Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-07-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juillet 1901 06 juillet 1901
Description : 1901/07/06 (N271). 1901/07/06 (N271).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263470p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6 e Année — A” 271.
Samedi 6 Juillet 1901
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil du
Organe du Parti Républicain Démocraiiciue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements. » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMXR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction...
L’Imprimeur-Gérant
Alfred HENRI
E. LE ROT
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
HISTOIRE
D’UNE
CANDIDATURE
LETTRE OUVERTE
Havre, le 5 juillet 1901.
Mon cher Le Roy,
Il y a quelque dix années que
nous faisons avec nos amis de
la politique démocratique, et nous
avons eu souvent l’occasion de
disserter sur les incidents, tantôt
d’une platitude lamentable, tantôt
d’une fantaisie ultra comique ,
qui sont la monnaie courante
de notre politique locale. Mais je
ne crois pas que l’on ait jamais
vu quelque chose de plus inattendu,
de plus funambulesque, que les pour
parlers, négociations et injonctions
comiteuses auxquels je viens d’être
mêlé, bien malgré moi.
En qualité de vieil ami, je vous
en dois le récit exact.
Allons au fait sans autre préam
bule.
Le mercredi 29 mai, vers onze
heures du matin, se fit annoncer
dans mon cabinet M.Edmond Meyer,
agent d’assurances, se disant délé
gué du Comité Radical-Socialiste.
Il voulut bien m’informer qu’il avait
été délégué, ainsi que deux de ses
amis, MM. Brot, ostréiculteur et
conseiller municipal, et Boulard,
commissionnaire en épicerie, pour
venir au nom du Comité radical so
cialiste m’offrir le patronage du
Comité en vue des élections canto
nales du mois de juillet.
M. Edmond Meyer daigna m’aver
tir qu’il venait à l’insu de ses collè
gues de la délégation, pour me per
mettre de préparer, ainsi qu’il con
venait en si grave circonstance,
mon attitude et ma réponse aux-
dits ambassadeurs.
Il me laissa entendre que le Co
mité radical-socialiste était soumis
à ses volontés, à lui Meyer, et qu’il
se faisait fort de lui faire voter
n’importe quoi!
« Surtout, me dit-il, pas un mot
à mes collègues de cette démarche
officieuse, je compte sur votre dis
crétion. J’agis en ami. »
Donc, mon cher Le Roy, gardez
pour vous ce secret d’Etat.
Sur ces paroles mystérieuses, M.
Edmond Meyer s’esquiva, tel un
gnome aérien.
Quelques minutes après, il ren
trait en compagnie de M. Félix
Brot, graves l’un et l’autre ainsi
qu’il convient à des plénipotentiaires.
On attendit quelques minutes le
citoyen Boulard, troisième délégué.
Il ne venait toujours pas. M. Brot
eut le mot de la situation : « Ce
sacré Boulard, dit-il, on ne devrait
pas lui donner rendez-vous en ville
à l’heure de l’apéritif ! »
Ils indiquèrent l’objet de leur mis
sion.
Rs exposèrent d’abord la fixité de
principes de leur comité. Par un
vote unanime , ce groupe avait dé
cidé de me combattre. Il avait alors
offert la candidature à M. Edmond
Meyer, délégué présent. Celui-ci
avait mûrement réfléchi à cette pro
position. En fin de compte, il avait
réuni à nouveau son comité, et lui
avait fait entendre raison.
M. Edmond Meyer, prenant un ton
solennel, précisa alors sa pensée
avec un tact merveilleux : « Malgré
certaines défaillances , vous n’avez
pas démérité, me dit-il. (Brot le re
garda de côté, trouvant peut être
que son copain allait un peu loin).
Bref, le Comité, après avoir décidé
à l’unanimité de vous combattre,
a résolu, sur ma proposition, à l’u
nanimité, de vous soutenir. »
Quoique vivement intéressé par
ce mouvement de tête-à-queue du
Comité radical-socialiste, je ne crus
pas devoir donner à ses délégués
une réponse définitive. Je les invitai
à venir la prendre le vendredi 31
mai, à la même heure.
Comme midi allait sonner, et que
ces messieurs, devenus subitement
tristes, paraissaient songer à l’ami
Boulard, troisième délégué, je me
rappelai les lois de l’hospitalité et je
fis servir aux ambassadeurs un
apéritif modeste et consolateur.
Des souvenirs classiques vinrent
alors m’obséder, et je songeai à ce
merveilleux septième chant de Y 0-
dyssée, où le père Homère nous re
présente le mari de Pénélope, reçu
et abreuvé par Alkinoos, roi des
Phéaciens.
« Esclave, s’écrie Alkinoos, mêle
le vin dans l’urne, et distribue-le à
tous dans ce palais, afin que nous
offrions des libations à Zeus, roi de
la foudre, qui toujours accompagne
les respectables suppliants. »
Tel fut la première partie de cette
mémorable trilogie.
*
* *
Le vendredi 31 mai, vers les onze
heures, réapparition des délégués
du Comité radical-socialiste. Cette
fois Brot était absent, mais Boulard
était présent, ce qui me parut une
compensation suffisante. M. Edmond
Meyer, négociateur fatal, était na
turellement à son poste.
Pour éviter toute discussion oi
seuse, j’invitai les plénipotentiaires
à bien vouloir s'adresser purement
et simplement au Comité républi
cain démocratique , dont je fais
partie, au bas ou ils jugeraient bon
de conclure une alliance avec mes
amis.
Sur ces mots, les deux délégués
Boulard et Edmond Meyer se levè
rent avec indignation, comme si je
leur avais offert une portion de
mort aux rats.
Ils prirent congé.
*
4 4
Voici maintenant le troisième acte
de cette sombre histoire.
C’était au Congrès radical de la
salle des Sociétés savantes, rue Ser
pente, le 21 juin., Henri Brisson ve
nait de prononcer un admirable dis
cours sur le devoir républicain en
présence de la coalition méliniste et
cléricale. Nous étions là quatre dele
gués havrais qui ne pensions pas à
mal, quand nous fûmes accablés par
les démonstrations d’enthousiasme
de M. Edmond Meyer, qui nous an
nonça que, muni de trois mandats,
il représentait, à lui tout seul, lo
Comité radical-socialiste. Il nous dit
alors, et nous tressaillîmes, qu’il
nous offrait son appui et celui de son
comité, si nous consentions à ad
mettre d’ores et déjà ma candida
ture aux élections législatives de
1902. Nous pouvions compter alors
sur le patronage absolu du Comité
des Frères Meyer. N’était-on pas
tous républicains ? N’avait-t-on pas
le même programme ? etc..., etc...
Effrayés de cette agression en
plein Congrès, alors que nous na-
vions rien fait pour la provoquer,
nous prîmes le parti de battre en
retraite. La séance du Congrès ve
nait de finir. Nous en profitâmes
pour grimper prestement sur 1 im
périale du tramway, place Samt-
Micbel, — gare Saint-Lazare. Nous
échappions à ce redoutable patro
nage, nous étions sauvés !
Et maintenant, mon cher Le Roy,
si vous voyez s’étaler sur les murs
du troisième canton, des affiches au
nom d’un Meyer quelconque, n’en
soyez pas surpris.
« Celui qui n’est pas avec moi est
contre moi, dit l’Evangile. »
Ces Messieurs, par une nouvelle
conversion, seraient-ils de\enus
chrétiens et cléricaux?
Je vous laisse le soin de le décider.
Constatons seulement que, s ils
me combattent, c’est uniquement
parce que je les ai invités poliment
à me laisser tranquille.
Nous sommes au Havre quelques-
uns qui en avons assez !
Croyez, mon cher Le Roy, à l’as
surance de mes sentiments bien
dévoués. -r-m-r-m t at
DENIS GUILLOI.
MONSI EUR CA THALA
Nous lisons dans le Petit Rouennais
du ieudi 4 juillet :
L’article paru dans le Petit Rouen
nais. , il y a quelques jours sur la
« républicanisation » de la Républi
que et le cas de M. le sous-prefet du
Havre, a soulevé une tempête dans
les milieux mélinistes et nous a valu
les remerciements des démocrates de
l’arrondissement du Havre, qui de
mandent au gouvernement de defense
républicaine de les débarrasser de M.
Cathala. .
Il y a urgence, en effet, car des
renseignements qui nous parviennent
sur la situation du parti républicain
au Havre, il résulte que l’avenir est
gravement compromis par l’adminis
tration même dont la mission est de
faire respecter et aimer la Républi
que.
L’arrondissement du Havre n’est
pas à négliger. C’est une aggloméra
tion de 260,000 habitants, et sur ses
trois députés, deux ont été élus avec
des majorités infimes, qu’il serait fort
intéressant de déplacer.
La commission permanente du con
grès radical, qui s’est donné pour
tâche de réclamer avant tout l’épura
tion du personnel, ne peut qu’utile-
ment s’intéresser à la situation poli
tique du Havre.
M. Marais, ancien maire radical,
aujourd'hui prisonnier des nationa
listes, vient, contrairement à ses en
gagements antérieurs, de fermer la
Bourse du Travail. Il a pris prétexte
de désordres causés par des agents
provocateurs pour donner satisfaction
à sa majorité réactionnaire, alors
qu’un maire énergique et vraiment
démocrate aurait eu à cœur et de
maintenir la Bourse ouverte et d’y assu
rer l'ordre absolu.
Cet acte antidémocratique n’est
d’ailleurs que le couronnement d’une
véritable campagne menée depuis un
an, d’accord avec l’administration
sous-préfectorale, et qui se résume à
ceci :
« Aux vainqueurs les dépouilles de
de la République ».
M. Cathala, qui a la haine du radi-_
calisme et qui, en dépit de la chute
de M. Méline, son haut protecteur,
marche toujours pour les mélinistes,
comme s’il n’y avait rien de changé
en France, a successivement fait nom
mer :
Administrateur au lycée de gar
çons, M. Bricka, conseiller méliniste,
élu du journal la Croix , administra
teur du Petit Havre , organe antimi-
nistériel ;
Administrateur du lycée de filles,
M. Polet, conseiller également élu de
la Croix.
Délégués cantonaux, MM. Jamein
Polet, Persac et Bricka, tous conseil
lers élus de la Croix.
Par contre, aucune nomination n’a
été faite parmi les quatorze conseil
lers formant la minorité ministérielle,
et si l’on considère que le nombre
des délégués cantonaux est illimité,
on admettra que l’exelusion de ces
conseillers est bien le résultat d’une
animosité visible chez M. le sous-
préfet.
Il est à peine besoin de dire que
les mélinistes, objets des faveurs de
M. Cathala, continuent à se gausser
du Gouvernement actuel. À la der
nière séance da Conseil, le 29 mai
dernier, une adresse proposée à l’oc
casion de l’incident Parfait et réprou
vant la propagande nationaliste , a été
rejetée par une majorité de dix-sept
réactionnaires irréductibles, parmi
lesquels on retrouve fatalement les
amis de M. Cathala, soit MM. Jamein,
Bricka, Polet et Persac. Pas un ne
manque à l’appel.
Quant à M. Marais, l’ancien radi
cal qui, jadis, proposait une motion
flamboyante à l’adresse du ministère
Brisson, il s’est réfugié dant le si
lence de l'abstention.
Immédiement, M. Cathala, touché
de ce gage donné à la réaction, pro
posait M. le maire pour la croix à
l’occasion du 14 juillet prochain.
On conviendra que ce n’est pas un
spectacle banal de voir cet étrange
fonctionnaire, envoyé au Havre par
Méline pour y combattre les radicaux,
continuer aveuglément sa tâche trois
ans après la chute de son protecteur.
Nous plaignons sincèrement les
vaillants lutteurs qui combattent ail
Havre pour notre parti dans de pa
reilles conditions, mais nous espérons
que leurs déboires vont prendre fin.
Le comité de permacence du Con
grès radical l’a proclamé bien haut :
« Assez d’atermoiements. Il est grand
« temps de passer aux actes ».
Nous comptons qu’il va agir de
suite et avec énergie car, à leur tour,
les républicains du Havre pourraient
lui dire : « Moins de paroles dans le
« Congrès et plus d’action dans les
< ministères ».
Jean Quivote.
UN COUP DE CHIEN
Il n’est bruit, dans le troisième
canton, que d’une aventure galante
dont a été le héros une personnalité
appartenant depuis longtemps déjà
au monde politique du Havre. Cette
personnalité, ayant voulu fêter sa
convalescence, a cru bon de s’adjoin
dre une gente Dame, déjà un peu
mûre, mais aux formes opulentes.
Rar malheur notre héros est marié.
Sa femme, ayant appris que son époux,
qui décidément a un goût trop pro
noncé pour le lit ètHaes doux aban
dons, devait recevoir sa dulcinée en
‘an garni de la rue Casimir-Périer,
a fait le guet, pendant que l’infidèle
essayait parallèlement de faire le gai
aux bras de sa partenaire.
Le chien du coupable, posté dans
l’escalier, a facilité la surprise des
amants.
Dès lors, l’épouse légitime, con
vaincue de son malheur, eût une idée
géniale. Elle hêla un cocher, l’envoya
d’urgence prévenir le mari de la con
cubine que sa femme venait de se faire
une entorse rue Casimir-Périer et qu’il
mettait sa voiture à sa disposition
pour venir en toute hâte la chercher.
Le bon mari, accompagné de sa de
moiselle, s’empressa de se rendre sur
les lieux, où il trouva l’épouse du
complice, qui le mit au courant des
infidélités dont ils étaient tous les
deux victimes.
L’émotion fut violente...
L’un et l’autre pénétrèrent coura
geusement dans l'intérieur de la mai
son, où se déroula un scandale telle
ment bruyant, que les voisins en con
serveront longtemps le souvenir.
On parle de l’intervention d’un
vieux journaliste, ami du mari cou
pable, qui aurait arraché un revolver
des mains de l’épouse outragée.
M. Cathala, sous-préfet, avisé de
ces faits, aurait demandé la médaille
de sauvetage pour le vieux journa
liste, connu déjà par ses oraisons
funèbres et par ses travaux sur le
« socialisme du cœur ».
DERNI ÈRE H EURE
Le Candidat MEYER
D’où vient-il, qui est-il ? ou se le
demande dans le troisième canton,
dont les murs sont tapissés de papil
lons multicolores où le nom de » Léon
Meyer » se déroule en gros carac
tères.
Si inconnu et déjà candidat au
Conseil général !
M. Meyer, nous dit-on, est un phi
lanthrope douteux, un ami ignoré de
l’ouvrier.
A la vérité, très jeune encore, en
politique surtout, M. Léon Meyer
prend ses rêves pour des réalités.
Samedi 6 Juillet 1901
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil du
Organe du Parti Républicain Démocraiiciue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements. » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMXR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction...
L’Imprimeur-Gérant
Alfred HENRI
E. LE ROT
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
HISTOIRE
D’UNE
CANDIDATURE
LETTRE OUVERTE
Havre, le 5 juillet 1901.
Mon cher Le Roy,
Il y a quelque dix années que
nous faisons avec nos amis de
la politique démocratique, et nous
avons eu souvent l’occasion de
disserter sur les incidents, tantôt
d’une platitude lamentable, tantôt
d’une fantaisie ultra comique ,
qui sont la monnaie courante
de notre politique locale. Mais je
ne crois pas que l’on ait jamais
vu quelque chose de plus inattendu,
de plus funambulesque, que les pour
parlers, négociations et injonctions
comiteuses auxquels je viens d’être
mêlé, bien malgré moi.
En qualité de vieil ami, je vous
en dois le récit exact.
Allons au fait sans autre préam
bule.
Le mercredi 29 mai, vers onze
heures du matin, se fit annoncer
dans mon cabinet M.Edmond Meyer,
agent d’assurances, se disant délé
gué du Comité Radical-Socialiste.
Il voulut bien m’informer qu’il avait
été délégué, ainsi que deux de ses
amis, MM. Brot, ostréiculteur et
conseiller municipal, et Boulard,
commissionnaire en épicerie, pour
venir au nom du Comité radical so
cialiste m’offrir le patronage du
Comité en vue des élections canto
nales du mois de juillet.
M. Edmond Meyer daigna m’aver
tir qu’il venait à l’insu de ses collè
gues de la délégation, pour me per
mettre de préparer, ainsi qu’il con
venait en si grave circonstance,
mon attitude et ma réponse aux-
dits ambassadeurs.
Il me laissa entendre que le Co
mité radical-socialiste était soumis
à ses volontés, à lui Meyer, et qu’il
se faisait fort de lui faire voter
n’importe quoi!
« Surtout, me dit-il, pas un mot
à mes collègues de cette démarche
officieuse, je compte sur votre dis
crétion. J’agis en ami. »
Donc, mon cher Le Roy, gardez
pour vous ce secret d’Etat.
Sur ces paroles mystérieuses, M.
Edmond Meyer s’esquiva, tel un
gnome aérien.
Quelques minutes après, il ren
trait en compagnie de M. Félix
Brot, graves l’un et l’autre ainsi
qu’il convient à des plénipotentiaires.
On attendit quelques minutes le
citoyen Boulard, troisième délégué.
Il ne venait toujours pas. M. Brot
eut le mot de la situation : « Ce
sacré Boulard, dit-il, on ne devrait
pas lui donner rendez-vous en ville
à l’heure de l’apéritif ! »
Ils indiquèrent l’objet de leur mis
sion.
Rs exposèrent d’abord la fixité de
principes de leur comité. Par un
vote unanime , ce groupe avait dé
cidé de me combattre. Il avait alors
offert la candidature à M. Edmond
Meyer, délégué présent. Celui-ci
avait mûrement réfléchi à cette pro
position. En fin de compte, il avait
réuni à nouveau son comité, et lui
avait fait entendre raison.
M. Edmond Meyer, prenant un ton
solennel, précisa alors sa pensée
avec un tact merveilleux : « Malgré
certaines défaillances , vous n’avez
pas démérité, me dit-il. (Brot le re
garda de côté, trouvant peut être
que son copain allait un peu loin).
Bref, le Comité, après avoir décidé
à l’unanimité de vous combattre,
a résolu, sur ma proposition, à l’u
nanimité, de vous soutenir. »
Quoique vivement intéressé par
ce mouvement de tête-à-queue du
Comité radical-socialiste, je ne crus
pas devoir donner à ses délégués
une réponse définitive. Je les invitai
à venir la prendre le vendredi 31
mai, à la même heure.
Comme midi allait sonner, et que
ces messieurs, devenus subitement
tristes, paraissaient songer à l’ami
Boulard, troisième délégué, je me
rappelai les lois de l’hospitalité et je
fis servir aux ambassadeurs un
apéritif modeste et consolateur.
Des souvenirs classiques vinrent
alors m’obséder, et je songeai à ce
merveilleux septième chant de Y 0-
dyssée, où le père Homère nous re
présente le mari de Pénélope, reçu
et abreuvé par Alkinoos, roi des
Phéaciens.
« Esclave, s’écrie Alkinoos, mêle
le vin dans l’urne, et distribue-le à
tous dans ce palais, afin que nous
offrions des libations à Zeus, roi de
la foudre, qui toujours accompagne
les respectables suppliants. »
Tel fut la première partie de cette
mémorable trilogie.
*
* *
Le vendredi 31 mai, vers les onze
heures, réapparition des délégués
du Comité radical-socialiste. Cette
fois Brot était absent, mais Boulard
était présent, ce qui me parut une
compensation suffisante. M. Edmond
Meyer, négociateur fatal, était na
turellement à son poste.
Pour éviter toute discussion oi
seuse, j’invitai les plénipotentiaires
à bien vouloir s'adresser purement
et simplement au Comité républi
cain démocratique , dont je fais
partie, au bas ou ils jugeraient bon
de conclure une alliance avec mes
amis.
Sur ces mots, les deux délégués
Boulard et Edmond Meyer se levè
rent avec indignation, comme si je
leur avais offert une portion de
mort aux rats.
Ils prirent congé.
*
4 4
Voici maintenant le troisième acte
de cette sombre histoire.
C’était au Congrès radical de la
salle des Sociétés savantes, rue Ser
pente, le 21 juin., Henri Brisson ve
nait de prononcer un admirable dis
cours sur le devoir républicain en
présence de la coalition méliniste et
cléricale. Nous étions là quatre dele
gués havrais qui ne pensions pas à
mal, quand nous fûmes accablés par
les démonstrations d’enthousiasme
de M. Edmond Meyer, qui nous an
nonça que, muni de trois mandats,
il représentait, à lui tout seul, lo
Comité radical-socialiste. Il nous dit
alors, et nous tressaillîmes, qu’il
nous offrait son appui et celui de son
comité, si nous consentions à ad
mettre d’ores et déjà ma candida
ture aux élections législatives de
1902. Nous pouvions compter alors
sur le patronage absolu du Comité
des Frères Meyer. N’était-on pas
tous républicains ? N’avait-t-on pas
le même programme ? etc..., etc...
Effrayés de cette agression en
plein Congrès, alors que nous na-
vions rien fait pour la provoquer,
nous prîmes le parti de battre en
retraite. La séance du Congrès ve
nait de finir. Nous en profitâmes
pour grimper prestement sur 1 im
périale du tramway, place Samt-
Micbel, — gare Saint-Lazare. Nous
échappions à ce redoutable patro
nage, nous étions sauvés !
Et maintenant, mon cher Le Roy,
si vous voyez s’étaler sur les murs
du troisième canton, des affiches au
nom d’un Meyer quelconque, n’en
soyez pas surpris.
« Celui qui n’est pas avec moi est
contre moi, dit l’Evangile. »
Ces Messieurs, par une nouvelle
conversion, seraient-ils de\enus
chrétiens et cléricaux?
Je vous laisse le soin de le décider.
Constatons seulement que, s ils
me combattent, c’est uniquement
parce que je les ai invités poliment
à me laisser tranquille.
Nous sommes au Havre quelques-
uns qui en avons assez !
Croyez, mon cher Le Roy, à l’as
surance de mes sentiments bien
dévoués. -r-m-r-m t at
DENIS GUILLOI.
MONSI EUR CA THALA
Nous lisons dans le Petit Rouennais
du ieudi 4 juillet :
L’article paru dans le Petit Rouen
nais. , il y a quelques jours sur la
« républicanisation » de la Républi
que et le cas de M. le sous-prefet du
Havre, a soulevé une tempête dans
les milieux mélinistes et nous a valu
les remerciements des démocrates de
l’arrondissement du Havre, qui de
mandent au gouvernement de defense
républicaine de les débarrasser de M.
Cathala. .
Il y a urgence, en effet, car des
renseignements qui nous parviennent
sur la situation du parti républicain
au Havre, il résulte que l’avenir est
gravement compromis par l’adminis
tration même dont la mission est de
faire respecter et aimer la Républi
que.
L’arrondissement du Havre n’est
pas à négliger. C’est une aggloméra
tion de 260,000 habitants, et sur ses
trois députés, deux ont été élus avec
des majorités infimes, qu’il serait fort
intéressant de déplacer.
La commission permanente du con
grès radical, qui s’est donné pour
tâche de réclamer avant tout l’épura
tion du personnel, ne peut qu’utile-
ment s’intéresser à la situation poli
tique du Havre.
M. Marais, ancien maire radical,
aujourd'hui prisonnier des nationa
listes, vient, contrairement à ses en
gagements antérieurs, de fermer la
Bourse du Travail. Il a pris prétexte
de désordres causés par des agents
provocateurs pour donner satisfaction
à sa majorité réactionnaire, alors
qu’un maire énergique et vraiment
démocrate aurait eu à cœur et de
maintenir la Bourse ouverte et d’y assu
rer l'ordre absolu.
Cet acte antidémocratique n’est
d’ailleurs que le couronnement d’une
véritable campagne menée depuis un
an, d’accord avec l’administration
sous-préfectorale, et qui se résume à
ceci :
« Aux vainqueurs les dépouilles de
de la République ».
M. Cathala, qui a la haine du radi-_
calisme et qui, en dépit de la chute
de M. Méline, son haut protecteur,
marche toujours pour les mélinistes,
comme s’il n’y avait rien de changé
en France, a successivement fait nom
mer :
Administrateur au lycée de gar
çons, M. Bricka, conseiller méliniste,
élu du journal la Croix , administra
teur du Petit Havre , organe antimi-
nistériel ;
Administrateur du lycée de filles,
M. Polet, conseiller également élu de
la Croix.
Délégués cantonaux, MM. Jamein
Polet, Persac et Bricka, tous conseil
lers élus de la Croix.
Par contre, aucune nomination n’a
été faite parmi les quatorze conseil
lers formant la minorité ministérielle,
et si l’on considère que le nombre
des délégués cantonaux est illimité,
on admettra que l’exelusion de ces
conseillers est bien le résultat d’une
animosité visible chez M. le sous-
préfet.
Il est à peine besoin de dire que
les mélinistes, objets des faveurs de
M. Cathala, continuent à se gausser
du Gouvernement actuel. À la der
nière séance da Conseil, le 29 mai
dernier, une adresse proposée à l’oc
casion de l’incident Parfait et réprou
vant la propagande nationaliste , a été
rejetée par une majorité de dix-sept
réactionnaires irréductibles, parmi
lesquels on retrouve fatalement les
amis de M. Cathala, soit MM. Jamein,
Bricka, Polet et Persac. Pas un ne
manque à l’appel.
Quant à M. Marais, l’ancien radi
cal qui, jadis, proposait une motion
flamboyante à l’adresse du ministère
Brisson, il s’est réfugié dant le si
lence de l'abstention.
Immédiement, M. Cathala, touché
de ce gage donné à la réaction, pro
posait M. le maire pour la croix à
l’occasion du 14 juillet prochain.
On conviendra que ce n’est pas un
spectacle banal de voir cet étrange
fonctionnaire, envoyé au Havre par
Méline pour y combattre les radicaux,
continuer aveuglément sa tâche trois
ans après la chute de son protecteur.
Nous plaignons sincèrement les
vaillants lutteurs qui combattent ail
Havre pour notre parti dans de pa
reilles conditions, mais nous espérons
que leurs déboires vont prendre fin.
Le comité de permacence du Con
grès radical l’a proclamé bien haut :
« Assez d’atermoiements. Il est grand
« temps de passer aux actes ».
Nous comptons qu’il va agir de
suite et avec énergie car, à leur tour,
les républicains du Havre pourraient
lui dire : « Moins de paroles dans le
« Congrès et plus d’action dans les
< ministères ».
Jean Quivote.
UN COUP DE CHIEN
Il n’est bruit, dans le troisième
canton, que d’une aventure galante
dont a été le héros une personnalité
appartenant depuis longtemps déjà
au monde politique du Havre. Cette
personnalité, ayant voulu fêter sa
convalescence, a cru bon de s’adjoin
dre une gente Dame, déjà un peu
mûre, mais aux formes opulentes.
Rar malheur notre héros est marié.
Sa femme, ayant appris que son époux,
qui décidément a un goût trop pro
noncé pour le lit ètHaes doux aban
dons, devait recevoir sa dulcinée en
‘an garni de la rue Casimir-Périer,
a fait le guet, pendant que l’infidèle
essayait parallèlement de faire le gai
aux bras de sa partenaire.
Le chien du coupable, posté dans
l’escalier, a facilité la surprise des
amants.
Dès lors, l’épouse légitime, con
vaincue de son malheur, eût une idée
géniale. Elle hêla un cocher, l’envoya
d’urgence prévenir le mari de la con
cubine que sa femme venait de se faire
une entorse rue Casimir-Périer et qu’il
mettait sa voiture à sa disposition
pour venir en toute hâte la chercher.
Le bon mari, accompagné de sa de
moiselle, s’empressa de se rendre sur
les lieux, où il trouva l’épouse du
complice, qui le mit au courant des
infidélités dont ils étaient tous les
deux victimes.
L’émotion fut violente...
L’un et l’autre pénétrèrent coura
geusement dans l'intérieur de la mai
son, où se déroula un scandale telle
ment bruyant, que les voisins en con
serveront longtemps le souvenir.
On parle de l’intervention d’un
vieux journaliste, ami du mari cou
pable, qui aurait arraché un revolver
des mains de l’épouse outragée.
M. Cathala, sous-préfet, avisé de
ces faits, aurait demandé la médaille
de sauvetage pour le vieux journa
liste, connu déjà par ses oraisons
funèbres et par ses travaux sur le
« socialisme du cœur ».
DERNI ÈRE H EURE
Le Candidat MEYER
D’où vient-il, qui est-il ? ou se le
demande dans le troisième canton,
dont les murs sont tapissés de papil
lons multicolores où le nom de » Léon
Meyer » se déroule en gros carac
tères.
Si inconnu et déjà candidat au
Conseil général !
M. Meyer, nous dit-on, est un phi
lanthrope douteux, un ami ignoré de
l’ouvrier.
A la vérité, très jeune encore, en
politique surtout, M. Léon Meyer
prend ses rêves pour des réalités.
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