjà ! — ne
peut se maintenir que deux jours dans les
locaux que l’autorité militaire française avait
préparés pour les services de la « république
rhénane ».
Au lendemain de ces échecs piteux, la propa
gande « séparatiste » cessa de faire parler d’elle
pendant assez longtemps. On sut bien que le
journal de Dorten, le Rheinischen Herold,
était devenu quotidien en 1920 et que ce
ne fut pas par l’opération du Saint-Esprit, et
nous avons appris, depuis, par les suggestives
correspondances publiées par M. Vial-Mazec,
que les relations entre les « séparatistes » et
les autorités françaises n’avaient pas cessé.
II 11’en est pas moins vrai qu’à ce moment, les
groupes séparatistes végétaient et que la
réalisation du plan, esquissé sous Mangin et
sous Gérard, avait été ajournée.
*
* *
C’est seulement en 1923 que la politique
« séparatiste » du gouvernement français de
vait reprendre son activité.
Depuis un an, M. Poincaré était au pouvoir
et l’occupation de la Ruhr développait ses
désastreux effets. En Allemagne, et plus par
ticulièrement dans la Ruhr et dans le « Rhéna
nie », la ruine économique et financière, con
séquence inéluctable et prévue de 1 occupa
tion militaire du cœur industriel du pays, avait
réduit les populations à une misère croissante.
Lorsqu’on meurt de faim, on est assez disposé
à passer sur la nationalité de ceux qui apporte
ront du pain.En faisant luire aux yeux des Rhé
nans, comme on l’avait fait déjà en 1919,certains
avantages économiques et financiers, il serait
peut-être plus facile, en 1923, après l’occupa
tion de la Ruhr, de les amener à composition
et d’obtenir d’eux la création tant attendue
d’une « République Rhénane » indépendante.
C’est ainsi vraisembablement, que raisonna
le Gouvernement du Bloc National.
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’au printemps
1923, le docteur Dorten vint passer plusieurs
mois à Paris et qu’à son retour sur le Rhin,
les « séparatistes » recommencèrent à s’agiter.
On n’a pas oublié les manifestations « sé
paratistes » annoncées, en caractères d’affi
ches, à la première page de nos grands jour
naux d’information, au cours de l’été et de
l’automne.
Il faudrait avoir le temps de raconter ce que
furent ces réunions préposées par les autorités
françaises d’occupation à tel point que les
locaux étaient choisis et retenus par celle-ci
tandis que les manifestants étaient transportés
gratuitement par des trains spéciaux, de la
régie franco-belge. Je dis transportés, car les
manifestants n’étaient pas pour la plupart
des habitants des villes où avaient lieu les
manifestations, mais des bandes — toujours
les mêmes — que Ton transportait de ville
en ville, si bien que jamais, les manifestations
ne pouvaient avoir lieu simultanément dans
plusieurs villes, mais que, toujours, elles e
produisaient successivement, à mesure que
les bandes « séparatistes » ayant achevé leur
travail dans une localité, se trouvaient en me
sure de se transporter ailleurs.
Le 21 octobre, la « République rhénane »
était proclamée à Aix-la-Chapelle, en secteur
belge. On ne saura jamais exactement à quels
mobiles obéirent Deckers et le D r Juthard,
deux « séparatistes » jusqu’alors peu connus,
pour passer par dessus la tête de gratids chefs,
les Surects, les Dorten, les Matthes, et prendre
l’initiative de déclancher un mouvement que
les autres pensaient prématuré. Ce qu’il y a
de sûr, c’est que, dès le I er novembre, les auto
rités belges, qui avaient commencé par sou
tenir le mouvement « séparatiste » lui refu
sèrent brusquement tout concours, expulsant
même les bandes « séparatistes » qui — le
commissaire belge baron Rollin-J acquemyns
Ta publiquement affirmé — étaient composées
d’éléments étangers à la ville.
Il n’en fut malheureusement pas de même
dans la zone occupée par l’armée française.
D’Aix-la-Chapelle, le mouvement gagna de
proche en proche, pendant les mois de novem
bre et de décembre, jusqu’au Palatinat. Il
faudrait avoir le temps d’y insister. Je me
bornerai à faire remarquer que :
i° La République séparatiste » ne fut ja
mais proclamée dans deux villes à la fois,
pour la bonne raison que, les mêmes bandes
opérant partout, elles ne pouvaient se pré
senter que successivement, comme au cours de
Tété, pour les manifestations.
2° Il ne se passa rien dans la zone anglaise
où pourtant, les habitants n’avaient aucune
raison d’ « aspirer » moins qu’ailleurs, à se
séparer du Reich.
3 e Partout où les « séparatistes » se trou
vèrent menacés par la population, réfractaire
à leur programme, c’est-à-dire, en somme,
partout, ils reçurent l’appui des troupes fran
çaises d’occupation qui veillaient sur les bâti
ments publics, de préfectures ou mairies,
d’où les « séparatistes » auraient été chassés
instantanément, s’ils avaient été livrés à eux-
mêmes,
Ces trois constatations se passent de com
mentaires.
La preuve est faite que, san« 1 appn dcc al
terné'. françaises d’occupation, les « sépara
tistes » n’auraient jamais obtenu le moindre
résultat.
En fait, ces « séparatistes » n’étaient que
des bandes de gens sans aveu fie Times, et
et le Peuple de Bruxelles, ont publié des ex
traits des Casiers judiciaires des chefs « sé
paratistes » qui étaient, le plus souvent, des
repris de justice et — ceci est bien caracté
ristique — jamais aucun représentant des
f.T
■fi A*
|' cu&i*,.
'S/J.
1
§ O 2
26* ANNÉE
MENSUEL
MARS "1 924
9
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
REDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef.
ERMENONVILLE, GRILLOT DE GIVRY, Colonel CONVERSET, Frédéric BONHOMME,
Mmes h. DU MESNIL-H UC H ET, Claire GÉNIAUX,
Général PERCIN, Louis GUÉTANT, Joël THÉZARD,
M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Hermann ICUTTER
Les articles n’engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
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Dr DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
COURBEVOIE (Seine)
La Sainte Haine !
Le digne, noble, volontairement modéré et
pacifique appel de Romain Rolland que nous
avons publié en tête de notre dernier numéro,
a soulevé un toile que dans nos heures de ré
flexions les plus sombres, nous n’eussions pu
imaginer.
Je ne parle pas des insulteurs qui — tel
ce « Belge écœuré » de Liège — nous envoient
une demi page d’injures sans avoir non seule
ment le courage, mais l’élémentaire intelli
gence de signer leur pitoyable élucubration,
si bien que, ne sachant leurs noms, nous con
tinuerons sans doute à leur envoyer Y Universel
mais je fais allusion à la réprobation de gens
qui se disent chrétiens et passaient pour paci
fistes.
Notre président-fondateur, M. Huchet est
actuellement en tournée de propagande dans
le Sud-Est. Or, sur près de 300 entretiens
qu’il a eus il a recueilli quelques marques de
sympathies — précieuses en vérité — mais la
presque totalité des chrétiens, surtout protes
tants, qu’il a visités manifestent la plus véhé
mente indignation. Des femmes pleurent de
colère, des hommes le traitent comme un
malandrin. Quelques personnes, plus sensées,
admirent son courage, mais le trouvent hors
de saison.
Et ce qui suscite cette grande fureur c’est
l’appel en faveur des Allemands qui meurent
de faim !
Où sommes-nous tombés ?
La France généreuse, chevalier du droit,
« soldat de l’idéal », comme le clamaient les
professeurs, les prêtres, et les pasteurs... c’est
donc cela !
Comme le « bourrage de crâne » a fait son
œuvre !
Avions-nous raison de dénoncer l’œuvre mal
faisante des clergés pendant la guerre ? Notre
ami Dupin a du travail devant lui, car peu
nombreux sont aujourd’hui ceux qui se diri
gent « Vers la Vérité ».
La France est intoxiquée, empoisonnée,
pourrie par le virus militariste, L’évêque d’Or
léans, M. Touchet, a synthétisé naguère l’état
d’esprit des gens « bien pensants, » respec
tables et respectés : « Toute l’Eglise de France,
dit-il, est derrière M. Poincaré ! »
Nos amis comprendront après cela que la
parution mensuelle de Y Universel ne pourra
durer très longtemps s’ils ne font un vigou
reux effort. Il faut que les Français nous assu
rent le tirage mensuel, les amis internationaux
ayant pourvu aux frais d’administration, con
férences, voyages de propagande, etc... Au
trement, nous serons obligés dans peu de mois
de. reprendre notre publication trimestrielle.
Ces faits ne nous déconcertent pas, car nous
avons depuis longtemps discerné « les signes
des temps ». La lutte est engagée avec plus
de violence et de généralisation que jamais,
entre la Vérité et l’erreur, entre l’Amour et
la haine, entre le Christ et l’adversaire. Nous
nous expliquerons plus longuement à ce sujet.
Nous nous attendons au pire. Mais tant qu’il
nous restera un souffle, nous lutterons pour
la Vérité et la Paix.
Que ceux qui veulent lutter avec nous se
comptent !
Avant Romain Rolland, un nommé Paul
avait écrit :
Si ton ennemi a faim, donne-lui à man
ger; s’il a soif donne-lui à boire » (Rom.
12 20 ) faisant écho à l’enseignement de son
Maître :
« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui
vous maudissent, faites du bien à ceux
qui vous haïssent et priez pour ceux qui
vous maltraitent et vous persécutent afin
que vous soyez fils de votre Père qui est
dans les cieux, car il fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons, et il
fait pleuvoir sur les justes et les injustes »
(Math. 544).
« Un seul est votre Maître et vous êtes
tous frères » (Math. 23 8 ).
Mais si Jésus revenait, les prêtres amis et
Ce que fut le « séparatisme » Rhénan
Sous la poussée irrésistible des événements,
devant la réprobation des puissances étran
gères, le gouvernement du Bloc National,
vient d’être obligé de renoncer définitivement
à sa politique « séparatiste » sur le Rhin. Mais
ce n’est pas une raison pour renoncer à
dénoncer cette politique, car à conserver le
silence, nous risquerions de laisser croire que
la France était solidaire et complice de ces
gouvernements, ce qui est loin de la vérité,
car, une fois de plus, elle était ignorante et
trompée.
Aussi, je voudrais montrer aux lecteurs de
Y Universel, autant qu’on peut le faire en un
article, que, de tout temps, les nationalistes,
chez nous, ont tendu à l’occupation de la rive
gauche du Rhin et qu’en particulier, le gou
vernement de M. Poincaré a tout fait pour
séparer de l’Allemagne la « Rhénanie ».
Ce n’est pas que de pareilles visées aient
toujours été franches, le moins du monde :
M. Lloyd Georges, par exemple, ayant, en
décembre 1922, affirmé qu’il y avait, en France,
à la fin de la guerre, un parti puissant qui
réclamait de M. Clemenceau l’annexion de la
rive gauche du Rhin, M. Poincré riposta :
Il n’y a jamais eu en France un gouvernement,
ni un ministre, ni même un sénateur ou un dé
puté pour former un dessein aussi déraison
nable et pour vouloir soumettre des populations
allemandes à la domination française... (Jour
naux du 10 décembre 1922).
On aurait pu répondre, sans parler de Y Ac
tion Française ni des amis de la Ligue des
Patriotes et de M. Maurice Barrés, par les
déclarations publiques de MM. Loucheur, Da-
riac, Dutreil, Louis Rollin, Hubert, Bonnet,
Jean Fabry, et de tant d’autres parlementaires
en vue ; mais le Matin, journal officieux, se
chargeait de la mise au point. Quelques jour
plus tard, le 24 février 1923, dans une inter-
wiew posthume de M. Delcassé, il proclamait :
Hors la frontière du Rhin, il n’y a pas de salut
pour nous. Il ne demeure que la perspective
d’une nouvelle guerre, plus terrible que la der
nière. Ceci, nous avons le droit absolu d’employer
le seul moyen qui l’empêchera : la frontière de
la France doit être sur le Rhin.
Plus tard, lorsque l’Angleterre protestait
contre la « république rhénane », soi-disant
proclamée par la volonté du peuple, M. Poin
caré affirmait encore, dans sa réponse à lord
Curzon et dans son discours de Sampigny,
(28 octobre 1923), la pureté de ses intentions
et le Matin (i er novembre) écrivait ( M. Poin
caré a répondu (à l’Angleterre) que le mouve
ment rhénan n’était pas une création française
et qu’il se développait librement, sans entraves
comme sans encouragements.
Nous allons voir que la vérité était tout autre
et qu’au contraire, depuis les Traités secrets
franco-russes du printemps 1917 jusqu’à ce
jour,les gouvernements fançais n’ont,pour ainsi
dire, jamais perdu de vue le projet de main
mise sur la rive gauche du Rhin.
Ces traités secrets, signés au lendemain du
jour où les Alliés, répondant à Wilson, avaient
proclamé le droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes, constituaient un honteux marché dans
lequel la France obtenait les mains libres sur
le Rhin tandis qu’il en était de même pour la
Russie sur la frontière occidentale.
Vint l'armistice. Les gouvernants, en France,
avaient changé, mais non pas leurs prétentions.
Dans une lettre du 8 février 1919 (N° 1889),
écrite à M. Clemenceau par le Maréchal Foch,
nous lisons : Il est de l’avantage des Alliés et,
en particulier, de la France, et de la Belgique,
que les Etats du Rhin acquièrent une auto
nomie aussi large que possible et qu’ils soient,
par des intérêts économiques nouveaux, liés
IIBIIIIIHIII1IIIIIIIIIIIIIII1IIIIIIIIIII
soutiens des gouvernements de guerre le
dénonceraient bien vite, et il y aurait des
Mornet pour l’envoyer promptement au po
teau de Vincennes !
D r M. DUMESNIL.
aux puissances de l’Entente, et séparés de
VAllemagne, à l’effet d’instituer un centre de
résistance politique contre une agression future...
et bientôt, la preuve était faite que le gou
vernement français était d’accord avec le
maréchal Foch puisque, le 12 mars 1919, ils
déposait à la Conférence de la Paix, une pro
position rapportée par M. Tardieu, dans son
livre La Paix, où il écrit : La nature n’a établi
qu’une seule barrière : le Rhin. Il faut imposer
cette barrière à VAllemagne. Dorénavant, le
Rhin sera la frontière occidentale des peuples
germains ...
Heureusement; en face de cette volonté im
prudente de créer, après tant de protestations
justifiées contre la politique de Bismarck,
une fraction d’Allemagne « irridente » Wilson
resta irréductible et c’est alors que le gouverne
ment français, ne pouvant franchir l’obstacle
de front, s’efforça de le tourner.
*
* *
Dès 1919, nous voyons se produire, vers le
Rhin, des mouvements, des troubles, une
« révolution séparatiste ».
On se souvient encore que le général Man
gin qui commandait la X e armée, a Mayence,
fut relevé, un beau jour, par Cle
menceau. Mais, ce que l’on sait moins, c’est
le motif exact de sa disgrâce : il fut rappelé à
I ordre, puis relevé, parce qu’il avait eu la
maladresse — bien militaire — de vouloir
associer à sa politique d’agitation « sépara
tiste » les généraux alliés commandant les
secteurs américain, anglais et belge. Il fau
drait avoir le temps de citer les termes de la pro
testation adressée au président Wilson par
le général américain Pershing, de la lettre du
président à M. Clemenceau et de la réponse de
celui-ci.
Clemenceau capitulait, sans phrases, de
vant la volonté de Wilson, considéré alors
comme l’arbitre du monde ; il n’en est pas
moins vrai que, sans la « gaffe » monumentale
de Mangin, les menées « séparatistes » n’au
raient jamais entraîné aucun désavœu gou
vernemental. Les directives venaient de haut :
la preuve, c’est qu’à Landau, le général Gérard,
commandant la VIII e armée, républicain, fai
sait sa politique « séparatiste » comme, à
Mayence, le général Mangin, homme d’Action
Française.
Cette politique échoua lamentablement,. en
mars, dans le Palatinat, et le 23 mai, à Wies-
baden, où le docteur Dorten — déjà ! — ne
peut se maintenir que deux jours dans les
locaux que l’autorité militaire française avait
préparés pour les services de la « république
rhénane ».
Au lendemain de ces échecs piteux, la propa
gande « séparatiste » cessa de faire parler d’elle
pendant assez longtemps. On sut bien que le
journal de Dorten, le Rheinischen Herold,
était devenu quotidien en 1920 et que ce
ne fut pas par l’opération du Saint-Esprit, et
nous avons appris, depuis, par les suggestives
correspondances publiées par M. Vial-Mazec,
que les relations entre les « séparatistes » et
les autorités françaises n’avaient pas cessé.
II 11’en est pas moins vrai qu’à ce moment, les
groupes séparatistes végétaient et que la
réalisation du plan, esquissé sous Mangin et
sous Gérard, avait été ajournée.
*
* *
C’est seulement en 1923 que la politique
« séparatiste » du gouvernement français de
vait reprendre son activité.
Depuis un an, M. Poincaré était au pouvoir
et l’occupation de la Ruhr développait ses
désastreux effets. En Allemagne, et plus par
ticulièrement dans la Ruhr et dans le « Rhéna
nie », la ruine économique et financière, con
séquence inéluctable et prévue de 1 occupa
tion militaire du cœur industriel du pays, avait
réduit les populations à une misère croissante.
Lorsqu’on meurt de faim, on est assez disposé
à passer sur la nationalité de ceux qui apporte
ront du pain.En faisant luire aux yeux des Rhé
nans, comme on l’avait fait déjà en 1919,certains
avantages économiques et financiers, il serait
peut-être plus facile, en 1923, après l’occupa
tion de la Ruhr, de les amener à composition
et d’obtenir d’eux la création tant attendue
d’une « République Rhénane » indépendante.
C’est ainsi vraisembablement, que raisonna
le Gouvernement du Bloc National.
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’au printemps
1923, le docteur Dorten vint passer plusieurs
mois à Paris et qu’à son retour sur le Rhin,
les « séparatistes » recommencèrent à s’agiter.
On n’a pas oublié les manifestations « sé
paratistes » annoncées, en caractères d’affi
ches, à la première page de nos grands jour
naux d’information, au cours de l’été et de
l’automne.
Il faudrait avoir le temps de raconter ce que
furent ces réunions préposées par les autorités
françaises d’occupation à tel point que les
locaux étaient choisis et retenus par celle-ci
tandis que les manifestants étaient transportés
gratuitement par des trains spéciaux, de la
régie franco-belge. Je dis transportés, car les
manifestants n’étaient pas pour la plupart
des habitants des villes où avaient lieu les
manifestations, mais des bandes — toujours
les mêmes — que Ton transportait de ville
en ville, si bien que jamais, les manifestations
ne pouvaient avoir lieu simultanément dans
plusieurs villes, mais que, toujours, elles e
produisaient successivement, à mesure que
les bandes « séparatistes » ayant achevé leur
travail dans une localité, se trouvaient en me
sure de se transporter ailleurs.
Le 21 octobre, la « République rhénane »
était proclamée à Aix-la-Chapelle, en secteur
belge. On ne saura jamais exactement à quels
mobiles obéirent Deckers et le D r Juthard,
deux « séparatistes » jusqu’alors peu connus,
pour passer par dessus la tête de gratids chefs,
les Surects, les Dorten, les Matthes, et prendre
l’initiative de déclancher un mouvement que
les autres pensaient prématuré. Ce qu’il y a
de sûr, c’est que, dès le I er novembre, les auto
rités belges, qui avaient commencé par sou
tenir le mouvement « séparatiste » lui refu
sèrent brusquement tout concours, expulsant
même les bandes « séparatistes » qui — le
commissaire belge baron Rollin-J acquemyns
Ta publiquement affirmé — étaient composées
d’éléments étangers à la ville.
Il n’en fut malheureusement pas de même
dans la zone occupée par l’armée française.
D’Aix-la-Chapelle, le mouvement gagna de
proche en proche, pendant les mois de novem
bre et de décembre, jusqu’au Palatinat. Il
faudrait avoir le temps d’y insister. Je me
bornerai à faire remarquer que :
i° La République séparatiste » ne fut ja
mais proclamée dans deux villes à la fois,
pour la bonne raison que, les mêmes bandes
opérant partout, elles ne pouvaient se pré
senter que successivement, comme au cours de
Tété, pour les manifestations.
2° Il ne se passa rien dans la zone anglaise
où pourtant, les habitants n’avaient aucune
raison d’ « aspirer » moins qu’ailleurs, à se
séparer du Reich.
3 e Partout où les « séparatistes » se trou
vèrent menacés par la population, réfractaire
à leur programme, c’est-à-dire, en somme,
partout, ils reçurent l’appui des troupes fran
çaises d’occupation qui veillaient sur les bâti
ments publics, de préfectures ou mairies,
d’où les « séparatistes » auraient été chassés
instantanément, s’ils avaient été livrés à eux-
mêmes,
Ces trois constatations se passent de com
mentaires.
La preuve est faite que, san« 1 appn dcc al
terné'. françaises d’occupation, les « sépara
tistes » n’auraient jamais obtenu le moindre
résultat.
En fait, ces « séparatistes » n’étaient que
des bandes de gens sans aveu fie Times, et
et le Peuple de Bruxelles, ont publié des ex
traits des Casiers judiciaires des chefs « sé
paratistes » qui étaient, le plus souvent, des
repris de justice et — ceci est bien caracté
ristique — jamais aucun représentant des
f.T
■fi A*
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