Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-10-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 octobre 1899 21 octobre 1899
Description : 1899/10/21 (N182). 1899/10/21 (N182).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633814
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
i* Année — NM 82
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 21 Octobre 1899
Havre
DÉPÔT LÉGAL
*
mm
Organe du Parti Républicain Démocravic^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements , » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. THOMMERET
LTmprïMEUR-GÉRANT F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces ... 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Demandez le Réveil
i>u Havre dans tous les
kiosques et cliez les mai*
chands de journaux le
samedi matin.
AHURISSEMENT
Le Petit Havre n’en revient pas!
Songez donc, un ministre du cabinet
actuel, M. Millerand, pour le nom
mer par son nom, au cours de son
voyage à Lille, dimanche dernier, a
osé dire toute sa pensée à ses amis
politiques. Le Petit Havre n’a jamais
vu ça, un ministre montrant de la
franchise dans ses actes et dans ses
propos. Et il s’indigne !
On conçoit en effet que l’attitude de
Millerand soit fait pour surprendre
la feuille opportuniste. Quand on a
soutenu des Rispal, des Brindeau, et
tant d’autres lumières, dont toute la
politique consiste à faire de belles
promesses aux républicains, et, en
même temps, à négocier avec les
cléricaux de La Croix , pour s’assu
rer une majorité, la franchise doit
surprendre chez autrui. Il y a là une
tendance d’esprit que nous compre
nons parfaitement chez les oppor
tunistes habitués à avouer un but et
à en poursuivre un autre.
Il n’y a pas à s’arrêter autrement
aux imprécations du Petit Havre,
son indignation contre Millerand
étant une attestation de moralité et
d’honnêteté à ce ministre socialiste.
Ou ce journal devient, par exem
ple, tout simplement grotesque, c’est
quand il s’écrie par la plume de M.
Fénoux : « Le pacte est rompu. M.
Millerand n’avait pas le droit de
parler franchement. Nous lâchons le
ministère ! » Et quand donc le Petit
Havre a-t-il soutenu le ministère,
qui, du reste, se moque un peu de
tous les Petit Havre de France?
N’est-il pas au contraire certain que,
dans toutes les occasions qui se sont
présentées depuis l’arrivée au pou
voir du ministère Waldeck-Rous-
seau-Millerand, cette feuille n’a
laissé passer aucune occasion de
dénigrer le gouvernement ?
C’est donc de la comédie pure,
nous devrions dire delà farce la plus
grossière, de dire que l’on va lâcher
le ministère, alors qu’on l’a toujours
combattu avec des arguments d’une
sincérité et d’un goût douteux.
Décidément, M. Fénoux devient gai.
Ses sympathies passeraient-elles de
la Comédie Française au Palais
Royal? On le croirait.
Que le ministère se rassure, l’hos
tilité de ceux qui ont trahi la répu
blique pour des questions de bouti
que, est pour lui le meilleur des
certificats. Il n’y aurait danger pour
lui que le jour ou les Petit Havre de
France et de Navarre le soutien
draient.
VERUS.
LA SEMAINE
La Haute-Cour
M. Bérenger compte qu’il aura
terminé l’instruction samedi soir et
qu’il transmettra son rapport lundi
matin à M. le procureur général.
Il estime que la commission siégeant
comme chambre des mises en accu
sation, pourra se réunir jeudi pro
chain, et que, par suite, les ordon
nances de renvoi ou de non-lieu
pourront être prononcées le samedi
28 octobre.
Le président devra ensuite prendre
connaissance du dossier. Il lui appar
tiendra de fixer la date des audiences
publiques en observant les délais de
distance nécessaires pour la citation
des témoins.
On pense que la Haute-Cour pourra
être convoquée vers le 5 ou 6 no
vembre.
On compte qu’après les ordon
nances de non-lieu il restera quinze
inculpés.
*
* *
Le drame du Soudan
Le drame du Soudan a commencé
d’une façon tragique et s’est terminé
malheureusement de même ; le colonel
Klobb assassiné par un officier fran
çais, le.lieutenant Meynier laissé pour
mort et ressuscité pour ainsi dire à la
suite de blessures atroces ; le capitaine
Voulet, meurtrier, et le capitaine
Chanoine se mettant en révolte contre
leur pays et exhortant leur escorte à
les suivre, tués par des soldats qui
ont eu recours à cette justice som
maire réservée aux traîtres ; on frémit
en lisant cette odyssée sanglante,
mais en même temps, au milieu de
toutes les lâchetés, de toutes les turpi
tudes, de toutes les vilenies du temps
présent, on ne peut s’empêcher de
reconnaître qu’il y a encore du sang
.généreux dans quelques belles âmes ;
on a salué le héros Klobb qui a bravé
la mort pour accomplir son devoir ; et
n’y a-t-il pas aussi le sentiment de
l’honneur et l’amour profond de la
patrie dans ces soldats, au cœur
ardent, qui n’ont pu supporter l’idée
d’une félonie et qui ont vengé le chef
français tombé sous la balle d’un
officier français ?
*
* *
La guerre au Transwaal
Le message de la reine annonçant
au Parlement la convocation de la
milice est une preuve que les auto
rités anglaises se rendent compte de
la gravité de la situation au Transwaal
et ne partagent pas la confiance
qu’affectent les journaux de Londres.
On dit bien que ces milices ne seront
pas envoyées dans l’Afrique du Sud,
mais elles remplaceront les troupes
qui y seront expédiées et l’on prévoit
sans doute que les 70,000 hommes de
sir Redvers Buller ne seront peut-être
pas suffisants si l’on lie veut pas se
laisser prendre une seconde fois au
dépourvu. On comprend maintenant
que l’on risque très sérieusement de
payer cher les bluffs de M. Cham
berlain.
Les nouvelles de Prétoria annon
cent que la première attaque du
général Croenje contre Mafeking n’a
pas réussi, et qu’il avait demandé et
reçu des renforts d’artillerie, mais
rien n’est venu confirmer jusqu’ici la
victoire anglaise, peut-être trop hâti
vement annoncée et dont, du reste,
le ministère de la guerre à Londres
déclare n’avoir pas été informé. Une
note a même été communiquée aux
journaux anglais pour les mettre en
garde contre des réjouissances pré
maturées.
Les seules nouvelles importantes
sont celles qui annoncent que les
Souazis et les Basutos se disposaient
à prendre les armes contre les Boers,
et que les Zoulous manifesteraient
aussi des intentions hostiles contre
eux. Mais ces dépêches sont d’origine
anglaise, par conséquent suspectes,
et ne doivent être accueillies que sous
bénéfice d’inventaire.
LA POLITIQUE
Antisémitisme et Anticléricalisme
Avant la campagne de l’antisémi
tisme, il n’était plus guère question
du cléricalisme, où, tout au moins,
la querelle avait perdu un peu de
son caractère de violence. On assis
tait bien, de temps à autre, à quelque
démonstrations belliqueuses de pré
lats, mais il suffisait de salutaires
avertissements pour calmer ces ar
deurs intempérantes.
Dans les Chambres, on ne songeait
pas à prendre des mesures (Mrigueur
ou à faire des lois de précaution et
de préservation contre les empiète
ments du clergé, et il semblait qu’on
pût se livrer aux douceurs de l’apai
sement. Cette pacification troublait
sans doute quelques esprits, car une
croisade contre la liberté de cons
cience a été organisée par des cléri
caux sous le couvert de l’antisémi
tisme. Il était évident que les répu
blicains , inquiets de ces efforts,
apercevant très nettement que cet
antisémitisme était destiné à masquer
des manœuvres cléricales, se préoc
cuperaient des mesures à prendre
pour le combattre. L’antisémitisme
devait nécessair«ment développer l’an-
ticléricalisme ; et c’est ainsi qu’on
parle de lois de défense pour la
société civile.
Les passions sectaires doivent fata
lement réveiller d’autres passions
assoupies ; il peut être très agréable
de vouloir persécuter des minorités ;
ce n’est pas très courageux, et ce
n’est pas très honorable ; mais on
voit très clairement ce que cache
cette campagne, encouragée par les
chefs du parti clérical ; et ce sont
les gens qui réclament l’apaisement
qui se livrent à ces atteintes à la
liberté de conscience. Us servent
bien mal leur cause; et, en face de
cette levée de boucliers, ils risquent
fort de ressusciter, dans les Cham
bres, la vieille bataille anticléricale.
Il - . —ro
RENDONS I CÉSAR
Hier matin, le Petit Havre a
publié, avec la signature de M.
Vallée, un article consacré à la ren
trée dans nos écoles primaires.
Dans cet article, M. Vallée, bien
renseigné sur toutes ces questions
qu’il a étudiées dans le personnel de
M. Garsault, le prédécesseur de M,
Lemoine comme inspecteur primaire,
constate les heureux effets de la gra
tuité des fournitures scolaires au
point de vue de la lutte contre l’en
seignement congréganiste.
Sur ce point, nous sommes d’ac
cord avec la feuille opportuniste,
tout en constatant que cette réforme
a été combattue par ses amis, notam
ment par le chef incontesté de la
minorité du Conseil municipal, M.
Nestor Rident, qui depuis...
Mais où le Petit Havre tombe
dans les inexactitudes, c’est quand
il fait un mérite à M. Genestald’avoir,
dans un rapport, d’ailleurs platoni
que, au Conseil général, que l’ensei
gnement primaire ne concerne aucu
nement, fait l’éloge des cantines
scolaires et de la gratuité des four
nitures scolaires.
Sans doute, on doit savoir gré à
M. Génestal de s’être rallié à une
réforme dont il s’est soucié comme
un poisson d’une pomme, quand il
était adjoint chargé de l’instruction
publique dans l’Administration Brin
deau. Mais on ne doit pas oublier
que cette double réforme a été effec
tuée par un Conseil municipal qui a
été élu contre M. Genestal et ses
amis.
Il est possible que M. Genestal,
administrateur du Petit Havre ,
commande à ses rédacteurs un cirage
sérieux de ses bonnes intentions,
sinon de ses actes. Ce n’est peut-être
pas une raison suffisante pour le
faire profiter de la popularité qui
s’attache à des réformes qu’il a
négligé de faire quand il était à la
Mairie, et que son ami Rident, lui
non plus, n’a pas voulu faire aboutir.
MAGISTER.
CONCENTRATION RÉPUBLICAINE
Il s’est trouvé dans tous les temps,
dans tous les partis, des hommes assez
courageux, pour exprimer hautement
leur opinion et pour combattre, même
au péril de leur existence, les abus
dont la Société pouvait être menacée.
Tout récemment, des gens de nuance
bien différente, ont concentré tous
leurs efforts, pour faire respecter les
lois odieusement violées. Royalistes,
opportunistes, radicaux et socialistes
se sont réunis, afin d’accomplir une
œuvre de justice, et la main dans la
main, ont marché comme un seul
homme pour le triomphe de la vérité.
Grâce à la fermeté de ceux qui nous
gouvernent, tout est aujourd’hui ren
tré dans le calme, et chacun peut ai
sément, suivant ses idées, travailler
utilement aux affaires du pays. Rien
n’est changé, si ce n’est que l’agita
tion a fait place à la tranquillité.
D’où vient donc que des hommes,
ayant toujours combattu d’autres
hommes, cherchent maintenant à se
reconcilier, parce qu’ils ont lutté en
semble pour la défense d’une noble
cause ? D’où vient que des opportu
nistes fervents, adversaires acharnés
de radicaux sincères, essayent par
tous les moyens de se rapprocher
d’eux et sous le prétexte de concen
tration républicaine, ne dédaignent
plus de s’allier à ceux qu’ils ont au
trefois tant malmenés ? Point est né
cessaire de faire une longue étude pour
comprendre cet état de choses.
Comme je le disais au début de cet
article, il est des gens, opportunistes
enragés, mais évidemment des hommes
de cœur, qui n’ont pas craint, dans
l’affaire Dreyfus, d’exprimer haute
ment leurs idées. Cette franchise leur
a valu le mépris des amis politiques
et, tel un corps sans âme, ils se trou
vent aujourd’hui avec leurs convic
tions de jadis, abandonnés des uns,
mis en défiance parles autres.
Et,, je le demande, pourquoi les
radicaux accepteraient-ils dans leurs
rangs, les adversaires de la veille?
N’est-il pas mille fois préférable de lut
ter avec ses propres forces, plutôt que
d’introduire parmi nous des hommes
qui ne seront jamais et ne pourront
jamais être, quoiqu’on en dise et quoi
qu’on fasse, que des opportunistes au
visage masqué.
Oh! je comprends la concentration
républicaine, comme l’entend le ci
toyen Millerand qui, dimanche der
nier, à Lille, a prononcé un remar
quable discours.
« Est-ce que ce n’est pas, j’ai le
droit de le rappeler a dit l’éminent
député, le parti socialiste, qui a, dès
les élections générales dernières,
donné le premier l’exemple de l’union
et de la discipline nécessaires pour la
sauvegarde de la République ? Est-ce
que nous n’avons pas vu, au second
tour de scrutin, les socialistes porter
le concours de leur influence et de
leur parole à des candidats radicaux ;
de même que, paruue juste récipro
cité, des radicaux portaient l’appui
de leurs voix et de leurs noms à des
vétérans de notre parti ? Est-ce que je
ne salue pas ici même une municipa
lité dans laquelle je vois se réaliser et
vivre cette union indispensable?
Citoyens, cette entente, elle est
plus utile, elle est plus nécessaire que
jamais. Qu’elle dure, pas seulement
pour défendre la République contre les
attaques de ses ennemis, qu’elle dure
surtout pour faire produire à la Répu
blique tous ses fruits nécessaires, pour
donner à ce peuple si généreux, si
conscient, qui s’est allègrement sacri
fié pour la République, les satisfac
tions légitimes qu’il est en droit d’en
attendre. »
Tous les bons citoyens n’hésiteront
pas, j’en ai la conviction certaine, à
suivre cette ligne de conduite, si sage
et si précise ; radicaux, radicaux-so
cialistes et socialistes peuvent faire
ensemble de la bonne besogne. Qu’ils
se mettent courageusement au travail;
le concours de tous les fervents répu
blicains leur est acquis d’avance.
Félix Thommeret.
...
DISCOURS DE MILLERAND
Nour regrettons que la manque de
place nous prive de reproduire dans
son entier le remarquable discours
'prononcé par M. Millerand, ministre
du Commerce, dimanche dernier, au
Palais Rameau, à Lille.
Nous en extrayons les principaux
passages que nos lecteurs liront avec
un vif intérêt :
Citoyennes, citoyens,
Il n’est das de paroles pour remercier
la démocratie lilloise de l’accueil qu’elle
m’a fait aujourd’hui. Ce n’est pas, comme
on vous le rappelait tout à l’heure, ce
n’est pas la première fois que j’ai l’hon
neur de parler devant vous. Permettez-
moid’évoquer un souvenir personnel.
C’est en 1892 que j’apportais dans cette
ville, pour la première fois, le modeste
appui de ma parole aux candidats d’une
fraction socialiste organisée.
Depuis ce moment-là et pendant les
sept années qui se sont écoulées, j’ai servi
autant qn’il a été en moi, la même poli
tique, la même idée, j’ai voulu contribuer
pour ma faible part à unifier le parti so
cialiste, à le mener vers la conquête des
pouvoirs publics, à l’éloigner des violences
en le rapprochant des réalités.
Et si j’ai poursuivi cette politique, si
j’ai été l’un des artisans les plus modes-
\
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 21 Octobre 1899
Havre
DÉPÔT LÉGAL
*
mm
Organe du Parti Républicain Démocravic^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements , » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. THOMMERET
LTmprïMEUR-GÉRANT F. LE ROY
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Annonces ... 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Demandez le Réveil
i>u Havre dans tous les
kiosques et cliez les mai*
chands de journaux le
samedi matin.
AHURISSEMENT
Le Petit Havre n’en revient pas!
Songez donc, un ministre du cabinet
actuel, M. Millerand, pour le nom
mer par son nom, au cours de son
voyage à Lille, dimanche dernier, a
osé dire toute sa pensée à ses amis
politiques. Le Petit Havre n’a jamais
vu ça, un ministre montrant de la
franchise dans ses actes et dans ses
propos. Et il s’indigne !
On conçoit en effet que l’attitude de
Millerand soit fait pour surprendre
la feuille opportuniste. Quand on a
soutenu des Rispal, des Brindeau, et
tant d’autres lumières, dont toute la
politique consiste à faire de belles
promesses aux républicains, et, en
même temps, à négocier avec les
cléricaux de La Croix , pour s’assu
rer une majorité, la franchise doit
surprendre chez autrui. Il y a là une
tendance d’esprit que nous compre
nons parfaitement chez les oppor
tunistes habitués à avouer un but et
à en poursuivre un autre.
Il n’y a pas à s’arrêter autrement
aux imprécations du Petit Havre,
son indignation contre Millerand
étant une attestation de moralité et
d’honnêteté à ce ministre socialiste.
Ou ce journal devient, par exem
ple, tout simplement grotesque, c’est
quand il s’écrie par la plume de M.
Fénoux : « Le pacte est rompu. M.
Millerand n’avait pas le droit de
parler franchement. Nous lâchons le
ministère ! » Et quand donc le Petit
Havre a-t-il soutenu le ministère,
qui, du reste, se moque un peu de
tous les Petit Havre de France?
N’est-il pas au contraire certain que,
dans toutes les occasions qui se sont
présentées depuis l’arrivée au pou
voir du ministère Waldeck-Rous-
seau-Millerand, cette feuille n’a
laissé passer aucune occasion de
dénigrer le gouvernement ?
C’est donc de la comédie pure,
nous devrions dire delà farce la plus
grossière, de dire que l’on va lâcher
le ministère, alors qu’on l’a toujours
combattu avec des arguments d’une
sincérité et d’un goût douteux.
Décidément, M. Fénoux devient gai.
Ses sympathies passeraient-elles de
la Comédie Française au Palais
Royal? On le croirait.
Que le ministère se rassure, l’hos
tilité de ceux qui ont trahi la répu
blique pour des questions de bouti
que, est pour lui le meilleur des
certificats. Il n’y aurait danger pour
lui que le jour ou les Petit Havre de
France et de Navarre le soutien
draient.
VERUS.
LA SEMAINE
La Haute-Cour
M. Bérenger compte qu’il aura
terminé l’instruction samedi soir et
qu’il transmettra son rapport lundi
matin à M. le procureur général.
Il estime que la commission siégeant
comme chambre des mises en accu
sation, pourra se réunir jeudi pro
chain, et que, par suite, les ordon
nances de renvoi ou de non-lieu
pourront être prononcées le samedi
28 octobre.
Le président devra ensuite prendre
connaissance du dossier. Il lui appar
tiendra de fixer la date des audiences
publiques en observant les délais de
distance nécessaires pour la citation
des témoins.
On pense que la Haute-Cour pourra
être convoquée vers le 5 ou 6 no
vembre.
On compte qu’après les ordon
nances de non-lieu il restera quinze
inculpés.
*
* *
Le drame du Soudan
Le drame du Soudan a commencé
d’une façon tragique et s’est terminé
malheureusement de même ; le colonel
Klobb assassiné par un officier fran
çais, le.lieutenant Meynier laissé pour
mort et ressuscité pour ainsi dire à la
suite de blessures atroces ; le capitaine
Voulet, meurtrier, et le capitaine
Chanoine se mettant en révolte contre
leur pays et exhortant leur escorte à
les suivre, tués par des soldats qui
ont eu recours à cette justice som
maire réservée aux traîtres ; on frémit
en lisant cette odyssée sanglante,
mais en même temps, au milieu de
toutes les lâchetés, de toutes les turpi
tudes, de toutes les vilenies du temps
présent, on ne peut s’empêcher de
reconnaître qu’il y a encore du sang
.généreux dans quelques belles âmes ;
on a salué le héros Klobb qui a bravé
la mort pour accomplir son devoir ; et
n’y a-t-il pas aussi le sentiment de
l’honneur et l’amour profond de la
patrie dans ces soldats, au cœur
ardent, qui n’ont pu supporter l’idée
d’une félonie et qui ont vengé le chef
français tombé sous la balle d’un
officier français ?
*
* *
La guerre au Transwaal
Le message de la reine annonçant
au Parlement la convocation de la
milice est une preuve que les auto
rités anglaises se rendent compte de
la gravité de la situation au Transwaal
et ne partagent pas la confiance
qu’affectent les journaux de Londres.
On dit bien que ces milices ne seront
pas envoyées dans l’Afrique du Sud,
mais elles remplaceront les troupes
qui y seront expédiées et l’on prévoit
sans doute que les 70,000 hommes de
sir Redvers Buller ne seront peut-être
pas suffisants si l’on lie veut pas se
laisser prendre une seconde fois au
dépourvu. On comprend maintenant
que l’on risque très sérieusement de
payer cher les bluffs de M. Cham
berlain.
Les nouvelles de Prétoria annon
cent que la première attaque du
général Croenje contre Mafeking n’a
pas réussi, et qu’il avait demandé et
reçu des renforts d’artillerie, mais
rien n’est venu confirmer jusqu’ici la
victoire anglaise, peut-être trop hâti
vement annoncée et dont, du reste,
le ministère de la guerre à Londres
déclare n’avoir pas été informé. Une
note a même été communiquée aux
journaux anglais pour les mettre en
garde contre des réjouissances pré
maturées.
Les seules nouvelles importantes
sont celles qui annoncent que les
Souazis et les Basutos se disposaient
à prendre les armes contre les Boers,
et que les Zoulous manifesteraient
aussi des intentions hostiles contre
eux. Mais ces dépêches sont d’origine
anglaise, par conséquent suspectes,
et ne doivent être accueillies que sous
bénéfice d’inventaire.
LA POLITIQUE
Antisémitisme et Anticléricalisme
Avant la campagne de l’antisémi
tisme, il n’était plus guère question
du cléricalisme, où, tout au moins,
la querelle avait perdu un peu de
son caractère de violence. On assis
tait bien, de temps à autre, à quelque
démonstrations belliqueuses de pré
lats, mais il suffisait de salutaires
avertissements pour calmer ces ar
deurs intempérantes.
Dans les Chambres, on ne songeait
pas à prendre des mesures (Mrigueur
ou à faire des lois de précaution et
de préservation contre les empiète
ments du clergé, et il semblait qu’on
pût se livrer aux douceurs de l’apai
sement. Cette pacification troublait
sans doute quelques esprits, car une
croisade contre la liberté de cons
cience a été organisée par des cléri
caux sous le couvert de l’antisémi
tisme. Il était évident que les répu
blicains , inquiets de ces efforts,
apercevant très nettement que cet
antisémitisme était destiné à masquer
des manœuvres cléricales, se préoc
cuperaient des mesures à prendre
pour le combattre. L’antisémitisme
devait nécessair«ment développer l’an-
ticléricalisme ; et c’est ainsi qu’on
parle de lois de défense pour la
société civile.
Les passions sectaires doivent fata
lement réveiller d’autres passions
assoupies ; il peut être très agréable
de vouloir persécuter des minorités ;
ce n’est pas très courageux, et ce
n’est pas très honorable ; mais on
voit très clairement ce que cache
cette campagne, encouragée par les
chefs du parti clérical ; et ce sont
les gens qui réclament l’apaisement
qui se livrent à ces atteintes à la
liberté de conscience. Us servent
bien mal leur cause; et, en face de
cette levée de boucliers, ils risquent
fort de ressusciter, dans les Cham
bres, la vieille bataille anticléricale.
Il - . —ro
RENDONS I CÉSAR
Hier matin, le Petit Havre a
publié, avec la signature de M.
Vallée, un article consacré à la ren
trée dans nos écoles primaires.
Dans cet article, M. Vallée, bien
renseigné sur toutes ces questions
qu’il a étudiées dans le personnel de
M. Garsault, le prédécesseur de M,
Lemoine comme inspecteur primaire,
constate les heureux effets de la gra
tuité des fournitures scolaires au
point de vue de la lutte contre l’en
seignement congréganiste.
Sur ce point, nous sommes d’ac
cord avec la feuille opportuniste,
tout en constatant que cette réforme
a été combattue par ses amis, notam
ment par le chef incontesté de la
minorité du Conseil municipal, M.
Nestor Rident, qui depuis...
Mais où le Petit Havre tombe
dans les inexactitudes, c’est quand
il fait un mérite à M. Genestald’avoir,
dans un rapport, d’ailleurs platoni
que, au Conseil général, que l’ensei
gnement primaire ne concerne aucu
nement, fait l’éloge des cantines
scolaires et de la gratuité des four
nitures scolaires.
Sans doute, on doit savoir gré à
M. Génestal de s’être rallié à une
réforme dont il s’est soucié comme
un poisson d’une pomme, quand il
était adjoint chargé de l’instruction
publique dans l’Administration Brin
deau. Mais on ne doit pas oublier
que cette double réforme a été effec
tuée par un Conseil municipal qui a
été élu contre M. Genestal et ses
amis.
Il est possible que M. Genestal,
administrateur du Petit Havre ,
commande à ses rédacteurs un cirage
sérieux de ses bonnes intentions,
sinon de ses actes. Ce n’est peut-être
pas une raison suffisante pour le
faire profiter de la popularité qui
s’attache à des réformes qu’il a
négligé de faire quand il était à la
Mairie, et que son ami Rident, lui
non plus, n’a pas voulu faire aboutir.
MAGISTER.
CONCENTRATION RÉPUBLICAINE
Il s’est trouvé dans tous les temps,
dans tous les partis, des hommes assez
courageux, pour exprimer hautement
leur opinion et pour combattre, même
au péril de leur existence, les abus
dont la Société pouvait être menacée.
Tout récemment, des gens de nuance
bien différente, ont concentré tous
leurs efforts, pour faire respecter les
lois odieusement violées. Royalistes,
opportunistes, radicaux et socialistes
se sont réunis, afin d’accomplir une
œuvre de justice, et la main dans la
main, ont marché comme un seul
homme pour le triomphe de la vérité.
Grâce à la fermeté de ceux qui nous
gouvernent, tout est aujourd’hui ren
tré dans le calme, et chacun peut ai
sément, suivant ses idées, travailler
utilement aux affaires du pays. Rien
n’est changé, si ce n’est que l’agita
tion a fait place à la tranquillité.
D’où vient donc que des hommes,
ayant toujours combattu d’autres
hommes, cherchent maintenant à se
reconcilier, parce qu’ils ont lutté en
semble pour la défense d’une noble
cause ? D’où vient que des opportu
nistes fervents, adversaires acharnés
de radicaux sincères, essayent par
tous les moyens de se rapprocher
d’eux et sous le prétexte de concen
tration républicaine, ne dédaignent
plus de s’allier à ceux qu’ils ont au
trefois tant malmenés ? Point est né
cessaire de faire une longue étude pour
comprendre cet état de choses.
Comme je le disais au début de cet
article, il est des gens, opportunistes
enragés, mais évidemment des hommes
de cœur, qui n’ont pas craint, dans
l’affaire Dreyfus, d’exprimer haute
ment leurs idées. Cette franchise leur
a valu le mépris des amis politiques
et, tel un corps sans âme, ils se trou
vent aujourd’hui avec leurs convic
tions de jadis, abandonnés des uns,
mis en défiance parles autres.
Et,, je le demande, pourquoi les
radicaux accepteraient-ils dans leurs
rangs, les adversaires de la veille?
N’est-il pas mille fois préférable de lut
ter avec ses propres forces, plutôt que
d’introduire parmi nous des hommes
qui ne seront jamais et ne pourront
jamais être, quoiqu’on en dise et quoi
qu’on fasse, que des opportunistes au
visage masqué.
Oh! je comprends la concentration
républicaine, comme l’entend le ci
toyen Millerand qui, dimanche der
nier, à Lille, a prononcé un remar
quable discours.
« Est-ce que ce n’est pas, j’ai le
droit de le rappeler a dit l’éminent
député, le parti socialiste, qui a, dès
les élections générales dernières,
donné le premier l’exemple de l’union
et de la discipline nécessaires pour la
sauvegarde de la République ? Est-ce
que nous n’avons pas vu, au second
tour de scrutin, les socialistes porter
le concours de leur influence et de
leur parole à des candidats radicaux ;
de même que, paruue juste récipro
cité, des radicaux portaient l’appui
de leurs voix et de leurs noms à des
vétérans de notre parti ? Est-ce que je
ne salue pas ici même une municipa
lité dans laquelle je vois se réaliser et
vivre cette union indispensable?
Citoyens, cette entente, elle est
plus utile, elle est plus nécessaire que
jamais. Qu’elle dure, pas seulement
pour défendre la République contre les
attaques de ses ennemis, qu’elle dure
surtout pour faire produire à la Répu
blique tous ses fruits nécessaires, pour
donner à ce peuple si généreux, si
conscient, qui s’est allègrement sacri
fié pour la République, les satisfac
tions légitimes qu’il est en droit d’en
attendre. »
Tous les bons citoyens n’hésiteront
pas, j’en ai la conviction certaine, à
suivre cette ligne de conduite, si sage
et si précise ; radicaux, radicaux-so
cialistes et socialistes peuvent faire
ensemble de la bonne besogne. Qu’ils
se mettent courageusement au travail;
le concours de tous les fervents répu
blicains leur est acquis d’avance.
Félix Thommeret.
...
DISCOURS DE MILLERAND
Nour regrettons que la manque de
place nous prive de reproduire dans
son entier le remarquable discours
'prononcé par M. Millerand, ministre
du Commerce, dimanche dernier, au
Palais Rameau, à Lille.
Nous en extrayons les principaux
passages que nos lecteurs liront avec
un vif intérêt :
Citoyennes, citoyens,
Il n’est das de paroles pour remercier
la démocratie lilloise de l’accueil qu’elle
m’a fait aujourd’hui. Ce n’est pas, comme
on vous le rappelait tout à l’heure, ce
n’est pas la première fois que j’ai l’hon
neur de parler devant vous. Permettez-
moid’évoquer un souvenir personnel.
C’est en 1892 que j’apportais dans cette
ville, pour la première fois, le modeste
appui de ma parole aux candidats d’une
fraction socialiste organisée.
Depuis ce moment-là et pendant les
sept années qui se sont écoulées, j’ai servi
autant qn’il a été en moi, la même poli
tique, la même idée, j’ai voulu contribuer
pour ma faible part à unifier le parti so
cialiste, à le mener vers la conquête des
pouvoirs publics, à l’éloigner des violences
en le rapprochant des réalités.
Et si j’ai poursuivi cette politique, si
j’ai été l’un des artisans les plus modes-
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