Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1899 01 juillet 1899
Description : 1899/07/01 (N166). 1899/07/01 (N166).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633651
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
I e Année—N 8 166.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi I er Juillet 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
n
s
g
15, RUE CASIMIR-PÈRIER, 15
ü=
H
Secrétaire de la Rédaction F* yiiommeret
|
1
L’Imprimeur-Gérant F. EE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Réunion générale ordinaire des
groupes des six cantons, le vendredi
7 juillet, à neuf heures du soir, au
Cercle Franklin.
Ordre du Jour :
Lecture du procès-verbal ;
Admission de nouveaux membres ;
Communications ;
Etude : Révision de la constitution.
Le présent avis tient lieu de convo
cation.
M. Fénoux a déclaré son vote, ou
plutôt celui qu’il aurait exprimé à
Fendroit du ministère, s’il avait été
député. Il est abstentionniste. Pour
quoi ? Nous n’avons pas besoin de le
savoir. C’est un mystère qu’il nous
enseigne et nous propose de croire.
Ces bons lecteurs du Petit Havre pour
raient longtemps se creuser la cervelle
avant de l’approfondir, si la science
occulte de Mme Dulora de la Haye ne
venait à leur secours pour expliquer
l’inexplicable pensée qui hante le
rédacteur en chef de la rue Fontenelle.
Tous les matins et tous les soirs,
c’est, pour lui, l’éternel problème qui
se pose — prenez en pitié ses efforts —
concilier les radotages politiques de
M. Rispal, la conduite réactionnaire
de M. Louis Brindeau avec le plus pur
républicanisme. Que voulez-vous ? Le
Petit Havre paie bien. On se laisse vivre,
philosophiquement, content de son
sort, en abreuvant ses lecteurs de
quelques vieux refrains retapés qui
font songer malgré soi à la vieille
ferraille du compère de la métallurgie.
On pratique la politique de l’éponge
qui permettra d’effacer au tableau
noir les actes de nos députés et qui,
en bannissant la fécondité des choses,
prévient l’enfantement du monde nou
veau sur l’ancien qui se décompose.
Abstentionniste ! Alors que l’ennemi
coalisé nous assaille par les portes et
par les fenêtres, profitant de toutes les
issues ; alors que pour la République
se pose le mot fameux : Etre ou ne pas
être. S’abstenir, M. Fénoux, c’est
trahir. Ne voyez-vous point que ce
régime se meurt d’abandon et de
lâcheté. N’avez-vous donc pas entendu
le vibrant appel de M. Henri Brisson
à la Chambre des Députés qui sonnait
le ralliement autour du drapeau pour
la défense de nos institutions? Vous
cherchez à droite le gouvernement,
avec Méline, de Mun et consorts, tan
dis que nous le demandons à gauche,
vous complaisant aux calculs machia
véliques d'un Mirman attaquant par
derrière pour plus de sûreté ; aux
Todomontades d’un Déroulède ; aux
agissements d’un Millevoye intrigant.
Dans la mêlée qui s’engage, il né
s’agit pas de ruser ni avec les mots,
ni avec les choses, comme on l’a dit ;
il faut faire taire les rugissements des
césariens ; les ténébreux complots des
jésuites et des dominicains. Le devoir,
c’est de faire appel à toutes les forces
vives du parti républicain pour une
œuvre de salut commun; voilà d’où
est né le ministère Waldeck-Rousseau.
Il a pour première mission de purifier
l’armée, d’amender la magistrature
de sacristie, de frapper haut et ferme
tous les coupables des louches com
promissions, et de réduire au silence
le parti du boucan qui a tenté de
reprendre les traditions du boulan
gisme. Il ne raurait exister de repré
sailles, dans nos rangs, mais l’appli
cation sévère et utile de la loi. Le
ministère parait trop hétérogène à
quelques-uns; là est, peut-être, le
secret de sa force ; il ne travaillera
pas pour telle ou telle coterie, mais
pour la République, grande sans épi
thète disqualificative.
Elle est habile, assurément, la tac
tique d’Edouard Drumont, le féroce
antisémite, exécuteur des basses œu
vres de Rome, quand il nous menace
du sabre du général de Galiffet. Si
cela était à craindre, il ne le crierait
pas, j’en suis certain. Et puis, le
général a passé l’âge de la dictature.
Il sera ministre de la guerre, préoccupé
de l’unique soin de son département,
sous la tutelle du pouvoir civil et pas
autre chose. Quoi d’étonnant à ce que
l’arrière-garde soit jointe à l’avant-
garde pour permettre aux gros batail
lons du parti républicain de se former
et de s’organiser pour le combat per
sévérant et suprême qu’il importe
d’engager avec les soldats du Vatican,
faussaires et inquisiteurs de tout
acabit.
Je n’ai pas voulu désespérer des
heures sombres que nous traversons
eneore, parce que j’ai foi dans les
bienfaits de l’instruction laïque qui
monte ; parce qu’à l’ombre des agita
tions malsaines, le grand peuple
s’éveille de son assoupissement pour
s’élever à la clarté puissante de la
science et du savoir humains. L’heure
des réparations est venue.
Alf. HENRI.
faire de vos fils des citoyens, pour en
faire d’abord des hommes, des esprits ou
verts, des cœurs droits, ne s’inclinant que
devant les autorités reconnues par li
conscience et par la raison, vous adresse
rez-vous, pour faire des hommes libres,
aux esclaves d’un dogme particulier, aux
membres d’une hiérarchie qui prétend,
dans son infaillibilité, régenter les corps
et les âmes, la science et la vie, l'Etat et
l’individu ? Non, ce n’est qu’à des hom
mes libres qu’une société émancipée peut
et doit confier le soin de former des hom
mes libres.
Mais s’il est bon pour les individus de
développer librement toutes leurs puis
sances et s’il suffit pour cela d’une éduca
tion qui favorise, au lieu de l’entraver,
l’essor naturel des âmes vers la vérité et
vers la justice, c’est pour une nation une
essentielle condition de vie, qu’elle pos
sède une doctrine susceptible de servir de
trait d’union entre les membres qui la
composent. Or, dans un pays divisé
comme le nôtre, déchiré depuis cent ans
par les compétitions politiques et les dis
sensions religieuses, sollicité tour à tour
par des doctrines irréconciliables entre
elles, quand les croyances primitivement
chargées d’inspirer aux hommes l’amour,
la miséricorde et la paix ne paraissent
servir qu’à exaspérer l’inimitié des sectes
et des partis entre lesquels se partage
l’âme de la patrie, à qui devons-nous
confier le soin de rétablir la concorde in
dispensable à la vie commune ?
L’enseignement laique n’est donc pas
une œuvre artificielle et vaine, née d’hier
et destinée à périr demain, ce n’est pas
une machine de combat, une arme d’occa
sion qu’on rejette avec dédain après un
premier engagement. C’est la forme natu
relle et nécessaire de toute éducation
respectueuse des droits de la conscience
et des exigences d’un entendement sain.
Elle n’en est pas moins, comme certaines
vérités primordiales, comme les libertés
es plus élémentaires, le résultat d’un
ong et laborieux effort, le terme et le but
de toute notre Révolution.
M.l’inspeceur Pagès, en tenant ce
ferme langage, s’expose aux injures
des feuiiles dévotes. Mais les considé
rations d’intérêt peesonnel n’empê
cheront jamais un penseur d’affirmer
ce qu’il croit la vérité.
A ce propos, rappelons que M. Emile
Pagès a été un des premiers traduc
teurs de Tolstoï.
Nous sommes heureux aujourd’hui
de le féliciter de son beau discours où
l’on sent vibrer la foi républicaine —
foi éloquente et agissante — que nous
souhaiterions à la majorité de nos
fonctionnaires.
y. l. r.
L'ENSEIGNEMENT LAÏQUE
A l’occasion d’une récente fête sco
laire, M. Emile Pagès, inspecteur
d’académie de la Vendée, a prononcé
un discours utile à méditer. L’orateur
expose avec une éloquente précision
les raisons philosophiques à invoquer
en faveur de la laïcisation de notre
enseignement primaire. Citons quel
ques extraits :
. Sénèque craignait l’homme d’un seul
livre ; nous disons, nous : prenez garde à
l’homme d’un dogme particulier, au re
présentant d’une caste ou d’une corpora
tion. Nous suffirait-il d’avoir arraché les
hommes à sa domination, si nous lni
livrions les enfants ? Edgard Quinet
demandait un jour : « Admettriez-vous
que l’évêque fut préfet, que le curé fut
maire ? » Nous demandons à notre tour,
avec autant de raison, semble-t-il : Pour
calomnieuse. Plusieurs d’entre eux,
qui connaissent le délateur, savent
qu’il n’a agi que par vengeance.
Mais le colonel Muiron n’a tenu
compte du témoignage ni des civils,
ni des militaires. Celui qu’il a écouté,
c’est le jésuite.
Cette affaire doit être tirée au clair.
*
* *
UN DE PLUS
Plus loin, l'orateur se demande où
trouver un principe de conciliation et
d’harmonie? Ne pouvant l’emprunter
à des croyances mortes, ni à des con
traintes extérieures dans un pays où
nul ne peut être inquiété pour ses opi
nions religieuses ou philosophiques, la
Nation, émancipée depuis cent ans,
a su trouver en elle-même un point
d’appui. Mais nous n’aurons fondé
l’union morale et la paix que par un
système d’éducation qui supprimera
les causes d’antagonisme entre Fran
çais d’une même génération. L’école
primaire doit être un sectarian , pour
employer l’expression anglaise, c’est-
à-dire en dehors des dogmes. Elle doit
proscrire le détestable esprit de prosé
lytisme qui met aux prises cléricaux
et libres-penseurs. Selon M. Emile
Pagès :
Il faut que, par un perpétuel contact,
par un commerce suivi dès l’enfance, par
une éducation prolongée jusqu’aux confins
de l’âge mûr, il faut qu’en s’imprégnant
des mêmes vérités et des mêmes beautés,
qu’en pratiquant ensemble les mêmes
vertus, tous les enfants de France ne
fassent bientôt plus qu’une pensée com
mune et qu’un commun vouloir, une seule
âme dans des milliers de corps. Il faut
enfin, pour ne rien perdre de tout ce qui
constitue la vie de la nation, c’est-à-dire
nous-même, en définitive, un enseigne
ment qui ne renie rien des grandeurs et
des gloires de la France dans les siècles
précédents, mais qui, loin de s’immobi
liser dans une mélancolique et stérile
admiration du passé, accueille avec joie
toutes les conquêtes du présent, annonce
et prépare tous les progrès de l’avenir.
Seul un principe étranger aux dissenti
ments des sectes et des partis, supérieur
aux contrariétés des croyances particuliè
res, peut maintenir en paix ces éléments
divers et fonder sur une base durable l’u
nité française. Ce principe, c’est encore à
l’enseignement laïque que nous devons le
demander. Et le secret de cette supério
rité tient dans ce fait qu’il parle seul une
langue intelligible pour tous les Français,
à quelque parti, à quelque secte qu’ils
appartiennent : la langue de la raison.
Il faut avouer que nos officiers ne
sont pas très heureux dans leurs ordres
du jour depuis quelques temps. En
voici un qui va soulever la conscience
publique par la légèreté avec laquelle
le fait qu’il porte à la connaissance des
troupes a été accueilli.
Cet ordre du jour accuse d'abord
le soldat Herpe, de la 12 e compagnie,
d’avoir, étant en état d’ivresse, crié,
dans le train qui Famenait à Saint
Brieuc : faut plus ! » et « A bas l’armée ! » et
il annonce que le colonel a demandé
au ministre de la guerre l’envoi aux
compagnies de discipline de oc ce sol
dat indigne de faire partie du régi
ment où l’on a toujours enseigné le
respect des sœurs de charité ». Tels
sont les termes mêmes de l’ordre du
jour.
Et il continue :
« Le caporal Person, de la 5 e com
pagnie, n’a pas fait taire ce soldat
proférant dés cris injurieux et n’en a
pas rendu compte. Par son silence,
est devenu son complice ; sur la plainte
du commandant de la compagnie et le
rapport spécial du colonel, le généra
commandant la 37 e brigade a prononcé
la cassation de ce caporal, qui a été
changé de corps.
« Le soldat Garel de la 8 e compa
gnie qui, par son silence , a paru , aux
yeux des assistants , donner son appro
bation aux paroles du soldat, a été
puni par le colonel de quinze jours de
prison qui ont été portés à vingt-trois
par le général commandant la 19 e di
vision. x>
Tout est puni, même le silence
Mais le plus malheureux, c’est que le
soldat Herpe n’a pas proféré les cris
qu’on lui reproche.
Le délateur est un prêtre qui
voulu se venger du père de Herpe,
lequel est instituteur à Rostrenen.
Ce prêtre, qui a déclaré mensongè
rement ne pas connaître Herpe, a écrit
au colonel, et c’est lui qui a entraîné
toutes les conséquences. Il a été cru
sur parole tout simplement.
Or, non seulement les soldats incri
minés protestent, mais des civils, pré
sents dans le wagon, ont affirmé éner
giquement que la dénonciation est
La Ligue des Droits de l’Homme et
du Citoyen s’est aussitôt préoccupée
d’examiner cette grave affaire. Il ré
sulte des derniers renseignements
qu’elle a reçus que déjà une enquête
a été ordonnée par l’autorité militaire;
que le générai de division Grisot au
rait interrogé le soldat Herpe ; que
le colonel du 71 e , M. Muiron, aurait
été mis aux arrêts de rigueur et que
e caporal cassé aurait été réintégré.
Herpe, toutefois, serait encore en
prison à l’heure actuelle.
Quoi qu’il en soit, des détails com
plémentaires ont été demandés d’ur
gence sur ce dernbr point et les dé
marches nécessaires seront faites aus
sitôt.
Voilà certainement des actes qui
méritent des félicitations au ministre
de la guerre.
GILETTA
Le fait grave pour lequel le général
italien Giletta vient d’être condamné
à cinq années d’emprisonnement,
nous démontre une fois de plus la
grande réserve que nous devons ob
server dans nos relations avec ITtalie.
Alors que Giletta, pour le compte
de son gouvernement, s’efforçait de
surprendre nos meilleurs secrets de
défense, ce même gouvernement cou
vrait de fleurs et d’acclamations les
marins français sur le sol italien.
Quel curieux contraste.
Les journaux anglais n’ont pas
manqué de nous railler à ce sujet, et
un grand diplomate de ce pays, dans
une récente conversation, a fait l’im
portante déclaration suivante :
« Le peuple de France est bon et
enthousiaste ; il suffit de peu de chose
pour l’entraîner : c’est le meilleur
moyen de le combattre. Dans toutes
les alliances que la France concluera,
elle n’aura toujours que le rôle de
dupe. y>
Nous ferions bien de méditer ces
quelques paroles : elles sont pour nous
un précieux enseignement.
F. T.
UN PROJET DE LOI
Dans notre numéro du 17 juin,
nous avons informé nos lecteurs que
plusieurs députés avaient déposé sur
le bureau de la Chambre un projet de
loi tendant à réglementer la réparti
tion des rentes entre lès membres des
sociétés civiles de retraites.
Voici comment les Prévoyants de
l’Avenir se défendent dans leur der
nier numéro.
Puisque nous sommes provoqués
par certains adversaires, toujours les
mêmes, qui répandent à profusion
dans les sections la grande nouvelle
qu’un projet de loi visant les Pré
voyants de VAvenir est soumis à l’exa
men de la Commission parlementaire
d’assurance et de prévoyance sociales,
pour, plus tard, être discuté par la
Chambre, nous allons nous en expli
quer franchement avec les 250,000
Prévoyants que ce projet intéresse.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi I er Juillet 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
n
s
g
15, RUE CASIMIR-PÈRIER, 15
ü=
H
Secrétaire de la Rédaction F* yiiommeret
|
1
L’Imprimeur-Gérant F. EE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Réunion générale ordinaire des
groupes des six cantons, le vendredi
7 juillet, à neuf heures du soir, au
Cercle Franklin.
Ordre du Jour :
Lecture du procès-verbal ;
Admission de nouveaux membres ;
Communications ;
Etude : Révision de la constitution.
Le présent avis tient lieu de convo
cation.
M. Fénoux a déclaré son vote, ou
plutôt celui qu’il aurait exprimé à
Fendroit du ministère, s’il avait été
député. Il est abstentionniste. Pour
quoi ? Nous n’avons pas besoin de le
savoir. C’est un mystère qu’il nous
enseigne et nous propose de croire.
Ces bons lecteurs du Petit Havre pour
raient longtemps se creuser la cervelle
avant de l’approfondir, si la science
occulte de Mme Dulora de la Haye ne
venait à leur secours pour expliquer
l’inexplicable pensée qui hante le
rédacteur en chef de la rue Fontenelle.
Tous les matins et tous les soirs,
c’est, pour lui, l’éternel problème qui
se pose — prenez en pitié ses efforts —
concilier les radotages politiques de
M. Rispal, la conduite réactionnaire
de M. Louis Brindeau avec le plus pur
républicanisme. Que voulez-vous ? Le
Petit Havre paie bien. On se laisse vivre,
philosophiquement, content de son
sort, en abreuvant ses lecteurs de
quelques vieux refrains retapés qui
font songer malgré soi à la vieille
ferraille du compère de la métallurgie.
On pratique la politique de l’éponge
qui permettra d’effacer au tableau
noir les actes de nos députés et qui,
en bannissant la fécondité des choses,
prévient l’enfantement du monde nou
veau sur l’ancien qui se décompose.
Abstentionniste ! Alors que l’ennemi
coalisé nous assaille par les portes et
par les fenêtres, profitant de toutes les
issues ; alors que pour la République
se pose le mot fameux : Etre ou ne pas
être. S’abstenir, M. Fénoux, c’est
trahir. Ne voyez-vous point que ce
régime se meurt d’abandon et de
lâcheté. N’avez-vous donc pas entendu
le vibrant appel de M. Henri Brisson
à la Chambre des Députés qui sonnait
le ralliement autour du drapeau pour
la défense de nos institutions? Vous
cherchez à droite le gouvernement,
avec Méline, de Mun et consorts, tan
dis que nous le demandons à gauche,
vous complaisant aux calculs machia
véliques d'un Mirman attaquant par
derrière pour plus de sûreté ; aux
Todomontades d’un Déroulède ; aux
agissements d’un Millevoye intrigant.
Dans la mêlée qui s’engage, il né
s’agit pas de ruser ni avec les mots,
ni avec les choses, comme on l’a dit ;
il faut faire taire les rugissements des
césariens ; les ténébreux complots des
jésuites et des dominicains. Le devoir,
c’est de faire appel à toutes les forces
vives du parti républicain pour une
œuvre de salut commun; voilà d’où
est né le ministère Waldeck-Rousseau.
Il a pour première mission de purifier
l’armée, d’amender la magistrature
de sacristie, de frapper haut et ferme
tous les coupables des louches com
promissions, et de réduire au silence
le parti du boucan qui a tenté de
reprendre les traditions du boulan
gisme. Il ne raurait exister de repré
sailles, dans nos rangs, mais l’appli
cation sévère et utile de la loi. Le
ministère parait trop hétérogène à
quelques-uns; là est, peut-être, le
secret de sa force ; il ne travaillera
pas pour telle ou telle coterie, mais
pour la République, grande sans épi
thète disqualificative.
Elle est habile, assurément, la tac
tique d’Edouard Drumont, le féroce
antisémite, exécuteur des basses œu
vres de Rome, quand il nous menace
du sabre du général de Galiffet. Si
cela était à craindre, il ne le crierait
pas, j’en suis certain. Et puis, le
général a passé l’âge de la dictature.
Il sera ministre de la guerre, préoccupé
de l’unique soin de son département,
sous la tutelle du pouvoir civil et pas
autre chose. Quoi d’étonnant à ce que
l’arrière-garde soit jointe à l’avant-
garde pour permettre aux gros batail
lons du parti républicain de se former
et de s’organiser pour le combat per
sévérant et suprême qu’il importe
d’engager avec les soldats du Vatican,
faussaires et inquisiteurs de tout
acabit.
Je n’ai pas voulu désespérer des
heures sombres que nous traversons
eneore, parce que j’ai foi dans les
bienfaits de l’instruction laïque qui
monte ; parce qu’à l’ombre des agita
tions malsaines, le grand peuple
s’éveille de son assoupissement pour
s’élever à la clarté puissante de la
science et du savoir humains. L’heure
des réparations est venue.
Alf. HENRI.
faire de vos fils des citoyens, pour en
faire d’abord des hommes, des esprits ou
verts, des cœurs droits, ne s’inclinant que
devant les autorités reconnues par li
conscience et par la raison, vous adresse
rez-vous, pour faire des hommes libres,
aux esclaves d’un dogme particulier, aux
membres d’une hiérarchie qui prétend,
dans son infaillibilité, régenter les corps
et les âmes, la science et la vie, l'Etat et
l’individu ? Non, ce n’est qu’à des hom
mes libres qu’une société émancipée peut
et doit confier le soin de former des hom
mes libres.
Mais s’il est bon pour les individus de
développer librement toutes leurs puis
sances et s’il suffit pour cela d’une éduca
tion qui favorise, au lieu de l’entraver,
l’essor naturel des âmes vers la vérité et
vers la justice, c’est pour une nation une
essentielle condition de vie, qu’elle pos
sède une doctrine susceptible de servir de
trait d’union entre les membres qui la
composent. Or, dans un pays divisé
comme le nôtre, déchiré depuis cent ans
par les compétitions politiques et les dis
sensions religieuses, sollicité tour à tour
par des doctrines irréconciliables entre
elles, quand les croyances primitivement
chargées d’inspirer aux hommes l’amour,
la miséricorde et la paix ne paraissent
servir qu’à exaspérer l’inimitié des sectes
et des partis entre lesquels se partage
l’âme de la patrie, à qui devons-nous
confier le soin de rétablir la concorde in
dispensable à la vie commune ?
L’enseignement laique n’est donc pas
une œuvre artificielle et vaine, née d’hier
et destinée à périr demain, ce n’est pas
une machine de combat, une arme d’occa
sion qu’on rejette avec dédain après un
premier engagement. C’est la forme natu
relle et nécessaire de toute éducation
respectueuse des droits de la conscience
et des exigences d’un entendement sain.
Elle n’en est pas moins, comme certaines
vérités primordiales, comme les libertés
es plus élémentaires, le résultat d’un
ong et laborieux effort, le terme et le but
de toute notre Révolution.
M.l’inspeceur Pagès, en tenant ce
ferme langage, s’expose aux injures
des feuiiles dévotes. Mais les considé
rations d’intérêt peesonnel n’empê
cheront jamais un penseur d’affirmer
ce qu’il croit la vérité.
A ce propos, rappelons que M. Emile
Pagès a été un des premiers traduc
teurs de Tolstoï.
Nous sommes heureux aujourd’hui
de le féliciter de son beau discours où
l’on sent vibrer la foi républicaine —
foi éloquente et agissante — que nous
souhaiterions à la majorité de nos
fonctionnaires.
y. l. r.
L'ENSEIGNEMENT LAÏQUE
A l’occasion d’une récente fête sco
laire, M. Emile Pagès, inspecteur
d’académie de la Vendée, a prononcé
un discours utile à méditer. L’orateur
expose avec une éloquente précision
les raisons philosophiques à invoquer
en faveur de la laïcisation de notre
enseignement primaire. Citons quel
ques extraits :
. Sénèque craignait l’homme d’un seul
livre ; nous disons, nous : prenez garde à
l’homme d’un dogme particulier, au re
présentant d’une caste ou d’une corpora
tion. Nous suffirait-il d’avoir arraché les
hommes à sa domination, si nous lni
livrions les enfants ? Edgard Quinet
demandait un jour : « Admettriez-vous
que l’évêque fut préfet, que le curé fut
maire ? » Nous demandons à notre tour,
avec autant de raison, semble-t-il : Pour
calomnieuse. Plusieurs d’entre eux,
qui connaissent le délateur, savent
qu’il n’a agi que par vengeance.
Mais le colonel Muiron n’a tenu
compte du témoignage ni des civils,
ni des militaires. Celui qu’il a écouté,
c’est le jésuite.
Cette affaire doit être tirée au clair.
*
* *
UN DE PLUS
Plus loin, l'orateur se demande où
trouver un principe de conciliation et
d’harmonie? Ne pouvant l’emprunter
à des croyances mortes, ni à des con
traintes extérieures dans un pays où
nul ne peut être inquiété pour ses opi
nions religieuses ou philosophiques, la
Nation, émancipée depuis cent ans,
a su trouver en elle-même un point
d’appui. Mais nous n’aurons fondé
l’union morale et la paix que par un
système d’éducation qui supprimera
les causes d’antagonisme entre Fran
çais d’une même génération. L’école
primaire doit être un sectarian , pour
employer l’expression anglaise, c’est-
à-dire en dehors des dogmes. Elle doit
proscrire le détestable esprit de prosé
lytisme qui met aux prises cléricaux
et libres-penseurs. Selon M. Emile
Pagès :
Il faut que, par un perpétuel contact,
par un commerce suivi dès l’enfance, par
une éducation prolongée jusqu’aux confins
de l’âge mûr, il faut qu’en s’imprégnant
des mêmes vérités et des mêmes beautés,
qu’en pratiquant ensemble les mêmes
vertus, tous les enfants de France ne
fassent bientôt plus qu’une pensée com
mune et qu’un commun vouloir, une seule
âme dans des milliers de corps. Il faut
enfin, pour ne rien perdre de tout ce qui
constitue la vie de la nation, c’est-à-dire
nous-même, en définitive, un enseigne
ment qui ne renie rien des grandeurs et
des gloires de la France dans les siècles
précédents, mais qui, loin de s’immobi
liser dans une mélancolique et stérile
admiration du passé, accueille avec joie
toutes les conquêtes du présent, annonce
et prépare tous les progrès de l’avenir.
Seul un principe étranger aux dissenti
ments des sectes et des partis, supérieur
aux contrariétés des croyances particuliè
res, peut maintenir en paix ces éléments
divers et fonder sur une base durable l’u
nité française. Ce principe, c’est encore à
l’enseignement laïque que nous devons le
demander. Et le secret de cette supério
rité tient dans ce fait qu’il parle seul une
langue intelligible pour tous les Français,
à quelque parti, à quelque secte qu’ils
appartiennent : la langue de la raison.
Il faut avouer que nos officiers ne
sont pas très heureux dans leurs ordres
du jour depuis quelques temps. En
voici un qui va soulever la conscience
publique par la légèreté avec laquelle
le fait qu’il porte à la connaissance des
troupes a été accueilli.
Cet ordre du jour accuse d'abord
le soldat Herpe, de la 12 e compagnie,
d’avoir, étant en état d’ivresse, crié,
dans le train qui Famenait à Saint
Brieuc :
il annonce que le colonel a demandé
au ministre de la guerre l’envoi aux
compagnies de discipline de oc ce sol
dat indigne de faire partie du régi
ment où l’on a toujours enseigné le
respect des sœurs de charité ». Tels
sont les termes mêmes de l’ordre du
jour.
Et il continue :
« Le caporal Person, de la 5 e com
pagnie, n’a pas fait taire ce soldat
proférant dés cris injurieux et n’en a
pas rendu compte. Par son silence,
est devenu son complice ; sur la plainte
du commandant de la compagnie et le
rapport spécial du colonel, le généra
commandant la 37 e brigade a prononcé
la cassation de ce caporal, qui a été
changé de corps.
« Le soldat Garel de la 8 e compa
gnie qui, par son silence , a paru , aux
yeux des assistants , donner son appro
bation aux paroles du soldat, a été
puni par le colonel de quinze jours de
prison qui ont été portés à vingt-trois
par le général commandant la 19 e di
vision. x>
Tout est puni, même le silence
Mais le plus malheureux, c’est que le
soldat Herpe n’a pas proféré les cris
qu’on lui reproche.
Le délateur est un prêtre qui
voulu se venger du père de Herpe,
lequel est instituteur à Rostrenen.
Ce prêtre, qui a déclaré mensongè
rement ne pas connaître Herpe, a écrit
au colonel, et c’est lui qui a entraîné
toutes les conséquences. Il a été cru
sur parole tout simplement.
Or, non seulement les soldats incri
minés protestent, mais des civils, pré
sents dans le wagon, ont affirmé éner
giquement que la dénonciation est
La Ligue des Droits de l’Homme et
du Citoyen s’est aussitôt préoccupée
d’examiner cette grave affaire. Il ré
sulte des derniers renseignements
qu’elle a reçus que déjà une enquête
a été ordonnée par l’autorité militaire;
que le générai de division Grisot au
rait interrogé le soldat Herpe ; que
le colonel du 71 e , M. Muiron, aurait
été mis aux arrêts de rigueur et que
e caporal cassé aurait été réintégré.
Herpe, toutefois, serait encore en
prison à l’heure actuelle.
Quoi qu’il en soit, des détails com
plémentaires ont été demandés d’ur
gence sur ce dernbr point et les dé
marches nécessaires seront faites aus
sitôt.
Voilà certainement des actes qui
méritent des félicitations au ministre
de la guerre.
GILETTA
Le fait grave pour lequel le général
italien Giletta vient d’être condamné
à cinq années d’emprisonnement,
nous démontre une fois de plus la
grande réserve que nous devons ob
server dans nos relations avec ITtalie.
Alors que Giletta, pour le compte
de son gouvernement, s’efforçait de
surprendre nos meilleurs secrets de
défense, ce même gouvernement cou
vrait de fleurs et d’acclamations les
marins français sur le sol italien.
Quel curieux contraste.
Les journaux anglais n’ont pas
manqué de nous railler à ce sujet, et
un grand diplomate de ce pays, dans
une récente conversation, a fait l’im
portante déclaration suivante :
« Le peuple de France est bon et
enthousiaste ; il suffit de peu de chose
pour l’entraîner : c’est le meilleur
moyen de le combattre. Dans toutes
les alliances que la France concluera,
elle n’aura toujours que le rôle de
dupe. y>
Nous ferions bien de méditer ces
quelques paroles : elles sont pour nous
un précieux enseignement.
F. T.
UN PROJET DE LOI
Dans notre numéro du 17 juin,
nous avons informé nos lecteurs que
plusieurs députés avaient déposé sur
le bureau de la Chambre un projet de
loi tendant à réglementer la réparti
tion des rentes entre lès membres des
sociétés civiles de retraites.
Voici comment les Prévoyants de
l’Avenir se défendent dans leur der
nier numéro.
Puisque nous sommes provoqués
par certains adversaires, toujours les
mêmes, qui répandent à profusion
dans les sections la grande nouvelle
qu’un projet de loi visant les Pré
voyants de VAvenir est soumis à l’exa
men de la Commission parlementaire
d’assurance et de prévoyance sociales,
pour, plus tard, être discuté par la
Chambre, nous allons nous en expli
quer franchement avec les 250,000
Prévoyants que ce projet intéresse.
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