Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-12-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 décembre 1899 23 décembre 1899
Description : 1899/12/23 (N191). 1899/12/23 (N191).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633903
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4 e Année — S* 191.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
if)
îï
Samedi 29 Décembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
1
15,
RUE GASIMIR-PÊRIER,
1 5
|
g
Secrétaire de la Rédaction F. thoiiiiieret
1
==
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces .... 25 centimes la ligne
Réclames 50 ®
On traite à forfait
La Barbarie Turque
Le sultan Abdul-Hamid fait tra
duire, devant des Tribunaux fran
çais, plusieurs rédacteurs de L'Au
rore, parmi lesquels Pierre Quillard
et Urbain Gohier, coupables d’avoir
dévoilé aux yeux du monde civilisé,
une longue suite de forfaits et de
crimes. Il ne nous appartient pas de
juger la conduite du sultan rouge,
la loi nous le défend. Mais en re
grettant que celle-ci interdise la
liberté de conscience et d’écrire,
comment ne pas s’émouvoir à l’idée
du massacre de plus de 400,000 Ar
méniens, traqués et fusillés comme
des bêtes fauves ? On les a dépeints
commes des révolutionnaires ; Le
Petit Journal , de MM. Judet et
Marinoni a effectué là une besogne
honteuse qui sera sans doute expli
quée dans un avenir prochain.
A la vérité, le peuple arménien,
d’origine chrétienne, et présentant
sur les races musulmanes une cer
taine supériorité, à eu à subir une
odieuse guerre de religion. On ne
lui a pas pardonné de comprendre
une légion de citoyens éclairés cher
chant à s’affranchir des préjugés de
race et de religion, combattant l’au
tocratie toute puissante du sultan et
voulant vivre en hommes libres, sur
le chemin/lu progrès et de la civili
sation. Les réceàts évènements de
Constantinople, qui nous ont appris
la fuite de Mahmoud pacha, les
rigueurs subies par Mourad bey,
jettent une forte clarté sur les agis
sements du monarque absolu. Et
cependant, il s’agit là de person
nages de l’entourage de celui que
Gladstone appelait « le grand assas
sin ! ». Dans une ivresse folle, le
fer des sabres a fouillé les entrailles
des femmes et des enfants, le feu a
brûlé vives les existences, carboni
sant les cadavres ; le sang, un sang
pur et généreux, a coulé en larges
ruisseaux produisant sur le sol.des
lacs de boue. Le soleil qui se lève
rouge chaque matin,à l’Orient semble
encore être teint de l’horreur de cesj
assassinats. La souillure qui tâche
l’Arménie gs’imprime au front des
gouvernements européens qui sont
restés indifférents.
Guerre de religion, guerre de
crimes ! la conscience universelle
quis’éclaire, réclame une vengeance.
Je les ai vus, l’année dernière, tous
ces Arméniens, chétifs et défaits,
fuyant la famine, la misère et la
mort, passer par le Havre en longues
troupes d’émigrants. Ils s’en allaient
vers d’autres contrées chercher des
horizons plus cléments. Il y avait des
hommes de haute stature, bruns,
coiffés de la toque d’astrakan, à la
figure intelligente, soucieuse des len
demains ; des femmes et des enfants
paraissant implorer une justice di
vine qui ne vient jamais ; tous vêtus
de grands châles et de longs man
teaux, souvent râpés, s’expatriant
vers l’Amérique, pour trouver la li
berté promise, sur la tyranie.
L’incendie se rallume, les mas
sacres recommencent et menacent
de s’éterniser. Le gouvernement de
la République ne peut pas se solida
riser avec une demande de pour
suites qui le rendrait complice des
abominations accomplies. La France
manquerait à ses traditions les plus
chères de grandeur et d’humanité.
Elle s’abaisserait au dernier rang
des nations si elle ne se sentait
soulevée d’un unanime sentiment
de réprobation.
Et ce qui est affligeant, c’est de
voir le concert du silence, disons-le
mot, se former sciemment en vue
d’étouffer le scandale.
Sans rechercher de conflit inter
national, la France est assez forte,
en face de la Turquie, pour faire
entendre le langage de son cœur# et
de sa raison. Puis nous apprendrons
beaucoup. pour nous-mêmes, dans
ces excès de fanatisme religieux,
dans ces attentats de folie auxquels,
j’ai peine h le dire 5 _.nous avons failli
descendre.
A la barre du tribunal de Paris
comparaîtront, d’un côté, le droit et
la civilisation, de l’autre la tyranie
oppressive. Méditons.
Alf. HENRI.
des paroles assez incohérentes à la
Haute-Cour, puis il a agité ses bras
et il s’est mis à flétrir tout ce qu’il a
rencontré sur sa route. Î1 a flétri la
magistrature assise, la magistrature
debout, la Haute-Cour, le parquet ;
il a flétri le Président de la Républi
que ; nous ne savons pas tout ce
qu’il n’a pai flétri ; puis, lasse à lafin
de flétrir, sa pauvre tête s’est déran
gée ; et sans avoir trop conscience de
ce qu’il disait, il a parlé de son mé
pris qu’il crachait au visage, il a pro
noncé les mots de bandits, de misé
rables ; le malheureux était dans une
cruelle agitation, et on a cru, à un
moment, à un accès de fièvre chaude ;
le procureur général a requis l’appli
cation de la loi comme c’était son
droit ; il aurait dû requérir les méde
cins du Sénat qui auraient adminis
tré une potion calmante au pauvre
agité.
La journée a été plutôt doulou
reuse pour les nationalistes qui se
sont distingués par leur mauvaise
éducation, et qui, ont voulu transfor
mer la Haute-Cour et la Chambre en
un club de fort mauvaise tenue ; et
voilà les gens qui ont la prétention
de vouloir gouverner la France ! Elle
serait, en vérité, en belles mains.
La guerre Sud-Africaine
LA SEMAINE
La Chambre
On nous votera des douzièmes
provisoires, deux seulement pour les
dépenses de Janvier et de Février. Il
faut reconnaître qne c’est une fort
mauvaise habitude de ne pas promul
guer la loi de finances avant la fin de
l’année, et, sous l’Assemblée natio
nale qui avait une assez lourde tâche
on mettait quelque coquetterie à
faire chaque année le budget.
Il serait cependant sage de revenir
aux anciennes traditions, et, sans
considérer comme une honte le vote
de douzièmes provisoires, il semble
bien que nos représentants doivent,
depuis le temps, connaître exacte
ment ce que la France encaisse comme
recettes et ce qu’elle consacre à ses
dépenses. Tous ces chiffres nous
sont assez familiers, et l’effort devrait
porter sur les points les plus impor
tants.
Mais on nous inflige chaque année
les mêmes discours ; ce ne sont guère
que des homélies électorales, et vous
voyez les mêmes députés qui récla
ment des augmentations de dépenses
que les ministres s’empressent d’ail
leurs de refuser et qui demandent en
même temps des économies dont le
résultat le plus clair est de troubler
le bon fonctionnement des services.
On promet à tout le monde des aug
mentations et en même temps des ré
ductions de dépenses. On parle de
diminuer les charges et de faire appel
à toutes les bourses. C’est le budget
de la guerre qui paralyse les meilleu
res iutentions, et ce budget est intan
gible, malgré les conférences que
nous tenons à la Haye.
La Haute-Cour
Dans un accès de neurasthénie
aiguë, M. Paul Déroulède a prononcé
Nous assistons comme à une levée
en masse de toute l’Angleterre contre
les héroïques paysans du Transvaal
et de l'Orange. Volontaires, réservis
tes, mercenaires de toute catégorie
vont essayer d’écraser un peuple qui
défend sa liberté et ses foyers. Il y a
déjà 75,000 soldats anglais dans le
Sud-Africain ; on espère bientôt y
envoyer 50,000 autres.
Lord Roberts, dont le fils vient de
mourir sur les rives de la Tugela, di
rigera dorénavant les opérations mili
taires ; il sera secondé dans cette
tâche difficile par lord Kitchener,
dont on vante les qualités de straté
giste.
Le choix qui a été fait de ces deux
généraux est significatif. Ni l’un ni
l’autre n’appartiennent à la coterie de
lord Wolseley. Ils jouissent d’une im
mense popularité dans toute l’Angle
terre. « Pourtant fait observer avec
quelque raison la Westminster Gazette ,
il ne faut pas s’attendre à des mira
cles. » Or, il faudra des mira
cles pour vaincre, si les Afrikanders
prennent la défense de leurs frères du
Transvaal. Un grand vent de révolte
com nence à souffler dans toute la co
Ionie du Cap.
LES IMAGES DE DÉROULÈDE
La gent jésuitique et réactionnaire
fait distribuer en ce moment, aux
enfants des écoles, une image genre
Epinal, où Déroulède est représenté
sous toutes les phases de sa vie. Cela
atteint les plus extrêmes limites de la
bêtise humaine.
On n’abuse pas ainsi de la captivité
d’un homme pour le couvrir d’un
pareil ridicule.
La dernière scène représente celui
qui s’intitule modestement » défen
seur des droits du peuple » assis dans
une cage de fer, tel un animal mis
en observation à l’Institut Pasteur
de sorte que les bambins qui reçoivent
et apportent chez eux ceffce image,
s’écrient :
« P’pa ! Pourquoi qu’on l’a mis au
Jardin des Plantes, avec les singes ? »
Heureux âge !
L’AMÉLIORATION DE NOS PORTS
Les Droits de Douane
Le discours que M. Louis Brindeau
a prononcé, mardi dernier à la Cham
bre, à propos de l’amélioration et de
l’extension des ports maritimes, nous
prouve purement et simplement, ou
que le député de la deuxième circons
cription du Havre n’entend pas le
traître mot aux questions économiques,
ce qui, en somme, n’est point fait pour
nous surprendre, ou que, revenu de
ses erreurs d’antan, il méconnaît à
présent la ligne de conduite qu’il a
suivie jusqu’à ce jour.
Il est certain, comme l’a fait tfès
justement remarquer M. Brindeau,que
nos ports ne sont pas ce qu’ils de
vraient etre. Il suffit d’avoir parcouru
le monde pour se rendre compte que
nous sommes, sous ce rapport, bien en
arrière des peuples étrangers qui con
sacrent des sommes considérables pour
l’amélioration de leurs établissements
maritimes.
Mais, est-il bien prouvé que le
manque de commodité de nos ports
soit la cause réelle qui en détourne les
navires ? Est-il vrai que les paquebots
des grandes compagnies désertent de
plus en plus notre pays, par suite du
nfauvaiVêtat cte nos ports ? Je ne le
suppose pas, et si M. Brindëâü à ob
tenu quelque succès en établissant un
parallèle entre nos villes maritimes et
les villes étrangères, c’est qu’il s’adres
sait a un auditoire qui, en majeure
partie, connaît mal cette importante
question.
Ne sont-ce pas plutôt les droits de
douane énormes, frappant à leur
entrée en France, le plus grand nom
bre des matières d’importation, qui
sont la véritable cause de cet état de
choses ? Qu’on laisse venir, en fran
chise, les céréales, les houilles, les
fers, etc., et l’on verra de suite, mal
gré les inconvénients des ports fran
çais, tous les navires du monde en
reprendre le chemin.
Or, de ces droits de douane qui
paralysent notre commerce au grand
détriment des consommateurs, sans
profit pour l’industriel, M. Louis Brin
deau en est le plus chaud partisan.
Il n’a jamais cessé, chaque fois que
1 occasion s’est présentée, de voter des
charges sur tous les produits venant
de l’Etranger ; il a, de ce fait, con
tribué à avancer cette décadence ma
ritime dont il s’est plaint si fort dans
son récent discours.
« Aujourd’hui, a dit le député Ha-
vrais, nous vous demandons de doter
nos travaux de manière à permettre à
nos ports de recueillir ce qui doit
leur revenir. Autrement, vous arri
verez à faire fuir les navires et c’est
un résultat auquel vous ne voudrez
pas vous associer ».
Et la majorité de la Chambre n’a
point été de l’avis de l’honorable
M. Brindeau.
Certes, nous pensons qu’il importe
d’améliorer, autant que faire se peut,
l’état de nos ports, mais s’il est beau
de creuser des bassins, de dépenser
des millions pour mettre nos établis
sements maritimes au même rang que
ceux des nations voisines, il est indis
pensable de s’assurer, avant tout, en
imitant les procédés économiques de
ces mêmes nations, si des navires, en
quantité suffisante, viendront les vi
siter.
C'est là sans doute, une question
capitale, à laquelle M. Brindeau ri’a
pas songé.
Félix Thommeret.
A M. LEMOINE
Le rôle des Inspecteurs primaires
Quel a été jusqu’ici le rôle des ins
pecteurs primaires vis à vis des écoles
congréganistes ? Absolument nul. Ils
les visitent rarement, et cependant la
loi leur confère un droit de contrôle
sur ces établissements. Combien en
est-il dans les bureaux d’inspection
académique, de rapports sur les écoles
des « bons frères » et des chères sœurs,
en dehors des affaires disciplinaires ?
Peu ou point est-ce de leur part in
différence ou incurie ?
La Question de l’Enseignement
Le Monopole de l’Enseignement
Après la remarquable conférence
du citoyen Haudos sur la Question de
l’Enseignement, il n’est pas sans in
térêt de mettre sous les yeux de nos
lecteurs une excellente étude que
M. Henry Martel publie dans La
Revue de VEnseignement primaire.
A la salle Franklin, le citoyen
Haudos nous a démontré de façon
claire et précise tout le danger qu’il y
avait pour la République de mono
poliser Ferjsëïgfiëment. L’honorable
M. Henry Martel n’est point de cet
avis. Il nous le dit en ces termes.
« La République exige de ses fonc
tionnaires uniquement qu’ils fassent
leur devoir de fonctionnaires. Si l’a
dhésion à cette forme de gouverne
ment répugne à leurs sentiments in
times, qu’ils s’abstiennent de le don
ner et surtout de l'offrir.
« En ne la refusant pas, il s’enga
gent par là même, et je ne sache pas
que l'accomplissement d’une parole
donnée puisse jamais passer pour une
manifestation politique : c’est un acte
d'' honnêteté, tout simplement.
★
* *
« Il est donc naturel qu’un gouver
nement prenne ses précautions pour
n’être pas trahi par ses serviteurs. Le
ministère actuel, instruit par l’expé
rience de ces dernières années, se
montre disposé à exiger dorénavant
de tout candidat aux fonctions publi
ques un certificat de stage dans les
établissements de l’Etat. C’est son
droit strict : il nous sera 'facile de le
prouver quand on le voudra. La seule
crainte de beaucoup d’entre nous c'est
que cette réforme ne soit insuffisante
et qu’elle ne renouvelle l’histoire trop
connue de la précaution inutile.
« Les élèves de l’enseignement se
condaire devront faire désormais leurs
trois dernières années d’études dans
un lycée. Il a semblé que c’était le
seul moyen de mettre fin à ses diver
gences regrettables qui proviennent
de l’éducation première et dont nous
avons si souvent constaté avec tris
tesse les effets déplorables et surtout
dans l’armée, dans nos grandes admi
nistrations.
« Hélas ! les « postards » actuels
arriveront dans nos lycées avec la
haine des institutions républicaines,
haine encore exaspérée par la pré
tendue violence faite à leurs convic
tions. Ils ne se diront pas qu'ils sont
libres de se faire élever à leur guise
dans des établissements de leur choix
et qu’il leur suffit pour cela de « e i$Qn-
cer à toute fonction publique. .'Dési
reux avant tout d’assurer FaveniV et
poussés par l’esprit de prévoyance (je
suis poli), ils entreront dans nos
lycées malgré leur répugnance et.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
if)
îï
Samedi 29 Décembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
1
15,
RUE GASIMIR-PÊRIER,
1 5
|
g
Secrétaire de la Rédaction F. thoiiiiieret
1
==
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces .... 25 centimes la ligne
Réclames 50 ®
On traite à forfait
La Barbarie Turque
Le sultan Abdul-Hamid fait tra
duire, devant des Tribunaux fran
çais, plusieurs rédacteurs de L'Au
rore, parmi lesquels Pierre Quillard
et Urbain Gohier, coupables d’avoir
dévoilé aux yeux du monde civilisé,
une longue suite de forfaits et de
crimes. Il ne nous appartient pas de
juger la conduite du sultan rouge,
la loi nous le défend. Mais en re
grettant que celle-ci interdise la
liberté de conscience et d’écrire,
comment ne pas s’émouvoir à l’idée
du massacre de plus de 400,000 Ar
méniens, traqués et fusillés comme
des bêtes fauves ? On les a dépeints
commes des révolutionnaires ; Le
Petit Journal , de MM. Judet et
Marinoni a effectué là une besogne
honteuse qui sera sans doute expli
quée dans un avenir prochain.
A la vérité, le peuple arménien,
d’origine chrétienne, et présentant
sur les races musulmanes une cer
taine supériorité, à eu à subir une
odieuse guerre de religion. On ne
lui a pas pardonné de comprendre
une légion de citoyens éclairés cher
chant à s’affranchir des préjugés de
race et de religion, combattant l’au
tocratie toute puissante du sultan et
voulant vivre en hommes libres, sur
le chemin/lu progrès et de la civili
sation. Les réceàts évènements de
Constantinople, qui nous ont appris
la fuite de Mahmoud pacha, les
rigueurs subies par Mourad bey,
jettent une forte clarté sur les agis
sements du monarque absolu. Et
cependant, il s’agit là de person
nages de l’entourage de celui que
Gladstone appelait « le grand assas
sin ! ». Dans une ivresse folle, le
fer des sabres a fouillé les entrailles
des femmes et des enfants, le feu a
brûlé vives les existences, carboni
sant les cadavres ; le sang, un sang
pur et généreux, a coulé en larges
ruisseaux produisant sur le sol.des
lacs de boue. Le soleil qui se lève
rouge chaque matin,à l’Orient semble
encore être teint de l’horreur de cesj
assassinats. La souillure qui tâche
l’Arménie gs’imprime au front des
gouvernements européens qui sont
restés indifférents.
Guerre de religion, guerre de
crimes ! la conscience universelle
quis’éclaire, réclame une vengeance.
Je les ai vus, l’année dernière, tous
ces Arméniens, chétifs et défaits,
fuyant la famine, la misère et la
mort, passer par le Havre en longues
troupes d’émigrants. Ils s’en allaient
vers d’autres contrées chercher des
horizons plus cléments. Il y avait des
hommes de haute stature, bruns,
coiffés de la toque d’astrakan, à la
figure intelligente, soucieuse des len
demains ; des femmes et des enfants
paraissant implorer une justice di
vine qui ne vient jamais ; tous vêtus
de grands châles et de longs man
teaux, souvent râpés, s’expatriant
vers l’Amérique, pour trouver la li
berté promise, sur la tyranie.
L’incendie se rallume, les mas
sacres recommencent et menacent
de s’éterniser. Le gouvernement de
la République ne peut pas se solida
riser avec une demande de pour
suites qui le rendrait complice des
abominations accomplies. La France
manquerait à ses traditions les plus
chères de grandeur et d’humanité.
Elle s’abaisserait au dernier rang
des nations si elle ne se sentait
soulevée d’un unanime sentiment
de réprobation.
Et ce qui est affligeant, c’est de
voir le concert du silence, disons-le
mot, se former sciemment en vue
d’étouffer le scandale.
Sans rechercher de conflit inter
national, la France est assez forte,
en face de la Turquie, pour faire
entendre le langage de son cœur# et
de sa raison. Puis nous apprendrons
beaucoup. pour nous-mêmes, dans
ces excès de fanatisme religieux,
dans ces attentats de folie auxquels,
j’ai peine h le dire 5 _.nous avons failli
descendre.
A la barre du tribunal de Paris
comparaîtront, d’un côté, le droit et
la civilisation, de l’autre la tyranie
oppressive. Méditons.
Alf. HENRI.
des paroles assez incohérentes à la
Haute-Cour, puis il a agité ses bras
et il s’est mis à flétrir tout ce qu’il a
rencontré sur sa route. Î1 a flétri la
magistrature assise, la magistrature
debout, la Haute-Cour, le parquet ;
il a flétri le Président de la Républi
que ; nous ne savons pas tout ce
qu’il n’a pai flétri ; puis, lasse à lafin
de flétrir, sa pauvre tête s’est déran
gée ; et sans avoir trop conscience de
ce qu’il disait, il a parlé de son mé
pris qu’il crachait au visage, il a pro
noncé les mots de bandits, de misé
rables ; le malheureux était dans une
cruelle agitation, et on a cru, à un
moment, à un accès de fièvre chaude ;
le procureur général a requis l’appli
cation de la loi comme c’était son
droit ; il aurait dû requérir les méde
cins du Sénat qui auraient adminis
tré une potion calmante au pauvre
agité.
La journée a été plutôt doulou
reuse pour les nationalistes qui se
sont distingués par leur mauvaise
éducation, et qui, ont voulu transfor
mer la Haute-Cour et la Chambre en
un club de fort mauvaise tenue ; et
voilà les gens qui ont la prétention
de vouloir gouverner la France ! Elle
serait, en vérité, en belles mains.
La guerre Sud-Africaine
LA SEMAINE
La Chambre
On nous votera des douzièmes
provisoires, deux seulement pour les
dépenses de Janvier et de Février. Il
faut reconnaître qne c’est une fort
mauvaise habitude de ne pas promul
guer la loi de finances avant la fin de
l’année, et, sous l’Assemblée natio
nale qui avait une assez lourde tâche
on mettait quelque coquetterie à
faire chaque année le budget.
Il serait cependant sage de revenir
aux anciennes traditions, et, sans
considérer comme une honte le vote
de douzièmes provisoires, il semble
bien que nos représentants doivent,
depuis le temps, connaître exacte
ment ce que la France encaisse comme
recettes et ce qu’elle consacre à ses
dépenses. Tous ces chiffres nous
sont assez familiers, et l’effort devrait
porter sur les points les plus impor
tants.
Mais on nous inflige chaque année
les mêmes discours ; ce ne sont guère
que des homélies électorales, et vous
voyez les mêmes députés qui récla
ment des augmentations de dépenses
que les ministres s’empressent d’ail
leurs de refuser et qui demandent en
même temps des économies dont le
résultat le plus clair est de troubler
le bon fonctionnement des services.
On promet à tout le monde des aug
mentations et en même temps des ré
ductions de dépenses. On parle de
diminuer les charges et de faire appel
à toutes les bourses. C’est le budget
de la guerre qui paralyse les meilleu
res iutentions, et ce budget est intan
gible, malgré les conférences que
nous tenons à la Haye.
La Haute-Cour
Dans un accès de neurasthénie
aiguë, M. Paul Déroulède a prononcé
Nous assistons comme à une levée
en masse de toute l’Angleterre contre
les héroïques paysans du Transvaal
et de l'Orange. Volontaires, réservis
tes, mercenaires de toute catégorie
vont essayer d’écraser un peuple qui
défend sa liberté et ses foyers. Il y a
déjà 75,000 soldats anglais dans le
Sud-Africain ; on espère bientôt y
envoyer 50,000 autres.
Lord Roberts, dont le fils vient de
mourir sur les rives de la Tugela, di
rigera dorénavant les opérations mili
taires ; il sera secondé dans cette
tâche difficile par lord Kitchener,
dont on vante les qualités de straté
giste.
Le choix qui a été fait de ces deux
généraux est significatif. Ni l’un ni
l’autre n’appartiennent à la coterie de
lord Wolseley. Ils jouissent d’une im
mense popularité dans toute l’Angle
terre. « Pourtant fait observer avec
quelque raison la Westminster Gazette ,
il ne faut pas s’attendre à des mira
cles. » Or, il faudra des mira
cles pour vaincre, si les Afrikanders
prennent la défense de leurs frères du
Transvaal. Un grand vent de révolte
com nence à souffler dans toute la co
Ionie du Cap.
LES IMAGES DE DÉROULÈDE
La gent jésuitique et réactionnaire
fait distribuer en ce moment, aux
enfants des écoles, une image genre
Epinal, où Déroulède est représenté
sous toutes les phases de sa vie. Cela
atteint les plus extrêmes limites de la
bêtise humaine.
On n’abuse pas ainsi de la captivité
d’un homme pour le couvrir d’un
pareil ridicule.
La dernière scène représente celui
qui s’intitule modestement » défen
seur des droits du peuple » assis dans
une cage de fer, tel un animal mis
en observation à l’Institut Pasteur
de sorte que les bambins qui reçoivent
et apportent chez eux ceffce image,
s’écrient :
« P’pa ! Pourquoi qu’on l’a mis au
Jardin des Plantes, avec les singes ? »
Heureux âge !
L’AMÉLIORATION DE NOS PORTS
Les Droits de Douane
Le discours que M. Louis Brindeau
a prononcé, mardi dernier à la Cham
bre, à propos de l’amélioration et de
l’extension des ports maritimes, nous
prouve purement et simplement, ou
que le député de la deuxième circons
cription du Havre n’entend pas le
traître mot aux questions économiques,
ce qui, en somme, n’est point fait pour
nous surprendre, ou que, revenu de
ses erreurs d’antan, il méconnaît à
présent la ligne de conduite qu’il a
suivie jusqu’à ce jour.
Il est certain, comme l’a fait tfès
justement remarquer M. Brindeau,que
nos ports ne sont pas ce qu’ils de
vraient etre. Il suffit d’avoir parcouru
le monde pour se rendre compte que
nous sommes, sous ce rapport, bien en
arrière des peuples étrangers qui con
sacrent des sommes considérables pour
l’amélioration de leurs établissements
maritimes.
Mais, est-il bien prouvé que le
manque de commodité de nos ports
soit la cause réelle qui en détourne les
navires ? Est-il vrai que les paquebots
des grandes compagnies désertent de
plus en plus notre pays, par suite du
nfauvaiVêtat cte nos ports ? Je ne le
suppose pas, et si M. Brindëâü à ob
tenu quelque succès en établissant un
parallèle entre nos villes maritimes et
les villes étrangères, c’est qu’il s’adres
sait a un auditoire qui, en majeure
partie, connaît mal cette importante
question.
Ne sont-ce pas plutôt les droits de
douane énormes, frappant à leur
entrée en France, le plus grand nom
bre des matières d’importation, qui
sont la véritable cause de cet état de
choses ? Qu’on laisse venir, en fran
chise, les céréales, les houilles, les
fers, etc., et l’on verra de suite, mal
gré les inconvénients des ports fran
çais, tous les navires du monde en
reprendre le chemin.
Or, de ces droits de douane qui
paralysent notre commerce au grand
détriment des consommateurs, sans
profit pour l’industriel, M. Louis Brin
deau en est le plus chaud partisan.
Il n’a jamais cessé, chaque fois que
1 occasion s’est présentée, de voter des
charges sur tous les produits venant
de l’Etranger ; il a, de ce fait, con
tribué à avancer cette décadence ma
ritime dont il s’est plaint si fort dans
son récent discours.
« Aujourd’hui, a dit le député Ha-
vrais, nous vous demandons de doter
nos travaux de manière à permettre à
nos ports de recueillir ce qui doit
leur revenir. Autrement, vous arri
verez à faire fuir les navires et c’est
un résultat auquel vous ne voudrez
pas vous associer ».
Et la majorité de la Chambre n’a
point été de l’avis de l’honorable
M. Brindeau.
Certes, nous pensons qu’il importe
d’améliorer, autant que faire se peut,
l’état de nos ports, mais s’il est beau
de creuser des bassins, de dépenser
des millions pour mettre nos établis
sements maritimes au même rang que
ceux des nations voisines, il est indis
pensable de s’assurer, avant tout, en
imitant les procédés économiques de
ces mêmes nations, si des navires, en
quantité suffisante, viendront les vi
siter.
C'est là sans doute, une question
capitale, à laquelle M. Brindeau ri’a
pas songé.
Félix Thommeret.
A M. LEMOINE
Le rôle des Inspecteurs primaires
Quel a été jusqu’ici le rôle des ins
pecteurs primaires vis à vis des écoles
congréganistes ? Absolument nul. Ils
les visitent rarement, et cependant la
loi leur confère un droit de contrôle
sur ces établissements. Combien en
est-il dans les bureaux d’inspection
académique, de rapports sur les écoles
des « bons frères » et des chères sœurs,
en dehors des affaires disciplinaires ?
Peu ou point est-ce de leur part in
différence ou incurie ?
La Question de l’Enseignement
Le Monopole de l’Enseignement
Après la remarquable conférence
du citoyen Haudos sur la Question de
l’Enseignement, il n’est pas sans in
térêt de mettre sous les yeux de nos
lecteurs une excellente étude que
M. Henry Martel publie dans La
Revue de VEnseignement primaire.
A la salle Franklin, le citoyen
Haudos nous a démontré de façon
claire et précise tout le danger qu’il y
avait pour la République de mono
poliser Ferjsëïgfiëment. L’honorable
M. Henry Martel n’est point de cet
avis. Il nous le dit en ces termes.
« La République exige de ses fonc
tionnaires uniquement qu’ils fassent
leur devoir de fonctionnaires. Si l’a
dhésion à cette forme de gouverne
ment répugne à leurs sentiments in
times, qu’ils s’abstiennent de le don
ner et surtout de l'offrir.
« En ne la refusant pas, il s’enga
gent par là même, et je ne sache pas
que l'accomplissement d’une parole
donnée puisse jamais passer pour une
manifestation politique : c’est un acte
d'' honnêteté, tout simplement.
★
* *
« Il est donc naturel qu’un gouver
nement prenne ses précautions pour
n’être pas trahi par ses serviteurs. Le
ministère actuel, instruit par l’expé
rience de ces dernières années, se
montre disposé à exiger dorénavant
de tout candidat aux fonctions publi
ques un certificat de stage dans les
établissements de l’Etat. C’est son
droit strict : il nous sera 'facile de le
prouver quand on le voudra. La seule
crainte de beaucoup d’entre nous c'est
que cette réforme ne soit insuffisante
et qu’elle ne renouvelle l’histoire trop
connue de la précaution inutile.
« Les élèves de l’enseignement se
condaire devront faire désormais leurs
trois dernières années d’études dans
un lycée. Il a semblé que c’était le
seul moyen de mettre fin à ses diver
gences regrettables qui proviennent
de l’éducation première et dont nous
avons si souvent constaté avec tris
tesse les effets déplorables et surtout
dans l’armée, dans nos grandes admi
nistrations.
« Hélas ! les « postards » actuels
arriveront dans nos lycées avec la
haine des institutions républicaines,
haine encore exaspérée par la pré
tendue violence faite à leurs convic
tions. Ils ne se diront pas qu'ils sont
libres de se faire élever à leur guise
dans des établissements de leur choix
et qu’il leur suffit pour cela de « e i$Qn-
cer à toute fonction publique. .'Dési
reux avant tout d’assurer FaveniV et
poussés par l’esprit de prévoyance (je
suis poli), ils entreront dans nos
lycées malgré leur répugnance et.
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