Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 décembre 1900 01 décembre 1900
Description : 1900/12/01 (N240). 1900/12/01 (N240).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263439w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 B Aaiiée — S° 216.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 1 er Décembre I960.
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DIS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaibe de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. 1E ROï
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La Loi sur la Presse
On se souvient, peut-être, qu’il
existe un projet de loi tendant à ré
former la législation de la presse.
Il est dû à l’initiative de M. Joseph
Fabre, sénateur, et a déjà été adopté
par les parlementaires du Luxem
bourg. ma ; s depuis, il dort et dor
mira, sans doute, longtemps, dans
les cartons du Palais-Bourbon (voir
travail des commissions). La ré
forme a pour but de correctionnali
ser certains délits de diffamation
publique visant les fonctionnaires,
délits qui, jusqu’ici, sont du ressort
de la cour d’assises. Il s’agit, en
somme, d’une question de compé
tence fort épineuse. Dans les procès
politiques, où commence et où s’ar
rête la diffamation ?
A noter qu’en correctionnelle, la
preuve des faits allégués n’est pas
admise. Alors, comment départager
la flétrissure légitime et nécessaire
à laquelle l’opinion publique est en
droit d’attacher un juste prix, de la
calomnie et du chantage. La chose
n’est point aisée. Cette situation
présenterait de graves dangers,
d’ailleurs, au point de vue général.
Les juges correctionnels, salariés du
gouvernement, pourraient être gra
vement accusés de partialité à l’en
contre des adversaires de celui-ci.
Fonctionnaires eux aussi, on ne
manquerait pas de les confondre dans
un esprit de ca^te. Un ministère ca
naille, des administrations ou des
assemblées publiques auraient facul
té de faire taire les gêneurs par la
tangente du fallacieux prétexte de la
diffamation.
Laissons donc à l’opinion publi
que, affirmée par la conscience du
jury, le soin de venger la morale
collective, dans les procès politiques,
d’autant plus que, par une réaction
naturelle, le peuple se détourne avec
dégoût des feuilles coutumières de
l’injure à jet continu. Dans quelques
cas particuliers, seulement,^ alors
qu’aucune connexité n’est établie
avec les affaires publiques, l’inter
vention du Tribunal pourrait-elle,
tout au plus, avoir cours ?
Mais, il est un point essentiel que
Ton oublie, c’est que la décomposi
tion des moeurs que nous subissons
généralement n’est pas, dans son
origine, Tœuvre exclusive de la po
litique. Les abus, les vices que nous
supportons et dont nous écrase la
lourde charge, considérés dans leur
ensemble philosophique, provien
nent de l’évolution sociale, c’est la
période transitoire et malheureuse
du passage de l’état théologique à l’é
tat positif et naturel, comme je l’ai
souvent répété.
Toutefois et surtout, les maux
dont nous souffrons découlent des
individualités corrompues, de l’é
goïsme personnel, du moi outran-
cier, de la débauche coalisée des
hommes pris chacun par leurs
instincts bas de jouissance, ils dé
coulent encore de l’obstination des
esprits attachés à leurs sots pré
jugés, leurs principes morts et sou
vent dangereux qui blessent la mo
rale naturelle.
On le voit, le correctif de la presse
consciente de sa tâche ne doit pas
s’attacher qu’au corps politique, il
doit aussi flageller les mœurs par
ticulières dont le réseau menace le
droit public. 11 est üécessaire que
tout ce qui contrarie l’essor social
soit dénoncé. Il faut, à cet égard
principalement, laisser à l’opinion
publique et à la presse, une large
liberté d’appréciation. Que la preu
ve soit admise pour tous, devant
toutes les juridictions, c’est d’une
utilité absolue. Quand elle ne
pourra être apportée par les dé
nonciateurs, quand il sera montré
que ces derniers ont altéré la vérité,
sans circonstances atténuantes,
alors leur responsabilité sera éta
blie, la réparation et la punition de
leur méfait s’imposeront aussi sévè
res qu’elles le méritent.
Pour codifier la législation inté
grale de la presse dans cet esprit, il
n’est pas nécessaire de plus d’une
douzaine d’articles de loi, et la jus
tice sera satisfaite.
Alf. Henri
Comité Républicain Démocratique
La Réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique aura lieu le
Vendredi 7 Décembre, à huit heures trois
quarts du soir, au Cercle Franklin.
La présence de tous les membres
est obligatoire.
ORDRE DU JOUR :
1° Lecture du procès-verbal de la der
nière séance ;
2° Appel nominal
3° Présentation de nouveaux adhérents ;
4° Fixation de la date de la conférence
publique ;
5° Questions diverses.
UN PANTIN
C’est M. Jules Lemaître qui a fait
à l’Académie le sempiternel et tradi
tionnel discours sur les prix de vertus.
Cet ancien séminariste n’a pas man
qué de chanter les louanges des bon
nes sœurs et des congrégations. Com
me s’il était si difficile de secourir les
autres lorsqu’on s’est débarrassé du
souci de ses parents, qu’on est assuré
de l’abri, de la nourriture et du vête
ment et que Ton tire toutes ressources
de la générosité ou de la crédulité des
gens !
En célébrant la cléricaille et son
désintéressement, M. Jules Lemaître
s’est contredit.
N’a-t-il pas écrit : « Quelle vertu
est entièrement gratuite ? »
Du même : oc Beaucoup de petits
paysans entrent au séminaire pour des
raisons de prudence et d’égoïsme ».
Et encore : « La foi d’un grand
nombre repose sur des malentendus
ou sur beaucoup d’ignorance et d’ir
réflexion ».
Voici pour le désintéressement :
oc Celui qui ne se croit pas obligé par
un pouvoir extérieur et divin peut
fort bien se sentir obligé par lui-mê
me, par une irréductible noblesse de
nature, par une générosité instruc
tive ».
Toujours du même : oc Il est cer
tain qu’un des phénomènes généraux
qui ont marqué ce siècle, c’est la dé
croissance du catholicisme »,
Voilà les maximes habituels du
chantre de la calotte à l’Académie. Et
cet acrobate de lettres suspecte le dé
sintéressement des publicistes ou poli
ticiens démocratiques, sous prétexte
qu’ils vivent de leurs opinions.
Jules Lemaître vit du reniement
successif des siennes. C’est moins
propre.
LE MILITARISME
Le militarisme qui pèse sur la
vieille Europe a désorganisé la morale
des peuples comme celle des individus.
Comme un lourd gantelet de fer jeté
sur le continent, il prend et broie les
énergies individuelles et toutes les
grandes idées qui dirigent les nations.
Tous les intérêts, tous les égoïsmes
lui font une garde d’honneur. Il s’est
asservi toutes les castes et tous les
débris du passé qui subissent par lui,
les capitalistes et la bourgeoisie apeu
rée qui mettent en lui leurs derniers
espoirs et comptent sur les violences
pour arrêter d’en bas les révolutions
qui se préparent. Il donne aux foules
l’illusion qu’elles sont fortes. II.do
mine les gouvernements qu’il démo
ralise en leur offrant l’usage de la
force et de la violence. Et dans cette
anarchie des âmes, dans ce heurt des
intérêts et des égoïsmes, les grands
principes qui font la force des nations :
la justice et la loi semblent sombrer.
Les patries sont devenues comme au
tant d’associations inquiètes de leur
existence, dont les règles de conduite
changent avec les besoins du moment,
au gré d’intérêts parfois illusoires et
apparents. Les démocraties sont mena
cées dans leurs principes fondamen
taux. La fraternité se meurt ; l’égalité
devient un mot ; la liberté ne s’em
ploie plus guère que par le désordre
et la violence.
Il serait temps de revenir aux en
seignements des grands ancêtres qui,
jadis, regardaient l’avenir avec con
fiance et souhaitaient à leurs petits
neveux de fonder une démocratie qui
ne fut point opprimée par le glaive,
une patrie où Ton tenterait de conci
lier avec les intérêts du plus grand
nombre la justice et la vérité.
Camille Veritas
L’irresponsabilité du peuple anglais
Depuis que l’illustre président de
la république Sud-Africaine a mis le
pied sur le sol de France, on n’entend
de tous côtés que cris de haine et vo
ciférations à l’adresse du peuple an
glais. Ces manifestations hostiles ont
dégénéré en certaints endroits, à Mar
seille surtout, en rixes sanglantes
dans lesquelles nos voisins d’Outre-
Manche, inférieurs en nombre, ont
été, paraît-il, fort malmenés.
Où aboutissent de tels excès ? Hâ
tent-ils seulement de quelques jours
la solution de la question transvaa-
lienne ? apportent-ils un appoint quel
conque à la cause de l’indépendance
des deux républiques ?
Nous ne le croyons pas. A notre
avis, les anglophobes se démènent en
pure perte et ne peuvent réussir qu’à
rendre plus tendues nos relations avec
nos voisins. Qui en pâtira? Notre
commerce national...
Enfin, nous ne pensons pas pouvoir
rendre une nation entière responsable
du crime d’une poignée de spécula
teurs que l’appât de l’or a conduits à
l'anéantissement d’un vaillant petit
peuple. Vouons à la réprobation uni
verselle, les Chamberlain, Cécil Rho
des, Jameson et autres égorgeurs, mais
ne nous vengeons pas de leurs canail-
leries sur des hommes qui n’en peu
vent mais. En France, le peuple est
souverain ; par son bulletin de vote,
il impose à ses gouvernants sa vo
lonté. Le peuple anglais, lui, ne pos
sède pas le suffrage universel, et de
ce fait, il devient le jouet de l’aristo
cratie et de la bourgeoisie capitaliste.
Aussi, est-ce un déni de justice de le
rendre responsable des lâchetés de
son gouvernement.
Camille Véritas
SOUVENEZ-VOUS
LA G0ERRE AU TRANSVAAL
Les clérico-nationalistes, qui font
tant de musique parce que la Répu
blique a fini par fendre l’oreille à
quelques généraux de sacristie, de
vraient se rappeler que le gouverne
ment de la Restauration, ranimé chez
nous dans les fourgons cosaques et
inspiré par le clergé, mit à pied en
quelques jours 864 officiers sur 1,700
que comptait notre armée navale !
Pour l’armée de terre les chiffres sont
formidables.
Le vrai ministère de trahison fat
le ministère jésuite.
Lorsque Napoléon conclut le Con
cordat, sans que la France le deman
dât le moins du monde, mais pour se
faire du clergé une gendarmerie sa
crée, il célébra un Te ûeum solennel à
Notre-Dame.
Après la cérémonie, s’adressant au
général Delmas.
— Que dites-vons de cette cérémo
nie, dit Bonaparte?
— Je dis, répondit Delmas, que
c’est une belle capucinade ! Il n’y a
manqué que le million de français
qui se sont fait tuer pour détruire ce
que vous venez de rétablir !
Sur l’heure, Napoléon ordonna la
mise en réforme de ce héros des guer
res de la République. Bien plus, on
lui assigna une résidence obligatoire
dans une petite ville de Test loin de
la Corrèze son pays, et le général
Delmas demeura sous la surveillance
de la haute police.
En 1813, lorsque l’astre de Napo
léon pâlit et qu’il apparut que la
France même pâtirait de ses revers,
Delmas implora la faveur de repren
dre les armes. Lorsqu’il apparut dans
le sévère vieil uniforme tout simple
des généraux de la République devant
l’état-major chamarré de Napoléon,
il y eût une sensation pénible. Le gé
néral Delmas tomba percé de coups
sur le champ dç bataille de Leipsick.
Savoir si les badernes de sacristie
dont la République allège ses états
majors à raison, sauraient se condui
re en héros à l’occasion et mourir pour
la République sans l’aimer ?
LES MOIS
Décembre
Les astronomes d’autrefois plaçaient
le mois décembre sous le signe du
capricorne. Ce signe, auquel on a
donné la forme d’un bouc, est censé
parcouru par le soleil au moment du
solstice d’hiver. Dans l’antiquité, on
désignait encore ce signe sous le nom
de Porte du Soleil, appellation qui
s’appliquait aux deux tropiques : par
l’un, le soleil descendait dans les ré
gions les plus basses du ciel ; par
l'autre, il remontait vers les régions
supérieures. On croyait encore que le
dieu Pan, effrayé par les géants qui
escaladaient le ciel, s’était, à l’exem
ple des autres dieux, dissimulé sous
la forme d’un animal et métamor- .
phosé en capricorne, avec un corps
de bouc et une queue de poisson.
Le mois de décembre, comme l’in
dique son nom decem, dix) était chez
les Romains le dixième mois de Tannée
institué par Romulus ; il devint le
onzième, après la réforme du roiNuma,
puis le douzième, après celle des Dé
cemvirs. Les courtisans de l’empereur
Commode voulurent consacrer le mois
de décembre à Tune de ses maîtresses
dont il portait, dans un anneau, le
portrait des amazones ; ils essayèrent
donc d’imposer à tous l’appellafion de
mois de l’amazone ; mais leurs efforts
furent inutiles, et, après la mort de
Commode, le mois de décembre con
tinua de garder son nom, quoique
devenu le douzième de la nouvelle
année.
Par une sorte d’ironie des choses
fréquemment observée dans l’histoire,
c’est en ce même mois de décembre qu’il
avait voulu consacrer à Marcia T ama
zone, sa maîtresse, qu’il fut assassiné
par elle. Elle lui offrit, au sortir du
bain, uue coupe de vin empoisonné ;
et comme il était pris d’horribles con
vulsions qui lui faisaient rejeter le
poison avec des vomissements affreux,
elle le fit étrangler par un gladia
teur.
L’ancienne Rome des empereurs
légua à la Rome des papes, en même
temps que les trésors de la sagesse
antique, tous les vices de la décadence,
le goût des débauches et des intri
gues, ainsi que l’amour des poèmes
et des œuvres d’art. Aussi, lorsque le
l ei- décembre 1521, meurt le pape
Léon X, des bruits d’empoissonnement
circulent. Le grand nombre d’ennemis
qu’avait le grand pape, et les mœurs
féroces du temps ne permettent que
trop de se livrer à cette supposition.
On sait que Léon X, fin politique et
fin lettré, diplomate de premier ordre,
s’était entouré de peintres, de sculp
teurs, de musiciens et d’artistes en
tout genre. Léon X, qui fut l’ami et
le protecteur de Raphaël, de Michel-
Ange, de Machiavel, de Guichardin
et de tant d’antres génies, ne nous ap
paraît plus qu’illuminé pour ainsi dire
du reflet de toutes les gloires voisi-
sines. Il symbolise pour nous la mer
veilleuse fermentation intellectuelle
et sociale de ce seizième siècle, d’où
sont sortis tant de révolutions, tant
d’idées, tant d’inventions et surtout
tant de cbef-d’œüvres.
Far malheur, Léon X mourut en
pleine force, après un règne de neuf
ans. L’élite de génies qu’il avait ras
semblée se dispersa au vent des Révo
lutions, la civilisation se trouva brus
quement entravée dans son essor; de
nouveau, des ténèbres sanglantes se*
répaudirent sur l’Italie.
Vingt ans s’étaient à peine écoulés,!
que les discussions et les désordres du
Concile de Trente, ouvert en ce même
mois de décembre de l’année 1545,,
prouvaient que le siècle des Médicis
avait commencé avec leur arrivée au
pouvoir, et s’était terminé avec leuJÇ
mort. ,
Le mois rappelle encore la date de
la mort de deux conteurs, presque cou-,
temporains de Léon X, et dont l’œu
vre est demeurée immortelle, j’ai
nommé Boccace, dont le Décaméron ,
traduit dans toutes les laügues du
monde, est encore aujourd’hui dans
toutes les mains, et la reine Margue
rite de Valois, dont le recueil d’his
toires galantes intitulé Heptaméron, à
l’imitation de celui de Boccace, est un
des plus anciens et des plus estimés
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 1 er Décembre I960.
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DIS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaibe de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. 1E ROï
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La Loi sur la Presse
On se souvient, peut-être, qu’il
existe un projet de loi tendant à ré
former la législation de la presse.
Il est dû à l’initiative de M. Joseph
Fabre, sénateur, et a déjà été adopté
par les parlementaires du Luxem
bourg. ma ; s depuis, il dort et dor
mira, sans doute, longtemps, dans
les cartons du Palais-Bourbon (voir
travail des commissions). La ré
forme a pour but de correctionnali
ser certains délits de diffamation
publique visant les fonctionnaires,
délits qui, jusqu’ici, sont du ressort
de la cour d’assises. Il s’agit, en
somme, d’une question de compé
tence fort épineuse. Dans les procès
politiques, où commence et où s’ar
rête la diffamation ?
A noter qu’en correctionnelle, la
preuve des faits allégués n’est pas
admise. Alors, comment départager
la flétrissure légitime et nécessaire
à laquelle l’opinion publique est en
droit d’attacher un juste prix, de la
calomnie et du chantage. La chose
n’est point aisée. Cette situation
présenterait de graves dangers,
d’ailleurs, au point de vue général.
Les juges correctionnels, salariés du
gouvernement, pourraient être gra
vement accusés de partialité à l’en
contre des adversaires de celui-ci.
Fonctionnaires eux aussi, on ne
manquerait pas de les confondre dans
un esprit de ca^te. Un ministère ca
naille, des administrations ou des
assemblées publiques auraient facul
té de faire taire les gêneurs par la
tangente du fallacieux prétexte de la
diffamation.
Laissons donc à l’opinion publi
que, affirmée par la conscience du
jury, le soin de venger la morale
collective, dans les procès politiques,
d’autant plus que, par une réaction
naturelle, le peuple se détourne avec
dégoût des feuilles coutumières de
l’injure à jet continu. Dans quelques
cas particuliers, seulement,^ alors
qu’aucune connexité n’est établie
avec les affaires publiques, l’inter
vention du Tribunal pourrait-elle,
tout au plus, avoir cours ?
Mais, il est un point essentiel que
Ton oublie, c’est que la décomposi
tion des moeurs que nous subissons
généralement n’est pas, dans son
origine, Tœuvre exclusive de la po
litique. Les abus, les vices que nous
supportons et dont nous écrase la
lourde charge, considérés dans leur
ensemble philosophique, provien
nent de l’évolution sociale, c’est la
période transitoire et malheureuse
du passage de l’état théologique à l’é
tat positif et naturel, comme je l’ai
souvent répété.
Toutefois et surtout, les maux
dont nous souffrons découlent des
individualités corrompues, de l’é
goïsme personnel, du moi outran-
cier, de la débauche coalisée des
hommes pris chacun par leurs
instincts bas de jouissance, ils dé
coulent encore de l’obstination des
esprits attachés à leurs sots pré
jugés, leurs principes morts et sou
vent dangereux qui blessent la mo
rale naturelle.
On le voit, le correctif de la presse
consciente de sa tâche ne doit pas
s’attacher qu’au corps politique, il
doit aussi flageller les mœurs par
ticulières dont le réseau menace le
droit public. 11 est üécessaire que
tout ce qui contrarie l’essor social
soit dénoncé. Il faut, à cet égard
principalement, laisser à l’opinion
publique et à la presse, une large
liberté d’appréciation. Que la preu
ve soit admise pour tous, devant
toutes les juridictions, c’est d’une
utilité absolue. Quand elle ne
pourra être apportée par les dé
nonciateurs, quand il sera montré
que ces derniers ont altéré la vérité,
sans circonstances atténuantes,
alors leur responsabilité sera éta
blie, la réparation et la punition de
leur méfait s’imposeront aussi sévè
res qu’elles le méritent.
Pour codifier la législation inté
grale de la presse dans cet esprit, il
n’est pas nécessaire de plus d’une
douzaine d’articles de loi, et la jus
tice sera satisfaite.
Alf. Henri
Comité Républicain Démocratique
La Réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique aura lieu le
Vendredi 7 Décembre, à huit heures trois
quarts du soir, au Cercle Franklin.
La présence de tous les membres
est obligatoire.
ORDRE DU JOUR :
1° Lecture du procès-verbal de la der
nière séance ;
2° Appel nominal
3° Présentation de nouveaux adhérents ;
4° Fixation de la date de la conférence
publique ;
5° Questions diverses.
UN PANTIN
C’est M. Jules Lemaître qui a fait
à l’Académie le sempiternel et tradi
tionnel discours sur les prix de vertus.
Cet ancien séminariste n’a pas man
qué de chanter les louanges des bon
nes sœurs et des congrégations. Com
me s’il était si difficile de secourir les
autres lorsqu’on s’est débarrassé du
souci de ses parents, qu’on est assuré
de l’abri, de la nourriture et du vête
ment et que Ton tire toutes ressources
de la générosité ou de la crédulité des
gens !
En célébrant la cléricaille et son
désintéressement, M. Jules Lemaître
s’est contredit.
N’a-t-il pas écrit : « Quelle vertu
est entièrement gratuite ? »
Du même : oc Beaucoup de petits
paysans entrent au séminaire pour des
raisons de prudence et d’égoïsme ».
Et encore : « La foi d’un grand
nombre repose sur des malentendus
ou sur beaucoup d’ignorance et d’ir
réflexion ».
Voici pour le désintéressement :
oc Celui qui ne se croit pas obligé par
un pouvoir extérieur et divin peut
fort bien se sentir obligé par lui-mê
me, par une irréductible noblesse de
nature, par une générosité instruc
tive ».
Toujours du même : oc Il est cer
tain qu’un des phénomènes généraux
qui ont marqué ce siècle, c’est la dé
croissance du catholicisme »,
Voilà les maximes habituels du
chantre de la calotte à l’Académie. Et
cet acrobate de lettres suspecte le dé
sintéressement des publicistes ou poli
ticiens démocratiques, sous prétexte
qu’ils vivent de leurs opinions.
Jules Lemaître vit du reniement
successif des siennes. C’est moins
propre.
LE MILITARISME
Le militarisme qui pèse sur la
vieille Europe a désorganisé la morale
des peuples comme celle des individus.
Comme un lourd gantelet de fer jeté
sur le continent, il prend et broie les
énergies individuelles et toutes les
grandes idées qui dirigent les nations.
Tous les intérêts, tous les égoïsmes
lui font une garde d’honneur. Il s’est
asservi toutes les castes et tous les
débris du passé qui subissent par lui,
les capitalistes et la bourgeoisie apeu
rée qui mettent en lui leurs derniers
espoirs et comptent sur les violences
pour arrêter d’en bas les révolutions
qui se préparent. Il donne aux foules
l’illusion qu’elles sont fortes. II.do
mine les gouvernements qu’il démo
ralise en leur offrant l’usage de la
force et de la violence. Et dans cette
anarchie des âmes, dans ce heurt des
intérêts et des égoïsmes, les grands
principes qui font la force des nations :
la justice et la loi semblent sombrer.
Les patries sont devenues comme au
tant d’associations inquiètes de leur
existence, dont les règles de conduite
changent avec les besoins du moment,
au gré d’intérêts parfois illusoires et
apparents. Les démocraties sont mena
cées dans leurs principes fondamen
taux. La fraternité se meurt ; l’égalité
devient un mot ; la liberté ne s’em
ploie plus guère que par le désordre
et la violence.
Il serait temps de revenir aux en
seignements des grands ancêtres qui,
jadis, regardaient l’avenir avec con
fiance et souhaitaient à leurs petits
neveux de fonder une démocratie qui
ne fut point opprimée par le glaive,
une patrie où Ton tenterait de conci
lier avec les intérêts du plus grand
nombre la justice et la vérité.
Camille Veritas
L’irresponsabilité du peuple anglais
Depuis que l’illustre président de
la république Sud-Africaine a mis le
pied sur le sol de France, on n’entend
de tous côtés que cris de haine et vo
ciférations à l’adresse du peuple an
glais. Ces manifestations hostiles ont
dégénéré en certaints endroits, à Mar
seille surtout, en rixes sanglantes
dans lesquelles nos voisins d’Outre-
Manche, inférieurs en nombre, ont
été, paraît-il, fort malmenés.
Où aboutissent de tels excès ? Hâ
tent-ils seulement de quelques jours
la solution de la question transvaa-
lienne ? apportent-ils un appoint quel
conque à la cause de l’indépendance
des deux républiques ?
Nous ne le croyons pas. A notre
avis, les anglophobes se démènent en
pure perte et ne peuvent réussir qu’à
rendre plus tendues nos relations avec
nos voisins. Qui en pâtira? Notre
commerce national...
Enfin, nous ne pensons pas pouvoir
rendre une nation entière responsable
du crime d’une poignée de spécula
teurs que l’appât de l’or a conduits à
l'anéantissement d’un vaillant petit
peuple. Vouons à la réprobation uni
verselle, les Chamberlain, Cécil Rho
des, Jameson et autres égorgeurs, mais
ne nous vengeons pas de leurs canail-
leries sur des hommes qui n’en peu
vent mais. En France, le peuple est
souverain ; par son bulletin de vote,
il impose à ses gouvernants sa vo
lonté. Le peuple anglais, lui, ne pos
sède pas le suffrage universel, et de
ce fait, il devient le jouet de l’aristo
cratie et de la bourgeoisie capitaliste.
Aussi, est-ce un déni de justice de le
rendre responsable des lâchetés de
son gouvernement.
Camille Véritas
SOUVENEZ-VOUS
LA G0ERRE AU TRANSVAAL
Les clérico-nationalistes, qui font
tant de musique parce que la Répu
blique a fini par fendre l’oreille à
quelques généraux de sacristie, de
vraient se rappeler que le gouverne
ment de la Restauration, ranimé chez
nous dans les fourgons cosaques et
inspiré par le clergé, mit à pied en
quelques jours 864 officiers sur 1,700
que comptait notre armée navale !
Pour l’armée de terre les chiffres sont
formidables.
Le vrai ministère de trahison fat
le ministère jésuite.
Lorsque Napoléon conclut le Con
cordat, sans que la France le deman
dât le moins du monde, mais pour se
faire du clergé une gendarmerie sa
crée, il célébra un Te ûeum solennel à
Notre-Dame.
Après la cérémonie, s’adressant au
général Delmas.
— Que dites-vons de cette cérémo
nie, dit Bonaparte?
— Je dis, répondit Delmas, que
c’est une belle capucinade ! Il n’y a
manqué que le million de français
qui se sont fait tuer pour détruire ce
que vous venez de rétablir !
Sur l’heure, Napoléon ordonna la
mise en réforme de ce héros des guer
res de la République. Bien plus, on
lui assigna une résidence obligatoire
dans une petite ville de Test loin de
la Corrèze son pays, et le général
Delmas demeura sous la surveillance
de la haute police.
En 1813, lorsque l’astre de Napo
léon pâlit et qu’il apparut que la
France même pâtirait de ses revers,
Delmas implora la faveur de repren
dre les armes. Lorsqu’il apparut dans
le sévère vieil uniforme tout simple
des généraux de la République devant
l’état-major chamarré de Napoléon,
il y eût une sensation pénible. Le gé
néral Delmas tomba percé de coups
sur le champ dç bataille de Leipsick.
Savoir si les badernes de sacristie
dont la République allège ses états
majors à raison, sauraient se condui
re en héros à l’occasion et mourir pour
la République sans l’aimer ?
LES MOIS
Décembre
Les astronomes d’autrefois plaçaient
le mois décembre sous le signe du
capricorne. Ce signe, auquel on a
donné la forme d’un bouc, est censé
parcouru par le soleil au moment du
solstice d’hiver. Dans l’antiquité, on
désignait encore ce signe sous le nom
de Porte du Soleil, appellation qui
s’appliquait aux deux tropiques : par
l’un, le soleil descendait dans les ré
gions les plus basses du ciel ; par
l'autre, il remontait vers les régions
supérieures. On croyait encore que le
dieu Pan, effrayé par les géants qui
escaladaient le ciel, s’était, à l’exem
ple des autres dieux, dissimulé sous
la forme d’un animal et métamor- .
phosé en capricorne, avec un corps
de bouc et une queue de poisson.
Le mois de décembre, comme l’in
dique son nom decem, dix) était chez
les Romains le dixième mois de Tannée
institué par Romulus ; il devint le
onzième, après la réforme du roiNuma,
puis le douzième, après celle des Dé
cemvirs. Les courtisans de l’empereur
Commode voulurent consacrer le mois
de décembre à Tune de ses maîtresses
dont il portait, dans un anneau, le
portrait des amazones ; ils essayèrent
donc d’imposer à tous l’appellafion de
mois de l’amazone ; mais leurs efforts
furent inutiles, et, après la mort de
Commode, le mois de décembre con
tinua de garder son nom, quoique
devenu le douzième de la nouvelle
année.
Par une sorte d’ironie des choses
fréquemment observée dans l’histoire,
c’est en ce même mois de décembre qu’il
avait voulu consacrer à Marcia T ama
zone, sa maîtresse, qu’il fut assassiné
par elle. Elle lui offrit, au sortir du
bain, uue coupe de vin empoisonné ;
et comme il était pris d’horribles con
vulsions qui lui faisaient rejeter le
poison avec des vomissements affreux,
elle le fit étrangler par un gladia
teur.
L’ancienne Rome des empereurs
légua à la Rome des papes, en même
temps que les trésors de la sagesse
antique, tous les vices de la décadence,
le goût des débauches et des intri
gues, ainsi que l’amour des poèmes
et des œuvres d’art. Aussi, lorsque le
l ei- décembre 1521, meurt le pape
Léon X, des bruits d’empoissonnement
circulent. Le grand nombre d’ennemis
qu’avait le grand pape, et les mœurs
féroces du temps ne permettent que
trop de se livrer à cette supposition.
On sait que Léon X, fin politique et
fin lettré, diplomate de premier ordre,
s’était entouré de peintres, de sculp
teurs, de musiciens et d’artistes en
tout genre. Léon X, qui fut l’ami et
le protecteur de Raphaël, de Michel-
Ange, de Machiavel, de Guichardin
et de tant d’antres génies, ne nous ap
paraît plus qu’illuminé pour ainsi dire
du reflet de toutes les gloires voisi-
sines. Il symbolise pour nous la mer
veilleuse fermentation intellectuelle
et sociale de ce seizième siècle, d’où
sont sortis tant de révolutions, tant
d’idées, tant d’inventions et surtout
tant de cbef-d’œüvres.
Far malheur, Léon X mourut en
pleine force, après un règne de neuf
ans. L’élite de génies qu’il avait ras
semblée se dispersa au vent des Révo
lutions, la civilisation se trouva brus
quement entravée dans son essor; de
nouveau, des ténèbres sanglantes se*
répaudirent sur l’Italie.
Vingt ans s’étaient à peine écoulés,!
que les discussions et les désordres du
Concile de Trente, ouvert en ce même
mois de décembre de l’année 1545,,
prouvaient que le siècle des Médicis
avait commencé avec leur arrivée au
pouvoir, et s’était terminé avec leuJÇ
mort. ,
Le mois rappelle encore la date de
la mort de deux conteurs, presque cou-,
temporains de Léon X, et dont l’œu
vre est demeurée immortelle, j’ai
nommé Boccace, dont le Décaméron ,
traduit dans toutes les laügues du
monde, est encore aujourd’hui dans
toutes les mains, et la reine Margue
rite de Valois, dont le recueil d’his
toires galantes intitulé Heptaméron, à
l’imitation de celui de Boccace, est un
des plus anciens et des plus estimés
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