Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-05-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 mai 1901 11 mai 1901
Description : 1901/05/11 (N263). 1901/05/11 (N263).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634624
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
Samedi 11 Mai 1801.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Le Réveil dn Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
fi»wm"il'llllirri hi" 1 I ii'Tli ■ ■< < » y i
3 fr.
1 S
ADMINISTRATION % ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred hekirb
L’Imprimeur-Gérant s?. ILE i&©¥
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 x>
On traite à forfait
La Bourse È Travail
AUX
TRAVAILLEURS
Les scènes de désordre du 1 er
Mai ont provoqué dans tous les
groupes ouvriers une indignation
bien légitime qui s’est traduite par
un grand nombre d’ordres du jour
à peu près identiques, dans lesquels
on déplore tout à la fois les actes
de « vandalisme » et le fait de la
fermeture de la Bourse du Travail.
Ces manifestations unanimes des
syndicats ne nous ont pas surpris.
S’il peut exister dans quelques mi
lieux bourgeois une sorte de défiance
de tout ce qui est relatif aux syndi
cats ouvriers, nous avons, pour
notre part, la plus grande confiance
dans l’esprit qui anime les divers
groupements corporatifs de notre
ville. Ce n’est pas d’aujourd’hui
qu’ils ont compris que, dans notre
régime de suffrage universel, les
réformes ne sont possibles qu’avec
la libre discussion, et que la vio
lence est une arme qui blesse ceux
qui veulent s’en servir. C’est en se
pénétrant de cette vérité que Ion
arrivera à résoudre, en démocratie,
les graves problèmes sociaux qui
sont posés depuis des années.
En se guidant sur ces mêmes
principes, les syndicats, qui sont
unanimes à réprouver les émeutes,
seront certainement les premiers à
comprendre que la situation faite
depuis quelque temps, non seule
ment à la municipalité, mais encore
à l’ensemble dès ouvriers de notre
ville, par le bureau de la Bourse
du Travail, était vraiment intolé
rable.
La Bourse du Travail du Havre,
comme toutes celles qui existent en
France, a un règlement. L article
premier de ce règlement spécifie
que cette institution a pour objet de
favoriser les transactions relatives
à la main-d'œuvre et au travail
en général. Cela est clair, semble-
t-il 11 s’agit de faire fonctionner
un établissement ayant pour but de
centraliser les demandes et ofïres
d’emploi. Il va de soi que les ou
vriers ont également la faculté de
se réunir pour discuter les ques
tions d’intérêt commun,, quoique
cela ne soit pas spécifie pai le
règlement.
Mais doit-on admettre que la
Bourse, destinée, nous venons de le
dire, à favoriser les transactions re
latives à la main-d’œuvre, en arrive
à tromper brusquement les espé
rances de ceux pour lesquels elle est
instituée, et qu’au lieu de favoriser,
elle entrave la conclusion du contrat
de travail?
Et spécialement doit-on tolerer
que ceux qui sont nommés et payés
pour faire ce travail de purs inter
médiaires entre l’offre et la demande,
s’attribuent un tout autre rôle, et
s’instituent les instruments et les
propagandistes de telle ou telle école,
socialiste, bourgeoise ou autre, pour
imposer à toute la classe ouvrière
leurs vues particulières?
11 suffit, croyons-nous, de poser
la question dans ces termes précis
qui répondent à la situation ac
tuelle, pour qu’elle soit facilement
résolue.
On a vu, en effet, s’installer à la
Bourse du Travail des comités qui
n’avaient rien à voir avec le but
poursuivi par cet établissement et
dont l’action est devenue tellement
envahissante que tout a été faussé
dans le fonctionnement de ses di
vers services.
Un comité s’est affilié à la Bourse
en vue de préparer la grève géné
rale.
On sait en quoi consiste cette
campagne. Les partisans de la grève
générale, avec une conception des
transformations économiques, telle
ment simpliste qu’elle en est quelque
peu ridicule, s’imaginent qu’il suffi
rait d’arrêter le travail dans toutes
les branches de l’activité humaine
pour entraîner une révolution so
ciale. Comment serait organisée la
société au lendemain de cette grève
générale? On néglige d’ailleurs de
l’indiquer. Mais on laisse supposer
qu’il se formera de toutes pièces?
une société nouvelle qui marchera
ensuite toute seule et sans accrocs.
C’est la vieille théorie de la trans
formation providentielle, une mani
festation de cet esprit de Messianisme
dont parlait Michelet, esprit spécial
à notre pays, et qui fait parfois res
sembler certaines de nos révolu
tions à des actes de foi religieuse.
• Ce beau procédé révolutionnaire,
préconisé en France par les alle
mandes, n’a d’ailleurs aucune fa
veur dans les autres pays, et il est
la risée de tous les socialistes an
glais, belges, allemands, etc., qui,
ne se payant pas de mots, estiment
avec juste raison que ce n’est pas
d’un coup de baguette que l’on amé
liore et transforme une société
vieille de plusieurs siècles, mais
qu’il y faut quelque effort humain.
C’est cette théorie des bras croi
sés et de la révolution providen
tielle procurée par l’extase socia
liste, que le bureau de la Bourse du
Travail a laissé ou fait transformer
en religion à imposer, bon gré mal
gré, à toutes les organisations ou
vrières de notre ville. Et l’on a pu
voir les chefs de la Bourse du Tra
vail s’instituer les missionnaires du
nouveau culte, et au lieu de favo
riser le travail, le déconseiller par
tous les moyens.
Nous respectons infiniment les
opinions de ces Messieurs, quoique
les trouvant d’un mysticisme trop
religieux pour notre usage person
nel. Mais nous ne pouvons admettre
qu’ils imposent ainsi à tous les
ouvriers d’une ville, conscients ou
non, les manières de voir d’une
minorité.
Nous sommes persuadés que cette
attitude, jointe à de regrettables
violences de langage, rendent im
possible le maintien des chefs actuels
de la Bourse du travail. Ils seront
les premiers à comprendre que,
dans l’intérêt même des travailleurs
de notre ville, leur retraite s’impose.
Ils s’en sont rendu compte, le jour
oh, brûlant leurs vaisseaux, ils ont
pris vis-à-vis de la municipalité une
attitude injurieuse. Et ils ont pu
apprécier le discrédit dans lequel ils
sont tombés, en constatant que,
dans la dernière séance du Conseil
municipal, pas une voix ne s’est
élevée pour les défendre. Et nul
n’ignore que la plupart de ceux qui
ont créé la Bourse du travail sont
encore membres du Conseil.
La parole est maintenant aux
syndicats pour réparer le mal fait
par quelques agitateurs qui ont es
sayé d’engager les ouvriers dans
une voie dangereuse.
Que la Bourse du travail soit ren
due aux travailleurs. Nous enten
dons par là ceux qui, socialistes ou
non, appartiennent à la démocratie
laborieuse, et qui n’attendent l’amé
lioration de leur sort, hélas ! parfois
précaire, que de l’emploi raisonné
des moyens pacifiques.
VERUS
■ —«5^55»*.
QUESTION DE VOIRIE
18,000 francs de moins-perçu par an
A la séance du Conseil municipal
en date du 8 mai, M. Joly a mis en
évidence un fait qui dénote chez M.
Maillart, l’adjoint chargé de la voi
rie, une insouciance qui passe l’ima
gination.
A maintes reprises, et notamment
dans un rapport récent qui avait la
prétention d’être fort étudié, l’admi
nistration avait affirmé que le prix
de revient du nettoyage complet des
voies publiques revenait à 0 fr. 60 c.
le mètre carré (exactement 0,5816) et
qu’il était absolument impossible de
l’établir à moins.
M. Joly soutient qu’il est fort pé
nible de réduire ce prix, mais en tous
cas, il relève d’une façon piquante
l'inconséquence de M. l’adjoint qui,
d’une part, maintient énergiquement
son chiffre théorique de 0 fr.60 c., et,
d’autre part, consent tous les ans à
certains particuliers, qui ont pour
tant le moyen de payer le tarif, des
abonnements de balayage basés sur
un taux dix fois plus faible.
Voici d’ailleurs les chiffres fournis
par M. Joly à l'appui de ses dires :
ils ont leur éloquence :
Abouts
Mag.Gén. 11,185 m. c. X WO c. donneraient 6,711 600
Docks 18,200 » » » 10,920 950
Briquet.. 1,500 » » » 900 100
Cocz 1,900 » » » 1,140 215
19,6711,865
Ainsi, au taux de 0 fr. 60, ces
quatre établissements paieraient en--
semble une taxe de 19,671 fr. au
lieu de l’abonnement dérisoire de
1865 fr. C’est donc pour la
Ville une perte annuelle de
47,806 irancs.
M. Joly fait alors observer que le
taux ainsi pratiqué ressort non plus
à 0,60 mais à 0,05 1/2, et que, si
tous les particuliers demandaient
l’abonnement sur cette base, la Ville
serait bien obligée de le leur con
sentir, et dans ce cas, elle exécuterait
le nettoyage total de la Ville pour
84,000 francs ! !
A ces arguments qu’a répliqué M.
Maillart ?
Sa réponse a été tout simplement
pyramidale.
Cet invraisemblable adjoint main
tient l’exactitude du prix de revient
de 0,60 c., mais il explique que les
Docks-Entrepôts, en traitant les pre
miers (c’esfc une erreur, ils ont traité
après les Généraux), ont obtenu un
prix d’abonnement extrêmement ré
duit eu raison du lien d’intérêt qui
existe entre euxetla Ville, et qu’en-
suite les trois autres établissements
ont obtenu le même taux par simple
assimilation.
D’ailleurs, ajoute-t-il imperturba
blement, si le conseil le veut , je pourrai
faire réviser ces abonnements l’année
prochaine.
Si le conseil le veut!!! Voilà qui
donne bien la mesure du zèle que
peut mettre cet insouciant adjoint
dans une foule de questions qui se
traitent sous le manteau de la che
minée, et où le Conseil ne peut rien
approfondir,
Nous connaissons déjà l’histoire de
cet hôtelier qui avait additionné le
numéro de la chambre de son client
avec tous ses frais d’hôtel, et sur une
observation motivée, répondait avec
sang-froid : ce Si Monsieur y tient ab
solument, on va rectifier. »
Décidément M. Maillart peut damer
le pion aux journaux amusants, les
seuls qu’il consente à lire quelquefois.
Ainsi donc, c’est bien entendu : Si
le Conseil y tient absolument, M. l’ad
joint prendra en main les intérêts de
la Ville.
On nous communique la lettre
suivante :
Havre, le 9 mai 1901.
Monsieur le Maire,
A la séance publique d’hier, lorsque
j’ai demandé, comme c’était mon droit,
si l’arrêté municipal prescrivant le ba
layage des chaussées par les riverains
était toujours en vigueur, M. l’adjoint
Maillart s’est permis de dire que c'était
chez moi une marotte d’incriminer une
mesure qui, semble-t-il, fait sa gloire.
Puisque vous n’avez pas jugé à propos
de rappeler votre adjoint aux convenan
ces, je déclare tenir essentiellement à ce
que ma réplique «Vous êtes un malpoli »
figure au procès-verbal.
Il faut convenir que ce n’est pas un
des moindres inconvénients de la politi
que que de se trouver en relations forcées
avec des personnes qui ignorent totale
ment les usages parlementaires.
Veuillez agréer, etc.
Cn. Joly,
Conseiller municipal.
■ . ■■■—mmmmmm
VOX POP ULI
Interrogé par l’un de nos confrères,
de ceux qui répètent scrupuleusement
ce qu’on leur a dit, M. Cotte, secré
taire de la Fédération nationale des
mineurs, a fait cette déclaration :
« Remarquez que je ne suis pas,
moi, un enragé de grève générale. Je
ne crois pas, moi, à la révolution ve
nant, dès demain, changer le sort des
affligés. A vous dire vrai, je ne com
prends pas qu’on greffe une grève
générale sur un conflit purement
local. Mais, puisque le congrès de
Lens a commis cette erreur, puisqu’il
n’a pas su ou pas pu faire entendre
raison aux grévistes, ou adjoindre les
revendications générales de la corpo
ration à la question subsidiaire de
Montceau, tant pis ! Il faut être hon
nête avant tout et respecter ses pro
pres décisions si on veut les faire res
pecter des autres.
« Au reste, ces pauvres camarades
de Montceau, s’ils avaient écouté mes
conseils et ceux de Bouveri, n’auraient
pas engagé cette malheureuse grève.
Enfin, il ne faut pas les abandonner
et nous ferons notre devoir. »
Traduction : Ces malheureux vont
au suicide, vont à la misère. Nous
avions tout fait pour les détourner
de leur erreur ; ils y persistent mal
gré tout. Tant pis ! Notre devoir est
dès lors de ne pas les abandonner et
de marcher avec eux.
Ce sophisme — car c’en est un, et
de la plus belle eau — répond à
l’idée fausse que se font beaucoup de
gens des obligations des mandataires
vis à vis de la majorité — qui, dans
l’espèce, est une minorité. Il peut con
duire aux abîmes ; il enlève à la rai
son le droit, voire et devoir de réagir
jusqu’à la dernière extrémité.
Si la grève générale était et est
encore, pour les ouvriers mineurs,
une chose mauvaise, malheureuse,
une erreur, aux yeux de M. Cotte
qui voit juste en la circonstance, l’in
teret qu’il porte aux ouvriers exige,
aussi bien que le bon sens, qu’il s’ef
force envers et contre tout d’éloigner
d’eux cette calamité.
Qu’il respecte leurs décisions, soit,
mais tant que la grève générale n’est
pas déclarée, il est toujours temps
d’éloigner le péril, de s’employer par
la persuasion, par l’influence dont on
dispose, par l’autorité que l’on a ac
quise, pour ramener ses camarades à
un plus exact sentiment de la situa
tion. Loin de s’abandonner, il faut
au contraire lutter pied à pied tant
que les actes irrémédiables ne sont pas
accomplis.
Qui dit mandataire ne dis pas ser
viteur aveugle, mais aussi guide et
conseiller. Le nombre n’est pas la
vérité, parce qu’il est le nombre. Sous
un régime de suffrage universel com
me le nôtre, son verdict est souverain.
Mais, enfin, s’il lui plaisait de décréter
que le soleil tourne autour de la terre,
cela n’empêcherait pas Galilée d’avoir
raison contre lui.
Le peuple peut donc se tromper,
non seulement sur la vérité sociale
ou politique, mais encore sur ses pro
pres interets. Son instinct généreux
lui-meme peut le trahir. À ses amis,
dès lors, de lui crier casse-cou ! de
tâcher de le remettre dans le droit
chemin, de ne pas le laisser choir en
des fautes susceptibles d’engendrer le
découragement et la misère.
Ii est des hommes qui ne sont pour
le peuple que des courtisans. Afin
de conquérir ses suffrages, ils songent
uniquement à flatter ses idées, à
surexciter ses passions. Ils ne promet
tent jamais assez, ils se livrent sans-
scrupules à toutes les extravagances-
Qu’importe, pourvu que la foule, gri
sée par leur bagout habile, leur donne
des suffrages !
Ces hommes-là sont extrêmement
dangereux, ce sont des malfaiteurs
dont 1 ambition a le plus souventpour
rançon la misère des malheureux qui
ont cru à leurs promesses. Acrobates
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Le Réveil dn Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
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3 fr.
1 S
ADMINISTRATION % ET RÉDACTION
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Secrétaire de la Rédaction.... Alfred hekirb
L’Imprimeur-Gérant s?. ILE i&©¥
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 x>
On traite à forfait
La Bourse È Travail
AUX
TRAVAILLEURS
Les scènes de désordre du 1 er
Mai ont provoqué dans tous les
groupes ouvriers une indignation
bien légitime qui s’est traduite par
un grand nombre d’ordres du jour
à peu près identiques, dans lesquels
on déplore tout à la fois les actes
de « vandalisme » et le fait de la
fermeture de la Bourse du Travail.
Ces manifestations unanimes des
syndicats ne nous ont pas surpris.
S’il peut exister dans quelques mi
lieux bourgeois une sorte de défiance
de tout ce qui est relatif aux syndi
cats ouvriers, nous avons, pour
notre part, la plus grande confiance
dans l’esprit qui anime les divers
groupements corporatifs de notre
ville. Ce n’est pas d’aujourd’hui
qu’ils ont compris que, dans notre
régime de suffrage universel, les
réformes ne sont possibles qu’avec
la libre discussion, et que la vio
lence est une arme qui blesse ceux
qui veulent s’en servir. C’est en se
pénétrant de cette vérité que Ion
arrivera à résoudre, en démocratie,
les graves problèmes sociaux qui
sont posés depuis des années.
En se guidant sur ces mêmes
principes, les syndicats, qui sont
unanimes à réprouver les émeutes,
seront certainement les premiers à
comprendre que la situation faite
depuis quelque temps, non seule
ment à la municipalité, mais encore
à l’ensemble dès ouvriers de notre
ville, par le bureau de la Bourse
du Travail, était vraiment intolé
rable.
La Bourse du Travail du Havre,
comme toutes celles qui existent en
France, a un règlement. L article
premier de ce règlement spécifie
que cette institution a pour objet de
favoriser les transactions relatives
à la main-d'œuvre et au travail
en général. Cela est clair, semble-
t-il 11 s’agit de faire fonctionner
un établissement ayant pour but de
centraliser les demandes et ofïres
d’emploi. Il va de soi que les ou
vriers ont également la faculté de
se réunir pour discuter les ques
tions d’intérêt commun,, quoique
cela ne soit pas spécifie pai le
règlement.
Mais doit-on admettre que la
Bourse, destinée, nous venons de le
dire, à favoriser les transactions re
latives à la main-d’œuvre, en arrive
à tromper brusquement les espé
rances de ceux pour lesquels elle est
instituée, et qu’au lieu de favoriser,
elle entrave la conclusion du contrat
de travail?
Et spécialement doit-on tolerer
que ceux qui sont nommés et payés
pour faire ce travail de purs inter
médiaires entre l’offre et la demande,
s’attribuent un tout autre rôle, et
s’instituent les instruments et les
propagandistes de telle ou telle école,
socialiste, bourgeoise ou autre, pour
imposer à toute la classe ouvrière
leurs vues particulières?
11 suffit, croyons-nous, de poser
la question dans ces termes précis
qui répondent à la situation ac
tuelle, pour qu’elle soit facilement
résolue.
On a vu, en effet, s’installer à la
Bourse du Travail des comités qui
n’avaient rien à voir avec le but
poursuivi par cet établissement et
dont l’action est devenue tellement
envahissante que tout a été faussé
dans le fonctionnement de ses di
vers services.
Un comité s’est affilié à la Bourse
en vue de préparer la grève géné
rale.
On sait en quoi consiste cette
campagne. Les partisans de la grève
générale, avec une conception des
transformations économiques, telle
ment simpliste qu’elle en est quelque
peu ridicule, s’imaginent qu’il suffi
rait d’arrêter le travail dans toutes
les branches de l’activité humaine
pour entraîner une révolution so
ciale. Comment serait organisée la
société au lendemain de cette grève
générale? On néglige d’ailleurs de
l’indiquer. Mais on laisse supposer
qu’il se formera de toutes pièces?
une société nouvelle qui marchera
ensuite toute seule et sans accrocs.
C’est la vieille théorie de la trans
formation providentielle, une mani
festation de cet esprit de Messianisme
dont parlait Michelet, esprit spécial
à notre pays, et qui fait parfois res
sembler certaines de nos révolu
tions à des actes de foi religieuse.
• Ce beau procédé révolutionnaire,
préconisé en France par les alle
mandes, n’a d’ailleurs aucune fa
veur dans les autres pays, et il est
la risée de tous les socialistes an
glais, belges, allemands, etc., qui,
ne se payant pas de mots, estiment
avec juste raison que ce n’est pas
d’un coup de baguette que l’on amé
liore et transforme une société
vieille de plusieurs siècles, mais
qu’il y faut quelque effort humain.
C’est cette théorie des bras croi
sés et de la révolution providen
tielle procurée par l’extase socia
liste, que le bureau de la Bourse du
Travail a laissé ou fait transformer
en religion à imposer, bon gré mal
gré, à toutes les organisations ou
vrières de notre ville. Et l’on a pu
voir les chefs de la Bourse du Tra
vail s’instituer les missionnaires du
nouveau culte, et au lieu de favo
riser le travail, le déconseiller par
tous les moyens.
Nous respectons infiniment les
opinions de ces Messieurs, quoique
les trouvant d’un mysticisme trop
religieux pour notre usage person
nel. Mais nous ne pouvons admettre
qu’ils imposent ainsi à tous les
ouvriers d’une ville, conscients ou
non, les manières de voir d’une
minorité.
Nous sommes persuadés que cette
attitude, jointe à de regrettables
violences de langage, rendent im
possible le maintien des chefs actuels
de la Bourse du travail. Ils seront
les premiers à comprendre que,
dans l’intérêt même des travailleurs
de notre ville, leur retraite s’impose.
Ils s’en sont rendu compte, le jour
oh, brûlant leurs vaisseaux, ils ont
pris vis-à-vis de la municipalité une
attitude injurieuse. Et ils ont pu
apprécier le discrédit dans lequel ils
sont tombés, en constatant que,
dans la dernière séance du Conseil
municipal, pas une voix ne s’est
élevée pour les défendre. Et nul
n’ignore que la plupart de ceux qui
ont créé la Bourse du travail sont
encore membres du Conseil.
La parole est maintenant aux
syndicats pour réparer le mal fait
par quelques agitateurs qui ont es
sayé d’engager les ouvriers dans
une voie dangereuse.
Que la Bourse du travail soit ren
due aux travailleurs. Nous enten
dons par là ceux qui, socialistes ou
non, appartiennent à la démocratie
laborieuse, et qui n’attendent l’amé
lioration de leur sort, hélas ! parfois
précaire, que de l’emploi raisonné
des moyens pacifiques.
VERUS
■ —«5^55»*.
QUESTION DE VOIRIE
18,000 francs de moins-perçu par an
A la séance du Conseil municipal
en date du 8 mai, M. Joly a mis en
évidence un fait qui dénote chez M.
Maillart, l’adjoint chargé de la voi
rie, une insouciance qui passe l’ima
gination.
A maintes reprises, et notamment
dans un rapport récent qui avait la
prétention d’être fort étudié, l’admi
nistration avait affirmé que le prix
de revient du nettoyage complet des
voies publiques revenait à 0 fr. 60 c.
le mètre carré (exactement 0,5816) et
qu’il était absolument impossible de
l’établir à moins.
M. Joly soutient qu’il est fort pé
nible de réduire ce prix, mais en tous
cas, il relève d’une façon piquante
l'inconséquence de M. l’adjoint qui,
d’une part, maintient énergiquement
son chiffre théorique de 0 fr.60 c., et,
d’autre part, consent tous les ans à
certains particuliers, qui ont pour
tant le moyen de payer le tarif, des
abonnements de balayage basés sur
un taux dix fois plus faible.
Voici d’ailleurs les chiffres fournis
par M. Joly à l'appui de ses dires :
ils ont leur éloquence :
Abouts
Mag.Gén. 11,185 m. c. X WO c. donneraient 6,711 600
Docks 18,200 » » » 10,920 950
Briquet.. 1,500 » » » 900 100
Cocz 1,900 » » » 1,140 215
19,6711,865
Ainsi, au taux de 0 fr. 60, ces
quatre établissements paieraient en--
semble une taxe de 19,671 fr. au
lieu de l’abonnement dérisoire de
1865 fr. C’est donc pour la
Ville une perte annuelle de
47,806 irancs.
M. Joly fait alors observer que le
taux ainsi pratiqué ressort non plus
à 0,60 mais à 0,05 1/2, et que, si
tous les particuliers demandaient
l’abonnement sur cette base, la Ville
serait bien obligée de le leur con
sentir, et dans ce cas, elle exécuterait
le nettoyage total de la Ville pour
84,000 francs ! !
A ces arguments qu’a répliqué M.
Maillart ?
Sa réponse a été tout simplement
pyramidale.
Cet invraisemblable adjoint main
tient l’exactitude du prix de revient
de 0,60 c., mais il explique que les
Docks-Entrepôts, en traitant les pre
miers (c’esfc une erreur, ils ont traité
après les Généraux), ont obtenu un
prix d’abonnement extrêmement ré
duit eu raison du lien d’intérêt qui
existe entre euxetla Ville, et qu’en-
suite les trois autres établissements
ont obtenu le même taux par simple
assimilation.
D’ailleurs, ajoute-t-il imperturba
blement, si le conseil le veut , je pourrai
faire réviser ces abonnements l’année
prochaine.
Si le conseil le veut!!! Voilà qui
donne bien la mesure du zèle que
peut mettre cet insouciant adjoint
dans une foule de questions qui se
traitent sous le manteau de la che
minée, et où le Conseil ne peut rien
approfondir,
Nous connaissons déjà l’histoire de
cet hôtelier qui avait additionné le
numéro de la chambre de son client
avec tous ses frais d’hôtel, et sur une
observation motivée, répondait avec
sang-froid : ce Si Monsieur y tient ab
solument, on va rectifier. »
Décidément M. Maillart peut damer
le pion aux journaux amusants, les
seuls qu’il consente à lire quelquefois.
Ainsi donc, c’est bien entendu : Si
le Conseil y tient absolument, M. l’ad
joint prendra en main les intérêts de
la Ville.
On nous communique la lettre
suivante :
Havre, le 9 mai 1901.
Monsieur le Maire,
A la séance publique d’hier, lorsque
j’ai demandé, comme c’était mon droit,
si l’arrêté municipal prescrivant le ba
layage des chaussées par les riverains
était toujours en vigueur, M. l’adjoint
Maillart s’est permis de dire que c'était
chez moi une marotte d’incriminer une
mesure qui, semble-t-il, fait sa gloire.
Puisque vous n’avez pas jugé à propos
de rappeler votre adjoint aux convenan
ces, je déclare tenir essentiellement à ce
que ma réplique «Vous êtes un malpoli »
figure au procès-verbal.
Il faut convenir que ce n’est pas un
des moindres inconvénients de la politi
que que de se trouver en relations forcées
avec des personnes qui ignorent totale
ment les usages parlementaires.
Veuillez agréer, etc.
Cn. Joly,
Conseiller municipal.
■ . ■■■—mmmmmm
VOX POP ULI
Interrogé par l’un de nos confrères,
de ceux qui répètent scrupuleusement
ce qu’on leur a dit, M. Cotte, secré
taire de la Fédération nationale des
mineurs, a fait cette déclaration :
« Remarquez que je ne suis pas,
moi, un enragé de grève générale. Je
ne crois pas, moi, à la révolution ve
nant, dès demain, changer le sort des
affligés. A vous dire vrai, je ne com
prends pas qu’on greffe une grève
générale sur un conflit purement
local. Mais, puisque le congrès de
Lens a commis cette erreur, puisqu’il
n’a pas su ou pas pu faire entendre
raison aux grévistes, ou adjoindre les
revendications générales de la corpo
ration à la question subsidiaire de
Montceau, tant pis ! Il faut être hon
nête avant tout et respecter ses pro
pres décisions si on veut les faire res
pecter des autres.
« Au reste, ces pauvres camarades
de Montceau, s’ils avaient écouté mes
conseils et ceux de Bouveri, n’auraient
pas engagé cette malheureuse grève.
Enfin, il ne faut pas les abandonner
et nous ferons notre devoir. »
Traduction : Ces malheureux vont
au suicide, vont à la misère. Nous
avions tout fait pour les détourner
de leur erreur ; ils y persistent mal
gré tout. Tant pis ! Notre devoir est
dès lors de ne pas les abandonner et
de marcher avec eux.
Ce sophisme — car c’en est un, et
de la plus belle eau — répond à
l’idée fausse que se font beaucoup de
gens des obligations des mandataires
vis à vis de la majorité — qui, dans
l’espèce, est une minorité. Il peut con
duire aux abîmes ; il enlève à la rai
son le droit, voire et devoir de réagir
jusqu’à la dernière extrémité.
Si la grève générale était et est
encore, pour les ouvriers mineurs,
une chose mauvaise, malheureuse,
une erreur, aux yeux de M. Cotte
qui voit juste en la circonstance, l’in
teret qu’il porte aux ouvriers exige,
aussi bien que le bon sens, qu’il s’ef
force envers et contre tout d’éloigner
d’eux cette calamité.
Qu’il respecte leurs décisions, soit,
mais tant que la grève générale n’est
pas déclarée, il est toujours temps
d’éloigner le péril, de s’employer par
la persuasion, par l’influence dont on
dispose, par l’autorité que l’on a ac
quise, pour ramener ses camarades à
un plus exact sentiment de la situa
tion. Loin de s’abandonner, il faut
au contraire lutter pied à pied tant
que les actes irrémédiables ne sont pas
accomplis.
Qui dit mandataire ne dis pas ser
viteur aveugle, mais aussi guide et
conseiller. Le nombre n’est pas la
vérité, parce qu’il est le nombre. Sous
un régime de suffrage universel com
me le nôtre, son verdict est souverain.
Mais, enfin, s’il lui plaisait de décréter
que le soleil tourne autour de la terre,
cela n’empêcherait pas Galilée d’avoir
raison contre lui.
Le peuple peut donc se tromper,
non seulement sur la vérité sociale
ou politique, mais encore sur ses pro
pres interets. Son instinct généreux
lui-meme peut le trahir. À ses amis,
dès lors, de lui crier casse-cou ! de
tâcher de le remettre dans le droit
chemin, de ne pas le laisser choir en
des fautes susceptibles d’engendrer le
découragement et la misère.
Ii est des hommes qui ne sont pour
le peuple que des courtisans. Afin
de conquérir ses suffrages, ils songent
uniquement à flatter ses idées, à
surexciter ses passions. Ils ne promet
tent jamais assez, ils se livrent sans-
scrupules à toutes les extravagances-
Qu’importe, pourvu que la foule, gri
sée par leur bagout habile, leur donne
des suffrages !
Ces hommes-là sont extrêmement
dangereux, ce sont des malfaiteurs
dont 1 ambition a le plus souventpour
rançon la misère des malheureux qui
ont cru à leurs promesses. Acrobates
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