Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-03-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mars 1894 17 mars 1894
Description : 1894/03/17 (N136). 1894/03/17 (N136).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263335w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
I* huée — N° 136 — Samedi 17 Mars 1891
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
4 e tanée — 27 Ventôse Ai 102 — S° 136.
ORGANE
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre..... 3 fr.
Départements 4 fr.
.* 'U ? « W * 1 ^ ! - u * v
3 UN AN SIX MOIS
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIM1R-PÉRIRR, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE parait tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
■ ! v •' ' ' •• •'* “ ' ' u .
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames. 50 cent, la ligna
On traite à Forfait
avec .tel
A la séance de la Chambre du 8 mars, hotre
ami Jean Jaurès a demandé à interpeller Je
gouvernement sur les relations des campa
gnons anarchistes avec de hauts personnages
du clergé ou de la finance qui n’ont nulle
ment été inquiétés.
Il est nettement établi à l’heure actuelle —
le journal gouvernemental le. Temps, et le
journal spécial de M. le ministre Rnynal, la
Petite Gironde, ont été obligés de l’avouer
il f est nettement établi, disonsinp.usj. que les.
Tournade et autres anarchistes ejusdeni fariixœ
sont dans les. meilleurs termes
Rothschild ou telle duchesse dite d'Uzès
n’hésitent point à subventionner, à comman
diter, les aimables compagnons ,e^apqtrès. d e
la soi-disant « propagande,pqr le fait ».
Comment se fait-il, alors que cçs relations
sont patentes et avouées, alors que le gou
vernement fait procéder chaque jour à des
douzaines et des centaines d’arrestations^ et,
de perquisitions^ comment se faiçiî que .les
commanditaires de l’anarchisme n’aient point
été inquiétés? Cpmment se fait-il que le gou
vernement, qui prétend. surveiller de si près
toute la propagande et l’action anarchistes,
qui prétend déco.u.y.rix toutes les. associations-
de malfaiteurs et toutes leurs ramifications,
n’ait point eu l’idée d’envoyer quelques-uns
de ses policiers perquisitionner et instrumen
ter chez les nobles Cornélius Herz de la bande
anarchiste ?
C’est ce que Jaurès, au nom des députés
socialistes, devait demander au ministre de
l’intérieur.
Une telle question était embarrassante,
aussi, celui-ci a-t-il imploré le renvoi à un
mois qui, du reste, lui a été accordé par sa
majorité réactionnaire à tout faire. Mais, en
combattant le renvoi proposé par le gouver
nement, notre ami Jaurès a très habilement
démasqué les manœuvres des Raynal et des
Casimir Périer :
\j % u. ‘ ■ i. ' : -* ■ '• • • • •-
« Messieurs, s’est-il écrié, j’enregistre
d’abord la déclaration de M. le président du
Conseil.
« Il ne sait pas du tout ce que signifient les
faits à propos desquels nous apportons notre
demande d’interpellation, et je fais en passant
la remarque à la Chambre que, si je dépose
une demande d’interpellation, c’est parce que
le gouvernement a refusé de répondre à: une
question pour la raison qu’il n’avait aucune
connaissance des faits dont il pouvait être
parlé dans ce débat. En sorte, messieurs, qu’il
est entendu qu’alors que, il y a six semaines
à peine, on a saisi dans les malles d’un anar
chiste qui avait ete à Carmaux, des papiers
contenant un appel aux ouvriers grévistes
pour les engager à faire sauter les immeubles
et aussi le personnel de la compagnie ; alors
que depuis huit jours, dans les journaux les
mieux informés, comme le journal le Temps,
comme la Gironde qui est le journal, de M. le
ministre de l’intérieur... Interruptions. —
Applaudisserpents à Vextrême gauche.
« .... Alors que depuis huit j ours, dans|ces
journaux, il est indiqué, avec une précision
parfaite, que l’on a saisi chez un certain nom
bre d’anarchistes militants la preuve de cor
respondances de personnes très, riches et de
prêtres faisant des envois de fonds ; alors que
se pose, par conséquent, la question maîtresse
à propos du mouvement antérieur : d’où vient
l’argent ? Applaudissement à l'extrême gauche.
le gouvernement déclare qu’il n’en sait rien.
« Eh bien ! messieurs, il nous est permis de
faire constater au pays avec quelle vigilance
on prçfège la sécurité des citoyens. Nouveaiox
applaudissements sur les mêmes bancs. Je conclus
en demandant Ja discussion immédiate pour
deux raisons : d’abord, une raison d’équité.
« Il est incontestable pour le pays tout entier
que s’ibs’était produit contre un seul ouvrier,
contre une seule organisation socialiste ou
syndicale des soupçons a ussi sérieux que ceux
qui atteignent une partie de la classe capita
liste et l’organisation clérieale, vous n’auriez
pa§ attendu..que quelqu’un soit monté à cette
tribune pour ordonner des perquisitions. Les
perquisitions vo-ns les multipliez ; mais il y a
un cpté où vous ne. cherchez pas : c’est le côté
d’où viennent des fonds,•d’où vient peut-être
l’inspiration.première. Applaudissements à l’ex
trême gauche.-, =
« Et puis, il y aune autre raison : c’est que
pendant que le gouvernement ne sait pas,
pendant qu’il a les yeux fermés, pendant qu’il
suspend l’exercice de ce qui est sa fonction
essentielle, les .personnes qui peuvent-- A*re com
promises sont averties précisémentpar les jour
naux gouvernementaux et elles ont le temps
de faire disparaître les traces de leur compli
cité. » Nouveaux applaudissements sur les mêmes
bancs.
Par .257 voix contre 223, la Chambre des
Députés a accepté le renvoi à un mois.
Comme l’a crié Guesde aux ministres, lors
de la proclamation du vote, pendant un mois,
le gouvernement aura la responsabilité des
bombes qui peuvent éclater ; et comme l’a dit
Charpentier, « c’est la protection des dynami
teurs du grand monde. » *
Ce qui est à,considérer, c’est que les 223 voix
d’opposition, à part cinq ou six membres de
la droite, sont entièrement des voix républi
caines et socialistes. Au contraire, les 257 voix
recueillies par le gouvernement comprennent
cent voix cléricales, monarchiques et ralliées :
ce sont les Schneider, les Henry Cochin, les
prince d’Arenberg, les d’Aillières, les comte
d’Elva, le baron de Mackau et tutti quanti,
qui forment la majorité de MM. Raynal et
Périer. La majorité républicaine s’est pronon
cée contre le ministère. Le ministère ne gou
verne plus qu’avec la droite : ce n’est pas seu
lement un recul à droite, c’est une trahison à
la République;
VINDEX.
Une Explosion à la Madeleine
Les anarchistes continuent, en dépit des arres
tations préventives, la série de leurs crimes.
Il était deux heures quarante, minutes quand
une détonation, forte comme un coup de ton
nerre, résonna sous le péristyle de la Madeleine.
Le suisse abandonna une lettre qu’il écrivait sur
un petit bureau et se précipita vers le tambour de
gauche qui donne accès dans l’église. Il en trouva
l’une des portes arrachée, l’autre tenant à peine,
et un homme à terre, étendu sur le dos, replié sur
lui-même, le ventre ouvert, laissant échapper les
entrailles.
L’homme était mort.
L’explosion avait été produite, à n’en pas
douter, par une bombe. L’odeur de la poudre
était caractéristique, et l’on trouvait sur le sol,
en quantité, des clous qui chargeaient l’engin,
mêlés à du sang, à des lambeaux de vêtements, |à
des débris.de bois. ....
Il n’était guère douteux que l’homme qui était
tué, était l’auteur principal de l’attentat.
.La détonation a été tellement .forte qu’elle a
été entendue de la Chambre des députés, du
Grand-Café et même de certaines maisons de la
rue de. Rivoli jusqu’à la rue des Pyramides.
La nouvelle de l’attentat gagnait de proche en
proche et circulait rapidement le long des boule-
vards.iUne foule considérable se massait, malgré
la pluie, aux alentours de la Madeleine.
A trois heures, le; service d’ordre s’organisait.
Les agents avaient les ordres les plus sévères de
ne laisser passer personne. Ils occupaient tout le
trottoir de la Madeleine eu face la,rue Royale,
faisant circuler la foule sur la chaussée et la main
tenant àj distance. Quelques uns se tenaient aux
portes de l’église et en défendaient énergiquement
l’entrée, même aux députés, même aux journa
listes. Des ordres sévères avaient été donnés par
le procureur de la République, qui, les premières
constatations faites, se départit Un peu de sa
rigueur-.: i ... ;
Les magistrats font des recherches sur le cada
vre même. A ce moment, le lieu où s’est passé le
drame offre un aspect saisissant. Cinq ou six agents
tiennent à la main des bougies ou plutôt des
cierges, qu’on a empruntés à la sacristie de l’église.
Avec ce luminaire, ils guident les magistrats, et
au milieu du sang.répandu, dans les vêtements du
mort, autour de lui, MM. Girard et Dupré cher
chent les débris de la bombe. Ils ont ramassé des
morceaux de boîte et de nombreux clous enduits
de vernis verdâtre, de ces courts rivets qui servent
aux corroyers, mégissiers, pour accoupler les
courroies de transmission.
Il y avait encore dans les poches du mort un
livret d’ouvrier. Il était aussi armé d’un revolver,
on l’a retrouvé parmi les viscères saignants.
Suffirait-il de l’inspection du portefeuille pour
connaître l’identité de l’anarchiste? Les magis
trats se sont refusés à le dire.
M. Bertillon avait des moyens d’investigation
plus sérieux.
Bientôt il rapporte une fiche : c’est un nommé
Pauwels. -
La police se renseigne :
La femme de Pauwels habite avec son père, sa
mère et ses frères à Saint-Denis, 37, cours Racot.
Elle n’a pas vu son mari, avec qui elle est brouil
lée, depuis plusieurs mois.
Elle ne partage point les idées de l’auteur de
l’explosion de la Madeleine.
La police a organisé toutefois, hier, une souri
cière à son domicile et une dizaine d’agents de la
sûreté y ont passé la nuit, dans l’espoir d’arrêter
quelquescompagnons en relationsavecl’anarchiste.
LA REVISION A LA CHAMBRE
Il est difficile de rendre compte de la discussion
sur la révision de la Constitution. En effet, tous
les orateurs, à l’exception du président du Conseil,
parlent en faveur de cette réforme. Ils le font tous
avec infiniment de talent, et pour être complet, il
faudrait reproduire le compte rendu sténographi-
que de leurs discours. Les quatre pages de notre
journal n’y suffiraient pas.
A la séance de Jeudi, pendant que M. Casimir
Périer était à la tribune, lè groupe socialiste a ;
exécuté une longue salve d’applaudissements. Elle 1
ne s’adressait pas au premier ministre, mais bien
à M. Carnaud, le nouvel élu de Marseille, qui,
pour la première fois, venait prendre sa place.
M. Naquet développe le projet de révision
intégrale de la Constitution que connaissent nos
lecteurs.
A ce moment un mouvement inusité se produit
dans la salle. Les députés quittent leurs bancs et
se rendent dans les couloirs. On ne s’explique tout
d’abord pas cette désertion, M. Naquet n'étant pas
un des orateurs qui font le vide. Mais bientôt on
apprend qu’une bombe a éclaté à la Madeleine et
les députés se sont répandus dans les couloirs pour
avoir des détails. f
M. Naquet qui, lui, ne connaît pas l’incident,
continue son discours. Il demande à la Chambre,
en faveur do la révision, un effort comme celui des
363 en 1877.
Le Congrès, d’après M. Naquet, n’aurait pas à
statuer sur la révision, mais sur la réunion (Pline
Constituante,
Cela donne lieu à une série d’interruptions où
naturellement les mots de « boulangisme » et dé
« dictature » sont prononcés. u
M. Naquet proteste contre le reproche d’avoir
jamais prêté la main à une dictature quelconque
et poursuit sa démonstration. Il critique, lui aussi,
l’attitude du Sénat et rappelle le discours de Gam
betta en 1879; Il termine en déclarant que le pays
est las du parlementarisme. La révision s’impose.
La Chambre s’honorera en la votant. Elle se sou
viendra qu’avec la Constitution actuelle le maré
chal de Mac-Mahon aurait pu faire un coup d’Etat.
La discussion continue. “
L’Amour de l’Ouvrier
On discutait mardi, à la Chambre, le projet
d’allocation aux ouvriers, pour frais de déplace
ment pendant l’Exposition de Lyon, d’un crédit
de 40,000 fr.
Coûtant et Faberot réclamèrent 100,000 francs,
prouvant mathématiquement que cette somma
était absolument nécessaire.
La Chambre, qui ne perd pas une occasion de
manifeste, son amour pour l’ouvrier, les a
refusés.
Restait la deuxième partie de l’amendement do
ces mêmes députés : « Les délégués seront choisis^
non par le ministre, mais par leurs camarades. »
La Chambre, toujours aimable, l’a repoussé.
Cette fois, je l’espère, les ouvriers comprendront
nettement qu’ils n’ont plus qu’à faire leurs affaires
eux-mêmes, s’ils veulent les voir aboutir.
Depuis longtemps nous le leur répétons.
Dans quelque temps il sera peut-être trop tard,
car la pauvre Marianne est entourée d’ennemis,
qui ne cherchent que l’occasion de la faire passer
de vie à trépas.
L'Enquête sur la Marine
L’enquête — extra parlementaire — se pour
suit chaque jour la presse — la bonne presse
officieuse — publie de petites notes d’où il résulte,
pour qui sait les comprendre, qu’on montre seule
ment aux délégués ce qu’on veut bien qu’ils
voient.
Le résultat définitif apparaît très clair.
On lassera pendant de longs mois l’opinion pu
blique de façon à lui faire oublier les révélations
du début. On conviendra que nous ne sommes pas
absolument aussi bien armés que nos voisins, on
réclamera de nouveaux millions qui, s'ils sont
votés — et ils le seront — passeront à construire
de nouveaux Magenta.
Voilà ce que le gouvernement opportuniste
appelle défendre le pays !
Et ces gens-là nous traitent chaque jour de,sans
patrie I
Il est juste de dire qu’ils ne nous en traiteront
pas longtemps, aussi leur permettons-nous de
s’amuser un peu !
Frères do Députés !
Les Petites Affiches publiaient dernièrement
l’avis suivant :
« 14583 — Frère de député demande 15,000
francs pour bonne affaire commerciale en pro
vince, agréable, situation convenant surtout à
dame aimant villégiature, prés et bois superbes ;
jolie ville d’eaux située à vingt minutes. Ecrire
A. E. 333, bureau 28, Paris. »
La qualité de frère de député est évidemment
très engageante. Jusqu’ici les députés seuls fai
saient de bonnes affaires. Si leurs frères s’en
mêlent où cela s’arrêtera-t-il ?
Celle que veut entreprendre ce frère de député,
affaire convenant surtout à une dame, nous paraît
quelque peu aquatique. Qu’en pensent nos lecteurs ?
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
4 e tanée — 27 Ventôse Ai 102 — S° 136.
ORGANE
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre..... 3 fr.
Départements 4 fr.
.* 'U ? « W * 1 ^ ! - u * v
3 UN AN SIX MOIS
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIM1R-PÉRIRR, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE parait tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
■ ! v •' ' ' •• •'* “ ' ' u .
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames. 50 cent, la ligna
On traite à Forfait
avec .tel
A la séance de la Chambre du 8 mars, hotre
ami Jean Jaurès a demandé à interpeller Je
gouvernement sur les relations des campa
gnons anarchistes avec de hauts personnages
du clergé ou de la finance qui n’ont nulle
ment été inquiétés.
Il est nettement établi à l’heure actuelle —
le journal gouvernemental le. Temps, et le
journal spécial de M. le ministre Rnynal, la
Petite Gironde, ont été obligés de l’avouer
il f est nettement établi, disonsinp.usj. que les.
Tournade et autres anarchistes ejusdeni fariixœ
sont dans les. meilleurs termes
Rothschild ou telle duchesse dite d'Uzès
n’hésitent point à subventionner, à comman
diter, les aimables compagnons ,e^apqtrès. d e
la soi-disant « propagande,pqr le fait ».
Comment se fait-il, alors que cçs relations
sont patentes et avouées, alors que le gou
vernement fait procéder chaque jour à des
douzaines et des centaines d’arrestations^ et,
de perquisitions^ comment se faiçiî que .les
commanditaires de l’anarchisme n’aient point
été inquiétés? Cpmment se fait-il que le gou
vernement, qui prétend. surveiller de si près
toute la propagande et l’action anarchistes,
qui prétend déco.u.y.rix toutes les. associations-
de malfaiteurs et toutes leurs ramifications,
n’ait point eu l’idée d’envoyer quelques-uns
de ses policiers perquisitionner et instrumen
ter chez les nobles Cornélius Herz de la bande
anarchiste ?
C’est ce que Jaurès, au nom des députés
socialistes, devait demander au ministre de
l’intérieur.
Une telle question était embarrassante,
aussi, celui-ci a-t-il imploré le renvoi à un
mois qui, du reste, lui a été accordé par sa
majorité réactionnaire à tout faire. Mais, en
combattant le renvoi proposé par le gouver
nement, notre ami Jaurès a très habilement
démasqué les manœuvres des Raynal et des
Casimir Périer :
\j % u. ‘ ■ i. ' : -* ■ '• • • • •-
« Messieurs, s’est-il écrié, j’enregistre
d’abord la déclaration de M. le président du
Conseil.
« Il ne sait pas du tout ce que signifient les
faits à propos desquels nous apportons notre
demande d’interpellation, et je fais en passant
la remarque à la Chambre que, si je dépose
une demande d’interpellation, c’est parce que
le gouvernement a refusé de répondre à: une
question pour la raison qu’il n’avait aucune
connaissance des faits dont il pouvait être
parlé dans ce débat. En sorte, messieurs, qu’il
est entendu qu’alors que, il y a six semaines
à peine, on a saisi dans les malles d’un anar
chiste qui avait ete à Carmaux, des papiers
contenant un appel aux ouvriers grévistes
pour les engager à faire sauter les immeubles
et aussi le personnel de la compagnie ; alors
que depuis huit jours, dans les journaux les
mieux informés, comme le journal le Temps,
comme la Gironde qui est le journal, de M. le
ministre de l’intérieur... Interruptions. —
Applaudisserpents à Vextrême gauche.
« .... Alors que depuis huit j ours, dans|ces
journaux, il est indiqué, avec une précision
parfaite, que l’on a saisi chez un certain nom
bre d’anarchistes militants la preuve de cor
respondances de personnes très, riches et de
prêtres faisant des envois de fonds ; alors que
se pose, par conséquent, la question maîtresse
à propos du mouvement antérieur : d’où vient
l’argent ? Applaudissement à l'extrême gauche.
le gouvernement déclare qu’il n’en sait rien.
« Eh bien ! messieurs, il nous est permis de
faire constater au pays avec quelle vigilance
on prçfège la sécurité des citoyens. Nouveaiox
applaudissements sur les mêmes bancs. Je conclus
en demandant Ja discussion immédiate pour
deux raisons : d’abord, une raison d’équité.
« Il est incontestable pour le pays tout entier
que s’ibs’était produit contre un seul ouvrier,
contre une seule organisation socialiste ou
syndicale des soupçons a ussi sérieux que ceux
qui atteignent une partie de la classe capita
liste et l’organisation clérieale, vous n’auriez
pa§ attendu..que quelqu’un soit monté à cette
tribune pour ordonner des perquisitions. Les
perquisitions vo-ns les multipliez ; mais il y a
un cpté où vous ne. cherchez pas : c’est le côté
d’où viennent des fonds,•d’où vient peut-être
l’inspiration.première. Applaudissements à l’ex
trême gauche.-, =
« Et puis, il y aune autre raison : c’est que
pendant que le gouvernement ne sait pas,
pendant qu’il a les yeux fermés, pendant qu’il
suspend l’exercice de ce qui est sa fonction
essentielle, les .personnes qui peuvent-- A*re com
promises sont averties précisémentpar les jour
naux gouvernementaux et elles ont le temps
de faire disparaître les traces de leur compli
cité. » Nouveaux applaudissements sur les mêmes
bancs.
Par .257 voix contre 223, la Chambre des
Députés a accepté le renvoi à un mois.
Comme l’a crié Guesde aux ministres, lors
de la proclamation du vote, pendant un mois,
le gouvernement aura la responsabilité des
bombes qui peuvent éclater ; et comme l’a dit
Charpentier, « c’est la protection des dynami
teurs du grand monde. » *
Ce qui est à,considérer, c’est que les 223 voix
d’opposition, à part cinq ou six membres de
la droite, sont entièrement des voix républi
caines et socialistes. Au contraire, les 257 voix
recueillies par le gouvernement comprennent
cent voix cléricales, monarchiques et ralliées :
ce sont les Schneider, les Henry Cochin, les
prince d’Arenberg, les d’Aillières, les comte
d’Elva, le baron de Mackau et tutti quanti,
qui forment la majorité de MM. Raynal et
Périer. La majorité républicaine s’est pronon
cée contre le ministère. Le ministère ne gou
verne plus qu’avec la droite : ce n’est pas seu
lement un recul à droite, c’est une trahison à
la République;
VINDEX.
Une Explosion à la Madeleine
Les anarchistes continuent, en dépit des arres
tations préventives, la série de leurs crimes.
Il était deux heures quarante, minutes quand
une détonation, forte comme un coup de ton
nerre, résonna sous le péristyle de la Madeleine.
Le suisse abandonna une lettre qu’il écrivait sur
un petit bureau et se précipita vers le tambour de
gauche qui donne accès dans l’église. Il en trouva
l’une des portes arrachée, l’autre tenant à peine,
et un homme à terre, étendu sur le dos, replié sur
lui-même, le ventre ouvert, laissant échapper les
entrailles.
L’homme était mort.
L’explosion avait été produite, à n’en pas
douter, par une bombe. L’odeur de la poudre
était caractéristique, et l’on trouvait sur le sol,
en quantité, des clous qui chargeaient l’engin,
mêlés à du sang, à des lambeaux de vêtements, |à
des débris.de bois. ....
Il n’était guère douteux que l’homme qui était
tué, était l’auteur principal de l’attentat.
.La détonation a été tellement .forte qu’elle a
été entendue de la Chambre des députés, du
Grand-Café et même de certaines maisons de la
rue de. Rivoli jusqu’à la rue des Pyramides.
La nouvelle de l’attentat gagnait de proche en
proche et circulait rapidement le long des boule-
vards.iUne foule considérable se massait, malgré
la pluie, aux alentours de la Madeleine.
A trois heures, le; service d’ordre s’organisait.
Les agents avaient les ordres les plus sévères de
ne laisser passer personne. Ils occupaient tout le
trottoir de la Madeleine eu face la,rue Royale,
faisant circuler la foule sur la chaussée et la main
tenant àj distance. Quelques uns se tenaient aux
portes de l’église et en défendaient énergiquement
l’entrée, même aux députés, même aux journa
listes. Des ordres sévères avaient été donnés par
le procureur de la République, qui, les premières
constatations faites, se départit Un peu de sa
rigueur-.: i ... ;
Les magistrats font des recherches sur le cada
vre même. A ce moment, le lieu où s’est passé le
drame offre un aspect saisissant. Cinq ou six agents
tiennent à la main des bougies ou plutôt des
cierges, qu’on a empruntés à la sacristie de l’église.
Avec ce luminaire, ils guident les magistrats, et
au milieu du sang.répandu, dans les vêtements du
mort, autour de lui, MM. Girard et Dupré cher
chent les débris de la bombe. Ils ont ramassé des
morceaux de boîte et de nombreux clous enduits
de vernis verdâtre, de ces courts rivets qui servent
aux corroyers, mégissiers, pour accoupler les
courroies de transmission.
Il y avait encore dans les poches du mort un
livret d’ouvrier. Il était aussi armé d’un revolver,
on l’a retrouvé parmi les viscères saignants.
Suffirait-il de l’inspection du portefeuille pour
connaître l’identité de l’anarchiste? Les magis
trats se sont refusés à le dire.
M. Bertillon avait des moyens d’investigation
plus sérieux.
Bientôt il rapporte une fiche : c’est un nommé
Pauwels. -
La police se renseigne :
La femme de Pauwels habite avec son père, sa
mère et ses frères à Saint-Denis, 37, cours Racot.
Elle n’a pas vu son mari, avec qui elle est brouil
lée, depuis plusieurs mois.
Elle ne partage point les idées de l’auteur de
l’explosion de la Madeleine.
La police a organisé toutefois, hier, une souri
cière à son domicile et une dizaine d’agents de la
sûreté y ont passé la nuit, dans l’espoir d’arrêter
quelquescompagnons en relationsavecl’anarchiste.
LA REVISION A LA CHAMBRE
Il est difficile de rendre compte de la discussion
sur la révision de la Constitution. En effet, tous
les orateurs, à l’exception du président du Conseil,
parlent en faveur de cette réforme. Ils le font tous
avec infiniment de talent, et pour être complet, il
faudrait reproduire le compte rendu sténographi-
que de leurs discours. Les quatre pages de notre
journal n’y suffiraient pas.
A la séance de Jeudi, pendant que M. Casimir
Périer était à la tribune, lè groupe socialiste a ;
exécuté une longue salve d’applaudissements. Elle 1
ne s’adressait pas au premier ministre, mais bien
à M. Carnaud, le nouvel élu de Marseille, qui,
pour la première fois, venait prendre sa place.
M. Naquet développe le projet de révision
intégrale de la Constitution que connaissent nos
lecteurs.
A ce moment un mouvement inusité se produit
dans la salle. Les députés quittent leurs bancs et
se rendent dans les couloirs. On ne s’explique tout
d’abord pas cette désertion, M. Naquet n'étant pas
un des orateurs qui font le vide. Mais bientôt on
apprend qu’une bombe a éclaté à la Madeleine et
les députés se sont répandus dans les couloirs pour
avoir des détails. f
M. Naquet qui, lui, ne connaît pas l’incident,
continue son discours. Il demande à la Chambre,
en faveur do la révision, un effort comme celui des
363 en 1877.
Le Congrès, d’après M. Naquet, n’aurait pas à
statuer sur la révision, mais sur la réunion (Pline
Constituante,
Cela donne lieu à une série d’interruptions où
naturellement les mots de « boulangisme » et dé
« dictature » sont prononcés. u
M. Naquet proteste contre le reproche d’avoir
jamais prêté la main à une dictature quelconque
et poursuit sa démonstration. Il critique, lui aussi,
l’attitude du Sénat et rappelle le discours de Gam
betta en 1879; Il termine en déclarant que le pays
est las du parlementarisme. La révision s’impose.
La Chambre s’honorera en la votant. Elle se sou
viendra qu’avec la Constitution actuelle le maré
chal de Mac-Mahon aurait pu faire un coup d’Etat.
La discussion continue. “
L’Amour de l’Ouvrier
On discutait mardi, à la Chambre, le projet
d’allocation aux ouvriers, pour frais de déplace
ment pendant l’Exposition de Lyon, d’un crédit
de 40,000 fr.
Coûtant et Faberot réclamèrent 100,000 francs,
prouvant mathématiquement que cette somma
était absolument nécessaire.
La Chambre, qui ne perd pas une occasion de
manifeste, son amour pour l’ouvrier, les a
refusés.
Restait la deuxième partie de l’amendement do
ces mêmes députés : « Les délégués seront choisis^
non par le ministre, mais par leurs camarades. »
La Chambre, toujours aimable, l’a repoussé.
Cette fois, je l’espère, les ouvriers comprendront
nettement qu’ils n’ont plus qu’à faire leurs affaires
eux-mêmes, s’ils veulent les voir aboutir.
Depuis longtemps nous le leur répétons.
Dans quelque temps il sera peut-être trop tard,
car la pauvre Marianne est entourée d’ennemis,
qui ne cherchent que l’occasion de la faire passer
de vie à trépas.
L'Enquête sur la Marine
L’enquête — extra parlementaire — se pour
suit chaque jour la presse — la bonne presse
officieuse — publie de petites notes d’où il résulte,
pour qui sait les comprendre, qu’on montre seule
ment aux délégués ce qu’on veut bien qu’ils
voient.
Le résultat définitif apparaît très clair.
On lassera pendant de longs mois l’opinion pu
blique de façon à lui faire oublier les révélations
du début. On conviendra que nous ne sommes pas
absolument aussi bien armés que nos voisins, on
réclamera de nouveaux millions qui, s'ils sont
votés — et ils le seront — passeront à construire
de nouveaux Magenta.
Voilà ce que le gouvernement opportuniste
appelle défendre le pays !
Et ces gens-là nous traitent chaque jour de,sans
patrie I
Il est juste de dire qu’ils ne nous en traiteront
pas longtemps, aussi leur permettons-nous de
s’amuser un peu !
Frères do Députés !
Les Petites Affiches publiaient dernièrement
l’avis suivant :
« 14583 — Frère de député demande 15,000
francs pour bonne affaire commerciale en pro
vince, agréable, situation convenant surtout à
dame aimant villégiature, prés et bois superbes ;
jolie ville d’eaux située à vingt minutes. Ecrire
A. E. 333, bureau 28, Paris. »
La qualité de frère de député est évidemment
très engageante. Jusqu’ici les députés seuls fai
saient de bonnes affaires. Si leurs frères s’en
mêlent où cela s’arrêtera-t-il ?
Celle que veut entreprendre ce frère de député,
affaire convenant surtout à une dame, nous paraît
quelque peu aquatique. Qu’en pensent nos lecteurs ?
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