Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1902 01 mars 1902
Description : 1902/03/01 (N305). 1902/03/01 (N305).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32635041
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année—f 305.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi I er Mars 1902.
;i
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Nos anciens Députés
Dans quelques semaines, nos
« élus » d’aujourd’hui et ceux qui
rêvent de les supplanter, brigue
ront les suffrages de leurs < chers
électeurs », et leur chanteront :
Aux urnes, citoyens...
le sourire aux lèvres, avec un petit
air engageant et prometteur. Mais,
le suffrage universel est ondoyant
et divers... Combien parmi ceux qui
légifèrent actuellement au Palais-
Bourbon reviendront siéger? C’est
le secret de l’avenir.
Le journalisme mène à tout... à
la condition d’en sortir, a écrit un
humoriste philosophe.
La députation aussi, mais à la
condition de n’en pas sortir trop
vite... Autrement, ça ne mène à
rien.
La Revice des Revues nous l’ap
prenait dernièrement. Elle a voulu
savoir ce que sont devenus les an
ciens députés qui eurent, dans des
législatures précédentes, quelque
notoriété. D’après son enquête, si
un certain nombre d’ex-honorables
ont trouvé d’heureuses compensa
tions dans des charges lucratives,
les autres, ceux qui ne sont ni mé
decins, ni avocats, ont dû. accepter
des emplois variés pour gagner leur
vie ou charmer leurs trop longs
loisirs.
Veut-on quelques détails ?
Côté des boulangistes. — M. Na-
quet, rentré dans la vie privée, pu
blie do temps à autre un livre qu’on
ne lit pas; M. Laisant est professeur
à Polytechnique; M. Francis Laur
dirige L’Echo des Min s et une
maison d’édition ; M. Laguerre
plaide dans tous les coins de la
France; M. Maurice Barrés écrit
des romans ; M. Mermeix, attaché
à la maison Werner et Beit, s’oc
cupe de mines d’or M. Turquet est
franciscain comme M. de Susini ;
un autre qu’on ne nomme pas donne
des leçons de piano.
Côté des socialistes. — MM.
Jaurès et Jules Guesde sont rentrés
dans le journalisme ; M. Chauvin
manoeuvre le peigne et le rasoir,
comme devant ; M. Faberot donne
le dernier coup de fer à ses chapeaux;
M. Franconie est secrétaire de Mai
rie ; M. Lachize, plus pratique, jouit
d’un bureau de tabac.
Un parlementaire qui fut député
du Centre s’est retiré dans lesVosges.
Il y vit en ermite sans autre com
pagnie que celle de trois chèvres ; il
étudie les astres, tel un pasteur de
l’antique Chaldee, pour savoir, sans
doute, si son étoile qui a pâli brillera
un de ces jours d’un nouvel éclat et
s’il sera réélu dans un temps pro
chain. Un autre, le docteur Jules
Carret, dégoûté de la politique et
de la médecine, las d’explorer les
cavernes de ses clients, s’est décidé
à en habiter une — pas pulmonaire
celle-là ! — Il habite en solitaire la
grotte de la Doriaz en Savoie.
Un ancien député de la Seine, qui
fut à l’époque des décrets, l’un des
plus fidèles aides de camp de Jules
Ferry dans sa campagne anticléri
cale, est aujourd’hui chez les Jésuites
de Beyrouth.
Un autre, le chef adorné d’une
casquette galonnée d’interprète,
remplit dans un hôtel de Montevideo
cette fonction, honorable certes,
mais modeste, oh combien! Un de
ses collègues, jadis représentant de
l’Auvergne vend, dans une ville du
Sud-Ouest, de la moutarde, des
pruneaux, des pots de crème —
commerce qui vaut bien celui des
pots de vin ! Un autre encore, c’est
le moins bien partagé*, tient pour
125 francs par mois les écritures
d’une agence d’émigration italienne.
Enfin, quelques-uns sont allés
échouer dans des maisons de santé.
Ce sont les plus à plaindre. Alors
qu’à la Chambre ils n’avaient jamais
ouvert la bouche que pour bailler,
ils voient, par la seule puissance de
leur imagination vagabonde, leurs
collègues voter l’affichage de tous
leurs discours, les journalistes célé
brer leur talent, les foules empres
sées les acclamer... Ils ne furent
que députés, ils se croient président
du Conseil ou tout au moins mi
nistres ! A coup sûr, ce sont les plus
heureux. Mais les autres ?...
Marc Langlais.
SC3S»—
LA LOI FALLOUS
Jugée par Victor Hugo
Le 15 janvier 1850, celui dont la
France entière glorifiait, le 26 février,
la mémoire, prit la parole à l’Assem
blée Nationale, et fit connaître sa
pensée sur la loi Falloux, qu’aujour-
d’hui seulement, c'est-à-dire au bout
de cinquante-deux ans, la Chambre
des députés et le Sénat s’apprêtent
enfin à faire disparaître.
C’est dans ce discours que Victor
Hugo rompit définitivement avec les
droites et s’attira les haines éternelles
du parti clérical.
Jamais orateur politique ne carac
térisa d’une verve plus incisive cette
loi :
« .. .Je m’adresse au parti qui a,
sinon rédigé, du moins inspiré le
projet de loi, à ce parti à la fois éteint
et ardent, au parti clérical... Et je
lui dis : cette loi est votre loi... Or
votre loi est une loi qui a un masque.
Elle dit une chose et en ferait une
autre. C’est une pensée d’asservisse
ment qui prend les allures de la li
berté. C’est une confiscation intitulée
donation. Je n’en veux pas. (Applau
dissements à gauche). C’est votre ha
bitude. Quand vous forgez une chaîne,
vous dites : voici une liberté ! Quand
vous faites une proscription, vous
criez : voici une amnistie ! ( Nouveaux
applaudissements).
« Ah! nous vous connaissons ! nous
connaissons le parti clérical. C’est un
vieux parti qui a des états de services.
[On rit). C’est lui qui monte la garde
à la porte de l'orthodoxie. (On rit).
C est lui qui a trouvé pour la vérité
ces deux états merveilleux, l’igno
rance et l’erreur. C’est lui qui fait
défense à la science et au génie d’aller
au-delà du missel et qui veut cloîtrer
la pensée dans le dogme. Tous les
pas qu’a faits l’intelligence de l’Eu
rope, elle les a faits malgré lui. Son
histoire est écrite dans l’histoire du
progrès humain, mais elle est écrite
au verso. (Sensation). Il s’est opposé à
tout. (On rit).
« C’est lui qui ,1 fait battre de
verges Prinelli pour avoir dit que les
étoiles ne tomberaient pas. C’est lui
qui a appliqué Campanella à sept fois
a la question pour avoir affirmé que
le nombre des mondes était infini et
entrevu le secret de la création. C’est
lui qui a persécuté Harvey pour avoir
prouvé que le sang circulait. De par
Josué, il a enfermé Galilée ; de par
saint Paul, il a emprisonné Christophe
Colomb. ( Sensation ). Découvrir la loi
du ciel, c’était une impiété ; trouver
un monde, c’était une hérésie. (Très
bien! Très bien!) C’est lui qui a ana-
thématisé Pascal au nom de la reli
gion, Montaigne au nom delà morale,
Molière au nom de la morale et de la
religion. ( Très bien ! Très bien !) Oh !
oui, certes, qui que vous soyez, qui
vous appelez le parti catholique et
qui êtes le parti clérical, nous vous
connaissons. Yoilà longtemps déjà que
la conscience humaine se révolte
contre Vous et vous demande : Qu’est-
ce que vous me voulez ? Yoilà long
temps déjà que vous essayez de mettre
un bâillon à l’esprit humain. ( Accla
mations à gauche).
« Et vous voulez être les maîtres
de l’enseignement ! Et il n’y a pas un
poète, pas un écrivain, pas un phi
losophe, pas un penseur, que vous
acceptiez ! Et tout ce qui a été écrit,
trouvé, rêvé, déduit, illuminé, ima
giné, inventé par les génies, le trésor
de la civilisation, l’héritage séculaire
dès générations, le patrimoine com
mun des intelligences, vous le rejetez !
Si le cerveau de l’humanité était là
devant vos yeux, à votre discrétion,
ouvert comme la page d'un livre,
vous y feriez des ratures! (Oui! Oui!)
Convenez-en ! (Mouvement prolongé). »
On n’a rien dit, à aucun moment,
de plus décisif ni de plus précis contre
le cléricalisme.
Ce discours sur la loi Falloux est
certainement le plus vibrant, le plus
splendide, le plus audacieux que
Yictor Hugo ait jamais prononcé.
(Extrait du Lannionnais).
LE BLOG RÉPUBLICAIN
Les représentants des trois groupes
radicaux de la Chambre : groupe
radical-socialiste, gauche démocrati
que, union progressiste, se sont réunis
au Palais-Bourbon. Ils ont approuvé
l’idée que nous avons signalée et dont
l’initiative est due à M. Maurice
Faure, défaire l’union des troisgroupes
eu vue des élections.
Après une discussion à laquelle ont
pris part MM. Sarrien, Henri Ricard,
Gouzy, Alexandre Bérard et Guille
met, les délégués ont adhéré à la pro
position qui leur était soumise et ont
chargé M. Alexandre Bérard de la
rédaction d’un projet d’adresse au
pays « exprimant le programme mi
nimum des groupes de gauche et pré
conisant l’entente entre tous les répu
blicains démocrates, quelle que soit
leur nuance, sur le terrain des prin
cipes démocratiques et de là politique
anticléricale, nettement et résolument
réformatrice ».
Ce manifeste sera soumis aux trois
groupes radicaux et présenté à la
signature de leurs membres qui se
solidariseraient ainsi devant le suf
frage universel.
LES BLEUS DE BRETAGNE
Dans leur assemblée générale tenue
à l’hôtel des Sociétés savantes à Paris,
sous la présidence de M. Guiyesse,
député du Morbihan, les Bleus de Bre
tagne ont voté le vœu et l’adresse
qui suivent :
« Que tous les membres du comité
« des Bleus j à quelque nuance de
« l’opinion républicaine qu’ils appar-
« tiennent, s’engagent formellement à
oc soutenir le Gouvernement de dé
co fense républicaine dans sa lutte
oc contre l’envahissement clérical.
« L’association des Bleus n’a pas sa
« raison d’être si elle n’est pas nette-
« ment, franchement anticléricale, et
oc si tous les membres qui la consti-
< tuent, parlementaires et autres, ne
« s’unissent pas, dans la plus étroite
oc intimité, pour faire face à l’éternel
« adversaire avec lequel (nous l’avons
oc trop cruellement expérimenté) il
« n’est plus de transaction possible).
Ce vœu est adopté à mains levées,
ainsi que l’adresse suivante :
ADRESSE AU GOUVERNEMENT
« Les Bleus de Bretagne , réunis en
oc assemblée générale le 15 février
« 1902, adressent leurs félicitations
« au Gouvernement et au président
« du Conseil, leur compatriote, M.
« Waldeck-Rousseau, pour leur adhé-
cc sion au principe de la proposition
« Brisson relative à l’abrogation de
oc la loi Falloux. »
Réponse de
Monsieur DUCHEMIN
Le Radical socialiste ayant annoncé
que M. René Duchemin serait candi
dat aux élections législatives, dans la
l rc circonscription, nous avons ac
cueilli cette information avec une cer
taine incrédulité, et publié les lignes
suivantes, à cet égard, dans notre
dernier numéro :
« Un de nos confrères prête à M.
« René Duchemin l’intention de briguer
« les suffraves des électeurs. »
L’appréciation d’une information,
comme celle des chances d’une can
didature, est un droit qui appartient
à tout le monde, et ce droi appartient,
d’une manière plus imprescriptible
encore, à ceux auxquels un candidat,
même éventuel, doitles fonctions qu’il
occupe actuellement.
Or, M. Duchemin, tout récemment
arrivé dans notre ville, doit son man
dat au Comité républicain démocra
tique, et c’est dans ces colonnes mê
mes que son élection au Conseil mu
nicipal fut soutenue contre ses dé-
tracteurs.
Mais de l’Hôtel de Yille à la Cham
bre des députés il y a tout un monde !
C’est pourquoi nous ajoutions :
« Est-ce une plaisanterie ? Nous ne
« pensons pas que M. Duchemin, dont
« les chances sont nu lies, se fourre dans
«un guêpier: nous le croyons trop
« avisé pour cela. Nous ne pensons pas,
« non plus, qu’il veuille servir d'homme
« de paille pour favoriser un plan quel-
« conque. Cela ne conviendrait pas à la
« dignité des fonctions qu’il occupe.
« Nous sommes persuadés qu’il démen-
« tira dans notre sens. »
Nous pensions juste ; en effet, nous
recevons de M. Duchemin le démenti
suivant :
Havre, le 26 février 1902.
Monsieur le Rédacteur en chef du
Réveil du Havre :
Monsieur,
Un ami me communique le numéro
de votre feuille datée du 22 courant.
Libre à vous de considérer comme
nulles les chances de ma candidature
éventuelle , cela m’indiffère absolument
et pourtant j’en aurais une bien sé
rieuse d’être combattu par vous ; mais
par contre, ce que je ne saurais tolé
rer, c’est l’insinuation jésuitique, même
atténuée, qui voudrait me faire jouer
le rôle d’homme de pailte , on oublie de
dire au profit de qui; rien, en efîet,
dans mes idées J mes actes , mon carac
tère, n’autorise l’ombre d’une suspicion
à cet égard, et j’adresse, ainsique vous
semblez le demander, le démenti le plus
formel à l’auteur anonyme-de cette jolie
découverte en lui renvoyant le qualifi
catif, à juste titre.
Hélas, il est des gens qui voient du
« Jésuite » partout, comme il est
d’autres malheureux hantés par la
folie des grandeurs ou de la persécu
tion.
Certes, les Jésuites sont un fléau
qu’on retrouve dans toutes les reli
gions, et pour les combattre nous
sommes avec M. Duchemin : nous le
savons anti-clérical ut nous rendons
un juste hommage à cette « vertu »
très développée chez lui ! A elle seule,
malheureusement, elle ne comporte
pas un programme politique, écono
mique et social.
Enfin, de ce démenti, il résulte :
1° Que l’honorable adjoint est sim
plement candidat éventuel ;
2° Que ses idées , ses actes et son ca
ractère ne lui permettraient jamais de
jouer tin rôle d’homme de paille y nous
allions plus loin encore en disant que
cela ne conviendrait même pas à la
dignité des fonctions qu’il occupe !
Nous regrettons que, par la formule
comminatoire qui suit, l'honorable
candidat éventuel nous ait obligé de
publier une page épistolaire que nous
aurions, autrement, aussitôt détruite,
dans son intérêt même :
Je vous serai obligé, conformément
au droit que me confère la loi du 29
juillet 1881, d’insérer cette rectification
dans votre plus prochain numéro.
Je vous salue, Monsieur, bien sincè
rement.
René Duchemin.
En résumé, M. Duchemin n’a pas
compris : c’est ce qui l’a conduit à
envoyer, sous forme de rectification,
une véritable confirmation.
Nous nous y attendions bien lors
que nous écrivions : « Nous sommes
persuadés qu’il démentira dans notre
sens ».
———-- .
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
On nous prie d'insérer la commu
nication suivante ;
Républicaine Socialiste du Havre
(adhérent au Parti Socialiste Français
et à la Fédération Socialiste de la
Seine-Inférieure), ont, à Tunanimité,
décidé de présenter dans la première
circonscription du Havre la candida
ture du citoyen A. Philippe, ouvrier
typographe, ancien conseiller muni
cipal de Sanvic.
« Le Secrétaire de T Union socialiste,
Albert Martin. »
J
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi I er Mars 1902.
;i
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Nos anciens Députés
Dans quelques semaines, nos
« élus » d’aujourd’hui et ceux qui
rêvent de les supplanter, brigue
ront les suffrages de leurs < chers
électeurs », et leur chanteront :
Aux urnes, citoyens...
le sourire aux lèvres, avec un petit
air engageant et prometteur. Mais,
le suffrage universel est ondoyant
et divers... Combien parmi ceux qui
légifèrent actuellement au Palais-
Bourbon reviendront siéger? C’est
le secret de l’avenir.
Le journalisme mène à tout... à
la condition d’en sortir, a écrit un
humoriste philosophe.
La députation aussi, mais à la
condition de n’en pas sortir trop
vite... Autrement, ça ne mène à
rien.
La Revice des Revues nous l’ap
prenait dernièrement. Elle a voulu
savoir ce que sont devenus les an
ciens députés qui eurent, dans des
législatures précédentes, quelque
notoriété. D’après son enquête, si
un certain nombre d’ex-honorables
ont trouvé d’heureuses compensa
tions dans des charges lucratives,
les autres, ceux qui ne sont ni mé
decins, ni avocats, ont dû. accepter
des emplois variés pour gagner leur
vie ou charmer leurs trop longs
loisirs.
Veut-on quelques détails ?
Côté des boulangistes. — M. Na-
quet, rentré dans la vie privée, pu
blie do temps à autre un livre qu’on
ne lit pas; M. Laisant est professeur
à Polytechnique; M. Francis Laur
dirige L’Echo des Min s et une
maison d’édition ; M. Laguerre
plaide dans tous les coins de la
France; M. Maurice Barrés écrit
des romans ; M. Mermeix, attaché
à la maison Werner et Beit, s’oc
cupe de mines d’or M. Turquet est
franciscain comme M. de Susini ;
un autre qu’on ne nomme pas donne
des leçons de piano.
Côté des socialistes. — MM.
Jaurès et Jules Guesde sont rentrés
dans le journalisme ; M. Chauvin
manoeuvre le peigne et le rasoir,
comme devant ; M. Faberot donne
le dernier coup de fer à ses chapeaux;
M. Franconie est secrétaire de Mai
rie ; M. Lachize, plus pratique, jouit
d’un bureau de tabac.
Un parlementaire qui fut député
du Centre s’est retiré dans lesVosges.
Il y vit en ermite sans autre com
pagnie que celle de trois chèvres ; il
étudie les astres, tel un pasteur de
l’antique Chaldee, pour savoir, sans
doute, si son étoile qui a pâli brillera
un de ces jours d’un nouvel éclat et
s’il sera réélu dans un temps pro
chain. Un autre, le docteur Jules
Carret, dégoûté de la politique et
de la médecine, las d’explorer les
cavernes de ses clients, s’est décidé
à en habiter une — pas pulmonaire
celle-là ! — Il habite en solitaire la
grotte de la Doriaz en Savoie.
Un ancien député de la Seine, qui
fut à l’époque des décrets, l’un des
plus fidèles aides de camp de Jules
Ferry dans sa campagne anticléri
cale, est aujourd’hui chez les Jésuites
de Beyrouth.
Un autre, le chef adorné d’une
casquette galonnée d’interprète,
remplit dans un hôtel de Montevideo
cette fonction, honorable certes,
mais modeste, oh combien! Un de
ses collègues, jadis représentant de
l’Auvergne vend, dans une ville du
Sud-Ouest, de la moutarde, des
pruneaux, des pots de crème —
commerce qui vaut bien celui des
pots de vin ! Un autre encore, c’est
le moins bien partagé*, tient pour
125 francs par mois les écritures
d’une agence d’émigration italienne.
Enfin, quelques-uns sont allés
échouer dans des maisons de santé.
Ce sont les plus à plaindre. Alors
qu’à la Chambre ils n’avaient jamais
ouvert la bouche que pour bailler,
ils voient, par la seule puissance de
leur imagination vagabonde, leurs
collègues voter l’affichage de tous
leurs discours, les journalistes célé
brer leur talent, les foules empres
sées les acclamer... Ils ne furent
que députés, ils se croient président
du Conseil ou tout au moins mi
nistres ! A coup sûr, ce sont les plus
heureux. Mais les autres ?...
Marc Langlais.
SC3S»—
LA LOI FALLOUS
Jugée par Victor Hugo
Le 15 janvier 1850, celui dont la
France entière glorifiait, le 26 février,
la mémoire, prit la parole à l’Assem
blée Nationale, et fit connaître sa
pensée sur la loi Falloux, qu’aujour-
d’hui seulement, c'est-à-dire au bout
de cinquante-deux ans, la Chambre
des députés et le Sénat s’apprêtent
enfin à faire disparaître.
C’est dans ce discours que Victor
Hugo rompit définitivement avec les
droites et s’attira les haines éternelles
du parti clérical.
Jamais orateur politique ne carac
térisa d’une verve plus incisive cette
loi :
« .. .Je m’adresse au parti qui a,
sinon rédigé, du moins inspiré le
projet de loi, à ce parti à la fois éteint
et ardent, au parti clérical... Et je
lui dis : cette loi est votre loi... Or
votre loi est une loi qui a un masque.
Elle dit une chose et en ferait une
autre. C’est une pensée d’asservisse
ment qui prend les allures de la li
berté. C’est une confiscation intitulée
donation. Je n’en veux pas. (Applau
dissements à gauche). C’est votre ha
bitude. Quand vous forgez une chaîne,
vous dites : voici une liberté ! Quand
vous faites une proscription, vous
criez : voici une amnistie ! ( Nouveaux
applaudissements).
« Ah! nous vous connaissons ! nous
connaissons le parti clérical. C’est un
vieux parti qui a des états de services.
[On rit). C’est lui qui monte la garde
à la porte de l'orthodoxie. (On rit).
C est lui qui a trouvé pour la vérité
ces deux états merveilleux, l’igno
rance et l’erreur. C’est lui qui fait
défense à la science et au génie d’aller
au-delà du missel et qui veut cloîtrer
la pensée dans le dogme. Tous les
pas qu’a faits l’intelligence de l’Eu
rope, elle les a faits malgré lui. Son
histoire est écrite dans l’histoire du
progrès humain, mais elle est écrite
au verso. (Sensation). Il s’est opposé à
tout. (On rit).
« C’est lui qui ,1 fait battre de
verges Prinelli pour avoir dit que les
étoiles ne tomberaient pas. C’est lui
qui a appliqué Campanella à sept fois
a la question pour avoir affirmé que
le nombre des mondes était infini et
entrevu le secret de la création. C’est
lui qui a persécuté Harvey pour avoir
prouvé que le sang circulait. De par
Josué, il a enfermé Galilée ; de par
saint Paul, il a emprisonné Christophe
Colomb. ( Sensation ). Découvrir la loi
du ciel, c’était une impiété ; trouver
un monde, c’était une hérésie. (Très
bien! Très bien!) C’est lui qui a ana-
thématisé Pascal au nom de la reli
gion, Montaigne au nom delà morale,
Molière au nom de la morale et de la
religion. ( Très bien ! Très bien !) Oh !
oui, certes, qui que vous soyez, qui
vous appelez le parti catholique et
qui êtes le parti clérical, nous vous
connaissons. Yoilà longtemps déjà que
la conscience humaine se révolte
contre Vous et vous demande : Qu’est-
ce que vous me voulez ? Yoilà long
temps déjà que vous essayez de mettre
un bâillon à l’esprit humain. ( Accla
mations à gauche).
« Et vous voulez être les maîtres
de l’enseignement ! Et il n’y a pas un
poète, pas un écrivain, pas un phi
losophe, pas un penseur, que vous
acceptiez ! Et tout ce qui a été écrit,
trouvé, rêvé, déduit, illuminé, ima
giné, inventé par les génies, le trésor
de la civilisation, l’héritage séculaire
dès générations, le patrimoine com
mun des intelligences, vous le rejetez !
Si le cerveau de l’humanité était là
devant vos yeux, à votre discrétion,
ouvert comme la page d'un livre,
vous y feriez des ratures! (Oui! Oui!)
Convenez-en ! (Mouvement prolongé). »
On n’a rien dit, à aucun moment,
de plus décisif ni de plus précis contre
le cléricalisme.
Ce discours sur la loi Falloux est
certainement le plus vibrant, le plus
splendide, le plus audacieux que
Yictor Hugo ait jamais prononcé.
(Extrait du Lannionnais).
LE BLOG RÉPUBLICAIN
Les représentants des trois groupes
radicaux de la Chambre : groupe
radical-socialiste, gauche démocrati
que, union progressiste, se sont réunis
au Palais-Bourbon. Ils ont approuvé
l’idée que nous avons signalée et dont
l’initiative est due à M. Maurice
Faure, défaire l’union des troisgroupes
eu vue des élections.
Après une discussion à laquelle ont
pris part MM. Sarrien, Henri Ricard,
Gouzy, Alexandre Bérard et Guille
met, les délégués ont adhéré à la pro
position qui leur était soumise et ont
chargé M. Alexandre Bérard de la
rédaction d’un projet d’adresse au
pays « exprimant le programme mi
nimum des groupes de gauche et pré
conisant l’entente entre tous les répu
blicains démocrates, quelle que soit
leur nuance, sur le terrain des prin
cipes démocratiques et de là politique
anticléricale, nettement et résolument
réformatrice ».
Ce manifeste sera soumis aux trois
groupes radicaux et présenté à la
signature de leurs membres qui se
solidariseraient ainsi devant le suf
frage universel.
LES BLEUS DE BRETAGNE
Dans leur assemblée générale tenue
à l’hôtel des Sociétés savantes à Paris,
sous la présidence de M. Guiyesse,
député du Morbihan, les Bleus de Bre
tagne ont voté le vœu et l’adresse
qui suivent :
« Que tous les membres du comité
« des Bleus j à quelque nuance de
« l’opinion républicaine qu’ils appar-
« tiennent, s’engagent formellement à
oc soutenir le Gouvernement de dé
co fense républicaine dans sa lutte
oc contre l’envahissement clérical.
« L’association des Bleus n’a pas sa
« raison d’être si elle n’est pas nette-
« ment, franchement anticléricale, et
oc si tous les membres qui la consti-
< tuent, parlementaires et autres, ne
« s’unissent pas, dans la plus étroite
oc intimité, pour faire face à l’éternel
« adversaire avec lequel (nous l’avons
oc trop cruellement expérimenté) il
« n’est plus de transaction possible).
Ce vœu est adopté à mains levées,
ainsi que l’adresse suivante :
ADRESSE AU GOUVERNEMENT
« Les Bleus de Bretagne , réunis en
oc assemblée générale le 15 février
« 1902, adressent leurs félicitations
« au Gouvernement et au président
« du Conseil, leur compatriote, M.
« Waldeck-Rousseau, pour leur adhé-
cc sion au principe de la proposition
« Brisson relative à l’abrogation de
oc la loi Falloux. »
Réponse de
Monsieur DUCHEMIN
Le Radical socialiste ayant annoncé
que M. René Duchemin serait candi
dat aux élections législatives, dans la
l rc circonscription, nous avons ac
cueilli cette information avec une cer
taine incrédulité, et publié les lignes
suivantes, à cet égard, dans notre
dernier numéro :
« Un de nos confrères prête à M.
« René Duchemin l’intention de briguer
« les suffraves des électeurs. »
L’appréciation d’une information,
comme celle des chances d’une can
didature, est un droit qui appartient
à tout le monde, et ce droi appartient,
d’une manière plus imprescriptible
encore, à ceux auxquels un candidat,
même éventuel, doitles fonctions qu’il
occupe actuellement.
Or, M. Duchemin, tout récemment
arrivé dans notre ville, doit son man
dat au Comité républicain démocra
tique, et c’est dans ces colonnes mê
mes que son élection au Conseil mu
nicipal fut soutenue contre ses dé-
tracteurs.
Mais de l’Hôtel de Yille à la Cham
bre des députés il y a tout un monde !
C’est pourquoi nous ajoutions :
« Est-ce une plaisanterie ? Nous ne
« pensons pas que M. Duchemin, dont
« les chances sont nu lies, se fourre dans
«un guêpier: nous le croyons trop
« avisé pour cela. Nous ne pensons pas,
« non plus, qu’il veuille servir d'homme
« de paille pour favoriser un plan quel-
« conque. Cela ne conviendrait pas à la
« dignité des fonctions qu’il occupe.
« Nous sommes persuadés qu’il démen-
« tira dans notre sens. »
Nous pensions juste ; en effet, nous
recevons de M. Duchemin le démenti
suivant :
Havre, le 26 février 1902.
Monsieur le Rédacteur en chef du
Réveil du Havre :
Monsieur,
Un ami me communique le numéro
de votre feuille datée du 22 courant.
Libre à vous de considérer comme
nulles les chances de ma candidature
éventuelle , cela m’indiffère absolument
et pourtant j’en aurais une bien sé
rieuse d’être combattu par vous ; mais
par contre, ce que je ne saurais tolé
rer, c’est l’insinuation jésuitique, même
atténuée, qui voudrait me faire jouer
le rôle d’homme de pailte , on oublie de
dire au profit de qui; rien, en efîet,
dans mes idées J mes actes , mon carac
tère, n’autorise l’ombre d’une suspicion
à cet égard, et j’adresse, ainsique vous
semblez le demander, le démenti le plus
formel à l’auteur anonyme-de cette jolie
découverte en lui renvoyant le qualifi
catif, à juste titre.
Hélas, il est des gens qui voient du
« Jésuite » partout, comme il est
d’autres malheureux hantés par la
folie des grandeurs ou de la persécu
tion.
Certes, les Jésuites sont un fléau
qu’on retrouve dans toutes les reli
gions, et pour les combattre nous
sommes avec M. Duchemin : nous le
savons anti-clérical ut nous rendons
un juste hommage à cette « vertu »
très développée chez lui ! A elle seule,
malheureusement, elle ne comporte
pas un programme politique, écono
mique et social.
Enfin, de ce démenti, il résulte :
1° Que l’honorable adjoint est sim
plement candidat éventuel ;
2° Que ses idées , ses actes et son ca
ractère ne lui permettraient jamais de
jouer tin rôle d’homme de paille y nous
allions plus loin encore en disant que
cela ne conviendrait même pas à la
dignité des fonctions qu’il occupe !
Nous regrettons que, par la formule
comminatoire qui suit, l'honorable
candidat éventuel nous ait obligé de
publier une page épistolaire que nous
aurions, autrement, aussitôt détruite,
dans son intérêt même :
Je vous serai obligé, conformément
au droit que me confère la loi du 29
juillet 1881, d’insérer cette rectification
dans votre plus prochain numéro.
Je vous salue, Monsieur, bien sincè
rement.
René Duchemin.
En résumé, M. Duchemin n’a pas
compris : c’est ce qui l’a conduit à
envoyer, sous forme de rectification,
une véritable confirmation.
Nous nous y attendions bien lors
que nous écrivions : « Nous sommes
persuadés qu’il démentira dans notre
sens ».
———-- .
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
On nous prie d'insérer la commu
nication suivante ;
(adhérent au Parti Socialiste Français
et à la Fédération Socialiste de la
Seine-Inférieure), ont, à Tunanimité,
décidé de présenter dans la première
circonscription du Havre la candida
ture du citoyen A. Philippe, ouvrier
typographe, ancien conseiller muni
cipal de Sanvic.
« Le Secrétaire de T Union socialiste,
Albert Martin. »
J
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