Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-11-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 novembre 1893 25 novembre 1893
Description : 1893/11/25 (N120). 1893/11/25 (N120).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263319s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ÀBOiraraTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements. 6 fr. 3 50
Trëmïërs
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU LIA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES IXSERTIOiXS
Annonces 25 cent. îa ligne
Réclames 50 cent. îa ligne
On traite à Forfait
BBSgœaaBSigieassBaaHwara^
asMaaasaagaagiiiîtiesBiairaBra
A VICTOIRE DE JAURES
A NOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Millerand, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Viviani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
■ ■ -
PREMIERS COUPS
Au moment où paraîtront ces lignes, le
débat solennel engagé devant le Parlement sur
la déclaration du Ministère, n’aura pas encore
abouti au vote d’un ordre du jour.
Est-il besoin do le dire ? Le résultat parle
mentaire de cette première lutte importe peu.
Ce qu’il faut voir, c’est l’effet moral produit
sur le pays tout entier par cette affirmation
loyale et hardie du socialisme, à la tribune
de là Chambre. Le discours de Jaurès a jeté
le trouble dans le camp des jouisseurs et des
satisfaits. Pour cacher leur déconvenue, ils
en sont réduits à travestir dans leurs journaux
la portée de cet engagement d’avant-poste où
le grotesque Dupuy, voulant porter les pre
miers coups, a reçu des mains vigoureuses
d'un socialiste qui sait penser et parler, une
maîtresse volée de bois vert.
La portée de ce discours,— les opportu
nistes le comprennent à merveille, — est à
craindre pour les modérés. Aussi, a-t-on vu
donner dans la lutte les gros effectifs du parti,
les Deschanel et les Barthou, suivis des
Raynal et des Léon Say. L’opportunisme
comprend enfin qu'il ne suffit pas de mentir
et d’injurier, comme il le fait journellement
dans les feuilles vendues à sa triste politique.
Il sent qu’on ne peut pas traiter le socia
lisme par le mépris et qu'il va falloir discuter
avec lui et le combattre sur le terrain qu’il
lui plaira de choisir.
Cette perspective, peu rassurante pour les
modérés, doit inspirer aux républicains de
principes une confiance absolue dans le succès
de leur cause. Les socialistes comptent au
Parlement plus d’un orateur éloquent et les
gens du centre, — nous ne parlons pas des
gloires locales dont le patois tudesque ne
s’aventure jamais à la tribune, — trouveront
à. qui parler. Les Millerand, les Jules Guesde,
les Pelletan sauront jeter le désarroi dans les
rangs des réactionnaires déguisés qui se disent
aujourd’hui partisans de la République pour
mieux la trahir. La defense de 1 idee socia
liste est en bonnes mains, et tous ceux qui
veulent l’amélioration de 1 état social actuel
voient avec sérénité cette lutte engagée par
Dupuy et par ses amis les tripoteurs de la
Haute Banque et du capitalisme industriel
contre le progrès social et la logique répu
blicaine.
Nous tous qui, à un titre quelconque,
combattons pour les mêmes idées, nous ne
pouvons qu’adresser à nos amis du Parlement
Uotre gratitude pour le courage qu’ils dé
ploient contre les opportunistes, ces fjiux
bonshommes de la politique !
Des engagements comme celui auquel nous
venons d’assister ne peuvent que hâter la
victoire définitive.
Vive la République sociale !
VERUS.
SEMAINE ^POLITIQUE
FRANCE
La Chambre. — Comme les' peuples heu
reux, les bonnes séances ont une histoire bien
simple. On les peut reproduire en quelques mots
rapides.
Après le discours un peu trop long du président
de la Chambre, M. Dupuy a lu la déclaration
ministérielle. A ce moment, les députés étaient
au complet et silencieux. On sentait que ce pre
mier débat serait une grande bataille.
Le centre a d’abord montré un mouvement de
joie en voyant son général braquer son canon sur
les socialistes devenus officiellement l’ennemi,
Mais hélas ! pour le centre, c’était un générai
Boum et un canon vide. Les amis du gouverne
ment ont assisté avec stupeur à la représentation
« Rè'** 1 *'»'»»# de bruit »ûe.p
M. Peytràl et bien d’autres encore pensaient :
« Mais où sont les projets d’autan ? » Le chemin
qu’a parcouru alors Boum-Dupuy de la tribune
à sa place n’a rien eu de triomphal.
A cette piteuse escarmouche, notre ami Jaurès
a répondu par un discours magistral. Et pendant
tout le temps que les chaudes paroles de l’ora
teur flagellaient les ministres, on sentait une
nouvelle vie s’infiltrer dans cette salle où, depuis
si longtemps, avait été donné le spectacle d’ago
nies honteuses. L’abbé Lemire, lui-même, pas
encore habitué aux hypocrisies parlementaires,
joignait ses applaudissements à ceux des socia
listes.
*
* *
Les votes qui ont servi de commentaire à ce
débat sont significatifs. Un premier scrutin a dé
cidé la discussion immédiate. Le gouvernement,
qui l’avait demandée, contre toute équité, dans
l’espoir de mettre facilement en déroute des ad
versaires non préparés, Ta obtenue par 201 voix
contre 221. Que resterait il de sa majorité s’il
fallait en extraire 70 ou 80 voix de droite ? Au se
cond vote, l’avertissement a été pins précis encore :
le gouvernement, qui comptait, et il ne l’avait pas
caché, terminer la journée par une victoire, a été
mis en minorité. Mais si le gouvernement parvient
à restaurer une majorité, ce ne sera qu’au prix de
concessions nouvelles aux adversaires des réfor
mes ; l’intervention de M. Lavertujon l’a fait clai
rement entendre. Dès aujourd’hui, nous savons
quel gouvernement nous avons en face de nous et
par quelle politique il compte vivre : nous avons
un gouvernement résolu à gouverner avec le
concours de la droite contre une fraction notable
de la gauche. C’est triste.
★
* *
Le deuxième combat. — M. Vacquerie s’ex
prime ainsi dans le Rappel :
C’est aujourd’hui que va avoir lieu le duel ora
toire entre le socialisme et M. Dupuy.
Ce n’est pas pour le socialisme que j’ai peur.
Avant-hier, le président du conseil a menacé les
« meneurs. » Il y a des choses qu’on ne mène pas,
qui sont poussées par une force plus forte que celle
des individus, et contre lesquelles ne peuvent rien
les « gouvernements de combat. »
Le Vingt-quatre Mai et le Seize Mai ne sont
pas si loin de nous que nous ne nous souvenions
de ce qn’a pesé le gouvernement de combat contre
la République.
Il y a longtemps qu’on a dit que le dix-huitième
siècle avait été le siècle de la Révolution politique
et que le dix-neuvième serait celui de la Révolu
tion sociale.
C’est de ceux qui se chargent de gérer les affai
res des peuples qu’il dépend que cette seconde
Révolution soit plus pacifique que îa première *—
ou plus terrible.
Qu’ils fassent bien vite les réformes attendues,
qu’ils aient pour principale, pour unique préoccu-
pation le sort des souffrants, qu’ils emploient tout
ce qu’ils ont d’énergie et d’intelligence à faire
qu’au lieu d’une révolution ce soit une évolution.
Ils s’abuseraient fort en croyant qu’ils viendront
à bout des revendications socialistes avec des me
naces et des mesures de rigueur. Il y a là une ma
rée montante. En battant la merde verges, Xerxès
ne l’a pas empêchée d’engloutir sa flotte. J’engag«
M. Dupuy à chercher autre chose.
Nous allons voir tout à l’heure ce qu’il aura
trouvé.
L’interpellation. — Les débats sont chauds.
Une crise est possible. M. Lockroy, qui a parlé le
premier, avait parlé de choses plus présentes, et
plus immédiates. Il avait parlé des deux politiques
qui sont en présence.
« M. le président du Conseil, a-t-il dit, a apporté
un programme qui a sonné comme un cri de guerre
aux oreilles du parti républicain. Ce programme
pourrait convenir aussi bien à un gouvernement
monarchique qu’à un gouvernement républicain.
« It y a deux conceptions différentes de la Ré
publique : la première tst celle qui veut faire de
la République un gouvernement semblable à ceux
qui l’ont précédée, sans réfléchir qu’ils ont tous
été emportés par les révolutions ; la seconde, qui
a pour principe la souveraineté nationale et veut
ûi'ou * cl' dans une piUsjliste répartition ües cbtj'ges
sociales les ressources nécessaires pour élaborer
les lois sociales qu’elle trouve nécessaires en vue
d’achever l’œuvre de la Révolution française.
« Le programme du gouvernement abandonne
les réformes pour lesquelles la démocratie a lutté
depuis vingt ans, il est la condamnation de l’an
cienne politique opportuniste, de la politique de
Gambetta lui-même.*
« M. Gambetta, M. J. Ferry étaient des révi
sionnistes ; on les renie aujourd’hui pour préco
niser une politique qu’on appelle la politique des
affaires, des intérêts, favorable aux puissants et
aux forts, impitoyable pour les petits ; la plus;
dangereuse de toutes.
« C’est aussi la politique du statu quo, la poli
tique que défendait M. Pion, au nom du petit
groupe des ralliés aujourd’hui disparus. Le gou
vernement est en train de devenir le protecteur
de la droite. »
Tous les orateurs qui ont succédé à M. Lockroy
ont vigoureusement combattu 11 déclaration du
gouvernement et tenu constamment le ministère
sur la sellette. Il semble voir se dégager déjà des
suites de ce débat, la fin très-prochaine de cette
politique néfaste de concentration gouvernemen
tale.
Quoi qu’il en soit, la crise ministérielle existe
dès maintenant, et, samedi, assurément, atten
dons-nous à le voir parterre. — Nini.
Un appel vient d’être adressé aux Chambres
syndicales en faveur des victimes des Compagnies
houillères du Nord et du Pas-de-Calais.
* Citoyens,
« Les événements dont la région minière du
Pas-de-Calais et du Nord vient d’être le théâtre
vous sont connus.
« Vous savez qu’a près sept semaines de luttes
ceut-quarante-cinq mille ouvriers mineurs, aban
donnés à leurs propres forces, pourchassés sur
les routes à coups de lances et de sabres, tra
qués jusque dans leurs demeures, enchaînés et
traînés en prison comme des bandits, ont dû enfin
capituler.
« Les patrons au service de qui le gouverne
ment avait mis sa police, son armée, sa magis
trature, célèbrent leur triomphe en jetant sur le
pavé huit cents travailleurs.
« Ils se vantent, ayant réduit les grévistes, de
détruire leur syndicat et d’établir dans le Pas-
de-Calais le régime de compression et de bon
plaisir absolu existant à Auzin, au Creuzot, à
Montceau-Ies-Mines. r'
« Ils comptent que îa misère à laquelle ils con
damnent les citoyens qui se sont montrés les plus
dévoués à l’Association syndicale découragera et
effrayera les autres.
« Au nom de la solidarité, nous vous faisons
appel, citoyens, pour déjouer cefc infâme calcul.
Vous TOUS cotiserez par établi, par atelier, par
corporation. Notre cause est îa vôtre. Vous n®
laisserez pas souffrir de la faim les victimes du
bon cor&bat. Au despotisme dû capital vous oppo
serez la puissance de la fraternité.
« Pour le syndicat des mineurs :
« Basîy, président: Lamendin, secré
taire général ; Malagie, trésorier 5
Evrard, secrétaire adjoint. »
LA VICTOIRE DE JÂOBËS
L’épais Dupuy, que de récentes maladresses
; nous avaient cependant appris à connaître, s’esfc
’ montré mardi dernier d’une incapacité qui a d#
beaucoup dépassé nos espérances..
• Alors qu’ils attendaient une déclaration ayant
: trait à la politique républicaine, la politique do
: réformes— si modérées d’aiîleursque dussent être
ces dernières — les hôtes du Palais Bourbon n’onfc
assisté qu’à une charge furibonde* contre le mou-
• vement socialiste.
s Au pays, tpi depuis 20 ans récla-me avec énergie
• bi modification des rapports du capital et du tra
vail, au pays qui au 20 août s'est prononcé si net-
( fcement dans le sens du progrès il: a été répondu
que la seule politique rationnelle était la lutte
contre les agents mêmes de ce progrès.
. Les réformes les plus urgentes, telle celle de
l’impôt, sont repoussées sans examen par i’Auver-
pin de l’Intérieur.
Ecoutes le passage ! Comme cynisme réaction
naire, il dépasse tout ce que nous connaissions *:
« Tout d’abord, pour déblayer le terrain, nous
considérons comme ne pouvant aboutir au cours
de la législature les discussions- annoncées sur la
révision de la Constitution et sur la séparation
des Eglises et de l’Etat. Nous écartons de même
toute proposition tendant à changer le mode de
scrutin, ou à établir, sous quelque nom que ce soit,
un impôt unique, inquisitorial et progressif.. Si
ces propositions se produisent, nous les combat
trons loyalement, avec le désir et l’espoir de con
tribuer à affranchir les esprits de la tyrannie des'
mots confus et des formules générales. »
D’un seul coup, le socialophobe jette à la mer
tous les programmes républicains qui se sont pro
duits depuis 48 !
Que reste-t-il?
Il reste aux travailleurs des caisses de retraites,
des sociétés de secours mutuels, une révision de
l’impôt vers 95, en un mot toutes les promesses
qui n’engagent à rien, et que l’on peut qualifier
d’un mot : C’est du vrai Siegfried !
A ces déclamations haineuses, à ces attaques
déloyales, il fallait une vigoureuse réponse.
Jaurès s’est chargé de ce soin.
Il a demandé au Gouvernement de dire au nom
de quels principes il prétendait nous combattre, il
a montré le socialisme né de toutes les conquêtes
du parti républicain, aboutissant logique et inéluc
table de la République elle-même, du suffrage
universel et de l’instruction obligatoire.
C’est le premier discours de cette énergie et de
• cette ampleur qui ait été prononcé à la tribune
depuis 184$. C’est un coup de clairon sonore, c’esfc
un cri de guerre qui sera entendu de tous les points
de la France, et qui partout méritera les suffrages
de la masse des travailleurs !
La Chambre^lle-même s’est sentie émue, elle a
bien accueilli ce remueur d’idées, elle s’est prêté*
à une lutte oratoire où réellement le Dupuy n’esfc
pas de force, témoin ce vote final où la tactique
ministérielle a été nettement désavouée^par 2e
Parlement.
Gémissez, opportunistes !- Gémissez ! Jaurès,
l’abominable socialiste, a vaincu en champ clos le
achyderme Dupuy 1
M. G.
——-aSSu*"
L’IMPOT PROGRESSIF
Il y a quelques semaines, dans les colonnes du
Réveil, nous exposions que M. Peytral, l’hono
rable député pseudo-radical de Marseille, et mi
nistre des finances, avait l’intention de dépose^
PRIX DES ÀBOiraraTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements. 6 fr. 3 50
Trëmïërs
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU LIA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES IXSERTIOiXS
Annonces 25 cent. îa ligne
Réclames 50 cent. îa ligne
On traite à Forfait
BBSgœaaBSigieassBaaHwara^
asMaaasaagaagiiiîtiesBiairaBra
A VICTOIRE DE JAURES
A NOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Millerand, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Viviani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
■ ■ -
PREMIERS COUPS
Au moment où paraîtront ces lignes, le
débat solennel engagé devant le Parlement sur
la déclaration du Ministère, n’aura pas encore
abouti au vote d’un ordre du jour.
Est-il besoin do le dire ? Le résultat parle
mentaire de cette première lutte importe peu.
Ce qu’il faut voir, c’est l’effet moral produit
sur le pays tout entier par cette affirmation
loyale et hardie du socialisme, à la tribune
de là Chambre. Le discours de Jaurès a jeté
le trouble dans le camp des jouisseurs et des
satisfaits. Pour cacher leur déconvenue, ils
en sont réduits à travestir dans leurs journaux
la portée de cet engagement d’avant-poste où
le grotesque Dupuy, voulant porter les pre
miers coups, a reçu des mains vigoureuses
d'un socialiste qui sait penser et parler, une
maîtresse volée de bois vert.
La portée de ce discours,— les opportu
nistes le comprennent à merveille, — est à
craindre pour les modérés. Aussi, a-t-on vu
donner dans la lutte les gros effectifs du parti,
les Deschanel et les Barthou, suivis des
Raynal et des Léon Say. L’opportunisme
comprend enfin qu'il ne suffit pas de mentir
et d’injurier, comme il le fait journellement
dans les feuilles vendues à sa triste politique.
Il sent qu’on ne peut pas traiter le socia
lisme par le mépris et qu'il va falloir discuter
avec lui et le combattre sur le terrain qu’il
lui plaira de choisir.
Cette perspective, peu rassurante pour les
modérés, doit inspirer aux républicains de
principes une confiance absolue dans le succès
de leur cause. Les socialistes comptent au
Parlement plus d’un orateur éloquent et les
gens du centre, — nous ne parlons pas des
gloires locales dont le patois tudesque ne
s’aventure jamais à la tribune, — trouveront
à. qui parler. Les Millerand, les Jules Guesde,
les Pelletan sauront jeter le désarroi dans les
rangs des réactionnaires déguisés qui se disent
aujourd’hui partisans de la République pour
mieux la trahir. La defense de 1 idee socia
liste est en bonnes mains, et tous ceux qui
veulent l’amélioration de 1 état social actuel
voient avec sérénité cette lutte engagée par
Dupuy et par ses amis les tripoteurs de la
Haute Banque et du capitalisme industriel
contre le progrès social et la logique répu
blicaine.
Nous tous qui, à un titre quelconque,
combattons pour les mêmes idées, nous ne
pouvons qu’adresser à nos amis du Parlement
Uotre gratitude pour le courage qu’ils dé
ploient contre les opportunistes, ces fjiux
bonshommes de la politique !
Des engagements comme celui auquel nous
venons d’assister ne peuvent que hâter la
victoire définitive.
Vive la République sociale !
VERUS.
SEMAINE ^POLITIQUE
FRANCE
La Chambre. — Comme les' peuples heu
reux, les bonnes séances ont une histoire bien
simple. On les peut reproduire en quelques mots
rapides.
Après le discours un peu trop long du président
de la Chambre, M. Dupuy a lu la déclaration
ministérielle. A ce moment, les députés étaient
au complet et silencieux. On sentait que ce pre
mier débat serait une grande bataille.
Le centre a d’abord montré un mouvement de
joie en voyant son général braquer son canon sur
les socialistes devenus officiellement l’ennemi,
Mais hélas ! pour le centre, c’était un générai
Boum et un canon vide. Les amis du gouverne
ment ont assisté avec stupeur à la représentation
« Rè'** 1 *'»'»»# de bruit »ûe.p
M. Peytràl et bien d’autres encore pensaient :
« Mais où sont les projets d’autan ? » Le chemin
qu’a parcouru alors Boum-Dupuy de la tribune
à sa place n’a rien eu de triomphal.
A cette piteuse escarmouche, notre ami Jaurès
a répondu par un discours magistral. Et pendant
tout le temps que les chaudes paroles de l’ora
teur flagellaient les ministres, on sentait une
nouvelle vie s’infiltrer dans cette salle où, depuis
si longtemps, avait été donné le spectacle d’ago
nies honteuses. L’abbé Lemire, lui-même, pas
encore habitué aux hypocrisies parlementaires,
joignait ses applaudissements à ceux des socia
listes.
*
* *
Les votes qui ont servi de commentaire à ce
débat sont significatifs. Un premier scrutin a dé
cidé la discussion immédiate. Le gouvernement,
qui l’avait demandée, contre toute équité, dans
l’espoir de mettre facilement en déroute des ad
versaires non préparés, Ta obtenue par 201 voix
contre 221. Que resterait il de sa majorité s’il
fallait en extraire 70 ou 80 voix de droite ? Au se
cond vote, l’avertissement a été pins précis encore :
le gouvernement, qui comptait, et il ne l’avait pas
caché, terminer la journée par une victoire, a été
mis en minorité. Mais si le gouvernement parvient
à restaurer une majorité, ce ne sera qu’au prix de
concessions nouvelles aux adversaires des réfor
mes ; l’intervention de M. Lavertujon l’a fait clai
rement entendre. Dès aujourd’hui, nous savons
quel gouvernement nous avons en face de nous et
par quelle politique il compte vivre : nous avons
un gouvernement résolu à gouverner avec le
concours de la droite contre une fraction notable
de la gauche. C’est triste.
★
* *
Le deuxième combat. — M. Vacquerie s’ex
prime ainsi dans le Rappel :
C’est aujourd’hui que va avoir lieu le duel ora
toire entre le socialisme et M. Dupuy.
Ce n’est pas pour le socialisme que j’ai peur.
Avant-hier, le président du conseil a menacé les
« meneurs. » Il y a des choses qu’on ne mène pas,
qui sont poussées par une force plus forte que celle
des individus, et contre lesquelles ne peuvent rien
les « gouvernements de combat. »
Le Vingt-quatre Mai et le Seize Mai ne sont
pas si loin de nous que nous ne nous souvenions
de ce qn’a pesé le gouvernement de combat contre
la République.
Il y a longtemps qu’on a dit que le dix-huitième
siècle avait été le siècle de la Révolution politique
et que le dix-neuvième serait celui de la Révolu
tion sociale.
C’est de ceux qui se chargent de gérer les affai
res des peuples qu’il dépend que cette seconde
Révolution soit plus pacifique que îa première *—
ou plus terrible.
Qu’ils fassent bien vite les réformes attendues,
qu’ils aient pour principale, pour unique préoccu-
pation le sort des souffrants, qu’ils emploient tout
ce qu’ils ont d’énergie et d’intelligence à faire
qu’au lieu d’une révolution ce soit une évolution.
Ils s’abuseraient fort en croyant qu’ils viendront
à bout des revendications socialistes avec des me
naces et des mesures de rigueur. Il y a là une ma
rée montante. En battant la merde verges, Xerxès
ne l’a pas empêchée d’engloutir sa flotte. J’engag«
M. Dupuy à chercher autre chose.
Nous allons voir tout à l’heure ce qu’il aura
trouvé.
L’interpellation. — Les débats sont chauds.
Une crise est possible. M. Lockroy, qui a parlé le
premier, avait parlé de choses plus présentes, et
plus immédiates. Il avait parlé des deux politiques
qui sont en présence.
« M. le président du Conseil, a-t-il dit, a apporté
un programme qui a sonné comme un cri de guerre
aux oreilles du parti républicain. Ce programme
pourrait convenir aussi bien à un gouvernement
monarchique qu’à un gouvernement républicain.
« It y a deux conceptions différentes de la Ré
publique : la première tst celle qui veut faire de
la République un gouvernement semblable à ceux
qui l’ont précédée, sans réfléchir qu’ils ont tous
été emportés par les révolutions ; la seconde, qui
a pour principe la souveraineté nationale et veut
ûi'ou * cl' dans une piUsjliste répartition ües cbtj'ges
sociales les ressources nécessaires pour élaborer
les lois sociales qu’elle trouve nécessaires en vue
d’achever l’œuvre de la Révolution française.
« Le programme du gouvernement abandonne
les réformes pour lesquelles la démocratie a lutté
depuis vingt ans, il est la condamnation de l’an
cienne politique opportuniste, de la politique de
Gambetta lui-même.*
« M. Gambetta, M. J. Ferry étaient des révi
sionnistes ; on les renie aujourd’hui pour préco
niser une politique qu’on appelle la politique des
affaires, des intérêts, favorable aux puissants et
aux forts, impitoyable pour les petits ; la plus;
dangereuse de toutes.
« C’est aussi la politique du statu quo, la poli
tique que défendait M. Pion, au nom du petit
groupe des ralliés aujourd’hui disparus. Le gou
vernement est en train de devenir le protecteur
de la droite. »
Tous les orateurs qui ont succédé à M. Lockroy
ont vigoureusement combattu 11 déclaration du
gouvernement et tenu constamment le ministère
sur la sellette. Il semble voir se dégager déjà des
suites de ce débat, la fin très-prochaine de cette
politique néfaste de concentration gouvernemen
tale.
Quoi qu’il en soit, la crise ministérielle existe
dès maintenant, et, samedi, assurément, atten
dons-nous à le voir parterre. — Nini.
Un appel vient d’être adressé aux Chambres
syndicales en faveur des victimes des Compagnies
houillères du Nord et du Pas-de-Calais.
* Citoyens,
« Les événements dont la région minière du
Pas-de-Calais et du Nord vient d’être le théâtre
vous sont connus.
« Vous savez qu’a près sept semaines de luttes
ceut-quarante-cinq mille ouvriers mineurs, aban
donnés à leurs propres forces, pourchassés sur
les routes à coups de lances et de sabres, tra
qués jusque dans leurs demeures, enchaînés et
traînés en prison comme des bandits, ont dû enfin
capituler.
« Les patrons au service de qui le gouverne
ment avait mis sa police, son armée, sa magis
trature, célèbrent leur triomphe en jetant sur le
pavé huit cents travailleurs.
« Ils se vantent, ayant réduit les grévistes, de
détruire leur syndicat et d’établir dans le Pas-
de-Calais le régime de compression et de bon
plaisir absolu existant à Auzin, au Creuzot, à
Montceau-Ies-Mines. r'
« Ils comptent que îa misère à laquelle ils con
damnent les citoyens qui se sont montrés les plus
dévoués à l’Association syndicale découragera et
effrayera les autres.
« Au nom de la solidarité, nous vous faisons
appel, citoyens, pour déjouer cefc infâme calcul.
Vous TOUS cotiserez par établi, par atelier, par
corporation. Notre cause est îa vôtre. Vous n®
laisserez pas souffrir de la faim les victimes du
bon cor&bat. Au despotisme dû capital vous oppo
serez la puissance de la fraternité.
« Pour le syndicat des mineurs :
« Basîy, président: Lamendin, secré
taire général ; Malagie, trésorier 5
Evrard, secrétaire adjoint. »
LA VICTOIRE DE JÂOBËS
L’épais Dupuy, que de récentes maladresses
; nous avaient cependant appris à connaître, s’esfc
’ montré mardi dernier d’une incapacité qui a d#
beaucoup dépassé nos espérances..
• Alors qu’ils attendaient une déclaration ayant
: trait à la politique républicaine, la politique do
: réformes— si modérées d’aiîleursque dussent être
ces dernières — les hôtes du Palais Bourbon n’onfc
assisté qu’à une charge furibonde* contre le mou-
• vement socialiste.
s Au pays, tpi depuis 20 ans récla-me avec énergie
• bi modification des rapports du capital et du tra
vail, au pays qui au 20 août s'est prononcé si net-
( fcement dans le sens du progrès il: a été répondu
que la seule politique rationnelle était la lutte
contre les agents mêmes de ce progrès.
. Les réformes les plus urgentes, telle celle de
l’impôt, sont repoussées sans examen par i’Auver-
pin de l’Intérieur.
Ecoutes le passage ! Comme cynisme réaction
naire, il dépasse tout ce que nous connaissions *:
« Tout d’abord, pour déblayer le terrain, nous
considérons comme ne pouvant aboutir au cours
de la législature les discussions- annoncées sur la
révision de la Constitution et sur la séparation
des Eglises et de l’Etat. Nous écartons de même
toute proposition tendant à changer le mode de
scrutin, ou à établir, sous quelque nom que ce soit,
un impôt unique, inquisitorial et progressif.. Si
ces propositions se produisent, nous les combat
trons loyalement, avec le désir et l’espoir de con
tribuer à affranchir les esprits de la tyrannie des'
mots confus et des formules générales. »
D’un seul coup, le socialophobe jette à la mer
tous les programmes républicains qui se sont pro
duits depuis 48 !
Que reste-t-il?
Il reste aux travailleurs des caisses de retraites,
des sociétés de secours mutuels, une révision de
l’impôt vers 95, en un mot toutes les promesses
qui n’engagent à rien, et que l’on peut qualifier
d’un mot : C’est du vrai Siegfried !
A ces déclamations haineuses, à ces attaques
déloyales, il fallait une vigoureuse réponse.
Jaurès s’est chargé de ce soin.
Il a demandé au Gouvernement de dire au nom
de quels principes il prétendait nous combattre, il
a montré le socialisme né de toutes les conquêtes
du parti républicain, aboutissant logique et inéluc
table de la République elle-même, du suffrage
universel et de l’instruction obligatoire.
C’est le premier discours de cette énergie et de
• cette ampleur qui ait été prononcé à la tribune
depuis 184$. C’est un coup de clairon sonore, c’esfc
un cri de guerre qui sera entendu de tous les points
de la France, et qui partout méritera les suffrages
de la masse des travailleurs !
La Chambre^lle-même s’est sentie émue, elle a
bien accueilli ce remueur d’idées, elle s’est prêté*
à une lutte oratoire où réellement le Dupuy n’esfc
pas de force, témoin ce vote final où la tactique
ministérielle a été nettement désavouée^par 2e
Parlement.
Gémissez, opportunistes !- Gémissez ! Jaurès,
l’abominable socialiste, a vaincu en champ clos le
achyderme Dupuy 1
M. G.
——-aSSu*"
L’IMPOT PROGRESSIF
Il y a quelques semaines, dans les colonnes du
Réveil, nous exposions que M. Peytral, l’hono
rable député pseudo-radical de Marseille, et mi
nistre des finances, avait l’intention de dépose^
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