Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-02-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 février 1901 02 février 1901
Description : 1901/02/02 (N249). 1901/02/02 (N249).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263448v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
1
6 e Année — N” 241
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 2 Février 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements... » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, HUE GASIMIR-PÊHIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant v. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LES MOIS
Février
Le nom de Février vient du mot
sabin februare, faire des expiations.
C’était le mois des sacrifices par ex
cellence. Il ne faisait pas partie de
l’année de dix mois instituée par
Romulus, et c’estNuma qui l’y ajouta
ainsi que janvier. Il était consacré
aux mânes. En Egypte il était le mois
des fêtes funéraires qui coïncidaient
avec la crue bienfaisante du Nil.
Dans nos pays tempérés, il marque le
commencement de la fonte des neiges,
et les fontaines captives recommen
cent à couler. Le perce-neige l'ellé
bore et l’audacieuse violette marquent
déjà le retour proche du printemps,
éveillant le laboureur de sa torpeur
hivernale pour le préparer au renou
veau.
Notons que dans ce mois ont eu
lieu deux arrêts du Parlement de
Paris, qui sont célèbres dans les an
nales judiciaires. L’un en 1313 porté
contre un taureau qui avait, d’un
coup de corne, donne la mort a un
jeune homme. Les juges lui firent gra
vement son procès et, sur la déposi
tion des témoins, le condamnèrent a
être pendu.
L’autre fut porté en 1680 contre la
Voisin. Cette célèbre intigrante tirait
les cartes, réconciliait les amants, fai
sait retrouver les objets perdus et dé
couvrir les trésors cachés, vendait des
secrets pour garder la jeunesse, se
rendre invulnérable, et gagner au jeu.
Elle fut accusée de vendre ces poi
sons, dits poudres de succession à
l’usage des héritiers impatients. Elle
fut condamnée à être brûlée vive et
finir comme elle avait vécu, dans
l’impiété.
Madame de Sévigné qui fit la rela
tion du procès et du supplice, y ajoute
un trait qui n’est pas à dédaigner dans
l’histoire des Perrin Daudin de l’épo
que : « Un juge à qui mon fils disait
« l’autre jour que c’était une chose
« étrange que de la faire brûler à
« petit feu (la Voisin) lui dit : Ab !
cc monsieur, il y a certains petits adou-
« cissements à cause de la faiblesse du
« sexe. — « Eb quoi ! on les étran-
« gle? — Non mais on leur jette des
« bûches sur la tête : les garçons du
« bourreau leur arrachent la tête
«t avec des crocs de fer !... Vous voyez
a bien, ma fille que ce n’est pas si
« terrible que l’on pense. Comment
« vous portez-vous de ce petit conte ?
« Il m’a fait grincer les dents. » —
Ce récit ne fait-il pas penser au fan
tastique roi Ubu.
On peut rapprocher de ce supplice
celui dont faillit, en 1393, le 1 er fé
vrier, être victime du roi Charles VI
Ce roi avait été frappé de folie à la
suite d’une insolation, lorsqu’il mar
chait vers la Bretagne pour y porter
la guerre ; et on cherchait par des
fêtes à distraire son hypocondrie.
Une fête ayant été donnée en l’hon
neur du mariage d’une dame de sa
maison, le roi et cinq de ses courti
sans eurent l’idée de se déguiser en
sauvages. Sur leurs maillots, ils
avaient collé avec de la poix une toi
son d’étoupes qui les faisait paraître
velus de la tête aux pieds. Ils entre
tinrent masqués en ciiant et dansant.
Mais le duc d’Orléans eut l’idée heu
reuse de mettre le feu aux étoupes.
Quatre furent brûlés vifs sans, qu’on
put leur porter secours. Le roi et le
sire de Nantouillet, seuls, se sauvè
rent, La peur qu’il avait éprouvée fit
retomber Charles dans de nouveaux
accès de démence plus complets et
plus longs que le premier. Les grands
malheurs de la France commencèrent.
Le 24 février 1525 fut fatal à un
autre de nos rois, François I er . Avec
toutes les chances de réussite, Fran
çois, déjà célèbre par la bataille de
Marignan, accompagné d’une armée
florissante, est vaincu devant Pavie
qu’il assiégeait. Malgré des actions de
bravoure qui suffiraient pour l’im
mortaliser, il est fait prisonnier après
avoir perdu dix mille hommes. C’est
alors qu’il écrit à sa mère, la fameuse
phrase : « Madame tout est perdu,fors
l’honneur. » Les Impériaux avaient
pris toute sa noblesse, avec Henri
d’Albert, roi titulaire de la Navarre
qu’il avait perdu.
C’est daus ce mois qu’un autre
catpif, Masers de Latude, gardé à la
Bastille, par ordre de Mme de Pompa-
dour accomplit la fameuse évasion
qu’il a conté dans ses mémoires et qui
a suffi, tant le fait était considéré
comme prodigieux, pour faire parve
nir son nom jusqu’à nous (1756).
Le mois de février est resté triste
ment noté dans l’histoire contempo
raine pour la sanglante tragédie dont
il fut témoin en 1848. C’était à la
veille de la chûte de Louis-Philippe,
On sait l’état du gouvernement, sa
marche rétrograde, ses actes odieux
de corruption publique, ses refus
obstinés de marcher dans la voie des
réformes et du progrès, toutes les cau
ses qui le tenaient en quelque sorte
en état de révolte contre la nation. La
Province tout entière se montrait hos
tile au roi, et dans les banquets on
avait supprimé le toast au chef de la
nation. Lesbanquetspolitiques avaient
été interdits. Le député Boissel et le
colonel Poupinel ayant formé l’idée de
réunir aux Gobelins leurs partisans
pour un repas, le préfet de police ap
puyé par la Chambre des pairs, inter
dit formellement ce qu’il sentait de
voir être une manifestation anti-gou
vernementale. Mais forts de l’appui
de trois pairs de France et de cent dé
putés, les organisateurs déclarèrent
qu’ils passeraient outre et fixèrent la
date du banquet au 22 février et le
lieu aux Champs-Elysées. Ils convo
quèrent, en dépit des défenses, la
garde nationale, le peuple et les éco
les, pour se joindre à eux.
Le 22 février, des manifestants en
grand nombre, descendirent vers la
Chambre et la Madeleine, chargés par
la troupe.
Bien qu’on sentit une certaine en
tente entre les soldats et le peuple,
les troubles ne furent que médiocres :
quelques boutiques d’armes furent
pillées, mais l’agitation se bornait à
des cris de « A bas Guizot ». Les ré
publicains exerçaient sur toute la
foule, une action qui ne se traduisait
que par des ese3rmouches et de petits
combats dans les rues de Paris. La
journée fut relativement calme. Ce
pendant, les troupes arrivaient de par
tout et campaient sur les places :
on disposait des canons aux carre
fours, en vue de mouvements plus
graves, suivant un plan stratégique
du maréchal Gérard que l’on croyait
infaillible.
Le 23 février dès le jour, les escar
mouches recommençèrent entre les sol
dats et le peuple, mais sans animo
sité, et, chose grave, les combattants,
entre deux feux, plaisantaient et sym
pathisaient entre eux. Cependant, il y
eut dans les quartiers St-Denis et St-
Martin quelques engagements sérieux
avec la garde municipale que l’on dé
testait.
Après de longues hésitations, les
gouverneurs militaires se décidèrent
à réunir la milice citoyenne pour la
défense des institutions de Juillet;
mais les gardes nationaux se joigni
rent aux révoltés en criant : « Vive
la réforme, à bas Guizot! », et en
traînèrent à leur cause nombre de sol
dats. Ils cherchèrent à empêcher les
collisions, et même croisèrent la
baïonnette contre les municipaux.
Le roi qui s’était d’abord égayé de
l’émeute avec sa famille fut atterré à
ces nouvelles. Il remercia lestement
le ministère détesté et chargea le vieux
Molé, de former un cabinet. Ce der
nier, médiocre personnage, promit de
réunir un cabinet mixte, mais sans
s’engager pour la réforme.
En apprenant ce changement, la
classe moyenne et le peuple laissèrent
éclater une joie immodérée, et s’aban
donnèrent à l’expérience : les troupes
rentrèrent dans leur casernes ; et, le
soir venu, une illumination sponta
née, une foule immense de promeneurs
donnaient à la ville, l’aspect de jour
de fête. Cependant, les hommes d’ac
tion, les républicains peu confiants
dans les résultats de dette diversion,
se fortifiai mt dr;'?. 0 ht ru.es Bsanboiirg.
et Transnonain, et se préparaient au
combat pour le lendemain. Des trou
pes nombreuses d’ouvriers et de gar
des nationaux fraternellement mêlés
passaient en chantant la Marseillaise
et le Chant des Girondins, acclamés par
la foule. Vers 9 h. 1/2, une colonne
plus nombreuse qui se dirigeait vers
la Madeleine, rencontra sur le boule
vard un détachement du 14 e de ligne
qui voulait lui barrer la route. (Jn
coup de feu, parti on ne sait d’oü, fut
le signal d’une épouvantable fusillade.
Sans sommation, sans commande
ment, des feux de file retentirent.
Quand la fumée fut dissipée, une
centaine de cadavres gisaient sur le
sol au milieu d’une panique effroya
ble. On avait tiré sur une foule sym
pathique, des promeneurs, des en
fants, des femmes. Un cri s’éleva
dans tout Paris : On massacre le
peuple désarmé. Les illuminations
s’éteignent, partout retentit le cri :
« Aux armes ! » On promène par
toute la ville les cadavres des victi
mes pour exciter la colère et le désir
de vengeance. Le tocsin sonne, les
barricades s’élèvent; on prépare les
armements au milieu d’une fureur
incroyable. Le spectre de la Ven
geance et de la Révolution semble
planer sur la grande cité.
Au bruit du tocsin, le Château se
réveille, et on avise aux moyens d’en
rayer la révolution. On donna le
cormnandemont général au maréchal
Bugeaud, l’homme le plus impopu
laire de France. Paris était couvert
de 1,600 barricades et dès lors on
put prédire que Louis-Philippe ne
coucherait pas le soir aux Tuileries,
suivant le mot populaire. Il y eut
dans la ville beaucoup de combats
isolés, mais le seul engagement sé
rieux eut lieu aux portes duChateau-
d’Eau en face le Palais-Royal. Enle-
levées après trois heures de lutte, les
Tuileries furent envahies par le peuple
qui saccagea tout, mais sans rien em
porter. La République fut proclamée
le soir même, et les plus farouches
adversaires du peuple vinrent appor
ter les adhésions au nouveau gouver
nement.
Février, par bonheur, n’est pas
marqué toujours par des révolutions
ou des changements de gouvernement.
La plupart des années, au contraire,
il ramène seulement la série habi
tuelle de réjouissances qui signalent
la terminaison de l’hiver. Bals, séré
nades, mascarades de toute sorte se
donnent carrière. Les réceptions ou
vertes ou fermées, les banquets, les
concerts, les soupers et les premières
théâtrales sont à l’ordre du jour.
Heureux qui compte parmi les privi
légiés de la fortune en ce mois de fêtes,
mais aussi de froidures.
Février, ne l’oublions pas, est avec
janvier le temps où la détresse fait les
plus grands ravages parmi les néces
siteux. Les asiles de nuit, dans les
grandes villes, regorgent; les vieil
lards et les personnes délicates meu
rent en grand nombre. Heureux ceux
de nos lecteurs qui parviennent en ce
mois à mettre d’accord lenr bon cœur
et leur amour du plaisir, l’humanité
et la préoccupation des fêtes artis
tiques.
Gustave Guitton.
Elections Législatives du 27 Janvier
— ,
BASSES-ALPES
Arrondissement de Sisteron
(Scrutin de ballotage)
Inscrits : 6,085. — Votants : 4,858
MM. Gust.-Adolphe Hubbard,
radical socialiste.... 2,644 ELU
Thélène, maire de Siste
ron, radical 2,191
Il s’agissait de remplacer M. Robert,
radical, décédé, qui avait été élu en
1898, par 2,096 voix, 4,878 à M.
Félix Bontoux, républicain, et 1,106
au comte d’Hugues, député sortant,
antisémite.
Au premier tour, le 13 janvier, les
suffrages s’étaient ainsi répartis : MM.
Hubbard, 2.050 voix, Thélène, 1,884
et Tissier, radical socialiste, 602.
Entre les deux tours, M. Tissier
s’était désisté sans engager ses élec
teurs à voter pour l’un ou l’autre des
candidats restés en présence.
VIENNE
Arrondissement de Montmorillon
Inscrits : 20,555. — Votants : 15,864
MM. Millet, nationaliste 6,584 voix
Corderoy, républicain.. 4,561
Tranchant, radical .... 4,515
(Ballottage)
Il s’agissait de remplacer le baron
Demarçay, élu sénateur, républicain
modéré. M. Demarçay avait été réélu
en 1898 par 8,206 voix, contre 6,449
au docteur Contancin, rrdical.
Les Élections de Demain
Demain 3 février, le suffrage uni
versel aura à se prononcer entre la
République et le nationalisme, à Pa
ris, dans le 11 e arrondissement et à
Nîmes, où il s’agit d’un scrutin de
ballotage.
A Nîmes, fidèle à la discipline répu
blicaine, le candidat radical, qui n’é
tait arrivé qu’en troisième ligne, s’est
désisté en faveur de M. Fournier,
socialiste. Le comité qui le soutenait
appuie maintenant, avec énergie,
M. Fournier; les députés et sénateurs
républicains du Gard, ont également
publié un appel des plus chaleureux
en sa faveur.
A Paris, nul ne peut prévoir quel
sera le résultat du premier tour de
scrutin, entre MM. Legrain, Alle-
mane et Eabérot; mais ce qui est dès
à présent désirable, c’est l’écrasement
de l’abject antisémitisme, dans la
personne de Max Régis. Toute Pim-*
portance de cette élection, réside à
livrer combat à ce dernier, car lui
battu, c’est la défaite et la fin du
parti nationaliste.
M. Legrain se présente avec le
programme de Eloquet et de Baudin.
Ce programme a toutes nos sympa
thies, aussi, souhaitons-nous le succès
du candicat radical M. Legrain.
Les socialistes, on le sait, sont très
divisés. Une lutte acharnée se pour
suit entre Allemane etFabérot. Mais
quelle que soit l’issue, nous pouvons
dire que si Allemane se trouve, au
deuxième tour de scrutin, le candidat
unique contre le nationaliste, il n’est
pas un républicain sincère, si modéré
soit-il, qui ne doive lui apporter sou
suffrage. C’est qu’Allemane est un
solide, c’est un caractère, qui a tou
jours su se montrer inflexible dans ses
convictions socialistes et révolution
naires; il n’a jamais failli à la dé
fense de la République. Il a toujours
payé de sa personne en combattant
de toutes ses forces pour son triomphe
définitif.
Ce qui est à souhaiter pour demain
c’est que le succès reste aux républi
cains!
DÉMARCHE INOPPORTUNE
Ce n’est pas sans une certaine sur
prise que nous avons appris, par la
lecture de nos grands confrères, que
Messieurs les adjoints, conduits par
M. James de Coninck, s’étaient ren
dus en corps auprès du consulat de
S. M. Britannique pour lui présenter
les condoléances de la municipalité, à
l’occasion de la mort de la reine
Victoria.
Certes, nous sommes partisans des^
relations les plus courtoises entre les
diverses diplomaties, même lorsqu’en
sous-mains elles se déchirent à belles
griffes. Nous approuvons donc les
compliments nécessaires qu’ont échan
gés les membres de notre gouverne
ment avec celui de la très gracieuse
Reine, mais, en ce qui concerne la
démarche de notre municipalité,
qu’aucun précédent ne justifie, nous
persistons à la trouver inopportune,
au moment précis où l’Angleterre
conclut avec l’Allemagne une alliance
visiblement dirigée contre la France
et la Russie.
Il semblerait, dans la circonstance,,
que M. James de Coninck, qui a été
l’instigateur de cette visite officielle,
s’est souvenu bien plutôt de son ata
visme britannique, que de la dignité
française qu’il a charge de représenter.
Il est pourtant si simple de rester
tranquille et de se taire, en se souve
nant des grandes paroles de Mirabeau.'
« Le silence des peuples est la leçon
des rois. »
Et à eette occasion, il est piquant
de rappeler qu’aux dernières élections
municipales, les nationalistes, vengeurs
de Fachoda, portaient M. de Coninck
en tête de leurs listes, et qu’aux diffé
rents tours de scrutin, MM. Lemar-
chand, Pontbieu et C ie , puis le journal
La Croix, recommandèrent ce candidat
comme plus 'patriote que les autres.
La politique n’est-elle pas une
vaste comédie ?
Céyrai
7
6 e Année — N” 241
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 2 Février 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements... » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, HUE GASIMIR-PÊHIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant v. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LES MOIS
Février
Le nom de Février vient du mot
sabin februare, faire des expiations.
C’était le mois des sacrifices par ex
cellence. Il ne faisait pas partie de
l’année de dix mois instituée par
Romulus, et c’estNuma qui l’y ajouta
ainsi que janvier. Il était consacré
aux mânes. En Egypte il était le mois
des fêtes funéraires qui coïncidaient
avec la crue bienfaisante du Nil.
Dans nos pays tempérés, il marque le
commencement de la fonte des neiges,
et les fontaines captives recommen
cent à couler. Le perce-neige l'ellé
bore et l’audacieuse violette marquent
déjà le retour proche du printemps,
éveillant le laboureur de sa torpeur
hivernale pour le préparer au renou
veau.
Notons que dans ce mois ont eu
lieu deux arrêts du Parlement de
Paris, qui sont célèbres dans les an
nales judiciaires. L’un en 1313 porté
contre un taureau qui avait, d’un
coup de corne, donne la mort a un
jeune homme. Les juges lui firent gra
vement son procès et, sur la déposi
tion des témoins, le condamnèrent a
être pendu.
L’autre fut porté en 1680 contre la
Voisin. Cette célèbre intigrante tirait
les cartes, réconciliait les amants, fai
sait retrouver les objets perdus et dé
couvrir les trésors cachés, vendait des
secrets pour garder la jeunesse, se
rendre invulnérable, et gagner au jeu.
Elle fut accusée de vendre ces poi
sons, dits poudres de succession à
l’usage des héritiers impatients. Elle
fut condamnée à être brûlée vive et
finir comme elle avait vécu, dans
l’impiété.
Madame de Sévigné qui fit la rela
tion du procès et du supplice, y ajoute
un trait qui n’est pas à dédaigner dans
l’histoire des Perrin Daudin de l’épo
que : « Un juge à qui mon fils disait
« l’autre jour que c’était une chose
« étrange que de la faire brûler à
« petit feu (la Voisin) lui dit : Ab !
cc monsieur, il y a certains petits adou-
« cissements à cause de la faiblesse du
« sexe. — « Eb quoi ! on les étran-
« gle? — Non mais on leur jette des
« bûches sur la tête : les garçons du
« bourreau leur arrachent la tête
«t avec des crocs de fer !... Vous voyez
a bien, ma fille que ce n’est pas si
« terrible que l’on pense. Comment
« vous portez-vous de ce petit conte ?
« Il m’a fait grincer les dents. » —
Ce récit ne fait-il pas penser au fan
tastique roi Ubu.
On peut rapprocher de ce supplice
celui dont faillit, en 1393, le 1 er fé
vrier, être victime du roi Charles VI
Ce roi avait été frappé de folie à la
suite d’une insolation, lorsqu’il mar
chait vers la Bretagne pour y porter
la guerre ; et on cherchait par des
fêtes à distraire son hypocondrie.
Une fête ayant été donnée en l’hon
neur du mariage d’une dame de sa
maison, le roi et cinq de ses courti
sans eurent l’idée de se déguiser en
sauvages. Sur leurs maillots, ils
avaient collé avec de la poix une toi
son d’étoupes qui les faisait paraître
velus de la tête aux pieds. Ils entre
tinrent masqués en ciiant et dansant.
Mais le duc d’Orléans eut l’idée heu
reuse de mettre le feu aux étoupes.
Quatre furent brûlés vifs sans, qu’on
put leur porter secours. Le roi et le
sire de Nantouillet, seuls, se sauvè
rent, La peur qu’il avait éprouvée fit
retomber Charles dans de nouveaux
accès de démence plus complets et
plus longs que le premier. Les grands
malheurs de la France commencèrent.
Le 24 février 1525 fut fatal à un
autre de nos rois, François I er . Avec
toutes les chances de réussite, Fran
çois, déjà célèbre par la bataille de
Marignan, accompagné d’une armée
florissante, est vaincu devant Pavie
qu’il assiégeait. Malgré des actions de
bravoure qui suffiraient pour l’im
mortaliser, il est fait prisonnier après
avoir perdu dix mille hommes. C’est
alors qu’il écrit à sa mère, la fameuse
phrase : « Madame tout est perdu,fors
l’honneur. » Les Impériaux avaient
pris toute sa noblesse, avec Henri
d’Albert, roi titulaire de la Navarre
qu’il avait perdu.
C’est daus ce mois qu’un autre
catpif, Masers de Latude, gardé à la
Bastille, par ordre de Mme de Pompa-
dour accomplit la fameuse évasion
qu’il a conté dans ses mémoires et qui
a suffi, tant le fait était considéré
comme prodigieux, pour faire parve
nir son nom jusqu’à nous (1756).
Le mois de février est resté triste
ment noté dans l’histoire contempo
raine pour la sanglante tragédie dont
il fut témoin en 1848. C’était à la
veille de la chûte de Louis-Philippe,
On sait l’état du gouvernement, sa
marche rétrograde, ses actes odieux
de corruption publique, ses refus
obstinés de marcher dans la voie des
réformes et du progrès, toutes les cau
ses qui le tenaient en quelque sorte
en état de révolte contre la nation. La
Province tout entière se montrait hos
tile au roi, et dans les banquets on
avait supprimé le toast au chef de la
nation. Lesbanquetspolitiques avaient
été interdits. Le député Boissel et le
colonel Poupinel ayant formé l’idée de
réunir aux Gobelins leurs partisans
pour un repas, le préfet de police ap
puyé par la Chambre des pairs, inter
dit formellement ce qu’il sentait de
voir être une manifestation anti-gou
vernementale. Mais forts de l’appui
de trois pairs de France et de cent dé
putés, les organisateurs déclarèrent
qu’ils passeraient outre et fixèrent la
date du banquet au 22 février et le
lieu aux Champs-Elysées. Ils convo
quèrent, en dépit des défenses, la
garde nationale, le peuple et les éco
les, pour se joindre à eux.
Le 22 février, des manifestants en
grand nombre, descendirent vers la
Chambre et la Madeleine, chargés par
la troupe.
Bien qu’on sentit une certaine en
tente entre les soldats et le peuple,
les troubles ne furent que médiocres :
quelques boutiques d’armes furent
pillées, mais l’agitation se bornait à
des cris de « A bas Guizot ». Les ré
publicains exerçaient sur toute la
foule, une action qui ne se traduisait
que par des ese3rmouches et de petits
combats dans les rues de Paris. La
journée fut relativement calme. Ce
pendant, les troupes arrivaient de par
tout et campaient sur les places :
on disposait des canons aux carre
fours, en vue de mouvements plus
graves, suivant un plan stratégique
du maréchal Gérard que l’on croyait
infaillible.
Le 23 février dès le jour, les escar
mouches recommençèrent entre les sol
dats et le peuple, mais sans animo
sité, et, chose grave, les combattants,
entre deux feux, plaisantaient et sym
pathisaient entre eux. Cependant, il y
eut dans les quartiers St-Denis et St-
Martin quelques engagements sérieux
avec la garde municipale que l’on dé
testait.
Après de longues hésitations, les
gouverneurs militaires se décidèrent
à réunir la milice citoyenne pour la
défense des institutions de Juillet;
mais les gardes nationaux se joigni
rent aux révoltés en criant : « Vive
la réforme, à bas Guizot! », et en
traînèrent à leur cause nombre de sol
dats. Ils cherchèrent à empêcher les
collisions, et même croisèrent la
baïonnette contre les municipaux.
Le roi qui s’était d’abord égayé de
l’émeute avec sa famille fut atterré à
ces nouvelles. Il remercia lestement
le ministère détesté et chargea le vieux
Molé, de former un cabinet. Ce der
nier, médiocre personnage, promit de
réunir un cabinet mixte, mais sans
s’engager pour la réforme.
En apprenant ce changement, la
classe moyenne et le peuple laissèrent
éclater une joie immodérée, et s’aban
donnèrent à l’expérience : les troupes
rentrèrent dans leur casernes ; et, le
soir venu, une illumination sponta
née, une foule immense de promeneurs
donnaient à la ville, l’aspect de jour
de fête. Cependant, les hommes d’ac
tion, les républicains peu confiants
dans les résultats de dette diversion,
se fortifiai mt dr;'?. 0 ht ru.es Bsanboiirg.
et Transnonain, et se préparaient au
combat pour le lendemain. Des trou
pes nombreuses d’ouvriers et de gar
des nationaux fraternellement mêlés
passaient en chantant la Marseillaise
et le Chant des Girondins, acclamés par
la foule. Vers 9 h. 1/2, une colonne
plus nombreuse qui se dirigeait vers
la Madeleine, rencontra sur le boule
vard un détachement du 14 e de ligne
qui voulait lui barrer la route. (Jn
coup de feu, parti on ne sait d’oü, fut
le signal d’une épouvantable fusillade.
Sans sommation, sans commande
ment, des feux de file retentirent.
Quand la fumée fut dissipée, une
centaine de cadavres gisaient sur le
sol au milieu d’une panique effroya
ble. On avait tiré sur une foule sym
pathique, des promeneurs, des en
fants, des femmes. Un cri s’éleva
dans tout Paris : On massacre le
peuple désarmé. Les illuminations
s’éteignent, partout retentit le cri :
« Aux armes ! » On promène par
toute la ville les cadavres des victi
mes pour exciter la colère et le désir
de vengeance. Le tocsin sonne, les
barricades s’élèvent; on prépare les
armements au milieu d’une fureur
incroyable. Le spectre de la Ven
geance et de la Révolution semble
planer sur la grande cité.
Au bruit du tocsin, le Château se
réveille, et on avise aux moyens d’en
rayer la révolution. On donna le
cormnandemont général au maréchal
Bugeaud, l’homme le plus impopu
laire de France. Paris était couvert
de 1,600 barricades et dès lors on
put prédire que Louis-Philippe ne
coucherait pas le soir aux Tuileries,
suivant le mot populaire. Il y eut
dans la ville beaucoup de combats
isolés, mais le seul engagement sé
rieux eut lieu aux portes duChateau-
d’Eau en face le Palais-Royal. Enle-
levées après trois heures de lutte, les
Tuileries furent envahies par le peuple
qui saccagea tout, mais sans rien em
porter. La République fut proclamée
le soir même, et les plus farouches
adversaires du peuple vinrent appor
ter les adhésions au nouveau gouver
nement.
Février, par bonheur, n’est pas
marqué toujours par des révolutions
ou des changements de gouvernement.
La plupart des années, au contraire,
il ramène seulement la série habi
tuelle de réjouissances qui signalent
la terminaison de l’hiver. Bals, séré
nades, mascarades de toute sorte se
donnent carrière. Les réceptions ou
vertes ou fermées, les banquets, les
concerts, les soupers et les premières
théâtrales sont à l’ordre du jour.
Heureux qui compte parmi les privi
légiés de la fortune en ce mois de fêtes,
mais aussi de froidures.
Février, ne l’oublions pas, est avec
janvier le temps où la détresse fait les
plus grands ravages parmi les néces
siteux. Les asiles de nuit, dans les
grandes villes, regorgent; les vieil
lards et les personnes délicates meu
rent en grand nombre. Heureux ceux
de nos lecteurs qui parviennent en ce
mois à mettre d’accord lenr bon cœur
et leur amour du plaisir, l’humanité
et la préoccupation des fêtes artis
tiques.
Gustave Guitton.
Elections Législatives du 27 Janvier
— ,
BASSES-ALPES
Arrondissement de Sisteron
(Scrutin de ballotage)
Inscrits : 6,085. — Votants : 4,858
MM. Gust.-Adolphe Hubbard,
radical socialiste.... 2,644 ELU
Thélène, maire de Siste
ron, radical 2,191
Il s’agissait de remplacer M. Robert,
radical, décédé, qui avait été élu en
1898, par 2,096 voix, 4,878 à M.
Félix Bontoux, républicain, et 1,106
au comte d’Hugues, député sortant,
antisémite.
Au premier tour, le 13 janvier, les
suffrages s’étaient ainsi répartis : MM.
Hubbard, 2.050 voix, Thélène, 1,884
et Tissier, radical socialiste, 602.
Entre les deux tours, M. Tissier
s’était désisté sans engager ses élec
teurs à voter pour l’un ou l’autre des
candidats restés en présence.
VIENNE
Arrondissement de Montmorillon
Inscrits : 20,555. — Votants : 15,864
MM. Millet, nationaliste 6,584 voix
Corderoy, républicain.. 4,561
Tranchant, radical .... 4,515
(Ballottage)
Il s’agissait de remplacer le baron
Demarçay, élu sénateur, républicain
modéré. M. Demarçay avait été réélu
en 1898 par 8,206 voix, contre 6,449
au docteur Contancin, rrdical.
Les Élections de Demain
Demain 3 février, le suffrage uni
versel aura à se prononcer entre la
République et le nationalisme, à Pa
ris, dans le 11 e arrondissement et à
Nîmes, où il s’agit d’un scrutin de
ballotage.
A Nîmes, fidèle à la discipline répu
blicaine, le candidat radical, qui n’é
tait arrivé qu’en troisième ligne, s’est
désisté en faveur de M. Fournier,
socialiste. Le comité qui le soutenait
appuie maintenant, avec énergie,
M. Fournier; les députés et sénateurs
républicains du Gard, ont également
publié un appel des plus chaleureux
en sa faveur.
A Paris, nul ne peut prévoir quel
sera le résultat du premier tour de
scrutin, entre MM. Legrain, Alle-
mane et Eabérot; mais ce qui est dès
à présent désirable, c’est l’écrasement
de l’abject antisémitisme, dans la
personne de Max Régis. Toute Pim-*
portance de cette élection, réside à
livrer combat à ce dernier, car lui
battu, c’est la défaite et la fin du
parti nationaliste.
M. Legrain se présente avec le
programme de Eloquet et de Baudin.
Ce programme a toutes nos sympa
thies, aussi, souhaitons-nous le succès
du candicat radical M. Legrain.
Les socialistes, on le sait, sont très
divisés. Une lutte acharnée se pour
suit entre Allemane etFabérot. Mais
quelle que soit l’issue, nous pouvons
dire que si Allemane se trouve, au
deuxième tour de scrutin, le candidat
unique contre le nationaliste, il n’est
pas un républicain sincère, si modéré
soit-il, qui ne doive lui apporter sou
suffrage. C’est qu’Allemane est un
solide, c’est un caractère, qui a tou
jours su se montrer inflexible dans ses
convictions socialistes et révolution
naires; il n’a jamais failli à la dé
fense de la République. Il a toujours
payé de sa personne en combattant
de toutes ses forces pour son triomphe
définitif.
Ce qui est à souhaiter pour demain
c’est que le succès reste aux républi
cains!
DÉMARCHE INOPPORTUNE
Ce n’est pas sans une certaine sur
prise que nous avons appris, par la
lecture de nos grands confrères, que
Messieurs les adjoints, conduits par
M. James de Coninck, s’étaient ren
dus en corps auprès du consulat de
S. M. Britannique pour lui présenter
les condoléances de la municipalité, à
l’occasion de la mort de la reine
Victoria.
Certes, nous sommes partisans des^
relations les plus courtoises entre les
diverses diplomaties, même lorsqu’en
sous-mains elles se déchirent à belles
griffes. Nous approuvons donc les
compliments nécessaires qu’ont échan
gés les membres de notre gouverne
ment avec celui de la très gracieuse
Reine, mais, en ce qui concerne la
démarche de notre municipalité,
qu’aucun précédent ne justifie, nous
persistons à la trouver inopportune,
au moment précis où l’Angleterre
conclut avec l’Allemagne une alliance
visiblement dirigée contre la France
et la Russie.
Il semblerait, dans la circonstance,,
que M. James de Coninck, qui a été
l’instigateur de cette visite officielle,
s’est souvenu bien plutôt de son ata
visme britannique, que de la dignité
française qu’il a charge de représenter.
Il est pourtant si simple de rester
tranquille et de se taire, en se souve
nant des grandes paroles de Mirabeau.'
« Le silence des peuples est la leçon
des rois. »
Et à eette occasion, il est piquant
de rappeler qu’aux dernières élections
municipales, les nationalistes, vengeurs
de Fachoda, portaient M. de Coninck
en tête de leurs listes, et qu’aux diffé
rents tours de scrutin, MM. Lemar-
chand, Pontbieu et C ie , puis le journal
La Croix, recommandèrent ce candidat
comme plus 'patriote que les autres.
La politique n’est-elle pas une
vaste comédie ?
Céyrai
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