Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-12-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 décembre 1901 07 décembre 1901
Description : 1901/12/07 (N293). 1901/12/07 (N293).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634928
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6 e Année — A 0 293.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 7 Décembre 1901.
PRIX DES 4B0MEMENTS
=5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
1
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15, ÏLTJE GASIMIR.-PÉRIER,
15
ü
|
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
B
=£2
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames...,. 50 j>
On traite à forfait
L’Objeclif Politique
(Suite)
Nous avons, dans un précédent
numéro, dénoncé la croisade entre
prise par la réaction contre le mon
de du travail, c’est-à-dire contre la
partie saine de la Nation qui pro
duit et qui souffre, trop souvent,
hélas !
Le besoin de jouir dans l’oisiveté,
d’entasser capitaux sur capitaux est
lé motif essentiel de la résistance
des vieux partis à la poussée du pro
grès. Si l’effort humain était débar
rassé des entraves qu’un système
économique déplorable lui suscite ;
si l’esprit d’initiative était libre et
que les intelligences puissent se
lancer vers les grandes entreprises
comme l’arbre vers la lumière, si le
travail avait sa juste rémunération,
y pensez-vous, ce serait la ruine des
conceptions routinières, la dispa
rition des fortunes personnelles,
énormes et scandaleuses édifiées sur
des expédients, mais la richesse gé
nérale du pays n’en serait que plus
grande.
L’objectif primordial consiste donc
à combattre la féodalité financière qui
est devenue une véritable menace
pour nos lois, nos libertés et nos
conditions d’existence. Il faut atta
quer cette puissance démoniaque,
non dans la fonction normale du ca
pital, mais dans les privilèges qu’in-
consciemment et d’une manière bé
névole, nous lui laissons accaparer.
En rendant le capital à sa stricte
acception, on se sera débarrassé
d’un ennemi redoutable. En effet, la
ploutocratie a tendu ses filets sur
notre organisation politique, elle est
un danger par son action plus ou
moins directe sur les pouvoirs pu
blics, de même que par l’alliance
qu’elle semble avoir contractée avec
l’Eglise dont la domination sur les
consciences lui donne une garantie
vis-à-vis de l’esprit d’émancipation.
La presse, souvent besogneuse, se
laisse soumettre par des considéra
tions pécuniaires, étrangères au but
qu’elle devrait poursuivre. Le tarif
des élections rend inaccessibles les
mandats publics à d’honnêtes ci
toyens, susceptibles de bonne vo
lonté, auxquels le travail ne laisse
que peu d’épargne ; mais à côté
d’eux, les aigrefins, usant de la cor
ruption la plus effrenée, réussissent
à s’imposer, eux ou leurs sujets ;
ajoutez à cela l’incapacité d’un grand
nombre et vous ne serez pas étonné
que, dans nos assemblées politiques,
les hommes de réelle valeur et de
réelle utilité soient la minorité.
Malheureusement le peuple, par son
ignorance, son défaut de cohésion
et d’entente n’a pas établi le frein
nécessaire aux abus et la route reste
libre aux agioteurs pour exploiter,
en les amoindrissant, les ressources
du pays.
Le protectionnisme est le berceau
le plus tendre, le jardin le plus fer
tile oh prospère le capitalisme finan
cier ; mais, dans ce jardin, seule,
la fleur du mal s’y développe, quel
que chose comme une ciguë mor
telle qui empoisonne et anéantit
autour d’elle. Le pays reste, malgré
tout, le jouet des trafiquants qui ex
ploitent la crédulité publique à l’a
vantage de leurs coffres-forts. On a
persuadé, dans les campagnes, que le
salut de l’agriculture résidait dans
une élévation considérable des droits
de douane et dans leur établisse
ment quand ils n’existaient pas. Nous
connaissons la chanson. En réalité,
il s’agissait uniquement de satisfaire
à des intérêts privés, à des exigen
ces coupables de gros industriels. La
loi sur l’admission temporaire, rela
tivement aux céréales, est là pour
l’indiquer; seuls quelques gros spé
culateurs peuvent en bénéficier, lis
font venir du blé étranger qu’ils
assimilent à la consommation fran
çaise et exportent le blé ou les
farines françaises, jouissant, eux
seuls, d’une prime déguisée à la sor
tie. Le trésor est frustré, le con
sommateur paie son pain cher et
l’agriculture n’y trouve aucun pro
fit, puisque la consommation étran
gère de blé français existe d’un sens
comme de l’autre. L’exemple de
cette loi démontre encore que, quoi
que l’on fasse, quand on se livre à
la protection, il se déclare dans le
régime douanier des fissures par
lesquelles passe toujours la fraude
et lorsqu’on bouche les unes, d’au
tres se révèlent.
La loi sur les sucres, de singulière
mémoire ! Qui en profite ? Sinon le
syndicat qui nous fait payer plus
cher qu’il ne coûte à l’étranger, le
sucre français. Si on voulait aug
menter la consommation, on eût dû
diminuer les droits intérieurs qui le
frappent, on a préféré accorder une
prime d’exportation. Nous avons
encore la prime à la construction, la
prime à la navigation. Au lieu que
ce soit l’industrie qui entretienne
l’Etat, c’est l’Etat qui nourrit l’in
dustrie ; mais alors qui alimente
l’Etat ? Réponse : c’est le contribua
ble, le travailleur, l’ouvrier, le con
sommateur chargé d’une nombreuse
famille. Voilà la moralité. Généra
lisons ce système, et nous verrons
oh nous irons.
[A suivre) Alfred Henri.
— ———— ■ • — ———
LA MAREE MARCHANDE
Au viol ! crie le Petit Havre , du 3
décembre ; on veut toucher à la loi
de 1893, on cherche à nous suppri
mer nos bonnes primes; nous protes
tons, nous vous ferons procès sur
procès, si vous osez, Gouvernement,
porter atteinte à nos droits ; la loi est
faite pour dix ans, vous nous paierez
pendant dix ans, au nom de l’hon
neur, de l’équité, et sous peine de
renier votre signature, de forfaire à
vos engagements.
Tout beau, Messieurs le» encais
seurs de primes; voilà de bien gros
mots dans votre bouche ; où avez-
vous vu, qui vous a dit que l’inten
tion du gouvernement est de violer
la Loi ? N’est-ce pas plutôt vous qui
seriez désireux de donner une en
torse à cette bonne loi de 1893 ?
Expliquons nous.
Les armateurs présents et surtout
futurs, demandent, en réalité, que
tous les voiliers mis en chantier avant
le 30 janvier 1903, jouissent de la
prime accordée par la loi du 30 jan
vier 1893; en un mot ils veulent faire
suer la Caisse de l’Etat jusqu’aux
extrêmes limites.
Voyons si cette prétention est jus
tifiée.
La loi de 93 fait courir les 10 an
nées pendant lesquelles un voilier a
droit à la prime à la navigation de la
date du premier brevet de francisation’,
or, pour établir ce brevet, il faut de
toute nécessité que, non seulement le
navire soit à flot, mais encore qu’il
soit complètement terminé èt de plus
jaugé; jusqu’à maintenant cette clause j
a été favorable aux armateurs puis
que le temps ne commence à courir
que du jour où le navire est prêt à
naviguer.
Donc tous les voiliers qui auront
leur brevet de francisation avant le
30 janvier 1903, auront droit aux
primes de 1893 ; telle est la loi.
Aujourd’hui, qu’on sait pertinem
ment que la prime de 1 fr. 70 ne sera
pas maintenue dans la nouvelle loi,
et que d’un autre côté, à moins d’être
déjà très avancé dans sa construction,
aucun voilier ne pourra être francisé
avant la date fatale du 30 janvier
1903, on vient exiger que les navires
mis en chantier avant cette date jouis
sent aussi des mêmes privilèges.
Est-ce juste ? A moins d'être hyp
notisé par le dividende on ne saurait
le soutenir un instant.
Agréer ces prétentions, serait au
premier chef, une véritable violation
de la Loi, quant à l’application des
primes à la navigation ; ce serait sur
tout la faculté accordée aux capita
listes avides de se créer, sur le dos
des contribuables, une source de gros
revenus ; après tout, c’est peut-être
ce qu’ils cherchent, mais crier au
viol ! parce que, la loi en main, on
ne veut pas se prêter à leurs combi
naisons est certainement exagéré de
leur part et de celle du Petit Havre et
disons le mot, maladroit.
Le bout de l’oreille perce trop.
Un peu de pudeur, que diable !
G ve B.
LE RÉGIME DES VOILIERS
SouslasignatureHippolyte Fénoux,
le Petit Havre, du 3 décembre, a
publié un article dans lequel oj peut
lire ceci :
« Si les navires mis en chantier
« dans cinq semaines seulement ne
« doivent plus pouvoir bénéficier du
« régime actuel, ces commandesjm’au-
« ront plus de raison d’être. »
Voilà au moins un aveu dépouillé
d’artifices et qui vient singulièrement
à l’appui de notre thèse à savoir que
la prime aux voiliers concédée par la
loi de 1893 constitue un véritable
pillage du Trésor national.
M. Fénoux* d’ailleurs, nous le dit
tout net: si les voiliers ne jouissent
pas de la prime de 1 fr. 70 par ton
neau de jauge totale, il est inutile
d’en construire ; leur raison d’être, à
ces grands voiliers, n'existe plus dès
l’instant où on leur supprime la manne
gouvernementale.
En un mot, le défenseur des voi
liers, ou plutôt des intérêts attachés
à ces voiliers, nous déclare carré
ment que ces navires ne sont pas
construits pour répandre à un besoin
commercial quelconque,pourfaire acte
dé commerce mais simplement pour
être entre les mains de capitalistes
avisés, un moyen de spéculation à
peu près sûre.
M. Fénoux se charge, du reste, de
nous convaincre de cet état de choses,
si onéreux pour nos finances, quand,
dans ce même article, il dit plus
loin :
« Tout le monde sait que les frêts
« de sortie pour ces grands navires
« sont insuffisants et qu’ils sont obli-
« gés de faire sur lest leur voyage
« d’aller. »
Pourquoi, alors, les faire si grands ?
Un voilier est-il oui ou non destiné
à transporter des marchandises ou à
naviguer la moitié et plus de son
itinéraire sur lest ?
Vraiment, M. le Rédacteur en chef
du Petit Havre , vous auriez gagé de
défendre nos idées et non les intérêts
de vos clients, que vous n’auriez pas
mieux réussi !
.Je vous savais depuis longtemps
un ironiste di primo cartello , mais je
n’aurais jamais osé penser vous voir,
un jour, manier le pavé de l’ours
avec autant de grâce et d'à-propos.
G ve B.
MOS RÉDACTEURS
Notre excellent ami et collabora
teur Senex, qu’une bronchite a em
pêché depuis trois semaines de pren
dre part à la rédaction de notre jour
nal, nous adresse, comme suite, aux
articles parus dans notre dernier nu
méro, en réponse aux insinuations de
Selrach, dans le Radical Socialiste, où
il disait que nous n’avions plus de
rédacteur en chef, la lettre suivante,
trop flatteuse pour nous.
Elle exprime si bien les sentiments
de ceux qui écrivent dans le Réveil,
que nous croirions manquer à nos de
voirs, si nous privions nos lecteurs
de son intéressante lecture :
« Cher ami,
« Une bronchite tenace m’a forcé
d’interrompre la collaboration frater
nelle que je vous avais promise et
! que je me disposais à continuer.
« Je n’ai pas la prétention de pen-
1 ser que cet arrêt momentané dans
I mon modeste service, vous ait valu le
| reproche humiliant... pour votre
I caisse, de « manquer de rédacteur »,
| mais cette découverte d’un nouveau-
| né qui fait ses dents et qui essaie
| déjà de mordre, m’engage à rappeler
qu’elle a été et qu’elle sera toujours,
avec un complet désintéressement,
notre ligne de conduite.
« Elevé à l’école des fondateurs de
la république de 1848, nous avons ap
pris à soutenir la cause de la démo
cratie, trop longtemps sacrifiée, non
pas dans le but de satisfaire les visées
de telle ou telle personnalité, mais
uniquement, avec la ferme volonté de
contribuer à l'amélioration du sort
des classes laborieuses.
« Nous n’avons jamais cessé d’ap
puyer les justes revendications des
travailleurs, de leur donner le conseil
delà patience, de la discipline et der
nièrement encore, nous déplorions
dans ce journal, lorsqu’il était ques
tion de la grève générale, les entraî
nements irréfléchis, les défections qui
ont failli renverser le Gouvernement
actuel de défense républicaine. Nous
persistons à penser que le ministère
Waldeck-Rousseau qui a déjà donné
des gages sérieux de son dévouement
à la cause des prolétaires, poursuivra
l’accomplissement de l’œuvre com
mencée si, aidé par le grand parti
républicain, il parvient à diriger les
prochaines élections législatives et à
infuser un sang nouveau à la Cham
bre, d'où se dégagera enfin une ma
jorité stable et imposante.
« Si nous avons pris constamment
en mains, avec la plus grande énergie,
la défense de l’ouvrier, nous a vous tou
jours considéré comme un crime po
litique, de flatter ses passions, de spé
culer sur ses faiblesses et de semer la
désunion au sein du parti démocra
tique dans un misérable intérêt de
coterie.
« Dans tous les partis, les divisions
sur les questions de principes sont
déplorables, mais les scissions résul
tant des rivalités personnelles cons
tituent une véritable désertion de
vant l’ennemi, conduisent à la dé
route et encourent la réprobation
générale.
« Les rédacteurs du Réveil sont donc
des ouvriers de la première heure et,
si peu que vaille leur travail, ils ne
deviendront jamais des « Tailleurs »
d’articles salariés, ni des « commer
çants » en polémique ; ils ne feront
pas fortune, il est vrai, au journal ;
ils n’y gagneront ni faveurs, ni déco
rations ; seulement, n’attendant rien
des comités despotiques, ni du temple
de Plutus, ils conserveront au Réveil,
leur indépendance et surtout leurs
sentiments de bonne et inaltérable
confraternité que je suis heureux,
cher ami, de vous renouveler. »
Ce 2 décembre 1901.
Senex.
—-«s®*-
Le Procès de M. Le Prévost de Launay
COVTRE LE
(( Journal de Tréguier »
Le procès qui s’est plaidé mardi
dernier, devant le tribunal de Lan-
nion, pourrait être considéré comme
l’épilogue de lo double défaite qu’a
subie M. Le Provost de Launay aux
dernières élections au conseil général.
Ce procès a eu cette particularité
d’être signalé par de nombreux jour
naux, en France et à l’étranger, à
cause de son originalité.
Car, si ce n’est pas un cas rare,
dans la presse, de voir des écrivains
d’opinions différentes donner, à tour
de rôle, dans le même journal, libre
carrière à leurs polémiques, on n’a
vait jamais assisté, jusqu’ici, au spec
tacle de deux adversaires politiques
se pourfendant mutuellement, de la
plume, à travers la même feuille,
l’un à la première page, l'autre à la
seconde.
C’est la nouveauté que nous a of
ferte, pendant quelques mois, le
Jouxnal de Tréguier, et qui a mené,
cette semaine son propriétaire à venir
répondre devant la justice aux accu
sations de M. le sénateur Le Provost
de Launay, plaidant, comme avocat,
pour sa propre cause.
Le public se pressait nombreux
dans l’enceinte du tribunal et com
prenait un certain nombre d’ecclé
siastiques qui paraissaient très friands
de ce genre de débats.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 7 Décembre 1901.
PRIX DES 4B0MEMENTS
=5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
1
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15, ÏLTJE GASIMIR.-PÉRIER,
15
ü
|
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
B
=£2
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames...,. 50 j>
On traite à forfait
L’Objeclif Politique
(Suite)
Nous avons, dans un précédent
numéro, dénoncé la croisade entre
prise par la réaction contre le mon
de du travail, c’est-à-dire contre la
partie saine de la Nation qui pro
duit et qui souffre, trop souvent,
hélas !
Le besoin de jouir dans l’oisiveté,
d’entasser capitaux sur capitaux est
lé motif essentiel de la résistance
des vieux partis à la poussée du pro
grès. Si l’effort humain était débar
rassé des entraves qu’un système
économique déplorable lui suscite ;
si l’esprit d’initiative était libre et
que les intelligences puissent se
lancer vers les grandes entreprises
comme l’arbre vers la lumière, si le
travail avait sa juste rémunération,
y pensez-vous, ce serait la ruine des
conceptions routinières, la dispa
rition des fortunes personnelles,
énormes et scandaleuses édifiées sur
des expédients, mais la richesse gé
nérale du pays n’en serait que plus
grande.
L’objectif primordial consiste donc
à combattre la féodalité financière qui
est devenue une véritable menace
pour nos lois, nos libertés et nos
conditions d’existence. Il faut atta
quer cette puissance démoniaque,
non dans la fonction normale du ca
pital, mais dans les privilèges qu’in-
consciemment et d’une manière bé
névole, nous lui laissons accaparer.
En rendant le capital à sa stricte
acception, on se sera débarrassé
d’un ennemi redoutable. En effet, la
ploutocratie a tendu ses filets sur
notre organisation politique, elle est
un danger par son action plus ou
moins directe sur les pouvoirs pu
blics, de même que par l’alliance
qu’elle semble avoir contractée avec
l’Eglise dont la domination sur les
consciences lui donne une garantie
vis-à-vis de l’esprit d’émancipation.
La presse, souvent besogneuse, se
laisse soumettre par des considéra
tions pécuniaires, étrangères au but
qu’elle devrait poursuivre. Le tarif
des élections rend inaccessibles les
mandats publics à d’honnêtes ci
toyens, susceptibles de bonne vo
lonté, auxquels le travail ne laisse
que peu d’épargne ; mais à côté
d’eux, les aigrefins, usant de la cor
ruption la plus effrenée, réussissent
à s’imposer, eux ou leurs sujets ;
ajoutez à cela l’incapacité d’un grand
nombre et vous ne serez pas étonné
que, dans nos assemblées politiques,
les hommes de réelle valeur et de
réelle utilité soient la minorité.
Malheureusement le peuple, par son
ignorance, son défaut de cohésion
et d’entente n’a pas établi le frein
nécessaire aux abus et la route reste
libre aux agioteurs pour exploiter,
en les amoindrissant, les ressources
du pays.
Le protectionnisme est le berceau
le plus tendre, le jardin le plus fer
tile oh prospère le capitalisme finan
cier ; mais, dans ce jardin, seule,
la fleur du mal s’y développe, quel
que chose comme une ciguë mor
telle qui empoisonne et anéantit
autour d’elle. Le pays reste, malgré
tout, le jouet des trafiquants qui ex
ploitent la crédulité publique à l’a
vantage de leurs coffres-forts. On a
persuadé, dans les campagnes, que le
salut de l’agriculture résidait dans
une élévation considérable des droits
de douane et dans leur établisse
ment quand ils n’existaient pas. Nous
connaissons la chanson. En réalité,
il s’agissait uniquement de satisfaire
à des intérêts privés, à des exigen
ces coupables de gros industriels. La
loi sur l’admission temporaire, rela
tivement aux céréales, est là pour
l’indiquer; seuls quelques gros spé
culateurs peuvent en bénéficier, lis
font venir du blé étranger qu’ils
assimilent à la consommation fran
çaise et exportent le blé ou les
farines françaises, jouissant, eux
seuls, d’une prime déguisée à la sor
tie. Le trésor est frustré, le con
sommateur paie son pain cher et
l’agriculture n’y trouve aucun pro
fit, puisque la consommation étran
gère de blé français existe d’un sens
comme de l’autre. L’exemple de
cette loi démontre encore que, quoi
que l’on fasse, quand on se livre à
la protection, il se déclare dans le
régime douanier des fissures par
lesquelles passe toujours la fraude
et lorsqu’on bouche les unes, d’au
tres se révèlent.
La loi sur les sucres, de singulière
mémoire ! Qui en profite ? Sinon le
syndicat qui nous fait payer plus
cher qu’il ne coûte à l’étranger, le
sucre français. Si on voulait aug
menter la consommation, on eût dû
diminuer les droits intérieurs qui le
frappent, on a préféré accorder une
prime d’exportation. Nous avons
encore la prime à la construction, la
prime à la navigation. Au lieu que
ce soit l’industrie qui entretienne
l’Etat, c’est l’Etat qui nourrit l’in
dustrie ; mais alors qui alimente
l’Etat ? Réponse : c’est le contribua
ble, le travailleur, l’ouvrier, le con
sommateur chargé d’une nombreuse
famille. Voilà la moralité. Généra
lisons ce système, et nous verrons
oh nous irons.
[A suivre) Alfred Henri.
— ———— ■ • — ———
LA MAREE MARCHANDE
Au viol ! crie le Petit Havre , du 3
décembre ; on veut toucher à la loi
de 1893, on cherche à nous suppri
mer nos bonnes primes; nous protes
tons, nous vous ferons procès sur
procès, si vous osez, Gouvernement,
porter atteinte à nos droits ; la loi est
faite pour dix ans, vous nous paierez
pendant dix ans, au nom de l’hon
neur, de l’équité, et sous peine de
renier votre signature, de forfaire à
vos engagements.
Tout beau, Messieurs le» encais
seurs de primes; voilà de bien gros
mots dans votre bouche ; où avez-
vous vu, qui vous a dit que l’inten
tion du gouvernement est de violer
la Loi ? N’est-ce pas plutôt vous qui
seriez désireux de donner une en
torse à cette bonne loi de 1893 ?
Expliquons nous.
Les armateurs présents et surtout
futurs, demandent, en réalité, que
tous les voiliers mis en chantier avant
le 30 janvier 1903, jouissent de la
prime accordée par la loi du 30 jan
vier 1893; en un mot ils veulent faire
suer la Caisse de l’Etat jusqu’aux
extrêmes limites.
Voyons si cette prétention est jus
tifiée.
La loi de 93 fait courir les 10 an
nées pendant lesquelles un voilier a
droit à la prime à la navigation de la
date du premier brevet de francisation’,
or, pour établir ce brevet, il faut de
toute nécessité que, non seulement le
navire soit à flot, mais encore qu’il
soit complètement terminé èt de plus
jaugé; jusqu’à maintenant cette clause j
a été favorable aux armateurs puis
que le temps ne commence à courir
que du jour où le navire est prêt à
naviguer.
Donc tous les voiliers qui auront
leur brevet de francisation avant le
30 janvier 1903, auront droit aux
primes de 1893 ; telle est la loi.
Aujourd’hui, qu’on sait pertinem
ment que la prime de 1 fr. 70 ne sera
pas maintenue dans la nouvelle loi,
et que d’un autre côté, à moins d’être
déjà très avancé dans sa construction,
aucun voilier ne pourra être francisé
avant la date fatale du 30 janvier
1903, on vient exiger que les navires
mis en chantier avant cette date jouis
sent aussi des mêmes privilèges.
Est-ce juste ? A moins d'être hyp
notisé par le dividende on ne saurait
le soutenir un instant.
Agréer ces prétentions, serait au
premier chef, une véritable violation
de la Loi, quant à l’application des
primes à la navigation ; ce serait sur
tout la faculté accordée aux capita
listes avides de se créer, sur le dos
des contribuables, une source de gros
revenus ; après tout, c’est peut-être
ce qu’ils cherchent, mais crier au
viol ! parce que, la loi en main, on
ne veut pas se prêter à leurs combi
naisons est certainement exagéré de
leur part et de celle du Petit Havre et
disons le mot, maladroit.
Le bout de l’oreille perce trop.
Un peu de pudeur, que diable !
G ve B.
LE RÉGIME DES VOILIERS
SouslasignatureHippolyte Fénoux,
le Petit Havre, du 3 décembre, a
publié un article dans lequel oj peut
lire ceci :
« Si les navires mis en chantier
« dans cinq semaines seulement ne
« doivent plus pouvoir bénéficier du
« régime actuel, ces commandesjm’au-
« ront plus de raison d’être. »
Voilà au moins un aveu dépouillé
d’artifices et qui vient singulièrement
à l’appui de notre thèse à savoir que
la prime aux voiliers concédée par la
loi de 1893 constitue un véritable
pillage du Trésor national.
M. Fénoux* d’ailleurs, nous le dit
tout net: si les voiliers ne jouissent
pas de la prime de 1 fr. 70 par ton
neau de jauge totale, il est inutile
d’en construire ; leur raison d’être, à
ces grands voiliers, n'existe plus dès
l’instant où on leur supprime la manne
gouvernementale.
En un mot, le défenseur des voi
liers, ou plutôt des intérêts attachés
à ces voiliers, nous déclare carré
ment que ces navires ne sont pas
construits pour répandre à un besoin
commercial quelconque,pourfaire acte
dé commerce mais simplement pour
être entre les mains de capitalistes
avisés, un moyen de spéculation à
peu près sûre.
M. Fénoux se charge, du reste, de
nous convaincre de cet état de choses,
si onéreux pour nos finances, quand,
dans ce même article, il dit plus
loin :
« Tout le monde sait que les frêts
« de sortie pour ces grands navires
« sont insuffisants et qu’ils sont obli-
« gés de faire sur lest leur voyage
« d’aller. »
Pourquoi, alors, les faire si grands ?
Un voilier est-il oui ou non destiné
à transporter des marchandises ou à
naviguer la moitié et plus de son
itinéraire sur lest ?
Vraiment, M. le Rédacteur en chef
du Petit Havre , vous auriez gagé de
défendre nos idées et non les intérêts
de vos clients, que vous n’auriez pas
mieux réussi !
.Je vous savais depuis longtemps
un ironiste di primo cartello , mais je
n’aurais jamais osé penser vous voir,
un jour, manier le pavé de l’ours
avec autant de grâce et d'à-propos.
G ve B.
MOS RÉDACTEURS
Notre excellent ami et collabora
teur Senex, qu’une bronchite a em
pêché depuis trois semaines de pren
dre part à la rédaction de notre jour
nal, nous adresse, comme suite, aux
articles parus dans notre dernier nu
méro, en réponse aux insinuations de
Selrach, dans le Radical Socialiste, où
il disait que nous n’avions plus de
rédacteur en chef, la lettre suivante,
trop flatteuse pour nous.
Elle exprime si bien les sentiments
de ceux qui écrivent dans le Réveil,
que nous croirions manquer à nos de
voirs, si nous privions nos lecteurs
de son intéressante lecture :
« Cher ami,
« Une bronchite tenace m’a forcé
d’interrompre la collaboration frater
nelle que je vous avais promise et
! que je me disposais à continuer.
« Je n’ai pas la prétention de pen-
1 ser que cet arrêt momentané dans
I mon modeste service, vous ait valu le
| reproche humiliant... pour votre
I caisse, de « manquer de rédacteur »,
| mais cette découverte d’un nouveau-
| né qui fait ses dents et qui essaie
| déjà de mordre, m’engage à rappeler
qu’elle a été et qu’elle sera toujours,
avec un complet désintéressement,
notre ligne de conduite.
« Elevé à l’école des fondateurs de
la république de 1848, nous avons ap
pris à soutenir la cause de la démo
cratie, trop longtemps sacrifiée, non
pas dans le but de satisfaire les visées
de telle ou telle personnalité, mais
uniquement, avec la ferme volonté de
contribuer à l'amélioration du sort
des classes laborieuses.
« Nous n’avons jamais cessé d’ap
puyer les justes revendications des
travailleurs, de leur donner le conseil
delà patience, de la discipline et der
nièrement encore, nous déplorions
dans ce journal, lorsqu’il était ques
tion de la grève générale, les entraî
nements irréfléchis, les défections qui
ont failli renverser le Gouvernement
actuel de défense républicaine. Nous
persistons à penser que le ministère
Waldeck-Rousseau qui a déjà donné
des gages sérieux de son dévouement
à la cause des prolétaires, poursuivra
l’accomplissement de l’œuvre com
mencée si, aidé par le grand parti
républicain, il parvient à diriger les
prochaines élections législatives et à
infuser un sang nouveau à la Cham
bre, d'où se dégagera enfin une ma
jorité stable et imposante.
« Si nous avons pris constamment
en mains, avec la plus grande énergie,
la défense de l’ouvrier, nous a vous tou
jours considéré comme un crime po
litique, de flatter ses passions, de spé
culer sur ses faiblesses et de semer la
désunion au sein du parti démocra
tique dans un misérable intérêt de
coterie.
« Dans tous les partis, les divisions
sur les questions de principes sont
déplorables, mais les scissions résul
tant des rivalités personnelles cons
tituent une véritable désertion de
vant l’ennemi, conduisent à la dé
route et encourent la réprobation
générale.
« Les rédacteurs du Réveil sont donc
des ouvriers de la première heure et,
si peu que vaille leur travail, ils ne
deviendront jamais des « Tailleurs »
d’articles salariés, ni des « commer
çants » en polémique ; ils ne feront
pas fortune, il est vrai, au journal ;
ils n’y gagneront ni faveurs, ni déco
rations ; seulement, n’attendant rien
des comités despotiques, ni du temple
de Plutus, ils conserveront au Réveil,
leur indépendance et surtout leurs
sentiments de bonne et inaltérable
confraternité que je suis heureux,
cher ami, de vous renouveler. »
Ce 2 décembre 1901.
Senex.
—-«s®*-
Le Procès de M. Le Prévost de Launay
COVTRE LE
(( Journal de Tréguier »
Le procès qui s’est plaidé mardi
dernier, devant le tribunal de Lan-
nion, pourrait être considéré comme
l’épilogue de lo double défaite qu’a
subie M. Le Provost de Launay aux
dernières élections au conseil général.
Ce procès a eu cette particularité
d’être signalé par de nombreux jour
naux, en France et à l’étranger, à
cause de son originalité.
Car, si ce n’est pas un cas rare,
dans la presse, de voir des écrivains
d’opinions différentes donner, à tour
de rôle, dans le même journal, libre
carrière à leurs polémiques, on n’a
vait jamais assisté, jusqu’ici, au spec
tacle de deux adversaires politiques
se pourfendant mutuellement, de la
plume, à travers la même feuille,
l’un à la première page, l'autre à la
seconde.
C’est la nouveauté que nous a of
ferte, pendant quelques mois, le
Jouxnal de Tréguier, et qui a mené,
cette semaine son propriétaire à venir
répondre devant la justice aux accu
sations de M. le sénateur Le Provost
de Launay, plaidant, comme avocat,
pour sa propre cause.
Le public se pressait nombreux
dans l’enceinte du tribunal et com
prenait un certain nombre d’ecclé
siastiques qui paraissaient très friands
de ce genre de débats.
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