Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-10-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 octobre 1899 28 octobre 1899
Description : 1899/10/28 (N183). 1899/10/28 (N183).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263382j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thoihmeret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique, aura lieu le
Vendredi 3 Novembre , à huit heures
trois quarts du soir, au Cercle Franklin.
La présence de tous les membres
est obligatoire.
Ordre du Jour :
Lecture du dernier procès-verbal ;
Questions municipales ;
Paiement des cotisations.
Les édiles adhérents sont instamment
priés d'y assister.
LES
Employés de Magasin
ET
Le Petit Havre
Les gens du Petit Havre vien
nent de faire une importante décou
verte ! Et ils Tannoncent sérieuse
ment au public. II y aurait un vaste
complot des grands magasins contre
les petits ! Les employés, dans leurs
revendications, seraient purement
et simplement les instruments des
gros capitalistes, des pantins dont
on tirerait les ficelles !
Voilà à quel genre d’arguments ne
craint pas de recourir le moniteur
officiel de l’opportunisme local ! Il
faut vraiment que sa cause soit bien
mauvaise pour en arriver là, et c’est
la première impression qu’ont éprou
vée tous ceux qui ont lu le singulier
article de M. Fénoux, intitulé : Un
point à éclaircir , et dans lequel il
a essayé une diversion du plus mau
vais goût.
Prétendre que les gens ne peuvent
s’inspirer que de considérations
tirées de leur état de sujétion et de
dépendance, celà révèle chez un
journaliste un singulier état d’esprit.
N’est-ce pas avouer soi-même que
l’on ne jouit d’aucune liberté dans
l’expression de sa pensée? N’est-ce
pas reconnaître qu’au Petit Havre
notamment, c’est le Conseil d’admi
nistration, composé des lumières
que l’on sait, qui dicte aux rédac
teurs leur ligne de conduite aussi
bien pour la politique générale que
pour les mille incidents de notre vie
locale ?
Nous conseillons à M. Fénoux et
à ses collaborateurs, de relire la
célèbre fable de La Fontaine sur le
renard qui a la queue coupée. Tour
nez-vous donc, de grâce, Messieurs,
qu’on vous voie... Ne seriez-vous si
sévère pour les employés que parce
que vous regrettez votre liberté
perdue ?
Ou, par exemple, M. Fénoux est
particulièrement maladroit, c’est
quand il s’attaque, à l’occasion de la
lettre d’un employé, à la maison
dont il fait partie. Il y a là un pro
cédé qu’on ne peut que désavouer,
car bien des gens peuvent se figurer
que le journaliste n’a agi, dans la
circonstance, que pour faire ren
voyer l’employé par son patron.
Nous savons que de tels desseins sont
loin de l’esprit de M. Fénoux, homme
pacifique et inoffensif, comme il se
proclame lui-même, et qui n’est
perfide qu’en période électorale,
quand il en reçoit l’ordre formel.
Mais il y a là une incorrection qu’il
sera le premier à reconnaître et à
désavouer, nous en sommes con
vaincus.
Au surplus, si ce calcul avait été
dans l’esprit du Petit Havre , il en
serait pour ses frais de malveillance.
Il doit savoir que le chef de la mai
son de commerce qu’il a attaquée à
l’occasion des revendications des
employés, n’a pas l’habitude de peser
sur les opinions ni sur les actes de
ses employés, en tant qu’ils agissent
en citoyens. Ce n’est pas chez lui
que l’on verra, comme cela a été
constaté dans diverses maisons op
portunistes, — le fait s’est produit
aux Forges et Chantiers l’année
dernière, — une mobilisation de
contre-maîtres pour la défense d’une
politique. Avant de lancer de telles
accusations contre ses adversaires,
le Petit Havre ferait bien de re
chercher ce qui s’est toujours passé
chez ses amis.
Il est possible que cette feuille
n’ait pas oublié le rôle actif joué en
1896, aux élections municipales, par
M. Landrieu, président du Comité
démocratique. Il paraît que, dans
certain clan, on n’a pas encore ac
cepté cette défaite et qu’on se pré
pare à de prochaines revanches. On
a conservé rancune de cette campa
gne menée aux cris : A bas Le Petit
Havre ! cri qui se présentait sou
vent sous une forme plus brutale.
Mais est-ce une raison pour s’at
taquer à tout un parti d’honnêtes
gens, en prétendant qu’il comprend
d’une part des patrons abusant de
leur autorité, d’autre part d’emplo
yés obéissant servilement à un mot
d’ordre ?
Dans certaines polémiques, un peu
de bonne foi ne serait pas de trop.
VERUS.
LA SEMAINE
Le complot
Le complot et l’attentat sont nette
ment établis par les réquisitions du
procureur général, et la commission
d’instruction a renvoyé les inculpés
devant la Haute-Cour.
M. Déroulède et ses comparses,
M. Buffet et ses lieutenants, sont
accusés d’avoir arreté et concerté un
complot contre la République ; il y a
donc eu entre eux une entente, un
accord. M. Déroulède et ses amis
sont accusés d’avoir commis un atten
tat le 23 février, et M. Buffet et ses
amis d’avoir provoqué au crime d’at
tentat et d’avoir aidé leurs auteurs.
L’instruction a confirmé probable
ment d’une façon plus décisive encore
les faits qui nous ont été révélés ; et
dans les bribes d’interrogatoires qui
ont été publiés, les prévenus ne sem
blent pas avoir caché leur intention
de se débarrasser du régime actuel.
Ils ont affirmé, il est vrai, que c’était
leur droit de haïr la République,
comme l’a proclamé M. André Buffet,
ou de vouloir la changer ou la trans
former en République césarienne,
comme l’a crié M. Déroulède. Mais,
si l’un et l’autre peuvent avoir
leur opinion, ils admettront bien
qu’un gouvernement ne saurait tolérer
des actes d’exécution ou des tenta
tives que les circonstances seules ont
fait échouer.
•k
* *
La réorganisation du Conseil
supérieur de la guerre
C’est bien une complète réorgani
sation du conseil supérieur de la
guerre qui résulte des décrets que le
ministre de la guerre a soumis mardi
à la signature du Président de la
République, et cette réorganisation
est inspirée par deux considérations
principales : la suppression de la
résidence fixe à Paris des membres du
conseil supérieur et le rajeunissement
de l’écat-major général de l’armée.
Le général. GiovancÂpeUL et le
général Hervé, promus mercredi à la
dignité de grand’croix de la Légion
d’honneur, sont mis en disponibilité ;
une pareille mesure est prise à l’égard
du général Langlois.
Le général Hervé était à la tête de
l’armée de l’Est ; sa valeur au point
de vue militaire n’était pas discu
table ; mais un tel commandement
exige un homme d'une vigueur et
d’une santé à toute épreuve. Le
général Hervé avait été frappé, l’hi
ver dernier, d’une attaque dont il
s’était péniblement relevé.
Le général Giovanninelli ne pouvait
plus, depuis longtemps, monter à
cheval ; en outre, sa santé avait été
fortement compromise, dans ces der
niers temps, et ses fonctions d’inspec
teur d’armée lui devenaient, de jour
en jour, plus difficiles.
Des raisons analogues ont déter
miné le remplacement du général
L|nglois. Et si, le ministre poursuit
le rajeunissement des cadres, d’autres
mutations importantes auront proba
blement lieu dans les hauts comman
dements.
★
* *
La guerre au Transwaal
Le gouvernement anglais, qui ne
laisse plus passer aucune dépêche et
qui garde pour lui les télégrammes
officiels qui n’annoncent pas des vic
toires, faisait communiquer, mardi,
à la Chambre des communes un
résumé de la situation fait par le
généralissime des armées britanniques,
Lord Wolseley, annonçant l’évacua
tion de Dundee.
C’est par le même procédé d’infor
mation que l’on a appris, à Londres,
l’évacuation de Glencoe avec quelque
soulagement, car on redoutait presque
un échec et une reculade.
Après les pertes de ces jours der
niers, l’armée anglaise de Natal se
trouve un peu réduite et ne doit plus
co.npter les 15,000 hommes dont sir
George White disposait il y a quelques
jours.
Du côté de la frontière sud de l’Etat
libre aussi la situation devient exces
sivement critique ; oÿ télégraphie de
Colesbourg au Times que la ville est
à la merci des Boers et qu’elle sera
évacuée à leur approche.
Enfin, l’invasion du Zoulouland
par Melmoth est confirmée.
Ce n’était pas la peine d’annoncer
si bruyamment les éclatantes vic
toires remportées sur l’armée du
Transwaal.
La conséquence de ces grands suc
cès dont l’Angleterre s’est grisé pen
dant trois jours, c’est que la colonie
du Cap est depuis hier livrée à l’in
vasion et que les Boers y pénètrent
par tous les côtés, aussi bien par la
frontière du nord-ouest que par celle
du uord-est.
La grande activité qui règne dans
les arsenaux de la marine anglaise,
les préparatifs de la mobilisation de
la flotte ont fait naître dans le monde
des affaires et dans tous les cercles
anglais une certaine inquiétude.
Le Colonial Office et le War Office
observent une attitude de sphinx, et
l’on ne peut obtenir aucune infor
mation.
Le public, devant cette réserve, est
la proie des nouvelles fantaisistes de
certaines feuilles qui ont fait de la
sensation le premier point de leur
programme. D’après elles, c’est tantôt
la Russie qui va s’emparer de la Perse,
tantôt la France qui va s’annexer
tout ou partie du Maroc.
L'opinion publique anglaise, ainsi
artificiellement montée, devient d’une
névrosité telle qu’elle finira par cons
tituer un véritable danger. Il y a là
un fait très réel et très caractéristique
qui est à signaler, parce qu’à un
moment donné il peut dominer la
situation.
M. Siegfried
Nous sommes assez indifférents aux
diverses manigances auxquelles donne
lieu la préparation des élections séna
toriales, ce qui ne nous empêcherait
pas de fournir, en temps et lieu, tous
renseignements utiles sur cette ques
tion. 11 ne faut pas oublier, en effet,
que ces élections auront lieu à la date
du second dimanche de janvier 1900.
Cependant, quel que soit notre
désintéressement dans la question,
nous ne pouvons laisser passer sous
silence les attaques maladroites donti
M. Siegfried a cru devoir prendre la
responsabilité, dimanche dernier à
Dieppe, à l’adresse de M. Millerand.
Nous nous figurions que M. Sieg
fried soutenait le ministère. Nous
serions-nous trompés ? C’est une ques
tion que l’on élucidera au Congrès
sénatorial.
Si cependant il est avéré que M.
Siegfried, déjà combattu comme pro
testant dans les campagnes et aussi
dans la région rouennaise, lâché par
tffs de ses amis opportunistes que
nous pourrions citer dans l’arrondis
sement du Havre, combat h- parti
avancé qui avait approuvé son atti
tude au Sénat dans la question de la
loi de dessaisissement, avec quelles
voix compte-t-il être réélu sénateur ?
S’imagine-t-il qu’elles lui tomberont
de la lune ?
Une réponse, s. v. p.
À bas les masques !
Il semble qu’il faudrait renoncer
désormais à ces qualificatifs de drey
fusards et d’antidreyfusards que quel
ques polémistes attardés veulent main
tenir dans le langage courant pour
mieux masquer leurs opinions. Il y a
actuellement bon nombre d’hommes
politiques qui persistent à garder ce
titre par mesure d’habileté, et qui ne
sont que des républicains renégats.
C’est encore un moyen dissimulé pour
donner une apparence d’homogénéité
à une coalition qui veut renverser la
République.
Il faut, désormais, percer à jour ces
habiletés. Il n’y a plus de dreyfusards
et d’antidreyfusards, il y a des répu
blicains et des réactionnaires ; et de
même qu’il y a eu, parmi les dreyfu
sards, des réactionnaires, il y a eu
parmi les antidreyfusards des répu
blicains.
Aujourd’hui, l’affaire est terminée.
Chacun reprend son étiquette et
affirme sa foi ; et dans les batailles
qui vont s’ouvrir, il ne faudra plus
s’abriter derrière des mots, on devra
arborer nettement son drapeau, ltuter
à visage découvert, dire si on est
républicain ou si on est réactionnaire,
si on est pour ou contre la liberté de
conscience.
Il semble qu’il faille être, aujour
d’hui, nationalistes ou antinationa
listes, militaristes ou antimilitaristes.
C’est absurde, et ce n’est qu’un piège
tendu à l’opinion pour la détourner
des..réformes politiques, et sociales, et
limiter son horizon.
Le nationalisme n’est pas une opi
nion, il n’est qu’une tactique.
La défense de la République
On° a voulu établir des divergences
d’opinions entre M. Caillaux et M.
Millerand, à propos des des récents
discours qu’ils ont prononcés.
Ce n’est pas là un fait nouveau.
Ces divergences existaient au mo
ment ou le cabinet s’est constitué. On
savait bien que M. Millerand était
socialiste, que M. Baudin était radi-
socialiste, que MM. Caillaux et Mo-
nis étaient républicains progressistes,
nous pourrions continuer cette énu
mération. Aucun ministre n’a mis
son drapeau dans sa poche ; M. le
président du conseil a fait appel aux
bonnes volontés des représentants du
parti républicain tout entier pour une
œuvre de défense ; on ne saurait re
procher à ceux qui sont rangés au
tour de lui de s’être inspirés des idées
de conciliation. Et, en dehors même
de la mission de protéger nos insti
tutions contre les réactions coalisées
il réussira, n’en doutons pas, à doter
le pays de quelques lois de réforme,
ses collaborateurs étant résolus à s’ins
pirer des sentiments de concorde des
tinés à favoriser une politique de ré
sultats.
LA LIBERTE DI COHNERCE
Dans une récente conférence, au
Cercle Franklin, un orateur socialiste
est venu nous déclarer qu’il n’était
point partisan de la liberté du com
merce ■; c’est là, il faut en conve
nir, une grave déclaration de la part
d’un homme qui, dans ces dernières
années, s’est prononcé pour l’émanci
pation du citoyen.
L’histoire nous prouve de façon
indéniable, que les entraves mises à
la liberté du commerce ont toujours
eu pouf résultat de nuire à la prospé
rité du pays, de retarder la marche
du progrès. L’Angleterre, l’Allema
gne, les Etats-Unis, ces trois grands
peuples qui sont aujourd’hui les pre
miers dn monde en matière commer-
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Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
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Secrétaire de la Rédaction F. thoihmeret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
La réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique, aura lieu le
Vendredi 3 Novembre , à huit heures
trois quarts du soir, au Cercle Franklin.
La présence de tous les membres
est obligatoire.
Ordre du Jour :
Lecture du dernier procès-verbal ;
Questions municipales ;
Paiement des cotisations.
Les édiles adhérents sont instamment
priés d'y assister.
LES
Employés de Magasin
ET
Le Petit Havre
Les gens du Petit Havre vien
nent de faire une importante décou
verte ! Et ils Tannoncent sérieuse
ment au public. II y aurait un vaste
complot des grands magasins contre
les petits ! Les employés, dans leurs
revendications, seraient purement
et simplement les instruments des
gros capitalistes, des pantins dont
on tirerait les ficelles !
Voilà à quel genre d’arguments ne
craint pas de recourir le moniteur
officiel de l’opportunisme local ! Il
faut vraiment que sa cause soit bien
mauvaise pour en arriver là, et c’est
la première impression qu’ont éprou
vée tous ceux qui ont lu le singulier
article de M. Fénoux, intitulé : Un
point à éclaircir , et dans lequel il
a essayé une diversion du plus mau
vais goût.
Prétendre que les gens ne peuvent
s’inspirer que de considérations
tirées de leur état de sujétion et de
dépendance, celà révèle chez un
journaliste un singulier état d’esprit.
N’est-ce pas avouer soi-même que
l’on ne jouit d’aucune liberté dans
l’expression de sa pensée? N’est-ce
pas reconnaître qu’au Petit Havre
notamment, c’est le Conseil d’admi
nistration, composé des lumières
que l’on sait, qui dicte aux rédac
teurs leur ligne de conduite aussi
bien pour la politique générale que
pour les mille incidents de notre vie
locale ?
Nous conseillons à M. Fénoux et
à ses collaborateurs, de relire la
célèbre fable de La Fontaine sur le
renard qui a la queue coupée. Tour
nez-vous donc, de grâce, Messieurs,
qu’on vous voie... Ne seriez-vous si
sévère pour les employés que parce
que vous regrettez votre liberté
perdue ?
Ou, par exemple, M. Fénoux est
particulièrement maladroit, c’est
quand il s’attaque, à l’occasion de la
lettre d’un employé, à la maison
dont il fait partie. Il y a là un pro
cédé qu’on ne peut que désavouer,
car bien des gens peuvent se figurer
que le journaliste n’a agi, dans la
circonstance, que pour faire ren
voyer l’employé par son patron.
Nous savons que de tels desseins sont
loin de l’esprit de M. Fénoux, homme
pacifique et inoffensif, comme il se
proclame lui-même, et qui n’est
perfide qu’en période électorale,
quand il en reçoit l’ordre formel.
Mais il y a là une incorrection qu’il
sera le premier à reconnaître et à
désavouer, nous en sommes con
vaincus.
Au surplus, si ce calcul avait été
dans l’esprit du Petit Havre , il en
serait pour ses frais de malveillance.
Il doit savoir que le chef de la mai
son de commerce qu’il a attaquée à
l’occasion des revendications des
employés, n’a pas l’habitude de peser
sur les opinions ni sur les actes de
ses employés, en tant qu’ils agissent
en citoyens. Ce n’est pas chez lui
que l’on verra, comme cela a été
constaté dans diverses maisons op
portunistes, — le fait s’est produit
aux Forges et Chantiers l’année
dernière, — une mobilisation de
contre-maîtres pour la défense d’une
politique. Avant de lancer de telles
accusations contre ses adversaires,
le Petit Havre ferait bien de re
chercher ce qui s’est toujours passé
chez ses amis.
Il est possible que cette feuille
n’ait pas oublié le rôle actif joué en
1896, aux élections municipales, par
M. Landrieu, président du Comité
démocratique. Il paraît que, dans
certain clan, on n’a pas encore ac
cepté cette défaite et qu’on se pré
pare à de prochaines revanches. On
a conservé rancune de cette campa
gne menée aux cris : A bas Le Petit
Havre ! cri qui se présentait sou
vent sous une forme plus brutale.
Mais est-ce une raison pour s’at
taquer à tout un parti d’honnêtes
gens, en prétendant qu’il comprend
d’une part des patrons abusant de
leur autorité, d’autre part d’emplo
yés obéissant servilement à un mot
d’ordre ?
Dans certaines polémiques, un peu
de bonne foi ne serait pas de trop.
VERUS.
LA SEMAINE
Le complot
Le complot et l’attentat sont nette
ment établis par les réquisitions du
procureur général, et la commission
d’instruction a renvoyé les inculpés
devant la Haute-Cour.
M. Déroulède et ses comparses,
M. Buffet et ses lieutenants, sont
accusés d’avoir arreté et concerté un
complot contre la République ; il y a
donc eu entre eux une entente, un
accord. M. Déroulède et ses amis
sont accusés d’avoir commis un atten
tat le 23 février, et M. Buffet et ses
amis d’avoir provoqué au crime d’at
tentat et d’avoir aidé leurs auteurs.
L’instruction a confirmé probable
ment d’une façon plus décisive encore
les faits qui nous ont été révélés ; et
dans les bribes d’interrogatoires qui
ont été publiés, les prévenus ne sem
blent pas avoir caché leur intention
de se débarrasser du régime actuel.
Ils ont affirmé, il est vrai, que c’était
leur droit de haïr la République,
comme l’a proclamé M. André Buffet,
ou de vouloir la changer ou la trans
former en République césarienne,
comme l’a crié M. Déroulède. Mais,
si l’un et l’autre peuvent avoir
leur opinion, ils admettront bien
qu’un gouvernement ne saurait tolérer
des actes d’exécution ou des tenta
tives que les circonstances seules ont
fait échouer.
•k
* *
La réorganisation du Conseil
supérieur de la guerre
C’est bien une complète réorgani
sation du conseil supérieur de la
guerre qui résulte des décrets que le
ministre de la guerre a soumis mardi
à la signature du Président de la
République, et cette réorganisation
est inspirée par deux considérations
principales : la suppression de la
résidence fixe à Paris des membres du
conseil supérieur et le rajeunissement
de l’écat-major général de l’armée.
Le général. GiovancÂpeUL et le
général Hervé, promus mercredi à la
dignité de grand’croix de la Légion
d’honneur, sont mis en disponibilité ;
une pareille mesure est prise à l’égard
du général Langlois.
Le général Hervé était à la tête de
l’armée de l’Est ; sa valeur au point
de vue militaire n’était pas discu
table ; mais un tel commandement
exige un homme d'une vigueur et
d’une santé à toute épreuve. Le
général Hervé avait été frappé, l’hi
ver dernier, d’une attaque dont il
s’était péniblement relevé.
Le général Giovanninelli ne pouvait
plus, depuis longtemps, monter à
cheval ; en outre, sa santé avait été
fortement compromise, dans ces der
niers temps, et ses fonctions d’inspec
teur d’armée lui devenaient, de jour
en jour, plus difficiles.
Des raisons analogues ont déter
miné le remplacement du général
L|nglois. Et si, le ministre poursuit
le rajeunissement des cadres, d’autres
mutations importantes auront proba
blement lieu dans les hauts comman
dements.
★
* *
La guerre au Transwaal
Le gouvernement anglais, qui ne
laisse plus passer aucune dépêche et
qui garde pour lui les télégrammes
officiels qui n’annoncent pas des vic
toires, faisait communiquer, mardi,
à la Chambre des communes un
résumé de la situation fait par le
généralissime des armées britanniques,
Lord Wolseley, annonçant l’évacua
tion de Dundee.
C’est par le même procédé d’infor
mation que l’on a appris, à Londres,
l’évacuation de Glencoe avec quelque
soulagement, car on redoutait presque
un échec et une reculade.
Après les pertes de ces jours der
niers, l’armée anglaise de Natal se
trouve un peu réduite et ne doit plus
co.npter les 15,000 hommes dont sir
George White disposait il y a quelques
jours.
Du côté de la frontière sud de l’Etat
libre aussi la situation devient exces
sivement critique ; oÿ télégraphie de
Colesbourg au Times que la ville est
à la merci des Boers et qu’elle sera
évacuée à leur approche.
Enfin, l’invasion du Zoulouland
par Melmoth est confirmée.
Ce n’était pas la peine d’annoncer
si bruyamment les éclatantes vic
toires remportées sur l’armée du
Transwaal.
La conséquence de ces grands suc
cès dont l’Angleterre s’est grisé pen
dant trois jours, c’est que la colonie
du Cap est depuis hier livrée à l’in
vasion et que les Boers y pénètrent
par tous les côtés, aussi bien par la
frontière du nord-ouest que par celle
du uord-est.
La grande activité qui règne dans
les arsenaux de la marine anglaise,
les préparatifs de la mobilisation de
la flotte ont fait naître dans le monde
des affaires et dans tous les cercles
anglais une certaine inquiétude.
Le Colonial Office et le War Office
observent une attitude de sphinx, et
l’on ne peut obtenir aucune infor
mation.
Le public, devant cette réserve, est
la proie des nouvelles fantaisistes de
certaines feuilles qui ont fait de la
sensation le premier point de leur
programme. D’après elles, c’est tantôt
la Russie qui va s’emparer de la Perse,
tantôt la France qui va s’annexer
tout ou partie du Maroc.
L'opinion publique anglaise, ainsi
artificiellement montée, devient d’une
névrosité telle qu’elle finira par cons
tituer un véritable danger. Il y a là
un fait très réel et très caractéristique
qui est à signaler, parce qu’à un
moment donné il peut dominer la
situation.
M. Siegfried
Nous sommes assez indifférents aux
diverses manigances auxquelles donne
lieu la préparation des élections séna
toriales, ce qui ne nous empêcherait
pas de fournir, en temps et lieu, tous
renseignements utiles sur cette ques
tion. 11 ne faut pas oublier, en effet,
que ces élections auront lieu à la date
du second dimanche de janvier 1900.
Cependant, quel que soit notre
désintéressement dans la question,
nous ne pouvons laisser passer sous
silence les attaques maladroites donti
M. Siegfried a cru devoir prendre la
responsabilité, dimanche dernier à
Dieppe, à l’adresse de M. Millerand.
Nous nous figurions que M. Sieg
fried soutenait le ministère. Nous
serions-nous trompés ? C’est une ques
tion que l’on élucidera au Congrès
sénatorial.
Si cependant il est avéré que M.
Siegfried, déjà combattu comme pro
testant dans les campagnes et aussi
dans la région rouennaise, lâché par
tffs de ses amis opportunistes que
nous pourrions citer dans l’arrondis
sement du Havre, combat h- parti
avancé qui avait approuvé son atti
tude au Sénat dans la question de la
loi de dessaisissement, avec quelles
voix compte-t-il être réélu sénateur ?
S’imagine-t-il qu’elles lui tomberont
de la lune ?
Une réponse, s. v. p.
À bas les masques !
Il semble qu’il faudrait renoncer
désormais à ces qualificatifs de drey
fusards et d’antidreyfusards que quel
ques polémistes attardés veulent main
tenir dans le langage courant pour
mieux masquer leurs opinions. Il y a
actuellement bon nombre d’hommes
politiques qui persistent à garder ce
titre par mesure d’habileté, et qui ne
sont que des républicains renégats.
C’est encore un moyen dissimulé pour
donner une apparence d’homogénéité
à une coalition qui veut renverser la
République.
Il faut, désormais, percer à jour ces
habiletés. Il n’y a plus de dreyfusards
et d’antidreyfusards, il y a des répu
blicains et des réactionnaires ; et de
même qu’il y a eu, parmi les dreyfu
sards, des réactionnaires, il y a eu
parmi les antidreyfusards des répu
blicains.
Aujourd’hui, l’affaire est terminée.
Chacun reprend son étiquette et
affirme sa foi ; et dans les batailles
qui vont s’ouvrir, il ne faudra plus
s’abriter derrière des mots, on devra
arborer nettement son drapeau, ltuter
à visage découvert, dire si on est
républicain ou si on est réactionnaire,
si on est pour ou contre la liberté de
conscience.
Il semble qu’il faille être, aujour
d’hui, nationalistes ou antinationa
listes, militaristes ou antimilitaristes.
C’est absurde, et ce n’est qu’un piège
tendu à l’opinion pour la détourner
des..réformes politiques, et sociales, et
limiter son horizon.
Le nationalisme n’est pas une opi
nion, il n’est qu’une tactique.
La défense de la République
On° a voulu établir des divergences
d’opinions entre M. Caillaux et M.
Millerand, à propos des des récents
discours qu’ils ont prononcés.
Ce n’est pas là un fait nouveau.
Ces divergences existaient au mo
ment ou le cabinet s’est constitué. On
savait bien que M. Millerand était
socialiste, que M. Baudin était radi-
socialiste, que MM. Caillaux et Mo-
nis étaient républicains progressistes,
nous pourrions continuer cette énu
mération. Aucun ministre n’a mis
son drapeau dans sa poche ; M. le
président du conseil a fait appel aux
bonnes volontés des représentants du
parti républicain tout entier pour une
œuvre de défense ; on ne saurait re
procher à ceux qui sont rangés au
tour de lui de s’être inspirés des idées
de conciliation. Et, en dehors même
de la mission de protéger nos insti
tutions contre les réactions coalisées
il réussira, n’en doutons pas, à doter
le pays de quelques lois de réforme,
ses collaborateurs étant résolus à s’ins
pirer des sentiments de concorde des
tinés à favoriser une politique de ré
sultats.
LA LIBERTE DI COHNERCE
Dans une récente conférence, au
Cercle Franklin, un orateur socialiste
est venu nous déclarer qu’il n’était
point partisan de la liberté du com
merce ■; c’est là, il faut en conve
nir, une grave déclaration de la part
d’un homme qui, dans ces dernières
années, s’est prononcé pour l’émanci
pation du citoyen.
L’histoire nous prouve de façon
indéniable, que les entraves mises à
la liberté du commerce ont toujours
eu pouf résultat de nuire à la prospé
rité du pays, de retarder la marche
du progrès. L’Angleterre, l’Allema
gne, les Etats-Unis, ces trois grands
peuples qui sont aujourd’hui les pre
miers dn monde en matière commer-
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