Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-10-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 octobre 1900 13 octobre 1900
Description : 1900/10/13 (N233). 1900/10/13 (N233).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634320
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — A° 233.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
%•
8ATIJ
Organe du Parti Républicain
Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
A î ï * ;■ jil* ■ ' i
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr. |
Départements ............ ... » 4 fr.
' 1 ' • ■ • -j.’-U ; 1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION |
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15 !
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’LwPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY |
S ■ * j
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
1 Réclames 50 » - m-A
i
On traite à forfait
J « I - O rr' : ; f i : f l - ; ?'• > ».!"••• • • * ;, r • ' . i i ■
Puisque cette question est toujours
d’actualité, nos lecteurs nous sauront
gré d’insister.
Tout d’abord, nous regretterons
volontiers les exagérations alarmistes
d'un quotidien de la localité qui, pour
les besoins de sa cause, donne une
importance considérable à la décision
du ministre de la guerre d’ajourner
d’une année la convocation des terri
toriaux.
Il est mauvais d’effrayer la popu
lation plus que ne la comporte la si
tuation. Il est dangereux de donner
à la ville du Havre, surtout à son
port, une réputation d’insalubrité
devant l’extérieur, réputation qu’elle
ne mérite guère plus que certaines
autres cités.
Les préoccupations électorales ca
chées sous la question d,''assainisse-;
ment, doivent être rappelées à une
plus juste appréciation des choses
d’autant que le mal dont on se plaint
n’est pas nouveau.
Si l’on veut dire la vérité, il faut
aller jusqu’au bout. La véritable
cause de la forte mortalité au Havre
tient à l’alcoolisme, à tous les degrés
de l’échelle sociale ; à ces habitudes
d’intempérance indiscrètes chez l’ou
vrier, mais également pratiquées dans
les rangs plus élevés où elles sont
moins divulguées.
La consommation annuelle d’alcool
pur par tête est de 16 litres 1/2 au
Havre, elle n’est concurrencée que
par Rouen qui en absorbe la même
proportion. C’est de là que provient
cette similitude dans la moyenne de la
mortalité totale qui est de 29,6 à
Rouen et de 27,7 au Havre par 1000
habitants, chaque année, et qui fait
en la circonstance les deux grandes
agglomérations de la Seine-Inférieure,
sœurs jumelles, quelque chosecomm}
les Rosa-Josepha de la mort.
Alors qu’à Paris, où la densité de
la population est intense, mais où
l’on ne boit pas plus de 2 litres 1/2
d’alcool par individu, le chiffre nécro
logique ne dépasse pas 20,95.
L’alcoolisme, voilà l’ennemi, c’est
le cri de guerre qu’auraient dû en
tonner MM. Siegfried et Pénoux. Que
ne Font-ils fait entendre? J’aime
mieux croire que ce soit par oubli
plutôt que pour ménager la clientèle
électorale des mas-troquets, et qu’ils
reconnaîtront la justesse de notre
propos.
Notez que si les décès dûs à la
fièvre typhoïde, sont de 7,85 à Rouen
et de 14,85 au Havre par 10,000 ha
bitants et par an, pour la période des
dix dernières années, le même écart
ne subsiste pas dans la mortalité gé
nérale, puisque la moyenne totale est
à très peu de chose près la même.
Donc, si, au Havre, la fièvre typhoïde
tue davantage ; l’entérite, les affec
tions de l’estomac, du foie ou toute
autre maladie comblent la différence.
Je ne viens pas dire que tous les
typhoïdes soient alcooliques, mais je
puis soutenir que l’affaiblissement des
organes vitaux de l’homme et parti
culièrement ceux de la digestion par
l’absorption d’un nombre immodéré
de petits verres, offre un merveilleux
terrain de culture pour toutes les co
lonies de microbes. Reportez-vous à
l’épidémie de choléra en 1892 : nos
alcooliques notoires étaient surtout
atteints et le plus souvent passaient
de vie à trépas.
Non-seulement l’alcoolique s’ex
pose, mais il expose encore sa famille
et son entourage; ses enfants sont fré
quemment des dégénérés ou des ra
chitiques sur lesquels l’entérite exerce
des ravages considérables dans les
premières années de l’existence.
La question de l’assainissement est
fort complexe. Elle comporte des so
lutions multiples ; en ce sens, elle
est d’ordre social. Elle comprend
aussi bien le surmenage dans les ate
liers que l’hygiène dans les établisse
ments industriels, Le corps humain,
privé d’air et de soleil, débilité par
les pratiques urbaines, reste plus ac
cessible à la maladie et se défend
moins contre ses conséquences.
Vraiment ! j’ai été fort étonné de
rencontrer parmi les noms des mem
bres du comité de propagande, celui
de M. Richer, président du syndicat
des propriétaires. Ce syndicat se se
rait-il rangé à un meilleur avis. On
se souvient qu’il s'était: formé pour
résister aux mesures de prévoyance
sanitaire réclamées par les pouvoirs
publics. Les logements insalubres, à
eux seuls, fournissent un contingent
appréciable à la dépopulation. Si
MM. les propriétaires voulaient com
mencer à assainir les habitations
qu’ils louent un prix immodéré, le
mal serait certainement moins grand.
Quant aux mesures qui s’imposent
à la municipalité, l’une des premières
est d’exiger des propriétaires que les
gargouilles des maisons aillent direc
tement rejoindre les égouts dans toutes
les rues où ils sont établis, sans passer
par le ruisseau, afin que les eaux mé
nagères ne puissent souiller notre sol,
empuantir l’air de leurs miasmes mal
sains. L’on ne doit pas se borner à
appliquer cette prescription aux
constructions neuves, mais encore à
tous les immeubles anciens placés
dans le voisinage des canalisations
souterraines.
C’est dans le sous-sol que nous
accumulons les micro - organismes
par l’infiltration et par l’épandage
des déjections de toutes sortes, a dit
justement le docteur Frottier dans sa
conférence. On sait que le Havre,
bâti sur un terrain d’alluvions, est
propice à la culture microbienne. Que
Fon se rappelle la fièvre paludéenne
sévissant autrefois dans les marais du
quartier de l’Eure d’où elle n’a pas
complètement disparu.
Il faut donc assécher le plus possi
ble le sol. À cet effet, une autre
préoccupation s'impose à la munici
palité, elle consiste à asphalter nos
voies, partout où ce sera possible,
financièrement parlant. En tous cas,
il est nécessaire d’employer l’asphal
tage des ruisseaux, sur une certaine
largeur, dans les rues où les eaux mé
nagères ne pourraient joindre l’égout.
Et pour cela, il est utile d’exécuter
une fondation en béton de 15 centi
mètres d'épaisseur. Ce système n’est
pas onéreux, employé par la ville de
Paris, il lui revient à 1 fr. 39 par
mètre carré. Nous ajouterons que,
non-seulement la propreté, mais aussi
la douceur de roulement sur nos voies
y gagneraient.
Voilà succinctement énuméré, le
problème de l’assainissement. Nous
ne croyons pas qu’il soit indispensa
ble, pour le résoudre, d’opérer de
grandes dépenses qui grèveraient
notre budget, en même temps qu’elles
engageraient l’avenir. Nous léguons
déjà pas mal de dettes à nos enfants
ou à nos neveux quand ils viennent
au. monde, ils pourraient se fâcher et
ne plus vouloir payer.
Assainissons toujours, sous toutes
formes, au fur et à mesure de nos
moyens. Progressivement, nous com
pléterons notre réseau d’égouts et
opérerons les expropriations d’immeu
bles nécessitées pour l’élargissement
de nos rues, autre besogne de salu
brité.
Mais, de grâce, gardons-nous des
emballements dangereux et des exa
gérations qui nous feraient croire que
nous sommes plus morts que vifs, et
qui pourraient porter préjudice à
notre trafic maritime.
Alf. HENRI.
LES BOURSIERS DE L’ÉTAT
A propos de cette question débour
sés dans les écoles de l’Etat, le Matin
publie une information intéressante
et dont il serait utile d’avoir la con
firmation officielle.
D’après notre confrère, les mesures
prises par le ministre de la guerre à
l’égard des jeunes gens qui n’ont pas
fait leurs études dans les établisse
ments d’enseignement de l’Etat ne
sont pas spéciales à ce ministère.
En effet, il a été décidé, en conseil
des ministres, qu’il serait fait, pour
toutes les écoles de l’Etat, une stricte
application de cette pratique.
il n’y a pas de raison, évidemment,
pour que la République refuse ses
laveurs aux seuls élèves des congréga
nistes qui se destinent à la carrière
militaire.
Les bons pères ne préparent pas
seulement des candidats pour l’Ecole
polytechnique et pour l’Ecole de Saint-
Gyr ; il y a longtemps qu’ils s’effor
cent d'envahir aussi l’Ecole normale,
dans le but de mettre indirectement
la main sur l’enseignement de l’Etat.
Et quand on pense que les finances de
la République ont payé les frais de
l’éducation de quelques anciens nor
maliens qui, durant ces dernières
années, ont collaboré à l’œuvre de
haine et de division dont nous souf
frons encore, il faut avouer que les
républicains ont poussé la candeur
jusqu’aux dernières limites.
La décision prise par ls ministre de
la guerre de ne point accorder de
bourses pour les écoles de Saint-Cyr
et Polytechnique aux candidats sor
tant des établissements d’enseigne
ment congréganiste, fait pousser les
hauts cris, non seulement aux cléri
caux, qui se sentent atteints dans
leurs œuvres vives, mais aux libéraux,
amis de l’apaisement, qui reprochent
au général André d’être un sectaire et
de se livrer à une véritable proscrip
tion.
Comme si la bourse était un droit !
L’apaisement! Mais non. Nous
sommes en plein combat, et les me
sures proposées — non encore votées
— contre les congrégations et contre
leur enseignement le prouvent bien.
Le général André a trouvé un moyen
d’appliquer partiellement la règle qui
sera, espérons-le, appliquée prochai
nement à tous les candidats : il a bien
fait.
Ce qu’on lui reproche, au fond,
c’est sa loyauté. Car il n’avait point
de motifs à donner : libre de disposer
des bourses comme il l’entendait, il
pouvait les attribuer ou les refuser à
sa guise, sans dire pourquoi, et per
sonne n’aurait pu se plaindre. Il a
préféré avertir lq g jeu nes gens et leurs
familles, leur faWPIavoir que, doré
navant, quand les parents, fonction
naires de la République ou autres, au
ront l’intention de solliciter une
faveur du gouvernement de la Répu
blique, ils devront éviter de com
mencer par faire opposition à l’ensei
gnement républicain.
Sûrement, il vaudrait mieux que la
mesure fut générale et ne s’appliquât
pas seulement aux boursiers ; c’est
pour cela que nous avons réclamé soit
le rétablissement du certificat uni
versitaire, soit le vote de l’article 7.
Aucune de ces dispositions n’ayant
encore abouti, le ministre de la
guerre a eu à se demander s’il devait
favoriser l’entrée dans les écoles mili
taires et ensuite dans l’armée, d’offi
ciers sortis des écoles des jésuites.
Aucun républicain, aucun de ceux
qui pensent que l’armée a été suffi
samment cléricalisée, ne s’étonnera
de la réponse du général André.
S. L.
La Démocratisation de l’Armée
Il faut bien se résoudre à le recon
naître, et la constatation sera pénible
aux fidèles de la réaction sous toutes
ses formes : l'armée se démocratise.
Elle était, depuis si longtemps, in
féodée à une certaine caste qu’elle
était devenue comme l’enceinte sacrée
où se réfugient tous les regrets du
Passé, toutes les espérances de le voir
renaître. Aristocratie qui s’éteint,
bourgeoisie qui s’enfle, sacristie qui
intrigue en bénissant, tout cet amal
game, disparate de couleurs, différent
d’origine, mais formé par le même
désir de domination, s’était installé
au régiment où le sabre reste le sym
bole de toute justice, de toute vérité.
Notre armée était nominalement
l’armée d’une démocratie, elle n’était
pas une armée démocratique.
Car il ne faut pas se payer de mots.
Ce sont bien les humbles, les prolé
taires, qui forment les recrues du régi
ment. Mais ce n’est pas leur présence
à la caserne, qui donne son véritable
esprit à l’armée, ne vous y trompez
pas. Ce sont les cadres. Tels sont les
officiers, telle est l’armée, dans son
âme et sa destinée.
C’est une grosse erreur de préten
dre que tous les soldats portent dans
leur sac le bâton de maréchal. A l’état
d’exception, soit, on peut s’élever à
tous les gradres ; mais quand on y
arrive, talent mis à part, ily a long
temps qu’on a perdu le sentiment dé
mocratique.
En réalité, tout le monde le sait,
le corps des officiers est élevé dans de
certains établissements et ils sortent
d’une certaine classe. Ces établisse
ments sont généralement congréga
nistes ; et cette classe est l’aristocra
tie ou, pis encore, la bourgeoisie qui
en singe les défauts, sans avoir le
reste de ses qualités.
Le cerveau de l’armée était — je
n’ose pas encore dire est — antirépu
blicain.
Rappelez-vous tout ce que nous a
dévoilé l’affaire Dreyfus sur l’état-
major, son esprit, ses tendances, ses
procédés. Ce grand procès nous a
éclairé sur l’étendue du mal, qui
minait sourdement la défense natio
nale, et ce n’est pas son plus mince
avantage. A lui, nous devons les quel
ques réformes de ces jours derniers,
qui font espérer mieux pour plus
tard.
J'ai été au régiment comme officier.
Je puis ajouter que, pour quelques
jours, je m’y plaisais et que je.n’ai
eu qu’à me louer des rapports avec
mes collègues.
t Mais j’y ai fait l’observation facile
que le même grade ne donnait pas la
même influence. La fortune, le nom
paraissaient surtout déterminer celle-
ci.
Il y a des officiers destinés, par
état et non par talent, aux grades
élevés. Tout le monde le sait.
Il y en a qui sont nés, et d’autres
qui ne le sont pas.
Il y en a aussi beaucoup qui n'é
tant pas nés, adoptent les manières
et le ton de ceux qui sont nés et
deviennent encore plus nés que ceux
qui le sont. Ce sont les pires.
La fraternité du régiment est un
mythe, de l’officier au soldat. Elle
est encore un mythe entre les officiers.
Ils vivent côte à côte, ils ne se fon
dent pas.
1 Cette fraternité, en temps de paix,
est nulle. Elle ne saurait se dévelop
per que dans l’état de guerre, où le
péril commun fait serrer les rangs,
où la peau de l’officier ne vaut pas
plus que celle du soldat.
Nous souhaitons une condition so
ciale où Farmée soit réduite au rôle
de simple police. Utopie généreuse !
On en a dit autant de bien d’autres
choses qui se sont réalisés de suite.
Nous savons que, longtemps encore,
des hommes devront se préparer pour
les égorgements probables, plus rares
cependant qu’autrefois. Nous ne pou
vons avoir de haine pour les citoyens
qui assument la charge de*cette fonc
tion cruelle quand il restent citoyens,
et qu’ils sont des soldats pour la dé
fense du droit, et non des prétoriens
pour les conquêtes de la force.
C’est pourquoi nous applaudissons
à toutes les mesures qui rapprochent
véritablement Farmée de la nation.
Le général de Galliffet avait tenté,
en chassant l’alcool de la caserne, de
soustraire le soldat au démon de
l’ivresse, qui a présidé à tant de ba
tailles.
Le général André, après avoir brisé
une des forteresses du cléricalisme
militaire qu’était devenue Saint-Cyr,
vient de décider que les officiers pour
raient épouser une femme sans dot.
Ce sont là des réformes excellentes
qui nous en promettent d’autres.
Malheureusement, ce que fait un
ministre de la guerre, bien des chefs
de corps tentent de le défaire.
On nous cite tel ou tel colonel qui
ne craint pas d’inviter ses officiers à
imiter son exemple, en préférant les
institutions congréganistes aux Lycées
de l’Etat.
La vague cléricale, qui avait envahi
notre armée, atteint encore aux som
mets ; mais derrière elle, espérons-le,
la montée se fait du peuple, du vrai,
de celui qui travaille, qui souffre!,,
qui paye.
Quand celui-là sera officier, comme
il est soldat, il y aura moins de chair
à canon et un peu plus de justice sur
le sol de France.
D r Paul BOYER.
Du Réveil des Côtes-du-Nord.
Ajoutons à ce judicieux article la
satisfaction que nous avons ressentie
de la décision du ministre de la
Guerre, le général André, concer
nant les tableaux d’avancement. Do
rénavant l’attribution des grades dans-
Farmée échappera aux jésuitières.
C’est là œuvre républicaine.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
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Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr. |
Départements ............ ... » 4 fr.
' 1 ' • ■ • -j.’-U ; 1
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15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15 !
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’LwPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY |
S ■ * j
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
1 Réclames 50 » - m-A
i
On traite à forfait
J « I - O rr' : ; f i : f l - ; ?'• > ».!"••• • • * ;, r • ' . i i ■
Puisque cette question est toujours
d’actualité, nos lecteurs nous sauront
gré d’insister.
Tout d’abord, nous regretterons
volontiers les exagérations alarmistes
d'un quotidien de la localité qui, pour
les besoins de sa cause, donne une
importance considérable à la décision
du ministre de la guerre d’ajourner
d’une année la convocation des terri
toriaux.
Il est mauvais d’effrayer la popu
lation plus que ne la comporte la si
tuation. Il est dangereux de donner
à la ville du Havre, surtout à son
port, une réputation d’insalubrité
devant l’extérieur, réputation qu’elle
ne mérite guère plus que certaines
autres cités.
Les préoccupations électorales ca
chées sous la question d,''assainisse-;
ment, doivent être rappelées à une
plus juste appréciation des choses
d’autant que le mal dont on se plaint
n’est pas nouveau.
Si l’on veut dire la vérité, il faut
aller jusqu’au bout. La véritable
cause de la forte mortalité au Havre
tient à l’alcoolisme, à tous les degrés
de l’échelle sociale ; à ces habitudes
d’intempérance indiscrètes chez l’ou
vrier, mais également pratiquées dans
les rangs plus élevés où elles sont
moins divulguées.
La consommation annuelle d’alcool
pur par tête est de 16 litres 1/2 au
Havre, elle n’est concurrencée que
par Rouen qui en absorbe la même
proportion. C’est de là que provient
cette similitude dans la moyenne de la
mortalité totale qui est de 29,6 à
Rouen et de 27,7 au Havre par 1000
habitants, chaque année, et qui fait
en la circonstance les deux grandes
agglomérations de la Seine-Inférieure,
sœurs jumelles, quelque chosecomm}
les Rosa-Josepha de la mort.
Alors qu’à Paris, où la densité de
la population est intense, mais où
l’on ne boit pas plus de 2 litres 1/2
d’alcool par individu, le chiffre nécro
logique ne dépasse pas 20,95.
L’alcoolisme, voilà l’ennemi, c’est
le cri de guerre qu’auraient dû en
tonner MM. Siegfried et Pénoux. Que
ne Font-ils fait entendre? J’aime
mieux croire que ce soit par oubli
plutôt que pour ménager la clientèle
électorale des mas-troquets, et qu’ils
reconnaîtront la justesse de notre
propos.
Notez que si les décès dûs à la
fièvre typhoïde, sont de 7,85 à Rouen
et de 14,85 au Havre par 10,000 ha
bitants et par an, pour la période des
dix dernières années, le même écart
ne subsiste pas dans la mortalité gé
nérale, puisque la moyenne totale est
à très peu de chose près la même.
Donc, si, au Havre, la fièvre typhoïde
tue davantage ; l’entérite, les affec
tions de l’estomac, du foie ou toute
autre maladie comblent la différence.
Je ne viens pas dire que tous les
typhoïdes soient alcooliques, mais je
puis soutenir que l’affaiblissement des
organes vitaux de l’homme et parti
culièrement ceux de la digestion par
l’absorption d’un nombre immodéré
de petits verres, offre un merveilleux
terrain de culture pour toutes les co
lonies de microbes. Reportez-vous à
l’épidémie de choléra en 1892 : nos
alcooliques notoires étaient surtout
atteints et le plus souvent passaient
de vie à trépas.
Non-seulement l’alcoolique s’ex
pose, mais il expose encore sa famille
et son entourage; ses enfants sont fré
quemment des dégénérés ou des ra
chitiques sur lesquels l’entérite exerce
des ravages considérables dans les
premières années de l’existence.
La question de l’assainissement est
fort complexe. Elle comporte des so
lutions multiples ; en ce sens, elle
est d’ordre social. Elle comprend
aussi bien le surmenage dans les ate
liers que l’hygiène dans les établisse
ments industriels, Le corps humain,
privé d’air et de soleil, débilité par
les pratiques urbaines, reste plus ac
cessible à la maladie et se défend
moins contre ses conséquences.
Vraiment ! j’ai été fort étonné de
rencontrer parmi les noms des mem
bres du comité de propagande, celui
de M. Richer, président du syndicat
des propriétaires. Ce syndicat se se
rait-il rangé à un meilleur avis. On
se souvient qu’il s'était: formé pour
résister aux mesures de prévoyance
sanitaire réclamées par les pouvoirs
publics. Les logements insalubres, à
eux seuls, fournissent un contingent
appréciable à la dépopulation. Si
MM. les propriétaires voulaient com
mencer à assainir les habitations
qu’ils louent un prix immodéré, le
mal serait certainement moins grand.
Quant aux mesures qui s’imposent
à la municipalité, l’une des premières
est d’exiger des propriétaires que les
gargouilles des maisons aillent direc
tement rejoindre les égouts dans toutes
les rues où ils sont établis, sans passer
par le ruisseau, afin que les eaux mé
nagères ne puissent souiller notre sol,
empuantir l’air de leurs miasmes mal
sains. L’on ne doit pas se borner à
appliquer cette prescription aux
constructions neuves, mais encore à
tous les immeubles anciens placés
dans le voisinage des canalisations
souterraines.
C’est dans le sous-sol que nous
accumulons les micro - organismes
par l’infiltration et par l’épandage
des déjections de toutes sortes, a dit
justement le docteur Frottier dans sa
conférence. On sait que le Havre,
bâti sur un terrain d’alluvions, est
propice à la culture microbienne. Que
Fon se rappelle la fièvre paludéenne
sévissant autrefois dans les marais du
quartier de l’Eure d’où elle n’a pas
complètement disparu.
Il faut donc assécher le plus possi
ble le sol. À cet effet, une autre
préoccupation s'impose à la munici
palité, elle consiste à asphalter nos
voies, partout où ce sera possible,
financièrement parlant. En tous cas,
il est nécessaire d’employer l’asphal
tage des ruisseaux, sur une certaine
largeur, dans les rues où les eaux mé
nagères ne pourraient joindre l’égout.
Et pour cela, il est utile d’exécuter
une fondation en béton de 15 centi
mètres d'épaisseur. Ce système n’est
pas onéreux, employé par la ville de
Paris, il lui revient à 1 fr. 39 par
mètre carré. Nous ajouterons que,
non-seulement la propreté, mais aussi
la douceur de roulement sur nos voies
y gagneraient.
Voilà succinctement énuméré, le
problème de l’assainissement. Nous
ne croyons pas qu’il soit indispensa
ble, pour le résoudre, d’opérer de
grandes dépenses qui grèveraient
notre budget, en même temps qu’elles
engageraient l’avenir. Nous léguons
déjà pas mal de dettes à nos enfants
ou à nos neveux quand ils viennent
au. monde, ils pourraient se fâcher et
ne plus vouloir payer.
Assainissons toujours, sous toutes
formes, au fur et à mesure de nos
moyens. Progressivement, nous com
pléterons notre réseau d’égouts et
opérerons les expropriations d’immeu
bles nécessitées pour l’élargissement
de nos rues, autre besogne de salu
brité.
Mais, de grâce, gardons-nous des
emballements dangereux et des exa
gérations qui nous feraient croire que
nous sommes plus morts que vifs, et
qui pourraient porter préjudice à
notre trafic maritime.
Alf. HENRI.
LES BOURSIERS DE L’ÉTAT
A propos de cette question débour
sés dans les écoles de l’Etat, le Matin
publie une information intéressante
et dont il serait utile d’avoir la con
firmation officielle.
D’après notre confrère, les mesures
prises par le ministre de la guerre à
l’égard des jeunes gens qui n’ont pas
fait leurs études dans les établisse
ments d’enseignement de l’Etat ne
sont pas spéciales à ce ministère.
En effet, il a été décidé, en conseil
des ministres, qu’il serait fait, pour
toutes les écoles de l’Etat, une stricte
application de cette pratique.
il n’y a pas de raison, évidemment,
pour que la République refuse ses
laveurs aux seuls élèves des congréga
nistes qui se destinent à la carrière
militaire.
Les bons pères ne préparent pas
seulement des candidats pour l’Ecole
polytechnique et pour l’Ecole de Saint-
Gyr ; il y a longtemps qu’ils s’effor
cent d'envahir aussi l’Ecole normale,
dans le but de mettre indirectement
la main sur l’enseignement de l’Etat.
Et quand on pense que les finances de
la République ont payé les frais de
l’éducation de quelques anciens nor
maliens qui, durant ces dernières
années, ont collaboré à l’œuvre de
haine et de division dont nous souf
frons encore, il faut avouer que les
républicains ont poussé la candeur
jusqu’aux dernières limites.
La décision prise par ls ministre de
la guerre de ne point accorder de
bourses pour les écoles de Saint-Cyr
et Polytechnique aux candidats sor
tant des établissements d’enseigne
ment congréganiste, fait pousser les
hauts cris, non seulement aux cléri
caux, qui se sentent atteints dans
leurs œuvres vives, mais aux libéraux,
amis de l’apaisement, qui reprochent
au général André d’être un sectaire et
de se livrer à une véritable proscrip
tion.
Comme si la bourse était un droit !
L’apaisement! Mais non. Nous
sommes en plein combat, et les me
sures proposées — non encore votées
— contre les congrégations et contre
leur enseignement le prouvent bien.
Le général André a trouvé un moyen
d’appliquer partiellement la règle qui
sera, espérons-le, appliquée prochai
nement à tous les candidats : il a bien
fait.
Ce qu’on lui reproche, au fond,
c’est sa loyauté. Car il n’avait point
de motifs à donner : libre de disposer
des bourses comme il l’entendait, il
pouvait les attribuer ou les refuser à
sa guise, sans dire pourquoi, et per
sonne n’aurait pu se plaindre. Il a
préféré avertir lq g jeu nes gens et leurs
familles, leur faWPIavoir que, doré
navant, quand les parents, fonction
naires de la République ou autres, au
ront l’intention de solliciter une
faveur du gouvernement de la Répu
blique, ils devront éviter de com
mencer par faire opposition à l’ensei
gnement républicain.
Sûrement, il vaudrait mieux que la
mesure fut générale et ne s’appliquât
pas seulement aux boursiers ; c’est
pour cela que nous avons réclamé soit
le rétablissement du certificat uni
versitaire, soit le vote de l’article 7.
Aucune de ces dispositions n’ayant
encore abouti, le ministre de la
guerre a eu à se demander s’il devait
favoriser l’entrée dans les écoles mili
taires et ensuite dans l’armée, d’offi
ciers sortis des écoles des jésuites.
Aucun républicain, aucun de ceux
qui pensent que l’armée a été suffi
samment cléricalisée, ne s’étonnera
de la réponse du général André.
S. L.
La Démocratisation de l’Armée
Il faut bien se résoudre à le recon
naître, et la constatation sera pénible
aux fidèles de la réaction sous toutes
ses formes : l'armée se démocratise.
Elle était, depuis si longtemps, in
féodée à une certaine caste qu’elle
était devenue comme l’enceinte sacrée
où se réfugient tous les regrets du
Passé, toutes les espérances de le voir
renaître. Aristocratie qui s’éteint,
bourgeoisie qui s’enfle, sacristie qui
intrigue en bénissant, tout cet amal
game, disparate de couleurs, différent
d’origine, mais formé par le même
désir de domination, s’était installé
au régiment où le sabre reste le sym
bole de toute justice, de toute vérité.
Notre armée était nominalement
l’armée d’une démocratie, elle n’était
pas une armée démocratique.
Car il ne faut pas se payer de mots.
Ce sont bien les humbles, les prolé
taires, qui forment les recrues du régi
ment. Mais ce n’est pas leur présence
à la caserne, qui donne son véritable
esprit à l’armée, ne vous y trompez
pas. Ce sont les cadres. Tels sont les
officiers, telle est l’armée, dans son
âme et sa destinée.
C’est une grosse erreur de préten
dre que tous les soldats portent dans
leur sac le bâton de maréchal. A l’état
d’exception, soit, on peut s’élever à
tous les gradres ; mais quand on y
arrive, talent mis à part, ily a long
temps qu’on a perdu le sentiment dé
mocratique.
En réalité, tout le monde le sait,
le corps des officiers est élevé dans de
certains établissements et ils sortent
d’une certaine classe. Ces établisse
ments sont généralement congréga
nistes ; et cette classe est l’aristocra
tie ou, pis encore, la bourgeoisie qui
en singe les défauts, sans avoir le
reste de ses qualités.
Le cerveau de l’armée était — je
n’ose pas encore dire est — antirépu
blicain.
Rappelez-vous tout ce que nous a
dévoilé l’affaire Dreyfus sur l’état-
major, son esprit, ses tendances, ses
procédés. Ce grand procès nous a
éclairé sur l’étendue du mal, qui
minait sourdement la défense natio
nale, et ce n’est pas son plus mince
avantage. A lui, nous devons les quel
ques réformes de ces jours derniers,
qui font espérer mieux pour plus
tard.
J'ai été au régiment comme officier.
Je puis ajouter que, pour quelques
jours, je m’y plaisais et que je.n’ai
eu qu’à me louer des rapports avec
mes collègues.
t Mais j’y ai fait l’observation facile
que le même grade ne donnait pas la
même influence. La fortune, le nom
paraissaient surtout déterminer celle-
ci.
Il y a des officiers destinés, par
état et non par talent, aux grades
élevés. Tout le monde le sait.
Il y en a qui sont nés, et d’autres
qui ne le sont pas.
Il y en a aussi beaucoup qui n'é
tant pas nés, adoptent les manières
et le ton de ceux qui sont nés et
deviennent encore plus nés que ceux
qui le sont. Ce sont les pires.
La fraternité du régiment est un
mythe, de l’officier au soldat. Elle
est encore un mythe entre les officiers.
Ils vivent côte à côte, ils ne se fon
dent pas.
1 Cette fraternité, en temps de paix,
est nulle. Elle ne saurait se dévelop
per que dans l’état de guerre, où le
péril commun fait serrer les rangs,
où la peau de l’officier ne vaut pas
plus que celle du soldat.
Nous souhaitons une condition so
ciale où Farmée soit réduite au rôle
de simple police. Utopie généreuse !
On en a dit autant de bien d’autres
choses qui se sont réalisés de suite.
Nous savons que, longtemps encore,
des hommes devront se préparer pour
les égorgements probables, plus rares
cependant qu’autrefois. Nous ne pou
vons avoir de haine pour les citoyens
qui assument la charge de*cette fonc
tion cruelle quand il restent citoyens,
et qu’ils sont des soldats pour la dé
fense du droit, et non des prétoriens
pour les conquêtes de la force.
C’est pourquoi nous applaudissons
à toutes les mesures qui rapprochent
véritablement Farmée de la nation.
Le général de Galliffet avait tenté,
en chassant l’alcool de la caserne, de
soustraire le soldat au démon de
l’ivresse, qui a présidé à tant de ba
tailles.
Le général André, après avoir brisé
une des forteresses du cléricalisme
militaire qu’était devenue Saint-Cyr,
vient de décider que les officiers pour
raient épouser une femme sans dot.
Ce sont là des réformes excellentes
qui nous en promettent d’autres.
Malheureusement, ce que fait un
ministre de la guerre, bien des chefs
de corps tentent de le défaire.
On nous cite tel ou tel colonel qui
ne craint pas d’inviter ses officiers à
imiter son exemple, en préférant les
institutions congréganistes aux Lycées
de l’Etat.
La vague cléricale, qui avait envahi
notre armée, atteint encore aux som
mets ; mais derrière elle, espérons-le,
la montée se fait du peuple, du vrai,
de celui qui travaille, qui souffre!,,
qui paye.
Quand celui-là sera officier, comme
il est soldat, il y aura moins de chair
à canon et un peu plus de justice sur
le sol de France.
D r Paul BOYER.
Du Réveil des Côtes-du-Nord.
Ajoutons à ce judicieux article la
satisfaction que nous avons ressentie
de la décision du ministre de la
Guerre, le général André, concer
nant les tableaux d’avancement. Do
rénavant l’attribution des grades dans-
Farmée échappera aux jésuitières.
C’est là œuvre républicaine.
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