Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-11-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 novembre 1900 24 novembre 1900
Description : 1900/11/24 (N239). 1900/11/24 (N239).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263438g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année - N° 239. CINQ CENTIMES LE NUMERO Samedi 24 Novembre 1909.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ... .par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
3 fr.
4 fr.
Secrétaire de la Rédaction....
L’Imprimeur-Gérant
Alfred HENRI
F. LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Mai 1 » Liwiiiwwa—— mm aBamssM
L’Economie de la Paix
Cette question cle la paix inter
nationale, qui ne devrait cesser
d’être le cri des consciences écra
sées et meurtries par le poids de la
guerre, peut bien être remise à
l’ordre du jour lors de la visite en
France du président Krüger. Nous
avons une vive sympathie pour le
représentant de la république boër,
nous sentons combien est injuste et
inique la lutte entreprise par l’An
gleterre sous la conduite de misé
rables financiers, mais nous devons
examiner les événements de sang-
froid. Il nous faut nous garder des
emballements dangereux auxquels
nous conduiraient les nationalistes,
ces impérialistes français, si nous
les laissions faire. Poussés par les
congrégations pour lesquelles l’af
franchissement intellectuel de l’An
gleterre, que nous aimions à cons
tater et que nous espérons voir un
jour se relever de la faillite actuelle,
est un danger permanent, les na
tionalistes auraient tôt fait de nous
entraîner à la guerre et à ses crimes.
Ce n’est pas une singulière coïnci
dence, mais la résultante d’une loi
fatale, de remarquer, à ce propos,
s’entrechoquant entre elles, les
mêmes manifestations d’un même
sentiment, de barbarie qui tend à
s’anéantir dans un délai plus ou
moins éloigné, par l’opposition directe
de ses vices. S’il m’était permis de
faire une comparaison dans le règne
animal, je dirais qu’il y a là sem
blable symptôme que la science du
savant Pasteur a mis en lumière
par la destruction réciproque des
rongeurs d’Australie, auxquels on
avait préalablement, dans ce but,
inoculé la rage.
Mais quelque répulsion que m’ins
pire le nationalisme, je n’irai pas
préconiser à son endroit pareil
moyen. Ceux qui subissent le dogme
de Déroulède sont, avant tout, des
hommes à la complexion sensible et
douloureuse, comme nous tous.
Et c’est précisément parce que
nous voulons les préserver, malgré
eux, ainsi que toute l’humanité, des
fléaux artificiels, que nous essayons
à extraire le virus qui empoisonne
leur sang et que nous désirons éta
blir le règne des solutions amiables
et pacifiques.
Nous savons, par l’exemple de
l’Angleterre, comment un gouver
nement qui recherche la guerre,
l’obtient, en faussant les notions de
vérité et de justice dans l’esprit du
peuple qu’il dirige. Il nous faut sub
stituer à la responsabilité sangui
naire des masses, la responsabilité
directe des chefs d’Etat, empereurs
ou monarques, des gouvernements
et des ministres. Les puissances
européennes semblent, d’ailleurs,
consacrer elles-mêmes ce principe
dans les affaires de Chine.
Ne se rappelle-t-on pas l’ultima
tum de M. Delcassé au vice-roi de
Nankin, portant celui-ci garant, sur
sa tête, de la vie de notre consul,
M. François. J’ai remarqué, en
outre, les déclarations du ministre
de Chine à Paris, faites à un rédac
teur du Matin, dans lesquelles il
préconisait la restauration de l’em
pereur de Chine sous le contrôle
effectif des différentes nations étran
gères intéressées, comme solution
heureuse au conflit international.
Cette idée est juste, pourvu qu’elle
comporte, comme sanction, la res
ponsabilité personnelle de l’empe
reur et des vice-rois, mettant en jeu
leur existence pour garantir la
sécurité publique et mondiale.
Eh bien, ce système peut être ap
pliqué, en retour, à l’Europe entière.
Déjà, nous voyons s’élever, par
dessus les frontières, la conscience
universelle des peuples. J’ai sous les
yeux la correspondance bi-mensuelle
du bureau international permanent
de la paix. J’y lis, notamment, la ré
solution adoptée dans le neuvième
congrès concernant les conditions
générales et particulières de coloni
sation, tant au point de vue de la
conquête que de l’administration po
litique des indigènes, et je puis cons
tater avec une grande satisfaction
les vues justes ainsi que les principes
d’équité qui ont été admis. Je pres
sens qu’il y a, évidemment, dans ce
concile international, une force en
gestation. D’autre côté, n’oublions
pas le rôle pratique que paraissent
devoir jouer les congrès socialistes
internationaux au point de vue spé
cial de la paix.
Le récent congrès de Paris a
surtout marqué l’ardent désir des
peuples de faire litière des préjugés
guerriers et d’établir l’organisation
politique propre à l’émancipation
humaine, plus encore qu’il n’a été
une entente strictement économique
sur les conditions particulières du
travail. La poussée sociale, née des
charges du militarisme, est, on ne
pourrait le dissimuler, l’élément cer
tain, l’instrument de demain de la
pacification, tandis que les travaux
des penseurs, les congrès scientifi
ques, les ligues philanthropiques pré
parent la théorie morale.
Or, pour établir positivement le
régime de la paix, la démonstration
platonique ne suffira pas. Il sera
nécessaire d’établir un tribunal in
ternational d’arbitrage do/b les sen
tences ne se trouveront pas frappées
de caducité, mais qui auront leurs
sanctions pénales. Ce tribunal sera
placé au-dessus des gouvernements,
et le jour où un monarque, un mi
nistre, aura tenté ou accompli un
abus de force sacrilège, en opposi
tion aux droits internationaux des
peuples, il sera jugé et, s’il est cou
pable, condamné.
La justice des peuples saura l’at
teindre, même par des moyens dé
tournés en admettant que, provisoi
rement, elle ne dispose à son gré
de la force exécutive indispensable.
Là est le salut ; je préfère le châ
timent d’un coupable, quelque pé
nible qu’il soit à notre sensibilité,
au massacre des masses laborieu
ses. D’ailleurs, l’unique menace du
châtiment est déjà salutaire. A elle
seule, elle suffirait à moraliser la
conscience des gouvernements.
Alf. HENRI.
UNE BONNE LEÇON
Les deux scrutins qui ont eu lieu
avant-hier à Paris et dans le Yar ne
sont pas faits pour nous déplaire.
Pour le second cela va de soi : M.
Grébauval est littéralement écrasé,
quoique le Gaulois affecte de triom
pher de son « succès relatif » très
« relatif » en effet puisqu’il a réuni
3.800 voix seulement contre 9.435
voix républicaines, et que son échec
ne saurait faire doute.
Les sentiments qu’éveille en nous
l’élection de M. Quentin dans le quar
tier des Halles sont d’un tout autre
ordre. M. Quentin était candidat de
la Ligue de la Patrie française et à
ce titre nous aurions souhaité sa dé
faite, mais comme son concurrent M.
le D r Richard était $ussi nationaliste
que lui, nous nous "&qsolons volon
tiers.
M. Richard avait en effet entrepris
de battre M. Quentin en rivalisant
avec lui d’enthousiasme militariste,
et le malheur qui lui arrive nous
laisse assez froid. Les électeurs se
sont dit qu'à tout prendre, entre deux
nationalistes, l’un avéré et l’autre
honteux, mieux valait voter pour ce
lui qui présentait des caractères cer
tains d’authenticité.
Cela fera peut-être réfléchir ceux
des modérés qui s’imaginent être de
grands politiques en faisant le jeu des
néo-césariens. Les dernières élections
générales auraient dû cependant leur
faire comprendre le sort qui les atten
dait puisqu’en 1898 un certain nom
bre de mélinistes, après s’être faits
les complaisants des ralliés et des clé
ricaux, finirent par être remplacés
par de purs réactionnaires.
La leçon ne leur a point profité,
ils ont voulu, par haine de la démo
cratie, recommencer l’expérience, et
voilà que les mêmes causes produi
sent les mêmes effets et qu’ils sont
supplantés par ceux-ci comme ils l’a
vaient été par ceux-là.
C’est bien fait et nous ne saurions
les plaindre.
André LEFÈVRE.
LES
MANUFACTURES DES TABACS
Les députés socialistes chezM. Caillaux.
Respect au Syndicat. — La retraite
proportionnelle.
La délégation désignée par le grou
pe socialialiste pour entretenir le mi
nistre des finances des doléances
des ouvriers et ouvrières des ma
nufactures des tabacs et d’allumet
tes a eu une entrevue avec lui hier à
la Chambre. Au sujet de , la circulaire
du 10 octobre 1900 en joignant aux
directeurs de respecter les syndicats
ouvriers et établissant des règlements
sur la procédure à suivre en cas de
réclamations des ouvriers, le ministre
a déclaré que la circulaire était conçue
dans un esprit de très large sympa
thie et tolérance pour les ouvriers, et
qu’il s’opposerait énergiquement à
toute tentative d’interprétation diffé
rente.
L’obligation pour les ouvriers de
transmettre les réclamations par voie
hiérarchique a pour but de ne point
faire intervenir constamment et pour
des questions de peu d’importance les
directeurs des manufactures sans que
pour cela les questions urgentes dont
la solution doit être donnée immédia
tement puisse être retardée.
Le citoyen Cadenat a demandé au
ministre pourquoi la retraite propor
tionnelle établie par le budget de
1901 à l’âge de cinquante ans, n’est
pas de droit pour tous les ouvriers et
ouvrières des manuiactures de l’Etat
qui ont atteint cet âge, au lieu d’être
réservée aux invalides.
M. Caillaux a répondu qu’il crai
gnait que ce fut là un précédent qui,
fatalement, servirait à tous les fonc
tionnaires qui, à leur tour, demande
raient l’application de la même me
sure. Ce serait ouvrir dans le budget
une brèche qui irait s’élargissant.
Néanmoins, il est disposé à accor
der très largement ces retraites pro
portionnelles.
Il serait disposé, au besoin, à ad
mettre dans l’examen médical des
ouvriers qui réclament leur retraite
proportionnelle, avec l’intervention
du médecin de l’administration, celle
d’un médecin choisi par l’intéressé.
Le secrétaire , Deveze.
PLUS REACTI ONNAIRES QUE RIÉLINE
L’on a vu, dans la séance de lundi
dernier, à la Chambre des Députés,
comment les congrégations, usant de
l’arme de Basile, entendaient faire la
guerre au ministère, afin d’écarter
l’écueil qui se présente devant elles
dans la loi sur les. associations. Par
leurs organes et leurs moyens ordi
naires, elles avaient mis sur la sellette
l’honorable M. Decrais, ministre des
colonies, l’accusant de je ne sais quel
trafic de décorations. En quelques
mots indignés, le ministre incriminé
et après lui MM. Millerand et Wal-
deck-Rousseau ont fait justice des
infectes racontars de la Libre-Parole.
Drumont en a été pour sa courte honte.
Quand" est venu le moment de don
ner une sanction au débat, l’ordre du
jour de confiance au gouvernement,
présenté par M. Rivet, a été adopté
à une majorité considérable.
M. Méline, avec de nombreux mo
dérés et de notables droitiers, parmi
lesquels M. de Pomereu, n’ont pas
cru devoir se solidariser avec les bas
calomniateurs à la solde du clergé.
Un dernier scrupule les a retenus et
ils ont voté avec l’ensemble de la
majorité républicaine. Mais nos deux
députés, élus avec l’étiquette de ré
publicains, se sont crânement ! ! !
abstenus, marchant ainsi la main
dans la main avec les fauteurs des
lâches insinuations et se faisant les
complices des pires réactionnaires.
Jusques à quand, électeurs bavrais,
permettrez-vous que l’on se joue de
votre confiance comme le font nos
deux députés. Nous les attendons, du
reste, au vote de la loi sur les asso
ciations. Nous les retrouverons encore,
sans doute, parmi les ennemis de la
République.
Il faudra bien qu’un jour ou l’au
tre ils nous rendent des comptes.
LE
Le débarquement
Jeudi, 22 novembre, à onze heures
moins cinq, un navire salue. Pres
que immédiatement, on voit un re
morqueur ; puis, dans un canot du
Gelderland, commandé par un officier
de marine hollandais en grande tenue,
le président lui-même.
Une retentissante acclamation l’ac
cueille avec un enthousiasme indes
criptible : « Vive Krüger ! Vivent les
Boers ! »
Le président est accompagné du
docteur Leyds et des ministres trans-
vaaliens.
Le docteur Leyds débarque le pre
mier et tend la main au président
Krüger qui, d’un pas plus léger que
ne semblerait le comporter son âge,
met le pied sur le sol de France.
Mme Eloffet sa sœur débarquent
d’une chaloupe qui suit celle du pré
sident.
Le président est vêtu de sa tradi
tionnelle redingote noire, et on re
marque un crêpe très épais qui en
toure son chapeau, roulé en plusieurs
doubles. Il porte des lunettes bleues
avec des gardes en étamine sur les
côtés.
Son émotion est visible.
En dépit de son énergie, il ne par
vint pas à la surmonter.
Le grand vieillard pleure et, avec
une joie touchante qui va au cœur
de tous, il serre les mains qui se ten
dent vers lui.
M. Tbourel, président du comité de
Marseille pour l’indépendance des
Boers, souhaite la bienvenue au pré
sident Krüger, puis il ajoute :
« A cette heure, monsieur le prési
dent, les phrases sont inutiles. Notre
émotion vous dit ce que nulle parole
ne pourrait exprimer. Vous nous com
prendrez, car vous allez vous trouver
au milieu de populations passionné
ment attachées aux grandes idées de
droit, de justice, d'indépendance et
de liberté. »
M. Pauliat, président du comité de
Paris, prend à son tour la parole, et
lui souhaite la bienvenue non seule
ment au nom des Français, mais en
core au nom des comités constitués
chez tous les autres peuples.
a Je pourrais même dire sans
crainte d’être démenti, que je puis
également vous souhaiter la bienve
nue au nom de l’Angleterre elle-mê
me, attendu que, dans ce pays, tout
ce qu’il y a d’intelligence et de savoir,
tout ce qui mérite de compter dans
dans une société, en un mot tous les
hommes de conscience, de droiture et
de justice se désolent et se demandent,
avec tristesse, par quelles abominables
et diaboliques machinations leur pa
trie, jusque-là vénérée comme \&
champion du droit et de l’équité, a-
bien pu être entraînée à cette guerre
sauvage qui ensanglante l’Afrique du.
Sud.
« Le monde entier, monsieur le
président, assiste avec indignation k
tout le mal qui vous est fait là-bas et
applaudit a votre héroïque résistance^
Mais il y a des limites que l’iniquité^
quels que soient les forces et les
moyens dont elle dispose, est impuiis»
santé à franchir.
« Aussi, en dépit de toutes les ap
parences, avons-nous une foi obstiné
dans le triomphe final des deux Répu
bliques. >
»
J
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Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
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L’Economie de la Paix
Cette question cle la paix inter
nationale, qui ne devrait cesser
d’être le cri des consciences écra
sées et meurtries par le poids de la
guerre, peut bien être remise à
l’ordre du jour lors de la visite en
France du président Krüger. Nous
avons une vive sympathie pour le
représentant de la république boër,
nous sentons combien est injuste et
inique la lutte entreprise par l’An
gleterre sous la conduite de misé
rables financiers, mais nous devons
examiner les événements de sang-
froid. Il nous faut nous garder des
emballements dangereux auxquels
nous conduiraient les nationalistes,
ces impérialistes français, si nous
les laissions faire. Poussés par les
congrégations pour lesquelles l’af
franchissement intellectuel de l’An
gleterre, que nous aimions à cons
tater et que nous espérons voir un
jour se relever de la faillite actuelle,
est un danger permanent, les na
tionalistes auraient tôt fait de nous
entraîner à la guerre et à ses crimes.
Ce n’est pas une singulière coïnci
dence, mais la résultante d’une loi
fatale, de remarquer, à ce propos,
s’entrechoquant entre elles, les
mêmes manifestations d’un même
sentiment, de barbarie qui tend à
s’anéantir dans un délai plus ou
moins éloigné, par l’opposition directe
de ses vices. S’il m’était permis de
faire une comparaison dans le règne
animal, je dirais qu’il y a là sem
blable symptôme que la science du
savant Pasteur a mis en lumière
par la destruction réciproque des
rongeurs d’Australie, auxquels on
avait préalablement, dans ce but,
inoculé la rage.
Mais quelque répulsion que m’ins
pire le nationalisme, je n’irai pas
préconiser à son endroit pareil
moyen. Ceux qui subissent le dogme
de Déroulède sont, avant tout, des
hommes à la complexion sensible et
douloureuse, comme nous tous.
Et c’est précisément parce que
nous voulons les préserver, malgré
eux, ainsi que toute l’humanité, des
fléaux artificiels, que nous essayons
à extraire le virus qui empoisonne
leur sang et que nous désirons éta
blir le règne des solutions amiables
et pacifiques.
Nous savons, par l’exemple de
l’Angleterre, comment un gouver
nement qui recherche la guerre,
l’obtient, en faussant les notions de
vérité et de justice dans l’esprit du
peuple qu’il dirige. Il nous faut sub
stituer à la responsabilité sangui
naire des masses, la responsabilité
directe des chefs d’Etat, empereurs
ou monarques, des gouvernements
et des ministres. Les puissances
européennes semblent, d’ailleurs,
consacrer elles-mêmes ce principe
dans les affaires de Chine.
Ne se rappelle-t-on pas l’ultima
tum de M. Delcassé au vice-roi de
Nankin, portant celui-ci garant, sur
sa tête, de la vie de notre consul,
M. François. J’ai remarqué, en
outre, les déclarations du ministre
de Chine à Paris, faites à un rédac
teur du Matin, dans lesquelles il
préconisait la restauration de l’em
pereur de Chine sous le contrôle
effectif des différentes nations étran
gères intéressées, comme solution
heureuse au conflit international.
Cette idée est juste, pourvu qu’elle
comporte, comme sanction, la res
ponsabilité personnelle de l’empe
reur et des vice-rois, mettant en jeu
leur existence pour garantir la
sécurité publique et mondiale.
Eh bien, ce système peut être ap
pliqué, en retour, à l’Europe entière.
Déjà, nous voyons s’élever, par
dessus les frontières, la conscience
universelle des peuples. J’ai sous les
yeux la correspondance bi-mensuelle
du bureau international permanent
de la paix. J’y lis, notamment, la ré
solution adoptée dans le neuvième
congrès concernant les conditions
générales et particulières de coloni
sation, tant au point de vue de la
conquête que de l’administration po
litique des indigènes, et je puis cons
tater avec une grande satisfaction
les vues justes ainsi que les principes
d’équité qui ont été admis. Je pres
sens qu’il y a, évidemment, dans ce
concile international, une force en
gestation. D’autre côté, n’oublions
pas le rôle pratique que paraissent
devoir jouer les congrès socialistes
internationaux au point de vue spé
cial de la paix.
Le récent congrès de Paris a
surtout marqué l’ardent désir des
peuples de faire litière des préjugés
guerriers et d’établir l’organisation
politique propre à l’émancipation
humaine, plus encore qu’il n’a été
une entente strictement économique
sur les conditions particulières du
travail. La poussée sociale, née des
charges du militarisme, est, on ne
pourrait le dissimuler, l’élément cer
tain, l’instrument de demain de la
pacification, tandis que les travaux
des penseurs, les congrès scientifi
ques, les ligues philanthropiques pré
parent la théorie morale.
Or, pour établir positivement le
régime de la paix, la démonstration
platonique ne suffira pas. Il sera
nécessaire d’établir un tribunal in
ternational d’arbitrage do/b les sen
tences ne se trouveront pas frappées
de caducité, mais qui auront leurs
sanctions pénales. Ce tribunal sera
placé au-dessus des gouvernements,
et le jour où un monarque, un mi
nistre, aura tenté ou accompli un
abus de force sacrilège, en opposi
tion aux droits internationaux des
peuples, il sera jugé et, s’il est cou
pable, condamné.
La justice des peuples saura l’at
teindre, même par des moyens dé
tournés en admettant que, provisoi
rement, elle ne dispose à son gré
de la force exécutive indispensable.
Là est le salut ; je préfère le châ
timent d’un coupable, quelque pé
nible qu’il soit à notre sensibilité,
au massacre des masses laborieu
ses. D’ailleurs, l’unique menace du
châtiment est déjà salutaire. A elle
seule, elle suffirait à moraliser la
conscience des gouvernements.
Alf. HENRI.
UNE BONNE LEÇON
Les deux scrutins qui ont eu lieu
avant-hier à Paris et dans le Yar ne
sont pas faits pour nous déplaire.
Pour le second cela va de soi : M.
Grébauval est littéralement écrasé,
quoique le Gaulois affecte de triom
pher de son « succès relatif » très
« relatif » en effet puisqu’il a réuni
3.800 voix seulement contre 9.435
voix républicaines, et que son échec
ne saurait faire doute.
Les sentiments qu’éveille en nous
l’élection de M. Quentin dans le quar
tier des Halles sont d’un tout autre
ordre. M. Quentin était candidat de
la Ligue de la Patrie française et à
ce titre nous aurions souhaité sa dé
faite, mais comme son concurrent M.
le D r Richard était $ussi nationaliste
que lui, nous nous "&qsolons volon
tiers.
M. Richard avait en effet entrepris
de battre M. Quentin en rivalisant
avec lui d’enthousiasme militariste,
et le malheur qui lui arrive nous
laisse assez froid. Les électeurs se
sont dit qu'à tout prendre, entre deux
nationalistes, l’un avéré et l’autre
honteux, mieux valait voter pour ce
lui qui présentait des caractères cer
tains d’authenticité.
Cela fera peut-être réfléchir ceux
des modérés qui s’imaginent être de
grands politiques en faisant le jeu des
néo-césariens. Les dernières élections
générales auraient dû cependant leur
faire comprendre le sort qui les atten
dait puisqu’en 1898 un certain nom
bre de mélinistes, après s’être faits
les complaisants des ralliés et des clé
ricaux, finirent par être remplacés
par de purs réactionnaires.
La leçon ne leur a point profité,
ils ont voulu, par haine de la démo
cratie, recommencer l’expérience, et
voilà que les mêmes causes produi
sent les mêmes effets et qu’ils sont
supplantés par ceux-ci comme ils l’a
vaient été par ceux-là.
C’est bien fait et nous ne saurions
les plaindre.
André LEFÈVRE.
LES
MANUFACTURES DES TABACS
Les députés socialistes chezM. Caillaux.
Respect au Syndicat. — La retraite
proportionnelle.
La délégation désignée par le grou
pe socialialiste pour entretenir le mi
nistre des finances des doléances
des ouvriers et ouvrières des ma
nufactures des tabacs et d’allumet
tes a eu une entrevue avec lui hier à
la Chambre. Au sujet de , la circulaire
du 10 octobre 1900 en joignant aux
directeurs de respecter les syndicats
ouvriers et établissant des règlements
sur la procédure à suivre en cas de
réclamations des ouvriers, le ministre
a déclaré que la circulaire était conçue
dans un esprit de très large sympa
thie et tolérance pour les ouvriers, et
qu’il s’opposerait énergiquement à
toute tentative d’interprétation diffé
rente.
L’obligation pour les ouvriers de
transmettre les réclamations par voie
hiérarchique a pour but de ne point
faire intervenir constamment et pour
des questions de peu d’importance les
directeurs des manufactures sans que
pour cela les questions urgentes dont
la solution doit être donnée immédia
tement puisse être retardée.
Le citoyen Cadenat a demandé au
ministre pourquoi la retraite propor
tionnelle établie par le budget de
1901 à l’âge de cinquante ans, n’est
pas de droit pour tous les ouvriers et
ouvrières des manuiactures de l’Etat
qui ont atteint cet âge, au lieu d’être
réservée aux invalides.
M. Caillaux a répondu qu’il crai
gnait que ce fut là un précédent qui,
fatalement, servirait à tous les fonc
tionnaires qui, à leur tour, demande
raient l’application de la même me
sure. Ce serait ouvrir dans le budget
une brèche qui irait s’élargissant.
Néanmoins, il est disposé à accor
der très largement ces retraites pro
portionnelles.
Il serait disposé, au besoin, à ad
mettre dans l’examen médical des
ouvriers qui réclament leur retraite
proportionnelle, avec l’intervention
du médecin de l’administration, celle
d’un médecin choisi par l’intéressé.
Le secrétaire , Deveze.
PLUS REACTI ONNAIRES QUE RIÉLINE
L’on a vu, dans la séance de lundi
dernier, à la Chambre des Députés,
comment les congrégations, usant de
l’arme de Basile, entendaient faire la
guerre au ministère, afin d’écarter
l’écueil qui se présente devant elles
dans la loi sur les. associations. Par
leurs organes et leurs moyens ordi
naires, elles avaient mis sur la sellette
l’honorable M. Decrais, ministre des
colonies, l’accusant de je ne sais quel
trafic de décorations. En quelques
mots indignés, le ministre incriminé
et après lui MM. Millerand et Wal-
deck-Rousseau ont fait justice des
infectes racontars de la Libre-Parole.
Drumont en a été pour sa courte honte.
Quand" est venu le moment de don
ner une sanction au débat, l’ordre du
jour de confiance au gouvernement,
présenté par M. Rivet, a été adopté
à une majorité considérable.
M. Méline, avec de nombreux mo
dérés et de notables droitiers, parmi
lesquels M. de Pomereu, n’ont pas
cru devoir se solidariser avec les bas
calomniateurs à la solde du clergé.
Un dernier scrupule les a retenus et
ils ont voté avec l’ensemble de la
majorité républicaine. Mais nos deux
députés, élus avec l’étiquette de ré
publicains, se sont crânement ! ! !
abstenus, marchant ainsi la main
dans la main avec les fauteurs des
lâches insinuations et se faisant les
complices des pires réactionnaires.
Jusques à quand, électeurs bavrais,
permettrez-vous que l’on se joue de
votre confiance comme le font nos
deux députés. Nous les attendons, du
reste, au vote de la loi sur les asso
ciations. Nous les retrouverons encore,
sans doute, parmi les ennemis de la
République.
Il faudra bien qu’un jour ou l’au
tre ils nous rendent des comptes.
LE
Le débarquement
Jeudi, 22 novembre, à onze heures
moins cinq, un navire salue. Pres
que immédiatement, on voit un re
morqueur ; puis, dans un canot du
Gelderland, commandé par un officier
de marine hollandais en grande tenue,
le président lui-même.
Une retentissante acclamation l’ac
cueille avec un enthousiasme indes
criptible : « Vive Krüger ! Vivent les
Boers ! »
Le président est accompagné du
docteur Leyds et des ministres trans-
vaaliens.
Le docteur Leyds débarque le pre
mier et tend la main au président
Krüger qui, d’un pas plus léger que
ne semblerait le comporter son âge,
met le pied sur le sol de France.
Mme Eloffet sa sœur débarquent
d’une chaloupe qui suit celle du pré
sident.
Le président est vêtu de sa tradi
tionnelle redingote noire, et on re
marque un crêpe très épais qui en
toure son chapeau, roulé en plusieurs
doubles. Il porte des lunettes bleues
avec des gardes en étamine sur les
côtés.
Son émotion est visible.
En dépit de son énergie, il ne par
vint pas à la surmonter.
Le grand vieillard pleure et, avec
une joie touchante qui va au cœur
de tous, il serre les mains qui se ten
dent vers lui.
M. Tbourel, président du comité de
Marseille pour l’indépendance des
Boers, souhaite la bienvenue au pré
sident Krüger, puis il ajoute :
« A cette heure, monsieur le prési
dent, les phrases sont inutiles. Notre
émotion vous dit ce que nulle parole
ne pourrait exprimer. Vous nous com
prendrez, car vous allez vous trouver
au milieu de populations passionné
ment attachées aux grandes idées de
droit, de justice, d'indépendance et
de liberté. »
M. Pauliat, président du comité de
Paris, prend à son tour la parole, et
lui souhaite la bienvenue non seule
ment au nom des Français, mais en
core au nom des comités constitués
chez tous les autres peuples.
a Je pourrais même dire sans
crainte d’être démenti, que je puis
également vous souhaiter la bienve
nue au nom de l’Angleterre elle-mê
me, attendu que, dans ce pays, tout
ce qu’il y a d’intelligence et de savoir,
tout ce qui mérite de compter dans
dans une société, en un mot tous les
hommes de conscience, de droiture et
de justice se désolent et se demandent,
avec tristesse, par quelles abominables
et diaboliques machinations leur pa
trie, jusque-là vénérée comme \&
champion du droit et de l’équité, a-
bien pu être entraînée à cette guerre
sauvage qui ensanglante l’Afrique du.
Sud.
« Le monde entier, monsieur le
président, assiste avec indignation k
tout le mal qui vous est fait là-bas et
applaudit a votre héroïque résistance^
Mais il y a des limites que l’iniquité^
quels que soient les forces et les
moyens dont elle dispose, est impuiis»
santé à franchir.
« Aussi, en dépit de toutes les ap
parences, avons-nous une foi obstiné
dans le triomphe final des deux Répu
bliques. >
»
J
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