Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-12-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 décembre 1900 08 décembre 1900
Description : 1900/12/08 (N241). 1900/12/08 (N241).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263440j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Aanée — S 0 241.
Samedi S Décembre 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil
Havre
fcÉPOT LÊGAL^
*
S5!NE-ÿîI.ÉÎU|ERE
*
IL
Annèe / 1900
ssi
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
|
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
gs
Ü
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
1 5
=ü
i
Secrétaire de la Rédaction.... Aïfs*ed HENRI
B
m
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
La Politique du Pape
Pour juger exactement la poli
tique papale de Léon XIII, il n’est
pas mutile de se reporter à l’histoire.
C’est dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, surtout, que nous
trouvons des enseignements précieux
sur la conduite du Vatican à l’égard
des puissances temporelles.
La réforme protestante avait fait
pénétrer dans l’esprit des masses des
idées générales plus claires et plus
conformes aux notions de la raison,
par la conséquence de la discussion
des principes dogmatiques grossiers,
autrefois intangibles. Un nouvel
ordre de choses s’élevait par étapes
successives; le gouvernement des
peuples devait avoir des hases plus
réelles que l’autorité spirituelle des
papes. Dans les différents clergés
français et étrangers s’infiltraient,
envers et contre tout, un état de
malaise d’abord, de vifs dissenti
ments ensuite, provenant de la di
versité des conceptions théologi
ques, ainsi que de la cupidité du
clergé, dont les membres, en oppo
sition d’intérêts, se trouvaient divi
sés entre eux. L’orgueil et la vanité
monastiques jouèrent aussi leur rôle
efficace dans les querelles.
Louis XIV, en France, avait com
blé de faveurs certains évêques,
mais en échange, il leur avait fait
accepter, en assemblée, son édit de
1673, sur le droit de régale, qui
constituait quelque profit pour la
couronne royale. La monarchie ab
solue sapait l’autorité et les deniers
du Saint-Siège. Le pape Innocent
XI eut à ce sujet de curieux démê
lés avec le roi Soleil. Contre l’église
romaine, l’église gallicane se dres
sait. C’est ainsi que nous eûmes de
graves conflits de politique reli
gieuse, de profondes querelles dog
matiques. En France, les jansénistes
se levaient; en Espagne, l’inquisi
tion, composée des dominicains,
faisait des siennes; ailleurs, c’étaient
les franciscains, en désacord.
Mais les jésuites veillaient !
Cette puissante congrégation, qui
étend sur le monde entier ses formi
dables et sombres tentacules, n’en
tendait pas que l’on divisât ainsi
l’église à son détriment. Presque
toujours, les papes leur donnèrent
gain de cause contre toutes les cha
pelles particulières et quand, par
hasard, l’un d’eux n’était pas en
conformité de vues, la maladie et la
mort venaient le frapper juste à point,
ô miracle. Sous la monarchie elle-
même, les jésuites prirent leur re
vanche, de telle sorte que Louis
XIV, sur ses vieux jours, poussé par
son confesseur le père Tellier, jé
suite, qui s’était introduit habile
ment auprès de lui, révoqua l’édit
de Nantes et abandonna nombre de
prérogatives qu’il s’était assignées,
cédant le plus souvent aux conseils
perfides de la débauche féminine.
De nos jours, peu de changements
se sont opérés dans la politique pa
pale et les événements qui vienneut
de s’accomplir me donnent raison.
Je tiens directement d’un person
nage politique en bonne situation
pour connaître le dessous de cer
taines cartes, un fait généralement
ignoré et qui surprendra beaucoup,
mais que l’exposé historique précé
dent fera comprendre. On se rap
pelle le procès des Assomptionnistes.
Eh bien, c’est, m’affirme -t- on,
Léon XIII lui-même qui a renseigné
le ministère Waldeck-Rousseau sur
certains agissements des congréga
nistes, c’est lui qui a dénoncé confi
dentiellement quelques-unes de leurs
manœuvres, qui a fourni les plans
du couvent de la rue François-I er et
donné d’utiles indications.
Le différend récent entre l’évêque
de Laval et les moines de l’endroit
apparaît un 'coté de la tactique du
Vatican et la confirme.
Le tronc de St-Antoine de Padoue
faisait évidemment une concurrence
sérieuse au denier de St-Pierre.
Les Assomptionnistes formaient
un parti dans l’Eglise ; ils ne se sou
mettaient plus aux volontés directo
riales du Saint-Siège ; ils tentaient
de reconstituer l’église gallicane au
préjudice de la foi romaine. Ouver
tement, ils marchaient pour la res
tauration du trône, aidés de la folie
nationaliste : le duc d’Orléans était
leur idole ; à son défaut, ils se se
raient servis et se serviraient encore
de n’importe quel César qu’ils do
mestiqueraient savamment pour se
conder leurs visées et pour obtenir
le gouvernement matériel et moral
(ou plutôt immoral) de la France.
Leurs menées furieuses nous desti
naient à la guerre civile et étran
gère.
Le pape et les jésuites les laissè
rent d’abord opérer leur besogne de
haine qui servait les rancunes et les
espérances spirituelles du Vatican,
en premier lieu, par le combat livré
à l’esprit laïque. Ils les auraient
laissé aller jusqu’au bout, sans doute,
s’ils ne s’étaient sentis menacés eux-
mêmes dans leurs prérogatives.
Mais la devise : « La France aux
Français » ne disait rien qui vaille à
Léon XIII ni à son entourage. En
politique avisé, il a sondé l’écueil,
il a prévu l’unité de l’église romaine
entamée. Il s’est souvenu des luttes
des papes Innocent XI, Alexandre
VII, etc., contre Louis XIV, de Pie
VII contre Napoléon-l er , et autres
démêlés contre les gouvernements
autocratiques en communauté d’in
térêts, de privilèges et de jouissan
ces avec le clergé nationaliste d’au
trefois.
Voir l’Eglise divisée à son tour a-
près avoir toujours cherché et sou
vent réussi à diviser pour régner, est
de bon augure et c’est un des symp
tômes certains de la décadence de
la théologie spirituelle qui finira à
sombrer dans le marasme et dans
la perversion.
Le rêve de Léon XIII, comme l’a
justement fait remarquer Emile
Zola, à plusieurs reprises, c’est d’as
sagir, comme il le dit, la Républi
que, c’est surtout de la modeler à
ses desseins, c’est de la subjuguer,
c’est d’en faire sa chose et de s’en
constituer le véritable chef.
- Quoi, s’est-il dit, ne pourrais-
je obtenir de la République, habile
ment cléricalisée, la France mora-
ment dépendante des états romains ?
Qui s’opposerait à ce projet?
Les jésuites, de leur pouvoir uni
versel ,* le serviraient dans ce but.
Plus patients, plus tenaces, plus
perspicaces que les ' assomptionistes
qui troublaient le succès de l’entre
prise par la confusion des éléments,
par la brutalité de l’action et par le
réveil subit de la conscience natio
nale qu’ils provoquaient, les jésuites,
par leur longue adresse, constituent
toujours une menace. Pour être
moins apparent, le grand danger est
de ce côté. C’est pourquoi le projet
de loi sur les associations a été bien
inspiré en interdisant les congréga
tions religieuses ayant leur direc
tion à l’étranger ou comprenant,
parmi leurs membres,des étrangers.
On le voit, la démocratie fran
çaise doit faire face, pour vaincre, à
un double objectif : combattre le
cléricalisme nationaliste et le cléri
calisme étranger ou romain. Quoi
qu’on fasse, à l’aube du vingtième
siècle, l’esprit de la; vérité, de la
science, de la justice et du progrès
arrivera à l’emporter sur toutes les
coalitions cléricales et monastiques.
La raison triomphera quand même
du dogme.
Alf. HENRI.
DISCIPLINE VOLONTAIRE
Les groupes de la majorité com
mencent à se préoccuper de la discus
sion prochaine du projet de loi sur
les associations, qui doit enfin com
mencer, dit-on, pas plus tard que la
semaine prochaine : ils ont nommé
des délégations chargées, d’examiner
attentivement le projet, de préciser
les modifications qu’il y aurait lieu
d’y apporter et de s’entendre sur ces
modifications, avec le président du
conseil, de façon à éviter toute sur
prise et à donner le moins de prise
possible à l’obstruction prévue des
adversaires du projet, réactionnaires,
nationalistes et mélinistes coalisés.
On ne saurait trop approuver les
précautions prises, ni tropœncourager
les groupes républicains à ne s’en
point départir. Il ne suffit pas de
nommer des délégations; .il faut leur
faire confiance, s’en rapporter à ce
qu’elles décideront d’accord avec le
gouvernement, et voter comme un
seul homme les articles ainsi arrêtés.
Que la minorité lutte par tous les
moyens et cherche à faire échouer un
projet qui lui déplaît, c’est son rôle et
c’est son droit. Mais il serait inad
missible, dans une circonstance aussi
grave,, que les membres de la majorité
se laissent guider chacun par sa fan
taisie et, sous prétexte d’améliorer le
projet, offrissent aux adversaires l’oc
casion de le démolir.
Il ne s’agit pas, d’ailleurs, de met
tre des entraves à l’initiative des ré
publicains et de les empêcher de dé
poser des amendements sérieux et
réfléchis. Pas le moins du monde.
Mais on peut et on doit leur deman
der de ne pas présenter ces amende
ments à l’improviste et de vouloir
bien les soumettre à l’examen de la
délégation générale des groupes ré
publicains : la délégation fera son
profit des bonnes idées qu’on lui ap
portera, expliquera pourquoi les au
tres ne peuvent pas être acceptées,
et réglera le débat dans l’intérêt de
tous et en vue du succès.
Mais la délégation ne peut rendre
les services qu’on attend d’elle que si
ses décisions sont volontairement ac
ceptées par ceux qui l’ont instituée.
S. L.
L’apathie bien connue des électeurs
consulaires ne pouvait laisser aucun
doute sur les résultats du premier
tour de scrutin. Sur 2.554 inscrits,
459 électeurs ont daigné seulement
se déranger, ce qui nécessitera un
deuxième tour de scrutin.
Il serait à souhaiter que, d’ici là,
un groupe d’indépendants, conscients
du rôle important que joue ce tribu
nal, rétablisse la liste des juges et
des juges suppléants d’une façon plus
équitable.
La cuisine électorale, on le sait, a
été préparée au premier tour par la
maison Godefroy, toujours soucieuse,
nous savons trop pourquoi, d’intro
duire dans la liste des candidats quel
ques-unes de ses créatures. C’est ainsi
que nous voyons M. Jules Balière,
porté juge pour deux ans, contraire
ment à tous les usages, lui qui, de
notoriété publique, avait toutes sortes
de bonnes raisons pour rester dans le
silence et ne pas envier un poste
d’honneur auquel il n’a pas droit,
alors qu’on a laissé de côté M. André
Dupâquier, qui offrait pourtant plus
d’aptitudes, de compétence et d’exac
titude que le citoyen Balière, bien
connu pour son incapacité et le plus
négligent à se rendre aux séances.
Le vote, d’ailleurs, en n’attribuant
que 353 voix à M. Balière sur 2,554
inscrits, donne raison à notre opinion
et nous voyons en lui, sinon un retour
à la conscience publique, du moins
un avertissement dont il faut tenir
compte.
Il y aurait justice et même néces
sité à substituer le nom de M. André
Dupâquier à celui de M. Balière.
En outre, les règles suivies jus
qu’ici pour les élections consulaires
ont été foulées aux pieds.
Il était de tradition d’offrir les
sièges de juges suppléants aux candi
dats qui, lors des élections précéden
tes avaient obtenu le plus de voix.
Cet usage n’a pas été suivi pour M.
Passas, un nouveau venu, proposé
juge suppléant pour deux ans, bien
que des noms fort honorables eussent
la priorité sur lui. Il y a encore là un
malentendu à réparer.
Qu’on ne l’oublie pas.
Qu’on établisse une liste dans cet
ordre, et vous verrez qu’au deuxième
tour un plus grand nombre d’électeurs
se rendront au scrutin ratifier cette
réparation et donner aux candidats
la force nécessaire pour accomplit
leur mission.
Il n’est besoin que d’un peu d’ini
tiative, nous espérons bien en trouver
dans le corps électoral.
TERRIBLE ÉVENTUALITÉ
Nos concitoyens qui vaquent tran
quillement à leurs affaires sont loin
de se douter de la terrible catastrophe
qui les menace depuis la dernière
réunion du Conseil municipal.
Il nous revient de source sûre que
quelques jours avant cette séance,
eut lieu, dans les bureaux de M.
Coulon, rue de la Paix, une réunion
secrète des conseillers les plus notoi
rement réactionnaires, tous affiliés à
la secte nationaliste, savoir : MM.
Coulon, Lemierre, Soret, Acher,
Leleu, Dubus, Fourmentin, Brenner,
Malandain, Godet et Guerrier.
Ce fut là que furent rédigés la de
mande de scrutin secret concernant
la Bourse du Travail, et aussi cet
admirable discours écrit que M. Le-
mierre lut en séance avec cette onctuo
sité digne, mais dénuée d’emphase,
qui plongea dans l’admiration ses
adversaires eux-mêmes.
On lut une lettre d’encourage
ment de Jules Lemaître, puis quel
ques vers de François Coppée. Alors,
l’un d’eux complètement emballé,
proposa à ses amis de donner leur dé
mission en bloc, au cas improbable où
ils ne réussiraient pas à renverser le
Maire sur cette question de la Bourse
du Travail, afin de créer dans le
public un immense mouvement d’o
pinion.
Là-dessus, un lâcheur s'écria (tex
tuel) : Mais gardez-vous en bien, mes
amis, si jamais vous sortez du Conseil,
ce sera pour toujours! Mais, comme
bien on pense, il ne fut pas écouté,
et tous les autres jurèrent solennel
lement.
Comme chacun sait, le vote du
Conseil n’a pas répondu à l’attente
des conspirateurs. Ils n’ont réussi à
faire aucune recrue parmi leurs col
lègues, et M. Marais siège encore à
l’Hôtel de Ville.
Aussi attendons-nous, d’un instant
à l’autre, à apprendre que, fidèles à
leur serment, les conjurés ont adressé
leur démission collective à la Pré
fecture ; et privé de leurs services
notre excellente Municipalité.
Quelle catastrophe !
. —■—.
LIS «SIS 91 LA m
J’ai eu la bonne fortune de tom
ber sur uu livre traitant des « Mas
carades monastiques et religieuses ».
Publié en 1792, par Giacomo Carlo
Rabelli, le volume dont il s’agit nous
renseigne assez exactement sur les
visées fantasmagoriques de nos jeunes
antisémites.
On se souvient qu’au procès devant
la Haute-Cour, les sénateurs eurent
affaire aux « Frères de la Mort ».
C’étaient le décerveleur Dubuc, le
petit Cailly, notre concitoyen Flaviea
Brenier, du Courrier du Havre , etc.
Interrogé sur leur association par le
président de la Cour de justice, je
crois, le fougueux antisémite havrais
Flavien, n’avait su que balbutier
quelques propos incohérents. Nous
avons tout lieu de penser plutôt que
s’il n’a pas donné plus de détails sur
Samedi S Décembre 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil
Havre
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S5!NE-ÿîI.ÉÎU|ERE
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Annèe / 1900
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Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
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1 5
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i
Secrétaire de la Rédaction.... Aïfs*ed HENRI
B
m
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
La Politique du Pape
Pour juger exactement la poli
tique papale de Léon XIII, il n’est
pas mutile de se reporter à l’histoire.
C’est dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, surtout, que nous
trouvons des enseignements précieux
sur la conduite du Vatican à l’égard
des puissances temporelles.
La réforme protestante avait fait
pénétrer dans l’esprit des masses des
idées générales plus claires et plus
conformes aux notions de la raison,
par la conséquence de la discussion
des principes dogmatiques grossiers,
autrefois intangibles. Un nouvel
ordre de choses s’élevait par étapes
successives; le gouvernement des
peuples devait avoir des hases plus
réelles que l’autorité spirituelle des
papes. Dans les différents clergés
français et étrangers s’infiltraient,
envers et contre tout, un état de
malaise d’abord, de vifs dissenti
ments ensuite, provenant de la di
versité des conceptions théologi
ques, ainsi que de la cupidité du
clergé, dont les membres, en oppo
sition d’intérêts, se trouvaient divi
sés entre eux. L’orgueil et la vanité
monastiques jouèrent aussi leur rôle
efficace dans les querelles.
Louis XIV, en France, avait com
blé de faveurs certains évêques,
mais en échange, il leur avait fait
accepter, en assemblée, son édit de
1673, sur le droit de régale, qui
constituait quelque profit pour la
couronne royale. La monarchie ab
solue sapait l’autorité et les deniers
du Saint-Siège. Le pape Innocent
XI eut à ce sujet de curieux démê
lés avec le roi Soleil. Contre l’église
romaine, l’église gallicane se dres
sait. C’est ainsi que nous eûmes de
graves conflits de politique reli
gieuse, de profondes querelles dog
matiques. En France, les jansénistes
se levaient; en Espagne, l’inquisi
tion, composée des dominicains,
faisait des siennes; ailleurs, c’étaient
les franciscains, en désacord.
Mais les jésuites veillaient !
Cette puissante congrégation, qui
étend sur le monde entier ses formi
dables et sombres tentacules, n’en
tendait pas que l’on divisât ainsi
l’église à son détriment. Presque
toujours, les papes leur donnèrent
gain de cause contre toutes les cha
pelles particulières et quand, par
hasard, l’un d’eux n’était pas en
conformité de vues, la maladie et la
mort venaient le frapper juste à point,
ô miracle. Sous la monarchie elle-
même, les jésuites prirent leur re
vanche, de telle sorte que Louis
XIV, sur ses vieux jours, poussé par
son confesseur le père Tellier, jé
suite, qui s’était introduit habile
ment auprès de lui, révoqua l’édit
de Nantes et abandonna nombre de
prérogatives qu’il s’était assignées,
cédant le plus souvent aux conseils
perfides de la débauche féminine.
De nos jours, peu de changements
se sont opérés dans la politique pa
pale et les événements qui vienneut
de s’accomplir me donnent raison.
Je tiens directement d’un person
nage politique en bonne situation
pour connaître le dessous de cer
taines cartes, un fait généralement
ignoré et qui surprendra beaucoup,
mais que l’exposé historique précé
dent fera comprendre. On se rap
pelle le procès des Assomptionnistes.
Eh bien, c’est, m’affirme -t- on,
Léon XIII lui-même qui a renseigné
le ministère Waldeck-Rousseau sur
certains agissements des congréga
nistes, c’est lui qui a dénoncé confi
dentiellement quelques-unes de leurs
manœuvres, qui a fourni les plans
du couvent de la rue François-I er et
donné d’utiles indications.
Le différend récent entre l’évêque
de Laval et les moines de l’endroit
apparaît un 'coté de la tactique du
Vatican et la confirme.
Le tronc de St-Antoine de Padoue
faisait évidemment une concurrence
sérieuse au denier de St-Pierre.
Les Assomptionnistes formaient
un parti dans l’Eglise ; ils ne se sou
mettaient plus aux volontés directo
riales du Saint-Siège ; ils tentaient
de reconstituer l’église gallicane au
préjudice de la foi romaine. Ouver
tement, ils marchaient pour la res
tauration du trône, aidés de la folie
nationaliste : le duc d’Orléans était
leur idole ; à son défaut, ils se se
raient servis et se serviraient encore
de n’importe quel César qu’ils do
mestiqueraient savamment pour se
conder leurs visées et pour obtenir
le gouvernement matériel et moral
(ou plutôt immoral) de la France.
Leurs menées furieuses nous desti
naient à la guerre civile et étran
gère.
Le pape et les jésuites les laissè
rent d’abord opérer leur besogne de
haine qui servait les rancunes et les
espérances spirituelles du Vatican,
en premier lieu, par le combat livré
à l’esprit laïque. Ils les auraient
laissé aller jusqu’au bout, sans doute,
s’ils ne s’étaient sentis menacés eux-
mêmes dans leurs prérogatives.
Mais la devise : « La France aux
Français » ne disait rien qui vaille à
Léon XIII ni à son entourage. En
politique avisé, il a sondé l’écueil,
il a prévu l’unité de l’église romaine
entamée. Il s’est souvenu des luttes
des papes Innocent XI, Alexandre
VII, etc., contre Louis XIV, de Pie
VII contre Napoléon-l er , et autres
démêlés contre les gouvernements
autocratiques en communauté d’in
térêts, de privilèges et de jouissan
ces avec le clergé nationaliste d’au
trefois.
Voir l’Eglise divisée à son tour a-
près avoir toujours cherché et sou
vent réussi à diviser pour régner, est
de bon augure et c’est un des symp
tômes certains de la décadence de
la théologie spirituelle qui finira à
sombrer dans le marasme et dans
la perversion.
Le rêve de Léon XIII, comme l’a
justement fait remarquer Emile
Zola, à plusieurs reprises, c’est d’as
sagir, comme il le dit, la Républi
que, c’est surtout de la modeler à
ses desseins, c’est de la subjuguer,
c’est d’en faire sa chose et de s’en
constituer le véritable chef.
- Quoi, s’est-il dit, ne pourrais-
je obtenir de la République, habile
ment cléricalisée, la France mora-
ment dépendante des états romains ?
Qui s’opposerait à ce projet?
Les jésuites, de leur pouvoir uni
versel ,* le serviraient dans ce but.
Plus patients, plus tenaces, plus
perspicaces que les ' assomptionistes
qui troublaient le succès de l’entre
prise par la confusion des éléments,
par la brutalité de l’action et par le
réveil subit de la conscience natio
nale qu’ils provoquaient, les jésuites,
par leur longue adresse, constituent
toujours une menace. Pour être
moins apparent, le grand danger est
de ce côté. C’est pourquoi le projet
de loi sur les associations a été bien
inspiré en interdisant les congréga
tions religieuses ayant leur direc
tion à l’étranger ou comprenant,
parmi leurs membres,des étrangers.
On le voit, la démocratie fran
çaise doit faire face, pour vaincre, à
un double objectif : combattre le
cléricalisme nationaliste et le cléri
calisme étranger ou romain. Quoi
qu’on fasse, à l’aube du vingtième
siècle, l’esprit de la; vérité, de la
science, de la justice et du progrès
arrivera à l’emporter sur toutes les
coalitions cléricales et monastiques.
La raison triomphera quand même
du dogme.
Alf. HENRI.
DISCIPLINE VOLONTAIRE
Les groupes de la majorité com
mencent à se préoccuper de la discus
sion prochaine du projet de loi sur
les associations, qui doit enfin com
mencer, dit-on, pas plus tard que la
semaine prochaine : ils ont nommé
des délégations chargées, d’examiner
attentivement le projet, de préciser
les modifications qu’il y aurait lieu
d’y apporter et de s’entendre sur ces
modifications, avec le président du
conseil, de façon à éviter toute sur
prise et à donner le moins de prise
possible à l’obstruction prévue des
adversaires du projet, réactionnaires,
nationalistes et mélinistes coalisés.
On ne saurait trop approuver les
précautions prises, ni tropœncourager
les groupes républicains à ne s’en
point départir. Il ne suffit pas de
nommer des délégations; .il faut leur
faire confiance, s’en rapporter à ce
qu’elles décideront d’accord avec le
gouvernement, et voter comme un
seul homme les articles ainsi arrêtés.
Que la minorité lutte par tous les
moyens et cherche à faire échouer un
projet qui lui déplaît, c’est son rôle et
c’est son droit. Mais il serait inad
missible, dans une circonstance aussi
grave,, que les membres de la majorité
se laissent guider chacun par sa fan
taisie et, sous prétexte d’améliorer le
projet, offrissent aux adversaires l’oc
casion de le démolir.
Il ne s’agit pas, d’ailleurs, de met
tre des entraves à l’initiative des ré
publicains et de les empêcher de dé
poser des amendements sérieux et
réfléchis. Pas le moins du monde.
Mais on peut et on doit leur deman
der de ne pas présenter ces amende
ments à l’improviste et de vouloir
bien les soumettre à l’examen de la
délégation générale des groupes ré
publicains : la délégation fera son
profit des bonnes idées qu’on lui ap
portera, expliquera pourquoi les au
tres ne peuvent pas être acceptées,
et réglera le débat dans l’intérêt de
tous et en vue du succès.
Mais la délégation ne peut rendre
les services qu’on attend d’elle que si
ses décisions sont volontairement ac
ceptées par ceux qui l’ont instituée.
S. L.
L’apathie bien connue des électeurs
consulaires ne pouvait laisser aucun
doute sur les résultats du premier
tour de scrutin. Sur 2.554 inscrits,
459 électeurs ont daigné seulement
se déranger, ce qui nécessitera un
deuxième tour de scrutin.
Il serait à souhaiter que, d’ici là,
un groupe d’indépendants, conscients
du rôle important que joue ce tribu
nal, rétablisse la liste des juges et
des juges suppléants d’une façon plus
équitable.
La cuisine électorale, on le sait, a
été préparée au premier tour par la
maison Godefroy, toujours soucieuse,
nous savons trop pourquoi, d’intro
duire dans la liste des candidats quel
ques-unes de ses créatures. C’est ainsi
que nous voyons M. Jules Balière,
porté juge pour deux ans, contraire
ment à tous les usages, lui qui, de
notoriété publique, avait toutes sortes
de bonnes raisons pour rester dans le
silence et ne pas envier un poste
d’honneur auquel il n’a pas droit,
alors qu’on a laissé de côté M. André
Dupâquier, qui offrait pourtant plus
d’aptitudes, de compétence et d’exac
titude que le citoyen Balière, bien
connu pour son incapacité et le plus
négligent à se rendre aux séances.
Le vote, d’ailleurs, en n’attribuant
que 353 voix à M. Balière sur 2,554
inscrits, donne raison à notre opinion
et nous voyons en lui, sinon un retour
à la conscience publique, du moins
un avertissement dont il faut tenir
compte.
Il y aurait justice et même néces
sité à substituer le nom de M. André
Dupâquier à celui de M. Balière.
En outre, les règles suivies jus
qu’ici pour les élections consulaires
ont été foulées aux pieds.
Il était de tradition d’offrir les
sièges de juges suppléants aux candi
dats qui, lors des élections précéden
tes avaient obtenu le plus de voix.
Cet usage n’a pas été suivi pour M.
Passas, un nouveau venu, proposé
juge suppléant pour deux ans, bien
que des noms fort honorables eussent
la priorité sur lui. Il y a encore là un
malentendu à réparer.
Qu’on ne l’oublie pas.
Qu’on établisse une liste dans cet
ordre, et vous verrez qu’au deuxième
tour un plus grand nombre d’électeurs
se rendront au scrutin ratifier cette
réparation et donner aux candidats
la force nécessaire pour accomplit
leur mission.
Il n’est besoin que d’un peu d’ini
tiative, nous espérons bien en trouver
dans le corps électoral.
TERRIBLE ÉVENTUALITÉ
Nos concitoyens qui vaquent tran
quillement à leurs affaires sont loin
de se douter de la terrible catastrophe
qui les menace depuis la dernière
réunion du Conseil municipal.
Il nous revient de source sûre que
quelques jours avant cette séance,
eut lieu, dans les bureaux de M.
Coulon, rue de la Paix, une réunion
secrète des conseillers les plus notoi
rement réactionnaires, tous affiliés à
la secte nationaliste, savoir : MM.
Coulon, Lemierre, Soret, Acher,
Leleu, Dubus, Fourmentin, Brenner,
Malandain, Godet et Guerrier.
Ce fut là que furent rédigés la de
mande de scrutin secret concernant
la Bourse du Travail, et aussi cet
admirable discours écrit que M. Le-
mierre lut en séance avec cette onctuo
sité digne, mais dénuée d’emphase,
qui plongea dans l’admiration ses
adversaires eux-mêmes.
On lut une lettre d’encourage
ment de Jules Lemaître, puis quel
ques vers de François Coppée. Alors,
l’un d’eux complètement emballé,
proposa à ses amis de donner leur dé
mission en bloc, au cas improbable où
ils ne réussiraient pas à renverser le
Maire sur cette question de la Bourse
du Travail, afin de créer dans le
public un immense mouvement d’o
pinion.
Là-dessus, un lâcheur s'écria (tex
tuel) : Mais gardez-vous en bien, mes
amis, si jamais vous sortez du Conseil,
ce sera pour toujours! Mais, comme
bien on pense, il ne fut pas écouté,
et tous les autres jurèrent solennel
lement.
Comme chacun sait, le vote du
Conseil n’a pas répondu à l’attente
des conspirateurs. Ils n’ont réussi à
faire aucune recrue parmi leurs col
lègues, et M. Marais siège encore à
l’Hôtel de Ville.
Aussi attendons-nous, d’un instant
à l’autre, à apprendre que, fidèles à
leur serment, les conjurés ont adressé
leur démission collective à la Pré
fecture ; et privé de leurs services
notre excellente Municipalité.
Quelle catastrophe !
. —■—.
LIS «SIS 91 LA m
J’ai eu la bonne fortune de tom
ber sur uu livre traitant des « Mas
carades monastiques et religieuses ».
Publié en 1792, par Giacomo Carlo
Rabelli, le volume dont il s’agit nous
renseigne assez exactement sur les
visées fantasmagoriques de nos jeunes
antisémites.
On se souvient qu’au procès devant
la Haute-Cour, les sénateurs eurent
affaire aux « Frères de la Mort ».
C’étaient le décerveleur Dubuc, le
petit Cailly, notre concitoyen Flaviea
Brenier, du Courrier du Havre , etc.
Interrogé sur leur association par le
président de la Cour de justice, je
crois, le fougueux antisémite havrais
Flavien, n’avait su que balbutier
quelques propos incohérents. Nous
avons tout lieu de penser plutôt que
s’il n’a pas donné plus de détails sur
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