Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-01-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 janvier 1894 06 janvier 1894
Description : 1894/01/06 (N126). 1894/01/06 (N126).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263325h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
AüBce — N° 126 — Samedi 6 Janvier 1894.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Année — 17 Nivôse An 102 — N° 125.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PEIX DES ÀBOJiNMTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements... 4 fr. 2 50
ADipSTRATION & RÉFACTION
15, RUE CASIMIH-PÉHIER, 15
LE RÉ VEIL DU HA VIIE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
POLEON
FEUILLETON DU “ RÉVEIL ”
Nous commencerons samedi prochain
la publication d’une
NOUVELLE ABSOLUMENT INÉDITE
A NOS
Avec le présent numéro — Le Réveil —
accomplit sa quatrième année.
C’est déjà une assez belle carrière, en ce
temps d’industrialisation de la presse, pour
une feuille qui n’eut pas de gros capitalistes
pour présider à sa naissance et que nul parti
politique n’avait, jusqu'à ce jour, prise sous
sa protection.
En effet, Le Réveil du Havre doit tout, en
premier lieu, au généreux concours intellec
tuel ou financier de quelques citoyens dévoués
et, en second lieu, au bon accueil du public
éclairé et toujours grossissant qui a répondu
à l'appel des fondateurs.
La meilleure façon de remercier les uns et
les autres, maintenant que sont surmontées les
pénibles difficultés du début, que l’avenir du
Réveil est assuré, est certainement de prouver à
tQus, par la réalisation d’une réforme désirée
depuis longtemps, mais toujours attendue, que
la nouvelle administration n’a pas démérité de
l'ancienne et que l’œuvre commencée se
poursuit vigoureusement vers le but que s é-
taient tracé les fondateurs du journal.
Aujourd’hui que les élections du 20 août
ont indiqué à tous ceux que passionne la
question sociale, la ligne de conduite de l’a
venir, il importait au Réveil du Havre , qui
avait toujours marché de l’avant dans la
lutte contre les classes exploitantes, de se
rallier à la bannière des socialistes militants ;
en un mot, du Parti ouvrier de Francq.
Loin de nous cependant cette idée que le
socialisme soit contenu tout entier dans la re
vendication économique des prolétaires et
4 mis la systématisation de la lutte des classes ;
la question sociale comprend aussi la question
morale et rien de ce qui touche la philosophie,
la politique, la famille, l’éducation, l’esthéti
que et l’adoucissement des mœurs ne lui est
étranger.
Car la période déjà trop longue des absolu
tismes doctrinaires est bien passée, et les temps
sont venus pour tous les partis avancés —
qu’on les nomme radicaux, radicaux-socialis
tes — ou socialistes — de s’occuper des moyens
de transition et des réformes immédiatement
réalisables.
Pour cela il ne faut plus de luttes intesti
nes, il faut convier les partis avancés à la
tolérance mutuelle et à une tâche commune
d’élaboration et de propagande.
Si quelques radicaux timorés ont fait dé
faut, notre joie est grande de pouvoir ajouter
que, dans la nouvelle Chambre, les groupes
ont renoncé à vouloir se majoriser ou s’ex
clure et que tous ou presque tous les radicaux
avancés pensent maintenant comme les mem
bres de l’Union socialiste.
D’accord avec tous les groupements, nous
dirigerons nos efforts vers la conquête des
postes municipaux, première étape vers l’amé
lioration des conditions du travail, de telle
Sorte que la grande iniquité sociale, que nous
combattons avec tout son cortège d’anta
gonismes et de luttes âpres, de servitudes et
d’ignorances, d’injustices et de souffrances,
sapée de tous côtés dans ses fondements, au
nom de l’humanité, de la science et de révo
lution, finira par crouler dans une décisive et
définitive victoire.
Comme le veut son caractère de société
finissante, la société bourgeoise croit pouvoir
étouffer les éléments de régénération qui sont
en elle et dont pourtant l’action facilitée pour
rait servir de transition entre la civilisation
actuelle et la civilisation supérieure de de
main : la civilisation socialiste ! *
On traite les réformistes en ennemis : aux
légitimes revendications des travailleurs et
des opprimés de tout genre, les gouvernements
ne répondent que par des sophismes ou des
menacés, quelquefois même par les répressions
les plus injustifiées, et les capitalistes par d’i
nexorables évictions patronales.
Que de haines, comme disait le regretté
Benoit Malon, on amasse ainsi, et quels révq-
lutionnaires obstinés que ces aveugles et
rapaces conservateurs ! « Comment ne com
prennent-ils pas que refuser avec tant d’opi
niâtreté de faire droit aux plus pressantes et
aux plus légitimes revendications des travail
leurs, c’est rendre inévitable un cataclysme
social, auprès duquel la Révolution française
elle-même n’aura été qu’une idylle poli
tique? »
Sous la double action du sentiment de
justice et d’intensification également crois
sante de l’exploitation capitaliste et des anta
gonismes économiques, le malaise augmen
tant sans cesse et étant toujours plus vivement
ressenti, eu arrive à créer une situation de
plus en plus révolutionnaire.
Il faut que cette situation ait une issue.
Pacifiquement ou violemment, le prolétariat
se fera sa place, apportant à la société mo
derne le bienfait d’un ordre social fondé sur
l’universalisation de la science, du travail et
du bien-être.
Telle est bien la situation ; par suite, le
devoir de tous les grogressistes, quels qu’ils
soient, de tous les clairvoyants en un mot, est
bien tracé : participer avec les socialistes à
l’œuvre sainte de pacification et de réformes
par laquelle les conflits sanglants seraient
écartés et la grande réconciliation sociale se
rait opérée sur le terrain de la justice écono
mique et de la solidarité humaine.
L’hésitation est d’autant moins admissible,
que, dans la vie d’épreuves qui est si souvent
leur lot, sous la calomnie, sous la persécu
tion et sous l’outrage, les combattants dû bon
combat ont la consolation de pouvoir penser
que nul effort pour le mieux-être moral et
social des hommes n’est perdu ; que l’issue
finale du conflit contemporain ne saurait être
douteuse et qu’il est plus prochain qu’on ne
croit, peut-être le jour où les hommes, déli
vrés de toutes les servitudes, bâtiront pour
une Humanité éclairée, heureuse et bonne,
des cités idéales
« Plus fortes q ue le fer avec le Droit sacré ! »
Jetons donc ensemble, citoyens, à la face
de tous les exploiteurs du peuple, dg tous les
oppresseurs de la République, ce cri que pous
sait il y a quelques mois encore le maître
que nous venons de perdre :
En avant pour le bon combat socialiste et
vive l’Avenir !
* LA RÉDACTION.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La rentrée des Chambres. — Le Journal
Officiel a publié hier l’ordre du jour de la séance
d’ouverture de la session ordinaire des Chambres
pour 1894.
Cette ouverture, on le sait, a lieu de plein droit
le 9 janvier prochain, second mardi du présent
mois.
Pour le Sénat, l’ordre du jour comporte seulé-
ment le tirage au sort des bureaux.
Pour la Chambre des députés, l’ordre du jour
comprend l’installation du président et des secré
taires d’âge, et le scrutin pour la nomination du
bureau definitif.
Le doyen d’âge, M. Pierre Blanc, assisté des
six plus jeunes membres comme secrétaires, ou
vrira la séance et fera procéder immédiatement
aux élections du bureau définitif.
Le droit de la défense. — On sait que M
Ajelbert a renoncé à défendre l’anarchiste Vail
lant devant la Cour d’assises de la Seine, pou
cause d’insuffisance de temps pour étudier l’affaire
Un second avocat a été choisi, qui a certaine
ment droit, comme le premier, aux délais néces
saires, et qui devra les obtenir.,
Ainsi, par la simple force des choses, se trouve
rétablie la notion de justice, méconnue, de l’avis
,.e tous, par la précipitation avec laquelle on pré
tendait faire comparaître et juger l’accusé. Une
telle hâte anormale était inadmissible, l’événe
ment l’a prouvé. Un prévenu ne peut être amené
devant un tribunal où l’accusation est présente,
armée de toutes pièces, où la défense est absente.
Le dossier est à connaître, l’homme à étudier, les
témoins à citer, l’enquête à faire.
On avait oublié cela : M c Ajelbert l’a rappelé, et
a obtenu gain de cause. Il faut le féliciter de la
nette vision qu’il a eue des choses, du souci de
son devoir qu’il a montré, et du résultat qu’il a
obtenu.
Mal et Remède. — Le Soleil constate que
l’attentat de Vaillant a déchaîné une réaction qui
n’avait pas sévi avec violence depuis la chute de
Mac-Mahon, et il se montre, d’ailleurs, fort satis
fait, car il s’agit de défendre la société (actuelle)
menacée.
Seulement, il conseille à ses amis de prendre
garde à cette satisfaction, de ne pas la pousser
trop loin, car elle pourrait se changer pour eux en
déception. S’ils votaient bouche close et yeux fer
més toutes les mesures de salut opportuniste de
mandées par le gouvernement, qui sait s’il ne s’en
ferait pas une arme contre les orléanistes ?
Ce mot compromettant n’est pas écrit, cela va
sans dire, mais on peut le lire entre les lignes
comme le vrai mobile qui pousse ce journal à se
porter généreusement au secours de la liberté en
danger.
Il regarde la société comme très malade, — et
il ne se trompe point.
Mais la cause du mal ? Elle se trouve, d’après
lui, dans l’école neutre (et le non-rétablissement
du trône des d’Orléans), dans l'école sans Dieu,
sans décalogue, sans catéchisme^
Enseignez Dieu, le décalogue, le catéchisme et
rétablissez le trône), la société sera guérie, heu
reuse, comme sous Louis-Philippe et ses prédé
cesseurs.
Non, la cause du mal est ailleurs. Il faut la
chercher dans l’existence de deux classes, dont
l’une monopolise la richesse et l’instruction, quand
l’autre vit dans la misère et l’ignorance.
Le remède n’existe ^pas dans le catéchisme, ni
dans le rétablissement d’une dynastie; il se trouve
dans la richesse et l’instruction pour tous, dans la
République sociale.
POEÉON
rel que les vieux partis se remuent pour
ressaisir le pouvoir.
On assiste, en effet, depuis quelques mois,
a un renouveau de la légende bonapartiste.
Sur les murs s’étale un Napoléon insulaire,
au Théâtre un Napoléon combattant glapit
devant la vieille garde. C’est évidemment un
mot d'ordre.
La Société havraise d'Etudes diverses ne pou
vait manquer d’apporter sa pierre à l’édifice
que l’on restaure. L’anniversaire d’Ancelot
lui en fournissait l’occasion toute naturelle
Le public havrais, convié pour lundi à une
représentation de gala, pourra entendre une
ode en vers libres. Lutzen , qui se termine par
un éloge de Phonème de brumaire.
Comme poésie, ça n’est pas fort, il faut en
convenir. Le dernier dés poétaillons de la
Cloche en ferait autant. On voit, dans cette
pièce, un général qui braque sa longue-vue
sur le champ de bataille
Par un double cristal il jette un long regard.
Le fond est un patriotisme niais, du Joseph
Prudhomme qui collaborerait avec Berquin.
La Société havraise d’Etudts diverses ne
pouvait laisser cette perle dans l’œuvre
J ’ A TVT~ -T-.i
a Aucoivyt. ihu Asi.Ui.-iA jm» repanui un peu . u».
Poiéon ?
VERUS.
L’Echec du Gouvernement
En ces temps de défaillance républicaine,
de palinodies parlementaires, il est tout natu-
II n’y a pas un mois après l’explosion de la
Chambre, au moment où l’assemblée apeurée
votait les fameuses lois de « Sûreté générale »,
nous avons déclaré, dans les colonnes même du
Réveil , que le gouvernement exploitait la bombe
de Vaillant et se servait de la dynamitade d’un
fou pour combattre le socialisme, car de sociétés
et de groupements anarchistes, il n’a jamais été
question en France.
M. Casimir Périer a tenu, pour le 1 er janvier, à
prouver à tout le pays que les lois de décembre
ne resteraient pas lettre morte.
Le gouvernement avait déclaré à la Chambre
l’existence de sociétés secrètes dont les ramifi
cations s’étendaient dans toute la France ; il a
cherché dans la nuit du 1 er janvier à mettre la
main sur les papiers de ces prétendues sociétés en
faisant simultanément des perquisitions chez tous
ceux qui toucheront, de près ou de loin à l’anar
chie.
Soixante commissaires, munis de mandats et
accompagnés de nombreux agents, furent mobi
lisés et la tournée commença.
Pendant ce temps, une manœuvre pareille
s’opérait en province.
Après une nuit et une matinée de travail, après
de multiples arrestations et l’envoi à la préfecture
de quantité de papiers, soi-disant suspects, le
gouvernement a été forcé de relâcher tout le monde
et de restituer les papiers.
Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre ou
plutôt dans certains quartiers où d’odieuses mé
prises ont été faites ; la surexcitation contre le
ministère est fort grande.
De dynamite ou de poudre, de bombes ou de
pétards, il n’eu a été trouvé nulle part.
Malgré tout le zèle des agents, on n’a pu
découvrir aucun papier compromettant, et le
gouvernement est maintenant forcé d’avouer qu’il
n’existe en France aucune organisation anar
chiste, pas même dans votre bonne ville du Havre
où l’individu, arrêté comme réputé tel, s’est trouvé
après examen n’être qu’un vulgaire voleur.
Nous sommes heureux que le gouverneme it ait
pris soin de démoitrer au peuple, par une mesure
vexatûire, s’il en est, que la société n’était pas en
core absolument menacée par les dynamitades
des Vaillant ou des Ravachol de l’avenir.
Pour nous, qui savions à quoi nous en tenir sur
les mesures du gouvernement, de tels procédé»
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Année — 17 Nivôse An 102 — N° 125.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PEIX DES ÀBOJiNMTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements... 4 fr. 2 50
ADipSTRATION & RÉFACTION
15, RUE CASIMIH-PÉHIER, 15
LE RÉ VEIL DU HA VIIE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
POLEON
FEUILLETON DU “ RÉVEIL ”
Nous commencerons samedi prochain
la publication d’une
NOUVELLE ABSOLUMENT INÉDITE
A NOS
Avec le présent numéro — Le Réveil —
accomplit sa quatrième année.
C’est déjà une assez belle carrière, en ce
temps d’industrialisation de la presse, pour
une feuille qui n’eut pas de gros capitalistes
pour présider à sa naissance et que nul parti
politique n’avait, jusqu'à ce jour, prise sous
sa protection.
En effet, Le Réveil du Havre doit tout, en
premier lieu, au généreux concours intellec
tuel ou financier de quelques citoyens dévoués
et, en second lieu, au bon accueil du public
éclairé et toujours grossissant qui a répondu
à l'appel des fondateurs.
La meilleure façon de remercier les uns et
les autres, maintenant que sont surmontées les
pénibles difficultés du début, que l’avenir du
Réveil est assuré, est certainement de prouver à
tQus, par la réalisation d’une réforme désirée
depuis longtemps, mais toujours attendue, que
la nouvelle administration n’a pas démérité de
l'ancienne et que l’œuvre commencée se
poursuit vigoureusement vers le but que s é-
taient tracé les fondateurs du journal.
Aujourd’hui que les élections du 20 août
ont indiqué à tous ceux que passionne la
question sociale, la ligne de conduite de l’a
venir, il importait au Réveil du Havre , qui
avait toujours marché de l’avant dans la
lutte contre les classes exploitantes, de se
rallier à la bannière des socialistes militants ;
en un mot, du Parti ouvrier de Francq.
Loin de nous cependant cette idée que le
socialisme soit contenu tout entier dans la re
vendication économique des prolétaires et
4 mis la systématisation de la lutte des classes ;
la question sociale comprend aussi la question
morale et rien de ce qui touche la philosophie,
la politique, la famille, l’éducation, l’esthéti
que et l’adoucissement des mœurs ne lui est
étranger.
Car la période déjà trop longue des absolu
tismes doctrinaires est bien passée, et les temps
sont venus pour tous les partis avancés —
qu’on les nomme radicaux, radicaux-socialis
tes — ou socialistes — de s’occuper des moyens
de transition et des réformes immédiatement
réalisables.
Pour cela il ne faut plus de luttes intesti
nes, il faut convier les partis avancés à la
tolérance mutuelle et à une tâche commune
d’élaboration et de propagande.
Si quelques radicaux timorés ont fait dé
faut, notre joie est grande de pouvoir ajouter
que, dans la nouvelle Chambre, les groupes
ont renoncé à vouloir se majoriser ou s’ex
clure et que tous ou presque tous les radicaux
avancés pensent maintenant comme les mem
bres de l’Union socialiste.
D’accord avec tous les groupements, nous
dirigerons nos efforts vers la conquête des
postes municipaux, première étape vers l’amé
lioration des conditions du travail, de telle
Sorte que la grande iniquité sociale, que nous
combattons avec tout son cortège d’anta
gonismes et de luttes âpres, de servitudes et
d’ignorances, d’injustices et de souffrances,
sapée de tous côtés dans ses fondements, au
nom de l’humanité, de la science et de révo
lution, finira par crouler dans une décisive et
définitive victoire.
Comme le veut son caractère de société
finissante, la société bourgeoise croit pouvoir
étouffer les éléments de régénération qui sont
en elle et dont pourtant l’action facilitée pour
rait servir de transition entre la civilisation
actuelle et la civilisation supérieure de de
main : la civilisation socialiste ! *
On traite les réformistes en ennemis : aux
légitimes revendications des travailleurs et
des opprimés de tout genre, les gouvernements
ne répondent que par des sophismes ou des
menacés, quelquefois même par les répressions
les plus injustifiées, et les capitalistes par d’i
nexorables évictions patronales.
Que de haines, comme disait le regretté
Benoit Malon, on amasse ainsi, et quels révq-
lutionnaires obstinés que ces aveugles et
rapaces conservateurs ! « Comment ne com
prennent-ils pas que refuser avec tant d’opi
niâtreté de faire droit aux plus pressantes et
aux plus légitimes revendications des travail
leurs, c’est rendre inévitable un cataclysme
social, auprès duquel la Révolution française
elle-même n’aura été qu’une idylle poli
tique? »
Sous la double action du sentiment de
justice et d’intensification également crois
sante de l’exploitation capitaliste et des anta
gonismes économiques, le malaise augmen
tant sans cesse et étant toujours plus vivement
ressenti, eu arrive à créer une situation de
plus en plus révolutionnaire.
Il faut que cette situation ait une issue.
Pacifiquement ou violemment, le prolétariat
se fera sa place, apportant à la société mo
derne le bienfait d’un ordre social fondé sur
l’universalisation de la science, du travail et
du bien-être.
Telle est bien la situation ; par suite, le
devoir de tous les grogressistes, quels qu’ils
soient, de tous les clairvoyants en un mot, est
bien tracé : participer avec les socialistes à
l’œuvre sainte de pacification et de réformes
par laquelle les conflits sanglants seraient
écartés et la grande réconciliation sociale se
rait opérée sur le terrain de la justice écono
mique et de la solidarité humaine.
L’hésitation est d’autant moins admissible,
que, dans la vie d’épreuves qui est si souvent
leur lot, sous la calomnie, sous la persécu
tion et sous l’outrage, les combattants dû bon
combat ont la consolation de pouvoir penser
que nul effort pour le mieux-être moral et
social des hommes n’est perdu ; que l’issue
finale du conflit contemporain ne saurait être
douteuse et qu’il est plus prochain qu’on ne
croit, peut-être le jour où les hommes, déli
vrés de toutes les servitudes, bâtiront pour
une Humanité éclairée, heureuse et bonne,
des cités idéales
« Plus fortes q ue le fer avec le Droit sacré ! »
Jetons donc ensemble, citoyens, à la face
de tous les exploiteurs du peuple, dg tous les
oppresseurs de la République, ce cri que pous
sait il y a quelques mois encore le maître
que nous venons de perdre :
En avant pour le bon combat socialiste et
vive l’Avenir !
* LA RÉDACTION.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La rentrée des Chambres. — Le Journal
Officiel a publié hier l’ordre du jour de la séance
d’ouverture de la session ordinaire des Chambres
pour 1894.
Cette ouverture, on le sait, a lieu de plein droit
le 9 janvier prochain, second mardi du présent
mois.
Pour le Sénat, l’ordre du jour comporte seulé-
ment le tirage au sort des bureaux.
Pour la Chambre des députés, l’ordre du jour
comprend l’installation du président et des secré
taires d’âge, et le scrutin pour la nomination du
bureau definitif.
Le doyen d’âge, M. Pierre Blanc, assisté des
six plus jeunes membres comme secrétaires, ou
vrira la séance et fera procéder immédiatement
aux élections du bureau définitif.
Le droit de la défense. — On sait que M
Ajelbert a renoncé à défendre l’anarchiste Vail
lant devant la Cour d’assises de la Seine, pou
cause d’insuffisance de temps pour étudier l’affaire
Un second avocat a été choisi, qui a certaine
ment droit, comme le premier, aux délais néces
saires, et qui devra les obtenir.,
Ainsi, par la simple force des choses, se trouve
rétablie la notion de justice, méconnue, de l’avis
,.e tous, par la précipitation avec laquelle on pré
tendait faire comparaître et juger l’accusé. Une
telle hâte anormale était inadmissible, l’événe
ment l’a prouvé. Un prévenu ne peut être amené
devant un tribunal où l’accusation est présente,
armée de toutes pièces, où la défense est absente.
Le dossier est à connaître, l’homme à étudier, les
témoins à citer, l’enquête à faire.
On avait oublié cela : M c Ajelbert l’a rappelé, et
a obtenu gain de cause. Il faut le féliciter de la
nette vision qu’il a eue des choses, du souci de
son devoir qu’il a montré, et du résultat qu’il a
obtenu.
Mal et Remède. — Le Soleil constate que
l’attentat de Vaillant a déchaîné une réaction qui
n’avait pas sévi avec violence depuis la chute de
Mac-Mahon, et il se montre, d’ailleurs, fort satis
fait, car il s’agit de défendre la société (actuelle)
menacée.
Seulement, il conseille à ses amis de prendre
garde à cette satisfaction, de ne pas la pousser
trop loin, car elle pourrait se changer pour eux en
déception. S’ils votaient bouche close et yeux fer
més toutes les mesures de salut opportuniste de
mandées par le gouvernement, qui sait s’il ne s’en
ferait pas une arme contre les orléanistes ?
Ce mot compromettant n’est pas écrit, cela va
sans dire, mais on peut le lire entre les lignes
comme le vrai mobile qui pousse ce journal à se
porter généreusement au secours de la liberté en
danger.
Il regarde la société comme très malade, — et
il ne se trompe point.
Mais la cause du mal ? Elle se trouve, d’après
lui, dans l’école neutre (et le non-rétablissement
du trône des d’Orléans), dans l'école sans Dieu,
sans décalogue, sans catéchisme^
Enseignez Dieu, le décalogue, le catéchisme et
rétablissez le trône), la société sera guérie, heu
reuse, comme sous Louis-Philippe et ses prédé
cesseurs.
Non, la cause du mal est ailleurs. Il faut la
chercher dans l’existence de deux classes, dont
l’une monopolise la richesse et l’instruction, quand
l’autre vit dans la misère et l’ignorance.
Le remède n’existe ^pas dans le catéchisme, ni
dans le rétablissement d’une dynastie; il se trouve
dans la richesse et l’instruction pour tous, dans la
République sociale.
POEÉON
rel que les vieux partis se remuent pour
ressaisir le pouvoir.
On assiste, en effet, depuis quelques mois,
a un renouveau de la légende bonapartiste.
Sur les murs s’étale un Napoléon insulaire,
au Théâtre un Napoléon combattant glapit
devant la vieille garde. C’est évidemment un
mot d'ordre.
La Société havraise d'Etudes diverses ne pou
vait manquer d’apporter sa pierre à l’édifice
que l’on restaure. L’anniversaire d’Ancelot
lui en fournissait l’occasion toute naturelle
Le public havrais, convié pour lundi à une
représentation de gala, pourra entendre une
ode en vers libres. Lutzen , qui se termine par
un éloge de Phonème de brumaire.
Comme poésie, ça n’est pas fort, il faut en
convenir. Le dernier dés poétaillons de la
Cloche en ferait autant. On voit, dans cette
pièce, un général qui braque sa longue-vue
sur le champ de bataille
Par un double cristal il jette un long regard.
Le fond est un patriotisme niais, du Joseph
Prudhomme qui collaborerait avec Berquin.
La Société havraise d’Etudts diverses ne
pouvait laisser cette perle dans l’œuvre
J ’ A TVT~ -T-.i
a Aucoivyt. ihu Asi.Ui.-iA jm» repanui un peu . u».
Poiéon ?
VERUS.
L’Echec du Gouvernement
En ces temps de défaillance républicaine,
de palinodies parlementaires, il est tout natu-
II n’y a pas un mois après l’explosion de la
Chambre, au moment où l’assemblée apeurée
votait les fameuses lois de « Sûreté générale »,
nous avons déclaré, dans les colonnes même du
Réveil , que le gouvernement exploitait la bombe
de Vaillant et se servait de la dynamitade d’un
fou pour combattre le socialisme, car de sociétés
et de groupements anarchistes, il n’a jamais été
question en France.
M. Casimir Périer a tenu, pour le 1 er janvier, à
prouver à tout le pays que les lois de décembre
ne resteraient pas lettre morte.
Le gouvernement avait déclaré à la Chambre
l’existence de sociétés secrètes dont les ramifi
cations s’étendaient dans toute la France ; il a
cherché dans la nuit du 1 er janvier à mettre la
main sur les papiers de ces prétendues sociétés en
faisant simultanément des perquisitions chez tous
ceux qui toucheront, de près ou de loin à l’anar
chie.
Soixante commissaires, munis de mandats et
accompagnés de nombreux agents, furent mobi
lisés et la tournée commença.
Pendant ce temps, une manœuvre pareille
s’opérait en province.
Après une nuit et une matinée de travail, après
de multiples arrestations et l’envoi à la préfecture
de quantité de papiers, soi-disant suspects, le
gouvernement a été forcé de relâcher tout le monde
et de restituer les papiers.
Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre ou
plutôt dans certains quartiers où d’odieuses mé
prises ont été faites ; la surexcitation contre le
ministère est fort grande.
De dynamite ou de poudre, de bombes ou de
pétards, il n’eu a été trouvé nulle part.
Malgré tout le zèle des agents, on n’a pu
découvrir aucun papier compromettant, et le
gouvernement est maintenant forcé d’avouer qu’il
n’existe en France aucune organisation anar
chiste, pas même dans votre bonne ville du Havre
où l’individu, arrêté comme réputé tel, s’est trouvé
après examen n’être qu’un vulgaire voleur.
Nous sommes heureux que le gouverneme it ait
pris soin de démoitrer au peuple, par une mesure
vexatûire, s’il en est, que la société n’était pas en
core absolument menacée par les dynamitades
des Vaillant ou des Ravachol de l’avenir.
Pour nous, qui savions à quoi nous en tenir sur
les mesures du gouvernement, de tels procédé»
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.72%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.72%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263325h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263325h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263325h/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263325h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263325h