Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-05-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 mai 1894 05 mai 1894
Description : 1894/05/05 (N143). 1894/05/05 (N143).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633421
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
t Aimée — S° 113 — Samedi 5 Mai
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
I e Année — 16 Floréal in 162 — 8° liî.
Bjæ
ORGANE
paix DES ABOXNEHIEXTS ;
O UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 f r 2 fr.
Départements. 4 f r 2 50
iiJ; '• !
, - . . T '
*
ADIIMSTRATIOIV & RÉDACTION
15. RUE CA SI MIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
A NOS LECTEURS
Des bruits malveillants, mis en circula
tion nous ne savons par qui, et tendant à
faire croire à nos lecteurs que le Réveil
du Havre allait cesser de paraître pour
laisser la place a une feuille encore à l’état
embryonnaire, ont tellement ému nos amis,
qu’un grand nombre d’entre eux sont venus
dans nos bureaux nous demander des ex
plications,
Que nos amis se rassurent : le Réveil
du Havre est en parfaite santé $t ne
songe pas à mourir. i
Les encouragements que nous prodiguent
abonnés et lecteurs, les sympathies qui
nous viennent de toutes parts, nous créent
le devoir de tenir, plus que jamais, haut
et ferme le drapeau de ilndépenaance.
Sincèrement républicains et socialistes,
nous ne sommes inféodés à aucune ; .cOterie;
et nous ne recevrons de mot d’ordre , de
qui que ce soit.
Nous nous efforcerons de jugér saine
ment les actes du gouvernement et ceux
de nos élus, tant municipaux que parlemen
tais
Prenant pour devise : A chacun
selon ses œuvres ! nous reconnaî
trons volontiers les actes louables de nos
adversaires politiques f de même que L nous
n’hésiterons à pas critiquer ceux de nos
amis le cas échéant. 7
La Rédaction.
NOTRE BILAN
Le 1 er Mai ramène désormais chaque année,
avec le printemps, la manifestation interna
tionale des travailleurs.
Le même jour, d’un bout à l’autre du
monde, les prolétaires, séparés par l'espace
par la race, par l’idiome, communient dans
une foi commune, dans une même espérance’.
C’est un symbole d’une singulière grandeur
bien fait pour frapper les imaginations que
ces témoignages d’entente universelle entre
tous les sacrifiés de la société capitaliste.
Mais en même temps qu’il est la fête inter
nationale des travailleurs, le 1 er Mai offre au
parti socialiste de chaque pays l’occasion
naturelle de jeter un coup d’œil sur l’année
écoulée, de passer ses forces en revue, de
constater les progrès accomplis, d’examiner
quels devoirs lui crée la situation politique et
sociale où se meut son activité.
C’est avec une satisfaction sans mélange
que le parti socialiste français peut, au 1 er
mai 1894, faire son examen de conscience et
dresser son bilan.
Rapides, en effet, ont été les progrès qu’il
a accomplis depuis douze mois. Les élections
générales n’ont pas seulement marqué la
victoire électorale de plus de cinquante dépu
tés socialistes. Nous n’avons pas à enregistrer
que des succès individuels.
L’entrée en scène d'une minorité socialiste
et agissante a suffi à jeter le désarroi dans les
rangs des bataillons parlementaires. En quel
ques semaines, on a vu les vieux cadres se
rompre, les anciens groupes s’effriter et deux
partis seuls rester debout, face à face, le parti
socialiste et le parti anti-socialiste, la majo
rité toute entière serrée autour d’un gouver
nement de réaction, dont le riche actionnaire
des mines d’Anxin avait tous lés titres à être
le porte-drapeau et le chef.
Le même phénomène s’est produit dans le
pays : les élus socialistes n’ont pas jugé en
effet qu’ils auraient rempli tout leur devoir
en faisant entendre de la tribune du Palais-
: Bourbon la parole nouvelle.
. Ils se sont répandus dans le pays. Ils ont
organisé la propagande. Ils se sont mis» à la
! disposition des comités électoraux. Le succès
a répondu à leurs efforts. Des élections reten-
• * / • ; r. ■■ J;-.i .; ‘ r ■ . : 5 j .V. if' "
tissantes ont prouvé que l’exploitation d’im
béciles attentats n’avait pas affolé le pays ;
Lés résultats obtenus par le passé nous
tracent notre devoir pour l’avenir. Plus que
jamais les militants du socialisme doivent se
Consacrer à l’œuvre de la propagande. Forts
des centaines, de milliers de suffrages qui ont
consacré leurs doctrines, c’est à conquérir les
masses indifférentes ou ignorantes qu ïîs vont
travailler.
Pour mener à bien cette tâche, la persévé
rance dans l’effort, la modération dans le
langage, la netteté dans les doctrines sont les
qualités essentielles. Elles ne leur feront pas
défaut.
Sans qu’ils osent se l’avouer, nos adversai
res ne comptent plus que sur nos fautes pour
échapper à l’inévitable défaite. Ils annoncent
nos divisions : ils calomnient nos intentions:
f ; . (
ils caricaturent nos idees.
L’union, la sagesse, la fermeté du parti
socialiste français déjoueront leurs espérances
et achèveront notre victoire.
. ; » ; .... A. MILLERAND,
Député de Paris.
C’en est fait, M. Casimir Périer vient de
remporter une nouvelle victoire, en attendant
qu’il remporte sa veste, ce qui ne peut
tarder.
M. Jaurès a été battu à plate-couture. Par
340 voix contre 179, la Chambre des Députés
a voté l’ordre du jour pur et simple, accepté
par le gouvernement.
Cette forte majorité, sur laquelle îe prési
dent du Conseil ne comptait pas, a dû être
bien douce à son cœur.
Mais, la réflexion aidant, il a certainement
trouvé que son succès lui coûtait cher.
Cette fois, pas d’équivoque : toute la droite
a donné comme un seul homme, sans son
appoint, le ministère était battu. M. Casimir
Périer ne l’ignorait pas, mais il voulait crâner
en répondant à M. Millerand, qui lui repro
chait son alliance avec les droites :
« Nous crayons qu’un gouvernement qui,
depuis cinq mois, n’a été soutenu que par
des voix républicaines.. » x>
M. d’Hulst s’est chargé de le rappeler à
l’ordre en lui criant : >
« Le jour même de la déclaration ministé
rielle, vous seriez morts sans l’appui des voix
de la droite. .
Collé, comme un vulgaire potache, M*
Casimir Périer a gardé un silence éloquent.
Ainsi, de l’aveu même du ministère, nous
sommes gouvernés par une coalition de Centre-
jgauchers et de droitiers. Laissons-Ies faire et
(c'en sera bientôt fait de toutes nos libertés,
j Après la presse, ils supprimeront, sans doute,
|le suffrage universel et sortirons de leur
! poche, pommadé et frisé pour la circonstance,
j quelque roitelet qui nousramènéra aux beaux
jours des petits appartements et du Parc aux
! Cerfs.
En présence de l’aveu cynique du ministre
dirigeant, les républicains dignes de ce nom
ne peuvent hésiter : le congédiement du
cabinet réactionnaire, qüi nous leurre depuis
six mois, s’impose.
Un gouvernement que MM. d’Hulst et de
Mun mènent par le bout du nez ne saurait
plus longtemps présider aux destinées de la
France démocratique.
Nos élus ne peuvent sans cesse se laisser
tromper par les déclarations pompeuses d’un
ministre qui n’est que l’humble serviteur de
Rome et de la réaction.
. Le peuple est las d’attendre les belles pro
messes du seigneur d r Ânzin, qui n'ont d’autre
but que de l’aveulir afin de lui mettre plus
facilement la tête sous le talpn de sa botte.
Casimir Périer veut tuer la République :
Députés républicains, faites votre devoir !
Pierre MÉRITEL.
LES DROITS DU SÉNAT
La nomination de la commission sénatoriale des
finances soulève, dans plusieurs journaux, des
polémiques qui font ressortir l'antagonisme des
deux Chambres.
Pour nous, d’ailleurs, c’est pure chinoiserie.
Ainsi, par une singularité bizarre* le Sénat
avait décidé, avec une majorité de sept voix, que
cette commission serait nommée immédiatement.
D’après le pointage il fut'constate que le résultat
du vote était erroné et que lé Sénat avait décidé,
tout au contraire, pour ï’ajournemènt de cette no
mination au moment où il serait régulièrement
saisi du budget.
Le devoir de M. Challemel-Lacour, eût été de
reconnaître l’erreur et d’annuler le premier vote.
C’est un manque absolue de sincérité 1
Le Sénat, on le sait, n’a pas lé droit de s’occuper
de budget avant la Chambre des députés.
, Ces erreurs donnent une idée de la manière
dont Yillustre Challemel-Lacour s’acquitte de ses
fonctions de présiden t.
NOS GOUVERNANTS ET L’ANGLETERRE
Une question importante est posée dans la
presse.
On demande s’il est Vrai que, obéissant à un
veto de l’Angleterre, nos gouvernants aient aban
donné l’arrangement, déjà conclu avec Saint-
Pétersbourg, consistant à faire hiverner l’escadre
russe dans un de nos ports.
De sérieux motifs — paraît-il — donnent lieu
de penser que la chose est vraie. En tout cas, elle
est très vraisemblable. Cette reculade ne serait
que la réédition de celle qui, après le voyage de
notre flotte à Cronstadt, a expédié immédiatement
cette flotte à Portsmouth, pour demander pardon
à l’Angleterre de la liberté grande prise par nous
en rendant visite à la Russie.
Pour être probable, la capitulation, aüjoürd’hüi
signalée, nW iserait pas moins inouïe, scanda
leuse, révoltante.
Rien ne l’expliquerait, pas même f état Hamen-^
table* de notre flotte, constaté par la commission
d'etfquête. 3
Il est évident, en effet, que l’Angleterre ne nous
eût pas déclaré la guerre parce que nous aurions
donné l’hospitalité à une flotte russe.
Capituler en pareille circonstance, ce n’est même
pas abaisser son pavillon devant un danger, c’est
s’évanouir devant une ombre.
Le Chef d’Etat-Major général
'Voici en quels termesle Journal Officiel annonce
la nomination du général de Boisdeffre, au poste
de chef d’état-major général :
« Par décret, en date du P* mai 1894, rendu par
le Président de la République, sur la proposition
du ministre de la guerre, M. le général de division
le Moüton de Boisdeffre (Raoul- François-Charles),
faisant fonctions de chef d'état-major général de
Vatrmée, est nommé chef d’état-major général»
de l’armée. »
On s’est donc décidé, après bien des atermoie
ments, à mettre le mot sur la chose, à substituer
le définitif au provisoire.
Il est fort heureux que le gouvernement ait
compris qu’il fallait un général capable pour rem
plir ces difficiles fonctions et ne les ait pas confiées
à quelque nullité qui nous eût préparé un nouveau
Sedan. -
LES GRANDS BÉSARÇ&EMEwïS
Au moment où la commission extra-parlemen
taire d'enquête discute les termes dans lesquels
elle nous annoncera que notre marine de guerre
ne vaut pas un clou, et que les immenses sacrifices
faits par la Nation n’ont servi qu*à peupler la
flotte de sabots incapables non seulement d’ac
cepter ou de refuser le combat, mais encore de
tenir la mer, il n’est pas sans intérêt d’examiner
la situation que nous créerait cc-t état d’infériorité
en cas dé conflit international. • •
Il est malheureusement prouvé que notre sys
tème de défense des côtes est absolument défec
tueux, et il serait facile à l’ennemi d’opérer son
débarquement sur un point quelconque de notre
littoral. Cependant, nous ne croyons pas qu’on
doive s’émouvoir outre mesure de cette éventualité;
Von der Goliz a dit : e Les débarquements sont,
pour un Etat peuplé et militairement organisé,
plutôt un épouvantail qu’un danger sérieux. »
L’histoire vient à l’appui de sa thèse.
f Combien de descentes ont-elles été méditées
contre l’Angleterre ? Combien ont réussi ?
t La bataille de la Hougue fit avorter celle que
devait conduire le roi Jacques. En 1744, une autre
tentative échoua. En 1759, le désastre survenu à
la flotte du maréchal de Conflans fit encore avorter
un nouveau projet d’invasion. Pendant la guerre
d’Amérique, la flotte combinée fut impuissante à
faire passer l’armée rassemblée en Normandie. En
1796, Hoche ne put même pas mettre pied à terre
en Irlande, et deux ans plus tard, le général
Humbert, qui avait réussi à débarquer les 2,000
hommes qu’il commandait, trouva une prison dans
cette Irlande qu’il devait, d’après son dire, tra
verser en triomphateur. Napoléon immobilisa la
flottille de Boulogne pendant près de cinq ahs sans
réussir à passer le détroit. « Que nous soyons
maîtres de là Manche pendant six heures, diSàit-il,
et nous serons les maîtres du monde. » Le Destin
ne lui accorda pas cet empire* même pendant ce
court laps de temps, et sa tentative d’invaêion
tomba dans Veau. J : ; î i ? ;
On pourra objecter que lors de la plupart de ces
projets dé débarquement, nous étions dans une
situation précaire, ayant nos ports bloqués, nos
escadres captives-, tandis que les flottes anglaises
parcouraient 'librement notre littoral et paraly
saient notre Action-à l'extérieur.
Mais lorsqu’aux mêmes époques les Anglais
tentèrent de nous envahir, le succès ne couronna
pas davantage leurs efforts. En 1756, ils débar
quent A Saint-Cast et sont rejetés à la mer ; Eu
1695, ils échouerit misérablement à Quibéron. En
1809, ils débarquent à Wacheren (qui nous appar
tenait alors) et sont bientôt obligés de se rembar
quer, sans avoir rien fait d’important contre nous.
La raison de ces échecs ? C’est que l’ennemi ne
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
I e Année — 16 Floréal in 162 — 8° liî.
Bjæ
ORGANE
paix DES ABOXNEHIEXTS ;
O UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 f r 2 fr.
Départements. 4 f r 2 50
iiJ; '• !
, - . . T '
*
ADIIMSTRATIOIV & RÉDACTION
15. RUE CA SI MIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
A NOS LECTEURS
Des bruits malveillants, mis en circula
tion nous ne savons par qui, et tendant à
faire croire à nos lecteurs que le Réveil
du Havre allait cesser de paraître pour
laisser la place a une feuille encore à l’état
embryonnaire, ont tellement ému nos amis,
qu’un grand nombre d’entre eux sont venus
dans nos bureaux nous demander des ex
plications,
Que nos amis se rassurent : le Réveil
du Havre est en parfaite santé $t ne
songe pas à mourir. i
Les encouragements que nous prodiguent
abonnés et lecteurs, les sympathies qui
nous viennent de toutes parts, nous créent
le devoir de tenir, plus que jamais, haut
et ferme le drapeau de ilndépenaance.
Sincèrement républicains et socialistes,
nous ne sommes inféodés à aucune ; .cOterie;
et nous ne recevrons de mot d’ordre , de
qui que ce soit.
Nous nous efforcerons de jugér saine
ment les actes du gouvernement et ceux
de nos élus, tant municipaux que parlemen
tais
Prenant pour devise : A chacun
selon ses œuvres ! nous reconnaî
trons volontiers les actes louables de nos
adversaires politiques f de même que L nous
n’hésiterons à pas critiquer ceux de nos
amis le cas échéant. 7
La Rédaction.
NOTRE BILAN
Le 1 er Mai ramène désormais chaque année,
avec le printemps, la manifestation interna
tionale des travailleurs.
Le même jour, d’un bout à l’autre du
monde, les prolétaires, séparés par l'espace
par la race, par l’idiome, communient dans
une foi commune, dans une même espérance’.
C’est un symbole d’une singulière grandeur
bien fait pour frapper les imaginations que
ces témoignages d’entente universelle entre
tous les sacrifiés de la société capitaliste.
Mais en même temps qu’il est la fête inter
nationale des travailleurs, le 1 er Mai offre au
parti socialiste de chaque pays l’occasion
naturelle de jeter un coup d’œil sur l’année
écoulée, de passer ses forces en revue, de
constater les progrès accomplis, d’examiner
quels devoirs lui crée la situation politique et
sociale où se meut son activité.
C’est avec une satisfaction sans mélange
que le parti socialiste français peut, au 1 er
mai 1894, faire son examen de conscience et
dresser son bilan.
Rapides, en effet, ont été les progrès qu’il
a accomplis depuis douze mois. Les élections
générales n’ont pas seulement marqué la
victoire électorale de plus de cinquante dépu
tés socialistes. Nous n’avons pas à enregistrer
que des succès individuels.
L’entrée en scène d'une minorité socialiste
et agissante a suffi à jeter le désarroi dans les
rangs des bataillons parlementaires. En quel
ques semaines, on a vu les vieux cadres se
rompre, les anciens groupes s’effriter et deux
partis seuls rester debout, face à face, le parti
socialiste et le parti anti-socialiste, la majo
rité toute entière serrée autour d’un gouver
nement de réaction, dont le riche actionnaire
des mines d’Anxin avait tous lés titres à être
le porte-drapeau et le chef.
Le même phénomène s’est produit dans le
pays : les élus socialistes n’ont pas jugé en
effet qu’ils auraient rempli tout leur devoir
en faisant entendre de la tribune du Palais-
: Bourbon la parole nouvelle.
. Ils se sont répandus dans le pays. Ils ont
organisé la propagande. Ils se sont mis» à la
! disposition des comités électoraux. Le succès
a répondu à leurs efforts. Des élections reten-
• * / • ; r. ■■ J;-.i .; ‘ r ■ . : 5 j .V. if' "
tissantes ont prouvé que l’exploitation d’im
béciles attentats n’avait pas affolé le pays ;
Lés résultats obtenus par le passé nous
tracent notre devoir pour l’avenir. Plus que
jamais les militants du socialisme doivent se
Consacrer à l’œuvre de la propagande. Forts
des centaines, de milliers de suffrages qui ont
consacré leurs doctrines, c’est à conquérir les
masses indifférentes ou ignorantes qu ïîs vont
travailler.
Pour mener à bien cette tâche, la persévé
rance dans l’effort, la modération dans le
langage, la netteté dans les doctrines sont les
qualités essentielles. Elles ne leur feront pas
défaut.
Sans qu’ils osent se l’avouer, nos adversai
res ne comptent plus que sur nos fautes pour
échapper à l’inévitable défaite. Ils annoncent
nos divisions : ils calomnient nos intentions:
f ; . (
ils caricaturent nos idees.
L’union, la sagesse, la fermeté du parti
socialiste français déjoueront leurs espérances
et achèveront notre victoire.
. ; » ; .... A. MILLERAND,
Député de Paris.
C’en est fait, M. Casimir Périer vient de
remporter une nouvelle victoire, en attendant
qu’il remporte sa veste, ce qui ne peut
tarder.
M. Jaurès a été battu à plate-couture. Par
340 voix contre 179, la Chambre des Députés
a voté l’ordre du jour pur et simple, accepté
par le gouvernement.
Cette forte majorité, sur laquelle îe prési
dent du Conseil ne comptait pas, a dû être
bien douce à son cœur.
Mais, la réflexion aidant, il a certainement
trouvé que son succès lui coûtait cher.
Cette fois, pas d’équivoque : toute la droite
a donné comme un seul homme, sans son
appoint, le ministère était battu. M. Casimir
Périer ne l’ignorait pas, mais il voulait crâner
en répondant à M. Millerand, qui lui repro
chait son alliance avec les droites :
« Nous crayons qu’un gouvernement qui,
depuis cinq mois, n’a été soutenu que par
des voix républicaines.. » x>
M. d’Hulst s’est chargé de le rappeler à
l’ordre en lui criant : >
« Le jour même de la déclaration ministé
rielle, vous seriez morts sans l’appui des voix
de la droite. .
Collé, comme un vulgaire potache, M*
Casimir Périer a gardé un silence éloquent.
Ainsi, de l’aveu même du ministère, nous
sommes gouvernés par une coalition de Centre-
jgauchers et de droitiers. Laissons-Ies faire et
(c'en sera bientôt fait de toutes nos libertés,
j Après la presse, ils supprimeront, sans doute,
|le suffrage universel et sortirons de leur
! poche, pommadé et frisé pour la circonstance,
j quelque roitelet qui nousramènéra aux beaux
jours des petits appartements et du Parc aux
! Cerfs.
En présence de l’aveu cynique du ministre
dirigeant, les républicains dignes de ce nom
ne peuvent hésiter : le congédiement du
cabinet réactionnaire, qüi nous leurre depuis
six mois, s’impose.
Un gouvernement que MM. d’Hulst et de
Mun mènent par le bout du nez ne saurait
plus longtemps présider aux destinées de la
France démocratique.
Nos élus ne peuvent sans cesse se laisser
tromper par les déclarations pompeuses d’un
ministre qui n’est que l’humble serviteur de
Rome et de la réaction.
. Le peuple est las d’attendre les belles pro
messes du seigneur d r Ânzin, qui n'ont d’autre
but que de l’aveulir afin de lui mettre plus
facilement la tête sous le talpn de sa botte.
Casimir Périer veut tuer la République :
Députés républicains, faites votre devoir !
Pierre MÉRITEL.
LES DROITS DU SÉNAT
La nomination de la commission sénatoriale des
finances soulève, dans plusieurs journaux, des
polémiques qui font ressortir l'antagonisme des
deux Chambres.
Pour nous, d’ailleurs, c’est pure chinoiserie.
Ainsi, par une singularité bizarre* le Sénat
avait décidé, avec une majorité de sept voix, que
cette commission serait nommée immédiatement.
D’après le pointage il fut'constate que le résultat
du vote était erroné et que lé Sénat avait décidé,
tout au contraire, pour ï’ajournemènt de cette no
mination au moment où il serait régulièrement
saisi du budget.
Le devoir de M. Challemel-Lacour, eût été de
reconnaître l’erreur et d’annuler le premier vote.
C’est un manque absolue de sincérité 1
Le Sénat, on le sait, n’a pas lé droit de s’occuper
de budget avant la Chambre des députés.
, Ces erreurs donnent une idée de la manière
dont Yillustre Challemel-Lacour s’acquitte de ses
fonctions de présiden t.
NOS GOUVERNANTS ET L’ANGLETERRE
Une question importante est posée dans la
presse.
On demande s’il est Vrai que, obéissant à un
veto de l’Angleterre, nos gouvernants aient aban
donné l’arrangement, déjà conclu avec Saint-
Pétersbourg, consistant à faire hiverner l’escadre
russe dans un de nos ports.
De sérieux motifs — paraît-il — donnent lieu
de penser que la chose est vraie. En tout cas, elle
est très vraisemblable. Cette reculade ne serait
que la réédition de celle qui, après le voyage de
notre flotte à Cronstadt, a expédié immédiatement
cette flotte à Portsmouth, pour demander pardon
à l’Angleterre de la liberté grande prise par nous
en rendant visite à la Russie.
Pour être probable, la capitulation, aüjoürd’hüi
signalée, nW iserait pas moins inouïe, scanda
leuse, révoltante.
Rien ne l’expliquerait, pas même f état Hamen-^
table* de notre flotte, constaté par la commission
d'etfquête. 3
Il est évident, en effet, que l’Angleterre ne nous
eût pas déclaré la guerre parce que nous aurions
donné l’hospitalité à une flotte russe.
Capituler en pareille circonstance, ce n’est même
pas abaisser son pavillon devant un danger, c’est
s’évanouir devant une ombre.
Le Chef d’Etat-Major général
'Voici en quels termesle Journal Officiel annonce
la nomination du général de Boisdeffre, au poste
de chef d’état-major général :
« Par décret, en date du P* mai 1894, rendu par
le Président de la République, sur la proposition
du ministre de la guerre, M. le général de division
le Moüton de Boisdeffre (Raoul- François-Charles),
faisant fonctions de chef d'état-major général de
Vatrmée, est nommé chef d’état-major général»
de l’armée. »
On s’est donc décidé, après bien des atermoie
ments, à mettre le mot sur la chose, à substituer
le définitif au provisoire.
Il est fort heureux que le gouvernement ait
compris qu’il fallait un général capable pour rem
plir ces difficiles fonctions et ne les ait pas confiées
à quelque nullité qui nous eût préparé un nouveau
Sedan. -
LES GRANDS BÉSARÇ&EMEwïS
Au moment où la commission extra-parlemen
taire d'enquête discute les termes dans lesquels
elle nous annoncera que notre marine de guerre
ne vaut pas un clou, et que les immenses sacrifices
faits par la Nation n’ont servi qu*à peupler la
flotte de sabots incapables non seulement d’ac
cepter ou de refuser le combat, mais encore de
tenir la mer, il n’est pas sans intérêt d’examiner
la situation que nous créerait cc-t état d’infériorité
en cas dé conflit international. • •
Il est malheureusement prouvé que notre sys
tème de défense des côtes est absolument défec
tueux, et il serait facile à l’ennemi d’opérer son
débarquement sur un point quelconque de notre
littoral. Cependant, nous ne croyons pas qu’on
doive s’émouvoir outre mesure de cette éventualité;
Von der Goliz a dit : e Les débarquements sont,
pour un Etat peuplé et militairement organisé,
plutôt un épouvantail qu’un danger sérieux. »
L’histoire vient à l’appui de sa thèse.
f Combien de descentes ont-elles été méditées
contre l’Angleterre ? Combien ont réussi ?
t La bataille de la Hougue fit avorter celle que
devait conduire le roi Jacques. En 1744, une autre
tentative échoua. En 1759, le désastre survenu à
la flotte du maréchal de Conflans fit encore avorter
un nouveau projet d’invasion. Pendant la guerre
d’Amérique, la flotte combinée fut impuissante à
faire passer l’armée rassemblée en Normandie. En
1796, Hoche ne put même pas mettre pied à terre
en Irlande, et deux ans plus tard, le général
Humbert, qui avait réussi à débarquer les 2,000
hommes qu’il commandait, trouva une prison dans
cette Irlande qu’il devait, d’après son dire, tra
verser en triomphateur. Napoléon immobilisa la
flottille de Boulogne pendant près de cinq ahs sans
réussir à passer le détroit. « Que nous soyons
maîtres de là Manche pendant six heures, diSàit-il,
et nous serons les maîtres du monde. » Le Destin
ne lui accorda pas cet empire* même pendant ce
court laps de temps, et sa tentative d’invaêion
tomba dans Veau. J : ; î i ? ;
On pourra objecter que lors de la plupart de ces
projets dé débarquement, nous étions dans une
situation précaire, ayant nos ports bloqués, nos
escadres captives-, tandis que les flottes anglaises
parcouraient 'librement notre littoral et paraly
saient notre Action-à l'extérieur.
Mais lorsqu’aux mêmes époques les Anglais
tentèrent de nous envahir, le succès ne couronna
pas davantage leurs efforts. En 1756, ils débar
quent A Saint-Cast et sont rejetés à la mer ; Eu
1695, ils échouerit misérablement à Quibéron. En
1809, ils débarquent à Wacheren (qui nous appar
tenait alors) et sont bientôt obligés de se rembar
quer, sans avoir rien fait d’important contre nous.
La raison de ces échecs ? C’est que l’ennemi ne
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