Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-03-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 mars 1894 03 mars 1894
Description : 1894/03/03 (N134). 1894/03/03 (N134).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633332
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
k* Aniée — N° 134 — Samedi S Mars 1894
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Année — !3 Ventôse Ai 102 — S* 134.
Réveil
T A
ORGANE
J'ttlX DES AîlOXPiEMEPiTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre ...........,..... 3 fr. 2 fr.
Départements............. 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RXJE Ç AS IMIR-PÉRIRR, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces. 25 cent. la ligne
Réclames............... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LA REVISION
DES
Procès Criminels
Le Sénat vient de montrer, une fois de
plus, qu’il est l’ennemi absolu de toute
réforme sérieuse, et que le principal objectif
de la démocratie doit être la révision de la
Constitution et la suppression de cette assem
blée rétrograde, qui est la négation du suf
frage universel.
Après la plupart des nations de l’Europe,
notamment de 'l'Autriche, la Chambre des
députés avait enfin voté un projet de loi per
mettant la révision des procès criminels et
la réparation des ërÉéùjrs judiciaires. Cette
réparation pouvait s’étendre aux malheureux
qui ont subi une prévention injustifiée, qui
souvent a altéré leur santé et causé leur
ruine. Cette mesure,, dictée'par la plus élé-
( ? V; > • ‘ . A '
mentaire jusfciceyiraTpu trôuVergrâôè devant
le Sénat, malgré les. efforts de: l'honorable
r . ■ ■■ .• ; vy ,
rapporteur et de M. Bernard, qui. 6nt f , ace
sujet, prononcé des discours pleins de con
science et de cœur;
On a objecté que cela serait une nouvelle
charge pour les finances. Ainsi une misérable
question d’argent empêche cette réforme. La
France n’est pas assez riche pour rendre jusy
tice, c’est bon ■ pour l’Autriche. Ah ! s’il s’a
gissait de doriner de grosses pensions aux
veuves des gredins du coup d’Etat, les coffres
de l’Etat seraient pleins.
Les pères conscrits ont laissé passer la
modification des articles 443 et 444, ils ont
eu en vue de se débarrasser de ces causes
célèbres qui, comme celle de Lesurques et de
Pierre Vaux, ont eu tant de retentissement
dans le cours de ce siècle, qui ont profondé
ment ému l’opinion et dont les familles ne
désarmeront qu’après extinction totale.
Il est bien entendu, du reste, d’après le Sé
nat, que la société ne leur doit aucun dédom
magement pous leur longs longues souffrances
physiques et morales, leur long exil, leur dés
honneur et leur ruine. La justice pourra, dit
la loi, leur accorder une indemnité, une cha
rité, en un mot sous-entendu, s’ils sont bien
sages et si ( horresco referens) leurs membres
ne sont pas socialistes.
Et, dans cette République d’agioteurs et de
panamistes, qui, selon le mot de Séverine, se
traîne péniblement à la queue de la plupart
Ag nations européennes, tous les jours vous
entendez les chefs et les représentants de ce
bas empire parler sans rire de justice.
Et quand la notion de la justice, en un mot
la conscience, est détraquée d’une façon sem
blable parmi les classes dirigeantes, comment
s'étonner des crimes abominables et absurdes
de ces détraqués d’en bas.
Fils d’un forçat de l'Empire, mort à
Cayenne et dont le nom restera un symbole
de justice et de vertu civique, près de huit
mille électeurs m’ont envoyé à la Chambre
pour protester contre l’injustice et les chinoi
serie de vos lois criminelles.
Votre gouvernement s’appelle République :
M est capable de faire regretter la monarchie.
y P.-A. VAUX,
; : : y Député de Dijon.
PAUVRE
Les mafnelucks de Casimir Périer ont trouvé
cette semaiue f occasion- de faire parade de leur :
haute moralité. Avec un ensemble touchant, ils
ont voté l'invalidation du lamentable Wilson.
Il leur semblait que cette petite exécution
devait, aux yeux du corps électoral, leur refaire
une virginité parlementaire, et la main dans leur
gilet, les yeux sévères, ils prenaient déjà tous des
attitudes d’incorruptibles.
Malheureusement, les socialistes, ces trouble-
fête, sont venus à leur tribune expliquer leur
vote. Basly, un simple ouvrier qui décidément
manque de la plus élémentaire délicatesse, a déclaré
à la tribune que la plupart des opportunistes lui
semblaient aussi compromis que Wilson, au
double point de vue de leur honnêteté parlement
taire et de leurs procédés électoraux.
Dupuy, estimant dans sa sagesse qu’il est aussi
déplacé de parler d’honnêteté au Palais-Bourbon
que de corde dans la maîSOîi d’un pendu, intima
au malencoittueux socialisteTordre de se taire.
De là, naquit un.débats où Millerand s’offrit le
plaisir de mettre les ' p 1 ëdS dans le plat avec une
beihistaiiée noifdéïïùëè dè fauté gaieté.
Pendant un bon quart d’heure, la Chambre en
entendit de vértes. MiItéra nd reparla de Panama
et de tous ’ les scandales bolftido-fiuanciers de ces
dernières années, puis termina sa petite lessive
en ces termes : :
« Il ne faut pas espérer qjfien sacrifiant M.
Wilson, on en fera oublier d'autres qui sont aussi
coupables que lui, et qui peuvent au point de vue
judiciaire,, s’asseoir sur les mêmes bancs que M.
Wilson, car eux aussi Sont dès acquittés. »
Cette conclusion jeta un froid dans la salle,
Fandiè ? qh’à Paxtrêmé-gàache ! une triple salve
d’applaudissements s'élevait, ironique et joyeuse.
LE PAT RIOTISME D U 3 0/0
Les révélations publiées par le Figaro au sujet
de l’incident Beaucbamp ont produit dans tous les
milieux politiques une sensation profonde.
Monarchistes, élyséens et ministériels, chacun
interprète au profit de ses intérêts de parti les dé
tails très précis contenus dans l’histoire, certaine
ment authentique, des démarches occultes faites
par M. Carnot auprès de la princesse Waldemar
de Copenhague, pour sonder les intentions du tzar
à l’égard de la France.
Le questionnaire remis à l’envoyé confidentiel
de M. Carnot contenait, en effet, entre autres
questions posées, celles-ci :
Première question. — Qu’est-ce que la Russie
attend de la France pour répondreà l’amitié qu’elle
lui témoigne ?
Deuxième question. — Pensez-vous que. l’em
pereur de Russie se croie engagé vis-à-vis de la
France, au moins pour la défensive ?
Ainsi, il n’y a eu encore aucun accord entre la
France et la Russie. Que dis-je? on ignore même,
à l’heure actuelle, sur quelles bases pourrait se
faire cet accord, puisque M. Carnot ne sait pas ce
que « la Russie attend de la France » en retour
« de l’amitié qu'elle nous témoigne », ni si l’em
pire des tsar consentirait à faire une diversion, —
au cas où une agression mettrait notre pays dans
l’obligation de se défendre.
Avant de se jeter ainsi à la tête de la Russie,
disions-nous, de lui prodiguer notre or et notre
reconnaissance anticipée, il serait peut-être pru
dent de nous assurer en retour de quels avantages,
de quels concours nous nous proclamons en quel
que sorte les obligés — presque les protégés — du
tsar. Sans doute, on a bién reçu nos marins à
Cronstadt. Mais la France a fourni près de quatre
milliards à l’empire moscovite. La Visite de la
flotte russe à Toulon coïncide avec la conversion
du 6 en 4 0/0 opérée par le ministre des finances
de St-Pétersbourg, N’y auraitril pas, ajoutions-
nous, dans l’excès de joie où nous plonge la venue
de l’amiral à Paris, un peu de cette badauderie
française si facile à exploiter ?
G; R.
REPUBLIQUE REACTIONNAIRE
Nous ne sommes pas les seuls à dire que la
République — à l’image et à l’usage de Casimir
Périer, des Raynal et des Carnot — n’est qu’une
parodie du second Empire, qu’elle est redevenue
pour les conservateurs « les plus bornés » la meil
leure des monarchies.
Voici en quëls termes 1 s’exprime, dans le journal
Orléanais Le Soleil, M. H. de Kérohant :
« On ne peut, ‘dit-il, que féliciter de ses décla
rations le ministre de l’intérieur, qui a parlé
comme auraient pu le faire, en d’autres temps,
M. de Morny ou M. Roüher.
« Ce n’est pas seulement à la Porte-Saint-Martin
que l’on voit revivre les traditions impérialistes :
elles reprennent faveur au Palais-Bourbon.
« L’ordre, j’en réponds », dit M. Casimir Périer.
« Que les bons se rassui ent et que les méchants
tremblent », dit' son premier lieutenant, M.
Raynal.
« L’empire n’est pas encore fait. Mais il suffirait,
pour le faire, de quelques nouveaux attentats
anarchistes.
« Conservateurs et monarchistes, nous n’avons
aucune raison de déplorer l’évolution qui ramène
si vivement les républicains vers les idées delà
droite. !
« Il nous est permis, cependant, de constater
que la peur de la Révolution sociale - opère chez
certains républicains de soudaines et promptes
métamorphoses,
« Nous nageons maintenant en pleine réaction.
et dahs cette voie, les radicaux d’hier marchent
d’uu tel pas, que l’on a de la peine à les suivre. »
Nous nageons en pleine réaction ; ce sont les
réactionnaires selon le cœur des d’Orléans qui le
proclament, nous le leur faisons pas dire.
Et maintenant, bons havrais, qui avez voté dans
çe sens, criez bien fort, vive la République !
. . . 1 .. . .. E. S.
LE PARTI OUVRIER A LA CHAMBRE
Le Parti ouvrier vient de déposer deux nou
veaux projets de loi.
Le premier tendant à ce que tout conseil de
guerre comprenne désormais deux militaires
non gradés , et que ces juges-soldats soient tirés
au sort sur une liste dressée chaque année, à
raison de deux par compagnie, par les corps de
troupe fermant la division ou la subdivision
militaire.
Le deuxième tendant à ce que la franchise pos
tale soit accordée aux militaires sous les dra
peaux, jusques et y eompris les adjudants.
Il n’est pas de mesures plus urgentes et plus
populaires ; snous sommes à peu près certains,
cependant, que le gouvernement s’y opposera,
tant ils sont « libéraux » ces capitalistes !
La Liquidation de Philippe VII
Fidèle à ses pifncipes de stricte économie,
le comte de Paris, que ses partisans avaient
baptisé Philippe YII, se donnant ainsi l’illu
sion d’un roi in partibus, vient de supprimer
les subventions qu'il accordait à la presse
conservatrice et aux comités de propagande
royaliste.
C’est la fin du parti.
En abandonnant la lutte, Pex-prétendant
agit sagement ; il a enfin compris qu’il per
dait son temps et son argent; que la France
n’était plus la timide jouvencelle qu’on sédui
sait avec de belles paroles et un beau pana
che.,
Mais, en se retirant ainsi, brutalement,
sans avis préalable, l’héritier du comte de
Chambord fait preuve. de la plus noire ingrat
titudo en n’adressant pas un remerciement,
en ne-donnant pas un souvenir à ces éner-
.. - ■ , ;• ,: • .
rMM'Ààifri là-ilfts &r. -t
giques journalistes de province, à ces loyaux
et désintéressés champions d une cause, —
mauvaise, sans doute, — dont nous ne pou
vons nous empêcher d’admirer la persévé
rance et le dévouement.
Comment, ces vaillants ont combattu.pen
dant 23 ans pour la royauté, et le repré
sentant de celle-ci les abandonne lâchement
sans s’inquiéter de ce que deviendront les
pauvres diables qui lui ont donné le meilleur
de leur jeunesse et de leur intelligence !
Combien, parmi eux, auxquels la nature
avait prodigué ses dons* auraient pu, en
faisant volte-face, arriver à la fortune et aux
honneurs.
Ils étaient trop honnêtes pour cela.
Bah ! sa simili-majesté se moque bien de
ces petites gens ! Elle s’en est servie, les a
usés, m’en a plus besoin, elle les jette à la
rue !
Que lui importe que ses anciens défenseurs
crèvent de faim ? Ces plébéiens qui se sont
donnés cœur et âme à la cause légitimiste,
qui ont lutté toute leur vie, se sont nourris
d’illusions, ne sont-ils pas assez payés par
l’honneur que Vous leur avez fait en leur
permettant de vous servir ? N’étaient-ils pas
votre bien, votre chose ? C’est bien ainsi que
vous jugez, n ? est-ce pas M. le comte de
Paris ?
Républicains, découvrons-nous respectueu
sement devant ces fiers soldats de la plume,
morts à l’honneur, et constatons que si les
troupes étaient sublimes, le général ne valait
pas grand’chose.
La postérité ne l’appellera pas Philippe VIT,
mais Grippe-Sou !
Pierre MÉRITEL.
CHINOISERIES'ÂDINISTRÂTIVES
; L'e' -çfoiTaït-on, dans notre aimable pays de
France où les monnaies de tant de puissances,
aussi étrangères que malveillantes, ont cours
forcé, et où il suffit qu'un rond de métal d’une
valeur réelle de 3 francs, soit orné (?) de la
face du « Re Vittorio Emanuele II », ou de tout
autre souverain, pour nous obliger à l’accepter
pour 5 francs ; certaines pièces françaises ne sont
pas reçues dans les caisses de l’Etat, sous le fal
lacieux prétexte qu’il les a émises pour l’usage de
nos possessions !
Ainsi, l’or tunisien portant d’un côté « Tunisie ,
20 francs , 1893 », et de l’autre une légende en
caractères arabes, est impitoyablement refusé par
les perceptions et par la banque ; il en est de
même des sous du Tonkin.
Mais, administration de mon cœur, si vous ne
voulez pas de votre argent colonial, qui donc lô
prendra ?
Voyez-vous, chers lecteurs, nos compatriotes
d’outre-mer obligés, pour payer leurs achats à la
mère-patrie, de changer l’argent français contre
des livres sterling anglaises ou des lires ita
liennes !
E. Salva.
Propos de Gâteux
Jules Simon, l’ami de la jeunesse que l’on con
naît, prié par un groupe d’étudiants de donner son
avis sur la cavalcade delà Mi-Carême, a produit
le rabacliâgè qüi suit, fruit probable d’une longue
; titillation cérébrale :
« Vos ancêtres, messieurs, allaient à la Ghau-
« naière. — Ecoutez-moi, et ne vous fâchez
« je vais avoir quatre-vingts ans — ils y allaient
c trop souvent ; ce n’était pas le meilleur chemia
« pour devenir médecin des hôpitaux et procureur
<
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Année — !3 Ventôse Ai 102 — S* 134.
Réveil
T A
ORGANE
J'ttlX DES AîlOXPiEMEPiTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre ...........,..... 3 fr. 2 fr.
Départements............. 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15. RXJE Ç AS IMIR-PÉRIRR, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces. 25 cent. la ligne
Réclames............... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LA REVISION
DES
Procès Criminels
Le Sénat vient de montrer, une fois de
plus, qu’il est l’ennemi absolu de toute
réforme sérieuse, et que le principal objectif
de la démocratie doit être la révision de la
Constitution et la suppression de cette assem
blée rétrograde, qui est la négation du suf
frage universel.
Après la plupart des nations de l’Europe,
notamment de 'l'Autriche, la Chambre des
députés avait enfin voté un projet de loi per
mettant la révision des procès criminels et
la réparation des ërÉéùjrs judiciaires. Cette
réparation pouvait s’étendre aux malheureux
qui ont subi une prévention injustifiée, qui
souvent a altéré leur santé et causé leur
ruine. Cette mesure,, dictée'par la plus élé-
( ? V; > • ‘ . A '
mentaire jusfciceyiraTpu trôuVergrâôè devant
le Sénat, malgré les. efforts de: l'honorable
r . ■ ■■ .• ; vy ,
rapporteur et de M. Bernard, qui. 6nt f , ace
sujet, prononcé des discours pleins de con
science et de cœur;
On a objecté que cela serait une nouvelle
charge pour les finances. Ainsi une misérable
question d’argent empêche cette réforme. La
France n’est pas assez riche pour rendre jusy
tice, c’est bon ■ pour l’Autriche. Ah ! s’il s’a
gissait de doriner de grosses pensions aux
veuves des gredins du coup d’Etat, les coffres
de l’Etat seraient pleins.
Les pères conscrits ont laissé passer la
modification des articles 443 et 444, ils ont
eu en vue de se débarrasser de ces causes
célèbres qui, comme celle de Lesurques et de
Pierre Vaux, ont eu tant de retentissement
dans le cours de ce siècle, qui ont profondé
ment ému l’opinion et dont les familles ne
désarmeront qu’après extinction totale.
Il est bien entendu, du reste, d’après le Sé
nat, que la société ne leur doit aucun dédom
magement pous leur longs longues souffrances
physiques et morales, leur long exil, leur dés
honneur et leur ruine. La justice pourra, dit
la loi, leur accorder une indemnité, une cha
rité, en un mot sous-entendu, s’ils sont bien
sages et si ( horresco referens) leurs membres
ne sont pas socialistes.
Et, dans cette République d’agioteurs et de
panamistes, qui, selon le mot de Séverine, se
traîne péniblement à la queue de la plupart
Ag nations européennes, tous les jours vous
entendez les chefs et les représentants de ce
bas empire parler sans rire de justice.
Et quand la notion de la justice, en un mot
la conscience, est détraquée d’une façon sem
blable parmi les classes dirigeantes, comment
s'étonner des crimes abominables et absurdes
de ces détraqués d’en bas.
Fils d’un forçat de l'Empire, mort à
Cayenne et dont le nom restera un symbole
de justice et de vertu civique, près de huit
mille électeurs m’ont envoyé à la Chambre
pour protester contre l’injustice et les chinoi
serie de vos lois criminelles.
Votre gouvernement s’appelle République :
M est capable de faire regretter la monarchie.
y P.-A. VAUX,
; : : y Député de Dijon.
PAUVRE
Les mafnelucks de Casimir Périer ont trouvé
cette semaiue f occasion- de faire parade de leur :
haute moralité. Avec un ensemble touchant, ils
ont voté l'invalidation du lamentable Wilson.
Il leur semblait que cette petite exécution
devait, aux yeux du corps électoral, leur refaire
une virginité parlementaire, et la main dans leur
gilet, les yeux sévères, ils prenaient déjà tous des
attitudes d’incorruptibles.
Malheureusement, les socialistes, ces trouble-
fête, sont venus à leur tribune expliquer leur
vote. Basly, un simple ouvrier qui décidément
manque de la plus élémentaire délicatesse, a déclaré
à la tribune que la plupart des opportunistes lui
semblaient aussi compromis que Wilson, au
double point de vue de leur honnêteté parlement
taire et de leurs procédés électoraux.
Dupuy, estimant dans sa sagesse qu’il est aussi
déplacé de parler d’honnêteté au Palais-Bourbon
que de corde dans la maîSOîi d’un pendu, intima
au malencoittueux socialisteTordre de se taire.
De là, naquit un.débats où Millerand s’offrit le
plaisir de mettre les ' p 1 ëdS dans le plat avec une
beihistaiiée noifdéïïùëè dè fauté gaieté.
Pendant un bon quart d’heure, la Chambre en
entendit de vértes. MiItéra nd reparla de Panama
et de tous ’ les scandales bolftido-fiuanciers de ces
dernières années, puis termina sa petite lessive
en ces termes : :
« Il ne faut pas espérer qjfien sacrifiant M.
Wilson, on en fera oublier d'autres qui sont aussi
coupables que lui, et qui peuvent au point de vue
judiciaire,, s’asseoir sur les mêmes bancs que M.
Wilson, car eux aussi Sont dès acquittés. »
Cette conclusion jeta un froid dans la salle,
Fandiè ? qh’à Paxtrêmé-gàache ! une triple salve
d’applaudissements s'élevait, ironique et joyeuse.
LE PAT RIOTISME D U 3 0/0
Les révélations publiées par le Figaro au sujet
de l’incident Beaucbamp ont produit dans tous les
milieux politiques une sensation profonde.
Monarchistes, élyséens et ministériels, chacun
interprète au profit de ses intérêts de parti les dé
tails très précis contenus dans l’histoire, certaine
ment authentique, des démarches occultes faites
par M. Carnot auprès de la princesse Waldemar
de Copenhague, pour sonder les intentions du tzar
à l’égard de la France.
Le questionnaire remis à l’envoyé confidentiel
de M. Carnot contenait, en effet, entre autres
questions posées, celles-ci :
Première question. — Qu’est-ce que la Russie
attend de la France pour répondreà l’amitié qu’elle
lui témoigne ?
Deuxième question. — Pensez-vous que. l’em
pereur de Russie se croie engagé vis-à-vis de la
France, au moins pour la défensive ?
Ainsi, il n’y a eu encore aucun accord entre la
France et la Russie. Que dis-je? on ignore même,
à l’heure actuelle, sur quelles bases pourrait se
faire cet accord, puisque M. Carnot ne sait pas ce
que « la Russie attend de la France » en retour
« de l’amitié qu'elle nous témoigne », ni si l’em
pire des tsar consentirait à faire une diversion, —
au cas où une agression mettrait notre pays dans
l’obligation de se défendre.
Avant de se jeter ainsi à la tête de la Russie,
disions-nous, de lui prodiguer notre or et notre
reconnaissance anticipée, il serait peut-être pru
dent de nous assurer en retour de quels avantages,
de quels concours nous nous proclamons en quel
que sorte les obligés — presque les protégés — du
tsar. Sans doute, on a bién reçu nos marins à
Cronstadt. Mais la France a fourni près de quatre
milliards à l’empire moscovite. La Visite de la
flotte russe à Toulon coïncide avec la conversion
du 6 en 4 0/0 opérée par le ministre des finances
de St-Pétersbourg, N’y auraitril pas, ajoutions-
nous, dans l’excès de joie où nous plonge la venue
de l’amiral à Paris, un peu de cette badauderie
française si facile à exploiter ?
G; R.
REPUBLIQUE REACTIONNAIRE
Nous ne sommes pas les seuls à dire que la
République — à l’image et à l’usage de Casimir
Périer, des Raynal et des Carnot — n’est qu’une
parodie du second Empire, qu’elle est redevenue
pour les conservateurs « les plus bornés » la meil
leure des monarchies.
Voici en quëls termes 1 s’exprime, dans le journal
Orléanais Le Soleil, M. H. de Kérohant :
« On ne peut, ‘dit-il, que féliciter de ses décla
rations le ministre de l’intérieur, qui a parlé
comme auraient pu le faire, en d’autres temps,
M. de Morny ou M. Roüher.
« Ce n’est pas seulement à la Porte-Saint-Martin
que l’on voit revivre les traditions impérialistes :
elles reprennent faveur au Palais-Bourbon.
« L’ordre, j’en réponds », dit M. Casimir Périer.
« Que les bons se rassui ent et que les méchants
tremblent », dit' son premier lieutenant, M.
Raynal.
« L’empire n’est pas encore fait. Mais il suffirait,
pour le faire, de quelques nouveaux attentats
anarchistes.
« Conservateurs et monarchistes, nous n’avons
aucune raison de déplorer l’évolution qui ramène
si vivement les républicains vers les idées delà
droite. !
« Il nous est permis, cependant, de constater
que la peur de la Révolution sociale - opère chez
certains républicains de soudaines et promptes
métamorphoses,
« Nous nageons maintenant en pleine réaction.
et dahs cette voie, les radicaux d’hier marchent
d’uu tel pas, que l’on a de la peine à les suivre. »
Nous nageons en pleine réaction ; ce sont les
réactionnaires selon le cœur des d’Orléans qui le
proclament, nous le leur faisons pas dire.
Et maintenant, bons havrais, qui avez voté dans
çe sens, criez bien fort, vive la République !
. . . 1 .. . .. E. S.
LE PARTI OUVRIER A LA CHAMBRE
Le Parti ouvrier vient de déposer deux nou
veaux projets de loi.
Le premier tendant à ce que tout conseil de
guerre comprenne désormais deux militaires
non gradés , et que ces juges-soldats soient tirés
au sort sur une liste dressée chaque année, à
raison de deux par compagnie, par les corps de
troupe fermant la division ou la subdivision
militaire.
Le deuxième tendant à ce que la franchise pos
tale soit accordée aux militaires sous les dra
peaux, jusques et y eompris les adjudants.
Il n’est pas de mesures plus urgentes et plus
populaires ; snous sommes à peu près certains,
cependant, que le gouvernement s’y opposera,
tant ils sont « libéraux » ces capitalistes !
La Liquidation de Philippe VII
Fidèle à ses pifncipes de stricte économie,
le comte de Paris, que ses partisans avaient
baptisé Philippe YII, se donnant ainsi l’illu
sion d’un roi in partibus, vient de supprimer
les subventions qu'il accordait à la presse
conservatrice et aux comités de propagande
royaliste.
C’est la fin du parti.
En abandonnant la lutte, Pex-prétendant
agit sagement ; il a enfin compris qu’il per
dait son temps et son argent; que la France
n’était plus la timide jouvencelle qu’on sédui
sait avec de belles paroles et un beau pana
che.,
Mais, en se retirant ainsi, brutalement,
sans avis préalable, l’héritier du comte de
Chambord fait preuve. de la plus noire ingrat
titudo en n’adressant pas un remerciement,
en ne-donnant pas un souvenir à ces éner-
.. - ■ , ;• ,: • .
rMM'Ààifri là-ilfts &r. -t
giques journalistes de province, à ces loyaux
et désintéressés champions d une cause, —
mauvaise, sans doute, — dont nous ne pou
vons nous empêcher d’admirer la persévé
rance et le dévouement.
Comment, ces vaillants ont combattu.pen
dant 23 ans pour la royauté, et le repré
sentant de celle-ci les abandonne lâchement
sans s’inquiéter de ce que deviendront les
pauvres diables qui lui ont donné le meilleur
de leur jeunesse et de leur intelligence !
Combien, parmi eux, auxquels la nature
avait prodigué ses dons* auraient pu, en
faisant volte-face, arriver à la fortune et aux
honneurs.
Ils étaient trop honnêtes pour cela.
Bah ! sa simili-majesté se moque bien de
ces petites gens ! Elle s’en est servie, les a
usés, m’en a plus besoin, elle les jette à la
rue !
Que lui importe que ses anciens défenseurs
crèvent de faim ? Ces plébéiens qui se sont
donnés cœur et âme à la cause légitimiste,
qui ont lutté toute leur vie, se sont nourris
d’illusions, ne sont-ils pas assez payés par
l’honneur que Vous leur avez fait en leur
permettant de vous servir ? N’étaient-ils pas
votre bien, votre chose ? C’est bien ainsi que
vous jugez, n ? est-ce pas M. le comte de
Paris ?
Républicains, découvrons-nous respectueu
sement devant ces fiers soldats de la plume,
morts à l’honneur, et constatons que si les
troupes étaient sublimes, le général ne valait
pas grand’chose.
La postérité ne l’appellera pas Philippe VIT,
mais Grippe-Sou !
Pierre MÉRITEL.
CHINOISERIES'ÂDINISTRÂTIVES
; L'e' -çfoiTaït-on, dans notre aimable pays de
France où les monnaies de tant de puissances,
aussi étrangères que malveillantes, ont cours
forcé, et où il suffit qu'un rond de métal d’une
valeur réelle de 3 francs, soit orné (?) de la
face du « Re Vittorio Emanuele II », ou de tout
autre souverain, pour nous obliger à l’accepter
pour 5 francs ; certaines pièces françaises ne sont
pas reçues dans les caisses de l’Etat, sous le fal
lacieux prétexte qu’il les a émises pour l’usage de
nos possessions !
Ainsi, l’or tunisien portant d’un côté « Tunisie ,
20 francs , 1893 », et de l’autre une légende en
caractères arabes, est impitoyablement refusé par
les perceptions et par la banque ; il en est de
même des sous du Tonkin.
Mais, administration de mon cœur, si vous ne
voulez pas de votre argent colonial, qui donc lô
prendra ?
Voyez-vous, chers lecteurs, nos compatriotes
d’outre-mer obligés, pour payer leurs achats à la
mère-patrie, de changer l’argent français contre
des livres sterling anglaises ou des lires ita
liennes !
E. Salva.
Propos de Gâteux
Jules Simon, l’ami de la jeunesse que l’on con
naît, prié par un groupe d’étudiants de donner son
avis sur la cavalcade delà Mi-Carême, a produit
le rabacliâgè qüi suit, fruit probable d’une longue
; titillation cérébrale :
« Vos ancêtres, messieurs, allaient à la Ghau-
« naière. — Ecoutez-moi, et ne vous fâchez
« je vais avoir quatre-vingts ans — ils y allaient
c trop souvent ; ce n’était pas le meilleur chemia
« pour devenir médecin des hôpitaux et procureur
<
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.47%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.47%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32633332/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32633332/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32633332/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32633332
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32633332