Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-03-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 mars 1894 24 mars 1894
Description : 1894/03/24 (N137). 1894/03/24 (N137).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633369
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
{• innée — N° IS7 — Samedi 21 Mars
4 e innée — 1 Germinal An 192 — N° 157
1854. CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C ASIMIR-PÉRIBR', 15
LE REVEIL RU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
ET LES
Pères Conscrits
qu’ils devront tenir désormais : se soumettre
bien docilement aux caprices du pouvoir, sans
cela, la prochaine fois, le père Fouettard se
servirait des verges qu’il tient en réserve.
CHAMPDEAUX.
âqx Radicaux-Socialistes
Je voudrais, dans ce journal ouvert, tout entier
à la propagande socialiste, adresser un court appel
à nos amis les radicaux.
Les radicaux à qui je parle ne sont pas ceux qui
ont trouvé dans leur radicalisme momentané un
moyen de se faire payer en honneurs ou en places,
par l’opportunisme, leur silence ou leur conver
sion. Ce Sont ceux qui, depuis quinze années ont
lutté, avec désintéressement et loyalement pour
les réformes politiques et pour l’organisation de
la République démocratique.
A ceux-là je demande de venir loyalement avec
nous, avec le Réveil, au parti socialiste.
Le but du socialisme et le but du radicalisme —
tel que nous l’avons toujpurs compris — loin
d’être contradictoires, sont connexes et solidaires.
Les radicaux sincères ne peuvent se refuser à
reconnaître que le progrès politique, quelque né
cessaire qu’il soit, est à lui seul insuffisant, et que
les libertés politiques les plus grandes sont illu
soires, si elles ne s’appuient sur l’indépendance
économique, sur la libre utilisation des instru
ments de travail, et sur la garantie pour tous de
pouvoir vivre dans l'indépendance par le travail.
D’autre part, les socialistes intelligents et res
pectueux de libertés ne peuvent se refuser à recon
naître que l’organisation politique centralisée est
nécessairement oppressive, tandis queTorganisa-
tk» décentralisée, combinée avec la garantie des
libertés individuelles, est la condition nécessaire
de.% 'libertés de tous et le grand et véritable instru
ment'du ] r ’giès.
Le radicalisme comprend le progrès politique
avec la liberté pour objet. Le socialisme comprend
le progrès économique avec l’égalité pour but. Ou
est la contradiction ?
Sans rien abandonner de leur passé, nos amis
répondront donc à l’appel que nous leur adressons ;
et loyalement sans arrière pensée, étendant le
champ de leurs légitimes revendications, ils vien
dront avec nous rejoindre dans la grande armée
socialiste ceux qui, plus pressés ou plus clair
voyants, en ont été les premiers combattants, et
en sont restés les plus vaillants.
Ed. Delessalle,
KOSSUTH
Kossuth, le grand patriote hongrois vient de
mourir. Avec lui disparaît une grande figure,
une de ces physionomies comme nous avons perdu
l’habitude d’en voir.
Par sa bravoure, sa noblesse, sa fierté, sa
loyauté, le noble champion de l’indépendance de
la Hongrie appartenait à un autre âge ; son épo
pée rappelle les vieilles légendes où combattaient
pour leur dame de vaillants paladins. La dame de
Kossuth, c’était sa Patrie ! Dédaigneux des intri
gues et des complots, il combattit l’Autriche au S
grand jour. Un moment vainqueur, il eut triom
phé définitivement, sans l'intervention du tzar. [
Car pour battre le chef du mouvement insurrec- !
tionnel de 1848-49, il ne fallut pas moins que les
armées réunies des deux empereurs.
Vaincu, mais non réduit, le grand hongrois ne
capitula, ne transigea jamais. Amnistié en 1867,
il refusa de bénéficier de la clémence de François-
Joseph.
Elu plusieurs fois député à la Chambre hon
groise, il déclina toujours l’honneur que lui fai
saient Ses compatriotes.
Pour lui la « raison du plus fort ne fut jamais la
meilleure. »
Il est mort, après quarante-cinq ans d’exil vo
lontaire, n’âyant jamais accepté le ^àit accompli,
enveloppé dans les plis de son drapeau qu’il avait
constamment tenu haut et ferme.
Cet homme incorruptible, que rien n’avait pu
rallier, faisait rougir plus d’un-ancien camarade ;
aussi le vide s’était^il fait autour de lui.. On l’ho-
norai-t, mais on le fréquentait peu. 1
Maintenant qu’il n’est plus, les hommages lui,
arrivent de toutes parts. ;:.,rv
j Les vivants ne manquent jamais de célébrer, les
vertus d’un mort ; surtout, lorsque disparaissant,
il les délivre d’un exemple qui était à la fois un
reproche et un remords pour eux.
LE DROIT I L’EXISTENCE
Les philanthropes, c’est-à-dire ceux qui chan
tent chaque jour les bienfaits de la charité, ceux
qui prétendent que le tribole et la sportule — se
cours eu argent et en aliments que l’on fait aux
pauvres depuis que les sociétés humaines sont sé-*
parées en classes exploitantes et en classes exploi
tées — sont des onguents d’une vertu efficace sur
les plaies qui torturent atrocement l’humanité qui
grouille dans les bas fonds de l’enfer social, ces
messieurs qui s’émeuvent plus ou moins sincère»
ment des souffrances du prolétariat sonnent, éa
ce moment, toutes les cloches de l’alarme, font
appel aux largesses bourgeoises, réclament lés
miettes du festin de Balthazar, en faveurdes « sans
travail » de tous les pays.
C’est que partout ou règne en maîtresse la
grande industrie, dés milliers de serfs de cette
nouvelle féodalité, sont réduits au chômage et à
toutes ses terribles conséquences. Des milliers
d’êtres humains de tous sexes et de tous âges
souffrent du maLde la misère. Comme la charité
est impuissante â garantir, à tous ces sans pain qui
seront demain des sans gîte, le droit à l’existence,
ce paupérisme aigrissant davantage le coeur des
souffrants, la détresse qui résulte de ce chômage
faisait grincer les dents aux prolétaires qui en
sont victimes, il est douteux qu’un rapprochement;
entre le capital et le travail soit actuellement pos-
feVmé, wrtoüb éïi un temps ou ies capitaux s'accu
mulent entre les mains de quelques milliers d’in
dividus toujours plus riches à mesure que les pro
ducteurs deviennent plus pauvres.
Cet hiver, des centaines de pauvres hères se ré
fugiaient grelottants de faim et de froid dans les
asiles de nuit. Parmi ces besaciers, il y avait des
parias de tous les métiers, voire des gens de letr
très et des négociants ruinés.
La misère se développant par suite de l’odieuse
exploitation capitaliste et des crises de surpro
duction et de chômage dues aux excès de travail
mécanique, des milliers et des milliers de gens
sans ressources viennent battre la semelle et faire
la danse de Saint-Guy aux portes des fabriques et
des usines dans l’unique et vacillant espoir d’avoir
du travail à tout prix, se faisant ainsi les causes
sinon inconscientes au moins involontaires des
rabais incessants du salaire.
On en rencontre des milliers d’autres, errant
sur les routes, allant de village en village implo
rer la charité des gens, mangeant de l’herbe et
buvant de l’èau pour calmer la faim qui leur tor
ture les entrailles et la soif qui leur brûle la gorge.
Et alors que nos ouvriers de fabrique, que les
serfs de la mine et de la voie ferrée, que les
« noirs » qui fournissent à la grande industrie,
ces puissants travailleurs de fer que la classe ou
vrière considère comme ses instruments de misère
et de torture ; alors que les salariés de toutes
sortes, n’ont plus pour récompense de leurs labo
rieux et pénibles efforts, qu’un salaire infime, dé
risoire, insuffisant pour vivre, le patriotisme pa
tronal appelle encore et toujours les bras étrangers
parce qu’ils rapportent plus de bénéfices au capital
que les bras nationaux.
Les vanniers de la Thierache gagnent si peu de
chose, à cause de l’exploitation patronale et de
l’énorme préjudice que leur cause le travail dans
les prisons, qu’ils en seront réduits, si cet état de
choses empire, à manger leurs rotins.
Les tisserands du Nord ont une existence*
d’anarchistes à tel point que . la vie du forçat est
cent fois préférable à la leur.
Les prolétaires des champs ne sont pas les moins
malheureux dans ce monde laborieux qui semble
voué aux dieux infernaux et auquel une espèce de
fatalité semble dire : « Laissez toute espérance? »
Au-dessus de cette humanité qui peine sans
relâche, qui se nourrit très mal, se couvre de
haillons et s’abrite dans d’étroites et insalubres
habitations, il y a le dieu capital, dont le trône
s’élève dans la boue et le sang.
Comme jadis reparaissent arrogants et terribles
les droits iniques du seigneur, jusques et y
compris le droit de cuissage ; les ouvrières des
fabriques et des ateliers de confection en savent
quelque chose, les pauvres infortunées I
Les braves gens qui d’habitude sommeil
lent doucement au palais du Luxembourg, et
n’ont généralement d’autre opinion que celle
du gouvernement, ont eu une petite velléité
de révolte.
Pensez donc, retarder lueurs vacances de
quelques heures; T Tout exçepte cela.
Alors, comme des écoliers'en joie, les séni
les législateurs ont, de leurs mains tremblo
tantes, bouclé leurs livres (non leur valise),
et se sont précipites vers la sortie avec toute
la vitesse que leur permettaient leurs, faibles
jambes. Mais l’oncle Casimir ne l’entendait
pas ainsi ; il lui fallait un nouveau joujou
pour passer ses vacances de Pâques.; il vou
lait son ministère des colonies et pas demain,
tout de suite.
Alors, le proviseur du quai d’Orsay a taillé
sa meilleure plume et a écrit incontinent au
pioii ^iiaYiè'înè\-V^ ; éùï;. .. ..
« Mon cher Monsieur, lui a-t-il dit, veuil
lez prévenir les familles que Messieurs les
sénateurs ayant manqué à toutes les conve
nances en faisant, en ma présence, une sortie
par trop bruyante, ils seront privés de prome
nade après-demain. »
Et il ajoutait en' postscriptum : « Je les
aurais bien empêchés de se sauver ainsi si
j’avais joui de mes moyens habituels ; mal
heureusement un maudit rhume, empoigné à
faire un cours aux élèves de rhétorique, m’a
vait privé de l’organe qui, d’ordinaire, subju
gue vos enfants. »
De sorte que, lundi dernier, on a pu voir
les pères conscrits regagner silencieux leurs
pupitres, tous, à part les dissipés , l’oreille
basse et l’œil pleurnichard.
Ah ! ali ! leur a dit Casimir, vous n’avez
pas été sages ; eh bien î vous allez voir !
— Pardon, père Fouettard, nous ne le fe
rons plus, répondent en cœur les malheureux
prisonniers. Seul, l’élève Halgan proteste.
Mais Casimir, lui adresant un coup d’œil sé
vère, continue :
« J’avais cependant là un beau portefeuille
tout neuf, acheté au Bon-Marché, jè vous
l’aurais donné. Puisque vous n’êtes pas gen
tils, je vais le remettre dans l’armoire.
— Non, non, s’écrie Boulanger, nous serons
doux comme des agneaux, mais donne-moi le
portefeuille, je vous en prie.
Casimir fait semblant d’hésiter, puis lui
tend le maroquin.
— Vous serez bien dociles ?
— Oui ! oui ? M’sieu.
Allons, c’est bien. Monsieur Challemel,
vous pouvez les laisser partir jusqu’au 24
avril.
Tous : Vive le président du Conseil !...
Et voilà pourquoi Casimir-Périer n’a pas
eu à faire usage du martinet qu’il avait ap
porté sous le bras.
Maintenant, pendant plus d’un mois, nos
sénateurs vont pouvoir réchauffer leurs mem
bres engourdis aux doux rayons du soleil
printanier.
Pendant leurs longues heures de farniente ,
ils pourront réfléchir mûrement à l’attitude
LA CONSTITUTION
Avons-nous une constitution ?
Oui et non.
Oui, si vous entendez par là le recueil de lois
boiteuses que la Chambre essaie de réviser de
- temps à autre, sans y réussir toutefois.
Non, si vous comprenez que nous sommes régis
par des lois formelles ne laissant aucune équivo
que et permettant àü'chef dû Gouvernement de
I trancher nettement et sûrement toutes les ques*«
tions qui peuvent se présenter.
L’incident, tout récent, qu’a motivé la création
du ministère des Colonies vient à l’appui de notre
dire et nous dispense de chercher un autre
exemple.
S’il est une chose d’une importance capitale
sous un régime parlementaire, c est assurément la
création d’un nouveau ministère. Il n’est certai
nement pas indifférent que îe pouvoir exécutif
soit réparti entre dix, douze ou quinze personnes.
Sans parler des sommés considérables que ces re
maniements coûtent aux, contribuables, il nous
paraît qu’il no. serait peut-être pas mauvais de
Ronger aux intérêts de toutes sortes qui sa trou
vent é?.£»gés dans cette question.
il est de toute évidence que le nouveau çeûnistre
n’aura rien de pTuft Dressé que Je,'bouleverser tout
ce qu’aura fait son préùèoésseur : un ministre qui
ne modifierait rien ne serait pas digne de l’être.
Pendant trois, quatre, cinq ou six mois, on va
piocher ferme aux Colonies (quand on aura décou
vert un endroit où les loger), les améliorations
succéderont aux améliorations, les changements
aux changements, et quand les différents gouver
neurs de nos possessions recevront les circulaires,
laborieusement élaborées, et détaillant minutieu
sement les mesures édictées par le ministre pour
le plus grand bien de leurs administrés, patatras!
ils seront en même temps avisés télégraphique
ment que le ministère spécial a cessé d’exister ;
un nouveau président du Conseil l’ayant rattaché
au commerce, aux affaires étrangères ou la ma
rine.
Vous voyez d’ici, l’effet produit sur les Français
d’outre-océan. S’ils ne nous considèrent pas com
me des fous, ils y mettront de la mansuétude.
Après de telles graffes, quel respect, quel amour
voulez-vous que les populations soumises à notre
domination ou à notre influence aient pour la
Mère-Patrie !
Et nos fonctionnaires ? Bien souvent on leur
reproche leur apathie, leur routine. Que diable
péuvent-il faire engloutis sous l’avalanche d’or
dres contradictoires qu’il reçoivent sans cesse.
Les mieux intentionnés ne peuvent que s’abste
nir ; et de l’abstention au je m'en foutisfne , il n’y
a qu’un pas. -
Bien que M. Casimir Périer n’ait pas usé du
moyen, dans l'état de la législation actuelle, il
suffit d’un simple décret pour créer ou supprimer
un département ministériel. S’il plaisait demain
au président de la République de rattacher tous
les services à un seul ministère ou d’en constituer
trente, personne n’aurait rien à y voir;
D’autres prétendent — et c’est l’avis de la ma
jorité de la Chambre des députés puisqu’elle a
repoussé en bloc l’examen de la révision de la
Constitution — que telle qu’elle est la législation
est parfaite ; il faut croire que leur opinon ne re
pose pas sur des raisons sérieuses et mûrement
étudiées.
Nous aimons mieux espérer, pour l’honneur de
notre représentation, que le dépôt du. projet de ré-
visiou n’était pas opportun vu l’approche des va
cances et qu’on s’en est débarrassé du mieux pos
sible quitte à le reprendre à la rentrée.
Il nous reste à souhaiter que les socialistes ne
se découragent pas et qu’à bref délai, ils déposent
un nouveau projet de révision, révision qui s’im
pose plus que jamais. H. àf.
4 e innée — 1 Germinal An 192 — N° 157
1854. CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C ASIMIR-PÉRIBR', 15
LE REVEIL RU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
ET LES
Pères Conscrits
qu’ils devront tenir désormais : se soumettre
bien docilement aux caprices du pouvoir, sans
cela, la prochaine fois, le père Fouettard se
servirait des verges qu’il tient en réserve.
CHAMPDEAUX.
âqx Radicaux-Socialistes
Je voudrais, dans ce journal ouvert, tout entier
à la propagande socialiste, adresser un court appel
à nos amis les radicaux.
Les radicaux à qui je parle ne sont pas ceux qui
ont trouvé dans leur radicalisme momentané un
moyen de se faire payer en honneurs ou en places,
par l’opportunisme, leur silence ou leur conver
sion. Ce Sont ceux qui, depuis quinze années ont
lutté, avec désintéressement et loyalement pour
les réformes politiques et pour l’organisation de
la République démocratique.
A ceux-là je demande de venir loyalement avec
nous, avec le Réveil, au parti socialiste.
Le but du socialisme et le but du radicalisme —
tel que nous l’avons toujpurs compris — loin
d’être contradictoires, sont connexes et solidaires.
Les radicaux sincères ne peuvent se refuser à
reconnaître que le progrès politique, quelque né
cessaire qu’il soit, est à lui seul insuffisant, et que
les libertés politiques les plus grandes sont illu
soires, si elles ne s’appuient sur l’indépendance
économique, sur la libre utilisation des instru
ments de travail, et sur la garantie pour tous de
pouvoir vivre dans l'indépendance par le travail.
D’autre part, les socialistes intelligents et res
pectueux de libertés ne peuvent se refuser à recon
naître que l’organisation politique centralisée est
nécessairement oppressive, tandis queTorganisa-
tk» décentralisée, combinée avec la garantie des
libertés individuelles, est la condition nécessaire
de.% 'libertés de tous et le grand et véritable instru
ment'du ] r ’giès.
Le radicalisme comprend le progrès politique
avec la liberté pour objet. Le socialisme comprend
le progrès économique avec l’égalité pour but. Ou
est la contradiction ?
Sans rien abandonner de leur passé, nos amis
répondront donc à l’appel que nous leur adressons ;
et loyalement sans arrière pensée, étendant le
champ de leurs légitimes revendications, ils vien
dront avec nous rejoindre dans la grande armée
socialiste ceux qui, plus pressés ou plus clair
voyants, en ont été les premiers combattants, et
en sont restés les plus vaillants.
Ed. Delessalle,
KOSSUTH
Kossuth, le grand patriote hongrois vient de
mourir. Avec lui disparaît une grande figure,
une de ces physionomies comme nous avons perdu
l’habitude d’en voir.
Par sa bravoure, sa noblesse, sa fierté, sa
loyauté, le noble champion de l’indépendance de
la Hongrie appartenait à un autre âge ; son épo
pée rappelle les vieilles légendes où combattaient
pour leur dame de vaillants paladins. La dame de
Kossuth, c’était sa Patrie ! Dédaigneux des intri
gues et des complots, il combattit l’Autriche au S
grand jour. Un moment vainqueur, il eut triom
phé définitivement, sans l'intervention du tzar. [
Car pour battre le chef du mouvement insurrec- !
tionnel de 1848-49, il ne fallut pas moins que les
armées réunies des deux empereurs.
Vaincu, mais non réduit, le grand hongrois ne
capitula, ne transigea jamais. Amnistié en 1867,
il refusa de bénéficier de la clémence de François-
Joseph.
Elu plusieurs fois député à la Chambre hon
groise, il déclina toujours l’honneur que lui fai
saient Ses compatriotes.
Pour lui la « raison du plus fort ne fut jamais la
meilleure. »
Il est mort, après quarante-cinq ans d’exil vo
lontaire, n’âyant jamais accepté le ^àit accompli,
enveloppé dans les plis de son drapeau qu’il avait
constamment tenu haut et ferme.
Cet homme incorruptible, que rien n’avait pu
rallier, faisait rougir plus d’un-ancien camarade ;
aussi le vide s’était^il fait autour de lui.. On l’ho-
norai-t, mais on le fréquentait peu. 1
Maintenant qu’il n’est plus, les hommages lui,
arrivent de toutes parts. ;:.,rv
j Les vivants ne manquent jamais de célébrer, les
vertus d’un mort ; surtout, lorsque disparaissant,
il les délivre d’un exemple qui était à la fois un
reproche et un remords pour eux.
LE DROIT I L’EXISTENCE
Les philanthropes, c’est-à-dire ceux qui chan
tent chaque jour les bienfaits de la charité, ceux
qui prétendent que le tribole et la sportule — se
cours eu argent et en aliments que l’on fait aux
pauvres depuis que les sociétés humaines sont sé-*
parées en classes exploitantes et en classes exploi
tées — sont des onguents d’une vertu efficace sur
les plaies qui torturent atrocement l’humanité qui
grouille dans les bas fonds de l’enfer social, ces
messieurs qui s’émeuvent plus ou moins sincère»
ment des souffrances du prolétariat sonnent, éa
ce moment, toutes les cloches de l’alarme, font
appel aux largesses bourgeoises, réclament lés
miettes du festin de Balthazar, en faveurdes « sans
travail » de tous les pays.
C’est que partout ou règne en maîtresse la
grande industrie, dés milliers de serfs de cette
nouvelle féodalité, sont réduits au chômage et à
toutes ses terribles conséquences. Des milliers
d’êtres humains de tous sexes et de tous âges
souffrent du maLde la misère. Comme la charité
est impuissante â garantir, à tous ces sans pain qui
seront demain des sans gîte, le droit à l’existence,
ce paupérisme aigrissant davantage le coeur des
souffrants, la détresse qui résulte de ce chômage
faisait grincer les dents aux prolétaires qui en
sont victimes, il est douteux qu’un rapprochement;
entre le capital et le travail soit actuellement pos-
feVmé, wrtoüb éïi un temps ou ies capitaux s'accu
mulent entre les mains de quelques milliers d’in
dividus toujours plus riches à mesure que les pro
ducteurs deviennent plus pauvres.
Cet hiver, des centaines de pauvres hères se ré
fugiaient grelottants de faim et de froid dans les
asiles de nuit. Parmi ces besaciers, il y avait des
parias de tous les métiers, voire des gens de letr
très et des négociants ruinés.
La misère se développant par suite de l’odieuse
exploitation capitaliste et des crises de surpro
duction et de chômage dues aux excès de travail
mécanique, des milliers et des milliers de gens
sans ressources viennent battre la semelle et faire
la danse de Saint-Guy aux portes des fabriques et
des usines dans l’unique et vacillant espoir d’avoir
du travail à tout prix, se faisant ainsi les causes
sinon inconscientes au moins involontaires des
rabais incessants du salaire.
On en rencontre des milliers d’autres, errant
sur les routes, allant de village en village implo
rer la charité des gens, mangeant de l’herbe et
buvant de l’èau pour calmer la faim qui leur tor
ture les entrailles et la soif qui leur brûle la gorge.
Et alors que nos ouvriers de fabrique, que les
serfs de la mine et de la voie ferrée, que les
« noirs » qui fournissent à la grande industrie,
ces puissants travailleurs de fer que la classe ou
vrière considère comme ses instruments de misère
et de torture ; alors que les salariés de toutes
sortes, n’ont plus pour récompense de leurs labo
rieux et pénibles efforts, qu’un salaire infime, dé
risoire, insuffisant pour vivre, le patriotisme pa
tronal appelle encore et toujours les bras étrangers
parce qu’ils rapportent plus de bénéfices au capital
que les bras nationaux.
Les vanniers de la Thierache gagnent si peu de
chose, à cause de l’exploitation patronale et de
l’énorme préjudice que leur cause le travail dans
les prisons, qu’ils en seront réduits, si cet état de
choses empire, à manger leurs rotins.
Les tisserands du Nord ont une existence*
d’anarchistes à tel point que . la vie du forçat est
cent fois préférable à la leur.
Les prolétaires des champs ne sont pas les moins
malheureux dans ce monde laborieux qui semble
voué aux dieux infernaux et auquel une espèce de
fatalité semble dire : « Laissez toute espérance? »
Au-dessus de cette humanité qui peine sans
relâche, qui se nourrit très mal, se couvre de
haillons et s’abrite dans d’étroites et insalubres
habitations, il y a le dieu capital, dont le trône
s’élève dans la boue et le sang.
Comme jadis reparaissent arrogants et terribles
les droits iniques du seigneur, jusques et y
compris le droit de cuissage ; les ouvrières des
fabriques et des ateliers de confection en savent
quelque chose, les pauvres infortunées I
Les braves gens qui d’habitude sommeil
lent doucement au palais du Luxembourg, et
n’ont généralement d’autre opinion que celle
du gouvernement, ont eu une petite velléité
de révolte.
Pensez donc, retarder lueurs vacances de
quelques heures; T Tout exçepte cela.
Alors, comme des écoliers'en joie, les séni
les législateurs ont, de leurs mains tremblo
tantes, bouclé leurs livres (non leur valise),
et se sont précipites vers la sortie avec toute
la vitesse que leur permettaient leurs, faibles
jambes. Mais l’oncle Casimir ne l’entendait
pas ainsi ; il lui fallait un nouveau joujou
pour passer ses vacances de Pâques.; il vou
lait son ministère des colonies et pas demain,
tout de suite.
Alors, le proviseur du quai d’Orsay a taillé
sa meilleure plume et a écrit incontinent au
pioii ^iiaYiè'înè\-V^ ; éùï;. .. ..
« Mon cher Monsieur, lui a-t-il dit, veuil
lez prévenir les familles que Messieurs les
sénateurs ayant manqué à toutes les conve
nances en faisant, en ma présence, une sortie
par trop bruyante, ils seront privés de prome
nade après-demain. »
Et il ajoutait en' postscriptum : « Je les
aurais bien empêchés de se sauver ainsi si
j’avais joui de mes moyens habituels ; mal
heureusement un maudit rhume, empoigné à
faire un cours aux élèves de rhétorique, m’a
vait privé de l’organe qui, d’ordinaire, subju
gue vos enfants. »
De sorte que, lundi dernier, on a pu voir
les pères conscrits regagner silencieux leurs
pupitres, tous, à part les dissipés , l’oreille
basse et l’œil pleurnichard.
Ah ! ali ! leur a dit Casimir, vous n’avez
pas été sages ; eh bien î vous allez voir !
— Pardon, père Fouettard, nous ne le fe
rons plus, répondent en cœur les malheureux
prisonniers. Seul, l’élève Halgan proteste.
Mais Casimir, lui adresant un coup d’œil sé
vère, continue :
« J’avais cependant là un beau portefeuille
tout neuf, acheté au Bon-Marché, jè vous
l’aurais donné. Puisque vous n’êtes pas gen
tils, je vais le remettre dans l’armoire.
— Non, non, s’écrie Boulanger, nous serons
doux comme des agneaux, mais donne-moi le
portefeuille, je vous en prie.
Casimir fait semblant d’hésiter, puis lui
tend le maroquin.
— Vous serez bien dociles ?
— Oui ! oui ? M’sieu.
Allons, c’est bien. Monsieur Challemel,
vous pouvez les laisser partir jusqu’au 24
avril.
Tous : Vive le président du Conseil !...
Et voilà pourquoi Casimir-Périer n’a pas
eu à faire usage du martinet qu’il avait ap
porté sous le bras.
Maintenant, pendant plus d’un mois, nos
sénateurs vont pouvoir réchauffer leurs mem
bres engourdis aux doux rayons du soleil
printanier.
Pendant leurs longues heures de farniente ,
ils pourront réfléchir mûrement à l’attitude
LA CONSTITUTION
Avons-nous une constitution ?
Oui et non.
Oui, si vous entendez par là le recueil de lois
boiteuses que la Chambre essaie de réviser de
- temps à autre, sans y réussir toutefois.
Non, si vous comprenez que nous sommes régis
par des lois formelles ne laissant aucune équivo
que et permettant àü'chef dû Gouvernement de
I trancher nettement et sûrement toutes les ques*«
tions qui peuvent se présenter.
L’incident, tout récent, qu’a motivé la création
du ministère des Colonies vient à l’appui de notre
dire et nous dispense de chercher un autre
exemple.
S’il est une chose d’une importance capitale
sous un régime parlementaire, c est assurément la
création d’un nouveau ministère. Il n’est certai
nement pas indifférent que îe pouvoir exécutif
soit réparti entre dix, douze ou quinze personnes.
Sans parler des sommés considérables que ces re
maniements coûtent aux, contribuables, il nous
paraît qu’il no. serait peut-être pas mauvais de
Ronger aux intérêts de toutes sortes qui sa trou
vent é?.£»gés dans cette question.
il est de toute évidence que le nouveau çeûnistre
n’aura rien de pTuft Dressé que Je,'bouleverser tout
ce qu’aura fait son préùèoésseur : un ministre qui
ne modifierait rien ne serait pas digne de l’être.
Pendant trois, quatre, cinq ou six mois, on va
piocher ferme aux Colonies (quand on aura décou
vert un endroit où les loger), les améliorations
succéderont aux améliorations, les changements
aux changements, et quand les différents gouver
neurs de nos possessions recevront les circulaires,
laborieusement élaborées, et détaillant minutieu
sement les mesures édictées par le ministre pour
le plus grand bien de leurs administrés, patatras!
ils seront en même temps avisés télégraphique
ment que le ministère spécial a cessé d’exister ;
un nouveau président du Conseil l’ayant rattaché
au commerce, aux affaires étrangères ou la ma
rine.
Vous voyez d’ici, l’effet produit sur les Français
d’outre-océan. S’ils ne nous considèrent pas com
me des fous, ils y mettront de la mansuétude.
Après de telles graffes, quel respect, quel amour
voulez-vous que les populations soumises à notre
domination ou à notre influence aient pour la
Mère-Patrie !
Et nos fonctionnaires ? Bien souvent on leur
reproche leur apathie, leur routine. Que diable
péuvent-il faire engloutis sous l’avalanche d’or
dres contradictoires qu’il reçoivent sans cesse.
Les mieux intentionnés ne peuvent que s’abste
nir ; et de l’abstention au je m'en foutisfne , il n’y
a qu’un pas. -
Bien que M. Casimir Périer n’ait pas usé du
moyen, dans l'état de la législation actuelle, il
suffit d’un simple décret pour créer ou supprimer
un département ministériel. S’il plaisait demain
au président de la République de rattacher tous
les services à un seul ministère ou d’en constituer
trente, personne n’aurait rien à y voir;
D’autres prétendent — et c’est l’avis de la ma
jorité de la Chambre des députés puisqu’elle a
repoussé en bloc l’examen de la révision de la
Constitution — que telle qu’elle est la législation
est parfaite ; il faut croire que leur opinon ne re
pose pas sur des raisons sérieuses et mûrement
étudiées.
Nous aimons mieux espérer, pour l’honneur de
notre représentation, que le dépôt du. projet de ré-
visiou n’était pas opportun vu l’approche des va
cances et qu’on s’en est débarrassé du mieux pos
sible quitte à le reprendre à la rentrée.
Il nous reste à souhaiter que les socialistes ne
se découragent pas et qu’à bref délai, ils déposent
un nouveau projet de révision, révision qui s’im
pose plus que jamais. H. àf.
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