Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-04-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 avril 1894 21 avril 1894
Description : 1894/04/21 (N141). 1894/04/21 (N141).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633406
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4 e innée — N° 141 — Samedi 21 Avril 1894.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 Floréal An 102 — N° 141.
Réveil
av
ORGANE RÉPUBLICAIN
?m DES AB«MTS :
UN AN
SIX. MOIS
Le Havre
3 fr.
2 fr.
Départements
. 4 fr.
2 50
ADKIMSTMYIOX & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On trait© à Forfait
HAUTE TRAHISON !
OU LES
PATR IOT ARDS
Puisque nous en avons fini avec les Crispi-
nades du roi d’Italie, qui ont attiré si vive
ment l’attention sur nos affairés extérieures,
les lecteurs du Réveil ne trouveront sans doute
pas hors de saison de leur soumettre quelques
réflexions sur ces questions d’actualité.
Les révélations deM. Flourens, ex-ministre
des Affaires étrangères, publiées récemment
par le Figaro, ne sont-elles pas particulière
ment suggestives ?
Les Dessous diplomatiques méritent le bon
accueil que leur ont fait les esprits indépen
dants qui ne sont inféodés à aucune petite
église politique et qui, patriotes avant tout,
ont soif de vérité.
Ces documents font naturellement pousser
des cris aux plumifères du Capitole oppor
tuniste, dont la pudeur diplomatique s’effa
rouche de ces révélations instructives. Lt-k-
secret professionnel ? s’écrient-ils. Comme si
les Français n’avaient pa.s le droit de savoir
comment on trafique de leur nom et de
rechercher les drôles qui trahissent leurs
intérêts les plus sacrés.
Si M. flourens, au lieu de nous éclairer
sur les agissements de Messieurs nos gouver
nants, avait trouvé tout pour le mieux, vous
les verriez couvrir de fleurs celui qu’ils sont
en train de couvrir de bonne et de combattre
avec tout l’acharnement des désespérés dans
la circonscription d’Embrun,
Bien mieux, Casimir P. Anzin est en
train, paraît-il, de commander à son usine
parlementaire une loi spéciale contre les
risques d’indiscrétions diplomatiques.
Dame, quand on se sent morveux...
Car ils savent bien que le terrain commence
à crouler sous leurs pieds ; après Wilson,
nous avons eu Panama, qui, certes, ne les a
pas blanchi à l’instar de l’eau du meme nom,
et voilà maintenant qu’un de leurs anciens
collègues ne veut pas être leur compère plus
longtemps et mange le morceau.
Wilson et sa ruhannerie, ce n’était qu’une
fantaisie éhontée ; le Panama et ses trucs a
escamoter le contenu des bas de laine, ce
n’était qu’une fantasmagorie malhonnête qui
a littéralement ahuri le peuple, mais les
Dessous diplomatiques nous îpontrent les inté
rêts essentiels et vitaux de la Nation même
livrés sans vergogne aux mains de Bismarck
par des Français ; c’est le comble de 1 igno
minie, c’est l’abdication de la personnalité
nationale, c’est la haute trahison. — Pends-
toi, ombre de Bazaine ! ombre de Boulanger,
tu peux sourire dans ta barbe blonde !
Le peuple de France sait aujourd’hui que
tir fus chassé du ministère de la Guerre par
un ordre de Bismarck.
Nous ne sommes pas. au Réveil, suspects de
boulangisme posthume, et si, avec la grande
majorité des républicains, nous avons mani
festé de la sympathie pour le patriote que fut
Boulanger, ministre de la Guerre, nous avons
combattu la Boulange réactionnaire et cléri
cale. Mais nous serions coupables de ne pas
signaler à nos lecteurs ce fait monstrueux :
un ministre français destitué de ses fonctions
par Bismarck.
C’est prouvé, c’est indiscutable, après les
révélations de M. Flourens.
11 serait superflu de faire des commen
taires : le fait est assez éloquent par lui-
même.
Qu’on le sache donc bien ; il s’est trouvé
des Français, assez déchus de leur race pour
se faire les valets de l’Allemagne.
Comptez donc maintenant sur les accolytes
des Waddington, des Develle et des Ribofc
pour cimenter l’alliance russe.
Et ce sont eux qui ont fait condamner
Boulanger et Rochefort pour crime de haute
trahison ! '
— Patriotards, va !
Pierre HOUCITARD.
——
Les Percepteurs Surnuméraires
Le ministre des finances vient de décider
que, désormais, les candidats à l’emploi de
surnuméraire percepteur subiraient un exa
men basé sur un programme unique, et que
toutes les compositions seraient concentrées à
Paris, de façon à établir un classement pour
toute la France.
Avec l’ancien système, les épreuves (et
quelles épreuves) avaient lieu dans chaque
département, de sorte que suivant le caprice
des examinateurs, elle étaient plus ou moins
sérieuses.
Discrètement annoncé à l’avance,le concours
n’était jamais sérieux. Un tout petit nombre
de postulants s’y présentaient. C’étaient, pres
que toujours, ceux qu’en langage de Trésore
rie générale ou de Recette particulière, on
désigne sous le titre officieux d'aspirants sur
numéraires.
Vous ne savez peut-être pas ce que c’est
qu’un aspirant surnuméraire ? Je vais vous
fixer :
C’est un de ces jeunes gens dont le peuple
dit, dans son langage quelquefois brutal, mais
toujours juste : « 11 a de la chance que son
père soit né avant lui. » En un mot, c’est le
fils d’une famille aisée, qui, manquant d’ap
titudes, a été retoqué un peu partout. Inca
pable d'obtenir son baccalauréat ou de pour
suivre plus loin ses études si, par hasard il
l’a décroché, il s’est rabattu sur cette facile
carrière où on ne lui demande rien. Il lui
suffira de passer trois, quatre, peut-être cinq
ans — gratuitement bien entendu — dans
les bureaux du Trésorier général ou du Rece
veur des finances, et un beau jour, tout dou
cement, sans secousse, sans presque s’en aper
cevoir, il se verra percepteur de 5 e classe.
Iiélas ! monsieur le M inistre, votre réforme
ne change rien, tant que vous n’aurez pas
changé le programme.
Notez, en passant, que certaines infirmités
n’empêchent pas de devenir percepteur. Un
conscrit réformé par le conseil de révision
peut faire son surnumérariat et obtenir un
emploi de percepteur, pendant que ses cama
rades se font tuer au Dahomey, au Soudan
ou ailleurs.
L'Etat réserve un certain nombre d’emplois
aux officiers blessés, aux sous-officiers ayant
quinze ans de service, aux employés de Pré
fecture, de Trésorerie ou de Recette particu
lière des finances.
Il y a là, semble-t-il, des éléments qui suf
firaient amplement au recrutement total des
percepteurs.
En ce qui concerne plus particulièrement
les employés des finances, n’est-ce pas le cou
ronnement tout indiqué d’une longue exis
tence de dévouement ? Ce serait une faible
compensation aux maigres appointements
qu’ils gagnent péniblement.
Beaucoup de gens s’imaginent à tort £ue
les commis de Trésorerie et de Recette parti
culière sont des employés rétribués par l’Etat.
11 n’en est rien. Depuis le fondé de pou
voirs jusqu’au saute-ruisseau, tous, sans ex
ception, sont les salariés de leur patron, le
trésorier général ou le receveur particulier,
suivant le cas.
Il va sans dire que ces derniers, touchant
des appointements formidables, paient le
moins possible leurs collaborateurs. Tel tréso
rier général dont les émoluments atteignent
150,000 francs par an, accorde 6,000 francs
d’appointements au premier fondé de pou
voirs, chef de bureaux, le second a parfois
3,000 francs, les chefs de bureau — il y en a
trois ou quatre — 2,000 ou 2,400 ; le menu
fretin se contente de 1,200, 1,000, 800, 600,
voire de 360 francs.
Quant aux aspirants surnuméraires, ils
travaillent gratuitement ; aussi avec quelle
joie ils sont accueillis, fussent-ils Calino en
personne.
Vous pouvez demander l’avis des trésoriers
généraux, soyez certains qu’ils opineront
pour le maintien des surnuméraires. L’intérêt
le leur commande d'abord, et une autrecause
encore qui, pour être sentimentale n’en a pas
moins de force : la similitude d’origine.
Eux aussi, les trésoriers généraux sont des
fruits secs : tous des ratés de pulyiechmqne
ou de Saint-Cyr.
Il n'en est pas de riche famille qui ce soit
arrivée à pourvoir d’une Trésorerie ou d’une
Recette, celui de ses fils qui semblait impropre
à tout.
Gageons qu’en notre belle France il n’y a
pas dix trésoriers généraux capables d’admi
nistrer personnellcménl leur Trésorerie.
Et cependant, voilà des gens qui empochent
des appointements à rendre Constans jaloux.
Si on ne veut pas les supprimer, qu’on
réduise au moins les remises scandaleuses qui
leur sont accordées.
N’y comptons pas : Nos politiciens sont
trop prévoyants, pour ne pas se réserver une
poire pour la soif.
Pierre MÉRITEL.
-wÈiga*» ———-
AUX DÉTRACT EURS D it SOCIALISME
Au dire de tous les opportunistes do France,
tant députés qu’électeurs, les socialistes sont tous
des Sans-Patrie ; mais lorsqu’il s’agit de défendre
le régime capitaliste et bourgeois, il n’y a plus de
patriotisme et l’internationale rouge qu’ils repro
chent tant au prolétariat coudoie l’internationale
jaune du capital ou les Leroy-Beaulieu fraterni
sent avec les Rmhter et les Zacher pour attaquer
l’ennemi commun.
Dans leur crainte d’un compte à rendre un jour
au peuple, ils s’élèvent avec une violence et une
audace inouie contre le socialisme, et dans leur
emportement, ils ne ménagent personne. Ils tom
bent à bras raccourcis non-seulement sur les so
cialistes et mettent dans le même sac : radicaux-
réformistes et socialistes-chrétiens.
« Tous ces complices ou ces précurseurs du col
lectivisme, s’écrie un de leurs économistes favoris,
doivent être combattus résolument, sans défail
lance, par tous ceux qui tiennent à la civilisation,
non seulement à un ensemble précieux de biens
matériels, mais à la liberté intellectuelle et
morale ».
Voyez ces défenseurs de la civilisation des
biens matériels et de la liberté intellectuelle et
morale, toutes choses que, selon ces bons opportu
nistes et réactionnaires, grands industriels ou
banquiers, la société collectiviste fera disparaître !
C’est vraiment trop se moquer du monde !
Mais pourquoi donc ces capitalistes qui criti
quent avec tant d’audace et d’assurance une So
ciété qu’ils ne connaissent pas, une organisation
à laquelle ils n’ont même rien pu comprendre,
pourquoi donc ne répondent-ils jamais aux ques
tions que posent tous les jours les socialistes sur
les faits de la société actuelle, faits qui sont une
protestation flagrante et permanente contre la
barbarie de cette société ?
Pourquoi donc gardent-ils le silence lorsque
nous constatons justement aujourd’hui — et cela
par des preuves irréeusables tirées journellement
des journaux bourgeois eux-mêmes — lorsque
nous constatons ce qu’ils semblent tant craindre
dans une société collectiviste, c’est-à-dire le man-
que absolu de biens matériels pour une certaine
partie de la population, alors que les dépôts regor
gent de richesse ? Et qu’ont-ils à répondre à cela?
Pourquoi ne répondent-ils rien, lorsque nous
crions contre l’horrible tyrannie des patrons et
capitalistes, tyrannie exercée sur la majorité des
citoyens affamés à plaisir ?
En quoi consiste donc la civilisation ?
Est-ce dans la misère qui pousse tant de pau
vres filles à vendre leur corps pour vivre ?
Est-ce dans les avortements perpétrés par dizai
nes de mille et dont la cause est, comme toujours,
la misère ?
Est-ce dans les suicides de familles entières, ces
suicides individuels qui se multiplient chaque
jour, et dont le manque du moindre bien matériel
est justement la cause ?
Est-ce dans les faits constatés par le Tcmjos lui-
même, lorsqu’il nous raconte l’histoire de cet ou
vrier qui a travaillé toute sa vie et qui meurt de
faim, faute de ne pouvoir trouver du travail, étant
trop vieux ?
EM-oe dans les bouges infects où logent les mi
sérables, et d’où sortent le choléra et la peste ?
Est-ce... mais je n’en finirais pas. Ma liste
toujours plus lamentable serait trop longue ?
Qu’ils répondent donc, les détracteurs du socia
lisme et qu’ils nous disent une bonne fois que
toutes ces misères, toutes ces atrocités, ils les
approuvent parce qu’ils en vivent !
Ils parlent de liberté ! Mais où est-elle donc la
liberté dans fa société actuelle ?
Sont-ils libres, les millions d’ouvriers qui subis
sent la loi des capitalistes qui, enfermés dans les
mines, les usines malsaines et délétères et autres
bagnes capitalistes, se disloquent pendant douze
heures par jour pour enrichir leurs exploiteurs, efc
sont victimes des brutalités des patrons et contre
maîtres ?
Où est-elle la liberté de ceux qui, menacés d’être
renvoyés de leurs ateliers, sont forcés de subir
l’omnipotence du patron, de suivre les processions
ou d’aller à la messe ?
Y a-t-il indépendance ou liberté pour tous ceux
dont la vie, ou celle des leurs, dépend d’un autre
homme qui, par sa seule volonté peut les priver
de leur gagne-pain ?
Ce n’est pas un socialiste, c’est un écomiste
bourgeois, M. Michel Chevallier, le propre beau-
père de M. Leroy-Beaulieu qui a dit : Ehomme
qui a faim n’est pas libre. Or, aujourd’hui, la
grande majorité des hommes est dans ce cas, c’esé
encore lui qui a dit : « les droits électoraux ou.
municipaux ne sont rien pour des hommes en
chaînés à la misera. »
Et cette vérité saute aux yeux des plus aveugles
aujourd’hui que le gouvernement envoie part®ufc
des soldats pour protéger les violateurs de la
liberté.
Est-ce cela de la liberté ?
Non, malgrétous les sophismes les plus surannés
on ne fera jamais croire à personne que nous au
rons encore moins de liberté qu’aujourd’hui lors
que la vie matérielle de tous sera assurée et que
tous les citoyens seront égaux légalement et éco
nomiquement. ;oi, j’entends naturellement la ma
jorité, les citoyens qui travaillent et non la mino
rité, parasites qui absorbent toutes les richesses
et s’accordent les libertés les plus abusives et res
trictives de la liberté des autres. P. A.
LA LIBRE-PENSÉE RÛUENNAISE
A
M. MJJli, Mstre de l'Instruction Pniilips
Monsieur le Ministre,
Nous avons pris acte de la déclaration faite le 8
de ce mois, à Carcassonne, par M. Marty, votre
collègue au département du commerce, que le
ministère actuel ne fera pas machine en arrière
et que les lois scolaire et militaire seront obéies
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 Floréal An 102 — N° 141.
Réveil
av
ORGANE RÉPUBLICAIN
?m DES AB«MTS :
UN AN
SIX. MOIS
Le Havre
3 fr.
2 fr.
Départements
. 4 fr.
2 50
ADKIMSTMYIOX & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On trait© à Forfait
HAUTE TRAHISON !
OU LES
PATR IOT ARDS
Puisque nous en avons fini avec les Crispi-
nades du roi d’Italie, qui ont attiré si vive
ment l’attention sur nos affairés extérieures,
les lecteurs du Réveil ne trouveront sans doute
pas hors de saison de leur soumettre quelques
réflexions sur ces questions d’actualité.
Les révélations deM. Flourens, ex-ministre
des Affaires étrangères, publiées récemment
par le Figaro, ne sont-elles pas particulière
ment suggestives ?
Les Dessous diplomatiques méritent le bon
accueil que leur ont fait les esprits indépen
dants qui ne sont inféodés à aucune petite
église politique et qui, patriotes avant tout,
ont soif de vérité.
Ces documents font naturellement pousser
des cris aux plumifères du Capitole oppor
tuniste, dont la pudeur diplomatique s’effa
rouche de ces révélations instructives. Lt-k-
secret professionnel ? s’écrient-ils. Comme si
les Français n’avaient pa.s le droit de savoir
comment on trafique de leur nom et de
rechercher les drôles qui trahissent leurs
intérêts les plus sacrés.
Si M. flourens, au lieu de nous éclairer
sur les agissements de Messieurs nos gouver
nants, avait trouvé tout pour le mieux, vous
les verriez couvrir de fleurs celui qu’ils sont
en train de couvrir de bonne et de combattre
avec tout l’acharnement des désespérés dans
la circonscription d’Embrun,
Bien mieux, Casimir P. Anzin est en
train, paraît-il, de commander à son usine
parlementaire une loi spéciale contre les
risques d’indiscrétions diplomatiques.
Dame, quand on se sent morveux...
Car ils savent bien que le terrain commence
à crouler sous leurs pieds ; après Wilson,
nous avons eu Panama, qui, certes, ne les a
pas blanchi à l’instar de l’eau du meme nom,
et voilà maintenant qu’un de leurs anciens
collègues ne veut pas être leur compère plus
longtemps et mange le morceau.
Wilson et sa ruhannerie, ce n’était qu’une
fantaisie éhontée ; le Panama et ses trucs a
escamoter le contenu des bas de laine, ce
n’était qu’une fantasmagorie malhonnête qui
a littéralement ahuri le peuple, mais les
Dessous diplomatiques nous îpontrent les inté
rêts essentiels et vitaux de la Nation même
livrés sans vergogne aux mains de Bismarck
par des Français ; c’est le comble de 1 igno
minie, c’est l’abdication de la personnalité
nationale, c’est la haute trahison. — Pends-
toi, ombre de Bazaine ! ombre de Boulanger,
tu peux sourire dans ta barbe blonde !
Le peuple de France sait aujourd’hui que
tir fus chassé du ministère de la Guerre par
un ordre de Bismarck.
Nous ne sommes pas. au Réveil, suspects de
boulangisme posthume, et si, avec la grande
majorité des républicains, nous avons mani
festé de la sympathie pour le patriote que fut
Boulanger, ministre de la Guerre, nous avons
combattu la Boulange réactionnaire et cléri
cale. Mais nous serions coupables de ne pas
signaler à nos lecteurs ce fait monstrueux :
un ministre français destitué de ses fonctions
par Bismarck.
C’est prouvé, c’est indiscutable, après les
révélations de M. Flourens.
11 serait superflu de faire des commen
taires : le fait est assez éloquent par lui-
même.
Qu’on le sache donc bien ; il s’est trouvé
des Français, assez déchus de leur race pour
se faire les valets de l’Allemagne.
Comptez donc maintenant sur les accolytes
des Waddington, des Develle et des Ribofc
pour cimenter l’alliance russe.
Et ce sont eux qui ont fait condamner
Boulanger et Rochefort pour crime de haute
trahison ! '
— Patriotards, va !
Pierre HOUCITARD.
——
Les Percepteurs Surnuméraires
Le ministre des finances vient de décider
que, désormais, les candidats à l’emploi de
surnuméraire percepteur subiraient un exa
men basé sur un programme unique, et que
toutes les compositions seraient concentrées à
Paris, de façon à établir un classement pour
toute la France.
Avec l’ancien système, les épreuves (et
quelles épreuves) avaient lieu dans chaque
département, de sorte que suivant le caprice
des examinateurs, elle étaient plus ou moins
sérieuses.
Discrètement annoncé à l’avance,le concours
n’était jamais sérieux. Un tout petit nombre
de postulants s’y présentaient. C’étaient, pres
que toujours, ceux qu’en langage de Trésore
rie générale ou de Recette particulière, on
désigne sous le titre officieux d'aspirants sur
numéraires.
Vous ne savez peut-être pas ce que c’est
qu’un aspirant surnuméraire ? Je vais vous
fixer :
C’est un de ces jeunes gens dont le peuple
dit, dans son langage quelquefois brutal, mais
toujours juste : « 11 a de la chance que son
père soit né avant lui. » En un mot, c’est le
fils d’une famille aisée, qui, manquant d’ap
titudes, a été retoqué un peu partout. Inca
pable d'obtenir son baccalauréat ou de pour
suivre plus loin ses études si, par hasard il
l’a décroché, il s’est rabattu sur cette facile
carrière où on ne lui demande rien. Il lui
suffira de passer trois, quatre, peut-être cinq
ans — gratuitement bien entendu — dans
les bureaux du Trésorier général ou du Rece
veur des finances, et un beau jour, tout dou
cement, sans secousse, sans presque s’en aper
cevoir, il se verra percepteur de 5 e classe.
Iiélas ! monsieur le M inistre, votre réforme
ne change rien, tant que vous n’aurez pas
changé le programme.
Notez, en passant, que certaines infirmités
n’empêchent pas de devenir percepteur. Un
conscrit réformé par le conseil de révision
peut faire son surnumérariat et obtenir un
emploi de percepteur, pendant que ses cama
rades se font tuer au Dahomey, au Soudan
ou ailleurs.
L'Etat réserve un certain nombre d’emplois
aux officiers blessés, aux sous-officiers ayant
quinze ans de service, aux employés de Pré
fecture, de Trésorerie ou de Recette particu
lière des finances.
Il y a là, semble-t-il, des éléments qui suf
firaient amplement au recrutement total des
percepteurs.
En ce qui concerne plus particulièrement
les employés des finances, n’est-ce pas le cou
ronnement tout indiqué d’une longue exis
tence de dévouement ? Ce serait une faible
compensation aux maigres appointements
qu’ils gagnent péniblement.
Beaucoup de gens s’imaginent à tort £ue
les commis de Trésorerie et de Recette parti
culière sont des employés rétribués par l’Etat.
11 n’en est rien. Depuis le fondé de pou
voirs jusqu’au saute-ruisseau, tous, sans ex
ception, sont les salariés de leur patron, le
trésorier général ou le receveur particulier,
suivant le cas.
Il va sans dire que ces derniers, touchant
des appointements formidables, paient le
moins possible leurs collaborateurs. Tel tréso
rier général dont les émoluments atteignent
150,000 francs par an, accorde 6,000 francs
d’appointements au premier fondé de pou
voirs, chef de bureaux, le second a parfois
3,000 francs, les chefs de bureau — il y en a
trois ou quatre — 2,000 ou 2,400 ; le menu
fretin se contente de 1,200, 1,000, 800, 600,
voire de 360 francs.
Quant aux aspirants surnuméraires, ils
travaillent gratuitement ; aussi avec quelle
joie ils sont accueillis, fussent-ils Calino en
personne.
Vous pouvez demander l’avis des trésoriers
généraux, soyez certains qu’ils opineront
pour le maintien des surnuméraires. L’intérêt
le leur commande d'abord, et une autrecause
encore qui, pour être sentimentale n’en a pas
moins de force : la similitude d’origine.
Eux aussi, les trésoriers généraux sont des
fruits secs : tous des ratés de pulyiechmqne
ou de Saint-Cyr.
Il n'en est pas de riche famille qui ce soit
arrivée à pourvoir d’une Trésorerie ou d’une
Recette, celui de ses fils qui semblait impropre
à tout.
Gageons qu’en notre belle France il n’y a
pas dix trésoriers généraux capables d’admi
nistrer personnellcménl leur Trésorerie.
Et cependant, voilà des gens qui empochent
des appointements à rendre Constans jaloux.
Si on ne veut pas les supprimer, qu’on
réduise au moins les remises scandaleuses qui
leur sont accordées.
N’y comptons pas : Nos politiciens sont
trop prévoyants, pour ne pas se réserver une
poire pour la soif.
Pierre MÉRITEL.
-wÈiga*» ———-
AUX DÉTRACT EURS D it SOCIALISME
Au dire de tous les opportunistes do France,
tant députés qu’électeurs, les socialistes sont tous
des Sans-Patrie ; mais lorsqu’il s’agit de défendre
le régime capitaliste et bourgeois, il n’y a plus de
patriotisme et l’internationale rouge qu’ils repro
chent tant au prolétariat coudoie l’internationale
jaune du capital ou les Leroy-Beaulieu fraterni
sent avec les Rmhter et les Zacher pour attaquer
l’ennemi commun.
Dans leur crainte d’un compte à rendre un jour
au peuple, ils s’élèvent avec une violence et une
audace inouie contre le socialisme, et dans leur
emportement, ils ne ménagent personne. Ils tom
bent à bras raccourcis non-seulement sur les so
cialistes et mettent dans le même sac : radicaux-
réformistes et socialistes-chrétiens.
« Tous ces complices ou ces précurseurs du col
lectivisme, s’écrie un de leurs économistes favoris,
doivent être combattus résolument, sans défail
lance, par tous ceux qui tiennent à la civilisation,
non seulement à un ensemble précieux de biens
matériels, mais à la liberté intellectuelle et
morale ».
Voyez ces défenseurs de la civilisation des
biens matériels et de la liberté intellectuelle et
morale, toutes choses que, selon ces bons opportu
nistes et réactionnaires, grands industriels ou
banquiers, la société collectiviste fera disparaître !
C’est vraiment trop se moquer du monde !
Mais pourquoi donc ces capitalistes qui criti
quent avec tant d’audace et d’assurance une So
ciété qu’ils ne connaissent pas, une organisation
à laquelle ils n’ont même rien pu comprendre,
pourquoi donc ne répondent-ils jamais aux ques
tions que posent tous les jours les socialistes sur
les faits de la société actuelle, faits qui sont une
protestation flagrante et permanente contre la
barbarie de cette société ?
Pourquoi donc gardent-ils le silence lorsque
nous constatons justement aujourd’hui — et cela
par des preuves irréeusables tirées journellement
des journaux bourgeois eux-mêmes — lorsque
nous constatons ce qu’ils semblent tant craindre
dans une société collectiviste, c’est-à-dire le man-
que absolu de biens matériels pour une certaine
partie de la population, alors que les dépôts regor
gent de richesse ? Et qu’ont-ils à répondre à cela?
Pourquoi ne répondent-ils rien, lorsque nous
crions contre l’horrible tyrannie des patrons et
capitalistes, tyrannie exercée sur la majorité des
citoyens affamés à plaisir ?
En quoi consiste donc la civilisation ?
Est-ce dans la misère qui pousse tant de pau
vres filles à vendre leur corps pour vivre ?
Est-ce dans les avortements perpétrés par dizai
nes de mille et dont la cause est, comme toujours,
la misère ?
Est-ce dans les suicides de familles entières, ces
suicides individuels qui se multiplient chaque
jour, et dont le manque du moindre bien matériel
est justement la cause ?
Est-ce dans les faits constatés par le Tcmjos lui-
même, lorsqu’il nous raconte l’histoire de cet ou
vrier qui a travaillé toute sa vie et qui meurt de
faim, faute de ne pouvoir trouver du travail, étant
trop vieux ?
EM-oe dans les bouges infects où logent les mi
sérables, et d’où sortent le choléra et la peste ?
Est-ce... mais je n’en finirais pas. Ma liste
toujours plus lamentable serait trop longue ?
Qu’ils répondent donc, les détracteurs du socia
lisme et qu’ils nous disent une bonne fois que
toutes ces misères, toutes ces atrocités, ils les
approuvent parce qu’ils en vivent !
Ils parlent de liberté ! Mais où est-elle donc la
liberté dans fa société actuelle ?
Sont-ils libres, les millions d’ouvriers qui subis
sent la loi des capitalistes qui, enfermés dans les
mines, les usines malsaines et délétères et autres
bagnes capitalistes, se disloquent pendant douze
heures par jour pour enrichir leurs exploiteurs, efc
sont victimes des brutalités des patrons et contre
maîtres ?
Où est-elle la liberté de ceux qui, menacés d’être
renvoyés de leurs ateliers, sont forcés de subir
l’omnipotence du patron, de suivre les processions
ou d’aller à la messe ?
Y a-t-il indépendance ou liberté pour tous ceux
dont la vie, ou celle des leurs, dépend d’un autre
homme qui, par sa seule volonté peut les priver
de leur gagne-pain ?
Ce n’est pas un socialiste, c’est un écomiste
bourgeois, M. Michel Chevallier, le propre beau-
père de M. Leroy-Beaulieu qui a dit : Ehomme
qui a faim n’est pas libre. Or, aujourd’hui, la
grande majorité des hommes est dans ce cas, c’esé
encore lui qui a dit : « les droits électoraux ou.
municipaux ne sont rien pour des hommes en
chaînés à la misera. »
Et cette vérité saute aux yeux des plus aveugles
aujourd’hui que le gouvernement envoie part®ufc
des soldats pour protéger les violateurs de la
liberté.
Est-ce cela de la liberté ?
Non, malgrétous les sophismes les plus surannés
on ne fera jamais croire à personne que nous au
rons encore moins de liberté qu’aujourd’hui lors
que la vie matérielle de tous sera assurée et que
tous les citoyens seront égaux légalement et éco
nomiquement. ;oi, j’entends naturellement la ma
jorité, les citoyens qui travaillent et non la mino
rité, parasites qui absorbent toutes les richesses
et s’accordent les libertés les plus abusives et res
trictives de la liberté des autres. P. A.
LA LIBRE-PENSÉE RÛUENNAISE
A
M. MJJli, Mstre de l'Instruction Pniilips
Monsieur le Ministre,
Nous avons pris acte de la déclaration faite le 8
de ce mois, à Carcassonne, par M. Marty, votre
collègue au département du commerce, que le
ministère actuel ne fera pas machine en arrière
et que les lois scolaire et militaire seront obéies
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