Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-10-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 octobre 1900 20 octobre 1900
Description : 1900/10/20 (N234). 1900/10/20 (N234).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263433d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5* Année — N° 23i.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
r ymrrr cŒMBEr ai
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ARMEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
départements » 4 fr.
m
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
1
15,
RUE CASIMIR
-PÊRIER, 15
M
Ü
1
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred HENRI
|
gf
B
LTmprimeur-Gérant
F. LE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
On traite à: forfait
La Révolution
dans les Esprits
En matière de sociologie, sans
cesse nous avons été et nous restons
opposés aux moyens violents dont
l’intention peut être bonne, mais
dont les effets sont toujours très
graves, quelquefois funestes, ra
rement heureux, pour apporter
une amélioration à la manière
d’être matérielle et morale de
l’homme. De façon constante, tou
tes les révolutions spontanées, c’est-
à-dire nées d’événements fortuits,
ont été suivies à brève échéance de
mouvements réactionnaires dange
reux.
Est-ce à dire que, quand les cir
constances l’exigent impérieuse
ment, comme en 1789, il faille hési
ter devant les nécessités. Avec le
docteur Robinet, nous dirons qu’une
révolution est légitime lorsque le
progrès, dont le cours est éternel,
ne trouve plus d’issue possible dans
la constitution politique du pays et
dans l’ordre de choses établi. Mais
alors, seulement, et quand tous les
moyens de progrès pacifique et légal
ont été épuisés. La tourmente révo
lutionnaire du siècle dernier était
indispensable, en cela. Or, de nos
jours, en est-il de même? Est il
prouvé que nous ayons mis à profit
toutes les conditions pratiques d’a
mélioration de notre sort ? J’adresse
ces questions aux révolutionnaires
qui parlent, sans discontinuer, de
descendre dans la rue, un fusil à la
main, ou qui voudraient des boule
versements inconsidérés pour les
quels le pays n’eët pas mûr.
Tout, évidemment, n’est pas pour
le mieux ni dans la meilleure des
Républiques. L’on adresse, souvent,
à juste titre, de vives critiques à la
société moderne. Mais par quel ré
gime l’amender ? Pour ma part, je
ne crois pas que ce soit par le collec
tivisme d’Etat, cher à M. Guesde.
J’admettrai volontiers que le mono
pole de la fortuue privée soit un
danger ; le monopole de la fortune
par l’Etat en serait un autre. Tous
les monopoles sont également haïs
sables.
La diffusion de la propriété, aussi
grande que possible, par les moyens
économiques normaux, est préféra
ble, et constituerait un remède effi
cace. On a bien compris que je n’en
tends pas par là proposer un nivel
lement artificiel des fortunes, esti
mant simplement que de profondes
réformes, d’ordre multiple, suffi
raient à établir plus de justice dans
la répartition du bien-être.
Je citerai à cet égard la réforme
des lois sur les successions, l’établis
sement de l’impôt sur le revenu,
l’abolition des douanes, la suppres
sion de tous les privilèges finan
ciers, industriels ou commerciaux,
etc., etc., et surtout l’émancipation
de l’homme par l’élévation morale
du peuple auquel il appartient. A ce
dernier point de vue, nous avons
fort à faire.
Ces jours-ci, notre confrère Han-
riot nous disait : « Nous ne voulons
apporter de perturbation nulle part,
mais seulement révolutionner les
cerveaux ». Fort bien, j’ai toujours
été personnellement partisan de
préparer une société meilleure par
une égale observance des droits et
des devoirs de l’homme et du ci
toyen. Et s’il ne s’agit dans cette ac
ception que de la révolution dans les
esprits. Oh, alors, je suis révolu
tionnaire.
Dans un pays de suffrage univer
sel, ou le citoyen peut tout avec son
bulletin de vote et ou il ne fait que
si peu de chose, doit-on parler d’au
tre révolution ? Qu’il apprenne ou
qu’on lui apprenne d’abord à se ser
vir d’un outil de perfectionnement
social dont il ne sait pas tirer profit.
Il lui faut pour cela abdiquer cer
taines préférences, des intérêts par
ticuliers aveugles qui masquent
l’intérêt général. Voilà ce que l’on
doit lui enseigner. C’est l’oeuvre à
entreprendre, plus compliquée qu’on
ne le croit généralement.
Quant à la révolution brutale et
sanglante, je suis de l’avis de M.
F. de Pressensé qui disait dernière
ment, au Cercle Franklin, que l’on
ne doit faire parler les fusils et la
poudre qu’en cas d’extrême néces
sité.
Alf. HENRI.
Le Discours de M. Waldeck-Rousseau
LES SIÈGES VACANTS
M. Waldeck-Rousseau a l’intention
de prononcer un grand discours avant
la rentrée du Parlement pour exposer
la politique générale du gouverne
ment.
Cette importante manifestation po
litique aura lieu à Toulouse.
C’est au cours d’un banquet auquel
assisteront un assez grand nombre de
députés et de sénateurs de la région
du Sud Ouest, que M. Waldeck-
Rousseau fera ce discours.
La date du banquet est fixée au
dimanche 28 octobre.
LES INSTITUTEURS ET
L’ÉDUCATION POPULAIRE
Sénat. — Par suite des décès de
MM. de Juignéet Cochery, sénateurs,'
le nombre des sièges vacants au
Luxembourg est de sept.
Le 28 octobre prochain, les élec
teurs sénatoriaux auront à élire deux
membres de la Chambre Haute dans
les Basse-Pyrénées et dans le Loiret,
en remplacement de MM. Quintaa
et Fousset, décédés.
Les trois autres sièges sont ceux de
MM. Paye (Lot-et-Garonne), Héris
son (Nièvre) et de Chadois (inamo
vible).
■k
* *
A la Chambre des Députés. —
On nous informe de St-Orner que les
Républicains de l’arrondissement de
St-Pol ont offert la candidature de
l’élection législative qui aura lieu
dans cette circonscription, pour pour
voir au remplacement de M. Georges
Graux, décédé, à M. Amédée Petit,
président du tribunal civil du Havre,
conseiller général du canton d’Aves-
nes-le-Comte et président de la Société
d’Agriculture de l’arrondissement de
Saint-Pol.
M. Petit est aussi considéré qu’es
timé dans cet arrondissement, d’où il
est originaire et propriétaire. Il est
ami intime de M. Ricard, député de
Rouen, partage ses opinions politi
ques, c’est dire que ses compatriotes
ne pouvaient faire un meilleur choix.
Tous ceux qui se préoccupent de
l’avenir de notre pays, reconnaissent
qu’un grand effort doit être tenté
pour le soustraire à un certain nombre
de dangers qui sérieusement le mena
cent.
D’un côté, l’appauvrissement de
notre race, notre infériorité dans la
bataille industrielle et commerciale
que se livrent les grandes nations ;
d’un autre côté, 1’mdifference de la
majorité des citoyens peur toutes les
manifestations de la vie publique,
sont des marques de malaise assez ca
ractérisées pour mériter notre atten
tion.
Des philosophes, des économistes,
des hommes politiques appartenant à
toutes les écoles, après avoir ausculté
la France et noté son état de santé,
lui ont proposé chacun leurs remèdes ;
tous ont été d’accord pour déterminer
la Cause initiale du mal ; tous ont été
unanimes à déclarer que celui-ci ne
pourrait être enrayé que par une so
lide éducation des individus.
Si notre race va s’affaiblissant, s’il
manque à notre agriculture des
hommes d’initiative et de progrès, si
notre industrie est en quête de débou
chés, si notre commerce périclite, s’il
se rencontre dans la vie tant de
fausses vocations, si, vers certaines
professions encombrées, continuent
de s’orienter des intelligences et des
énergies dont on pourrait faire un
meilleur emploi, c’est que l’éduca
tion des jeunes Français n’est pas ce
qu’elle devait être.
Dans un autre ordre d’idées, si cer
tains problèmes politiques et sociaux
paraissent à l’heure actuelle encore
insoluble, si les rivalités d’intérêt de
viennent de jour en jour plus impla
cables; si, entre les habitants d’un
même pays il surgit tant de conflits,
s’il se manifeste, de temps en temps,
dans la nation, certains courants d’o
pinion' à contre-sens qui déconcertent,
c’est que l’éducation des citoyens a
besoin d’être complétée.
Une solide préparation à la vie pu-
bilque et à la vie pratique, la forma
tion des hommes en vue de la vie so
ciale, voilà ce que réclament impé
rieusement tous ceux qui font preuve
de quelque clairvoyance et de quelque
patriotisme.
C’est ainsi que, d’un bout à l’autre
de la France, sous l’impulsion des
pouvoirs publics, et à l’instigation de
citoyens dévoués, une campagne s’est
organisée en faveur de l’éducation
du peuple et en particulier de l’édu
cation des adolescents et des adultes.
Les instituteurs, depuis deux années
surtout, se sont multipliés de toutes
façons, pour donner à cette œuvre de
salut national le plus grand essor.
Nous ne dirons pas qu’en cette ma
tière, sans eux, on ne petit rien parce
que cela n’est pas lotit à fait exact et
parce qu’ils ne nous sauraient pas gré
de cette flatterie, mais nous ne crain
drions pas d’affirmer qu’avec eux rien
n’est impossible et aucun de ceux qui
les ont vus à l’œuvre ne nous démen
tira.
Dans la plupart des communes, l’i
nitiative de la création d’une société
d’enseignement populaire leur revient.
Ils ne se sont pas mis à l’œuvre par
ordre, comme les adversaires du mou
vement le laissent croire. Ils n’ont
obéi à aucune injonction dé leurs
chefs, à aucune invitation de l’Ad
ministration. C’est libremerit, de
propos délibéré, qu’ils ont accepté
cette nouvelle charge d’âmes, qu’ils
ont pris à leur compte cette éducation
des adolescents et des adultes, qu’ils
se sont remis à la besogne aussitôt
leur journée finie, rallumant la
lampe de l’école après l’heure oii ré
glementairement ils avaient le droit
de dormir. On n’a pas assez dit jus
qu’à ce jour le mérite des instituteurs
en cette occasion, et tout ce qu’où
pouvait écrire sur cette matière ne
donnerait pas encore la mesure de
leur dévouement, de leur désintéres
sement, de leur sacrifice.
Il ne leur a pas suffi en effet de pré
parer le terrain et d’y semer la bonne
idée ; ils ont agi, ils se Sont multi
pliés pour assurer l’éclosion et la vi
talité de l’œuvre conçue.
Dans tel coin du département, ils
ont dû substituer à l’atmosphère d’a
pathie et d’indifférence qui les en
tourait une atmosphère nouvelle;
dans tel village, ils ont rencontré une
résistance sourde, opiniâtre, à laquelle
la main du prêtre n’était pas tou
jours étrangère; dans tel autre, ils
ont été arrêtés par les marques de dé
fiance d’une municipalité routinière,
ailleurs, enfin, les cabaretiers, mena
cés dans leur clientèle, se sont cons
titués leurs détracteurs et quelque
fois même leurs ennemis.
N’importe, en dépit des railleries,
des sarcasmes des uns, du mauvais
vouloir, de l’hostilité des autres en
dépit des luttes locales, les institu
teurs déconcertés quelquefois, mais
jamais découragés, à force de persé
vérance, d’ingéniosité, de tact et; de
courage, ont réussi à mettre debout
le nouvel édifice d’enseignement des
tiné à compléter et à étayer si heuse-
ment l’ancien.
Ce que nous disons des instituteurs,
nous le pensons également des insti
tutrices, de celles du moins qui ont
revendiqué courageusement leur part
d’enseignement populaire, j
Pour quelques-unes, la création
d’un cours d’adultes, d’une société
amicale ou d’un patronage, n’a pas
été sans difficultés sérieuses. Les maî
tresses ne peuvent en effet exercer
leur action sur les anciennes élèves
que le jeudi ou le dimanche, car les
réunions des jeunes filles ne sont
guère possibles le soir. Encore sont-
elles presque impossibles le jeudi, peu
d’anciennes élèves disposant de ce
jour, consacré au travail quotidien.
Pour suppléer au cours du soir
placés, surtout à la campagne, dans
de mauvaises conditions de vitalité et
de développement, les institutrices
feront bien, à notre avis, de multi
plier le nombre des patronages et des
sociétés amicales;, en s’efforçant de
faire de ces associations des cen||’^
récréatifs, éducatifs et instructifs en
même temps. Il leur suffira, nous en
pannes convaincus, d’essayer un
Î groupement pour réussir ; parce qu’il
îSt plus facile d r attirer et de retenir
es jeunes filles que les jeunes gens
parce que, d’un autre côté, les maî
tresses ont plus de loisirs que les
maîtres, ayant moins, beaucoup
iuoins de fonctions extra-scolaires.
Ge n’est un mystère pour personne,
que l’éducation des filles, dans nos
campagnes surtout, nous a échappé
complètement jusqu’en ces derniers
temps. Il est bien vrai que la plupart
des jeunes filles du peuple ont appris
à lire, à écrire, à calculer à l’école
laïque, mais c’est ailleurs qu’on leur
a indiqué ce qui, dans la vie, devait
rester leur point de direction.
Les institutrices ne voudront pas
laisser plus longtemps à d’autres le
soin d’imprimer aux jeunes filles les
marques, les tendances qui feront
d’elles les femmes de demain. Elles
auront le souci de parfaire l’œuvre
qu’elles ont si bien commencée, et,
après avoir cultivé jusqu’à 13 ans,
conformément aux principes de la
raison, l’intelligence de leurs élèves,
elles voudront, au moyen d’un patro
nage ou d’une société amicale, meubler
elles-mêmes leur cœur, armer sans
plus tarder leur volonté et les prépa
rer à entrer de plain-pied dans la
réalité brutale de la vie.
Oui, c’est aux institutrices primai
res qu’il appartient de se faire les di
rectrices de consciences de leurs an
ciennes élèves, elles sont plus dignes
que qui que ce soit d’un pareil hon
neur. ..........................
Instituteurs et institutrices, vous
tenez en main lés destinées du pays ;
éclairez les consciences, décidez les
cœurs, inclinez les caractères en vue
des réconciliations nécessaires ; dé
posez dans l’âme des jeunes généra
tions, les germes de la faaternité, de
la bonté, de la justice et de l’huma
nité ; la France entière compte sur
vous !
Veritas.
Convaincus de l’entier dévouement
des instituteurs et des institutrices
publics à l’œuvre de salut national
qu’ils ont poursuivi jusqu'ici avec
tant de zèle, nous engageons les mu
nicipalités et les particuliers à ne pas
leur ménager leur appui moral et
pécunier.
EU GÈNE S UE
Dans une brochure de Quay-Cendre,
publiée par la Société Libre d’éducâ-
tion, sous le titré : Oublis , on troufre
d’intéressantes notes sur Eugène Süe,
le romancier populaire.
En 1851, Eugène Sue s'était réfu
gié, après le coup d’État du 2 décem
bre, en Haute-Savoie, à ce moment
territoire italien. Il fut poursuivi
dans son exil parla haine des jésuites,
auxquels Fauteur du Juif Errant avait
porté de terribles coups.
— Ils Font empoisonné ! disait 1
couramment quelques personnes de
là-bas. 1 •
L’exil d’Eugène Sue, à Annecy, fut
d’ailleurs douloureux. Une supersti
tion, poussée à un degré incroyable,
s’était répandue autour de lui. Pour
là villej ce socialiste était un parta-
geux qui voulait tout mettre à feu~et
à sang. Auprès des paysans qui, sous r
l’impulsion du clergé, on éprouvaient
nue-' < terreur inexprimable; Eugène
Sûe, qui faisait de fréquentes prome
nades solitaires dans la montagne,
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
r ymrrr cŒMBEr ai
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ARMEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
départements » 4 fr.
m
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
1
15,
RUE CASIMIR
-PÊRIER, 15
M
Ü
1
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred HENRI
|
gf
B
LTmprimeur-Gérant
F. LE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
On traite à: forfait
La Révolution
dans les Esprits
En matière de sociologie, sans
cesse nous avons été et nous restons
opposés aux moyens violents dont
l’intention peut être bonne, mais
dont les effets sont toujours très
graves, quelquefois funestes, ra
rement heureux, pour apporter
une amélioration à la manière
d’être matérielle et morale de
l’homme. De façon constante, tou
tes les révolutions spontanées, c’est-
à-dire nées d’événements fortuits,
ont été suivies à brève échéance de
mouvements réactionnaires dange
reux.
Est-ce à dire que, quand les cir
constances l’exigent impérieuse
ment, comme en 1789, il faille hési
ter devant les nécessités. Avec le
docteur Robinet, nous dirons qu’une
révolution est légitime lorsque le
progrès, dont le cours est éternel,
ne trouve plus d’issue possible dans
la constitution politique du pays et
dans l’ordre de choses établi. Mais
alors, seulement, et quand tous les
moyens de progrès pacifique et légal
ont été épuisés. La tourmente révo
lutionnaire du siècle dernier était
indispensable, en cela. Or, de nos
jours, en est-il de même? Est il
prouvé que nous ayons mis à profit
toutes les conditions pratiques d’a
mélioration de notre sort ? J’adresse
ces questions aux révolutionnaires
qui parlent, sans discontinuer, de
descendre dans la rue, un fusil à la
main, ou qui voudraient des boule
versements inconsidérés pour les
quels le pays n’eët pas mûr.
Tout, évidemment, n’est pas pour
le mieux ni dans la meilleure des
Républiques. L’on adresse, souvent,
à juste titre, de vives critiques à la
société moderne. Mais par quel ré
gime l’amender ? Pour ma part, je
ne crois pas que ce soit par le collec
tivisme d’Etat, cher à M. Guesde.
J’admettrai volontiers que le mono
pole de la fortuue privée soit un
danger ; le monopole de la fortune
par l’Etat en serait un autre. Tous
les monopoles sont également haïs
sables.
La diffusion de la propriété, aussi
grande que possible, par les moyens
économiques normaux, est préféra
ble, et constituerait un remède effi
cace. On a bien compris que je n’en
tends pas par là proposer un nivel
lement artificiel des fortunes, esti
mant simplement que de profondes
réformes, d’ordre multiple, suffi
raient à établir plus de justice dans
la répartition du bien-être.
Je citerai à cet égard la réforme
des lois sur les successions, l’établis
sement de l’impôt sur le revenu,
l’abolition des douanes, la suppres
sion de tous les privilèges finan
ciers, industriels ou commerciaux,
etc., etc., et surtout l’émancipation
de l’homme par l’élévation morale
du peuple auquel il appartient. A ce
dernier point de vue, nous avons
fort à faire.
Ces jours-ci, notre confrère Han-
riot nous disait : « Nous ne voulons
apporter de perturbation nulle part,
mais seulement révolutionner les
cerveaux ». Fort bien, j’ai toujours
été personnellement partisan de
préparer une société meilleure par
une égale observance des droits et
des devoirs de l’homme et du ci
toyen. Et s’il ne s’agit dans cette ac
ception que de la révolution dans les
esprits. Oh, alors, je suis révolu
tionnaire.
Dans un pays de suffrage univer
sel, ou le citoyen peut tout avec son
bulletin de vote et ou il ne fait que
si peu de chose, doit-on parler d’au
tre révolution ? Qu’il apprenne ou
qu’on lui apprenne d’abord à se ser
vir d’un outil de perfectionnement
social dont il ne sait pas tirer profit.
Il lui faut pour cela abdiquer cer
taines préférences, des intérêts par
ticuliers aveugles qui masquent
l’intérêt général. Voilà ce que l’on
doit lui enseigner. C’est l’oeuvre à
entreprendre, plus compliquée qu’on
ne le croit généralement.
Quant à la révolution brutale et
sanglante, je suis de l’avis de M.
F. de Pressensé qui disait dernière
ment, au Cercle Franklin, que l’on
ne doit faire parler les fusils et la
poudre qu’en cas d’extrême néces
sité.
Alf. HENRI.
Le Discours de M. Waldeck-Rousseau
LES SIÈGES VACANTS
M. Waldeck-Rousseau a l’intention
de prononcer un grand discours avant
la rentrée du Parlement pour exposer
la politique générale du gouverne
ment.
Cette importante manifestation po
litique aura lieu à Toulouse.
C’est au cours d’un banquet auquel
assisteront un assez grand nombre de
députés et de sénateurs de la région
du Sud Ouest, que M. Waldeck-
Rousseau fera ce discours.
La date du banquet est fixée au
dimanche 28 octobre.
LES INSTITUTEURS ET
L’ÉDUCATION POPULAIRE
Sénat. — Par suite des décès de
MM. de Juignéet Cochery, sénateurs,'
le nombre des sièges vacants au
Luxembourg est de sept.
Le 28 octobre prochain, les élec
teurs sénatoriaux auront à élire deux
membres de la Chambre Haute dans
les Basse-Pyrénées et dans le Loiret,
en remplacement de MM. Quintaa
et Fousset, décédés.
Les trois autres sièges sont ceux de
MM. Paye (Lot-et-Garonne), Héris
son (Nièvre) et de Chadois (inamo
vible).
■k
* *
A la Chambre des Députés. —
On nous informe de St-Orner que les
Républicains de l’arrondissement de
St-Pol ont offert la candidature de
l’élection législative qui aura lieu
dans cette circonscription, pour pour
voir au remplacement de M. Georges
Graux, décédé, à M. Amédée Petit,
président du tribunal civil du Havre,
conseiller général du canton d’Aves-
nes-le-Comte et président de la Société
d’Agriculture de l’arrondissement de
Saint-Pol.
M. Petit est aussi considéré qu’es
timé dans cet arrondissement, d’où il
est originaire et propriétaire. Il est
ami intime de M. Ricard, député de
Rouen, partage ses opinions politi
ques, c’est dire que ses compatriotes
ne pouvaient faire un meilleur choix.
Tous ceux qui se préoccupent de
l’avenir de notre pays, reconnaissent
qu’un grand effort doit être tenté
pour le soustraire à un certain nombre
de dangers qui sérieusement le mena
cent.
D’un côté, l’appauvrissement de
notre race, notre infériorité dans la
bataille industrielle et commerciale
que se livrent les grandes nations ;
d’un autre côté, 1’mdifference de la
majorité des citoyens peur toutes les
manifestations de la vie publique,
sont des marques de malaise assez ca
ractérisées pour mériter notre atten
tion.
Des philosophes, des économistes,
des hommes politiques appartenant à
toutes les écoles, après avoir ausculté
la France et noté son état de santé,
lui ont proposé chacun leurs remèdes ;
tous ont été d’accord pour déterminer
la Cause initiale du mal ; tous ont été
unanimes à déclarer que celui-ci ne
pourrait être enrayé que par une so
lide éducation des individus.
Si notre race va s’affaiblissant, s’il
manque à notre agriculture des
hommes d’initiative et de progrès, si
notre industrie est en quête de débou
chés, si notre commerce périclite, s’il
se rencontre dans la vie tant de
fausses vocations, si, vers certaines
professions encombrées, continuent
de s’orienter des intelligences et des
énergies dont on pourrait faire un
meilleur emploi, c’est que l’éduca
tion des jeunes Français n’est pas ce
qu’elle devait être.
Dans un autre ordre d’idées, si cer
tains problèmes politiques et sociaux
paraissent à l’heure actuelle encore
insoluble, si les rivalités d’intérêt de
viennent de jour en jour plus impla
cables; si, entre les habitants d’un
même pays il surgit tant de conflits,
s’il se manifeste, de temps en temps,
dans la nation, certains courants d’o
pinion' à contre-sens qui déconcertent,
c’est que l’éducation des citoyens a
besoin d’être complétée.
Une solide préparation à la vie pu-
bilque et à la vie pratique, la forma
tion des hommes en vue de la vie so
ciale, voilà ce que réclament impé
rieusement tous ceux qui font preuve
de quelque clairvoyance et de quelque
patriotisme.
C’est ainsi que, d’un bout à l’autre
de la France, sous l’impulsion des
pouvoirs publics, et à l’instigation de
citoyens dévoués, une campagne s’est
organisée en faveur de l’éducation
du peuple et en particulier de l’édu
cation des adolescents et des adultes.
Les instituteurs, depuis deux années
surtout, se sont multipliés de toutes
façons, pour donner à cette œuvre de
salut national le plus grand essor.
Nous ne dirons pas qu’en cette ma
tière, sans eux, on ne petit rien parce
que cela n’est pas lotit à fait exact et
parce qu’ils ne nous sauraient pas gré
de cette flatterie, mais nous ne crain
drions pas d’affirmer qu’avec eux rien
n’est impossible et aucun de ceux qui
les ont vus à l’œuvre ne nous démen
tira.
Dans la plupart des communes, l’i
nitiative de la création d’une société
d’enseignement populaire leur revient.
Ils ne se sont pas mis à l’œuvre par
ordre, comme les adversaires du mou
vement le laissent croire. Ils n’ont
obéi à aucune injonction dé leurs
chefs, à aucune invitation de l’Ad
ministration. C’est libremerit, de
propos délibéré, qu’ils ont accepté
cette nouvelle charge d’âmes, qu’ils
ont pris à leur compte cette éducation
des adolescents et des adultes, qu’ils
se sont remis à la besogne aussitôt
leur journée finie, rallumant la
lampe de l’école après l’heure oii ré
glementairement ils avaient le droit
de dormir. On n’a pas assez dit jus
qu’à ce jour le mérite des instituteurs
en cette occasion, et tout ce qu’où
pouvait écrire sur cette matière ne
donnerait pas encore la mesure de
leur dévouement, de leur désintéres
sement, de leur sacrifice.
Il ne leur a pas suffi en effet de pré
parer le terrain et d’y semer la bonne
idée ; ils ont agi, ils se Sont multi
pliés pour assurer l’éclosion et la vi
talité de l’œuvre conçue.
Dans tel coin du département, ils
ont dû substituer à l’atmosphère d’a
pathie et d’indifférence qui les en
tourait une atmosphère nouvelle;
dans tel village, ils ont rencontré une
résistance sourde, opiniâtre, à laquelle
la main du prêtre n’était pas tou
jours étrangère; dans tel autre, ils
ont été arrêtés par les marques de dé
fiance d’une municipalité routinière,
ailleurs, enfin, les cabaretiers, mena
cés dans leur clientèle, se sont cons
titués leurs détracteurs et quelque
fois même leurs ennemis.
N’importe, en dépit des railleries,
des sarcasmes des uns, du mauvais
vouloir, de l’hostilité des autres en
dépit des luttes locales, les institu
teurs déconcertés quelquefois, mais
jamais découragés, à force de persé
vérance, d’ingéniosité, de tact et; de
courage, ont réussi à mettre debout
le nouvel édifice d’enseignement des
tiné à compléter et à étayer si heuse-
ment l’ancien.
Ce que nous disons des instituteurs,
nous le pensons également des insti
tutrices, de celles du moins qui ont
revendiqué courageusement leur part
d’enseignement populaire, j
Pour quelques-unes, la création
d’un cours d’adultes, d’une société
amicale ou d’un patronage, n’a pas
été sans difficultés sérieuses. Les maî
tresses ne peuvent en effet exercer
leur action sur les anciennes élèves
que le jeudi ou le dimanche, car les
réunions des jeunes filles ne sont
guère possibles le soir. Encore sont-
elles presque impossibles le jeudi, peu
d’anciennes élèves disposant de ce
jour, consacré au travail quotidien.
Pour suppléer au cours du soir
placés, surtout à la campagne, dans
de mauvaises conditions de vitalité et
de développement, les institutrices
feront bien, à notre avis, de multi
plier le nombre des patronages et des
sociétés amicales;, en s’efforçant de
faire de ces associations des cen||’^
récréatifs, éducatifs et instructifs en
même temps. Il leur suffira, nous en
pannes convaincus, d’essayer un
Î groupement pour réussir ; parce qu’il
îSt plus facile d r attirer et de retenir
es jeunes filles que les jeunes gens
parce que, d’un autre côté, les maî
tresses ont plus de loisirs que les
maîtres, ayant moins, beaucoup
iuoins de fonctions extra-scolaires.
Ge n’est un mystère pour personne,
que l’éducation des filles, dans nos
campagnes surtout, nous a échappé
complètement jusqu’en ces derniers
temps. Il est bien vrai que la plupart
des jeunes filles du peuple ont appris
à lire, à écrire, à calculer à l’école
laïque, mais c’est ailleurs qu’on leur
a indiqué ce qui, dans la vie, devait
rester leur point de direction.
Les institutrices ne voudront pas
laisser plus longtemps à d’autres le
soin d’imprimer aux jeunes filles les
marques, les tendances qui feront
d’elles les femmes de demain. Elles
auront le souci de parfaire l’œuvre
qu’elles ont si bien commencée, et,
après avoir cultivé jusqu’à 13 ans,
conformément aux principes de la
raison, l’intelligence de leurs élèves,
elles voudront, au moyen d’un patro
nage ou d’une société amicale, meubler
elles-mêmes leur cœur, armer sans
plus tarder leur volonté et les prépa
rer à entrer de plain-pied dans la
réalité brutale de la vie.
Oui, c’est aux institutrices primai
res qu’il appartient de se faire les di
rectrices de consciences de leurs an
ciennes élèves, elles sont plus dignes
que qui que ce soit d’un pareil hon
neur. ..........................
Instituteurs et institutrices, vous
tenez en main lés destinées du pays ;
éclairez les consciences, décidez les
cœurs, inclinez les caractères en vue
des réconciliations nécessaires ; dé
posez dans l’âme des jeunes généra
tions, les germes de la faaternité, de
la bonté, de la justice et de l’huma
nité ; la France entière compte sur
vous !
Veritas.
Convaincus de l’entier dévouement
des instituteurs et des institutrices
publics à l’œuvre de salut national
qu’ils ont poursuivi jusqu'ici avec
tant de zèle, nous engageons les mu
nicipalités et les particuliers à ne pas
leur ménager leur appui moral et
pécunier.
EU GÈNE S UE
Dans une brochure de Quay-Cendre,
publiée par la Société Libre d’éducâ-
tion, sous le titré : Oublis , on troufre
d’intéressantes notes sur Eugène Süe,
le romancier populaire.
En 1851, Eugène Sue s'était réfu
gié, après le coup d’État du 2 décem
bre, en Haute-Savoie, à ce moment
territoire italien. Il fut poursuivi
dans son exil parla haine des jésuites,
auxquels Fauteur du Juif Errant avait
porté de terribles coups.
— Ils Font empoisonné ! disait 1
couramment quelques personnes de
là-bas. 1 •
L’exil d’Eugène Sue, à Annecy, fut
d’ailleurs douloureux. Une supersti
tion, poussée à un degré incroyable,
s’était répandue autour de lui. Pour
là villej ce socialiste était un parta-
geux qui voulait tout mettre à feu~et
à sang. Auprès des paysans qui, sous r
l’impulsion du clergé, on éprouvaient
nue-' < terreur inexprimable; Eugène
Sûe, qui faisait de fréquentes prome
nades solitaires dans la montagne,
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