Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-02-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 février 1894 24 février 1894
Description : 1894/02/24 (N133). 1894/02/24 (N133).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263332n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
{* talée — Iî° 133 — Samedi 24 Février 1894
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e talée — 6 Ventôse An 192 — N° 1 $ 5 .
ORGANE
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VUE paraît tous les Samedis
PRIX RES INSERTIONS :
Annonces.«■ *.».25 cent* la ligna*
Réclames.... 50 cent, la ligne
wOcutraite à Forfait
pi»Tini^r
Par 358 voix contre 152, les « major!tards »
ont voté les nouveaux droits sur les blés.
Ces représentants du peuple, envoyés au
Parlement pour défendre les intérêts de la
nation, ont préféré courber l’échine une nou
velle fois sous la férule du maître Casimir
d'Anzin ! Ils ont conclu un nouveau « Pacte
de Famine ! »
Cette augmentation néfaste pour l’ouvrier,
pour le petit commerçant, sans apporter une
notable amélioration àü sort de l’agriculture,
était mauvaise-et préjudiciable à tous.
M. J. Siegé-ûM l’a èohrb-attùe > par trois
fois il s'est élevé dans ses votes contre là
majoration. Entraîné sur In pente de F oppo
sition gouvernementale, il a Oléine été jusqu’à
demander — avec il ‘grôiïpè slcraïïsfet — la
suppression totale de tout droit.
Nous avons déjà félicité M. I. Siegfried.,
nous le félicitohs encore, mais car il y a
un mais, — si notre impartialité nous a forcé
de lui dire : « En combattant les droits vous
avez fait votre devoir »•, nous dévoris ajouter
que, s’il est bon de s’opposer à un projet mau
vais, il est néèessaire, pour compléter cette
œuvre de réaction méritoire^ de proposer un
système de réformes, non seulement compen
sant, mais surtout surpassant le projet que
Pon s’est efforcé de détruire.
Tel n’a pas été le cas de M. J. Siegfried,
qui n'a vu simplement dans une extension-du
« crédit agricole » dans cet espoir d’une aug
mentation du « matériel d’exploitation », le
seul et nécessaire moyen de relever l’état de
notre production agraire.
Or, chacun sait que nos cultivateurs, écra
sés sous le poids formidable des « dettes »,
jointes aux « hypothèques », même avec une
extension énorme du « crédit », sont incapa
bles de tout progrès réel.
D’ailleurs, l’institution d’un « Établisse
ment de crédit » qui — il faut le dire —
aurait surtout pour but d’employer les * fonds »
dés capitalistes en leur faisant rapporter 5 0/0
alors que la rente leur procure seulement
3 0/0, serait une opération « de Bourse »
malhonnête, une spéculation nouvelle et
éhontée faite sous le eduvert de l’Etat, et à
laqûélle nous ne pouvons souscrire.
Laissant de coté les moyens proposés par le
député du Havre—moyens qui, fatalement,
devaient être défectueux, puisque M. J. Sieg
fried ignore les « lois naturelles de la pro
duction du sol et son exploitation scientifi
que » —son discours tend.ant à s’élever contre
l’augmentation des droits, et la plupart de
Ses votes sont méritoires.
Ils nous ont d’autant plus étonnés, que
H. J. Siegfried n’était pas autorisé, par sa
récente attitude, à parler ainsi, et que mêmes
dans le cours des derniers débâts, sa haine du;
(< Parti socialiste » l’a fait condamner des
réformes et des projëts dont le vote eut certes
apporté un soulagement immédiat à la crise
agraire.
Nous voulons parler de l’amendement
Jaurès, tendant à empêcher la spéculation, en
accordant à l’Etat le monopole de l’achat et
de la vente des blés étrangers,' et de la dispo
sition additionnelle de MM. CKapuis et Jules
Brie, déclarant que « le produit de la taxe
supplémentaire (le projet Jaurès étant déjà
repoussé) servirait à la dotation d’une caisse
de retraites en faveur des ouvriers, agricoles
et urbains. »
Que penser, en effet, aujourd’hui, d’un
homme qui déclare que la petite culture pro
fitera d’une façon « excessivement minime »
des nouveaux droits ; que le produit de ces
8. ou 9 fr. ira surtout à la « |rès grande cul
ture », tandis que toutes nos sollicitudes doi
vent, au contraire, se reporter sur « le petit
Cultivateur au détriment du « grand proprié
taire », lui qui, il y a moins d’un mois, lors
du projet de loi sur la conversion, votait trois
fois contre l'amendement Jaurès qui avait le
but que se propose 4’obtenir M. J. Siegfried,
qui avait ce but et ce seul but !
Que demandait donc alors M. Jaurès, sinon
d ,( a|>f)Hquer £ combattre « là détresse de la
petite démocratie rurale », au moins une
large part du profit de la conversion en affec
tant ce produit « -au dégrèvement en principal
de l’impôt sur la propriété faon bâtie ». Et
cependant, le représentant dè Carmaux invo
quait des opinions qui auraient dû plaire à
M. J. Siegfried ; il citait Léon Say, Tirard,
Allain-Targé, ‘comme ayant indiqués que le
seul moyen de relever l’agriculture était le
« dégrèvement » et ajoutant meme que ce
dégrèvement ûe pouvait être fait qu’avec la
'« côiiversion » 1
Que devons-nous croire de ces trois votes
néfastes aux petits cultivateurs, de cette pro
tection accordée aux spéculateurs qui ruinent
nos campagnes, de ce refus formel opposé à la
création de ces caisses de secours à ces tra
vailleurs qui ont usé leurs forces et donné leur
vie pour l’exploitation — au profit de capi
talistes — dul sol national, où de ce discours
qui n’apporte que des Critiques ou de désas
treuses constatations, sans indiquer un remède,
sans apporter une solution ; de ces votes dont
la moitié protège l’agriculture, tandis que
l’autre la combat.
Tout ne nous porte-t-il pas à croire que
M. J. Siegfried, en disciple de cette machia
vélique politique de ménagements et de com
promissions, n’a- voulu dans ces quelques
manifestations, à tendances socialistes, mais
éminemment intéressées, que se tailler une
réclame et se préparer pour dans quatre ans
un moyen de défense, un alibi qui lui per
mette encore une fois —pour le malheur du
corps électoral havrais, —* de faire renouveler
son mandat!
Entre l’homme qui, nouveau «La Palisse »,
vient nous lire a la tribune comme des argu
ments nouveaux, des documents qui traînent
partout et que chacun connaît ; entre l’hom
me qui vient nous dire « il faut s’occuper de
la petite agriculture » et qui laisse par des
votes coupables, nos transitaires joints aux
banquiers américains, anglais ou russes, s’écrie
comme les commerçants hydriotes au com
mencement de ce siècle : « Nous labourons 1
avec nos navires la mer, mais c'est la terre;
que nous moissonnons ».
Eûtre cet homme èt le pseudo socialiste de
mercredi, qui refuse les droits sur les blés,
il n’y a aucune différence.
Ce sont là les procédés du chasseur imitant
l’oiseau qu’il veut attirer dans ses filets, ce
sont là les procédés des pirates Bretons, allu
mant sur là falaise le feu qui doit conduire
le vaisseau à sa perte !
Pour nous, M. J. Siegfried restera toujours
l’ami des Bayr al, des Jonnart et des Perler,
de ces réactionnaires qui complotent lu ruiné
de la République • et malgré ses votes sur
cette question, malgré son semblant de zèle,
nous n’en persévérerons pas moins à le consi
dérer comme le protecteur du capitalisme,
conservateur et bourgeois, comme l’ennemi
de toute « vraie » réforme sociale, de toute
« juste » revendication prolétarienne, et
comme tel, nous continuerons à dénoncer ses
procédés, ses principes et ses actes à tous les
travailleurs, à tous les vrais socialistes, à tous
ceux qui veulent la France grande et res
pectée ! :
VINDEX.
SEMAI NE ggg ggll
FRANCE
La Victoire de Dimanche. — Les élections
législatives du 18 février marqueront dans l’his
toire du socialisme. Le groupe n’avait proposé
que deux candidats, le succès a été éclatant.
A Marseille, Carnaud, instituteur révoqué pour
avoir osé se porter, au 20 août, contre Peytral, ce
radical à l’eau de rose, obtient juste autant de suf
frages que tous ses concurrents réunis ; il ne lui a
manqué qu’une voix pouf Rriporter su premier
tour. Dans ces conditions, sa victoire au second
tour, ne paraît pas douteuse.
Si l’on compare les chiffres du scrutin d’août à
ceux de février, on est étonné du progrès des idées
socialistes dans le premier port de France.
En août, Peytral réunissait 7,553 voix, et Car
naud 1803. Toutes les voix socialistes, car il y
avait à cette époque trois candidats du parti, arri
vaient au total relativement faible de 2,651.
Dimanche dernier les suffrages se divisaient
ainsi :
Carnaud, socialiste 4.923
Furby, socialiste 406
Chavot, candidat du gourvernement.. 4.281
Le désistement assuré de Furby en faveur de
Carnaud, donne doue pour le candidat socialiste
plus de 5,000 voix.
Il ne reste qu’à attendre avec confiance le résul*
tat du scrutin de ballotage.
Dans le Gard, la victoire est plus certaine,
mais tandis qu’au 20 août, le candidat opportu-
miste obtenait 7,400 voix, son successeur le gou
vernemental Malzac a pu à peine réunir 3,416 suf
frages, 2,970 sont échus à Gaussorgues, radical
socialiste, et 2,728 à Devèze, le professeur de phi
losophie, candidat du parti.
Bide triomphe du parti n’est pas encore assuré
aujourd’hui, le succès est certain dans quatre ans.
A Paris, sur six élections municipales, s’il y a
ballottage.pour toutes, trois sièges sont certaine
ment acquis déjà aux socialistes, et deux seront
probablement conquis dans quelques jours.
En somme, c’est la victoire, c’est un succès
comme on était loin de l’espérer. Aussi, est-ce
avec plaisir que nous avons entendu Jules Guesde
s’écrier lundi, à la tribune de la Chambre : « Dans
les collèges où nous avons brigué les suffrages des
électeurs, les candidats du parti ouvrier ont gagné
5,000 voix sur les précédentes élections ». C’est la
condamnation de l’opportunisme, c’est la chute du
régime actuel.
Quand ,donc la population havraise, suivant en
cela l’exemple du premier port dé France, renon
cera-t-elle à adorer * Le Veau d’or ». Quand donc,
écrasant sous* le poids de ses bulletins de vote ces
productions d’un ancien régime, marchera-t-elle
résolument.dans la voie du progrès ?
v *
♦ ¥
Les Perquisitions. — Le gigantesque coup
de filet jeté à travers la France, le 1 er janvier, sur
tous les anarchistes avait été un « four » complet.
Le gouvernement républicain que personne he
nous envie et qui a pour chef le réactionnaire qui
donna, jadis, sa démission lors de l’expulsion des
princes,; a voulu donner un pendant à cette œuvre
mémorable, en faisant opérer, mardi matin, à la
première heure, dés perquisitions, tant à Paris
que dans les départements, chez toutes les per
sonnes soupçonnées ou accusées d’anarchie.
Gomme la première fois, le résultat a été nul.
Une seule arrestation opérée, celle de Sébastien
Faure, des monceaux de papiers sans grande im
portance, saisis et envoyés sous scellés à la préfec
ture de police et c’est tout.
Par contre, on a opéré chez un grand nombre
de socialistes absolument inoffensifs.
Le gouvernement a tenu à prouver une seconde
fois, que les lois de sûreté générale, réclamées
sous prétexte de sévir contre les associations d’a
narchistes—associations qni naissent subitement
dans le cerveau des ministres pour effrayer les
majoritards lorsque la vie du Cabinet est en jeu —
n’avaient d’autre but que de sévir contre la gi
gantesque poussée du prolétariat qui réclame ses
droits.
Nous l’en remercions et nous lui disons : Per
quisitionnez, enfoncez toutes les portes, ouvrez
toutes les correspondances, la marée socialiste
grossit et bientôt, vous emportant dans son tour
billon irrésistible, elle vous noiera dans ses flots.
Un Défi. — La lutte entre la société bour
geoise finissante et la société de demain, fondée
sur la science et la solidarité humaine, a été défi
nie d’une façon magistrale lundi lors de la discus
sion sur les droits de douane, par le représentant
de Roubaix.
Le socialisme monte, rien ne pourra l’arrêter c
ni vos mesures de réaction, ni le nouveau pacte
de famine que M. Méline vous invite à voter.
M. Léon Say vous rappelait ce qui a accompa
gné la Révolution de 1789, ce que j’appellerai soa
orchestration. Ge qui a orchestré la Révolution de
1789, c’est le cri : « A bas le pacte de famine ! »
Vous êtes en train de préparer une orchestration!
de ce genre.
Faites un nouveau pacte de famine, nous nous
chargerons de faire le nouveau quatre-vingt-
neuf.
La surprise des majoritards devant cette évoca
tion des glorieux souvenirs de la Révolution de
1789, a été telle que Dupuy — cet auvergnat en
rupture de poêle à marrons, comme l’a appelé
l’autre jour le gaffeur Raynal — a dû suspendre
la séance.
Demain — malheureusement pour eux, car ils
sont de ceux qui ne veulent pas croire aux leçons
de l’histoire, heureusement pour le peuple — ils
auront oublié, et la République sociale passant
sur tous ces débris de panamistes et de tiipoteurs
s’élèvera'grande et forte.
E. S.
Nos Députés à la Chambre
Pas brillants les votes de nos députés.
Nous avions félicité M. J. Siegfried de son atti
tude, nous pensions que ses votes se relèveraient.
Nous avons été déçus et, à notre grand regret,
nous devons lui rayer aujourd’hui les félicita
tions de la veille. M. J. Siegfried s’était moqué
de nous, il est vrai que de méchantes langues
prétendent qu’en, le félicitant nous nous étioqs
moqués de lui.
Je laisse à l’intéressé le soin de choisir.
En compagnie de M. Faure, il a voté contre le
projet Jaurès « tendant à empêcher la spécula
tion. »
''Nous savions bien que l’amour de M. J. Sieg
fried pour l’agrjiculture, qui s’était déjà manifesté
lors du premier projet Jaurès (attribution à l’agri
culture des millions de la conversion) par un refus
énergique, ne devait pas tenir longtemps devant
quelques billets de mille à gagner par ses amis les
spéculateurs.
Fidèle à ce principe, il a repoussétoujours
avec M. Faure — le droit gradué.
Reste le droit fixe proposé par la commission
(8 fr.) et celui du gouvernement (7 fr.). Nous sa
vons que M. Siegfried repousse le premier.
Rëpoüssera-t-il le second ?
Oui, s’il est logique, car ce droit nuit aux spé
culateurs.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e talée — 6 Ventôse An 192 — N° 1 $ 5 .
ORGANE
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VUE paraît tous les Samedis
PRIX RES INSERTIONS :
Annonces.«■ *.».25 cent* la ligna*
Réclames.... 50 cent, la ligne
wOcutraite à Forfait
pi»Tini^r
Par 358 voix contre 152, les « major!tards »
ont voté les nouveaux droits sur les blés.
Ces représentants du peuple, envoyés au
Parlement pour défendre les intérêts de la
nation, ont préféré courber l’échine une nou
velle fois sous la férule du maître Casimir
d'Anzin ! Ils ont conclu un nouveau « Pacte
de Famine ! »
Cette augmentation néfaste pour l’ouvrier,
pour le petit commerçant, sans apporter une
notable amélioration àü sort de l’agriculture,
était mauvaise-et préjudiciable à tous.
M. J. Siegé-ûM l’a èohrb-attùe > par trois
fois il s'est élevé dans ses votes contre là
majoration. Entraîné sur In pente de F oppo
sition gouvernementale, il a Oléine été jusqu’à
demander — avec il ‘grôiïpè slcraïïsfet — la
suppression totale de tout droit.
Nous avons déjà félicité M. I. Siegfried.,
nous le félicitohs encore, mais car il y a
un mais, — si notre impartialité nous a forcé
de lui dire : « En combattant les droits vous
avez fait votre devoir »•, nous dévoris ajouter
que, s’il est bon de s’opposer à un projet mau
vais, il est néèessaire, pour compléter cette
œuvre de réaction méritoire^ de proposer un
système de réformes, non seulement compen
sant, mais surtout surpassant le projet que
Pon s’est efforcé de détruire.
Tel n’a pas été le cas de M. J. Siegfried,
qui n'a vu simplement dans une extension-du
« crédit agricole » dans cet espoir d’une aug
mentation du « matériel d’exploitation », le
seul et nécessaire moyen de relever l’état de
notre production agraire.
Or, chacun sait que nos cultivateurs, écra
sés sous le poids formidable des « dettes »,
jointes aux « hypothèques », même avec une
extension énorme du « crédit », sont incapa
bles de tout progrès réel.
D’ailleurs, l’institution d’un « Établisse
ment de crédit » qui — il faut le dire —
aurait surtout pour but d’employer les * fonds »
dés capitalistes en leur faisant rapporter 5 0/0
alors que la rente leur procure seulement
3 0/0, serait une opération « de Bourse »
malhonnête, une spéculation nouvelle et
éhontée faite sous le eduvert de l’Etat, et à
laqûélle nous ne pouvons souscrire.
Laissant de coté les moyens proposés par le
député du Havre—moyens qui, fatalement,
devaient être défectueux, puisque M. J. Sieg
fried ignore les « lois naturelles de la pro
duction du sol et son exploitation scientifi
que » —son discours tend.ant à s’élever contre
l’augmentation des droits, et la plupart de
Ses votes sont méritoires.
Ils nous ont d’autant plus étonnés, que
H. J. Siegfried n’était pas autorisé, par sa
récente attitude, à parler ainsi, et que mêmes
dans le cours des derniers débâts, sa haine du;
(< Parti socialiste » l’a fait condamner des
réformes et des projëts dont le vote eut certes
apporté un soulagement immédiat à la crise
agraire.
Nous voulons parler de l’amendement
Jaurès, tendant à empêcher la spéculation, en
accordant à l’Etat le monopole de l’achat et
de la vente des blés étrangers,' et de la dispo
sition additionnelle de MM. CKapuis et Jules
Brie, déclarant que « le produit de la taxe
supplémentaire (le projet Jaurès étant déjà
repoussé) servirait à la dotation d’une caisse
de retraites en faveur des ouvriers, agricoles
et urbains. »
Que penser, en effet, aujourd’hui, d’un
homme qui déclare que la petite culture pro
fitera d’une façon « excessivement minime »
des nouveaux droits ; que le produit de ces
8. ou 9 fr. ira surtout à la « |rès grande cul
ture », tandis que toutes nos sollicitudes doi
vent, au contraire, se reporter sur « le petit
Cultivateur au détriment du « grand proprié
taire », lui qui, il y a moins d’un mois, lors
du projet de loi sur la conversion, votait trois
fois contre l'amendement Jaurès qui avait le
but que se propose 4’obtenir M. J. Siegfried,
qui avait ce but et ce seul but !
Que demandait donc alors M. Jaurès, sinon
d ,( a|>f)Hquer £ combattre « là détresse de la
petite démocratie rurale », au moins une
large part du profit de la conversion en affec
tant ce produit « -au dégrèvement en principal
de l’impôt sur la propriété faon bâtie ». Et
cependant, le représentant dè Carmaux invo
quait des opinions qui auraient dû plaire à
M. J. Siegfried ; il citait Léon Say, Tirard,
Allain-Targé, ‘comme ayant indiqués que le
seul moyen de relever l’agriculture était le
« dégrèvement » et ajoutant meme que ce
dégrèvement ûe pouvait être fait qu’avec la
'« côiiversion » 1
Que devons-nous croire de ces trois votes
néfastes aux petits cultivateurs, de cette pro
tection accordée aux spéculateurs qui ruinent
nos campagnes, de ce refus formel opposé à la
création de ces caisses de secours à ces tra
vailleurs qui ont usé leurs forces et donné leur
vie pour l’exploitation — au profit de capi
talistes — dul sol national, où de ce discours
qui n’apporte que des Critiques ou de désas
treuses constatations, sans indiquer un remède,
sans apporter une solution ; de ces votes dont
la moitié protège l’agriculture, tandis que
l’autre la combat.
Tout ne nous porte-t-il pas à croire que
M. J. Siegfried, en disciple de cette machia
vélique politique de ménagements et de com
promissions, n’a- voulu dans ces quelques
manifestations, à tendances socialistes, mais
éminemment intéressées, que se tailler une
réclame et se préparer pour dans quatre ans
un moyen de défense, un alibi qui lui per
mette encore une fois —pour le malheur du
corps électoral havrais, —* de faire renouveler
son mandat!
Entre l’homme qui, nouveau «La Palisse »,
vient nous lire a la tribune comme des argu
ments nouveaux, des documents qui traînent
partout et que chacun connaît ; entre l’hom
me qui vient nous dire « il faut s’occuper de
la petite agriculture » et qui laisse par des
votes coupables, nos transitaires joints aux
banquiers américains, anglais ou russes, s’écrie
comme les commerçants hydriotes au com
mencement de ce siècle : « Nous labourons 1
avec nos navires la mer, mais c'est la terre;
que nous moissonnons ».
Eûtre cet homme èt le pseudo socialiste de
mercredi, qui refuse les droits sur les blés,
il n’y a aucune différence.
Ce sont là les procédés du chasseur imitant
l’oiseau qu’il veut attirer dans ses filets, ce
sont là les procédés des pirates Bretons, allu
mant sur là falaise le feu qui doit conduire
le vaisseau à sa perte !
Pour nous, M. J. Siegfried restera toujours
l’ami des Bayr al, des Jonnart et des Perler,
de ces réactionnaires qui complotent lu ruiné
de la République • et malgré ses votes sur
cette question, malgré son semblant de zèle,
nous n’en persévérerons pas moins à le consi
dérer comme le protecteur du capitalisme,
conservateur et bourgeois, comme l’ennemi
de toute « vraie » réforme sociale, de toute
« juste » revendication prolétarienne, et
comme tel, nous continuerons à dénoncer ses
procédés, ses principes et ses actes à tous les
travailleurs, à tous les vrais socialistes, à tous
ceux qui veulent la France grande et res
pectée ! :
VINDEX.
SEMAI NE ggg ggll
FRANCE
La Victoire de Dimanche. — Les élections
législatives du 18 février marqueront dans l’his
toire du socialisme. Le groupe n’avait proposé
que deux candidats, le succès a été éclatant.
A Marseille, Carnaud, instituteur révoqué pour
avoir osé se porter, au 20 août, contre Peytral, ce
radical à l’eau de rose, obtient juste autant de suf
frages que tous ses concurrents réunis ; il ne lui a
manqué qu’une voix pouf Rriporter su premier
tour. Dans ces conditions, sa victoire au second
tour, ne paraît pas douteuse.
Si l’on compare les chiffres du scrutin d’août à
ceux de février, on est étonné du progrès des idées
socialistes dans le premier port de France.
En août, Peytral réunissait 7,553 voix, et Car
naud 1803. Toutes les voix socialistes, car il y
avait à cette époque trois candidats du parti, arri
vaient au total relativement faible de 2,651.
Dimanche dernier les suffrages se divisaient
ainsi :
Carnaud, socialiste 4.923
Furby, socialiste 406
Chavot, candidat du gourvernement.. 4.281
Le désistement assuré de Furby en faveur de
Carnaud, donne doue pour le candidat socialiste
plus de 5,000 voix.
Il ne reste qu’à attendre avec confiance le résul*
tat du scrutin de ballotage.
Dans le Gard, la victoire est plus certaine,
mais tandis qu’au 20 août, le candidat opportu-
miste obtenait 7,400 voix, son successeur le gou
vernemental Malzac a pu à peine réunir 3,416 suf
frages, 2,970 sont échus à Gaussorgues, radical
socialiste, et 2,728 à Devèze, le professeur de phi
losophie, candidat du parti.
Bide triomphe du parti n’est pas encore assuré
aujourd’hui, le succès est certain dans quatre ans.
A Paris, sur six élections municipales, s’il y a
ballottage.pour toutes, trois sièges sont certaine
ment acquis déjà aux socialistes, et deux seront
probablement conquis dans quelques jours.
En somme, c’est la victoire, c’est un succès
comme on était loin de l’espérer. Aussi, est-ce
avec plaisir que nous avons entendu Jules Guesde
s’écrier lundi, à la tribune de la Chambre : « Dans
les collèges où nous avons brigué les suffrages des
électeurs, les candidats du parti ouvrier ont gagné
5,000 voix sur les précédentes élections ». C’est la
condamnation de l’opportunisme, c’est la chute du
régime actuel.
Quand ,donc la population havraise, suivant en
cela l’exemple du premier port dé France, renon
cera-t-elle à adorer * Le Veau d’or ». Quand donc,
écrasant sous* le poids de ses bulletins de vote ces
productions d’un ancien régime, marchera-t-elle
résolument.dans la voie du progrès ?
v *
♦ ¥
Les Perquisitions. — Le gigantesque coup
de filet jeté à travers la France, le 1 er janvier, sur
tous les anarchistes avait été un « four » complet.
Le gouvernement républicain que personne he
nous envie et qui a pour chef le réactionnaire qui
donna, jadis, sa démission lors de l’expulsion des
princes,; a voulu donner un pendant à cette œuvre
mémorable, en faisant opérer, mardi matin, à la
première heure, dés perquisitions, tant à Paris
que dans les départements, chez toutes les per
sonnes soupçonnées ou accusées d’anarchie.
Gomme la première fois, le résultat a été nul.
Une seule arrestation opérée, celle de Sébastien
Faure, des monceaux de papiers sans grande im
portance, saisis et envoyés sous scellés à la préfec
ture de police et c’est tout.
Par contre, on a opéré chez un grand nombre
de socialistes absolument inoffensifs.
Le gouvernement a tenu à prouver une seconde
fois, que les lois de sûreté générale, réclamées
sous prétexte de sévir contre les associations d’a
narchistes—associations qni naissent subitement
dans le cerveau des ministres pour effrayer les
majoritards lorsque la vie du Cabinet est en jeu —
n’avaient d’autre but que de sévir contre la gi
gantesque poussée du prolétariat qui réclame ses
droits.
Nous l’en remercions et nous lui disons : Per
quisitionnez, enfoncez toutes les portes, ouvrez
toutes les correspondances, la marée socialiste
grossit et bientôt, vous emportant dans son tour
billon irrésistible, elle vous noiera dans ses flots.
Un Défi. — La lutte entre la société bour
geoise finissante et la société de demain, fondée
sur la science et la solidarité humaine, a été défi
nie d’une façon magistrale lundi lors de la discus
sion sur les droits de douane, par le représentant
de Roubaix.
Le socialisme monte, rien ne pourra l’arrêter c
ni vos mesures de réaction, ni le nouveau pacte
de famine que M. Méline vous invite à voter.
M. Léon Say vous rappelait ce qui a accompa
gné la Révolution de 1789, ce que j’appellerai soa
orchestration. Ge qui a orchestré la Révolution de
1789, c’est le cri : « A bas le pacte de famine ! »
Vous êtes en train de préparer une orchestration!
de ce genre.
Faites un nouveau pacte de famine, nous nous
chargerons de faire le nouveau quatre-vingt-
neuf.
La surprise des majoritards devant cette évoca
tion des glorieux souvenirs de la Révolution de
1789, a été telle que Dupuy — cet auvergnat en
rupture de poêle à marrons, comme l’a appelé
l’autre jour le gaffeur Raynal — a dû suspendre
la séance.
Demain — malheureusement pour eux, car ils
sont de ceux qui ne veulent pas croire aux leçons
de l’histoire, heureusement pour le peuple — ils
auront oublié, et la République sociale passant
sur tous ces débris de panamistes et de tiipoteurs
s’élèvera'grande et forte.
E. S.
Nos Députés à la Chambre
Pas brillants les votes de nos députés.
Nous avions félicité M. J. Siegfried de son atti
tude, nous pensions que ses votes se relèveraient.
Nous avons été déçus et, à notre grand regret,
nous devons lui rayer aujourd’hui les félicita
tions de la veille. M. J. Siegfried s’était moqué
de nous, il est vrai que de méchantes langues
prétendent qu’en, le félicitant nous nous étioqs
moqués de lui.
Je laisse à l’intéressé le soin de choisir.
En compagnie de M. Faure, il a voté contre le
projet Jaurès « tendant à empêcher la spécula
tion. »
''Nous savions bien que l’amour de M. J. Sieg
fried pour l’agrjiculture, qui s’était déjà manifesté
lors du premier projet Jaurès (attribution à l’agri
culture des millions de la conversion) par un refus
énergique, ne devait pas tenir longtemps devant
quelques billets de mille à gagner par ses amis les
spéculateurs.
Fidèle à ce principe, il a repoussétoujours
avec M. Faure — le droit gradué.
Reste le droit fixe proposé par la commission
(8 fr.) et celui du gouvernement (7 fr.). Nous sa
vons que M. Siegfried repousse le premier.
Rëpoüssera-t-il le second ?
Oui, s’il est logique, car ce droit nuit aux spé
culateurs.
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