Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-03-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mars 1902 22 mars 1902
Description : 1902/03/22 (N308). 1902/03/22 (N308).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32635078
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
? Année — N" SOS.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Mars 1902.
PRIX MS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
1 5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
rue gasimir-périer,
Secrétaire de la Rédaction. ... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
15
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
QUESTION
DE PERSONNES
L’œuvre du Comité Central
et du « Petit Havre. —
Les frères ennemis.
— Absence de
principes.
Un grand nombre de nos amis
politiques, et aussi quelques-uns de
nos concitoyens appartenant à une
nuance de l’opinion républicaine qui
n’est pas la nôtre, ont bien voulu
féliciter le Réveil du dernier article
qu’il a publié sur la façon dont
s’engage au Havre la campagne
électorale.
A vrai dire, nous ne sommes pas
surpris de ces adhésions, ayant es
sayé pour notre part de nous déga
ger de toutes préoccupations per
sonnelles et de n’envisager que les
principes, ce qui est un procédé sans
doute plus honnête que les autres.
11 était urgent, en effet, avant de
prendre parti dans la lutte, de bien
établir les positions respectives des
divers groupements politiques. Et,
tout d’abord, un fait saute aux yeux
et s’impose à l’attention de tous
ceux que préoccupent les élections !
Comment se fait-il que le Coynité
Central qui a sans cesse patronné
dans notre ville des hommes connus
par leurs opinions anti-démocrati
ques, — qui, aux élections munici
pales de 1900, a fait alliance avec les
Comités conservateurs et même
avec les hommes de la Croix , effec
tue, quelques semaines avant les
élections, une subite volte-face, et
combatte aujourd’hui M. Rispal,
après l’avoir soutenu en 1897 et
en 1898.
Comment se fait-il, et c’est là le
second point de vue d’une même
question, que le Petit Havre , organe
meiiniste et nationaliste pendant la
période 1897-1901, pour ne pas re
monter plus haut, essaie de renier
aujourd’hui toute sa politique et,
devenu subitement ministériel, ar
bore, pour les besoins de la cause,
un programme ou il plagie celui
des démocrates qu’il a combattus
avec plus d'acharnement que de
bonne foi ?
Il semble qu’avant d’accomplir
cette évolution. Comité et journal
eussent dû, dans une mesure que
comportait la plus simple politesse,
faire leur mea culpa de leur triste
besogne anti-démocratique, et ma
nifester leur repentir.
Certes, nul de nous n’exigera de
MM. Génestal, Persac, Bricka, Fé-
noux, etc., qui sont plus ou moins
responsables, à des titres divers, de
ce recul de l’opinion républicaine,
qu’ils aillent en chemise, la corde au
cou et un cierge de dix livres à la
main, faire publiquement amende
honorable et confesser leurs péchés
de mélinisme et de réaction.
Mais ces Messieurs n’agiraient-ils
pas avec une certaine prudence en
gardant jusqu’à nouvel ordre, —
le plus longtemps serait le mieux (
pour la République, — le plus com
plet silence, en laissant à leurs ad
versaires, décidément plus avisés
qu'eux, le soin de réparer le mal
causé par leur parti-pris et leurs
défaillances républicaines ?
Mais non! Il est décidément des
électeurs chez lesquels la politique
produit un prurit spécial. Plutôt que
de ne rien faire en période électo
rale, vous les verrez s’agiter déses
pérément, renier leurs opinions de
la veille, encombrer le champ de
bataille de leurs gestes déréglés, et
tomber au besoin à bras raccourcis
sur leurs amis.
Ne feraient-ils pas mieux de res
ter tranquillement chez eux, surtout
quand, ainsi que l’expérience l’a
démontré, leur activité maladroite
a été déjà funeste à leurs conci
toyens ?
Ce que nous en disons n’est pas
pour les convaincre. Nous savons
que le siège des stratèges du Co
mité Central est fait, et qu’ils n’hé
siteront pas au besoin à combattre
avec leur violence coutumière le
candidat qu’ils soutenaient hier et
qui a cessé de plaire.
Ce n’est donc pas à eux que nous
nous adressons, mais à nos amis
politiques, et aussi à ceux qui, indé
pendants de toutes attaches, cher
chent à se faire une opinion en
s’inspirant de l’intérêt public, et nous
leur disons :
« On vous a déjà trompés plusieurs
fois ! Mais aujourd’hui, la mesure
des palinodies courantes est vrai
ment dépassée !
« Les principes dont on se réclame
dans certains milieux ne sont que
des arguments de parade. Il ne
s’agit pas pour le Comité Central ni
pour le Petit Havre de défendre la
République, ni d’assurer la réalisa
tion de ces réformes que vous atten
dez depuis si longtemps.
« Il ne s’agit pas davantage de
défendre les intérêts matériels, les
besoins économiques de notre ville
et de notre port. Si Le Havre péri
clite, demandez des comptes au
Petit Havre et aux dirigeants du
Comité central dont les hommes
sont, depuis de longues années, vos
représentants àii Parlement. Et
comparez l’influence du Havre en
haut lieu à celle de Marseille, ville
représentée par des radicaux et des
socialistes. Et concluez !
« Il n’y a dans toute cette affaire
électorale, qu’une question, une
seule, sachez-le bien : Comité cen
tral et Petit Havre ont à caser un
homme politique en retrait d’emploi,
et dont ils sont plus ou moins les
obligés. De là toute cette activité
que l’on déploie, de là ces [comités
frais éclos, d’alliance républicaine,
radical..., etc..., que l’on crée et que
l’on créera au besoin pour tromper
les naïfs.
Un de nos amis nous disait ré-
« cemment : « SiM. Siegfried avait
«' su conserver son siège au Sénat,
« croyez-vous donc que lui et ses
€ à l’Hôtel de Ville, et qui l’ont fait
« nommer à la Chambre, essaie-
« raient de le dévisser de son siège
« de député ? Pas le moins du mon-
« de. Ils ont au fond les mêmes
« idées qu’ils ont acquises dans une
« longue collaboration politique,
< dans un égal mépris pour tout ce
« qui est réforme démocratique.
« Vous les verriez toujours amis
« comme..... opportunistes. Ribot
« serait leur Dieu et Méline leur
« prophète ! Simple question de
« personne, n’en doutez pas'... »
Notre ami avait raison. Et beau
coup d’électeurs pensent comme lui,
si nous nous en rapportons au courant
qui s’établit très nettement dans les
rangs du corps électoral havrais.
C’est là, il faut le reconnaître, un
sentiment de défiance très légitime
chez nos concitoyens. Ils ne man
queront pas, le moment venu, de
poser des questions indiscrètes sur
ce point aux candidats en présence.
Cela fera tomber certains masques.
Un Démocrate.
VOTE.DE SURPRISE
Ce qu’il y a de plus répugnant dans
le vote par lequel les députés ont
décidé de prolonger de deux ans le
mandat qu’ils vont solliciter à nou
veau dans quelques semaines, ce n’est
pas tant le vote lui-même que la taçon
dont il a été obtenu.
Depuis 1870, c’est-à-dire depuis
l’élaboration des lois constitution
nelles qui ont organisé la troisième
République, la durée du mandat lé
gislatif n’avait pas varié ; le mode de
scrutin. avait été modifié à diverses
reprises; du scrutin d’arrondissement,
institué par l’Assemblée de Versailles,
on était passé, en 1885, au scrutin de
liste; puis, on était revenu, en 1889,
au scrutin d’arrondissement, apprécié
comme moyen de défense contre le
boulangisme. Mais, depuis vingt-sept
ans, le chiffre de quatre ans était
resté immuable. On pourrait même
dire, depuis trente et un ans, car, en
fait, l’Assemblée nationale de 1871 ne
dura guère plus de quatre années.
Il est vrai que la tradition n’a rien
ici de bien décisif. Le chiffre de qua
tre ans est arbitraire, comme l’est
celui de six. Il n’y a point de prin
cipe absolu qui limite à un laps de
temps quelconque la durée du mandat
politique. Ou plutôt, en fait de prin
cipe, il n’y en a qu’un, le principe de
droit civil qui veut que tout mandat
soit essentiellement révocable à la
volonté du mandant.
Mais, en fait, les quatre ans étaient
acceptés sans contestation ; aucun
courant d’opinion ne s’était manifesté
pour en demander la prolongation.
Depuis plusieurs mois, la Chambre
elle-même était saisie de plusieurs pro
positions concernant les lois électo
rales : aucune ne touchait la question
delà durée du mandat. La commis
sion compétente n’avait point pense
davantage à examiner ce projet déli
cat, sur lequel l’opinion publique
n’avait pas été mise à même de se
manifester.
A l’improviste, à propos de rema
niement territorial de quelques cir
conscriptions, la motion se produit,
et, après une courte discussion, se
trouve adoptée avec l’appui du gou
vernement. Le gouvernement, sans
rien dire à personne, s’était fait une
opinion et, la faisant connaître a la
dernière minute, a déterminé un vote |
regrettable et maladroit.
Quelques raisons qu’on puisse faire
valoir à l’appui du mandat de, six
ans, on n’ôterapas de l’idée des élec
teurs qu’on restreint leur droit en
prolongeant d’autorité les pouvoirs de
leurs mandataires, et que ce coup
d’autorité n’aurait pas ete execute
par surprise, s’il avait ete inspiré par
des mobiles purement desinteresses.
S. L.
LE SUCR E... ET L E SAVON
La campagne électorale est sinon
officiellement du moins virtuellement
ouverte pour le candidat du Petit
Havre. Aussi ne perd-il pas son
temps. . ‘ ..
11 paraît, en effet, si 1 on en croit
ce journal, que l’une des fractions du
Comité Central s’est réunie samedi
dernier, rue du Lycée, n° 17 (retenez
bien le numéro, la maison n’est pas
au coin du quai). Dans cette reunion
le susdit candidat du Petit Havic , in
vité par l’Assemblée à parler des ques
tions économiques à l’ordre du jour,
ne s’est nullement laissé tirer l’oreille
et avec la bonne grâce qui le carac
térise et la plus haute compétence en
la matière, il a traité la question des
sucres. A ”, .
Cette question parait etre du reste
l’article fondamental de son program
me, il a pensé avec raison que ce n est
pas avec du vinaigre quon attire les
électeurs et que le sucre était à juste
titre beaucoup plus qualifié pour cela.
Il lui faut donc le sucre à 30 centi
mes, six sous ; avec le sucre à six
sous, il peut avoir la quasi certitude
de réunir à sa candidature la presque
totalité des voix des moutards à la
culotte percée, dont la bannière flotte
au vent et dont le sucre d’orge et les
pommes de terre frites font les délices.
Je n’ai malheureusement pas voix
consultative au Comité Central, mais
l’estime que si à cette question du
sucre à six sous, son candidat consen
tait à joindre la non moins importante
question du savon, il pourrait aussi
compter avec la plus absolue certi
tude, et cela n’est pas à dédaigner par
le temps qui court, sur le vote de tou
tes les nourrices, car il faut bien le
reconnaître, ces deux questions reu
nies sont primordiales pour elles : le
sucre pour le petit noir, et le savon
pour le suppositoire.
Et avec ce programme bien déve
loppé, les candidats éventuels n’au
raient qu’à se bien tenir.
Clovis.
LA LIBERTÉ D’ENSEIGNEMENT
< Encore une liberté étranglée par
Waldeck-Rousseau, de complicité avec
Brisson », gémissent les libéraux ou
prétendus tels. La vérité est que
personne ne veut toucher à cette pré
cieuse liberté, qui crée la concur
rence et stimule les efforts ; on veut
seulement en régler l’exercice et
rétablir le droit commun.
L’enseignement libre joint de pri
vilèges qui doivent disparaître ; on
ne conçoit pas que son personnel soit
dispensé de posséder les grades exigés
des représentants de l’enseignement
de l’Etat.
Il n’est pas davantage admissible
que les institutions privées échappent
au contrôle du pouvoir, non seule
ment au point de vue de l’hygiène
matérielle, mais encore sous le rap
port de l’hygiène morale, c’est- à-dire
de l’enseignement lui-même et de
l’éducation. Quant aux conditions à
imposer aux candidats aux fonctions
de l’Etat, peut-on dire que ce soit
une atteinte à la liberté ?
N’est-ce pas le droit du pouvoir de
choisir ses représentants à son gré,
d’exiger d’eux certaines garanties, de
ne pas vouloir confier des emplois
publics à des hommes élevés dans la
haine des principes essentiels de la
Révolution ?
Quel que soit le mode de révision
de la loi Falloux, cette révision s’im
pose : c’est cette nécessité que le
Sénat et la Chambre ont proclamée
en principe et à laquelle le gouver
nement, qui est, du reste, une liberté
d’ordre spécial, comportant une ré
glementation, ne pouvant s’accorder
au premier venu, n’est pas en cause.
PUNCH
offert à M. Marais, maire , à l'occasion
de sa nomination de Chevalier de la
Légion d'Honneur.
Le samedi 15 mars, le Cercle Fran
klin était brillamment pavoisé pour
recevoir et fêter M. Marais, récem
ment nommé Chevalier de la Légion
d’honneur.
C’était une de ces réunions qui
rappellent le Banquet de Gambetta et
le Punch d’Antoine dans l’ancien
Elysée. La Salle Franklin était bon
dée et bon nombre de souscripteurs
ne purent s’asseoir aux tables, faute
de place.
Toutes les notabilités de la place se
trouvaient là mêlées un peu partout
au milieu du public, la table d’hon
neur ne pouvant contenir qu’un cer
tain nombre.
M. Mastier, préfet de la Seine-
Inférieure. présidait ayant, d’un côté,
M. Marais, de l’autre, M. le docteur
Fauvel.
A neuf heures, au moment oùM. le
préfet prenait place au bureau, les
trois musiques qui avaient tenu à
prêter leur précieux concours à cette
cérémonie : la Musique de la Douane ,
le Cercle Musical Havrais et Y Harmonie
Maritime , ont entonné la « Marseil
laise », que l’assistance a écoutée de
bout.
L’hymne national terminé, M. le
docteur Eauvel, s’approchant de M.
Marais, lui a, en sa qualité de délé
gué de M. le Grand-Chancelier de la
Légion d’honneur, remis officiellement
la Croix de la Légion d’honneur et
lui a donné l’accolade.
II prononce ensuite un discours que
le manque de place nous empêche de
reproduire, mais que la salle entière
a frénétiquement applaudi.
Puis, la Musique de la Douane exécute
un allegro.
C’est au tour du préfet de prendre
la parole. Il prononce un discours
tout à l’éloge deM. Marais et termine
j par un toast au président de la Répu-
I
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Mars 1902.
PRIX MS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
1 5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
rue gasimir-périer,
Secrétaire de la Rédaction. ... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
15
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
QUESTION
DE PERSONNES
L’œuvre du Comité Central
et du « Petit Havre. —
Les frères ennemis.
— Absence de
principes.
Un grand nombre de nos amis
politiques, et aussi quelques-uns de
nos concitoyens appartenant à une
nuance de l’opinion républicaine qui
n’est pas la nôtre, ont bien voulu
féliciter le Réveil du dernier article
qu’il a publié sur la façon dont
s’engage au Havre la campagne
électorale.
A vrai dire, nous ne sommes pas
surpris de ces adhésions, ayant es
sayé pour notre part de nous déga
ger de toutes préoccupations per
sonnelles et de n’envisager que les
principes, ce qui est un procédé sans
doute plus honnête que les autres.
11 était urgent, en effet, avant de
prendre parti dans la lutte, de bien
établir les positions respectives des
divers groupements politiques. Et,
tout d’abord, un fait saute aux yeux
et s’impose à l’attention de tous
ceux que préoccupent les élections !
Comment se fait-il que le Coynité
Central qui a sans cesse patronné
dans notre ville des hommes connus
par leurs opinions anti-démocrati
ques, — qui, aux élections munici
pales de 1900, a fait alliance avec les
Comités conservateurs et même
avec les hommes de la Croix , effec
tue, quelques semaines avant les
élections, une subite volte-face, et
combatte aujourd’hui M. Rispal,
après l’avoir soutenu en 1897 et
en 1898.
Comment se fait-il, et c’est là le
second point de vue d’une même
question, que le Petit Havre , organe
meiiniste et nationaliste pendant la
période 1897-1901, pour ne pas re
monter plus haut, essaie de renier
aujourd’hui toute sa politique et,
devenu subitement ministériel, ar
bore, pour les besoins de la cause,
un programme ou il plagie celui
des démocrates qu’il a combattus
avec plus d'acharnement que de
bonne foi ?
Il semble qu’avant d’accomplir
cette évolution. Comité et journal
eussent dû, dans une mesure que
comportait la plus simple politesse,
faire leur mea culpa de leur triste
besogne anti-démocratique, et ma
nifester leur repentir.
Certes, nul de nous n’exigera de
MM. Génestal, Persac, Bricka, Fé-
noux, etc., qui sont plus ou moins
responsables, à des titres divers, de
ce recul de l’opinion républicaine,
qu’ils aillent en chemise, la corde au
cou et un cierge de dix livres à la
main, faire publiquement amende
honorable et confesser leurs péchés
de mélinisme et de réaction.
Mais ces Messieurs n’agiraient-ils
pas avec une certaine prudence en
gardant jusqu’à nouvel ordre, —
le plus longtemps serait le mieux (
pour la République, — le plus com
plet silence, en laissant à leurs ad
versaires, décidément plus avisés
qu'eux, le soin de réparer le mal
causé par leur parti-pris et leurs
défaillances républicaines ?
Mais non! Il est décidément des
électeurs chez lesquels la politique
produit un prurit spécial. Plutôt que
de ne rien faire en période électo
rale, vous les verrez s’agiter déses
pérément, renier leurs opinions de
la veille, encombrer le champ de
bataille de leurs gestes déréglés, et
tomber au besoin à bras raccourcis
sur leurs amis.
Ne feraient-ils pas mieux de res
ter tranquillement chez eux, surtout
quand, ainsi que l’expérience l’a
démontré, leur activité maladroite
a été déjà funeste à leurs conci
toyens ?
Ce que nous en disons n’est pas
pour les convaincre. Nous savons
que le siège des stratèges du Co
mité Central est fait, et qu’ils n’hé
siteront pas au besoin à combattre
avec leur violence coutumière le
candidat qu’ils soutenaient hier et
qui a cessé de plaire.
Ce n’est donc pas à eux que nous
nous adressons, mais à nos amis
politiques, et aussi à ceux qui, indé
pendants de toutes attaches, cher
chent à se faire une opinion en
s’inspirant de l’intérêt public, et nous
leur disons :
« On vous a déjà trompés plusieurs
fois ! Mais aujourd’hui, la mesure
des palinodies courantes est vrai
ment dépassée !
« Les principes dont on se réclame
dans certains milieux ne sont que
des arguments de parade. Il ne
s’agit pas pour le Comité Central ni
pour le Petit Havre de défendre la
République, ni d’assurer la réalisa
tion de ces réformes que vous atten
dez depuis si longtemps.
« Il ne s’agit pas davantage de
défendre les intérêts matériels, les
besoins économiques de notre ville
et de notre port. Si Le Havre péri
clite, demandez des comptes au
Petit Havre et aux dirigeants du
Comité central dont les hommes
sont, depuis de longues années, vos
représentants àii Parlement. Et
comparez l’influence du Havre en
haut lieu à celle de Marseille, ville
représentée par des radicaux et des
socialistes. Et concluez !
« Il n’y a dans toute cette affaire
électorale, qu’une question, une
seule, sachez-le bien : Comité cen
tral et Petit Havre ont à caser un
homme politique en retrait d’emploi,
et dont ils sont plus ou moins les
obligés. De là toute cette activité
que l’on déploie, de là ces [comités
frais éclos, d’alliance républicaine,
radical..., etc..., que l’on crée et que
l’on créera au besoin pour tromper
les naïfs.
Un de nos amis nous disait ré-
« cemment : « SiM. Siegfried avait
«' su conserver son siège au Sénat,
« croyez-vous donc que lui et ses
« nommer à la Chambre, essaie-
« raient de le dévisser de son siège
« de député ? Pas le moins du mon-
« de. Ils ont au fond les mêmes
« idées qu’ils ont acquises dans une
« longue collaboration politique,
< dans un égal mépris pour tout ce
« qui est réforme démocratique.
« Vous les verriez toujours amis
« comme..... opportunistes. Ribot
« serait leur Dieu et Méline leur
« prophète ! Simple question de
« personne, n’en doutez pas'... »
Notre ami avait raison. Et beau
coup d’électeurs pensent comme lui,
si nous nous en rapportons au courant
qui s’établit très nettement dans les
rangs du corps électoral havrais.
C’est là, il faut le reconnaître, un
sentiment de défiance très légitime
chez nos concitoyens. Ils ne man
queront pas, le moment venu, de
poser des questions indiscrètes sur
ce point aux candidats en présence.
Cela fera tomber certains masques.
Un Démocrate.
VOTE.DE SURPRISE
Ce qu’il y a de plus répugnant dans
le vote par lequel les députés ont
décidé de prolonger de deux ans le
mandat qu’ils vont solliciter à nou
veau dans quelques semaines, ce n’est
pas tant le vote lui-même que la taçon
dont il a été obtenu.
Depuis 1870, c’est-à-dire depuis
l’élaboration des lois constitution
nelles qui ont organisé la troisième
République, la durée du mandat lé
gislatif n’avait pas varié ; le mode de
scrutin. avait été modifié à diverses
reprises; du scrutin d’arrondissement,
institué par l’Assemblée de Versailles,
on était passé, en 1885, au scrutin de
liste; puis, on était revenu, en 1889,
au scrutin d’arrondissement, apprécié
comme moyen de défense contre le
boulangisme. Mais, depuis vingt-sept
ans, le chiffre de quatre ans était
resté immuable. On pourrait même
dire, depuis trente et un ans, car, en
fait, l’Assemblée nationale de 1871 ne
dura guère plus de quatre années.
Il est vrai que la tradition n’a rien
ici de bien décisif. Le chiffre de qua
tre ans est arbitraire, comme l’est
celui de six. Il n’y a point de prin
cipe absolu qui limite à un laps de
temps quelconque la durée du mandat
politique. Ou plutôt, en fait de prin
cipe, il n’y en a qu’un, le principe de
droit civil qui veut que tout mandat
soit essentiellement révocable à la
volonté du mandant.
Mais, en fait, les quatre ans étaient
acceptés sans contestation ; aucun
courant d’opinion ne s’était manifesté
pour en demander la prolongation.
Depuis plusieurs mois, la Chambre
elle-même était saisie de plusieurs pro
positions concernant les lois électo
rales : aucune ne touchait la question
delà durée du mandat. La commis
sion compétente n’avait point pense
davantage à examiner ce projet déli
cat, sur lequel l’opinion publique
n’avait pas été mise à même de se
manifester.
A l’improviste, à propos de rema
niement territorial de quelques cir
conscriptions, la motion se produit,
et, après une courte discussion, se
trouve adoptée avec l’appui du gou
vernement. Le gouvernement, sans
rien dire à personne, s’était fait une
opinion et, la faisant connaître a la
dernière minute, a déterminé un vote |
regrettable et maladroit.
Quelques raisons qu’on puisse faire
valoir à l’appui du mandat de, six
ans, on n’ôterapas de l’idée des élec
teurs qu’on restreint leur droit en
prolongeant d’autorité les pouvoirs de
leurs mandataires, et que ce coup
d’autorité n’aurait pas ete execute
par surprise, s’il avait ete inspiré par
des mobiles purement desinteresses.
S. L.
LE SUCR E... ET L E SAVON
La campagne électorale est sinon
officiellement du moins virtuellement
ouverte pour le candidat du Petit
Havre. Aussi ne perd-il pas son
temps. . ‘ ..
11 paraît, en effet, si 1 on en croit
ce journal, que l’une des fractions du
Comité Central s’est réunie samedi
dernier, rue du Lycée, n° 17 (retenez
bien le numéro, la maison n’est pas
au coin du quai). Dans cette reunion
le susdit candidat du Petit Havic , in
vité par l’Assemblée à parler des ques
tions économiques à l’ordre du jour,
ne s’est nullement laissé tirer l’oreille
et avec la bonne grâce qui le carac
térise et la plus haute compétence en
la matière, il a traité la question des
sucres. A ”, .
Cette question parait etre du reste
l’article fondamental de son program
me, il a pensé avec raison que ce n est
pas avec du vinaigre quon attire les
électeurs et que le sucre était à juste
titre beaucoup plus qualifié pour cela.
Il lui faut donc le sucre à 30 centi
mes, six sous ; avec le sucre à six
sous, il peut avoir la quasi certitude
de réunir à sa candidature la presque
totalité des voix des moutards à la
culotte percée, dont la bannière flotte
au vent et dont le sucre d’orge et les
pommes de terre frites font les délices.
Je n’ai malheureusement pas voix
consultative au Comité Central, mais
l’estime que si à cette question du
sucre à six sous, son candidat consen
tait à joindre la non moins importante
question du savon, il pourrait aussi
compter avec la plus absolue certi
tude, et cela n’est pas à dédaigner par
le temps qui court, sur le vote de tou
tes les nourrices, car il faut bien le
reconnaître, ces deux questions reu
nies sont primordiales pour elles : le
sucre pour le petit noir, et le savon
pour le suppositoire.
Et avec ce programme bien déve
loppé, les candidats éventuels n’au
raient qu’à se bien tenir.
Clovis.
LA LIBERTÉ D’ENSEIGNEMENT
< Encore une liberté étranglée par
Waldeck-Rousseau, de complicité avec
Brisson », gémissent les libéraux ou
prétendus tels. La vérité est que
personne ne veut toucher à cette pré
cieuse liberté, qui crée la concur
rence et stimule les efforts ; on veut
seulement en régler l’exercice et
rétablir le droit commun.
L’enseignement libre joint de pri
vilèges qui doivent disparaître ; on
ne conçoit pas que son personnel soit
dispensé de posséder les grades exigés
des représentants de l’enseignement
de l’Etat.
Il n’est pas davantage admissible
que les institutions privées échappent
au contrôle du pouvoir, non seule
ment au point de vue de l’hygiène
matérielle, mais encore sous le rap
port de l’hygiène morale, c’est- à-dire
de l’enseignement lui-même et de
l’éducation. Quant aux conditions à
imposer aux candidats aux fonctions
de l’Etat, peut-on dire que ce soit
une atteinte à la liberté ?
N’est-ce pas le droit du pouvoir de
choisir ses représentants à son gré,
d’exiger d’eux certaines garanties, de
ne pas vouloir confier des emplois
publics à des hommes élevés dans la
haine des principes essentiels de la
Révolution ?
Quel que soit le mode de révision
de la loi Falloux, cette révision s’im
pose : c’est cette nécessité que le
Sénat et la Chambre ont proclamée
en principe et à laquelle le gouver
nement, qui est, du reste, une liberté
d’ordre spécial, comportant une ré
glementation, ne pouvant s’accorder
au premier venu, n’est pas en cause.
PUNCH
offert à M. Marais, maire , à l'occasion
de sa nomination de Chevalier de la
Légion d'Honneur.
Le samedi 15 mars, le Cercle Fran
klin était brillamment pavoisé pour
recevoir et fêter M. Marais, récem
ment nommé Chevalier de la Légion
d’honneur.
C’était une de ces réunions qui
rappellent le Banquet de Gambetta et
le Punch d’Antoine dans l’ancien
Elysée. La Salle Franklin était bon
dée et bon nombre de souscripteurs
ne purent s’asseoir aux tables, faute
de place.
Toutes les notabilités de la place se
trouvaient là mêlées un peu partout
au milieu du public, la table d’hon
neur ne pouvant contenir qu’un cer
tain nombre.
M. Mastier, préfet de la Seine-
Inférieure. présidait ayant, d’un côté,
M. Marais, de l’autre, M. le docteur
Fauvel.
A neuf heures, au moment oùM. le
préfet prenait place au bureau, les
trois musiques qui avaient tenu à
prêter leur précieux concours à cette
cérémonie : la Musique de la Douane ,
le Cercle Musical Havrais et Y Harmonie
Maritime , ont entonné la « Marseil
laise », que l’assistance a écoutée de
bout.
L’hymne national terminé, M. le
docteur Eauvel, s’approchant de M.
Marais, lui a, en sa qualité de délé
gué de M. le Grand-Chancelier de la
Légion d’honneur, remis officiellement
la Croix de la Légion d’honneur et
lui a donné l’accolade.
II prononce ensuite un discours que
le manque de place nous empêche de
reproduire, mais que la salle entière
a frénétiquement applaudi.
Puis, la Musique de la Douane exécute
un allegro.
C’est au tour du préfet de prendre
la parole. Il prononce un discours
tout à l’éloge deM. Marais et termine
j par un toast au président de la Répu-
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