Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-09-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 septembre 1901 21 septembre 1901
Description : 1901/09/21 (N282). 1901/09/21 (N282).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263481g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6 e Année — S” 282.
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CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 21 Septembre 1901.
Réveil
fl depot lèg
*. rs柮ii^ra
' L?°-4^;..
Urinée a.90
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1 5, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La seconde visite du Tsar permet
encore une fois de faire une consta
tation qui ne manque, ni d'intérêt,
ni d’originalité. C’est que la France
républicaine n’est plus la pestiférée
d’autrefois dont s’écartaient pru
demment les monarques et les prin
ces.
C’est un curieux signe des temps,
en effet, que ce défilé ininterrompu
depuis quelques années, de souve
rains et de grands personnages
étrangers venant officiellement fou
ler le soi de notre pays et circulant
dans les rues de ce Paris, jadis con
sidéré, par eux, comme un foyer
révolutionnaire que leur dignité et
leur sécurité leur imposait de fuir.
Pour ces chefs de dynasties eu
ropéennes, ces grands ducs, ces
régents ou ces futurs régents de
peuples, la République n’est plus la
gueuse, la régicide avec laquelle on
ne pouvait décemment flirter, qui
n’était digne d’aucune amitié, d’au
cune compromission, dont on devait
feindre d’ignorer l’existence et les
actes et craindre la contagion.
Mais, surtout, nous ne sommes
plus la France de 1890, anéantie,
brisée, vaincue, dont on détournait
les yeux, parce qu’on ne voulait pas
avoir pitié, parce que les faibles
sont toujours les abandonnés, ceux
qui ont tort et qu’on délaisse. Il en
est de l’histoire des peuples comme
de celle des individus. Soyez riche,
puissant, heureux, vous aurez des
amis nombreux, mais vienne l’in
fortune, ce sera l’isolement, l’oubli,
le dédain.
C’est ce qui est arrivé à notre
malheureux pays après la guerre
franco-allemande. Sous l’empire,
on avait coutume de dire que les
Tuileries étaient une « auberge de
rois ». Mais, après la défaite, les
coutumes changèrent et personne
ne nous rendit plus visite à la grande
joie des conservateurs qui procla
mèrent volontiers que nos relations
extérieures se bornaient aux princes
nègres.
Et c’était un peu vrai alors. En
effet, les < couronnés » qui se déci
daient à séjourner quelque temps
en France n’y viennent que discrè
tement, incognito et brûlaient le
plus souvent Paris. L’Exposition
de 1889 elle-même, ne leur fut pas
une occasion de rompre cette abs
tention et de se départir de leur
trop stricte réserve.
Mais voilà que, tout à coup, —
précisément à la suite de cette expo
sition qui donna la preuve de notre
relèvement définitif, le spectacle de
la force de notre peuple et de son
génie — la scène change. Succes
sivement des princes et des grands
ducs sont reçus officiellement à l’E
lysée, l’alliance russe se desssine et
se révèle, le ministre des affaires
étrangères de Russie assiste à nos
manœuvres à côté du Président de
la République française, puis pendant
dix ans, les rois de Belgique, de
Grèce, de Suède, de Danemarck, de
Portugal, de Roumanie, de Serbie,
le Schah de Perse, le Kédive, et je
ne sais combien de princes impé
riaux et royaux viennent rendre
visite au chef de l’Etat et se mêler
fréquemment à notre vie militaire.
Enfin, c’est le Tsar, c’est-à-dire
le monarque qui, par sa situation,
devrait être le plus éloigné de notre
République qui vient, à deux repri
ses parmi nous, applaudir à la
grandeur de la France et exprimer
des vœux pour sa gloire et pour son
avenir.
Dès lors, n’est-ce point l’heure de
nous tourner vers les conservateurs
et de leur dire : « N’est-ce pas le
moment de rire, à notre tour ? Vos
prétendants, naguère lâchés par le
Pape, qui a donné satisfaction aux
plus méchants en enjoignant aux
fidèles d’avoir à respecter les insti
tutions établies, sont aujourd’hui
lâchés par les représentants des
monarchies mêmes, qui reconnais
sent implicitement par leur présence
à Paris et leurs visites cordiales à
à nos gouvernants, le libre et dé
finitif établissement de la République
en France, en dépit des liens de
parenté qui les unissent aux mem
bres des anciennes familles régnan
tes aux héritiers des souverains
déchus.
La République a vécu, à l’heure
actuelle, plus qu’aucun des régimes
qui se sont succédé en France, du
rant ce siècle. Elle a relevé le pays,
lui a refait une armée forte et vail
lante, a rétabli l’ordre dans l’ad
ministration et les finances, a main
tenu la paix à l’extérieur, la sécurité
à l’intérieur, donné à l’industrie et
au commerce les garanties néces
saires à leur prospérité, organisé
l’instruction populaire sur des bases
admirables, augmenté et vivifié tou
tes les sources de la richesse natio
nale, préparé et conclu des alliances
sérieuses et fécondes, en un mot la
République, tout en démocratisant
nos institutions, s’est montrée digne
héritière des quatorze siècles de
gloire et de grandeur que nous
avaient légués nos pères, elle a con
tinué la tradition d’une nation gé
néreuse et vivace qui a toujours
tenu son rang à la tête des peuples
et sait leur montrer la bonne route.
Quoiqu’en disent les boudeurs qui
ne veulent pas reconnaître l’œuvre
accomplie, et persistent à rester
confinés dans leurs regrets du passé,
et ne voulant rien abandonner de
leurs stériles espoirs, la manifesta
tion présente, venant après tant
d’autres, est une preuve irréfutable
que la situation actuelle est durable
et brillante.
C’est la condamnation de leurs
vains désirs et de leurs inutiles
efforts. Georges ROCHER.
LE TSA R EN FRANCE
A PARIS
Le Gaulois dit que M. Loubet, dans
les conversations qu’il a eues avec
l’Empereur, a insisté pour qu’il accepte
l’invitation du conseil municipal de
Paris. Le Tsar et la Tsarine cédant
au désir exprimé par le Président de
la République, viendraient demain à
Paris.
Cette nouvelle ne serait officielle
ment annoncée que demain matin.
M. Dausset, président du conseil
municipal, a déclaré hier soir à un
rédacteur de l'Echo de Paris :
« Je n’ai pas encore été avisé offi
ciellement de la visite du Tsar à Paris,
mais un très haut fonctionnaire vient
de me prévenir par téléphone que le
Tsar avait décidé de venir passer ven
dredi quelques heures dans la capi
tale. »
De Y Intransigeant :
Nicolas II viendra à Paris demain,
visitera le pont et l’avenue Alexandre
III et se rendra au Père-Lachaise
pour déposer une couronne sur la
tombe de M. Félix Faure.
A l’occasion de l’arrivée du Tsar en
France, tous les édifices publics ont
été illuminés hier.
En outre, un grand nombre de mai
sons privées étaient ornées de motifs
lumineux. Dans les voies centrales et
notamment sur les grands boulevards,
la foule des promeneurs a été* consi
dérable durant toute la soirée.
CONGRÉGATIONS REBELLES
Le bruit qui s’est fait depuis quel
que temps autour des chartreux ne
semble pas devoir s’apaiser de si tôt.
Veulent-ils rester ? Veulent-ils partir ?
Il est tout probable qu’ils ne seraient
pas fâchés de continuer leurs affaires.
Leur retard à prendre une décision
définitive est pour l’attester.
On se rappelle la visite faite au
président de la République et au pré
sident du Conseil par l’évêque de
Grenoble. Comme il était facile de le
prévoir, le plaidoyer de l’évêque n’a
servi en rien la cause des chartreux.
La loi est faite pour tous, et toutes
les congrégations doivent s’y sou- r
mettre.
C’est ce que vient de comprendre
la puissante congrégation des maris
tes, qui à la vérité ne fabrique aucun
élixir, mais qui possède près de sept
cents établissements.
Les maristes se soumettent. Ils ont
fait parvenir cos jours derniers leur
demande d’autorisation. Les char
treux, qui font retentir l’Isère de leurs
lamentations, n’ont qu’à imiter les
maristes, à se conformer, comme ces
derniers, au règlement du conseil
d’Etat.
Pourquoi donc une démarche qui
paraît toute simple aux maristes *
gens très puissants comme on vient
de le voir — semble-1-elle déshono
rante pour les chartreux ? Comprenne
qui voudra.
Mais puisque les chartreux sont
résolus à rester dans la catégorie des
congrégations rebelles à la loi, ils ne
sauraient se plaindre de subir les
conséquences de leur rébellion.
Leurs amis peuvent plaider en leur
faveur — comme le fait en ce mo
ment encore la chambre de commerce
Grenoble — ils ne peuvent que tour
ner dans un perpétuel cercle vicieux.
Pour rester, il faut être autorisé, et
poushétre autorisé, il faut déposer sa
demande en autorisation.
Vraiment, c’est trop parler des
chartreux.
Qu’ils partent donc, s'ils sont réso
lus à rester parmi les rebelles. Et,
de grâce, qu’on ne nous parle plus
d’eux. M. V.
NOS TRAMWAYS
A 1’ « IN DIVIDUA LISTE »
Nous seTions vraiment au regret
d’entretenir une polémique aigre-
douce avec nos dintingués confrères
de Y Individualiste. Nous sommes au
contraire tout disposés à partager, le
cas échéant, le sentiment d’admira-
tiou qu’ils professent pour leurs pro
pres théories.
Mais nous sommes bien forcés de
constater que ces Messieurs, qui se
sont retirés sur la tour d’ivoire du
haut de laquelle ils lancent des excom
munications, commettent parfois des
inexactitudes. Cela tient sans doute à
leur éloignement des choses terres
tres.
Quand, par exemple, ils entre
prennent de juger toute une période
électorale, close le 2i juillet, en invo
quant uniquement une opinion indi
viduelle émise daus les colonnes de ce
journal le 21 juillet , peut-être n’est-
ce pas là un chef-d’œuvre de critique
impartiale.
D’autre part, leur essai de réhabili
tation de certains individualistes, à
raison de leur attitude aux dernières
élections municipales nous semble
assez maladroit.
Voyons, Messieurs, peut-ou con
tester de bonne foi que les candidats
individualistes en question, MM. Du
Pasquier et Sorel, aient donné leurs
noms à une liste où figuraient des
nationalistes avérés? Et n’est-il pas
exact qu’ils ne se sont retirés qu’au
moment précis où on leur a demandé
d’adhérer à une déclaration collective
de leur liste, qui aurait été pour eux
une véritable apostasie ?
On peut, à la rigueur, leur par
donner d’avoir un instant songé à en
trer au Conseil municipal avec une
escorte de nationalistes, en triomphant
d’une liste sur laquelle se trouvaient
des révisionnistes convaincus. Met
tons même que, pour la masse du
public, le fracas de la rupture de
MM. Du Pasquier et Sorel avec leurs
compagnons de liste ait pu faire ou
blier certaines alliances regrettables,
il n’en est pas moins vrai qu’on ne
les a vus moissonner, dans cette occur
rence, ni les lauriers du combat ni
les palmes du martyre.
A tout pêché miséricorde, et mainte
défaillance s’explique d’elle-même*
Les attaches politiques et confession
nelles en fournissent le véritable mo
bile, et il est vraiment inutile de faire
intervenir dans la circonstance Loyola
et sa doctrine. Car on doit supposer
la bonne foi, chez autrui, au moins
jusqu’à preuve contraire.
N’est-ce pas le cas, ou jamais, de
répéter avec le bon La Fontaine que
nous sommes oc tous besaciers »? Et
ne sommes-nous pas dans la vérité
absolue en indiquant que certaines
attitudes devraient comporter une
forte dose de modestie, et surtout ex
clure les jugements sévères et les in
transigeances de parade?
Ce serait là de Y Individualisme bien
compris, de celui qui, avant de son
ger à critiquer à tort et à travers,
commence par un loyal examen de
conscience. D. G.
Nous appelons l’attention toute par
ticulière de l’Administration munici
pale sur le fonctionnement actuel de
nos Compagnies de tramways. Il est
vraiment temps d’aviser, car jamais
service n’a été aussi défectueux que
celui qu’on nous impose depuis quel
ques mois.
Non-seulement la Compagnie Fran
çaise des Tramways supprime arbi
trairement une foule de départs, au
point qu’on se demande si la ligne
Saint-François-Funiculaire est un
mythe, et que l’on fait attendre pour
la ligne des Grands* Bassins jusqu’à
vingt minutes.
Mais la Compagnie Havraise des
Tramways, dite Compagnie des Tram
ways de Montivilliers, encouragée par
cet exemple et par l’impunité dont
bénéficient toutes les contraventions,
se permet des facéties du plus mau
vais goût.
Nous ne citerons, entre tant d’abus,
qu’un exemple, mais il est topique.
Mardi dernier, de neuf heures à
neuf heures vingt, aucun tramway
en vue dans la rue Jules-Lecesne pour
la direction de la Jetée. Plusieurs
voyageurs attendaient à la station du
Palais de Justice. Apparaît enfin,
vers la gare, un car qui met, montre
en main, huit minutes pour parcou
rir la distance de la gare à la rue J.-
B.-Eyriès. Ce parcours fut accidenté
de ces nombreuses extinctions dont la
Compagnieen question est coutumière.
Enfin lancé, le car brûla la station du
Palais de Justice, à la grande et légi
time indignation des voyageurs qui
attendaient depuis plus de 25 minu
tes que la Compagnie mît à leur dis
position le car dû d’après le cahier
des charges.
Cela s’appelle se moquer du public.
Il est vraiment fâcheux que l’on
néglige d’appliquer à ces Compagnies
les pénalités prévues dans les Conven
tions. Ce serait pour la Ville un sé
rieux élément de recettes.
Nous engageons vivementles cochers
de notre ville à étüdiër à nouveau une
réduction de leurs tarifs. Etant donné
qu’on ne peut plus se servir des tram
ways, qui ne fonctionnent plus qu’à
intervalles irréguliers, on pourrait
avec avantage en revenir aux vulgai
res sapins.
NÉCROLOGIE
L’un des grands événements de la
semaine a été la mort de M. Alexan
dre Paisant, conseiller général du 2*
canton, membre de la Chambre de
commerce, négociant, chevalier de
Légion d’honneur.
Né en 1839', Alexandre Paisant,
dans son enfance, prenait ses ébats*
sur les quais de St-Ftançois et était
bien connu pdur être un des plus
joyeux et fins loustics du quartier.
Il débuta tout d’abord au Courrier
dû Havre , comme apprenti typogra
phe. Mais ses aptitudes le portaient
vers le commerce. H lâcha de bonne
heure le composteur pour entrer,
comme petit commis, dans la maison
Postel et fils. Il y est resté 41 ans, pas
sant par tous les emplois jusqu’au
patronat.
Enumérer ses titres sociaux seraient
trop long. M. Alexandre Paisànt ap
partenait à tôùtes nos œuvres phi-
lantbropiquesi Nous pourrions même
dire que M. Paisant serait devenu
l’homme le plus populaire du Havre,
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CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 21 Septembre 1901.
Réveil
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Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1 5, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La seconde visite du Tsar permet
encore une fois de faire une consta
tation qui ne manque, ni d'intérêt,
ni d’originalité. C’est que la France
républicaine n’est plus la pestiférée
d’autrefois dont s’écartaient pru
demment les monarques et les prin
ces.
C’est un curieux signe des temps,
en effet, que ce défilé ininterrompu
depuis quelques années, de souve
rains et de grands personnages
étrangers venant officiellement fou
ler le soi de notre pays et circulant
dans les rues de ce Paris, jadis con
sidéré, par eux, comme un foyer
révolutionnaire que leur dignité et
leur sécurité leur imposait de fuir.
Pour ces chefs de dynasties eu
ropéennes, ces grands ducs, ces
régents ou ces futurs régents de
peuples, la République n’est plus la
gueuse, la régicide avec laquelle on
ne pouvait décemment flirter, qui
n’était digne d’aucune amitié, d’au
cune compromission, dont on devait
feindre d’ignorer l’existence et les
actes et craindre la contagion.
Mais, surtout, nous ne sommes
plus la France de 1890, anéantie,
brisée, vaincue, dont on détournait
les yeux, parce qu’on ne voulait pas
avoir pitié, parce que les faibles
sont toujours les abandonnés, ceux
qui ont tort et qu’on délaisse. Il en
est de l’histoire des peuples comme
de celle des individus. Soyez riche,
puissant, heureux, vous aurez des
amis nombreux, mais vienne l’in
fortune, ce sera l’isolement, l’oubli,
le dédain.
C’est ce qui est arrivé à notre
malheureux pays après la guerre
franco-allemande. Sous l’empire,
on avait coutume de dire que les
Tuileries étaient une « auberge de
rois ». Mais, après la défaite, les
coutumes changèrent et personne
ne nous rendit plus visite à la grande
joie des conservateurs qui procla
mèrent volontiers que nos relations
extérieures se bornaient aux princes
nègres.
Et c’était un peu vrai alors. En
effet, les < couronnés » qui se déci
daient à séjourner quelque temps
en France n’y viennent que discrè
tement, incognito et brûlaient le
plus souvent Paris. L’Exposition
de 1889 elle-même, ne leur fut pas
une occasion de rompre cette abs
tention et de se départir de leur
trop stricte réserve.
Mais voilà que, tout à coup, —
précisément à la suite de cette expo
sition qui donna la preuve de notre
relèvement définitif, le spectacle de
la force de notre peuple et de son
génie — la scène change. Succes
sivement des princes et des grands
ducs sont reçus officiellement à l’E
lysée, l’alliance russe se desssine et
se révèle, le ministre des affaires
étrangères de Russie assiste à nos
manœuvres à côté du Président de
la République française, puis pendant
dix ans, les rois de Belgique, de
Grèce, de Suède, de Danemarck, de
Portugal, de Roumanie, de Serbie,
le Schah de Perse, le Kédive, et je
ne sais combien de princes impé
riaux et royaux viennent rendre
visite au chef de l’Etat et se mêler
fréquemment à notre vie militaire.
Enfin, c’est le Tsar, c’est-à-dire
le monarque qui, par sa situation,
devrait être le plus éloigné de notre
République qui vient, à deux repri
ses parmi nous, applaudir à la
grandeur de la France et exprimer
des vœux pour sa gloire et pour son
avenir.
Dès lors, n’est-ce point l’heure de
nous tourner vers les conservateurs
et de leur dire : « N’est-ce pas le
moment de rire, à notre tour ? Vos
prétendants, naguère lâchés par le
Pape, qui a donné satisfaction aux
plus méchants en enjoignant aux
fidèles d’avoir à respecter les insti
tutions établies, sont aujourd’hui
lâchés par les représentants des
monarchies mêmes, qui reconnais
sent implicitement par leur présence
à Paris et leurs visites cordiales à
à nos gouvernants, le libre et dé
finitif établissement de la République
en France, en dépit des liens de
parenté qui les unissent aux mem
bres des anciennes familles régnan
tes aux héritiers des souverains
déchus.
La République a vécu, à l’heure
actuelle, plus qu’aucun des régimes
qui se sont succédé en France, du
rant ce siècle. Elle a relevé le pays,
lui a refait une armée forte et vail
lante, a rétabli l’ordre dans l’ad
ministration et les finances, a main
tenu la paix à l’extérieur, la sécurité
à l’intérieur, donné à l’industrie et
au commerce les garanties néces
saires à leur prospérité, organisé
l’instruction populaire sur des bases
admirables, augmenté et vivifié tou
tes les sources de la richesse natio
nale, préparé et conclu des alliances
sérieuses et fécondes, en un mot la
République, tout en démocratisant
nos institutions, s’est montrée digne
héritière des quatorze siècles de
gloire et de grandeur que nous
avaient légués nos pères, elle a con
tinué la tradition d’une nation gé
néreuse et vivace qui a toujours
tenu son rang à la tête des peuples
et sait leur montrer la bonne route.
Quoiqu’en disent les boudeurs qui
ne veulent pas reconnaître l’œuvre
accomplie, et persistent à rester
confinés dans leurs regrets du passé,
et ne voulant rien abandonner de
leurs stériles espoirs, la manifesta
tion présente, venant après tant
d’autres, est une preuve irréfutable
que la situation actuelle est durable
et brillante.
C’est la condamnation de leurs
vains désirs et de leurs inutiles
efforts. Georges ROCHER.
LE TSA R EN FRANCE
A PARIS
Le Gaulois dit que M. Loubet, dans
les conversations qu’il a eues avec
l’Empereur, a insisté pour qu’il accepte
l’invitation du conseil municipal de
Paris. Le Tsar et la Tsarine cédant
au désir exprimé par le Président de
la République, viendraient demain à
Paris.
Cette nouvelle ne serait officielle
ment annoncée que demain matin.
M. Dausset, président du conseil
municipal, a déclaré hier soir à un
rédacteur de l'Echo de Paris :
« Je n’ai pas encore été avisé offi
ciellement de la visite du Tsar à Paris,
mais un très haut fonctionnaire vient
de me prévenir par téléphone que le
Tsar avait décidé de venir passer ven
dredi quelques heures dans la capi
tale. »
De Y Intransigeant :
Nicolas II viendra à Paris demain,
visitera le pont et l’avenue Alexandre
III et se rendra au Père-Lachaise
pour déposer une couronne sur la
tombe de M. Félix Faure.
A l’occasion de l’arrivée du Tsar en
France, tous les édifices publics ont
été illuminés hier.
En outre, un grand nombre de mai
sons privées étaient ornées de motifs
lumineux. Dans les voies centrales et
notamment sur les grands boulevards,
la foule des promeneurs a été* consi
dérable durant toute la soirée.
CONGRÉGATIONS REBELLES
Le bruit qui s’est fait depuis quel
que temps autour des chartreux ne
semble pas devoir s’apaiser de si tôt.
Veulent-ils rester ? Veulent-ils partir ?
Il est tout probable qu’ils ne seraient
pas fâchés de continuer leurs affaires.
Leur retard à prendre une décision
définitive est pour l’attester.
On se rappelle la visite faite au
président de la République et au pré
sident du Conseil par l’évêque de
Grenoble. Comme il était facile de le
prévoir, le plaidoyer de l’évêque n’a
servi en rien la cause des chartreux.
La loi est faite pour tous, et toutes
les congrégations doivent s’y sou- r
mettre.
C’est ce que vient de comprendre
la puissante congrégation des maris
tes, qui à la vérité ne fabrique aucun
élixir, mais qui possède près de sept
cents établissements.
Les maristes se soumettent. Ils ont
fait parvenir cos jours derniers leur
demande d’autorisation. Les char
treux, qui font retentir l’Isère de leurs
lamentations, n’ont qu’à imiter les
maristes, à se conformer, comme ces
derniers, au règlement du conseil
d’Etat.
Pourquoi donc une démarche qui
paraît toute simple aux maristes *
gens très puissants comme on vient
de le voir — semble-1-elle déshono
rante pour les chartreux ? Comprenne
qui voudra.
Mais puisque les chartreux sont
résolus à rester dans la catégorie des
congrégations rebelles à la loi, ils ne
sauraient se plaindre de subir les
conséquences de leur rébellion.
Leurs amis peuvent plaider en leur
faveur — comme le fait en ce mo
ment encore la chambre de commerce
Grenoble — ils ne peuvent que tour
ner dans un perpétuel cercle vicieux.
Pour rester, il faut être autorisé, et
poushétre autorisé, il faut déposer sa
demande en autorisation.
Vraiment, c’est trop parler des
chartreux.
Qu’ils partent donc, s'ils sont réso
lus à rester parmi les rebelles. Et,
de grâce, qu’on ne nous parle plus
d’eux. M. V.
NOS TRAMWAYS
A 1’ « IN DIVIDUA LISTE »
Nous seTions vraiment au regret
d’entretenir une polémique aigre-
douce avec nos dintingués confrères
de Y Individualiste. Nous sommes au
contraire tout disposés à partager, le
cas échéant, le sentiment d’admira-
tiou qu’ils professent pour leurs pro
pres théories.
Mais nous sommes bien forcés de
constater que ces Messieurs, qui se
sont retirés sur la tour d’ivoire du
haut de laquelle ils lancent des excom
munications, commettent parfois des
inexactitudes. Cela tient sans doute à
leur éloignement des choses terres
tres.
Quand, par exemple, ils entre
prennent de juger toute une période
électorale, close le 2i juillet, en invo
quant uniquement une opinion indi
viduelle émise daus les colonnes de ce
journal le 21 juillet , peut-être n’est-
ce pas là un chef-d’œuvre de critique
impartiale.
D’autre part, leur essai de réhabili
tation de certains individualistes, à
raison de leur attitude aux dernières
élections municipales nous semble
assez maladroit.
Voyons, Messieurs, peut-ou con
tester de bonne foi que les candidats
individualistes en question, MM. Du
Pasquier et Sorel, aient donné leurs
noms à une liste où figuraient des
nationalistes avérés? Et n’est-il pas
exact qu’ils ne se sont retirés qu’au
moment précis où on leur a demandé
d’adhérer à une déclaration collective
de leur liste, qui aurait été pour eux
une véritable apostasie ?
On peut, à la rigueur, leur par
donner d’avoir un instant songé à en
trer au Conseil municipal avec une
escorte de nationalistes, en triomphant
d’une liste sur laquelle se trouvaient
des révisionnistes convaincus. Met
tons même que, pour la masse du
public, le fracas de la rupture de
MM. Du Pasquier et Sorel avec leurs
compagnons de liste ait pu faire ou
blier certaines alliances regrettables,
il n’en est pas moins vrai qu’on ne
les a vus moissonner, dans cette occur
rence, ni les lauriers du combat ni
les palmes du martyre.
A tout pêché miséricorde, et mainte
défaillance s’explique d’elle-même*
Les attaches politiques et confession
nelles en fournissent le véritable mo
bile, et il est vraiment inutile de faire
intervenir dans la circonstance Loyola
et sa doctrine. Car on doit supposer
la bonne foi, chez autrui, au moins
jusqu’à preuve contraire.
N’est-ce pas le cas, ou jamais, de
répéter avec le bon La Fontaine que
nous sommes oc tous besaciers »? Et
ne sommes-nous pas dans la vérité
absolue en indiquant que certaines
attitudes devraient comporter une
forte dose de modestie, et surtout ex
clure les jugements sévères et les in
transigeances de parade?
Ce serait là de Y Individualisme bien
compris, de celui qui, avant de son
ger à critiquer à tort et à travers,
commence par un loyal examen de
conscience. D. G.
Nous appelons l’attention toute par
ticulière de l’Administration munici
pale sur le fonctionnement actuel de
nos Compagnies de tramways. Il est
vraiment temps d’aviser, car jamais
service n’a été aussi défectueux que
celui qu’on nous impose depuis quel
ques mois.
Non-seulement la Compagnie Fran
çaise des Tramways supprime arbi
trairement une foule de départs, au
point qu’on se demande si la ligne
Saint-François-Funiculaire est un
mythe, et que l’on fait attendre pour
la ligne des Grands* Bassins jusqu’à
vingt minutes.
Mais la Compagnie Havraise des
Tramways, dite Compagnie des Tram
ways de Montivilliers, encouragée par
cet exemple et par l’impunité dont
bénéficient toutes les contraventions,
se permet des facéties du plus mau
vais goût.
Nous ne citerons, entre tant d’abus,
qu’un exemple, mais il est topique.
Mardi dernier, de neuf heures à
neuf heures vingt, aucun tramway
en vue dans la rue Jules-Lecesne pour
la direction de la Jetée. Plusieurs
voyageurs attendaient à la station du
Palais de Justice. Apparaît enfin,
vers la gare, un car qui met, montre
en main, huit minutes pour parcou
rir la distance de la gare à la rue J.-
B.-Eyriès. Ce parcours fut accidenté
de ces nombreuses extinctions dont la
Compagnieen question est coutumière.
Enfin lancé, le car brûla la station du
Palais de Justice, à la grande et légi
time indignation des voyageurs qui
attendaient depuis plus de 25 minu
tes que la Compagnie mît à leur dis
position le car dû d’après le cahier
des charges.
Cela s’appelle se moquer du public.
Il est vraiment fâcheux que l’on
néglige d’appliquer à ces Compagnies
les pénalités prévues dans les Conven
tions. Ce serait pour la Ville un sé
rieux élément de recettes.
Nous engageons vivementles cochers
de notre ville à étüdiër à nouveau une
réduction de leurs tarifs. Etant donné
qu’on ne peut plus se servir des tram
ways, qui ne fonctionnent plus qu’à
intervalles irréguliers, on pourrait
avec avantage en revenir aux vulgai
res sapins.
NÉCROLOGIE
L’un des grands événements de la
semaine a été la mort de M. Alexan
dre Paisant, conseiller général du 2*
canton, membre de la Chambre de
commerce, négociant, chevalier de
Légion d’honneur.
Né en 1839', Alexandre Paisant,
dans son enfance, prenait ses ébats*
sur les quais de St-Ftançois et était
bien connu pdur être un des plus
joyeux et fins loustics du quartier.
Il débuta tout d’abord au Courrier
dû Havre , comme apprenti typogra
phe. Mais ses aptitudes le portaient
vers le commerce. H lâcha de bonne
heure le composteur pour entrer,
comme petit commis, dans la maison
Postel et fils. Il y est resté 41 ans, pas
sant par tous les emplois jusqu’au
patronat.
Enumérer ses titres sociaux seraient
trop long. M. Alexandre Paisànt ap
partenait à tôùtes nos œuvres phi-
lantbropiquesi Nous pourrions même
dire que M. Paisant serait devenu
l’homme le plus populaire du Havre,
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