Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-08-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 août 1901 31 août 1901
Description : 1901/08/31 (N279). 1901/08/31 (N279).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634780
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6' Année — R 0 279.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 31 Août 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraii^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRXER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... AIft»ed HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 b
LA
Santé du Clergé
Vous qui êtes aux bains de mer,
aux stations thermales, regardez,
interrogez ceux qui en reviennent et
vous serez stupéfaits du nombre
d’ecclésiastiques, de religieux et de
religieuses que bon y rencontre.
En effet, on se demande comment
ces gens-là, au cours de leur indo
lente existence exempte de tout
souci, çle toute préoccupation, faite
de repos et de quiétude, ils peuvent
contracter des maladies, des affec
tions graves de la moelle, du cer
veau?... On comprend de tels acci
dents chez des hommes mêlés à la
bataille de la vie, usés journellement
par la lutte des efforts et une exis
tence de fièvre et de surmenage.
Ceux-là peuvent avoir besoin de ré
parer leurs forces. Mais on a peine
à s’expliquer qu’un bonhomme dont
Tunique besogne consiste à dire la
messe, à confesser les filles et à
égrener son chapelet se sente dépé
rir et vienne réparer son corps dé
labré.
Enfin c’est un fait qu’il faut cons
tater sans le comprendre, soucieux
de soigner davantage leur corps,
leur tête que leur âme, ce n’est pas
aux eaux de Lourdes ou de la Sa-
Ictte qu’ils vont demander un sou
lagement. Ils se rendent à Vichy, à
Vais, à Luchon, à la Bourboule, à
Evian, au Mont-Dore, etc., Ce ne
sont pas les moins empressés à sui
vre le traitement thermal. Non con
tents d’envahir les hôtels de villes
d’eau, ils noircissent les parcs, pla
ges et les abords des sources. Ils
savent bien que les eaux de Lourdes
et autres ne sont miraculeuses que
pour rire et se contentent d’en re
commander l’usage aux imbéciles.
Le voisinage de ces cafards est
fort incommode dans les stations
thermales. Quand on les voit de
près, qu’on les conduit à l’hôtel et à
table, on est frappé du caractère
peu édifiant et de la tenue médiocre
de ces personnages, qui au point de
vue de la réserve sont cent fois au-
dessous des baigneurs laïques.
Moines, missionnaires , aumô
niers, curés, se conduisent à table
comme des goinfres, critiquant la
nourriture, jamais assez délicate et
abondante à leur gré, buvant comme
des templiers et plus semblables aux
prêtres du Dieux-Ventre que du
maigre Jésus.
L’esprit de mortification, la so
briété, l’austérité, tout cela n’est
que de la blague pour ces pieux re
présentants de l’église. Quand ils
sortent de table, cramoisis, pétant
de nourriture et de boisson, mâ
chant leurs cure-dents, ces dévots
portes-soutanes offrent volontiers le
bras aux dames pour aller faire des
excursions d’un caractère peu cano
nique. D’autres, la pipe ou le cigare
au coin de la bouche font la conver
sation et tiennent des propos dont
s’alarmerait la pudeur d'un dragon.
« Nous menons aux eaux, me di
te sait un grand gaillard en robe
« blanche et noire, largement tondu,
« sorte de prétentieux Lacordaire
« de sous-préfecture, pour jouir,
« pour prendre du bon temps et re-
« faire notre santé ! »
A quel exercice l’avait-il donc dé
fait sa santé. Combien de pères de
famille dont la constitution altéré
par le travail exigerait quelques
semaines de villégiature, se privent
de ce réconfort, tandis que ces
moines, célibataires et paresseux,
vont soigner leur petite personne.
Pourquoi demandent-ils la santé à
des moyens humains, eux, qui en
deux temps trois mouvement peu
vent transformer de la pâte en Dieu
et ingurgiter ce divin cordial ?
Je me rappelle l’immense éclat de
rire qui retentit il y a quelques an
nées, lorsqu’on lût dans le journal
VOpinion que parmi les ecclésias
tiques qui demandaient aux eaux de
Plombières le rétablissement de leur
santé, il y avait je vous le donne
en mille...., il y avait le curé de
Lourdes.
Toujours les mêmes.
LA CRAINTE DU FISC
Pour essayer d’attendrir les vieilles
dévotes, certaines congrégations font
courir le bruit qu’elles vont trans
planter leur siège hors de France. Ce
serait trop beau pour qu’on le croie,
et l’on n’a malheureusement pas à
espérer d’elle ce beau geste, à moins
qu’on ne leur applique sérieusement
la loi qui les touche à la partie sen
sible.
Un rédacteur de La Liberté a re
cueilli les prétendues confidences d’un
père supérieur. L’interwiew est très
instructive, et nous en détachons ce
passage :
— Eh bien, mon père, que va faire
la congrégation ?
— Que voulez-vous qu’elle fasse ?
Elle ne doit pas se soumettre. Elle ne
peut pas résister. Elle partira donc.
Toutes nos dispositions sont déjà
prises. Avant le 1 er octobre nous au
rons quitter la France.
— Aucune congrégation n’est donc
résolue comme au moment de l’ar
ticle 7 à braver les rigueurs de la
loi?
— Je ne le pense pas. À quoi bon ?
La situation qui nous est créée par le
nouveau réglementest toute différente,
Ce ne sont plus nos personnes qui sont
en jeu, ce sont nos biens. Ce n’est
pas la force qui nous contraint, c’est
le fisc. Au moment de l’exécution des
décrets il y avait quelque intérêt à
laisser au gouvernement l'odieuse
responsabilité 'de l’expulsion. Il n’y
en aurait pas aujourd’hui à permettre
au séquestre d’inventorier nos biens,
de les confisquer et finalement de les
faire vendre après nous avoir déférés
aux tribunaux ordinaires.
Ce n’est pas la persécution qu'ils
fuient, c’est le fisc. Ce n’est pas le
martyre qu’ils redoutent. C’est la
caisse qu’ils veulent sauver. Us sont
tout à fait nouveau siècle, ces moines
cosmopolites !
LES INSUR GES
On sait que quelques membres du
Comité Radical-Socialiste vivent, de
puis quelque temps, dans un état
permanent d’insurrection contre leurs
anciens amis du Comité Démocrati
que.
Cette rébellion, heureusement, n’a
rien d’inquiétant pour la République,
et nous ne nous en occuperions pas,
si ces Messieurs se montraient plus
judicieux dans leurs appréciations.
M. Denis Guillot, qui fut honoré
de la présidence de l’Assemblée géné
rale de la fédération radicale de la
Seine-Inférieure, tenue récemment à
Rouen, recevait ainsi des républicains
les plus autorisés de notre départe
ment un témoignage de considération
et de haute estime, qui a eu le don
d’irriter et de mettre en fureur les
susdits insurgés.
Il faut pourtant qu’ils se résignent
à subir la loi de la majorité, s’ils tien
nent à faire parti du grand bloc poli
tique, institué par le dernier Congrès
radical-socialiste. Pour cela il faut
qu’ils se montrent plus respectueux
pour les chefs désignés pour la forma
tion du corps républicain qui s’appelle
Fédération radicale de la Seine-Infé
rieure.
A titre d’indication, s’il leur plai
sait même d’appartenir à cette insti
tution républicaine de notre départe
ment — qui n’est qu’une section de
la Fédération radicale-socialiste de
Paris ■— ils devront montrer patte
blanche, et s’adresser soit à MM. De
nis Guillot, Joly, Bâttaglini et Bau
din, adjoint au maire de Bolbec, nom
més, tous les quatre, membres de la
Commission exécutive de l’arrondis
sement du Havre.
LES MARCHANDS DD TEMPLE
On annonce que la Croix des R. P.
assomptionnistes vient d’assigner en
10,000 fr. de dommages-intérêts la
vaillante petite feuilleta Cro-a , jour
nal des corbeaux.
Les R R. P. P. assomptionnistes
estiment que La Cro-a est une contre
façon de leur journal La Croix ornée
d'un crucifix.
« ment dans leur assignation ! Que le
« crucifix qui sert d’emblème (d’en*
« seigne) au dit journal et le distingue
« de tous autres journaux, constitue
« avec la dénomination La Croix, for-
« maut le titre du journal, un e double
« marque de fabrique et de commerce
o dont le dépôt a été effectué... »
Le crucifix et la croix marques de
fabrique et de commerce. Nous ne
leur faisons pas dire ! Quelle boute !
Quand donc se trouvera-t-il un
homme pour ramasser le fouet du
Christ et pour chasser à grands coups
les vendeurs du Temple.
L’ENTRETIEN DES CIMETIÈRES
Le préfet de la Manche vient d’a
dresser aux maires de son département
une circulaire dont le contenu doit
appeler les méditations et les résolu
tions pratiques de tous les conseillers
municipaux. La voici :
Un arrêté de la Cour d’Amiens en
date du 29 avril 1885, maintenu par
un arrêt de la Cour de cassation du
30 mai 1888, a tranché définitive
ment la question de savoir si l’entre
tien des allées et clôtures des cime
tières est à la charge des fabriques ou
des communes. Aux termes de cet
arrêt, ce sont les fabriques qui sont
tenues d’assurer cet entretien, con
trairement à l’opinion précédemment
admise et énoncée dans la circulaire
ministérielle du 15 mai 1884. (Recueil
des actes administratifs, 1884 , n* 23.)
« Je vous prie de vouloir bien pren
dre bonne note de cette jurisprudence
définitive et de ne m’adresser à l’ave
nir des propositions portant vote de
deniers communaux qu’après que le
conseil de fabriques aura clairement
démontré l’insuffisance de ses ressour
ces pour faire face aux dépenses dont
il s’agit.
« Toutefois, je dois vous faire con
naître que la jurisprudence n’a pas
changé en ce qui concerne les travaux
de grosses réparations qui restent à la
charge exclusive des communes. »
Allons, mesdames les fabriques,
payez !
LES SANS-TRAVAIL
En Bretagne. — Les machines à
battre
La commune de Pluméliau, canton
de Baud (Morbihan) est, en ce mo
ment, le théâtre d’une agitation par
ticulière.
Cette commune compte environ
4,000 habitants, dont une grande
partie est composée de paysans non
propriétaires, travaillant à la journée
chez les fermiers de la contrée.
Ces pauvres ne gagnent qu’un très
faible salaire : les hommes 1 franc par
jour et la nourriture, les femmes
0 fr. 50, plus la nourriture. Or, cette
année, les fermiers se sont passés de
leurs services. Ils ont fait venir des
machines à battre et se sont arrangés
de telle façon que, lorsque les paysans
sont venus pour se faire embaucher
comme chaque année, les récoltes
étaient coupées et battues.
Les ouvriers agricoles sont donc en
ce moment sans travail. Ils sont très
surexcités et ne parlent de rien moins
que de briser les machines à battre.
LE PRIVILÈGE
DES BOUILLEURS DE CRU
AU CONSEIL GÉNÉRAL
RAPPORT
sur la proposition de MM. Duputel, Denis
Guillot, Fauvel , Génestal, Delaunay,
Tourdot , Maille, Lambard et Lucien
Poullard.
Dans sa séance du 25 août, le
Conseil Général a adopté un vœu re
latif au privilège des Bouilleurs de
cru. M. Denis Guillot, auteur des
rapports de 1890 et 1892, avait été
chargé à nouveau de rapporter cette
importante question.
Voici le rapport in extenso du
Conseiller général du 3 e canton :
Messieurs,
Un certain nombre de nos collègues
(MM. Duputel, Denis Guillot, Fauvel,
Génestal, Delaunay, Tourdot, Maille,
Lambard et Lucien Poullard) ont déposé
une proposition ainsi conçue :
« Les Soussignés demandent au Con
seil général de renouveler son vœu
pour la suppression du privilège des
Bouilleurs de cru. »
A diverses reprises, dans le cours des
dernières années, le Conseil général a
été amené à discuter cette question des
bouilleurs de cru, soit à l’occasion du
rapport annuel sur le Commerce et
1 Industrie, soit à la suite de propo
sitions d’initiatives de nos collègues.
Rappelons notamment que, le 18
avril 1890, le Conseil général rejetait un
vœu déposé par M. Darcel et demandant
que « les bouilleurs de cru soient main
tenus sous le régime du droit commun. »
Le Conseil a refusé de considérer la
situation des bouilleurs comme étant
de droit commun. 11 a au contraire es
timé qu’ils jouissaient d’un véritable
privilège qu’il importait de supprimer
ou en tout cas de réglementer.
Dans sa séance du 30 août 1892, le
Conseil était amené à statuer sur la
même question, mais sous une autre
forme, à la suite d’un vœu de M. Marais
« tendant à la suppression absolue du
privilège des bouilleurs de cru et de
mandant qu’en cas de maintien, ce pri
vilège soit l’objet d’une réglementation
nouvelle destinée à prévenir la fraude.»
Par 30 voix contre 9, le Conseil con
firma les principes exposés dans le
rapport du 18 avril 1890.
Depuis cette époque la suppression
du privilège des bouilleurs de cru a
toujours figuré au cahier de nos vœux*'
Quoique cette question ne soit pas
nouvelle, et qu’elle soit certainement
familière à tous nos collègues, il n’est
peut etre pas inutile de noter les termes
dans lesquelles elle se pose aujourd’hui,
en présence du régime nouveau sur les
boissons, en vigueur depuis la loi du
29 décembre 1900.
Du commencement du xix e siècle à
nos jours, les bouilleurs de cru ont joui
presque constamment du privilège, sauf
de 1804 à 1808, et de 1872 à 1875. La loi
du 14 décembre 1875 qui, à la veille des
élections législatives, a rétabli le privi
lège est ainsi conçue :
Article unique. — Les propriétaires
qui distillent les vins, marcs, cidres,
prunes et cerises provenant exclusive
ment de leurs récoltes sont dispensés
de toute déclaration préalable et sont
affranchis de l’exercice.
Remarquons en passant que, à l’en
contre de ceux qui persistent à pré
tendre que les bouilleurs de cru ne
jouissent pas d’une situation exception
nelle, en un mot d’un privilège, la loi
leur accorde un droit qu’il refuse à ceux
qui, achetant des fruits auraient la pré
tention de les distiller. Cela leur est.
interdit, et pourtant ils possèdent sur
les fruits par eux achetés un droit de
propriété égal à celui du récoltant. En
principe cette différence de traitement
ne se conçoit pas.
De plus, cette faculté de distiller sans
déclaration et sans exercice ne peut
s’appliquer aux produits non dénom
més dans la loi du 14 décembre 1875,
notamment aux grains, pommes de
terre et betteraves. De même le culti
vateur qui voudrait fabriquer de la bière
avec des produits de son sol, demeure
soumis à l’exercice.
Il y a donc là un privilège incontes
table.
La loi du 29 décembre 1900, a main
tenu ce régime dans son article 9, § 4.
Les bouilleurs de cru qui distillent ex
clusivement les produits désignés par
la loi du 14 décembre 1875, continuent
à être affranchis de la déclaration de
leur fabrication, sauf les exceptions
prévues à l’article 10 ci-après.
Art. 10. — Sont soumis au régime des
bouilleurs de professions les bouilleurs
de cru qui, dans le rayon déterminé par
l’art, 20 du décret du 17 mars 1852,
exercent par eux-mêmes ou par l’inter
médiaire d’associés, la profession de
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 31 Août 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraii^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRXER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... AIft»ed HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 b
LA
Santé du Clergé
Vous qui êtes aux bains de mer,
aux stations thermales, regardez,
interrogez ceux qui en reviennent et
vous serez stupéfaits du nombre
d’ecclésiastiques, de religieux et de
religieuses que bon y rencontre.
En effet, on se demande comment
ces gens-là, au cours de leur indo
lente existence exempte de tout
souci, çle toute préoccupation, faite
de repos et de quiétude, ils peuvent
contracter des maladies, des affec
tions graves de la moelle, du cer
veau?... On comprend de tels acci
dents chez des hommes mêlés à la
bataille de la vie, usés journellement
par la lutte des efforts et une exis
tence de fièvre et de surmenage.
Ceux-là peuvent avoir besoin de ré
parer leurs forces. Mais on a peine
à s’expliquer qu’un bonhomme dont
Tunique besogne consiste à dire la
messe, à confesser les filles et à
égrener son chapelet se sente dépé
rir et vienne réparer son corps dé
labré.
Enfin c’est un fait qu’il faut cons
tater sans le comprendre, soucieux
de soigner davantage leur corps,
leur tête que leur âme, ce n’est pas
aux eaux de Lourdes ou de la Sa-
Ictte qu’ils vont demander un sou
lagement. Ils se rendent à Vichy, à
Vais, à Luchon, à la Bourboule, à
Evian, au Mont-Dore, etc., Ce ne
sont pas les moins empressés à sui
vre le traitement thermal. Non con
tents d’envahir les hôtels de villes
d’eau, ils noircissent les parcs, pla
ges et les abords des sources. Ils
savent bien que les eaux de Lourdes
et autres ne sont miraculeuses que
pour rire et se contentent d’en re
commander l’usage aux imbéciles.
Le voisinage de ces cafards est
fort incommode dans les stations
thermales. Quand on les voit de
près, qu’on les conduit à l’hôtel et à
table, on est frappé du caractère
peu édifiant et de la tenue médiocre
de ces personnages, qui au point de
vue de la réserve sont cent fois au-
dessous des baigneurs laïques.
Moines, missionnaires , aumô
niers, curés, se conduisent à table
comme des goinfres, critiquant la
nourriture, jamais assez délicate et
abondante à leur gré, buvant comme
des templiers et plus semblables aux
prêtres du Dieux-Ventre que du
maigre Jésus.
L’esprit de mortification, la so
briété, l’austérité, tout cela n’est
que de la blague pour ces pieux re
présentants de l’église. Quand ils
sortent de table, cramoisis, pétant
de nourriture et de boisson, mâ
chant leurs cure-dents, ces dévots
portes-soutanes offrent volontiers le
bras aux dames pour aller faire des
excursions d’un caractère peu cano
nique. D’autres, la pipe ou le cigare
au coin de la bouche font la conver
sation et tiennent des propos dont
s’alarmerait la pudeur d'un dragon.
« Nous menons aux eaux, me di
te sait un grand gaillard en robe
« blanche et noire, largement tondu,
« sorte de prétentieux Lacordaire
« de sous-préfecture, pour jouir,
« pour prendre du bon temps et re-
« faire notre santé ! »
A quel exercice l’avait-il donc dé
fait sa santé. Combien de pères de
famille dont la constitution altéré
par le travail exigerait quelques
semaines de villégiature, se privent
de ce réconfort, tandis que ces
moines, célibataires et paresseux,
vont soigner leur petite personne.
Pourquoi demandent-ils la santé à
des moyens humains, eux, qui en
deux temps trois mouvement peu
vent transformer de la pâte en Dieu
et ingurgiter ce divin cordial ?
Je me rappelle l’immense éclat de
rire qui retentit il y a quelques an
nées, lorsqu’on lût dans le journal
VOpinion que parmi les ecclésias
tiques qui demandaient aux eaux de
Plombières le rétablissement de leur
santé, il y avait je vous le donne
en mille...., il y avait le curé de
Lourdes.
Toujours les mêmes.
LA CRAINTE DU FISC
Pour essayer d’attendrir les vieilles
dévotes, certaines congrégations font
courir le bruit qu’elles vont trans
planter leur siège hors de France. Ce
serait trop beau pour qu’on le croie,
et l’on n’a malheureusement pas à
espérer d’elle ce beau geste, à moins
qu’on ne leur applique sérieusement
la loi qui les touche à la partie sen
sible.
Un rédacteur de La Liberté a re
cueilli les prétendues confidences d’un
père supérieur. L’interwiew est très
instructive, et nous en détachons ce
passage :
— Eh bien, mon père, que va faire
la congrégation ?
— Que voulez-vous qu’elle fasse ?
Elle ne doit pas se soumettre. Elle ne
peut pas résister. Elle partira donc.
Toutes nos dispositions sont déjà
prises. Avant le 1 er octobre nous au
rons quitter la France.
— Aucune congrégation n’est donc
résolue comme au moment de l’ar
ticle 7 à braver les rigueurs de la
loi?
— Je ne le pense pas. À quoi bon ?
La situation qui nous est créée par le
nouveau réglementest toute différente,
Ce ne sont plus nos personnes qui sont
en jeu, ce sont nos biens. Ce n’est
pas la force qui nous contraint, c’est
le fisc. Au moment de l’exécution des
décrets il y avait quelque intérêt à
laisser au gouvernement l'odieuse
responsabilité 'de l’expulsion. Il n’y
en aurait pas aujourd’hui à permettre
au séquestre d’inventorier nos biens,
de les confisquer et finalement de les
faire vendre après nous avoir déférés
aux tribunaux ordinaires.
Ce n’est pas la persécution qu'ils
fuient, c’est le fisc. Ce n’est pas le
martyre qu’ils redoutent. C’est la
caisse qu’ils veulent sauver. Us sont
tout à fait nouveau siècle, ces moines
cosmopolites !
LES INSUR GES
On sait que quelques membres du
Comité Radical-Socialiste vivent, de
puis quelque temps, dans un état
permanent d’insurrection contre leurs
anciens amis du Comité Démocrati
que.
Cette rébellion, heureusement, n’a
rien d’inquiétant pour la République,
et nous ne nous en occuperions pas,
si ces Messieurs se montraient plus
judicieux dans leurs appréciations.
M. Denis Guillot, qui fut honoré
de la présidence de l’Assemblée géné
rale de la fédération radicale de la
Seine-Inférieure, tenue récemment à
Rouen, recevait ainsi des républicains
les plus autorisés de notre départe
ment un témoignage de considération
et de haute estime, qui a eu le don
d’irriter et de mettre en fureur les
susdits insurgés.
Il faut pourtant qu’ils se résignent
à subir la loi de la majorité, s’ils tien
nent à faire parti du grand bloc poli
tique, institué par le dernier Congrès
radical-socialiste. Pour cela il faut
qu’ils se montrent plus respectueux
pour les chefs désignés pour la forma
tion du corps républicain qui s’appelle
Fédération radicale de la Seine-Infé
rieure.
A titre d’indication, s’il leur plai
sait même d’appartenir à cette insti
tution républicaine de notre départe
ment — qui n’est qu’une section de
la Fédération radicale-socialiste de
Paris ■— ils devront montrer patte
blanche, et s’adresser soit à MM. De
nis Guillot, Joly, Bâttaglini et Bau
din, adjoint au maire de Bolbec, nom
més, tous les quatre, membres de la
Commission exécutive de l’arrondis
sement du Havre.
LES MARCHANDS DD TEMPLE
On annonce que la Croix des R. P.
assomptionnistes vient d’assigner en
10,000 fr. de dommages-intérêts la
vaillante petite feuilleta Cro-a , jour
nal des corbeaux.
Les R R. P. P. assomptionnistes
estiment que La Cro-a est une contre
façon de leur journal La Croix ornée
d'un crucifix.
« crucifix qui sert d’emblème (d’en*
« seigne) au dit journal et le distingue
« de tous autres journaux, constitue
« avec la dénomination La Croix, for-
« maut le titre du journal, un e double
« marque de fabrique et de commerce
o dont le dépôt a été effectué... »
Le crucifix et la croix marques de
fabrique et de commerce. Nous ne
leur faisons pas dire ! Quelle boute !
Quand donc se trouvera-t-il un
homme pour ramasser le fouet du
Christ et pour chasser à grands coups
les vendeurs du Temple.
L’ENTRETIEN DES CIMETIÈRES
Le préfet de la Manche vient d’a
dresser aux maires de son département
une circulaire dont le contenu doit
appeler les méditations et les résolu
tions pratiques de tous les conseillers
municipaux. La voici :
Un arrêté de la Cour d’Amiens en
date du 29 avril 1885, maintenu par
un arrêt de la Cour de cassation du
30 mai 1888, a tranché définitive
ment la question de savoir si l’entre
tien des allées et clôtures des cime
tières est à la charge des fabriques ou
des communes. Aux termes de cet
arrêt, ce sont les fabriques qui sont
tenues d’assurer cet entretien, con
trairement à l’opinion précédemment
admise et énoncée dans la circulaire
ministérielle du 15 mai 1884. (Recueil
des actes administratifs, 1884 , n* 23.)
« Je vous prie de vouloir bien pren
dre bonne note de cette jurisprudence
définitive et de ne m’adresser à l’ave
nir des propositions portant vote de
deniers communaux qu’après que le
conseil de fabriques aura clairement
démontré l’insuffisance de ses ressour
ces pour faire face aux dépenses dont
il s’agit.
« Toutefois, je dois vous faire con
naître que la jurisprudence n’a pas
changé en ce qui concerne les travaux
de grosses réparations qui restent à la
charge exclusive des communes. »
Allons, mesdames les fabriques,
payez !
LES SANS-TRAVAIL
En Bretagne. — Les machines à
battre
La commune de Pluméliau, canton
de Baud (Morbihan) est, en ce mo
ment, le théâtre d’une agitation par
ticulière.
Cette commune compte environ
4,000 habitants, dont une grande
partie est composée de paysans non
propriétaires, travaillant à la journée
chez les fermiers de la contrée.
Ces pauvres ne gagnent qu’un très
faible salaire : les hommes 1 franc par
jour et la nourriture, les femmes
0 fr. 50, plus la nourriture. Or, cette
année, les fermiers se sont passés de
leurs services. Ils ont fait venir des
machines à battre et se sont arrangés
de telle façon que, lorsque les paysans
sont venus pour se faire embaucher
comme chaque année, les récoltes
étaient coupées et battues.
Les ouvriers agricoles sont donc en
ce moment sans travail. Ils sont très
surexcités et ne parlent de rien moins
que de briser les machines à battre.
LE PRIVILÈGE
DES BOUILLEURS DE CRU
AU CONSEIL GÉNÉRAL
RAPPORT
sur la proposition de MM. Duputel, Denis
Guillot, Fauvel , Génestal, Delaunay,
Tourdot , Maille, Lambard et Lucien
Poullard.
Dans sa séance du 25 août, le
Conseil Général a adopté un vœu re
latif au privilège des Bouilleurs de
cru. M. Denis Guillot, auteur des
rapports de 1890 et 1892, avait été
chargé à nouveau de rapporter cette
importante question.
Voici le rapport in extenso du
Conseiller général du 3 e canton :
Messieurs,
Un certain nombre de nos collègues
(MM. Duputel, Denis Guillot, Fauvel,
Génestal, Delaunay, Tourdot, Maille,
Lambard et Lucien Poullard) ont déposé
une proposition ainsi conçue :
« Les Soussignés demandent au Con
seil général de renouveler son vœu
pour la suppression du privilège des
Bouilleurs de cru. »
A diverses reprises, dans le cours des
dernières années, le Conseil général a
été amené à discuter cette question des
bouilleurs de cru, soit à l’occasion du
rapport annuel sur le Commerce et
1 Industrie, soit à la suite de propo
sitions d’initiatives de nos collègues.
Rappelons notamment que, le 18
avril 1890, le Conseil général rejetait un
vœu déposé par M. Darcel et demandant
que « les bouilleurs de cru soient main
tenus sous le régime du droit commun. »
Le Conseil a refusé de considérer la
situation des bouilleurs comme étant
de droit commun. 11 a au contraire es
timé qu’ils jouissaient d’un véritable
privilège qu’il importait de supprimer
ou en tout cas de réglementer.
Dans sa séance du 30 août 1892, le
Conseil était amené à statuer sur la
même question, mais sous une autre
forme, à la suite d’un vœu de M. Marais
« tendant à la suppression absolue du
privilège des bouilleurs de cru et de
mandant qu’en cas de maintien, ce pri
vilège soit l’objet d’une réglementation
nouvelle destinée à prévenir la fraude.»
Par 30 voix contre 9, le Conseil con
firma les principes exposés dans le
rapport du 18 avril 1890.
Depuis cette époque la suppression
du privilège des bouilleurs de cru a
toujours figuré au cahier de nos vœux*'
Quoique cette question ne soit pas
nouvelle, et qu’elle soit certainement
familière à tous nos collègues, il n’est
peut etre pas inutile de noter les termes
dans lesquelles elle se pose aujourd’hui,
en présence du régime nouveau sur les
boissons, en vigueur depuis la loi du
29 décembre 1900.
Du commencement du xix e siècle à
nos jours, les bouilleurs de cru ont joui
presque constamment du privilège, sauf
de 1804 à 1808, et de 1872 à 1875. La loi
du 14 décembre 1875 qui, à la veille des
élections législatives, a rétabli le privi
lège est ainsi conçue :
Article unique. — Les propriétaires
qui distillent les vins, marcs, cidres,
prunes et cerises provenant exclusive
ment de leurs récoltes sont dispensés
de toute déclaration préalable et sont
affranchis de l’exercice.
Remarquons en passant que, à l’en
contre de ceux qui persistent à pré
tendre que les bouilleurs de cru ne
jouissent pas d’une situation exception
nelle, en un mot d’un privilège, la loi
leur accorde un droit qu’il refuse à ceux
qui, achetant des fruits auraient la pré
tention de les distiller. Cela leur est.
interdit, et pourtant ils possèdent sur
les fruits par eux achetés un droit de
propriété égal à celui du récoltant. En
principe cette différence de traitement
ne se conçoit pas.
De plus, cette faculté de distiller sans
déclaration et sans exercice ne peut
s’appliquer aux produits non dénom
més dans la loi du 14 décembre 1875,
notamment aux grains, pommes de
terre et betteraves. De même le culti
vateur qui voudrait fabriquer de la bière
avec des produits de son sol, demeure
soumis à l’exercice.
Il y a donc là un privilège incontes
table.
La loi du 29 décembre 1900, a main
tenu ce régime dans son article 9, § 4.
Les bouilleurs de cru qui distillent ex
clusivement les produits désignés par
la loi du 14 décembre 1875, continuent
à être affranchis de la déclaration de
leur fabrication, sauf les exceptions
prévues à l’article 10 ci-après.
Art. 10. — Sont soumis au régime des
bouilleurs de professions les bouilleurs
de cru qui, dans le rayon déterminé par
l’art, 20 du décret du 17 mars 1852,
exercent par eux-mêmes ou par l’inter
médiaire d’associés, la profession de
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