Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-10-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 octobre 1893 14 octobre 1893
Description : 1893/10/14 (N114). 1893/10/14 (N114).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633139
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2® innée — S° 114 — Samedi 14 Octobre 1803.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 23
An 102 — 4° 114.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre
Départements.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADSIMSTMTION à REDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite & Forfait
L’Offensive
e. - Pour la Grève
IÉMaM
L’OFFENSIVE ALLEMANDE
(Suite)
Les Russes menacent Kœnigsherg
Tout entière à son offensive impétueuse contre
la France, l'Allemagne garde une prudente ré-
■ serve sur la Vistule. Le minimum des forces
qu’elle oppose à la Russie ne peut guère descendre
au-dessous de huit corps d’armée, sinon les cosa
ques auraient tôt fait de venir insulter les fau
bourgs de Berlin. Le groupe de l’ouest ne compte
plus que seize corps au lieu de vingt-quatre. Paris
et les opérations latérales ; bsorbant douze corps,
il reste quatre cor 4 s qui seront chargés de mettre
le genou sur la poitrine de la France. C’est
maigre, c’est même tout à fait insuffisant.
Certain généralissime voulant utiliser la posi
tion centrale des masses allemandes, se flatte
d’accabler l’un après l’autre ses adversaires de
l’occident et de l’orient. Un ministre a même
prononcé au Reichstag les paroles suivantes :
« Avant que l’armée russe puisse faire sentir son
action, j’aurai réduit la France par la rapidité des
coups que je lui porterai. » Nous 11 ’en croyons
rien, monsieur le Maréchal. Stratégie de tribune,
gasconnade de Brandebourgeois.
Il était beaucoup plus pratique de s’adjoindre
un deuxième auxiliaire pour rétablir l’équilibre
gravement compromis. On 11 ’y a pas manqué.
L’armée italienne monte à l’horizon
Depuis 1882, la possibilité d’une coopération
effective des troupes italiennes a modifié du tout
au tout les vues de l’état-major allemand. On peut
même dire que l’entrée des Péninsulaires dans
l’alliance austro-prussienne fit jaillir l’éclair bien
heureux qui suggéra le plan de destruction expli
qué plus haut. Huit corps franchissent les Alpes
et prennent sur le Doubs le contact de l’extrême
gauche allemande. A partir de ce moment, le sort
' de la campagrœ est décidé. L’étau se referme, nous
n’avons plus qu’à mettre bas les armes. Les
Allemands, privés de huit corps qui bataillent en
Pologne, espèrent les remplacer par deux cent
mille Italiens. De telle sorte que le succès repose
entièrement sur la jonction rigoureuse, mathé
matique, à l’heure et à la minute, d’un allié qui
doit d’abord escalader les Alpes, masquer Lyon et
bousculer soixante mille de nos soldats. Or, comme
l’arm'ée italienne manquera au rendez-vous , je
puis émettre cette conclusion originale et piquante:
la Quadruple-Alliance est plutôt nuisible qu’utile
aux véritables intérêts de l’Allemagne militaire.
Il a été fait quelque bruit autour d’un troisième
plan qui relève au nord, ligne Liège, Namur, la
directrice dès attaques. Inabordables sur leur
gauche où tous les moyens de défense ont été
accumulés, les Allemands renforcent le centre et
la droite, tournent les couronnés de la haute
Meuse, plongent dans la vallée de l’Oise et inves
tissent Paris.
Que la droite allemande frôle le territoire belge,
qu’elle y pénètre même profondément, cela ne
fait pas de doute. La majeure partie des troupes
destinées au siège de Paris, sept corps environ,
traversera les provinces de Luxembourg et de
Liège. Quel est le but de nos ennemis ? Attirer
le plus possible les Français au Nord, ce qui faci
literait singulièrement la trouée par Tout, Chau
mont, Nevers, unique objet de leurs soucis et de
leurs espérances. Il ne faudrait fias en conclure
que le centre de gravité de l’invasion chevauchera
l’itinéraire Charleroi-Hirson. Je ne crois pas les
Allemands capables de perpétrer une manœuvre
archaïque dont le seul résultat se traduirait ainsi :
coup d’épée dans la Seine. L’invasion par la Bel
gique n’a que la valeur d’une fausse piste ; tout
au plus serait-elle l’œuvre d’un stagiaire quelcon
que de l’état-major en quête d’inédit quand même.
E. MORAND.
Dans notre prochain numéro, nous commence
rons a L'Offensive française. »
.... .—~—
POUR LAGEÈVE
Ils sont là-bas 40,000 qui se promènent en
bandes sur les routes noires, allant de ft car-
reaux » en « carreaux » parcourant les
corons.
Vive la grève, s’écrie-t-on parfois, et les
pelotons de cavaliers, gendarmes ou dragons,
hussards ou chasseurs, chargent au galop, la
latte au poing, disparaissant dans un nuage
de poussier de houille.
On se disperse mais, l’ouragan passé, les
soldats disparus, les têtes noires sortent des
buissons roussis qui bordent les routes et la
promenade recommence.
Les hommes causent, les gamins fument,
les femmes traînent par la main ou portent
dans leurs bras leur dernier né!
C'est la grève !
Voilà un mois qu’on ne descend plus dans
les fosses. Tous les outils sont remontés, et
l’on espère bien, cette fois, ne les redescendre
que le jour où les compagnies auront accepté
les jjASAes revendications des travailleurs.
Quelle sera l'issue de cette lutte? Qui aura
le dessus de ceux qu’on exploite ou de ceux
qui se gorgent de butin? Nul ne le sait, mais
les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais sont
décidés à résister jusqu’au bout.
Le jour où il n'y aura plus ni un morceau
de pain dans la huche, ni un centime pour en
acheter ; le jour où l’on aura plus d’autre
alternative que de se rendre ou de voir périr
les enfants, les p’tiots, comme ils disent, alors
seulement les compagnies verront reprendre
le travail.
Mais au nom de l’Humanité, nous espérons
que de pareilles conditions ne se présenteront
jamais, car les travailleurs de France n’ou-
bliemntpas que défendre la cause des mineurs,
c’est défendre la cause ouvrière, que proté
ger leurs revendications, c’est soutenir les
revendications sociales.
Citoyens, vous n’hésiterez pas à apporter
votre appui à ceux qui, les premiers, se sont
coalisés contre l’exploitation du capital ; vous
n’hésiterez pas à leur venir en aide et à envoyer
votre obole, quelque modeste qu’elle soit, à
tous ceux qui luttent, aux enfants qui pleu
rent et qui ont faim.
Ils ne sont pas difficiles, ils en ont toujours
assez pour eux, les parents : quelques pommes
de terre, quelques « petotes », comme ils les
appellent, leur suffisent, et avec cela ils résis
teraient des mois ; mais les enfants, les petits
enfants pâles et chétifs qui rôdent sur les
routes, déguenillés, frissonnants déjà sous le
souffle du vent d’automne, qui les protégera
des atroces morsures de la faim ?
Qui? Mais vous tous, citoyens, vous tous
qui savez combien il est douloureux de voir
le père triste devant l’enfant qui demande du
pain, la mère les yeux pleins de larmes ; com
bien il est doux de soulager la misère ! v
.Quelques sous, si vous êtes pauvres; quel
ques francs, si vous êtes riches, et voilà la faim
disparue, voilà la grève forte et triomphante !
Donnez, citoyens, donnez aux mineurs,
nous vous en prions, au nom de la solidarité
ouvrière et sociale ; au nom de la Pitié envers
ceux qu’on opprime, ceux qui souffrent !
D. L.
*
* *
N.-B. — La Petite République Française,
organe de notre ami À. Millerand, a ouvert
line souscription pour les mineurs en grève du
Pas-de-Calais et du Nord, nous prions tous
nos lecteurs qui voudraient leur faire parvenir
de l’argent, d’adresser leurs mandats ou bons
de poste soit au nom de la Petite République,
soit au nom du citoyen E. Fournière, 149, rue
Montmartre, et de vérifier, pour faciliter le
contrôle, si leurs noms sont exactement portés
dans la Petite République du lendemain.
Le Réveil du Havre , désireux d’atténuer le
sort des grévistes du Nord, ouvre, dès ce
jour, dans ses colonnes, une souscription en
leur faveur. Dans notre prochain numéro,
nous publierons les noms des personnes qui
nous auront adressé leur obole.
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Illégalité et provocation. — Le commis
saire d’Héniü-Liétard, une brute à poigne qui
rêve d’avancement,le même qui avait arrêté, puis
relâché le vendeur de la Petite République , sous
le prétexte que sa permission de vendeur, délivrée
à Paris, n’est pas valable dans le département du
Pas-de-Calais; ce fonctionnaire, quise croitencore
sous l’Empire, a eu l’aplomb de tenter de mettre
notre ami Albert Goullé en état d’arrestation, au
milieu d’une réunion publique.
Les députés socialistes, réunis dans le Nord,
ont immédiatement adressé la dépêche suivante
au procureur de la République à Béthune :
« Le commissaire de police d’Hénin-
Liétard a tenté d’arrêter notre ami Goullé
au milieu de la réunion publique, pen
dant qu’il parlait. C’est une illégalité.
Nous protestons contre les provocations
d’un fonctionnaire qui insulte tous les
jours publiquement les grévistes et nous
comptons sur vous pour faire respecter
la loi.
a Signé : René VIVIÂNI, Camille
PELLETAN, BASLY, BAUDIN,
GROUSSIER, SEMBAT, LA-
MENDIN, CHAUVIN, Ernest
ROCHE, VAILLANT, FABÉ-
ROT, WALTER. »
Magistrature, administration et police sont
exaspérées de l’appui apporté par les orateurs
parisiens aux grévistes.
Ces témoins gênants, nous parlons des journa
listes et députés socialistes, ont déjà empêché par
leur présence les charges à coups de sabre et à
coups de lame des premiers jours de la grève. Il
faut donc se débarrasser d’eux. On a commencé
par Turot, on continue par Goullé. C’est dans
l’ordre.
Mais Turot sera libre demain et Goullé sera
remplacé par un autre. Et ainsi de suite jusqu’à
la victoire des travailleurs.
Cependant la conduite du commissaire de police
est odieuse.
Il est impossible qu’un pareil individu continue
à provoquer les grévistes' et leurs défenseurs.
Il faut signaler ces agissements, car avec de
tels procédés, un malheur arrivera certainement.
★
¥ ¥
Répression. — Dupuy aura beau essayer de
faire massacrer, comme Constans à Fourmiès, les
vieillards et les enfants, pas un mineur ne redes
cendra dans les fosses avant que les justes reven
dications des syndicats n’aient été acceptées.
Ils sont las ces hommes, de se tuer ainsi lente
ment, chaque jour, pour que les actionnaires des
compagnies puissent offrir de somptueux festins
aux officiers que la France paie pour défendre la
Patrie.
Ils réclament un peu de cet or qui est le fruit
de leur travail, et que leurs maîtres gaspillent.
Ils refusent de se laisser indignement dépouiller.
Qui donc osera leur donner tort?
Ni les dragonnades ordonnées par le Président
du Conseil, ni les arrestations arbitraires dont
sont victimes les journalistes dévoués à la cause
ouvrière, ni les menaces lancées contre les députés
socialistes, n’arrêteront un seul instant le formi
dable mouvement qui se prépare.
Celui qui a massacré les travailleurs de Paris
et qui s’apprête demain à faire fusiller les
mineurs, devrait méditer dans la retraite où il
s’est retiré pour quelques jours, ces paroles qu’un
ancien ministre de l’instruction publique pronon
çait il y a près de vingt-cinq ans :
« L’histoire du travail est un drame dont nous
connaissons les trois premiers actes : le travail à
coups d’étrivières de l’esclave antique, le travail
forcé du serf au moyen-âge, le travail salarié des
temps modernes. Devons-nous en attendre un
quatrième, le travail librement associé au capital
et 1 harmonie établie entre les trois grands agents
de la production : l’intelligence, le capital et le
salaire ; enfin associés ou confondus dans les mille
formes que cette association peut recevoir de la
libre et loyale adhésion des contractants ? c’e.'t le
secret de l’avenir. »
Aujourd’hui les temps sont changés. Cet acte
que M. Duruy ne faisait en 1867 que pressentir ;
ce quatrième acte de l’histoire du travail dont il
n’osait affirmer mi jour l’existence ; ce quatrième
acte se joue en ce moment devant nous !
Et par toute la France, le peuple peut con
stater que la majorité des hommes qui sont à la
tête de notre gouvernement n’ont pas su recon
naître aujourd’hui l’existence d’une modification
qu’un Ministre de l’Empire prévoyait, il y a
vingt-cinq ans.
Quelle leçon, mais aussi quelle honte pour la
République opportuniste !
Et l’on s’étonnera encore après de telles consta
tations, que les cinquante députés socialistes
parcourent la France en tous sens pour recueillir
toutes les revendications des ouvriers et des agri
culteurs ; l’on s’étonnera que dans toutes les
réunions publiques, que dans tous les centres ou
vriers et agricoles, il ne s’élève qu’un seul cri
pour protester contre les agissements des capita
listes et du gouvernement opportuniste qui les
protège ; l’on s’étonnera enfin que nous réclamions
l’application des justes principes de la révolution
de 89 et l’avènement d’un gouvernement nouveau :
la République démocratique et sociale, sans
laquelle il n’existe ni progrès, ni justice, ni
égalité.
D. L.
LE SOCIALISME
DE
G'UGUSSE !
La Cloche illustrée, définitivement engluée
dans l’opportunisme, continue, tout en faisant
étalage de son faux socialisme, à combattre
toutes les réformes revendiquées par le Parti
ouvrier.
Dans le dernier numéro du journal où il
joue les premiers rôles nobles, Gugusse revient
sur la discussion de la journée de huit heures
au Conseil municipal, et il s’en prend encore,
à cette occasion, à M. Denis Guillot, auteur
de la proposition.
Naturellement, pour triompher plus facile
ment, Gugusse prête les raisonnements les
plus baroques à celui qu’il essaie de contredire.
C’est là son procédé ordinaire de polémique.
L’amusant, c’est que Gugusse, sentant sans
doute que son autorité, à lui, paraîtrait insuffi
sante à ses lecteurs, invoque celle de M.
Lefebvre qu’il qualifie, pour la circonstance,
d’ouvrier. C’est à pouffer de rire, n’est-il pas
vrai ?
Si c’est en compagnie de socialistes de cet
acabit que Gugusse promène sa « bannière du
socialisme », la bourgeoisie tripoteuse et les
financiers chers à Constans et à Dupuy peuvent
dormir tranquilles. Ils sont sûrs de voir
Gugusse leur prêter sa feuille toutes les fois
que leurs privilèges seront attaqués par les
amis des réformes.
E 11 attendant que Gugusse sorte encore
« en bannière » pour défendre la journée de
16 heures que font au Havre certains employés
de l’octroi et des tramways, nous rappellerons
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 23
An 102 — 4° 114.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre
Départements.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
ADSIMSTMTION à REDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite & Forfait
L’Offensive
e. - Pour la Grève
IÉMaM
L’OFFENSIVE ALLEMANDE
(Suite)
Les Russes menacent Kœnigsherg
Tout entière à son offensive impétueuse contre
la France, l'Allemagne garde une prudente ré-
■ serve sur la Vistule. Le minimum des forces
qu’elle oppose à la Russie ne peut guère descendre
au-dessous de huit corps d’armée, sinon les cosa
ques auraient tôt fait de venir insulter les fau
bourgs de Berlin. Le groupe de l’ouest ne compte
plus que seize corps au lieu de vingt-quatre. Paris
et les opérations latérales ; bsorbant douze corps,
il reste quatre cor 4 s qui seront chargés de mettre
le genou sur la poitrine de la France. C’est
maigre, c’est même tout à fait insuffisant.
Certain généralissime voulant utiliser la posi
tion centrale des masses allemandes, se flatte
d’accabler l’un après l’autre ses adversaires de
l’occident et de l’orient. Un ministre a même
prononcé au Reichstag les paroles suivantes :
« Avant que l’armée russe puisse faire sentir son
action, j’aurai réduit la France par la rapidité des
coups que je lui porterai. » Nous 11 ’en croyons
rien, monsieur le Maréchal. Stratégie de tribune,
gasconnade de Brandebourgeois.
Il était beaucoup plus pratique de s’adjoindre
un deuxième auxiliaire pour rétablir l’équilibre
gravement compromis. On 11 ’y a pas manqué.
L’armée italienne monte à l’horizon
Depuis 1882, la possibilité d’une coopération
effective des troupes italiennes a modifié du tout
au tout les vues de l’état-major allemand. On peut
même dire que l’entrée des Péninsulaires dans
l’alliance austro-prussienne fit jaillir l’éclair bien
heureux qui suggéra le plan de destruction expli
qué plus haut. Huit corps franchissent les Alpes
et prennent sur le Doubs le contact de l’extrême
gauche allemande. A partir de ce moment, le sort
' de la campagrœ est décidé. L’étau se referme, nous
n’avons plus qu’à mettre bas les armes. Les
Allemands, privés de huit corps qui bataillent en
Pologne, espèrent les remplacer par deux cent
mille Italiens. De telle sorte que le succès repose
entièrement sur la jonction rigoureuse, mathé
matique, à l’heure et à la minute, d’un allié qui
doit d’abord escalader les Alpes, masquer Lyon et
bousculer soixante mille de nos soldats. Or, comme
l’arm'ée italienne manquera au rendez-vous , je
puis émettre cette conclusion originale et piquante:
la Quadruple-Alliance est plutôt nuisible qu’utile
aux véritables intérêts de l’Allemagne militaire.
Il a été fait quelque bruit autour d’un troisième
plan qui relève au nord, ligne Liège, Namur, la
directrice dès attaques. Inabordables sur leur
gauche où tous les moyens de défense ont été
accumulés, les Allemands renforcent le centre et
la droite, tournent les couronnés de la haute
Meuse, plongent dans la vallée de l’Oise et inves
tissent Paris.
Que la droite allemande frôle le territoire belge,
qu’elle y pénètre même profondément, cela ne
fait pas de doute. La majeure partie des troupes
destinées au siège de Paris, sept corps environ,
traversera les provinces de Luxembourg et de
Liège. Quel est le but de nos ennemis ? Attirer
le plus possible les Français au Nord, ce qui faci
literait singulièrement la trouée par Tout, Chau
mont, Nevers, unique objet de leurs soucis et de
leurs espérances. Il ne faudrait fias en conclure
que le centre de gravité de l’invasion chevauchera
l’itinéraire Charleroi-Hirson. Je ne crois pas les
Allemands capables de perpétrer une manœuvre
archaïque dont le seul résultat se traduirait ainsi :
coup d’épée dans la Seine. L’invasion par la Bel
gique n’a que la valeur d’une fausse piste ; tout
au plus serait-elle l’œuvre d’un stagiaire quelcon
que de l’état-major en quête d’inédit quand même.
E. MORAND.
Dans notre prochain numéro, nous commence
rons a L'Offensive française. »
.... .—~—
POUR LAGEÈVE
Ils sont là-bas 40,000 qui se promènent en
bandes sur les routes noires, allant de ft car-
reaux » en « carreaux » parcourant les
corons.
Vive la grève, s’écrie-t-on parfois, et les
pelotons de cavaliers, gendarmes ou dragons,
hussards ou chasseurs, chargent au galop, la
latte au poing, disparaissant dans un nuage
de poussier de houille.
On se disperse mais, l’ouragan passé, les
soldats disparus, les têtes noires sortent des
buissons roussis qui bordent les routes et la
promenade recommence.
Les hommes causent, les gamins fument,
les femmes traînent par la main ou portent
dans leurs bras leur dernier né!
C'est la grève !
Voilà un mois qu’on ne descend plus dans
les fosses. Tous les outils sont remontés, et
l’on espère bien, cette fois, ne les redescendre
que le jour où les compagnies auront accepté
les jjASAes revendications des travailleurs.
Quelle sera l'issue de cette lutte? Qui aura
le dessus de ceux qu’on exploite ou de ceux
qui se gorgent de butin? Nul ne le sait, mais
les mineurs du Nord et du Pas-de-Calais sont
décidés à résister jusqu’au bout.
Le jour où il n'y aura plus ni un morceau
de pain dans la huche, ni un centime pour en
acheter ; le jour où l’on aura plus d’autre
alternative que de se rendre ou de voir périr
les enfants, les p’tiots, comme ils disent, alors
seulement les compagnies verront reprendre
le travail.
Mais au nom de l’Humanité, nous espérons
que de pareilles conditions ne se présenteront
jamais, car les travailleurs de France n’ou-
bliemntpas que défendre la cause des mineurs,
c’est défendre la cause ouvrière, que proté
ger leurs revendications, c’est soutenir les
revendications sociales.
Citoyens, vous n’hésiterez pas à apporter
votre appui à ceux qui, les premiers, se sont
coalisés contre l’exploitation du capital ; vous
n’hésiterez pas à leur venir en aide et à envoyer
votre obole, quelque modeste qu’elle soit, à
tous ceux qui luttent, aux enfants qui pleu
rent et qui ont faim.
Ils ne sont pas difficiles, ils en ont toujours
assez pour eux, les parents : quelques pommes
de terre, quelques « petotes », comme ils les
appellent, leur suffisent, et avec cela ils résis
teraient des mois ; mais les enfants, les petits
enfants pâles et chétifs qui rôdent sur les
routes, déguenillés, frissonnants déjà sous le
souffle du vent d’automne, qui les protégera
des atroces morsures de la faim ?
Qui? Mais vous tous, citoyens, vous tous
qui savez combien il est douloureux de voir
le père triste devant l’enfant qui demande du
pain, la mère les yeux pleins de larmes ; com
bien il est doux de soulager la misère ! v
.Quelques sous, si vous êtes pauvres; quel
ques francs, si vous êtes riches, et voilà la faim
disparue, voilà la grève forte et triomphante !
Donnez, citoyens, donnez aux mineurs,
nous vous en prions, au nom de la solidarité
ouvrière et sociale ; au nom de la Pitié envers
ceux qu’on opprime, ceux qui souffrent !
D. L.
*
* *
N.-B. — La Petite République Française,
organe de notre ami À. Millerand, a ouvert
line souscription pour les mineurs en grève du
Pas-de-Calais et du Nord, nous prions tous
nos lecteurs qui voudraient leur faire parvenir
de l’argent, d’adresser leurs mandats ou bons
de poste soit au nom de la Petite République,
soit au nom du citoyen E. Fournière, 149, rue
Montmartre, et de vérifier, pour faciliter le
contrôle, si leurs noms sont exactement portés
dans la Petite République du lendemain.
Le Réveil du Havre , désireux d’atténuer le
sort des grévistes du Nord, ouvre, dès ce
jour, dans ses colonnes, une souscription en
leur faveur. Dans notre prochain numéro,
nous publierons les noms des personnes qui
nous auront adressé leur obole.
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Illégalité et provocation. — Le commis
saire d’Héniü-Liétard, une brute à poigne qui
rêve d’avancement,le même qui avait arrêté, puis
relâché le vendeur de la Petite République , sous
le prétexte que sa permission de vendeur, délivrée
à Paris, n’est pas valable dans le département du
Pas-de-Calais; ce fonctionnaire, quise croitencore
sous l’Empire, a eu l’aplomb de tenter de mettre
notre ami Albert Goullé en état d’arrestation, au
milieu d’une réunion publique.
Les députés socialistes, réunis dans le Nord,
ont immédiatement adressé la dépêche suivante
au procureur de la République à Béthune :
« Le commissaire de police d’Hénin-
Liétard a tenté d’arrêter notre ami Goullé
au milieu de la réunion publique, pen
dant qu’il parlait. C’est une illégalité.
Nous protestons contre les provocations
d’un fonctionnaire qui insulte tous les
jours publiquement les grévistes et nous
comptons sur vous pour faire respecter
la loi.
a Signé : René VIVIÂNI, Camille
PELLETAN, BASLY, BAUDIN,
GROUSSIER, SEMBAT, LA-
MENDIN, CHAUVIN, Ernest
ROCHE, VAILLANT, FABÉ-
ROT, WALTER. »
Magistrature, administration et police sont
exaspérées de l’appui apporté par les orateurs
parisiens aux grévistes.
Ces témoins gênants, nous parlons des journa
listes et députés socialistes, ont déjà empêché par
leur présence les charges à coups de sabre et à
coups de lame des premiers jours de la grève. Il
faut donc se débarrasser d’eux. On a commencé
par Turot, on continue par Goullé. C’est dans
l’ordre.
Mais Turot sera libre demain et Goullé sera
remplacé par un autre. Et ainsi de suite jusqu’à
la victoire des travailleurs.
Cependant la conduite du commissaire de police
est odieuse.
Il est impossible qu’un pareil individu continue
à provoquer les grévistes' et leurs défenseurs.
Il faut signaler ces agissements, car avec de
tels procédés, un malheur arrivera certainement.
★
¥ ¥
Répression. — Dupuy aura beau essayer de
faire massacrer, comme Constans à Fourmiès, les
vieillards et les enfants, pas un mineur ne redes
cendra dans les fosses avant que les justes reven
dications des syndicats n’aient été acceptées.
Ils sont las ces hommes, de se tuer ainsi lente
ment, chaque jour, pour que les actionnaires des
compagnies puissent offrir de somptueux festins
aux officiers que la France paie pour défendre la
Patrie.
Ils réclament un peu de cet or qui est le fruit
de leur travail, et que leurs maîtres gaspillent.
Ils refusent de se laisser indignement dépouiller.
Qui donc osera leur donner tort?
Ni les dragonnades ordonnées par le Président
du Conseil, ni les arrestations arbitraires dont
sont victimes les journalistes dévoués à la cause
ouvrière, ni les menaces lancées contre les députés
socialistes, n’arrêteront un seul instant le formi
dable mouvement qui se prépare.
Celui qui a massacré les travailleurs de Paris
et qui s’apprête demain à faire fusiller les
mineurs, devrait méditer dans la retraite où il
s’est retiré pour quelques jours, ces paroles qu’un
ancien ministre de l’instruction publique pronon
çait il y a près de vingt-cinq ans :
« L’histoire du travail est un drame dont nous
connaissons les trois premiers actes : le travail à
coups d’étrivières de l’esclave antique, le travail
forcé du serf au moyen-âge, le travail salarié des
temps modernes. Devons-nous en attendre un
quatrième, le travail librement associé au capital
et 1 harmonie établie entre les trois grands agents
de la production : l’intelligence, le capital et le
salaire ; enfin associés ou confondus dans les mille
formes que cette association peut recevoir de la
libre et loyale adhésion des contractants ? c’e.'t le
secret de l’avenir. »
Aujourd’hui les temps sont changés. Cet acte
que M. Duruy ne faisait en 1867 que pressentir ;
ce quatrième acte de l’histoire du travail dont il
n’osait affirmer mi jour l’existence ; ce quatrième
acte se joue en ce moment devant nous !
Et par toute la France, le peuple peut con
stater que la majorité des hommes qui sont à la
tête de notre gouvernement n’ont pas su recon
naître aujourd’hui l’existence d’une modification
qu’un Ministre de l’Empire prévoyait, il y a
vingt-cinq ans.
Quelle leçon, mais aussi quelle honte pour la
République opportuniste !
Et l’on s’étonnera encore après de telles consta
tations, que les cinquante députés socialistes
parcourent la France en tous sens pour recueillir
toutes les revendications des ouvriers et des agri
culteurs ; l’on s’étonnera que dans toutes les
réunions publiques, que dans tous les centres ou
vriers et agricoles, il ne s’élève qu’un seul cri
pour protester contre les agissements des capita
listes et du gouvernement opportuniste qui les
protège ; l’on s’étonnera enfin que nous réclamions
l’application des justes principes de la révolution
de 89 et l’avènement d’un gouvernement nouveau :
la République démocratique et sociale, sans
laquelle il n’existe ni progrès, ni justice, ni
égalité.
D. L.
LE SOCIALISME
DE
G'UGUSSE !
La Cloche illustrée, définitivement engluée
dans l’opportunisme, continue, tout en faisant
étalage de son faux socialisme, à combattre
toutes les réformes revendiquées par le Parti
ouvrier.
Dans le dernier numéro du journal où il
joue les premiers rôles nobles, Gugusse revient
sur la discussion de la journée de huit heures
au Conseil municipal, et il s’en prend encore,
à cette occasion, à M. Denis Guillot, auteur
de la proposition.
Naturellement, pour triompher plus facile
ment, Gugusse prête les raisonnements les
plus baroques à celui qu’il essaie de contredire.
C’est là son procédé ordinaire de polémique.
L’amusant, c’est que Gugusse, sentant sans
doute que son autorité, à lui, paraîtrait insuffi
sante à ses lecteurs, invoque celle de M.
Lefebvre qu’il qualifie, pour la circonstance,
d’ouvrier. C’est à pouffer de rire, n’est-il pas
vrai ?
Si c’est en compagnie de socialistes de cet
acabit que Gugusse promène sa « bannière du
socialisme », la bourgeoisie tripoteuse et les
financiers chers à Constans et à Dupuy peuvent
dormir tranquilles. Ils sont sûrs de voir
Gugusse leur prêter sa feuille toutes les fois
que leurs privilèges seront attaqués par les
amis des réformes.
E 11 attendant que Gugusse sorte encore
« en bannière » pour défendre la journée de
16 heures que font au Havre certains employés
de l’octroi et des tramways, nous rappellerons
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