Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-11-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 novembre 1899 04 novembre 1899
Description : 1899/11/04 (N184). 1899/11/04 (N184).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263383z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4*
N'
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi l Novembre 1898.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction F. thomiemï
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
1 5
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 >
On traite à forfait
Demandez le Réveil
i>u Havre dans tons les
kiosques et chez les mai*
e lia n ci s dë journaux le
samedi matin.
DEMAIN
Ils font plutôt triste figure dans le
procès qui a réuni la Haute-Cour,
nos bons nationalistes, accusés du
crime d’attentat contre la sûreté de
l’Etat. Ils n’ont rieu, croyons-le, des
fiers républicains, patriotes indé
niables ceux-là, qui s’appelaient
Danton, Camille Desmoulins et Fabre
d’Eglantine. Quand le premier, vic
time, avec les autres, des basses
intrigues démagogiques, joignant
l’acte à la parole, donnait son sang
pour la République en s’écriant :
«c J’embrasserais mon ennemi pour
la patrie à laquelle je donnerai mon
corps à dévorer. »
Procéduriers retors, les conspira
teurs, sous Quesnay, se sont retran
chés prudemment derrière l’arrêt
de la cour d’assises qui les avait
acquittés sous l’inculpation d’un
quasi-délit de presse. Ce sont des
braves qui complotent quand on veut
bien les laisser faire et qu’il n’y a
aucun danger pour leurs petites
personnes.
L’ex-ministre Dupuy, avec son
incommensurable machiavélisme
d’arriviste, leur accordait toutes les
garanties de réussite compatibles
avec ses fonctions. C’est ainsi que
nous avons vu renouveler le procédé
qui a permis au traître Esterhazy,
acquitté du crime de trahison sur
lequel nous n’avions que trop de
présomptions, de braver les tribu
naux et d’infliger à la justice le souf
flet suprême.
Après le procureur Feuilloley, le
garde des sceaux Lebret n’aurait
pas voulu rester en arrière.
Quoi qu’il en soit, les protagonistes
du uhlan, ceux-là qui ont élevé le
faux à la hauteur d’une institution
nationale, apparaîtront vraisembla
blement aux yeux des hommes de
bons sens comme de vulgaires clients
de la police correctionnelle invo
quant le bénéfice de la loi Bérenger,
(soit dit sans mauvaise allusion au
président de la commission d’ins
truction de la Haute-Cour).
Certes, je ne suis point partisan
des procès de tendance, mais que
penser des ministres qui ont consenti
à forfaire au devoir, à tel point que
l’impunité presque entière soit accor
dée à la tourbe cléricale et césa
rienne dont l’idéal ne s’élevait guère
au-dessus du niveau de l’égout.
Que penser de nos députés qui
n’ont pas ouvert la bouche cependant
qu’il fallait agir ? Que penser de
certains républicains — car l’on ne
saurait tout dire — dont l’inertie et
l’indifference coupables ont autorisé
de semblables manœuvres? Et notons I
bien que si, pour la défense de nos
libertés, nous avons serré les rangs,
demain, lorsque le danger aura dis
paru, du moins en apparence, le
bloc se désagrégera.
Demain, lorsque nous aurons à
lutter pour les élections sénatoriales
ou municipales.
Demain, que ferons-nous ?
Demain, c’est le point d’interro
gation resté sans réponse. Demain,
avec les mêmes armes, sombres et
venimeuses, la réaction nous atta
quera de nouveau. Ce sera l’éternel
recommencement du combat pour
ne point avancer d’un pas et pour
tant semer le découragement à l’en
droit des tempéraments les mieux
trempés, des ardeurs les mieux ins
pirés. Demain? Demain?
Le tort des républicains, c’est de
n’avoir pas su organiser la Répu
blique pour en faire,à tous les degrés,
un gouvernement sûr et régulier.
C/est d’avoir sacrifié, trop souvent
aux questions personnelles, les prin
cipes intangibles, la discipline sans
laquelle ne peut vivre un parti. C’est
de manquer de continuité dans les
idées. La République n’est pas,
cependant, un accident; elle est une
forme de gouvernement qui, fata
lement,, doit arriver à son heure,
chez les peuples civilisés, dont elle
se trouve le plus bel attribut. N’au
rions-nous pas assez réalisé le pro
grès politique et moral pour la mé
riter ?
Nous avons trop de divisions, trop
d’étiquettes. Chacun veut faire à sa
guise sans consulter les lois fonda
mentales de nos institutions. Chacun
veut posséder des idées personnelles,
sans souci, je le répète, d’une bonne
et saine discipline. Parfois, la frian
dise de la réclame électorale n’en
serait-elle pas la cause ?
Mais je médis, peut-être, car je
suis altéré de la grandeur et de la
sagesse de Marianne. J’ai foi encore
et toujours dans l’avenir. Un matin
froid ou brumeux au lever du soleil
est souvent l’indice d’une belle jour
née aux rayons chauds et puissants,
qui regaillardit les plus endoloris.
Travailleurs, songez-y souvent. Allez
à la République. Aimez-là. Entourez-
là des soins que les bons fils ont pour
la mère qui leur a donné le jour
dans les faiblesses de l’enfantement
et leur donnera plus encore : la
justice ainsi qu’une meilleure ma
nière d’être.
Alf. HENRI.
LA SEMAINE
L’instruction de la Haute-Cour
L’instruction de la Haute-Cour est
close et le rapport de M. Bérenger
est livré à la publicité. Ce document
qui n’a pas moins de trente pages
d’impression grand format, est divisé
en trois parties : 1° faits généraux ;
2° question de droit ; 3° charges indi
viduelles contre chacun des inculpés.
Dans la première partie, M. Béren
ger fait un long historique de tous
les faits déjà connus et examine no
tamment le rôle des différentes Ligues
incriminées : la Ligues des patriotes,
fondée par Déroulède après 1870; la
Ligue antisémite, dirigée par Guérin ;
la Jeunesse antisémite nationaliste,
créée et présidée par Dubuc; la Jeu
nesse royaliste, organisation nouvelle,
substituée depuis quelques années,
sous l’influence d’éléments actifs et
résolus, aux cadres jugés trop vieux
dans le but hautement proclamé de
passer de la propagande à l’action.
M. Bérenger aborde ensuite la
question de droit qu’il faudrait pou
voir citer in extenso , ainsi que les
charges individuelles contre chacun
des inculpés.
Et maintenant que la commission
d’instruction a terminé ses travaux,
il n’y a plus rien à signaler du côté
de la Haute-Cour, si ce n’est que M.
Bérenger a quitté Paris jeudi matin
pour se rendre dans sa propriété d’Ha-
lincourt où il compte rester jusqu’à
la fin du mois.
Le Sénat, réuni en Haute-Cour,
siégera le 9 novembre.
★
* *
Désastre de la mission Bretonnet
en Afrique
La mission Bretonnet, l’avant-
garde de la mission Gentil, qui se
dirigeait vers le Tchad, où elle devait
rejoindre la mission Youlet-Chanoine,
de funeste mémoire, et la mission
Eoureau-Lamy qui, seule, a, dit-on,
réussi à atteindre le but de son explo
ration, vient d’être massacrée par
Rabah , un des plus puis ants chefs de
l’Afrique centrale, un émule de Sa-
mory.
Le lieutenant Braun et le maréchal
des logis Martin ont trouvé la mort
dans l’engagement qui eut lieu contre
Rabah.
Décidément, la France n’a guère
de chance avec les missions qu’elle
envoie vers le Tchad.
*
* *
La guerre Sud Africaine
Ce n’est pas seulement un insuccès,
ce n’est pas seulement une défaite
qui a signalé la première journée de
la bataille de Ladysmith, c’est un vé
ritable désastre, et le mot s’impose si
bien, que c’est celui dont le général
White lui-même s'est servi dans la
dépêche qu’il a adressée, consterné,
au ministère de la guerre.
Il faut que les Anglais en prennent
leur parti maintenant et reconnais
sent définitivement que les Boërs ne
sont pas seulement des adversaires sé
rieux, mais des adversaires redouta
bles et même des vainqueurs possibles
à forces égales. Or, à Ladysmith, ils
ont pour eux, en même temps qu’une
artillerie excellente et nombreuse, une
écrasante supériorité numérique. Le
général White ne peut plus avoir
maintenant que 8 à 10,000 hommes,
probablement même 8,000 seulement,
même avec l’appui de la brigade na
vale qui lui est arrivée lundi dans la
matinée, et dont la puissante artillerie
à tir rapide l’a sauvé d’une catastro
phe immédiate. Cette petite armée a
actuellement devant elle, avait du
moins lundi, certainement 30,000
hommes, qui se multiplient comme
par enchantement. On annonce qu’ils
seront bientôt 40,000 et même 60,000,
et tous ces combattants ne viennent
naturellement pas des deux républi
ques ; le Cap et Natal en fournissent
une bonne part. H est facile, dans ces
conditions, de prévoir le résultat de la
bataille qui a commencé mercredi.
D’aure part, suivant leur tactique
habituelle, les Boërs se sont emparés
de Coleson, interceptant toute commu
nication des Anglais bloqués à Lady
smith, avec le général en chef nouvel
lement arrivé à Port-Natal (Durban).
Il paraît que les mules sont, en
grande partie, la cause du désastre de
l’armée anglaise ; nous voulons bien
le croire pour l’honneur des troupes
britanniques, formant des vœux sin
cères pour que les malheureuses bêtes
ne recommencent plus, à l’avenir, de
pareilles incartades.
LÀ COMMISSION DU BUDGET
M. Waldeck-Rousseau et M. Del-
cassé ont tenté lundi une démarche
auprès de la Commission du budget
pour lui demander de revenir sur son
double vote : suppression de l’ambas
sade auprès du Vatican, réduction du
budget des Cultes.
Le président du Conseil et le mi
nistre des affaires étrangères préten
daient que le maintien de notre am
bassade auprès du Saint Siège s’im
posait à cette heure où notre protec
torat est battu en brèche avec tant de
vigueur en Orient et en Extrême
Orient.
Avec juste raison, la Commission
ne s’est pas laissée convaincre par les
arguments des deux ministres et par
12 voix contre 9 et une abstention a
maintenu ses décisions antérieures.
Ont voté les suppressions : MM.
Bérard, Dubief, Bertaux, Doumer-
gue, Salis, Merlou, Tourgnol, Berthe-
lot, Bourrât, Maurice Pelletan, Me
sureur.
Ont voté contre : MM. Boudenoot,
Delombre, Sauzet, Théry, Rouvier,
Georges Berger, Sibille, Le Moigne
et Cochery.
M. Lasserre a déclaré que, parti
san des crédits supprimés, il s’abste
nait pour marquer sa défiance vis-à-
vis du gouvernement.
La Rentrée des Chambres
Les Chambres rentrent le 14; la
joie a dû être grande parmi les dépu
tés qui ont amassé et collectionné les
griefs contre le cabinet et qui ont
dans leur poche une interpellation
et un discours. Car elle est déjà très
fournie la liste des interpellations sur
les suj - ts les plus différents, et elle
est très ardente la cohorte des ques
tionneurs qui espère, par cette guerre
de francs-tireurs, attirer le ministère
par une embuscade et remporter, à un
moment donné, par une série d’atta
ques multipliées, quelque avantage
décisif.
La petite manœvre doit être sur le
champ démasquée. Il serait puéril de
se livrer à de vaines et irritantes es
carmouches, à des querelles de per
sonnes, à de mesquines aaquineries,
d’écouter ses antipathies ou ses rancu
nes, de prétendre viser tel ou tel mi
nistre, de chercher des diversions.
Et puisqu’on veut un débat, il faut
qu’il soit large, complet, étendu à la
politique générale, et non pas localisé
à de petits faits, et alimenté exclusi
vement par les déceptions des ambi
tieux épris de quelque revanche.
En supposant même que les opposi
tions, toujours nerveuses et impatien
tes, aient la prudence d’ajourner un
échange d’explications, je crois que
l’intérêt du parti républicain, comme
celui du cabinet, est d’engager immé
diatement la grande bataille.
Il faut qu’un grand débat politi
que remette un peu d’ordre dans les
esprits, qu’on en finisse avec cette ma
nœuvre honteuse de ceux qui cher
chent à exploiter l’amour du drapeau
pour les intérêts politiques inavoua
bles et qui veulent cacher à l’abri de
ses plis leurs petites lâchetés, leurs
défaillances d’opinions, leurs projets
de conspirateurs.
La France a une politique, et le
nationalisme n’est qu’une supercherie
de parti intéressé à ne pas lutter à
visage découvert.
La France a un programme de ré
formes et la prétendue défense de
l’armée n’est qu’une habileté destinée
à masquer des doctrines antipathi
ques au pays.
L’armee doit être placée en dehors
de toutes nos querelles ; laissons-là à
son œuvre qui est assez grande sans
que les politiciens viennent la troubler
ou la compromettre par une protec
tion dont elle n’a nulbesoin.
Et dans le grand débat qui s’ou
vrira à la Chambre, il faudra arra
cher résolument tous les masques,
montrer que cette prétendue défense
de l’armée cache simplement la cons
piration des éternels ennemis de la
République qui essaient de surpren
dre, à l’aide de cette tactique, la con
fiance de la France.
Deux importants
Projets de Loi
En dehors du projet de loi sur les
syndicats professionnels, dont nous
avons parlé dernièrement, et du projet
sur le droit d’association que le conseil
a approuvé mardi matin, le gouver
nement va examiner, dans ses pro
chaines réunions, en vue de les dé
poser à la rentrée, deux importants
projets de loi.
L’un concerne la liberté de l’ensei
gnement et tend à régler les condi
tions d’admission aux fonctions pu
bliques ; il s’agirait d’exiger des
futurs fonctionnaires la production
d’un certificat d’études qui serait dé
livré dans les établissements publics
d’enseignement.
L’autre projet est relatif à la juri
diction des conseils de guerre et au
fonctionnement de ces tribunaux spé
ciaux en temps de paix.
LÀ RÉFORME DE LÀ
JUSTICE MILITAIRE
Ainsi qu’il était facile de le pré
voir, la question de la réforme de la
justice militaire est à l’ordre du jour.
A l’heure actuelle, la cause de cette
réforme est gagnée. Des projets de
loi, dans ce sens, ont été déposés par
l’initiative parlementaire ; le Comité
du Contentieux, institué au minis
tère de la guerre, en a étudié un de
son côté.
Reste à savoir ce que doit être et ce
que va être cette réforme. M. Gaston
Bouniols, qui a été secrétaire du Co
mité du contentieux au ministère de
la guerre, nous expose, dans la Nou
velle Revue , les vues de ce comité sur
ce point et les principales dispositions
du projet de loi que ce dernier compte
soumettre au Parlement.
N'
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi l Novembre 1898.
Organe du Parti Républicain Démocratique
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DEMAIN
Ils font plutôt triste figure dans le
procès qui a réuni la Haute-Cour,
nos bons nationalistes, accusés du
crime d’attentat contre la sûreté de
l’Etat. Ils n’ont rieu, croyons-le, des
fiers républicains, patriotes indé
niables ceux-là, qui s’appelaient
Danton, Camille Desmoulins et Fabre
d’Eglantine. Quand le premier, vic
time, avec les autres, des basses
intrigues démagogiques, joignant
l’acte à la parole, donnait son sang
pour la République en s’écriant :
«c J’embrasserais mon ennemi pour
la patrie à laquelle je donnerai mon
corps à dévorer. »
Procéduriers retors, les conspira
teurs, sous Quesnay, se sont retran
chés prudemment derrière l’arrêt
de la cour d’assises qui les avait
acquittés sous l’inculpation d’un
quasi-délit de presse. Ce sont des
braves qui complotent quand on veut
bien les laisser faire et qu’il n’y a
aucun danger pour leurs petites
personnes.
L’ex-ministre Dupuy, avec son
incommensurable machiavélisme
d’arriviste, leur accordait toutes les
garanties de réussite compatibles
avec ses fonctions. C’est ainsi que
nous avons vu renouveler le procédé
qui a permis au traître Esterhazy,
acquitté du crime de trahison sur
lequel nous n’avions que trop de
présomptions, de braver les tribu
naux et d’infliger à la justice le souf
flet suprême.
Après le procureur Feuilloley, le
garde des sceaux Lebret n’aurait
pas voulu rester en arrière.
Quoi qu’il en soit, les protagonistes
du uhlan, ceux-là qui ont élevé le
faux à la hauteur d’une institution
nationale, apparaîtront vraisembla
blement aux yeux des hommes de
bons sens comme de vulgaires clients
de la police correctionnelle invo
quant le bénéfice de la loi Bérenger,
(soit dit sans mauvaise allusion au
président de la commission d’ins
truction de la Haute-Cour).
Certes, je ne suis point partisan
des procès de tendance, mais que
penser des ministres qui ont consenti
à forfaire au devoir, à tel point que
l’impunité presque entière soit accor
dée à la tourbe cléricale et césa
rienne dont l’idéal ne s’élevait guère
au-dessus du niveau de l’égout.
Que penser de nos députés qui
n’ont pas ouvert la bouche cependant
qu’il fallait agir ? Que penser de
certains républicains — car l’on ne
saurait tout dire — dont l’inertie et
l’indifference coupables ont autorisé
de semblables manœuvres? Et notons I
bien que si, pour la défense de nos
libertés, nous avons serré les rangs,
demain, lorsque le danger aura dis
paru, du moins en apparence, le
bloc se désagrégera.
Demain, lorsque nous aurons à
lutter pour les élections sénatoriales
ou municipales.
Demain, que ferons-nous ?
Demain, c’est le point d’interro
gation resté sans réponse. Demain,
avec les mêmes armes, sombres et
venimeuses, la réaction nous atta
quera de nouveau. Ce sera l’éternel
recommencement du combat pour
ne point avancer d’un pas et pour
tant semer le découragement à l’en
droit des tempéraments les mieux
trempés, des ardeurs les mieux ins
pirés. Demain? Demain?
Le tort des républicains, c’est de
n’avoir pas su organiser la Répu
blique pour en faire,à tous les degrés,
un gouvernement sûr et régulier.
C/est d’avoir sacrifié, trop souvent
aux questions personnelles, les prin
cipes intangibles, la discipline sans
laquelle ne peut vivre un parti. C’est
de manquer de continuité dans les
idées. La République n’est pas,
cependant, un accident; elle est une
forme de gouvernement qui, fata
lement,, doit arriver à son heure,
chez les peuples civilisés, dont elle
se trouve le plus bel attribut. N’au
rions-nous pas assez réalisé le pro
grès politique et moral pour la mé
riter ?
Nous avons trop de divisions, trop
d’étiquettes. Chacun veut faire à sa
guise sans consulter les lois fonda
mentales de nos institutions. Chacun
veut posséder des idées personnelles,
sans souci, je le répète, d’une bonne
et saine discipline. Parfois, la frian
dise de la réclame électorale n’en
serait-elle pas la cause ?
Mais je médis, peut-être, car je
suis altéré de la grandeur et de la
sagesse de Marianne. J’ai foi encore
et toujours dans l’avenir. Un matin
froid ou brumeux au lever du soleil
est souvent l’indice d’une belle jour
née aux rayons chauds et puissants,
qui regaillardit les plus endoloris.
Travailleurs, songez-y souvent. Allez
à la République. Aimez-là. Entourez-
là des soins que les bons fils ont pour
la mère qui leur a donné le jour
dans les faiblesses de l’enfantement
et leur donnera plus encore : la
justice ainsi qu’une meilleure ma
nière d’être.
Alf. HENRI.
LA SEMAINE
L’instruction de la Haute-Cour
L’instruction de la Haute-Cour est
close et le rapport de M. Bérenger
est livré à la publicité. Ce document
qui n’a pas moins de trente pages
d’impression grand format, est divisé
en trois parties : 1° faits généraux ;
2° question de droit ; 3° charges indi
viduelles contre chacun des inculpés.
Dans la première partie, M. Béren
ger fait un long historique de tous
les faits déjà connus et examine no
tamment le rôle des différentes Ligues
incriminées : la Ligues des patriotes,
fondée par Déroulède après 1870; la
Ligue antisémite, dirigée par Guérin ;
la Jeunesse antisémite nationaliste,
créée et présidée par Dubuc; la Jeu
nesse royaliste, organisation nouvelle,
substituée depuis quelques années,
sous l’influence d’éléments actifs et
résolus, aux cadres jugés trop vieux
dans le but hautement proclamé de
passer de la propagande à l’action.
M. Bérenger aborde ensuite la
question de droit qu’il faudrait pou
voir citer in extenso , ainsi que les
charges individuelles contre chacun
des inculpés.
Et maintenant que la commission
d’instruction a terminé ses travaux,
il n’y a plus rien à signaler du côté
de la Haute-Cour, si ce n’est que M.
Bérenger a quitté Paris jeudi matin
pour se rendre dans sa propriété d’Ha-
lincourt où il compte rester jusqu’à
la fin du mois.
Le Sénat, réuni en Haute-Cour,
siégera le 9 novembre.
★
* *
Désastre de la mission Bretonnet
en Afrique
La mission Bretonnet, l’avant-
garde de la mission Gentil, qui se
dirigeait vers le Tchad, où elle devait
rejoindre la mission Youlet-Chanoine,
de funeste mémoire, et la mission
Eoureau-Lamy qui, seule, a, dit-on,
réussi à atteindre le but de son explo
ration, vient d’être massacrée par
Rabah , un des plus puis ants chefs de
l’Afrique centrale, un émule de Sa-
mory.
Le lieutenant Braun et le maréchal
des logis Martin ont trouvé la mort
dans l’engagement qui eut lieu contre
Rabah.
Décidément, la France n’a guère
de chance avec les missions qu’elle
envoie vers le Tchad.
*
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La guerre Sud Africaine
Ce n’est pas seulement un insuccès,
ce n’est pas seulement une défaite
qui a signalé la première journée de
la bataille de Ladysmith, c’est un vé
ritable désastre, et le mot s’impose si
bien, que c’est celui dont le général
White lui-même s'est servi dans la
dépêche qu’il a adressée, consterné,
au ministère de la guerre.
Il faut que les Anglais en prennent
leur parti maintenant et reconnais
sent définitivement que les Boërs ne
sont pas seulement des adversaires sé
rieux, mais des adversaires redouta
bles et même des vainqueurs possibles
à forces égales. Or, à Ladysmith, ils
ont pour eux, en même temps qu’une
artillerie excellente et nombreuse, une
écrasante supériorité numérique. Le
général White ne peut plus avoir
maintenant que 8 à 10,000 hommes,
probablement même 8,000 seulement,
même avec l’appui de la brigade na
vale qui lui est arrivée lundi dans la
matinée, et dont la puissante artillerie
à tir rapide l’a sauvé d’une catastro
phe immédiate. Cette petite armée a
actuellement devant elle, avait du
moins lundi, certainement 30,000
hommes, qui se multiplient comme
par enchantement. On annonce qu’ils
seront bientôt 40,000 et même 60,000,
et tous ces combattants ne viennent
naturellement pas des deux républi
ques ; le Cap et Natal en fournissent
une bonne part. H est facile, dans ces
conditions, de prévoir le résultat de la
bataille qui a commencé mercredi.
D’aure part, suivant leur tactique
habituelle, les Boërs se sont emparés
de Coleson, interceptant toute commu
nication des Anglais bloqués à Lady
smith, avec le général en chef nouvel
lement arrivé à Port-Natal (Durban).
Il paraît que les mules sont, en
grande partie, la cause du désastre de
l’armée anglaise ; nous voulons bien
le croire pour l’honneur des troupes
britanniques, formant des vœux sin
cères pour que les malheureuses bêtes
ne recommencent plus, à l’avenir, de
pareilles incartades.
LÀ COMMISSION DU BUDGET
M. Waldeck-Rousseau et M. Del-
cassé ont tenté lundi une démarche
auprès de la Commission du budget
pour lui demander de revenir sur son
double vote : suppression de l’ambas
sade auprès du Vatican, réduction du
budget des Cultes.
Le président du Conseil et le mi
nistre des affaires étrangères préten
daient que le maintien de notre am
bassade auprès du Saint Siège s’im
posait à cette heure où notre protec
torat est battu en brèche avec tant de
vigueur en Orient et en Extrême
Orient.
Avec juste raison, la Commission
ne s’est pas laissée convaincre par les
arguments des deux ministres et par
12 voix contre 9 et une abstention a
maintenu ses décisions antérieures.
Ont voté les suppressions : MM.
Bérard, Dubief, Bertaux, Doumer-
gue, Salis, Merlou, Tourgnol, Berthe-
lot, Bourrât, Maurice Pelletan, Me
sureur.
Ont voté contre : MM. Boudenoot,
Delombre, Sauzet, Théry, Rouvier,
Georges Berger, Sibille, Le Moigne
et Cochery.
M. Lasserre a déclaré que, parti
san des crédits supprimés, il s’abste
nait pour marquer sa défiance vis-à-
vis du gouvernement.
La Rentrée des Chambres
Les Chambres rentrent le 14; la
joie a dû être grande parmi les dépu
tés qui ont amassé et collectionné les
griefs contre le cabinet et qui ont
dans leur poche une interpellation
et un discours. Car elle est déjà très
fournie la liste des interpellations sur
les suj - ts les plus différents, et elle
est très ardente la cohorte des ques
tionneurs qui espère, par cette guerre
de francs-tireurs, attirer le ministère
par une embuscade et remporter, à un
moment donné, par une série d’atta
ques multipliées, quelque avantage
décisif.
La petite manœvre doit être sur le
champ démasquée. Il serait puéril de
se livrer à de vaines et irritantes es
carmouches, à des querelles de per
sonnes, à de mesquines aaquineries,
d’écouter ses antipathies ou ses rancu
nes, de prétendre viser tel ou tel mi
nistre, de chercher des diversions.
Et puisqu’on veut un débat, il faut
qu’il soit large, complet, étendu à la
politique générale, et non pas localisé
à de petits faits, et alimenté exclusi
vement par les déceptions des ambi
tieux épris de quelque revanche.
En supposant même que les opposi
tions, toujours nerveuses et impatien
tes, aient la prudence d’ajourner un
échange d’explications, je crois que
l’intérêt du parti républicain, comme
celui du cabinet, est d’engager immé
diatement la grande bataille.
Il faut qu’un grand débat politi
que remette un peu d’ordre dans les
esprits, qu’on en finisse avec cette ma
nœuvre honteuse de ceux qui cher
chent à exploiter l’amour du drapeau
pour les intérêts politiques inavoua
bles et qui veulent cacher à l’abri de
ses plis leurs petites lâchetés, leurs
défaillances d’opinions, leurs projets
de conspirateurs.
La France a une politique, et le
nationalisme n’est qu’une supercherie
de parti intéressé à ne pas lutter à
visage découvert.
La France a un programme de ré
formes et la prétendue défense de
l’armée n’est qu’une habileté destinée
à masquer des doctrines antipathi
ques au pays.
L’armee doit être placée en dehors
de toutes nos querelles ; laissons-là à
son œuvre qui est assez grande sans
que les politiciens viennent la troubler
ou la compromettre par une protec
tion dont elle n’a nulbesoin.
Et dans le grand débat qui s’ou
vrira à la Chambre, il faudra arra
cher résolument tous les masques,
montrer que cette prétendue défense
de l’armée cache simplement la cons
piration des éternels ennemis de la
République qui essaient de surpren
dre, à l’aide de cette tactique, la con
fiance de la France.
Deux importants
Projets de Loi
En dehors du projet de loi sur les
syndicats professionnels, dont nous
avons parlé dernièrement, et du projet
sur le droit d’association que le conseil
a approuvé mardi matin, le gouver
nement va examiner, dans ses pro
chaines réunions, en vue de les dé
poser à la rentrée, deux importants
projets de loi.
L’un concerne la liberté de l’ensei
gnement et tend à régler les condi
tions d’admission aux fonctions pu
bliques ; il s’agirait d’exiger des
futurs fonctionnaires la production
d’un certificat d’études qui serait dé
livré dans les établissements publics
d’enseignement.
L’autre projet est relatif à la juri
diction des conseils de guerre et au
fonctionnement de ces tribunaux spé
ciaux en temps de paix.
LÀ RÉFORME DE LÀ
JUSTICE MILITAIRE
Ainsi qu’il était facile de le pré
voir, la question de la réforme de la
justice militaire est à l’ordre du jour.
A l’heure actuelle, la cause de cette
réforme est gagnée. Des projets de
loi, dans ce sens, ont été déposés par
l’initiative parlementaire ; le Comité
du Contentieux, institué au minis
tère de la guerre, en a étudié un de
son côté.
Reste à savoir ce que doit être et ce
que va être cette réforme. M. Gaston
Bouniols, qui a été secrétaire du Co
mité du contentieux au ministère de
la guerre, nous expose, dans la Nou
velle Revue , les vues de ce comité sur
ce point et les principales dispositions
du projet de loi que ce dernier compte
soumettre au Parlement.
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