Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-12-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 décembre 1901 14 décembre 1901
Description : 1901/12/14 (N294). 1901/12/14 (N294).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263493p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6 e Année — f 294.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi il Décembre 1901.
Réveil du Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES (ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
iiiiiiu ni ■■mw—ii—
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
1 B
Annonces
Réclames,
Prix des Insertions :
• * 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
GROUPE RÉPUBLICAIN DU 2 E CANTON
Election au Conseil d’Arrondissement du 22 Décembre 1901
Aug. MOREAU
Président du Syndicat des Maîtres d’Hôtels,
Restaurateurs, Limonadiers, etc.
CANDIDAT RÉPUBLICAIN DÉMOCRATE
ÉLECTION DO 2 e CANTON
Le groupe républicain du 2 e can
ton a désigné M. Moreau, l’hono
rable directeur del’< Hôtel de Nor
mandie », pour etre candidat au
Conseil d’arrondissement, en rem
placement de M. Bauzin.
Nous savons par suite de quelles
pressantes instances M. Moreau
s’est résigné à accepter la candida
ture. Le choix qui a été fait en sa
personne ne pouvait être meilleur.
Depuis près fde dix-huit ans, il ha
bite le deuxième canton, dont il
connaît tous les besoins. Mieux que
tout autre, l’intérêt du commerce
lui est familier. Et n’oublions pas
que, précisément, le collège # élec-
toral appelé à nommer un représen
tant est la partie de la ville la plus
commerçante, celle qui a le plus be
soin de sollicitude.
Travailleur lui-même, vraiment
fils de ses œuvres, M. Moreau saura
défendre avec cœur et énergie, les
travailleurs. Tous ceux qui l’ont
approché connaissent sa bienveil
lance, son urbanité sincère. On peut
dire sans crainte que, partout au
Havre, il ne rencontre que des
sympathies.
Né à Paris en 1853, il n’avait que
dix-sept ans, en 1870, quand la
guerre éclata.
Aux âmes bien nées,
La valeur n’attend pas le nombre des années.
Patriote convaincu, d’un patrio
tisme qui ne se paie pas que de mots,
Auguste Moreau s’engagea et prit
part à la défense de Paris.
Nous le retrouvons dans une im
portante maison de tissus de la ca
pitale dont il fut d’abord petit em
ployé et, ensuite, l’un des princi
paux collaborateurs.
Plus tard, à Rouen, intéressé dans
une maison de commission, les né
cessités des affaires Pobligèrent à
taire son tour de France. Dans ses
vovages, son intelligence ouverte
s’est formée un bagage de solides
connaissances.
Ayant suivi cette filière qui, de
l’apprenti fait un homme éclairé,
ouvriers, il a connu vos heures pé
nibles ; commerçants, il n’ignore
pas les nécessités des affaires, dont
il s’est pénétré.
De vieille date, nous avons su
l’apprécier ; depuis de nombreuses
années, il combat pour la cause dé
mocratique. Le quartier de St-Fran-
çois aura en lui un défenseur dé
voué.
M. Moreau, persuadé que les ré
jouissances publiques forment un
aliment appréciable pour le com
merce, est l’un des fondateurs de
la Société havraise des fêtes.
★
* ¥
Le Comité Central vient, au der
nier moment, d’opposer aux répu
blicains du deuxième canton, le nom
de M. Jamein. Celui-ci nous paraît
tien neuf, bien nouveau-né à la po
litique pour pouvoir contrecarrer la
candidature de M. Moreau.
La manœuvre du Comité Central
nous semble bien osée.
C’est, croyons-nous, avec entrain
que tous voteront, le 22 décembre,
pour l’honorable concitoyen dont
nous avons exposé les mérites.
LA RÉDACTION.
(Suite)
La discussion générale du budget
vient appuyer la thèse que je défends
dans ces quelques articles. Le mi
nistre des finances a montré la diffi
culté qui existe à faire tenir debout
notre système fiscal avec le régime
douanier. Il a touché du doigt l’illo
gisme de la méthode qui frappe plus
durement le pays dans les moments
de crise et qui appauvrit les finances
de l’Etat dans les années de grande
production. MM. Ribot et Méline
s’y mettent en mauvaise posture.
En réalité, si l’on voit bien les im
pôts directs que l’on acquitte, l’on
ne voit pas, ou l’on n’estime pas à
leur juste valeur, les impôts indirects
formidables que l’on solde par la
consommation. Presque toutes les
denrées alimentaires se trouvent
frappées et principalement les
objets de première nécessité par les
droits de régie, de douane et d’oc
troi, sans compter tous les retours
de bâton, dont le poids est écrasant.
Impôts sur le sel, le sucre, la bougie,
le vinaigre, etc., produits exclusi
vement nationaux. Droits de douane
sur le café, le cacao, le thé, etc.,
produits exotiques pour lesquels l’on
ne peut invoquer la légitime pro
tection, puisque notre sol ne les
offre pas. Et je ne cite que des
exemples. L’impôt indirect, pou
vons-nous dire, est l’art de vider
les poches du contribuable sans le (
faire crier. A ce jeu, on l’épuise, on
le ruine même.
Chaque jour, dans les milieux
capitalistes, on discute vigoureuse
ment contre le socialisme d’Etat.
On a bien tort. De fait, n’est-ce
pas du collectivisme d’Etat, et du
pins dangereux que le protection
nisme, que ce système des primes à
jet continu, ou l’on fait intervenir
les deniers de tous les citoyens.
Répudions ces fatales institutions
qui paralysent l’essor du commerce,
de l’industrie bien entendus, et qui,
individuellement, nous rendent la
vie matérielle plus dure. Elles sont
admirables, je le conçois, pour les
financiers qui, en se syndiquant,
suppriment le jeu de la concurrence,
spéculent sur toutes les denrées, en
augmentent le prix, et fondent, de
la sorte, des fortunes incalculables
sur le fruit de notre labeur. Ce col
lectivisme-là, ils l’ont adopté, parce
qu’il est organisé à leur profit.
Les taxes de consommation, com
me les droits de douane, c’est aussi,
pour leur richesse, un moyen d’é
chapper aux charges équitables d’un
impôt établi suivant les facultés,
comme il devrait être, et non sui
vant les besoins, comme il existe.
On n’apprécie pas non plus le
danger des taxes qui frappent la
production et qui restreignent l’ac
tivité nationale. Les patentes cons
tituent, en quelque sorte, un droit
au travail ; elles sont anti-démocra
tiques. Les différentes cotes, basées
sur des évaluations mobilières ou
immobilières, sont défectueuses. Un
notaire qui peut gagner annuelle
ment 30 ou 40,000 francs dans un
appartement composé de deux ou
trois pièces, paiera moins d’impôts
basés sur les signes extérieurs de
la richesse, qu’un meunier, par
exemple, qui aura besoin, pour
son industrie, de vastes moulins, de
hangars pour abriter son blé, de
magasins pour loger ses farines, de
chevaux et de voitures pour trans
porter celles-ci chez le boulanger.
Chacun de ses instruments de pro
duction aura soldé un impôt, parfois
énorme, pour un bénéfice anodin.
L’agriculteur est traité de même.
Il en résulte que certaines profes
sions sont devenues impossibles en
France.
*
* *
En conclusion, le moyen de lutter
contre les abus du capitalisme, ce
n’est pas, ainsi qu’on le propose,
de créer de nouveaux monopoles
d’Etat, pour lutter contre ceux des
particuliers. Nous savons, d’abord,
par expérience, que l’Etat fabrique
mal, à un prix fort élevé et qu’il ne
rétribue pas toujours ses agents les
plus modestes comme les plus utiles,
selon les règles de l’équité, tels sont
les employés des postes, pour ne
prendre qu’un exemple. Si on pro
pose de monopoliser les pétroles,
aujourd’hui; demain, il faudra se
livrer au même exercice sur les
sucres, sur le blé, l’orge ou l’avoine,
car les capitaux qui vivent d’acca
parement feront toujours de l’acca
parement, sur n’importe quelle ma
tière, tant qu’une juste barrière n’y
sera pas apportée.
Le remède consiste dans la refonte
complète du système budgétaire,
dans l’application d’un impôt unique
sur les revenus, devant se substi
tuer graduellement à tous les impôts
d’octroi, de douane, à toutes les dif
férentes taxes. Le petit rentier, le
petit propriétaire, le petit capita
liste même y trouveraient avantage.
Notre but n’est pas de capter les
fortunes, mais de faire cesser des
injustices criantes, de faire en sorte
que l’homme ait du travail et qu’il
en puisse vivre. Dans la société,
l’écart considérable entre les posi
tions de fortune est un danger qui
engendre forcément la misère. On
ne doit pas l’augmenter.
Mais aussi, ce que nous devons
réclamer énergiquement, c’est une
économie considérable dans les fi
nances. Simplifions les rouages ad
ministratifs, supprimons les inutiles,
diminuons les gros traitements et
réduisons au strict nécesaire le nom
bre des fonctionnaires.
Au point de vue industriel, préco
nisons l’association des travailleurs,
libérée de l’écrasement capitaliste et
rendue possible par le relèvement
de la situation morale et matérielle
de l’ouvrier. Son émancipation se
trouve en relation directe avec son
éducation, son instruction person
nelle et son perfectionnement. C’est
au prolétariat à s’élever et à prendre
dans la société la place à laquelle il
a droit.
L’effort de la France doit se
transporter vers le côté commercial
et industriel, car nous n’avons pas
la prétention de lutter, au rapport
de l’agriculture, contre les immenses
étendues de terre de l’Amérique, de
l’Asie et de l’Afrique, Cependant,
l’intérêt des campagnes est lié à
l’intérêt des villes. Si l’industrie est
prospère, les salaires se relèvent et,
partant, la consommation des den
rées alimentaires augmente. La
terre que le paysan fructifiera lui
sera louée moins cher, peut-être.
Il modifiera, parfois, un peu sa pro
duction en s’orientant sur son profit.
A coup sûr, il ne pourra point per
dre au change.
Si la terre perd de valeur, il en
cultivera une plus grande étendue
avec les moyens plus vastes que le
perfectionnement mécanique met à
sa disposition. Le propriétaire fon
cier seul aurait-il à se plaindre de
la situation nouvelle et devrions-
nous, pour cela, nous y arrêter ?
L’essentiel est de se débarrasser
d’nn système économique ruineux,
paralysant les énergies ; ainsi, nous
aurons encouragé l’esprit d’initia
tive. On a fait des révolutions pour
des questions moins importantes
que celle-ci. L’éducation progressive
et rationnelle du peuple, espérons-le,
mettra chaque chose en place et réa
lisera ce que l’inertie actuelle n’offre
pas, la plus grande somme possible
de bien-être au point de vue général.
Alf. Henri.
LA MARINE MARCHANDE
La loi sur la marine marchande
est enfin votée par la Chambre.
Espérons, comme l’a dit un député,
mais avec une intention autre que la
sienne, que le Sénat y apportera d’heu
reuses modifications.
A mon avis, je ne cesserai de le
répéter, la plus heureuse des modifi
cations serait la suppression totale de
toute espèce de primes.
En émettant cette opinion, je suis
de l’avis de notre très remarquable
Ministre des Finances actuel ; en effet,
dans son magistral discours, en ré
ponse à celui de M. Ribot, l’ami
des sucriers, je relève à chaque pas
des allusions, claires, précises, sou
vent très dures, qui qualifient, comme
il convient, le système des primes, le
protectionnisme à outrance, que la
Chambre applique depuis trop long
temps pour notre malheur à tous,
Français et contribuables, exception
faite, cependant, de quelques uns, les
encaisseurs de primes, par exemple.
Donnons quelques citations :
«... Dans l’ordre financier, j’aper-
« çois des lois très utiles pour des in-
cc térêts privés ».
«... Les réformes faites par les
« précédentes législatures sont ou in-
« signifiantes ou correspondent à la
c( satisfaction de certains intérêts par-
« ticuliers... »
cc ... J’ai dit que la loi de 1893
« est une des lois qui ont le plus gre-
« vé nos dépenses en primes dans les
« dernières années... »
«... Il ne faut pas craindre de
« répéter qu’il n’y a pas de pays au
« monde qui puisse, tout à la fois,
« supporter des armements démesu-
« rés, doter de riches apanages les
« industries qui agréent à l’opi-
« nion... »
Les primes sont donc de riches
apanages à quelques industries ; elles
correspondent à la satisfaction de
certains intérêts particuliers; elles
sont très utiles pour des intérêts pri
vés, aussi sont-elles une des plus
lourdes dépenses en ces dernières an
nées.
Impossible, on en conviendra, de
juger les primes plus clairement et
plus complètement.
S’il m’était permis de pousser le
raisonnement plus avant et m’empa
rant de la définition de l’impôt, don
née par M. Caillaux « (impôt est la
contribution exigée de chaque citoyen
pour sa part dans les dépenses publi
ques », je me demanderais anxieuse
ment si les députés, aussi puissants
qu’ils prétendent l’être, ont cepen
dant le droit de distribuer partie du
produit des impôts sous forme de pri
mes allouées à telles industries ou à
tels commerces.
Si intéressantes que puissent être, par
exemple, la construction des navires.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi il Décembre 1901.
Réveil du Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES (ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
iiiiiiu ni ■■mw—ii—
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
1 B
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Prix des Insertions :
• * 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
GROUPE RÉPUBLICAIN DU 2 E CANTON
Election au Conseil d’Arrondissement du 22 Décembre 1901
Aug. MOREAU
Président du Syndicat des Maîtres d’Hôtels,
Restaurateurs, Limonadiers, etc.
CANDIDAT RÉPUBLICAIN DÉMOCRATE
ÉLECTION DO 2 e CANTON
Le groupe républicain du 2 e can
ton a désigné M. Moreau, l’hono
rable directeur del’< Hôtel de Nor
mandie », pour etre candidat au
Conseil d’arrondissement, en rem
placement de M. Bauzin.
Nous savons par suite de quelles
pressantes instances M. Moreau
s’est résigné à accepter la candida
ture. Le choix qui a été fait en sa
personne ne pouvait être meilleur.
Depuis près fde dix-huit ans, il ha
bite le deuxième canton, dont il
connaît tous les besoins. Mieux que
tout autre, l’intérêt du commerce
lui est familier. Et n’oublions pas
que, précisément, le collège # élec-
toral appelé à nommer un représen
tant est la partie de la ville la plus
commerçante, celle qui a le plus be
soin de sollicitude.
Travailleur lui-même, vraiment
fils de ses œuvres, M. Moreau saura
défendre avec cœur et énergie, les
travailleurs. Tous ceux qui l’ont
approché connaissent sa bienveil
lance, son urbanité sincère. On peut
dire sans crainte que, partout au
Havre, il ne rencontre que des
sympathies.
Né à Paris en 1853, il n’avait que
dix-sept ans, en 1870, quand la
guerre éclata.
Aux âmes bien nées,
La valeur n’attend pas le nombre des années.
Patriote convaincu, d’un patrio
tisme qui ne se paie pas que de mots,
Auguste Moreau s’engagea et prit
part à la défense de Paris.
Nous le retrouvons dans une im
portante maison de tissus de la ca
pitale dont il fut d’abord petit em
ployé et, ensuite, l’un des princi
paux collaborateurs.
Plus tard, à Rouen, intéressé dans
une maison de commission, les né
cessités des affaires Pobligèrent à
taire son tour de France. Dans ses
vovages, son intelligence ouverte
s’est formée un bagage de solides
connaissances.
Ayant suivi cette filière qui, de
l’apprenti fait un homme éclairé,
ouvriers, il a connu vos heures pé
nibles ; commerçants, il n’ignore
pas les nécessités des affaires, dont
il s’est pénétré.
De vieille date, nous avons su
l’apprécier ; depuis de nombreuses
années, il combat pour la cause dé
mocratique. Le quartier de St-Fran-
çois aura en lui un défenseur dé
voué.
M. Moreau, persuadé que les ré
jouissances publiques forment un
aliment appréciable pour le com
merce, est l’un des fondateurs de
la Société havraise des fêtes.
★
* ¥
Le Comité Central vient, au der
nier moment, d’opposer aux répu
blicains du deuxième canton, le nom
de M. Jamein. Celui-ci nous paraît
tien neuf, bien nouveau-né à la po
litique pour pouvoir contrecarrer la
candidature de M. Moreau.
La manœuvre du Comité Central
nous semble bien osée.
C’est, croyons-nous, avec entrain
que tous voteront, le 22 décembre,
pour l’honorable concitoyen dont
nous avons exposé les mérites.
LA RÉDACTION.
(Suite)
La discussion générale du budget
vient appuyer la thèse que je défends
dans ces quelques articles. Le mi
nistre des finances a montré la diffi
culté qui existe à faire tenir debout
notre système fiscal avec le régime
douanier. Il a touché du doigt l’illo
gisme de la méthode qui frappe plus
durement le pays dans les moments
de crise et qui appauvrit les finances
de l’Etat dans les années de grande
production. MM. Ribot et Méline
s’y mettent en mauvaise posture.
En réalité, si l’on voit bien les im
pôts directs que l’on acquitte, l’on
ne voit pas, ou l’on n’estime pas à
leur juste valeur, les impôts indirects
formidables que l’on solde par la
consommation. Presque toutes les
denrées alimentaires se trouvent
frappées et principalement les
objets de première nécessité par les
droits de régie, de douane et d’oc
troi, sans compter tous les retours
de bâton, dont le poids est écrasant.
Impôts sur le sel, le sucre, la bougie,
le vinaigre, etc., produits exclusi
vement nationaux. Droits de douane
sur le café, le cacao, le thé, etc.,
produits exotiques pour lesquels l’on
ne peut invoquer la légitime pro
tection, puisque notre sol ne les
offre pas. Et je ne cite que des
exemples. L’impôt indirect, pou
vons-nous dire, est l’art de vider
les poches du contribuable sans le (
faire crier. A ce jeu, on l’épuise, on
le ruine même.
Chaque jour, dans les milieux
capitalistes, on discute vigoureuse
ment contre le socialisme d’Etat.
On a bien tort. De fait, n’est-ce
pas du collectivisme d’Etat, et du
pins dangereux que le protection
nisme, que ce système des primes à
jet continu, ou l’on fait intervenir
les deniers de tous les citoyens.
Répudions ces fatales institutions
qui paralysent l’essor du commerce,
de l’industrie bien entendus, et qui,
individuellement, nous rendent la
vie matérielle plus dure. Elles sont
admirables, je le conçois, pour les
financiers qui, en se syndiquant,
suppriment le jeu de la concurrence,
spéculent sur toutes les denrées, en
augmentent le prix, et fondent, de
la sorte, des fortunes incalculables
sur le fruit de notre labeur. Ce col
lectivisme-là, ils l’ont adopté, parce
qu’il est organisé à leur profit.
Les taxes de consommation, com
me les droits de douane, c’est aussi,
pour leur richesse, un moyen d’é
chapper aux charges équitables d’un
impôt établi suivant les facultés,
comme il devrait être, et non sui
vant les besoins, comme il existe.
On n’apprécie pas non plus le
danger des taxes qui frappent la
production et qui restreignent l’ac
tivité nationale. Les patentes cons
tituent, en quelque sorte, un droit
au travail ; elles sont anti-démocra
tiques. Les différentes cotes, basées
sur des évaluations mobilières ou
immobilières, sont défectueuses. Un
notaire qui peut gagner annuelle
ment 30 ou 40,000 francs dans un
appartement composé de deux ou
trois pièces, paiera moins d’impôts
basés sur les signes extérieurs de
la richesse, qu’un meunier, par
exemple, qui aura besoin, pour
son industrie, de vastes moulins, de
hangars pour abriter son blé, de
magasins pour loger ses farines, de
chevaux et de voitures pour trans
porter celles-ci chez le boulanger.
Chacun de ses instruments de pro
duction aura soldé un impôt, parfois
énorme, pour un bénéfice anodin.
L’agriculteur est traité de même.
Il en résulte que certaines profes
sions sont devenues impossibles en
France.
*
* *
En conclusion, le moyen de lutter
contre les abus du capitalisme, ce
n’est pas, ainsi qu’on le propose,
de créer de nouveaux monopoles
d’Etat, pour lutter contre ceux des
particuliers. Nous savons, d’abord,
par expérience, que l’Etat fabrique
mal, à un prix fort élevé et qu’il ne
rétribue pas toujours ses agents les
plus modestes comme les plus utiles,
selon les règles de l’équité, tels sont
les employés des postes, pour ne
prendre qu’un exemple. Si on pro
pose de monopoliser les pétroles,
aujourd’hui; demain, il faudra se
livrer au même exercice sur les
sucres, sur le blé, l’orge ou l’avoine,
car les capitaux qui vivent d’acca
parement feront toujours de l’acca
parement, sur n’importe quelle ma
tière, tant qu’une juste barrière n’y
sera pas apportée.
Le remède consiste dans la refonte
complète du système budgétaire,
dans l’application d’un impôt unique
sur les revenus, devant se substi
tuer graduellement à tous les impôts
d’octroi, de douane, à toutes les dif
férentes taxes. Le petit rentier, le
petit propriétaire, le petit capita
liste même y trouveraient avantage.
Notre but n’est pas de capter les
fortunes, mais de faire cesser des
injustices criantes, de faire en sorte
que l’homme ait du travail et qu’il
en puisse vivre. Dans la société,
l’écart considérable entre les posi
tions de fortune est un danger qui
engendre forcément la misère. On
ne doit pas l’augmenter.
Mais aussi, ce que nous devons
réclamer énergiquement, c’est une
économie considérable dans les fi
nances. Simplifions les rouages ad
ministratifs, supprimons les inutiles,
diminuons les gros traitements et
réduisons au strict nécesaire le nom
bre des fonctionnaires.
Au point de vue industriel, préco
nisons l’association des travailleurs,
libérée de l’écrasement capitaliste et
rendue possible par le relèvement
de la situation morale et matérielle
de l’ouvrier. Son émancipation se
trouve en relation directe avec son
éducation, son instruction person
nelle et son perfectionnement. C’est
au prolétariat à s’élever et à prendre
dans la société la place à laquelle il
a droit.
L’effort de la France doit se
transporter vers le côté commercial
et industriel, car nous n’avons pas
la prétention de lutter, au rapport
de l’agriculture, contre les immenses
étendues de terre de l’Amérique, de
l’Asie et de l’Afrique, Cependant,
l’intérêt des campagnes est lié à
l’intérêt des villes. Si l’industrie est
prospère, les salaires se relèvent et,
partant, la consommation des den
rées alimentaires augmente. La
terre que le paysan fructifiera lui
sera louée moins cher, peut-être.
Il modifiera, parfois, un peu sa pro
duction en s’orientant sur son profit.
A coup sûr, il ne pourra point per
dre au change.
Si la terre perd de valeur, il en
cultivera une plus grande étendue
avec les moyens plus vastes que le
perfectionnement mécanique met à
sa disposition. Le propriétaire fon
cier seul aurait-il à se plaindre de
la situation nouvelle et devrions-
nous, pour cela, nous y arrêter ?
L’essentiel est de se débarrasser
d’nn système économique ruineux,
paralysant les énergies ; ainsi, nous
aurons encouragé l’esprit d’initia
tive. On a fait des révolutions pour
des questions moins importantes
que celle-ci. L’éducation progressive
et rationnelle du peuple, espérons-le,
mettra chaque chose en place et réa
lisera ce que l’inertie actuelle n’offre
pas, la plus grande somme possible
de bien-être au point de vue général.
Alf. Henri.
LA MARINE MARCHANDE
La loi sur la marine marchande
est enfin votée par la Chambre.
Espérons, comme l’a dit un député,
mais avec une intention autre que la
sienne, que le Sénat y apportera d’heu
reuses modifications.
A mon avis, je ne cesserai de le
répéter, la plus heureuse des modifi
cations serait la suppression totale de
toute espèce de primes.
En émettant cette opinion, je suis
de l’avis de notre très remarquable
Ministre des Finances actuel ; en effet,
dans son magistral discours, en ré
ponse à celui de M. Ribot, l’ami
des sucriers, je relève à chaque pas
des allusions, claires, précises, sou
vent très dures, qui qualifient, comme
il convient, le système des primes, le
protectionnisme à outrance, que la
Chambre applique depuis trop long
temps pour notre malheur à tous,
Français et contribuables, exception
faite, cependant, de quelques uns, les
encaisseurs de primes, par exemple.
Donnons quelques citations :
«... Dans l’ordre financier, j’aper-
« çois des lois très utiles pour des in-
cc térêts privés ».
«... Les réformes faites par les
« précédentes législatures sont ou in-
« signifiantes ou correspondent à la
c( satisfaction de certains intérêts par-
« ticuliers... »
cc ... J’ai dit que la loi de 1893
« est une des lois qui ont le plus gre-
« vé nos dépenses en primes dans les
« dernières années... »
«... Il ne faut pas craindre de
« répéter qu’il n’y a pas de pays au
« monde qui puisse, tout à la fois,
« supporter des armements démesu-
« rés, doter de riches apanages les
« industries qui agréent à l’opi-
« nion... »
Les primes sont donc de riches
apanages à quelques industries ; elles
correspondent à la satisfaction de
certains intérêts particuliers; elles
sont très utiles pour des intérêts pri
vés, aussi sont-elles une des plus
lourdes dépenses en ces dernières an
nées.
Impossible, on en conviendra, de
juger les primes plus clairement et
plus complètement.
S’il m’était permis de pousser le
raisonnement plus avant et m’empa
rant de la définition de l’impôt, don
née par M. Caillaux « (impôt est la
contribution exigée de chaque citoyen
pour sa part dans les dépenses publi
ques », je me demanderais anxieuse
ment si les députés, aussi puissants
qu’ils prétendent l’être, ont cepen
dant le droit de distribuer partie du
produit des impôts sous forme de pri
mes allouées à telles industries ou à
tels commerces.
Si intéressantes que puissent être, par
exemple, la construction des navires.
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