Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-03-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 mars 1900 24 mars 1900
Description : 1900/03/24 (N204). 1900/03/24 (N204).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634038
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
CINQ CENTIMES LE NUMERO
5 e Année — N° 201
Samedi l\ Mars 1000.
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
1
1 , î
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
1
]
1
15, RUE CASIMIR
-PÉRIER,
1 5
EE
1
Secrétaire de la Rédaction....
Fé THOIHIUERET
1
1
L’Imprimeur-Gérant
F. EE ROY
1
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
A l’approche des élections muni
cipales, on se préoccupe assez vive
ment dans les groupes électoraux de
notre ville des combinaisons aux
quelles peut donner lieu l’élabora
tion des listes. Divers bruits ont
circulé, relativement à une entente
possible entre les divers groupes ré
publicains. En effet, nous savons
que, depuis plusieurs semaines, des
pourparlers ont été engagés en vue
de la constitution d’une liste de dé
fense républicaine.
On sait quelles sont les idées de
ce journal. Le Réveil s’est toujours
efforcé de mettre les principes au
dessus des hommes, et de se soucier
avant tout de défendre la République,
parfois sérieusement menacée et
toujours attaquée. Nous n’avons
jamais dissimulé notre aversion con
tre la politique d’abdication et de
réaction dont la Préfecture, trop
longtemps dirigée par M. Hendle, a
été le centre dans notre départe
ment. On a vu les résultats de cette
détestable politique. L’élection de
M. de Montfort a consacré de façon
définitive l’impuissance des modérés
à défendre la démocratie.
Cette défaite, venue après tant de
capitulations, a dessillé les yeux de
certains républicains se vantant d’ap-
paitmir au parti dit progressiste,
et qui ont été forcés de reconnaître
enfin l’insuffisance et parfois aussi
la duplicité de leurs chefs. Ils ont
trouvé leur chemin de Damas, ce
dont nous devons nous réjouir, et
tels d’entre eux qui ont naguère
soutenu de leur patronage et de
leurs votes, les Rispal et les Brin-
deau, n’hésitent plus à classer ces
députés dans le clan réactionnaire.
Une telle attitude, si elle est
sincère, — et nous refusons, malgré
de tristes précédents, à douter de la
sincérité de la plupart des progres
sistes, — peut modifier la tactique
du parti démocratique. Mais nous
tenons à bien le préciser, ce chan
gement de tactique ne doit avoir
lieu qu’à une condition. Il faut que
les républicains du Ha v re s’inspirent
dans la circonstance présente des
idées qui ont présidé à la constitution
du ministère actuel.
A ce point de vue, nous avons été
fort surpris d’un article paru dans
le Petit Havre, organe ordinaire du
parti dit progressiste.^ 11 est telle
ment contraire aux théories soute
nues dans les comités par certains
administrateurs de ce journal qui
ont la haute main sur la politique
qu’on y défend, que plusieurs de nos
amis se sont demandé si l’on n’allait
pas, dans le camp opportuniste, re
commencer à jouer double jeu, en
avouant un but et en en poursuivant
autre.
Il paraît en effet évident que, si
l’on parle de concentration répu
blicaine, il s’agit de faire en petit
ce qu’a fait en grand M. Waldeck-
Rousseau pour la constitution de son
ministère.
Il faut faire appel à tous les con
cours républicains, sans excepter
personne. Il s’ensuit, que les excom
munications contre telle ou telle
fraction du parti républicain, no
tamment contre le groupe socialiste
ont quelque ichose de démodé et de
puéril. Mettre hors du parti républi
cain tout ou partie des groupes so
cialistes, sous prétexte qu’ils n’ont
pas sur les formes essentiellement
transitoires de la propriété les me
mes notions que M. Fénoux, lequel
doit être le premier à maudire la
sujétion de la presse aux sociétés
financières, c’est fatalement encou
rir le ridicule. Nous sommes donc
surpris que, dans un certain parti
qui se pique d’habileté, on ait commis
cette maladresse.
Il y a là une faute à réparer, et
nous sommes persuadés que les pro
gressistes n’y manqueront pas s’ils
ont, comme nous l’espérons, cons
cience de la situation. S’il est vrai
qu’ils soient dans de très mauvais
termes avec les nationalistes, nuance
Rispai-Brindeau-Montfort,(ajoutons-
y pour être complet, les ambitieux
ou agités du groupe Acher-Brenac,,
avec quels contingents entendent-ils
défendre la République ?
Nous espérons que M. Génestal
fera agréer par M. Fénoux ce rai
sonnement peu subtil.
VERUS
LA CONCENTRATION
LA SÉANCE DE DEMAIN
Malgré les pronostics intéressés des
organes de l’opposition ministérielle,
il est certain que les interpellations
qui seront discutées demain à la
Chambre n'auront pas le résultat
qu’en espèrentles aspirants ministres,
furieux de voir le ministère actuel
présider aux fêtes de l’Exposiiion uni
verselle.
D’ores et déjà, une crise paraît
tout à fait impossible, et, dans les
milieux politiques, on cherche à assu
rer à l’Exposition une tranquillité
complète.
On ne veut pas qu’elle puisse être
troublée par des incidents de poli
tique intérieure, et je crois que le
meilleur moyen qui sera employé sera
l’ajournement des Chambres, qui pro
voquera une trêve salutaire entre les
divers partis politiques.
Il est donc probable qu’aussitôt
après le vote définitif du budget, le
Parlement s’ajournera au 21 mai, à
cette date, les chambres siégeiont
quelques’ jours — une quinzaine —
afin de permettre au Gouvernement
le dépôt du budget de 1901, la nomi
nation de la Commission du budget
et le vote des quatre contributions.
Vers le 10 ouïe 15 juin, les cinq
mois de session exigés par la Consti
tution étant accomplis, le ministère
lirait le décret de clôture et la poli
tique dormirait jusqu’aux premiers
jours de novembre.
M. Fénoux donne de la voix. A
ses électeurs étonnés, il fournit
l’illusion du mort qui jparle. Il s’oc
cupe de la concentration en vue des
élections municipales. Mais il a sa
concentration à lui, sur des données
toutes spéciales, qu’il m’exprime pas
ouvertement, cependant qu’elles sont
faciles à entrevoir.
Qui le disait nationaliste? Il ne 1 est
pas, même il le dénonce maintenant
comme un danger. Qui l’eût cru il y
a quelques mois à peine en lisant
l’organe de la rue Fontehelle. Autres
temps, autres mœurs, les événements
ont marché, il faut prendre le deui
des anciens artifices, si l’on n’a pas
renoncé aux anciennes espérances
M. Fénoux sait le faire avec désin
volture. Seulement, il laisse percei
peu adroitement son humeur natu
relle en partant en guerre résolue
contre le ministère Waldeck-Rous-
seau, auquel il semble ne pas par
donner d’avoir sauve la République.
11 prend pour motif la célébration
de la Commune. Il s’inquiète...,
il s’indigne et voit rouge. Il fré
mit au pillage monstrueux de la
Banque de France, avec la com
plicité du gouvernement. Un cabinet
ne peut subsister, s’écrie-t-il, qui
subit une telle tare ! De grâce, M.
Fénoux, un peu de calme et de sang-
froid. Laissez donc de côté ces épou
vantails simplement utiles à effrayer
les serins et autres oiseaux, nulle
ment sujets à terroriser les républi-
i a"ns conscients.
Nous n’avons pas plus que vous le
goût du désordre, et l’apologie de la
Commune, que personne ne songe à
renouveler, ne saurait avoir d autre
caractère que celui d’une étude his
torique.
Mais il y a un autre danger, c est
celui de toujours piétiner sur place,
de promettre des réformes qu’on ne
tient jamais, d’abuser, en un mot,
la crédulité électorale. S’arrêter, en
politique, c’est rétrogader.
L’autre jour, vous disiez : « Ni
réaction, ni révolution », cette for
mule nous plaît, nous 1 avons ensei
gnée plus d’une fois, quoique nous ne
l’entendions pas, vous et moi, de la
même façon.
Le meilleur moyen d’eçarter les
révolutions, c’est, pour les pouvoirs
publics, d’accorder au peuplé tout
ce qui est possible et compatible avec
le progrès, l’ordre et la tranquillité
générale, sans se payer de mots ou
s’effrayer de spectres chimériques.
Telle n’est pas votre ligne de con
duite ; vous ajournez invariablement
toutes les questions sous un vain
prétexte d’opportunisme, quand l’op-
poriunisme, au contraire, comman
derait d’agir. Votre but unique est
de vous cantonner dans une tour
fermée, derrière une triple muraille
de Chine, d’oü vous n’entendez nul
bruit de l’extérieur, nul appel à la
vie et à l’émancipation. Votre doc
trine est celle des majorités aveu
gles. N’oubliez point, pourtant, que
la minorité de la veille est la majo
rité du lendemain.
Vous vous en êtes pris à la Bourse
du Travail, et pourquoi ? Parce
qu’elle constitue une organisation
économique nécessaire, rendant les
questions ouvrières plus faciles à
comprendre, les différends de sa
laires plus solubles, parce qu’elle est^
un instrument de conciliation et
d’affranchissement des plus utiles,
en complétant l’œuvre des syndicats.
Or, vous l’avez attaquée par le
petit côté, en ce qu’une éducation
insuffisante n’a, peut-être, pas per
mis d’écarter toujours complètement
le point de vue politique, bien que ses
efforts y aient tendu et, finalement,
réussiront.
Quand on veut faire de véritable
concentration, on l’établit dans un
esprit large, quoique réfléchi. C’est
l’essence même du parti républicain
que de permettre l’accès du pouvoir
à toutes les classes de la société,
comme à favoriser l’éducation pra
tique et solide des nouvelles couches
sociales.
Croyez-vous donc que les utopies
soient moins dangereuses propagées
dans la foule comme un moyen de
salut? Croyez-vous que les lois po
litiques des régimes déchus ne doi
vent pas subir l’assaut des idées
nouvelles? Croyez-vous aussi que
l’époque de réorganisation appelée
à succéder à la période de destruc
tion, aux phases critiques, n’ait pas
besoin du plus considérable concours
des intelligences pour son vaste
labeur.
Dans les assemblées électives, les
idées se meuvent et sont plus utile
ment discutées, approfondies. Les
réalités imprègnent plus salutaire
ment les esprits que dans un article
étroit et conçu à la hâte dans un in
térêt quelconque, à la veille des as
sises électorales ou dans les réu
nions populaires.
Les problèmes se trouvent mieux
examinés sous toutes leurs faces,
sous tous leurs aspects ; les difficul
tés d’application qu’ils présentent,
parfois, au contact des affaires,
éclairent sur les vices ou les qualités
des systèmes.
Les minorités ont donc droit à
l’existence, et reprenant le mot de
Voltaire, je dirai que si elles n’exis-,
taientpas, il faudrait les créer. C’est
par elles, que perce souvent la voix
de la sagesse et que se dressent de
salutaires méditations ou de bienfai
santes oppositions dans les circons
tances dangereuses. J’entends une
opposition raisonnée, non systéma
tique. Est-ce que toutes nos assem
blées municipales oti la minorité s’est
trouvée anéantie n’ont pas marqué
leur insignifiance? Le conseil munici
pal présidé, naguère, par M. Louis
Brindeau, et sur'lequel l’adminis
tration exerçait sa toute puissance,
faisant passer les propositions comme
les lettres à la poste, fût-il Tidéal?
Je préfère l’œuvre de la présente
session qui a donné dans un sens plus
libéral des gages à la population
havraise de son inaltérable dévoue
ment, dont elle saura bientôt se
souvenir.
A notre avis, c’est dans son creu
set et dans un but, de défense répu
blicaine que doit se préparer la for
mation du futur conseil.
On traite à forfait
triomphe monarchiste ; mais les amis
de l’ancien ministre de la guerre
ripostèrent que les 703 délégués sé
natoriaux auxquels leur grand homme
devait d’entrer au Sénat comme sé
nateur et non comme accusé, étaient
des républicains du meilleur teint.
Dimanche dernier, le même dépar
tement de la Loire-Inférieure a pro
cédé à une nouvelle élection sénato
riale, et les mêmes délégués ont pris
part au scrutin. Cette fois, le candidat
républicain a obtenu 292 suffrages, et
son heureux vainqueur, M. de Juigné,
a été élu par 657 voix.
Or, le nouvel élu, connu depuis
longtemps comme monarchiste, n’a
pas même pris la peine de mettre son
drapeau dans sa poche, et ses 657
électeurs ont voté pour lui en con
naissance de cause.
La conclusion s’impose et peut se
résumer en deux mots : les nationa
listes et les monarchistes se confon
dent dans la Loire-Inférieure, et ce
qui est vrai dans ce département l’est
dans les autres.
LE REFUS DU BUDGET
Alf. HENRI.
BLANC BONNET,
BONNET BLANC
Le 28 janvier dernier, le général
Mercier fut élu sénateur de la Loire-
Inférieure par 703 voix contre 247
données au candidat républicain.
Nous fîmes remarquer alors que
cette victoire du faussaire était un
Après une interminable discussion,
le budget de l’année courante a été
enfin votée dans son ensemble par
492 voix contre 34.
A quels sentiments ont donc bien
pu obéir les 34 députés qui ont accom
pli cet acte révolutionnaire entre tous
qu’on appelle le refus du budget.
L’un d’eux, M. Dejeante, a bien
voulu expliquer les motifs qui l’a
vaient déterminé ainsi que quelques-
uns de ses amis collectivistes :
Les soussignés considérant que le
budget de 1900, soumis à leur vote,
n’est que la consécration des iniquités
fiscales, ainsique de toutes les charges
imposées aux pauvres par la bour
geoisie capitaliste — les travailleurs
attendant toujours en vain les réfor
mes promises et jamais tenues ; que le
système des impôts grève toujours da
vantage le nécessaire des producteurs,
laissant les revenus, les plus-values,
en un mot tout le superflu des riches
presque indemne de ces charges, sans
pour cela que les bénéficiaires sachent
le moindre gré à ceux qui leur créent
ce superflu et qui supportent pour eux
toutes les charges budgétaires; que ce
budget contient toujours, en les ag
gravant, les mêmes charges militaires,
qui pèsent plus lourdement sur les
épaules des travailleurs que sur celles
des favorisés de la fortune ; que cette
énorme rançon de plus d’un milliard
que, sous prétexte de patriotisme, la
bourgeoisie gouvernante fait augmen
ter sans cesse —, sachant que c’est
toujours le peuple qui paie —, mè
nera ainsi bientôt la France à la ban
queroute...
De vifs applaudissements partis de
la droite ont accueilli cette déclara
tion, faite au nom des collectivistes
intransigeants, les mêmes qui ne par*
donnent pas à Millerand d’avoir fait
voter la loi de onze heures et amorcé
la réforme des Trois-Huit.
Il était naturel que la droite ap
plaudit à l’intransigeance collecti
viste, car M. de Baudry d’Asson,
celui qui, à chaque session, crie une
fois ou deux : Vive le Roy ! avait pris
lui-même la parole pour dire ce qui
suit :
Ma conscience et mon patriotisme
m’imposent, cette année plus que
jamais, une protestation contre l’en
semble du budget et une déclaration,
sur le vote que je vais émettre.
5 e Année — N° 201
Samedi l\ Mars 1000.
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
1
1 , î
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
1
]
1
15, RUE CASIMIR
-PÉRIER,
1 5
EE
1
Secrétaire de la Rédaction....
Fé THOIHIUERET
1
1
L’Imprimeur-Gérant
F. EE ROY
1
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
A l’approche des élections muni
cipales, on se préoccupe assez vive
ment dans les groupes électoraux de
notre ville des combinaisons aux
quelles peut donner lieu l’élabora
tion des listes. Divers bruits ont
circulé, relativement à une entente
possible entre les divers groupes ré
publicains. En effet, nous savons
que, depuis plusieurs semaines, des
pourparlers ont été engagés en vue
de la constitution d’une liste de dé
fense républicaine.
On sait quelles sont les idées de
ce journal. Le Réveil s’est toujours
efforcé de mettre les principes au
dessus des hommes, et de se soucier
avant tout de défendre la République,
parfois sérieusement menacée et
toujours attaquée. Nous n’avons
jamais dissimulé notre aversion con
tre la politique d’abdication et de
réaction dont la Préfecture, trop
longtemps dirigée par M. Hendle, a
été le centre dans notre départe
ment. On a vu les résultats de cette
détestable politique. L’élection de
M. de Montfort a consacré de façon
définitive l’impuissance des modérés
à défendre la démocratie.
Cette défaite, venue après tant de
capitulations, a dessillé les yeux de
certains républicains se vantant d’ap-
paitmir au parti dit progressiste,
et qui ont été forcés de reconnaître
enfin l’insuffisance et parfois aussi
la duplicité de leurs chefs. Ils ont
trouvé leur chemin de Damas, ce
dont nous devons nous réjouir, et
tels d’entre eux qui ont naguère
soutenu de leur patronage et de
leurs votes, les Rispal et les Brin-
deau, n’hésitent plus à classer ces
députés dans le clan réactionnaire.
Une telle attitude, si elle est
sincère, — et nous refusons, malgré
de tristes précédents, à douter de la
sincérité de la plupart des progres
sistes, — peut modifier la tactique
du parti démocratique. Mais nous
tenons à bien le préciser, ce chan
gement de tactique ne doit avoir
lieu qu’à une condition. Il faut que
les républicains du Ha v re s’inspirent
dans la circonstance présente des
idées qui ont présidé à la constitution
du ministère actuel.
A ce point de vue, nous avons été
fort surpris d’un article paru dans
le Petit Havre, organe ordinaire du
parti dit progressiste.^ 11 est telle
ment contraire aux théories soute
nues dans les comités par certains
administrateurs de ce journal qui
ont la haute main sur la politique
qu’on y défend, que plusieurs de nos
amis se sont demandé si l’on n’allait
pas, dans le camp opportuniste, re
commencer à jouer double jeu, en
avouant un but et en en poursuivant
autre.
Il paraît en effet évident que, si
l’on parle de concentration répu
blicaine, il s’agit de faire en petit
ce qu’a fait en grand M. Waldeck-
Rousseau pour la constitution de son
ministère.
Il faut faire appel à tous les con
cours républicains, sans excepter
personne. Il s’ensuit, que les excom
munications contre telle ou telle
fraction du parti républicain, no
tamment contre le groupe socialiste
ont quelque ichose de démodé et de
puéril. Mettre hors du parti républi
cain tout ou partie des groupes so
cialistes, sous prétexte qu’ils n’ont
pas sur les formes essentiellement
transitoires de la propriété les me
mes notions que M. Fénoux, lequel
doit être le premier à maudire la
sujétion de la presse aux sociétés
financières, c’est fatalement encou
rir le ridicule. Nous sommes donc
surpris que, dans un certain parti
qui se pique d’habileté, on ait commis
cette maladresse.
Il y a là une faute à réparer, et
nous sommes persuadés que les pro
gressistes n’y manqueront pas s’ils
ont, comme nous l’espérons, cons
cience de la situation. S’il est vrai
qu’ils soient dans de très mauvais
termes avec les nationalistes, nuance
Rispai-Brindeau-Montfort,(ajoutons-
y pour être complet, les ambitieux
ou agités du groupe Acher-Brenac,,
avec quels contingents entendent-ils
défendre la République ?
Nous espérons que M. Génestal
fera agréer par M. Fénoux ce rai
sonnement peu subtil.
VERUS
LA CONCENTRATION
LA SÉANCE DE DEMAIN
Malgré les pronostics intéressés des
organes de l’opposition ministérielle,
il est certain que les interpellations
qui seront discutées demain à la
Chambre n'auront pas le résultat
qu’en espèrentles aspirants ministres,
furieux de voir le ministère actuel
présider aux fêtes de l’Exposiiion uni
verselle.
D’ores et déjà, une crise paraît
tout à fait impossible, et, dans les
milieux politiques, on cherche à assu
rer à l’Exposition une tranquillité
complète.
On ne veut pas qu’elle puisse être
troublée par des incidents de poli
tique intérieure, et je crois que le
meilleur moyen qui sera employé sera
l’ajournement des Chambres, qui pro
voquera une trêve salutaire entre les
divers partis politiques.
Il est donc probable qu’aussitôt
après le vote définitif du budget, le
Parlement s’ajournera au 21 mai, à
cette date, les chambres siégeiont
quelques’ jours — une quinzaine —
afin de permettre au Gouvernement
le dépôt du budget de 1901, la nomi
nation de la Commission du budget
et le vote des quatre contributions.
Vers le 10 ouïe 15 juin, les cinq
mois de session exigés par la Consti
tution étant accomplis, le ministère
lirait le décret de clôture et la poli
tique dormirait jusqu’aux premiers
jours de novembre.
M. Fénoux donne de la voix. A
ses électeurs étonnés, il fournit
l’illusion du mort qui jparle. Il s’oc
cupe de la concentration en vue des
élections municipales. Mais il a sa
concentration à lui, sur des données
toutes spéciales, qu’il m’exprime pas
ouvertement, cependant qu’elles sont
faciles à entrevoir.
Qui le disait nationaliste? Il ne 1 est
pas, même il le dénonce maintenant
comme un danger. Qui l’eût cru il y
a quelques mois à peine en lisant
l’organe de la rue Fontehelle. Autres
temps, autres mœurs, les événements
ont marché, il faut prendre le deui
des anciens artifices, si l’on n’a pas
renoncé aux anciennes espérances
M. Fénoux sait le faire avec désin
volture. Seulement, il laisse percei
peu adroitement son humeur natu
relle en partant en guerre résolue
contre le ministère Waldeck-Rous-
seau, auquel il semble ne pas par
donner d’avoir sauve la République.
11 prend pour motif la célébration
de la Commune. Il s’inquiète...,
il s’indigne et voit rouge. Il fré
mit au pillage monstrueux de la
Banque de France, avec la com
plicité du gouvernement. Un cabinet
ne peut subsister, s’écrie-t-il, qui
subit une telle tare ! De grâce, M.
Fénoux, un peu de calme et de sang-
froid. Laissez donc de côté ces épou
vantails simplement utiles à effrayer
les serins et autres oiseaux, nulle
ment sujets à terroriser les républi-
i a"ns conscients.
Nous n’avons pas plus que vous le
goût du désordre, et l’apologie de la
Commune, que personne ne songe à
renouveler, ne saurait avoir d autre
caractère que celui d’une étude his
torique.
Mais il y a un autre danger, c est
celui de toujours piétiner sur place,
de promettre des réformes qu’on ne
tient jamais, d’abuser, en un mot,
la crédulité électorale. S’arrêter, en
politique, c’est rétrogader.
L’autre jour, vous disiez : « Ni
réaction, ni révolution », cette for
mule nous plaît, nous 1 avons ensei
gnée plus d’une fois, quoique nous ne
l’entendions pas, vous et moi, de la
même façon.
Le meilleur moyen d’eçarter les
révolutions, c’est, pour les pouvoirs
publics, d’accorder au peuplé tout
ce qui est possible et compatible avec
le progrès, l’ordre et la tranquillité
générale, sans se payer de mots ou
s’effrayer de spectres chimériques.
Telle n’est pas votre ligne de con
duite ; vous ajournez invariablement
toutes les questions sous un vain
prétexte d’opportunisme, quand l’op-
poriunisme, au contraire, comman
derait d’agir. Votre but unique est
de vous cantonner dans une tour
fermée, derrière une triple muraille
de Chine, d’oü vous n’entendez nul
bruit de l’extérieur, nul appel à la
vie et à l’émancipation. Votre doc
trine est celle des majorités aveu
gles. N’oubliez point, pourtant, que
la minorité de la veille est la majo
rité du lendemain.
Vous vous en êtes pris à la Bourse
du Travail, et pourquoi ? Parce
qu’elle constitue une organisation
économique nécessaire, rendant les
questions ouvrières plus faciles à
comprendre, les différends de sa
laires plus solubles, parce qu’elle est^
un instrument de conciliation et
d’affranchissement des plus utiles,
en complétant l’œuvre des syndicats.
Or, vous l’avez attaquée par le
petit côté, en ce qu’une éducation
insuffisante n’a, peut-être, pas per
mis d’écarter toujours complètement
le point de vue politique, bien que ses
efforts y aient tendu et, finalement,
réussiront.
Quand on veut faire de véritable
concentration, on l’établit dans un
esprit large, quoique réfléchi. C’est
l’essence même du parti républicain
que de permettre l’accès du pouvoir
à toutes les classes de la société,
comme à favoriser l’éducation pra
tique et solide des nouvelles couches
sociales.
Croyez-vous donc que les utopies
soient moins dangereuses propagées
dans la foule comme un moyen de
salut? Croyez-vous que les lois po
litiques des régimes déchus ne doi
vent pas subir l’assaut des idées
nouvelles? Croyez-vous aussi que
l’époque de réorganisation appelée
à succéder à la période de destruc
tion, aux phases critiques, n’ait pas
besoin du plus considérable concours
des intelligences pour son vaste
labeur.
Dans les assemblées électives, les
idées se meuvent et sont plus utile
ment discutées, approfondies. Les
réalités imprègnent plus salutaire
ment les esprits que dans un article
étroit et conçu à la hâte dans un in
térêt quelconque, à la veille des as
sises électorales ou dans les réu
nions populaires.
Les problèmes se trouvent mieux
examinés sous toutes leurs faces,
sous tous leurs aspects ; les difficul
tés d’application qu’ils présentent,
parfois, au contact des affaires,
éclairent sur les vices ou les qualités
des systèmes.
Les minorités ont donc droit à
l’existence, et reprenant le mot de
Voltaire, je dirai que si elles n’exis-,
taientpas, il faudrait les créer. C’est
par elles, que perce souvent la voix
de la sagesse et que se dressent de
salutaires méditations ou de bienfai
santes oppositions dans les circons
tances dangereuses. J’entends une
opposition raisonnée, non systéma
tique. Est-ce que toutes nos assem
blées municipales oti la minorité s’est
trouvée anéantie n’ont pas marqué
leur insignifiance? Le conseil munici
pal présidé, naguère, par M. Louis
Brindeau, et sur'lequel l’adminis
tration exerçait sa toute puissance,
faisant passer les propositions comme
les lettres à la poste, fût-il Tidéal?
Je préfère l’œuvre de la présente
session qui a donné dans un sens plus
libéral des gages à la population
havraise de son inaltérable dévoue
ment, dont elle saura bientôt se
souvenir.
A notre avis, c’est dans son creu
set et dans un but, de défense répu
blicaine que doit se préparer la for
mation du futur conseil.
On traite à forfait
triomphe monarchiste ; mais les amis
de l’ancien ministre de la guerre
ripostèrent que les 703 délégués sé
natoriaux auxquels leur grand homme
devait d’entrer au Sénat comme sé
nateur et non comme accusé, étaient
des républicains du meilleur teint.
Dimanche dernier, le même dépar
tement de la Loire-Inférieure a pro
cédé à une nouvelle élection sénato
riale, et les mêmes délégués ont pris
part au scrutin. Cette fois, le candidat
républicain a obtenu 292 suffrages, et
son heureux vainqueur, M. de Juigné,
a été élu par 657 voix.
Or, le nouvel élu, connu depuis
longtemps comme monarchiste, n’a
pas même pris la peine de mettre son
drapeau dans sa poche, et ses 657
électeurs ont voté pour lui en con
naissance de cause.
La conclusion s’impose et peut se
résumer en deux mots : les nationa
listes et les monarchistes se confon
dent dans la Loire-Inférieure, et ce
qui est vrai dans ce département l’est
dans les autres.
LE REFUS DU BUDGET
Alf. HENRI.
BLANC BONNET,
BONNET BLANC
Le 28 janvier dernier, le général
Mercier fut élu sénateur de la Loire-
Inférieure par 703 voix contre 247
données au candidat républicain.
Nous fîmes remarquer alors que
cette victoire du faussaire était un
Après une interminable discussion,
le budget de l’année courante a été
enfin votée dans son ensemble par
492 voix contre 34.
A quels sentiments ont donc bien
pu obéir les 34 députés qui ont accom
pli cet acte révolutionnaire entre tous
qu’on appelle le refus du budget.
L’un d’eux, M. Dejeante, a bien
voulu expliquer les motifs qui l’a
vaient déterminé ainsi que quelques-
uns de ses amis collectivistes :
Les soussignés considérant que le
budget de 1900, soumis à leur vote,
n’est que la consécration des iniquités
fiscales, ainsique de toutes les charges
imposées aux pauvres par la bour
geoisie capitaliste — les travailleurs
attendant toujours en vain les réfor
mes promises et jamais tenues ; que le
système des impôts grève toujours da
vantage le nécessaire des producteurs,
laissant les revenus, les plus-values,
en un mot tout le superflu des riches
presque indemne de ces charges, sans
pour cela que les bénéficiaires sachent
le moindre gré à ceux qui leur créent
ce superflu et qui supportent pour eux
toutes les charges budgétaires; que ce
budget contient toujours, en les ag
gravant, les mêmes charges militaires,
qui pèsent plus lourdement sur les
épaules des travailleurs que sur celles
des favorisés de la fortune ; que cette
énorme rançon de plus d’un milliard
que, sous prétexte de patriotisme, la
bourgeoisie gouvernante fait augmen
ter sans cesse —, sachant que c’est
toujours le peuple qui paie —, mè
nera ainsi bientôt la France à la ban
queroute...
De vifs applaudissements partis de
la droite ont accueilli cette déclara
tion, faite au nom des collectivistes
intransigeants, les mêmes qui ne par*
donnent pas à Millerand d’avoir fait
voter la loi de onze heures et amorcé
la réforme des Trois-Huit.
Il était naturel que la droite ap
plaudit à l’intransigeance collecti
viste, car M. de Baudry d’Asson,
celui qui, à chaque session, crie une
fois ou deux : Vive le Roy ! avait pris
lui-même la parole pour dire ce qui
suit :
Ma conscience et mon patriotisme
m’imposent, cette année plus que
jamais, une protestation contre l’en
semble du budget et une déclaration,
sur le vote que je vais émettre.
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